Le Catholique alla cet hiver-là
avec le roi victorieux à Moughan, leur quartier d'hiver. De là,
il revint avec lui à Tauriz et passa l'été dans le
camp(1). Il espérait ainsi arriver habilement à
pourvoir aux nécessités les plus urgentes de son église
et aux siennes, à détourner l'impétuosité et
la violence de l'obstination de ses ennemis et à apaiser leur colère.
Pendant ce temps, le roi victorieux
rendit un édit par lequel il donnait au patriarche un sceau, pareil
au grand sceau qui lui avait été dérobé(2),
et portant les mêmes caractères que celui-ci, et aussi un
soukour, c'est-à-dire
un parasol(3). Des lueurs d'affection commencèrent
à briller pour le Catholique.
Il alla passer l'hiver de l'année
1610 (1298-1299) dans la citadelle d'Arbèle, dont il n'avait pas
vu les habitants depuis l'année que nous avons indiquée,
c'est-à-dire depuis 1605. Il fut réjoui de les revoir et
passa agréablement avec eux cet hiver. Grande fut la joie du père
avec ses enfants et celle des enfants avec leur père: ils sortaient,
en effet, des labeurs, c'est-à-dire des épreuves, et ils
étaient à peine au lendemain d'un grand malheur et d'une
violente douleur.
Quand l'hiver fut passé, au
mois de Nisan, le Catholique partit pour le camp(4) et
alla trouver le roi à Oughan, sa station d'été. Celui-ci
l'accueillit avec grande joie et le traita avec beaucoup d'honneur. Il
lui permit de retourner à Maragha, et, muni de cette permission,
le Catholique arriva à cette ville le dimanche hau dbaitouteh.
Il passa l'été avec beaucoup de satisfaction dans la
résidence de Maragha.
Au mois de Teschri [premier] de l'an 1611 des Grecs
(octobre 1299), il descendit de nouveau avec le roi Cazan dans les régions
d'Arbèle et de Mossoul(5). L'intention du roi victorieux
était de s'emparer des contrées de la Palestine et de la
Syrie. Le Patriarche passa l'hiver à Arbèle, dans la citadelle.
Pendant tout cet hiver son occupation fuit de recueillir les sommes exigées
par le couvent dont il avait jeté les fondements(6).
Or, quand le roi victorieux revint de Palestine
après avoir foulé aux pieds et broyé les armées
de ce pays, après avoir pillé, dispersé, tué,
pris des captifs et avoir exécuté tout ce qu'il avait eu
l'intention de faire, le Catholique monta de nouveau avec lui dans l'Adherbaidjan(7).
Il s'appliqua à la construction de cette résidence et y apporta
tout son soin, jusqu'à ce qu'il l'eût terminée.
Au mois d'Iloul de cette même année
(septembre 1300), le roi victorieux Cazan vint trouver Monseigneur le Catholique,
à Maragha, et demeura trois jours chez lui. Grande fut la joie des
chrétiens. Le roi leur témoigna beaucoup d'affection; il
reconnut bien, en effet, qu'ils étaient innocents, sans mauvais
desseins et exempts de toute malice. Il partit de chez le Catholique le
coeur joyeux, car celui-ci l'avait bien traité. Le roi retourna
de nouveau dans la région d'Arbèle et de Mossoul pour l'hiver
de l'année 1612 (1300-1301). Le Catholique descendit avec lui; il
l'accompagna jusqu'à un endroit proche de Singar(8)
et revint passer l'hiver dans la citadelle d'Arbèle(9).
Au retour du roi victorieux, il remonta de nouveau
avec lui(10).
Pendant ce retour, les Kurdes(11)
s'étaient mis en embuscade pour attaquer Monseigneur le Catholique.
Au moment où il passait sur la route, ils lancèrent contre
lui des flèches, dont une l'atteignit au doigt et le blessa légèrement.
Le roi victorieux fut irrité de cela; il
jura par tous leurs serments qu'il se vengerait de ces Kurdes.
Parvenu à Maragha, le Catholique se rendit au cloître
de saint Jean-Baptiste, qu'il avait fondé, et y emmena avec lui
les moines qu'il avait rassemblés. Il se proposait de terminer cette
construction et il disait: «Si Dieu a pitié de moi, je l'achèverai
et la consacrerai. Ce sera pour moi une grande grâce de sa part.»
Le Dieu dont la gloire est adorable lui vint en
aide. Son désir fut accompli. La construction fut achevée
dans toute sa beauté, dans toute son ornementation; la parole ne
peut en exprimer les splendeurs(12): bâtiments
superbes, portails admirables, murs et fondements construits en pierre
de taille, escaliers de même. La parole est impuissante à
dire sa grandeur. Le lieu ou elle est située possède une
grande consolation et une grandiose magnificence. Les rideaux qui sont
à l'entrée du sanctuaire, sur les châsses et sur la
sacristie, sont admirables et précieux, faits de tissus variés,
entremêlés d'or fin. Son mur est assez élevé
pour former terrasse tout autour.
Les eaux traversent, au moyen de canaux, toutes
les cellules des moines et chassent au dehors toutes les immondices qui
s'y trouvent. Il y a une habitation particulière pour le patriarche.
C'est même là qu'est actuellement son trône(13)
et le Catholique n'en sort pas. La plupart des ordinations s'y font, et
les définitions, c'est-à-dire les canons ecclésiastiques,
y sont confirmées. Les reliques des saints dont nous allons bientôt
donner les noms y sont déposées. Elles répandent des
guérisons sur tous ceux qui ont recours à elles. Bien que
l'église ait été bâtie sous [le vocable de Mar]
Jean-Baptiste, on y a réuni des reliques des saints avec un soin
et une diligence qui dépassent la parole. Elles y sont placées
pour le secours des fidèles, le refuge de ceux qui pleurent, le
repos des affligés, le soulagement de ceux qui souffrent. Ces saintes
reliques sont placées en ordre, l'une à côté
de l'autre.
La longueur des nefs, d'après le dire de
ceux qui les ont mesurées, est de soixante coudées avec le
sanctuaire. On avait fait le choeur, le sanctuaire et le trésor
très spacieux. La coupole, au-dessus de l'autel, est entièrement
recouverte à l'extérieur de poteries émaillées
en vert et surmontée de la croix.
Voici les noms des saints dont les reliques y sont
renfermées:
La Mère bénie Madame Marie (un petit morceau du voile
de sa tête, que feu Rabban Çauma avait rapporté des
contrées des Francs)(14); Mar Jean-Baptiste; les
saints apôtres Pierre et Paul(15) - que
leurs prières soient avec nous!; - Mar Thomas l'apôtre(16);
Mar Georges(17); Mar Adai(18)
et Mar Maris(19), apôtres et évangélisateurs
de la région de l'Orient; Mar Étienne(20);
Mar Cyriaque(21) le saint martyr, avec les Quarante martyrs(22);
Mar Siméon Bar Çaboë(23); Mar
Jean de Daïlam(24); Mar Sergius,
Mar Bacchus(25); Mar Schalita(26);
Mar Saba, le martyr(27); Mar Hannanjésus(28);
Mar Samuel(29); Mar Jacques l'Intercis(30);
Mar Çaliba(31); Mar Jésusabran(32);
Mar Élisée, le martyr éprouvé(33);
la sainte fille de Manoueh(34); Schamouna et ses fils(35).
Que leur prière secoure le monde et préserve l'univers de
tous les dangers!
Le Catholique consacra l'église
et posa la pierre de l'autel le jour de la sainte fête de la Croix
adorable, le treize d'Iloul de l'an 1612 des Grecs (septembre 1301). Tous
les fidèles bénis de l'Adherbaidjan se réunirent en
ce jour de sa consécration et vinrent apporter des offrandes et
des dîmes, chacun selon ses moyen, chacun selon sa position et son
rang. Ils se réjouirent tous vivement.
Monseigneur le Catholique fit un grand
festin dans lequel il réunit des personnes de toutes les confessions.
Il leur présenta à tous la coupe et les enthousiasma. Il
les bénit, comme le roi Salomon, après avoir achevé
le grand temple, bénit le peuple du Seigneur(36).
La totalité des dépenses
qu'il consacra à cet édifice, jusqu'à son achèvement,
est de quatre cent vingt mille zouz.
Aux évêques et aux moines,
aux architectes, c'est-à-dire aux charpentiers et aux artisans,
et à quiconque y avait travaillé, il donna des vêtements,
à chacun selon sa condition et son labeur.
Maintenant encore les prières
et les messes continuent dans cette église. Elle est, pour
tous les Orientaux, un but de pèlerinage, une maison de refuge qui
répand les secours.
Le Catholique donna, en effet, à ce saint
monastère un village situé à l'est de Maragha, appelé
Dahbi, qu'il avait acheté onze mille dinars. Il le constitua en
waqf, c'est-à-dire en fondation pieuse, à ce saint monastère
auquel il assigna encore d'autres biens-fonds, tels que jardins, vignes,
potagers, terres labourables, etc., afin que leurs revenus, c'est-à-dire
leurs fruits, puissent pourvoir aux besoins de la vie et à l'alimentation
des moines, aux lampes, aux cierges, aux réparations et à
l'entretien de ce saint lieu. Il appela ce saint monastère malka
d'oumrê (le Roi des monastères).
Que [Dieu] accueille son mérite; qu'il lui
accorde, comme récompense de ses peines, les délices du royaume
céleste et une demeure avec les saints amis de Notre-Seigneur Jésus-Christ,
et qu'il place à sa droite quiconque a travaillé avec lui
et l'a aidé dans cette grande oeuvre! Amen.
1. Cazan partit de Tauriz le 7 novembre 1297, pour aller
hiverner dans l'Arran. Il revint à Tauriz le 25 mai 1298 et quitta
de nouveau cette ville au mois d'octobre pour aller passer l'hiver dans
l'Irak-Arabi. Il est probable que dans l'intervalle il s'était rendu
dans la montagne Noire pour y passer l'été, et c'est vraisemblablement
là que le Catholique le rejoignit.
2. Cf. ci-dessus, chap. XIII.
3. Cf. ci-dessus, chap. V.
4. Cazan revenu à Bagdad le 8 mars 1299 quitta
cette ville le 20 pour se rendre à Oudjan ou il arriva le 28 mai.
Il y passa l'été et y épousa, le 17 juillet, Kéramoun,
fille de Koutlouktimour.
5. Cazan était arrivé à Tauriz
le 12 septembre 1299. Il apprit dans cette ville qu'un corps de quatre
mille Syriens était entré dans le Diarbékir et s'était
emparé de Mardin. Cette invasion excita le ressentiment de Cazan
qui n'hésita plus à tenter la conquête de la Syrie.
Il quitta Tauriz le 16 octobre, suivit la route de Maragha, Arbèle
et Keschaf. Ses femmes l'accompagnèrent jusqu'à Mossoul.
Il passa l'Euphrate le 7 décembre (D'OHSSON, IV, 228).
6. A Maragha.
7. On peut lire tout au long dans D'OHSSON (liv. VI,
chap. VI) le récit de cette campagne de Cazan en Syrie et des faits
d'armes qui la signalèrent, dont les plus importants sont la bataille
de Homs, où les Égyptiens furent complètement mis
en déroute, et l'investissement de Damas. Le Khan laissa en Syrie
le général Koutloukschah et revint dans ses États
au mois de février (1300). Il repassa l'Euphrate le 16.
Cazan était à Maragha le 4 juin. Il
se rendit de là à Oudjan où il avait convoqué
un kouriltaï qui s'ouvrit le 23 de ce mois. Après sa
clôture, il revint à Tauriz. C'est à ce moment que
se place la visite au Catholique. Il est probable qu'il était revenu
à Maragha pour étudier à nouveau le célèbre
observatoire de cette ville, afin de faire construire sur le même
modèle celui qu'il avait fondé à Tauriz.
8. Cf. ci-dessus, chap. III.
9. Après le départ de Cazan, Koutloukschah
avait dû interrompre le siège de la citadelle de Damas, qui
avait résisté, et se replier sur la Perse. La Syrie fut reconquise
par les troupes égyptiennes, Cazan se prépara en conséquence
à faire une nouvelle invasion dans ce pays. Il quitta Tauriz le
30 septembre et arriva devant Alep le 6 janvier 1301.
10. Cette seconde campagne de Syrie ne fut pas heureuse
pour les troupes mongoles. La neige et les pluies firent périr beaucoup
de bêtes de somme pendant la marche de l'armée sur Damas.
La plupart des hommes se trouvèrent démontés. Cazan
se vit ainsi forcé de renoncer à son entreprise; il commença
sa retraite le 3 février (selon MAKRIZI; le 18, selon RASCHID),
repassa l'Euphrate à Er-Rakka, et rejoignit ses femmes, le 23, près
de Singar. HAÏTON (chap. 43) raconte un peu différemment les
motifs de la retraite de Cazan. - Voir D'OHSSON, IV, 254-256.
11. Les Kurdes ou habitants du Kurdistan sont un des
peuples les plus anciens de l'Asie. Leur origine et leur histoire sont
enveloppées d'obscurité. Selon la plupart des auteurs ce
sont les anciennes populations connues sous le nom de Curdi,
Gordyaei. On croit aussi que ce sont ces peuples que Xénophon,
dans la Retraite des Dix-Mille, désigne sous le nom de Cardaques.
(Voir P. LERCH, Forschungen über der Kurden... Saint-Pétersbourg;
1858.) Aujourd'hui, les Kurdes habitent encore le même territoire
dépendant en partie de la Perse et en partie de la Turquie. En réalité
ils continuent à vivre dans une indépendance presque absolue.
Ceux de la Perse payent seulement un léger tribut. Très braves
et excellents cavaliers, actuellement encore, ils font de fréquentes
razzias dans les territoires environnants.
12. Il est probable que pour l'ornementation de cet
édifice, on avait mis à contribution les célèbres
puits de marbre de Maragha, situés à quelque distance de
la ville près du village de Deh-Kourgan. Ces marbres
sont formés par les dépôts cristallins de nombreuses
sources chargées de carbonate de chaux. D'un grain très fin,
ils sont employés en plaques minces et translucides très
appréciées dans toute la Perse.
13. Cette observation confirme ce que j'ai dit dans
l'avant-propos au sujet de la date de la composition de l'Histoire
de Jabalaha; car les successeurs de ce patriarche ne résidèrent
pas longtemps a Maragha: «Anno 1338, Denha [catholicus] Camelisae
in partibus Orientis versabatur.» ASSÉMANI, Bibl. or.,
t. III, part. 2, p. 629.
14. Cf. ci-dessus, chap. VIIc.
15. Les Nestoriens ont un culte spécial pour
les deux grands Apôtres. Voir P. MARTIN, Saint Pierre et saint
Paul dans l'Église nestorienne, dans la Revue des sciences
eccl.; Amiens, 1875.
16. Voir ci-dessus, chap. VIIb,
n. 13.
17. Voir ci-dessus, chap. IX,
n. 13.
18. Voir ci-dessus, chap. VIIb,
n. 13.
19. Voir ci-dessus, chap. IV.
20. Voir ci-dessus, chap. VIIb,
n. 29.
21. Saint Cyriaque ou Cyr souffrit le martyre avec
sa mère sainte Julitte au temps de la persécution de Dioclétien,
en 301, à Tarse en Cilicie, où sa mère s'était
réfugiée après avoir quitté Icône, sa
ville natale, et avoir séjourné à Séleucie.
Dénoncée comme chrétienne, Julitte fut conduite devant
le préfet Alexandre qui ordonna de l'étendre sur le chevalet
et la fit rouer de coups de nerfs de boeuf. Ayant voulu pendant ce temps
caresser le jeune Cyr âgé de trois ans, celui-ci irrita, par
sa résistance et ses paroles, ce gouverneur qui saisit l'enfant
par le pied et lui brisa la tête contre les marches de son tribunal.
Julitte, après avoir beaucoup souffert, eut la tête tranchée.
L'Eglise latine célèbre la fête de ces martyrs le 16
juin et les églises orientales le 15 juillet. - Cf. RUINART, Acta
sincera, p. 517; et aussi Acta sanctorum, juin,
t. III, p. 17; ASSÉMANI, Bibl. or., III, 647, 652;
Les actes de ce saint ont été édités en syriaque
par BEDJAN, Acta mart. et sanct., t. III, pp. 254-283.
22. Voir ci-dessus, chap. IX,
n. 14.
23. Siméon Bar Çaboë succéda,
sur le siège épiscopal de Séleucie, à Papas,
qui avait assisté au Concile de Nicée et qui mourut vers
332. Il fit plusieurs réformes liturgiques et a laissé des
Lettres et des Cantiques (cEBEDJÉSUS,
Cat. script.). Sous son épiscopat eut lieu la
grande persécution de Sapor contre les chrétiens. Siméon
fut pris et enfermé avec cinq évêques, et quatre-vingt-dix
prêtres, diacres et fidèles. On leur fit subir les plus cruels
tourments sans pouvoir vaincre leur constance. Tous furent mis à
mort sous les yeux de l'évêque qui fut exécuté
le dernier. Les auteurs ne sont pas d'accord sur la date exacte de leur
martyre. S. E. ASSÉMANI (Acta mart.orient., Praef., p. 71-84)
le fixe au vendredi 14 de la lune de Nisan, de l'an 118 des Perses, 32
de Sapor, 341 de notre ère. Saint Siméon souffrit le martyre
à Ledan et fut enseveli à Suse, ville de la région
d'Élam (Bibl. or., I, 3). Les actes du martyre de Siméon
et de ses compagnons ont été édités dans les
Acta martyr. orient., t. I, p. 10-42, et de nouveau par BEDJAN,
Acta mart. et sanct., t. II, p. 128-208. Voir en outre
Bibl. or., t. I, p. 2-8; BAR HÉBRÉUS, Chron.
eccl., II, 34-36.
24. «Johannes, patria Hadatensis, monachus coenobii
Jesu-Zachae, quod Beth Raban appellatur, Dilumitae cognomen adeptus est
quod a Dilumitis in captivitatem ductus apud eam gentem dies clausit. Sunt
autem Dilumitae populi in littore Hyrcani seu Caspii maris, in Media magna,
ad occasum habentes Adorbiganam, ad austrum Cazuinum urbem, ad ortum Rajam
et Tabrestanam, ad boream Caspium mare, teste Abulpheda in Tabulis geogr.
n. 163, qui regionem eorum Dailam arabice vocat eosque cum Galanitis
conjungit, ipsos vero Galanitas nunc provinciae Cheilan, arabice
Gilan appellari affirmat. Porro Johannes claruit temporibus Ananjesu
primi patriarchae, circa ann. Chr. 690, ut ex Amro dixi, t. II, p. 425.
Ejus gesta ex Abu-Noë celebri apud Nestorianos auctore descripta,
in suam Historiam monasticam transtulit Margensis lib. II, Cap.
22-25.» ASSÉMANI, Bibl. or., t. III,
part. I, p. 185. L'Histoire monastique de Thomas de Margha vient
d'être éditée, avec une traduction anglaise, par M.
W. Budge. La plus grande partie des chapitres concernant Jean de Daïlam
se trouve déjà reproduite dans Assémani, loc.
cit., p. 183-185.
25. Ces deux saints, dont les noms sont presque toujours
associés, étaient des officiers distingués qui servaient
dans les armées de l'empire. Ils souffrirent la mort sous Maximien,
apres avoir enduré de cruels tourments, à Rasaphe, dans le
diocèse de Hiéraple, en Syrie, où on montrait autrefois
leur tombeau, et où l'évêque du lieu, Alexandre, fit
bâtir une magnifique église sous leur vocable, en 431. Justinien
fortifia la ville de Rasaphe, lui donna le nom de Sergiopolis et la fit
métropole de la province. Théodoret, Jean Moschus, Evagre,
Grégoire de Tours, Bède et tous les martyrologes parlent
de ces martyrs dont le culte fut très répandu en Orient et
même en Occident. Nous n'avons point d'Actes authentiques de leur
martyre. Cf. TILLEMONT, Mém., t. V, p. 491. P. BEDJAN a publié
des Actes syriaques de nos deux saints dans ses Acta martyr.
et sanct., t. III, pp. 283-322.
26. Voir ci-dessus, chap. VIIa,
n. 1.
27. Il y a deux martyrs de la Perse principalement
célèbres parmi beaucoup d'autres saints qui ont porté
ce même nom de Saba, signifiant vieillard, vénérable.
L'un fut mis à mort vers l'an 350 et l'autre, surnommé
l'Adorateur du Christ et le Docteur des Gentils, vers l'an 380. On trouvera
le résumé de leur histoire dans HOFFMANN, Auszüge
aus syrischen Akten persicher Märtyrer (pp. 22-28, pour le premier,
et pp. 68-78, pour le second). Le texte syriaque de leurs Actes a
été publié par BEDJAN, Acta martyr. et sanct. (t.
II et t. IV).
28. Hannanjésus «cognomento Hagira, hoc
est claudus, hujus nominis primus Syrorum Nestorianorum Patriarcha post
Johannem Marthae filium ordinatus fuit anno Christi 685. Obiit in coenobio
Jonae apud Niniven, anno Chr. 699, quum annos 14 sedisset, multaque a Johanne
Leproso qui sedem patriarchalem invaserat passus fuisset, ut ex Amro et
Bar Hebraeo fuse retuli, t. II, p. 423.» ASSÉMANI, BibI.
Or., t. III, part. I, p. 154. Je n'ose cependant pas affirmer
absolument l'identité de ce personnage avec celui qui est mentionné
parmi les saints dont les reliques se trouvaient à Maragha. Ce nom,
très commun parmi les chrétiens orientaux, fut porté
par beaucoup de pieux personnages. Peut-être s'agit-il d'un de ces
nombreux martyrs mis à mort durant la persécution de Sapor
et dont les Actes ne nous sont pas parvenus.
29. Il s'agit peut-être du personnage de ce
nom qui fonda, à la fin du IVe siècle, le célèbre
couvent de Cartamin, situé dans les environs de Mardin. BAR HÉBRÉUS
(Chron. eccl., II, 122) l'appelle «le saint archimandrite
Mar Samuel», et prétend qu'il fonda ce monastère,
avec son disciple Mar Siméon, d'après les plans qui lui avaient
été montrés par un ange. Nous n'avons pas d'autres
documents sur ce saint.
30. Voir ci-dessus, chap. IX,
n. 16.
31. Ce nom, qui signifie croix, est très
commun. Il est impossible de dire avec certitude de quel saint il s'agit
ici. Cependant, dans un lectionnaire nestorien conservé au British
Museum (add. ms., 17,923), on trouve mentionnée (fol.159
a) la commémoraison de Sabarjésus et autres fondateurs
du couvent de Beth Nouhadra, parmi lesquels figure un Mar Çaliba,
qui pourrait bien être celui dont parle notre texte.
32. Ce saint nestorien est appelé un peu plus
loin par notre auteur «l'illustre martyr»
(chap. XVIII). Sa vie, écrite par Jésujab qui occupait
le trône patriarcal de Séleucie de 650 à 660 de notre
ère, existe dans le ms. syriaque CLXI de la Bibl. vaticane sous
ce titre: «Historia sancti Jesusabrani confessoris et monachi inclyti
scripta a Beato Mar Jesujabo Adiabeno Catholico Patriarcha Orientis.»
Je ne sache pas qu'elle ait été publiée. Son contenu
ne m'est connu que par la courte note d'Assémani, ainsi conçue:
«Notandum tamen est quod etsi Jesusabranus a Jesujabo dicatur ex
Magorum secta ad Christi fidem conversus, et propter eamdem fidem in vincula
per annos quindecim conjectus, ac demum in crucem actus fuisse; idem tamen
fertur nestorianam heresim coluisse.» Catalogus Bibl. Vatic.,
t. III, p. 328.
33. Probablement un de ces nombreux martyrs de Perse
dont nous ignorons encore la vie.
34. Il s'agit évidemment d'une pieuse femme
de l'Ancien Testament. Dans une prière pour les cérémonies
de la tonsure des religieuses on invoque «...Thamar, Rachel, Ruth,
Marie soeur d'Aaron, la soeur de Sama qui fut martyre, la sainte fille
de Manoueh, Debora, Anaël qui tua Sisara, la mère
de Samson, .....» (Cat. Bibl. vatic., t. II, p. 368). D'après
la place qu'elle occupe dans cette énumération notre sainte
pourrait bien être cette Rahab qui accueillit les espions de Josué
(Jos., II).
35. C'est sous ce nom que les Syriens désignent
la mère et les sept frères, ses enfants, qui furent mis à
mort, sous le règne d'Antiochus Epiphane, pour avoir refusé
de manger les viandes prohibées (II MACH., VII).
36. II Chron., VI.