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CHAPITRE V
MAR JABALAHA EST ÉLU PATRIARCHE

    Quand ces choses arrivèrent le Catholique Mar Denha vivait encore, mais il était tombé malade à Bagdad. Beaucoup de moines et d'évêques avaient eu des songes du même genre.
    Après quelques jours, la pensée vint à Mar Jabalaha de se rendre à Bagdad près du Catholique pour recevoir un présent, avec la chape et le bâton pastoral qu'il devait emporter dans son pays.
    Comme il approchait de Bagdad, il rencontra un homme qui le connaissait, et qui lui dit: «Le Catholique est mort. Peut-être qu'en pressant ta monture tu arriveras avant son enterrement.»
    Mar Jabalaha, profondément affligé et le coeur triste, se hâta jusqu'à ce qu'il fût parvenu à la porte de l'église où il entra et vit des groupes nombreux qui pleuraient, d'autres qui priaient. Il s'avança jusqu'au cercueil, enleva son manteau, déchira ses vêtements et éclata en sanglots amers, jusqu'au point de tomber par terre comme mort.
    Après un instant, ils le relevèrent, le revêtirent de son manteau et le consolèrent. Quand l'office fut terminé, on enterra le Catholique de mémoire bénie, et les évêques retournèrent à la résidence.(1)
    Le lendemain les Pères se réunirent pour choisir la personne qu'il convenait de placer sur le siège patriarcal(2).
    Parmi eux se trouvaient d'abord Maran-cammeh, le métropolitain d'Elam(3), ensuite celui du Tangout(4), celui de Tirhan(5) et celui du Tour(6), avec les magnats, les notables, les scribes, les juristes et les médecins de Bagdad. L'un disait: ce sera un tel, l'autre tel autre; jusqu'à ce qu'enfin ils furent tous d'accord que Mar Jabalaha serait le chef et l'administrateur du siège de Séleucie et de Ctésiphon(7). Le motif de son élection fut que les rois qui tenaient les rênes du pouvoir étaient Mongols, et il n'y avait personne en dehors de lui qui connût leurs moeurs, leurs procédés et leur langue.
    Quand ils lui dirent ces choses, il repoussa leur proposition et allégua des raisons: «Je manque, dit-il, de la science et des connaissances ecclésiastiques. Je n'ai aucune éloquence, comment puis-je devenir patriarche? Je ne connais pas non plus votre langue syriaque qui est absolument nécessaire(8).»
    Mais eux, ayant insisté, il se conforma à leur pensée et accepta. Tous lui donnèrent leur consentement, les évêques, les prêtres, les magnats, les juristes et les médecins de Bagdad.
    Il se mit en route pour venir près de Rabban Çauma, au saint monastère de Mar Micael de Tarcel. Les moines avaient déjà appris la mort du saint père Mar Denha, et quand Mar Jabalaha arriva ils le reçurent avec joie, le consolèrent et furent d'accord qu'il devait devenir Catholique. C'était un mouvement divin, et toute créature sert forcément à l'accomplissement d'une chose qui vient de Dieu.
    Quand il s'entretint avec Rabban Çauma, celui-ci lui dit: «C'est la volonté de Dieu, tu ne peux t'y soustraire. Allons maintenant près du roi Abaka, et, s'il accepte la chose, reçois la consécration.»
    Ils se mirent donc en route, avec l'assentiment des évêques et des moines qui les accompagnaient, pour l'Adherbaidjan, car c'était là que les rois passaient l'été(9). Ils arrivèrent près du roi à la montagne Noire(10), qu'on appelle en persan Siah-couh (et en turc cara dagh). Les émirs les introduisirent et ils présentèrent leur requête.
    Ils dirent au prince: «Vive le roi à jamais! Le Catholique est mort, et tous les chrétiens sont tombés d'accord pour vouloir mettre à sa place ce métropolitain venu des pays de l'Orient pour aller à Jérusalem. Qu'ordonne le roi?»
    Celui-ci répondit: «Cette pureté d'intention et de conscience est digne d'admiration. Dieu est avec ceux qui l'invoquent et font sa volonté. Celui-ci et son compagnon sont venus de l'Orient pour aller à Jérusalem: cela est arrivé par la volonté de Dieu; nous aussi, nous accomplirons la volonté divine et la demande des chrétiens. Que celui-ci devienne votre chef et qu'il siège sur le trône patriarcal.» Et prenant la main de Mar Jabalaha il lui dit: «Sois courageux et gouverne; que Dieu soit avec toi et qu'il te vienne en aide!» Il lui mit sur la tête le manteau qui était jeté sur ses épaules, et lui donna son propre fauteuil qui était un petit trône. Il lui donna aussi un parasol, qu'on appelle en mongol soukor, et qu'on élève au-dessus de la tête des rois, des reines et des membres de la famille royale pour les protéger contre la force du soleil et de la pluie, mais la plupart du temps pour leur faire honneur(11).
    Il lui donna encore une paiza ou tablette d'or portant des insignes royaux(12) et les diplômes d'usage (c'est-à-dire qu'il reçut l'autorité suprême), avec le grand sceau qui avait appartenu au précédent patriarche. Il lui fit aussi cadeau des frais considérables qu'exigeait l'imposition des mains.
Ils se mirent ensuite en route pour Bagdad. Ils allèrent à l'église de Mar Kôka(13), et Mar Jabalaha reçut la ceirotonia, c'est-à-dire l'imposition des mains; il prit les rênes du gouvernement de l'Église d'Orient et il fut installé sur le siège de Séleucie et de Ctésiphon(14) par le saint père Maran-cammeh, métropolitain d'Elam, consécrateur et gardien du trône apostolique(15) et les évêques qui étaient présents, parmi lesquels se trouvaient: Mar Jésusacha, métropolitain d'Arbèle(16), Mar Gabriel, métropolitain de Mossoul et de Ninive(17), Mar Elias, métropolitain de Dacoc(18) et de Beth-Garmai, Mar Abraham, métropolitain de Tripoli(19) et de Jérusalem, Mar Jacques, métropolitain de Samarcande(20), Mar Jean, métropolitain de l'Adherbaidjan avec d'autres évêques au nombre de vingt-quatre(21).
    L'imposition des mains eut lieu au mois de Teshri second, le premier dimanche de la Dédicace de l'église, en l'année des Grecs 1593 (novembre 1281), la trente-septième de son âge.
    Pendant l'hiver de cette année-là, le roi Abaka descendit à Bagdad, et le Catholique Mar Jabalaha se rendit près de lui le samedi d'avant le jeûne dominical(22). Il lui exposa la condition des chrétiens et trouva grâce à ses yeux. Le roi lui donna de grands présents et un diplôme pour percevoir chaque année, pour les églises, les monastères, les moines, les prêtres et les diacres, trente mille dinars ou cent quatre-vingt mille zouz blancs(23). Le Catholique envoya recueillir cette somme en divers lieux. Quand ce roi mourut(24), la pension fut supprimée.


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1. Denha habitait, à la fin de sa vie, dans le palais concédé par Houlaghou au patriarche Makika. Il était situé près du Tigre, et alors converti en couvent. Denha fut inhumé dans l'église de ce couvent, auprès de son prédécesseur. Les chrétiens furent plus tard, en 1296, obligés d'enlever leurs corps, lors d'une émeute dont nous parlerons plus bas.
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2. Denha mourut le 24 février 1281. Le siège patriarcal demeura vacant pendant huit mois, car Jabalaha ne fut sacré qu'au mois de novembre; mais tout porte à croire que l'élection eut lieu aussitôt après l'enterrement de Denha comme l'affirme notre auteur.
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3. Voici comment ASSÉMANI fixe les limites de la région d'Elam: «Elam, Elymais regio, Elamitae seu Elymaei populi, ad occasum Persidis propriae dictae, in Susianae regionis confinio, inter Sinum Persicum ad meridiem, et Mediam ad boream... Antiqui scriptores distinguunt Elymaïdem a Susiana: et Suzianam quidem ponunt inter Assyriam a septentrione, Tigrim amnem ab occasu, Eulaeum fluvium seu Elymaïdem regionem ab ortu, et Sinum Persicum a meridie; Elymaïdem vero patere aiunt inter Eulaeum et Oroatim fluvios a Media usque ad Sinum Persicum. Elamitis, Susiis, Cossaeis et Huzitis Metropolitanus, apud Nestorianos praefuit a Persico diversus, qui primum inter Metropolitanos locum obtinebat, ut supra [pag. 420] dictum est. Ejus tituli (episcopales) fuere Elam, Lapetae, Huzitarum, et Gandi-sapor.» ASSÉMANI, Bibl. or., III, part. 2, pag. 744.
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4. Voir ci-dessus, chap. III, note 8.
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5. Tiran, Tihran, ou Tiroun Kerouen, est une ville de la province d'Irak-Adjémi, dans la Perse centrale, à 46 kil. O.-N.-O. d'Ispahan, sur un affluent du Zeudeh-Rouh qui se perd dans le marais de Gavkhauch. Cf. ASSÉMANI, Bibl. or., III, part. 2e, pag. 785; HOFFMANN, Auszüge aus syrischen Akten etc., p. 155.
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6. Tour, ou Tour 'abdin, «montagne des serviteurs» ou des moines, qui reçut ce nom à cause du grand nombre de monastères dont elle fut couverte vers les IVe-VIIe siècles, et dont on retrouve encore aujourd'hui les ruines. Géographiquement parlant, cette région comprend le massif dolomitique et le plateau du Taurus kurde qui est séparé des monts de Mardîn à l'O. par une large vallée, s'appuie au S. sur les monts Baarem, plonge à l'E. sur la rive droite du Tigre et se continue au N. par le plateau d'et-Thôr qui le sépare de la rive droite du Didjel ou branche occidentale du Tigre. L'ensemble du massif avec le plateau forme une étendue de 30 kil. du S. au N. sur 75 de l'E. à l'O. Les sommets sont presque tous sans arbres, souvent même sans gazon; mais au pied des escarpements méridionaux, les campagnes, arrosées par des torrents ramifiés en mille canaux, sont un immense jardin où se pressent les villages aussi nombreux que dans les contrées les mieux cultivées de l'Europe.
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7. Séleucie et Ctésiphon sont deux villes de l'ancienne Babylonie, aujourd'hui ruinées. Elles étaient situées sur le Tigre à 35 kilom. S.-E. de Bagdad.
    Séleucie, fondée sur la rive droite du Tigre, en 307 avant notre ère, par Séleucus Nicator, devint la première capitale du royaume de Syrie, sous les Séleucides. En l'an 140, elle fut la résidence des rois Parthes, mais bientôt la fondation de Ctésiphon, en face d'elle, sur l'autre rive du fleuve, lui fit perdre toute son importance. Cette seconde ville ne fut d'abord que la résidence d'hiver des rois, mais elle acquit en peu de temps un grand développement et porta un coup mortel a Séleucie. Prise par Trajan en 115, elle fut ruinée par Septime Sévère en 198. Par son commerce, elle fut, sous les princes sassanides, une des cités les plus florissantes de l'Asie-Mineure. Ce n'est plus qu'une petite bourgade de 2,000 hab., que les Arabes appellent al-Madaïn. On y voit encore les restes d'un grand édifice, situé à une faible distance du Tigre, que la tradition locale considère comme le palais de Chosroès le Grand. Les débris des monuments de ces deux villes ont servi en grande partie aux Arabes à construire Bagdad. D'après AMROU et les écrivains syriaques, ce siège doit son origine à Mar Maris. Il est certain que la dignité de métropolitain lui fut reconnue dans les premiers conciles. Plus tard, quand Bagdad fut fondée et devint la résidence des khalifes, les pasteurs Nestoriens, qui avaient transformé la dignité de métropolitain en celle de patriarche, ne cessèrent de conserver ce titre, bien qu'ils fissent de la capitale le lieu ordinaire de leur résidence. Cf. ASSÉMANI, Bibl. or., III, 611, et I,10.
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8. Le continuateur de la Chronique ecclésiastique de BAR HÉBRÉUS s'exprime à peu près dans les mêmes termes, et, bien que Jacobite, il se montre assez bienveillant dans ses jugements sur Jabalaha qui, dit-il, quoique pauvre en doctrine et ignorant de la langue syriaque, était cependant un homme d'un bon naturel, doué de la crainte de Dieu, qui montra beaucoup de charité pour nous et les nôtres (t. II, p. 454). Ce qui valut à Jabalaha cet éloge, ce fut sans doute sa conduite lors du décès de Bar Hébréus qui mourut le 30 juin 1286, à Maragha, où le Catholique se trouvait alors. En cette circonstance, «il défendit de sortir et d'ouvrir les boutiques... et envoya aux funérailles les évêques qui se trouvaient auprès de lui avec de nombreux et grands cierges» (Ibid., col. 274).
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9. Avec eux se trouvait l'émir Yaschmout, dont nous aurons bientôt à parler, qui était lui-même de race ouïgoure et semble avoir contribué largement, par son influence, à l'élection de Jabalaha (cf. BAR HÉBRÉUS, Chron. eccl., II, 451).
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10. Siah-Koh ou Siah-Kou, «la Montagne Noire», est un nom commun à plusieurs chaînes situées en diverses régions. Celle dont il est question ici est le massif montagneux qui longe la rive droite de l'Araxes, au nord de Tauriz.
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11. Ceci concorde parfaitement avec les données de MARCO POLO qui nous dit (chap. LXXX) que tous ceux qui ont reçu la paiza d'or «si ont par commandement que toute fois que il chevauchent doivent avoir sus le chief un palieque que on dit ambrel que on porte sur une lance en senefiance de grant seigneurie. Et encore que toute fois que il siet, il siet en chaiere d'argent». - La Chronique Géorgienne raconte que parmi les chefs géorgiens qui vinrent trouver Houlaghou à Tauriz, quelques-uns furent nommés soukourchi, c'est-à-dire porte-ombrelle. Et, à ce propos l'ecrivain fait remarquer que l'ombrelle que l'on portait au-dessus du kakhan etait ronde, attachée à un grand support et constituait un privilège réservé aux seuls membres de la famille du prince (cf. HOWORTH, III, 109). Nous savons d'ailleurs que de la plus haute antiquité, les personnages officiels chinois ont eu des insignes particuliers de leurs fonctions, qu'ils portaient ou faisaient porter devant eux en public. Encore maintenant, le cortège d'un mandarin est toujours précédé de différents insignes: oriflammes, dais de différentes couleurs, portés par des hommes de son escorte. Dans toutes les anciennes monarchies de l'Orient le dais ou palique (variante de paile), aussi appelé ombrelle, qui avait quelque fois la forme d'un grand éventail ou d'un étendard à queue (sur les bas-reliefs assyriens, en Chine et en Mongolie), était en public la marque distinctive des souverains, des princes et des princesses. On peut s'en convaincre en examinant les bas-reliefs découverts à Ninive et à Babylone, les peintures et les sculptures de l'Égypte. C'est seulement en Chine que l'on peut retrouver maintenant encore dans ses formes vivantes cette ancienne civilisation de l'Orient si différente de la nôtre; mais cet usage était encore pratiqué en Égypte a la fin du XVe siècle. «Le sultan se faisait porter au-dessus de la tête, lorsqu' il sortait à cheval en grand cortège, un parasol fait en forme de voûte, couvert d'étoffe de soie jaune brochée d'or, et au haut duquel était un oiseau d'argent doré. Ce parasol était porté par un des émirs commandants de cent hommes qui marchait à cheval auprès du sultan.» S. DE SACY, Chrest. arabe. II, 268.
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12. Le mot paiza, dérivé probablement du chinois paï-tseu, désigne la tablette de commandement que recevaient les fonctionnaires comme insigne de leur dignité. Elle variait dans sa forme et sa matière selon la dignité de celui à qui elle était destinée. «Les tables de commandement sont si faites, dit MARCO POLO (chap. LXXX), que celui qui a seigneurie de cent hommes a table d'argent; et qui a seigneurie de mille si a table d'or ou d'argent doré. Celui qui a seigneurie de dix mille a table d'or a teste de lyon. Or vous dirai le poys des tables et ce qu'elles signifient. Ceux qui ont seigneurie de cent et de mille, leur table poyse chascune poys .C. XX. Et celle qui est la table de lyon entailliée dedens, qui ont la seigneurie de dix mille, poyse aussi .C.XX. Et en toutes les tables y a écrit un commandement qui dist: «Par la force du grant dieu et de la grant grace que il a donné à nostre empire le nom du Kaan soit beneoit; et tuit cil qui ne l'obeiront soient mort et destruit.» Et encore vous di que touz ceuls qui ont ces tables, si ont aussi grant privileges de tout ce que il doivent faire en leur seigneurie. Encor sachiez que cil qui ont grant seigneurie de cent mille hommes ou que il soit seigneur d'un grand ost général, cil ont une table d'or qui poise près de trois cens [saggi] (= 50 onces, selon D'OHSSON). Et y a lettres escriptes qui dient aussi comme autres que je vous ai dit. Et dessoubs les lettres y a pourtrait un lyon et dessous le lyon est le solleil et la lune.» L'auteur fait remarquer ensuite que ceux qui reçoivent cette tablette ont droit à l'ombrelle. Puis il ajoute: «Et encore à ces grans seigneurs leur donne une table de jerfaus; et ce à tres grans barons, par quoy il aient plaine seigneurie et baille comme lui meismes. Car quant celui veult envoler messages en aucun lieu, si pourrait prendre les chevaus du meilleur qui y fust et toute autre chose à sa volonté.» Or, nous verrons plus loin que la tablette donnée au patriarche était appelée en mongol sônqôr, qui est précisément le nom du gerfaut. C'est donc une tablette de cette dernière espèce que reçut Jabalaha. Le colonel YULE, dans son édition de Marco Polo, dit que le sônqôr ou gerfaut se trouve sur certains coins de la Horde d'Or frappés au Sérai; il n'a pas trouvé d'autres documents sur l'emploi de ce signe comme symbole d'Etat.
    Plusieurs paiza d'argent ont été découvertes sur le territoire russe, l'une est reproduite par le colonel Yule. Une trouvée dans le gouvernement de Yenisei est longue de 12,2 pouces et large de 3,65. Schmidt en a lu ainsi l'inscription: «Par la force du ciel éternel, que le nom du Khakan soit honoré. Celui qui ne le révère pas doit mourir.»  La plupart de ces inscriptions sont en langue mongole et en caractères pa'sse-pa. On en a trouvé une en caractères ouïgours.
    Il y a, comme fait observer avec raison PAUTHIER, quelque analogie entre les tables d'or de commandement des empereurs mongols et les bulles d'or des empereurs de Constantinople et autres souverains du moyen âge, dont quelques-unes sont conservées dans les musées d'Europe. Ces bulles étaient aussi de différentes matières. Il y en avait d'or, d'argent et de plomb. Elles furent employées par les princes souverains et les seigneurs de fiefs, par les papes et les hauts dignitaires de l'Église. Les bulles d'or servaient rarement et seulement dans les cas importants. - Les paiza étaient ordinairement accompagnées d'ordonnances ou yarliks (Cf. ci-dessous, chap. VII). - Voir HOWORTH, t. I, p. 271 et 530; MARCO POLO, éd. Pauthier, t. I, p. 255, n.
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13. La consécration épiscopale se faisait toujours dans cette église. V. ASSÉMANI, Bibl. or., III, 611 et I, 10, et ci-dessus, chap. III, n. 26.
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14. Notre Jabalaha fut le troisième patriarche de ce nom. Jabalaha Ier gouverna l'église de Séleucie-Ctésiphon, avant l'apparition du nestorianisme, de 416 à 420; Jabahala II, de 1090 à 1221 (Cf. BAR HÉBRÉUS, Chr. eccl. II, 54, 370).
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15. Le métropolitain d'Elam avait la première place après le Catholique; c'est lui qui administrait le diocèse de Séleucie pendant la vacance du siège patriarcal et il avait le privilège de consacrer le nouveau patriarche.
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16. Il faut probablement lire: Jésuzacha, métropolitain de Nisibe, et Moyse, métropolitain d'Arbèle (Cf. ASSÉMANI, Bibl. or., II, 456).
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17. Le titre d'évêque de Ninive fut le titre primitif donné au diocèse à cause de la célébrité de la ville antique. Les évêques etaient aussi appelés évêques de Mar Matthai du nom du couvent situé dans le voisinage, d'où ils étaient ordinairement tirés et où ils faisaient leur residence habituelle. Mais, ce couvent appartenant aux Jacobites l'évêque des Nestoriens résidait à Mossoul et de là vient que, surtout chez ces derniers, le nom de Mossoul est aussi usité que celui de Ninive pour désigner ce diocèse.
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18. Dacoc ou Dakouk, appelée aussi Laschoum (comme le prouve ASSÉMANI. Bibl. or., III, part. 2, p. 741) était une ville episcopale du Beth Garmai, distante d'Arbèle de cinq jours de marche, selon ABULFÉDA. Les Nestoriens avaient dans cette ville deux monastères célèbres, placés, l'un sous le vocable de Sabarjésus, l'autre sous celui d'Ezéchiel.
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19. Tripolis, de Syrie, une des plus anciennes villes maritimes de la côte de Phénicie, à 65 kil. au N. de Beïrout. Cette cité, dont le commerce est important, puisqu'elle est l'entrepôt maritime du Haut-Liban, mérite encore comme au temps des Phéniciens, le nom de Trois-Ville, car elle est divisée en trois quartiers distincts, appelés par les Arabes le Château, la Haute-Ville et la Marine.
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20. Samarkand, ville de l'Asie centrale, aujourd'hui dans le Turkestan russe, à 265 kil. S.-O. de Tachkent et à 222 kil. E.-S.-E. de Boukhara, à 7 kil. de la rive gauche du Kara Daria ou Zarafchan, dont plusieurs canaux dérivés arrosent la ville. Cette ville, ancienne capitale de l'immense empire de Timour et jadis le centre de la culture intellectuelle de l'Asie centrale, est encore aujourd'hui une localité importante par son commerce et sa situation stratégique, surtout depuis qu'elle est devenue le terminus du chemin de fer transcaspien. C'est un poste avancé des troupes russes et le point central du commerce de Khiva, de Boukhara et de Kaschgar. La ville se compose du «Vieux Samarkand», ou ville indigène, à l'est, et du «Nouveau», ou ville russe, à l'ouest; entre les deux se trouve la citadelle. L'origine de cette ville remonte à la plus haute antiquité. Les légendes orientales rapportent sa fondation, sous le nom de Sogdo (d'où Sogdiane), à l'époque héroïque de l'histoire persane. C'était la Marakanda des écrivains grecs, prise par Alexandre en 329 avant J.-C. Depuis lors, sous treize dynasties différentes, elle n'a cessé d'être une cité importante. Elle fut prise par les Russes en 1868. Elle compte actuellement 40,000 habitants et renferme le tombeau de Tamerlan et quelques autres monuments de la même époque, plus ou moins en décadence.
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21. Parmi eux se trouvaient: Jésusabran, métropolitain du Tangout; Berikjésus, évêque de Tirhan (qui remplit les fonctions d'archidiacre), Ananjésus év. de Schalata, Siméon de Balada et Geslouna, Jésusdenha de Maiphercat, Georges de Maalta, Siméon de Téla et de Barbarie, Çalibazacha de Beth Darona, Joseph de Salamas, Gabriel de Rostak, Abraham d'Oschnouk, Mathieu de Dacena, Jean de Suse, Emmanuel de Hesna, Siméon de l'Arzanène, Cyriaque de Socotara (ASSÉMANI, Bibl. or., II, 456).
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22. C'est-a-dire le Carême. - Nous aurons occasion de parler plus bas (chap. VII) du jeûne chez les Orientaux.
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23. La valeur du dinar et du zouz a tellement varié qu'il est impossible d'en faire une évaluation adéquate.
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24. Abaka partit de Bagdad le 13 février 1282 et arriva le 18 mars à Hamadan, où il tomba malade. D'après les historiens persans, ce prince, qui faisait un usage immodéré des boissons spiritueuses (ce que firent d'ailleurs tous les princes mongols de la Perse), ayant bu un soir avec excès, sortit vers minuit, pour un instant, et, croyant voir un oiseau noir sur une branche d'arbre, il ordonna à un de ses gardes de lui décocher une flèche. L'homme eut beau regarder, il ne vit rien. Tout à coup les yeux du roi se fermèrent et il tomba mort. C'était le mercredi 1er avril. Il avait cinquante-huit ans, et avait régné dix-sept ans. Le récit de sa mort offre quelques variantes dans les détails, chez divers auteurs, mais la scène de l'apparition d'un spectre en forme toujours le fonds. BAR HÉBRÉUS dit que le dimanche précédent il avait assisté au service divin dans l'église de Hamadan; que le lundi il dîna chez un seigneur persan, que dans la nuit du lundi au.mardi sa raison se troubla; qu'il vit des spectres dans l'air et qu'il mourut à l'aurore du mercredi 1er de Nisan (Chron. syr., p. 566). Les auteurs chrétiens sont très favorables à Abaka. La Chronique Géorgienne l'appelle bon, généreux, clément, doux, modeste, juste, charitable envers les pauvres et très indulgent (Cf. HOWORTH, III, 276).
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