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CHAPITRE VI
CALOMNIES SUBIES PAR MAR JABALAHA SOUS LE ROI AHMED.

    Nous ne nous étendrons pas longuement sur les événements qui survinrent(1).
    Au roi défunt succéda son frère, nommé Ahmed, fils du roi Houlaghou(2). Il manquait d'éducation et d'instruction et il persécuta beaucoup les chrétiens à cause de ses relations avec les Hagaréens(3), vers lesquels il était enclin, et aussi parce que deux évêques envieux avaient trouvé l'occasion de satisfaire leur passion.
    Ils furent introduits devant le roi Ahmed par l'intermédiaire de deux hommes pervers, dont l'un s'appelait Schams ed-Din(4), maître du tribunal, c'est-à-dire chef des scribes, ou du Diwan, et l'autre [était] le scheïk Abd er-Rahman(5).
    Ils accusèrent le Catholique Mar Jabalaha et Rabban Çauma. «Ils sont, disaient-ils, les partisans d'Argoun, fils du roi Abaka, et ils ont écrit et agi contre toi, ô roi, près du Roi des rois, Khoubilaï-Khan. L'émir Yaschmout a pris part a l'accusation.»
    Ce dernier était un moine et un nazir, alors gouverneur de la ville et de la région de Mossoul(6).
    Les deux personnages susdits prirent donc Ahmed comme instrument en se servant des deux évêques précités qui étaient Jésusabran, métropolitain de Tangout, et Siméon, évêque d'Arni(7). Ils avaient comploté tous les deux ensemble pour devenir, le premier, patriarche, et l'autre métropolitain et visiteur général. Et quand cette pensée leur fut venue, par le conseil de Satan, ils firent la démarche criminelle dont nous avons parlé.
    Le roi qui était peu intelligent et avait abandonné Dieu, ne soupçonna pas que ces hommes n'étaient point sincères dans cette démarche; mais il crut à leurs paroles frauduleuses.
    Par son ordre, on amena le Catholique Mar Jabalaha au grand tribunal, avec Rabban Çauma et l'émir Yaschmout.
    D'après les prescriptions qu'il avait données, on avait repris au patriarche la païza. Quand ils entrèrent devant le tribunal, ils ne savaient pas ce qu'on leur voulait. Ils demeuraient dans l'étonnement et se disaient: «Qu'avons-nous donc fait?»
    L'envoyé leur dit: «Vos évêques, vos scribes et vos conseillers sont venus à la cour et vous ont accusés près du roi d'avoir comploté contre lui et de l'avoir dénoncé au Roi des rois, Khoubilaï-Khan, comme ayant abandonné la voie de ses pères et étant devenu musulman(8).»
    Le patriarche répondit: «Je ne pense pas.»
    Mais ils lui dirent: «Tes scribes t'accusent de ces choses.»
    On les fit venir et on les interrogea séparément. Chacun répondit ce qu'il savait.
    Le patriarche dit à ses juges: «O princes, pourquoi prenez-vous tant de peine? Faites revenir le courrier qui est parti avec les lettres, et examinez-les. Si l'accusation portée contre moi est vraie, je mourrai sans pitié dans mon propre sang. Sinon, c'est a vous de juger et de me venger.»
    Les émirs acceptèrent cette proposition qu'ils communiquèrent au roi. Le roi envoya après le courrier; on rapporta toutes les lettres qu'il avait avec lui, lorsqu'il était sur le point d'entrer dans le Khoraçan. On ouvrit ces lettres, on les lut, et on n'y trouva absolument rien de semblable aux accusations. Les juges ne dirent rien aux calomniateurs et par là nous comprenons qu'ils avaient saisi un prétexte(9).
    Le Catholique demeura donc en prison une quarantaine de jours, plongé dans une grande affliction, une cruelle douleur et une inquiétude continuelle, jusqu'à ce que Dieu le visitât dans ses miséricordes et le délivrât de ses liens.
    Le roi Ahmed, en effet, brûlait de colère contre lui et avait soif de verser son sang. Il l'aurait répandu si l'ange de la Providence qui dirige ce saint siège n'avait fait en sorte que la mère du roi(10) et les émirs le détournassent de la pensée qu'il méditait.
    Ensuite, par l'intervention des personnes que nous avons nommées, le patriarche rentra en grâce aux yeux du roi qui lui donna un diplôme avec la païza, le consola et le renvoya.
    Il se sépara donc du roi et s'en alla à la ville d'Ourmiah(11).
    Là, il eut un songe dans l'église de Madame Marie, et il apprit qu'il ne reverrait plus le roi.
    Après quelques jours il gagna, ainsi que les évêques ses accusateurs, la ville de Maragha.
    Le roi Ahmed partit à la tête de ses troupes pour entrer dans le Khoraçan, afin de s'emparer du roi Argoun, fils du roi Abaka(12).
    Il était convenu entre lui, les deux personnages susdits(13) et les chefs des Arabes, qu'après s'être emparé du prince il mettrait à mort les autres membres de la famille royale et deviendrait Khalife de Bagdad. Il devait aussi faire périr le Catholique.
    Mais son projet devint inutile et son dessein sans résultat. Le Seigneur, en effet, anéantit les projets des hommes, et accomplit sa volonté. Il affermit ou fait disparaître les rois, et son royaume demeure à jamais.
    Les troupes du roi Ahmed furent mises en déroute et beaucoup se tournèrent du côté du roi Argoun. Ahmed lui-même fut pris et mis à mort, l'an de Notre Seigneur 1284(14).
    Une nuit, avant d'avoir appris la nouvelle de ce qui était arrivé au roi Ahmed, le Catholique Mar Jabalaha eut un songe.
    Il voyait un beau jeune homme qui entrait vers lui, portant dans ses mains un plateau recouvert d'un linge. Le jeune homme lui dit: «Lève-toi et mange ce qui est dedans.» Après avoir enlevé le linge, il trouva sur le plateau une tête cuite. Il la mangea en entier et ne laissa que les os des mâchoires. Alors le jeune homme lui dit: «Sais-tu ce que tu as mangé?»
    «Non», répondit-il.
    «C'était, lui dit le jeune homme, la tête du roi Ahmed(15).»
    Aussitôt le Catholique s'éveilla effrayé.
    Quelques jours après, la nouvelle du meurtre du susdit Ahmed et de l'avènement du roi Argoun arriva. La joie du Catholique fut grande, non pas à cause de la mort de celui-là, mais à cause de l'avènement de celui-ci(16).
    Il alla alors, avec les évêques et les moines, féliciter le roi Argoun et remplir les devoirs que les chrétiens rendent au roi selon le précepte de l'Apôtre(17): «Que chacun soit soumis aux puissances supérieures : car il n'y a point d'autorité qui ne vienne de Dieu.»
    En voyant le roi Argoun, il le félicita et pria pour la prolongation de son règne.
    Le roi le combla d'honneurs et le traita magnifiquement en apprenant ce qui lui était arrivé de la part du roi précédent, ainsi que le fait des évêques qui travaillaient à le perdre, comme nous avons dit.
    Il ordonna de mettre ceux-ci à mort(18). Mais le Catholique Mar Jabalaha dit: «Vive le roi à jamais! Nous autres, chrétiens, nous avons nos lois. Quiconque ne les observe pas est appelé transgresseur du précepte. Notre loi ne demande pas la mort d'un homme, mais sa condamnation, et il y a plusieurs manières de punir les malfaiteurs. D'après notre loi, ces évêques ne doivent pas mourir, mais seulement être totalement privés de la dignité du ministère qui leur avait été confié.»
    Cela fut agréable aux yeux du roi qui renvoya le Catholique en grand honneur. Celui-ci revint à sa résidence, plein de joie et d'une vive allégresse.
    Quand les vénérables évêques furent réunis auprès du Catholique pour le saluer et le consoler, il y eut une délibération au sujet des évêques dont nous avons parlé. Après une longue discussion, lorsque ceux-ci eurent confessé leur méfait, ils lancèrent contre eux deux une sentence d'excommunication, et les privèrent de toute fonction ecclésiastique.
 


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1. Voici comment D'OHSSON (III, 550) résume (d'après Raschid) les événements auxquels il est fait ici allusion: «Après la mort d'Abaca, les Khatounes, les princes du sang et les généraux présents à Méraga, s'assemblèrent pour rendre les derniers devoirs au monarque défunt et délibérer sur le choix de son successeur. Le prince Argoun, qui avait été mandé par son père, reçut en route la nouvelle de sa mort et se rendit à Méraga, où les Khatounes et les princes du sang lui présentèrent la coupe suivant l'usage. Le général Boucaï, dévoué à ce jeune prince, ordonna aux officiers de la maison d'Abaca de faire leur service auprès d'Argoun..... Mais bientôt Tagoudar (appelé Tangoudar par Haïton et Nagoudar par Wassaf), frère d'Abaca et septième fils d'Houlagou, arriva de Géorgie...... D'après le Yassa (code de Gengis Khan), c'était l'aîné de la famille qui devait succéder au trône... Cette considération prévalut.» Tagoudar fut proclamé, le 6 mai 1282, d'une voix unanime, car Argoun, sur les conseils d'un de ses partisans, ne fit alors aucune opposition ouverte, voyant la majorité des officiers favorable à Tagoudar qui, à son élévation au trône, prit le nom d'Ahmed et le titre de sultan.
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2. Houlaghou ou Khoulagou-Khan, prédécesseur d'Abaka, était le cinquième fils de Touloul, le plus jeune fils de Gengis-Khan. Sa mère était Souirkoukteni, nièce du chef Kéraïte Ouang-Khan et fille de son frère Jakembo. Il était ainsi le propre frère des deux grands Kakhans Mangou et Khoubilaï, et de Arikbouka qui contestait les prétentions de Khoubilaï à l'empire du monde mongol. Il était né vers l'an 1216. Quand l'expédition de Perse eut été résolue dans un kouriltaï (assemblée générale), au commencement du règne de Mangou, Houlaghou fut chargé de la commander. Après avoir fait massacrer presque toutes les populations ismaïliennes, il engagea la guerre contre le khalife, prit et saccagea Bagdad, conquit la Mésopotamie, et fit plusieurs expéditions en Syrie où il ne put se maintenir. Il est le véritable fondateur de l'empire des Mongols de la Perse. Il mourut en 1265.
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3. Hagaréens est le nom que les écrivains chrétiens donnent souvent aux Mahométans. Cette appellation est dérivée du nom de Hagar, la servante d'Abraham, qui lui enfanta Ismaël et fut ensuite chassée avec son fils (Gen., XVI; XXI). Celui-ci est regardé par les écrivains ecclésiastiques comme le père des Arabes; et, de même qu'ils emploient souvent le nom d'arabe comme synonyme de musulman, ils se servent aussi en ce sens du nom de hagaréen, par lequel ils croient mieux exprimer leur idée de mépris pour les sectateurs de la religion de Mahomet. Devenir hagaréen signifie donc se convertir à l'islamisme.
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4. Le Sahib Schams ed-Din Mohamed, de Djouveïn, fils du Sahib Behaï ed-Din Mohamed, avait exercé la charge de premier ministre sous Abaka. Il eut auprès de ce prince une grande influence et lui rendit, par son habileté, des services signalés. Vers la fin du règne, cependant, son crédit commença à diminuer par l'effet des intrigues d'un certain Madjd el-Moulouk qui sut s'insinuer dans les bonnes grâces d'Argoun, fils d'Abaka, et accusa le vizir de détourner à son profit des sommes considérables et de comploter avec le sultan d'Égypte. Ce Madjd fut associé à Schams dans l'administration de l'État. Lors de la mort d'Abaka, Schams ed-Dîn était resté près d'Argoun, mais, à la première sommation, il passa du côté d'Ahmed qui lui laissa le ministère des finances et lui accorda ses faveurs par la protection d'Erméni Khatoun. Il mit alors tout en oeuvre pour perdre son rival Madjd el-Moulouk et y réussit par le moyen d'accusations calomnieuses et avec l'aide du scheïk Abd er-Rahman que notre auteur lui associe également dans l'affaire de Jabalaha. - A la première nouvelle des insuccès d'Ahmed, il prit la fuite; puis, confiant dans l'influence de son ancien ami Boukaï, très en faveur près d'Argoun, il alla se livrer à ce prince qui lui accorda sa grâce et le nomma lieutenant de Boukaï. Mais, des officiers qu'il avait mécontentés au temps d'Ahmed persuadèrent à Boukaï qu'il était éclipsé par l'ancien vizir; Boukaï l'accusa alors près d'Argoun qui le fit mettre en jugement. Il fut condamné et exécuté le 16 octobre 1285 (Cf. BAR HÉBRÉUS, Chron. syr., éd. Bruns, p. 573).
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5. Le scheïk Abd er-Rahman était, selon BAR HÉBRÉUS (Chron. syr., éd. Bruns, p. 575), le fils d'un domestique ou esclave du khalife Mostassem, et roumien de nation. Ayant échappé au massacre de Bagdad, il passa à Mossoul où il exerça quelque temps la profession de menuisier; de là il se rendit à Ahmadiyeh et fit accroire au seigneur de ce château que les esprits lui avaient révélé l'art de la magie. Ce seigneur le mena à la cour d'Abaka. Admis devant le souverain il lui dit que, s'il voulait le faire conduire au château de Tala, il montrerait ce qu'il savait faire. Il fit fouiller à un endroit où l'on découvrit un anneau orné d'une pierre très précieuse. Ce fait ayant confirmé les paroles du prétendu magicien, on ajouta foi à tout ce qu'il disait. A l'entendre, il avait le pouvoir de chasser les démons et connaissait leurs secrets. Placé auprès d'Ahmed depuis sa première jeunesse, il exerçait un grand ascendant sur l'esprit de ce prince qui lui était fort attaché et lui donnait le nom de Baba (père). On peut dire que ce fut lui qui administra l'État, sous le court règne d'Ahmed, avec le vizir Schams ed-Din. Ahmed le chargea d'une ambassade en Égypte. La mort d'Ahmed survint pendant cette mission. Les ambassadeurs furent emprisonnés à Damas, par le sultan Kélavoun, et le scheik Abd er-Rahman mourut pendant sa captivité, le 8 décembre 1284.
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6. Vers 1276, Alem ed-Din Yakoub, grand marchand chrétien, natif de Berkout dans le district d'Arbèle, s'était rendu à la cour de Koubilaï-Khan. Il mourut dans le Khoraçan pendant son retour. Il avait pour compagnon de route un émir, envoyé en mission par le Khakan, homme de grande naissance, d'origine ouïgoure, qui était chrétien et avait été moine: il se nommait Yaschmout. Cet homme prit soin des fils du marchand. Il les conduisit à la cour d'Abaka qui confia à l'ainé, Maschoud, le gouvernement de Mossoul et d'Arbèle; Yaschmout devint alors son premier ministre. Après deux ans environ, un persan nommé Papa, accusa Maschoud de ruiner la province par sa mauvaise administration. Abaka ordonna une enquête; Papa cita de faux témoins et corrompit les juges: les deux chrétiens furent destitués et Papa nommé gouverneur de Mossoul. Ils se rendirent à la cour d'Abaka, purent se justifier et furent rétablis dans leur charge: Papa eut la tête tranchée, ainsi qu'un seigneur persan nommé Djelal ed-Din Touran qui l'avait favorisé. Les parents de celui-ci accusèrent Maschoud d'avoir détourné de la succession une grande quantité d'or et de pierreries. Il est probable que c'était au commencement du règne d'Ahmed et qu'ils profitèrent des dispositions malveillantes du prince vis-à-vis des chrétiens pour formuler leurs plaintes. Maschoud prit la fuite et fut plus tard rétabli dans sa charge par Argoun. C'est sans doute pour cela que nous voyons Yaschmout seul incriminé dans l'affaire de Jabalaha. Peu de temps avant l'avènement d'Argoun, cet émir fut assassiné par les fils de Djelal ed-Din qui voulurent venger sur lui la mort de leur père. Ce fut une grande perte pour les chrétiens (BAR HÉBRÉUS, Chron. Syr., p. 562, 601).
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7. Arni, ancienne ville épiscopale, aujourd'hui Arna, dans le diocèse chaldéen de cAqra (BEDJAN). Cfr. HOFFMANN Auszüge aus syrischen Akten, etc., p. 204.
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8. On voit que l'accusation reprochait surtout à Ahmed sa conversion au mahométisme. Ce prince, en effet, avait abandonné non pas «la voie de ses pères», mais le christianisme pour embrasser cette religion, car il avait été baptisé sons le nom de Nicolas. On comprend que les excès du fanatisme auquel il se laissa aller après son avènement, aient mécontenté les chrétiens, et tous ceux qui professaient une religion autre que celle de Mohammed, car il ordonna que les temples des idoles et les églises fussent convertis en mosquées. Son zèle indisposa contre lui les généraux mongols et ne contribua pas peu à sa perte. - Voici comment s'exprime HAÏTON (chap. XXXVII) à ce sujet: «Tagoudar avait été baptisé dans sa jeunesse et appelé Nicolas, mais lorsqu'il fut parvenu à l'âge viril, parce qu'il avait été élevé avec les Sarrazins, il devint très méchant sarrazin lui-même et, renonçant à la foi chrétienne, il se fit appeler Mahommet-Khan et fit tous ses efforts pour faire renoncer à tous les Tartares le christianisme et leur faire embrasser la secte de Mahommet et ceux qu'il n'osait pas y contraindre par violence, il leur faisait des présents, des grâces et des honneurs pour les corrompre. Il y eut alors une infinité de Tartares qui se convertirent au mahométisme. Il fit détruire toutes les églises chrétiennes à Tauriz et ailleurs; en sorte que les pauvres chrétiens n'osaient plus professer leur religion.» On s'étonne après cela, comme le fait observer D'OHSSON (t. III, p. 562), de lire dans BAR HÉBRÉUS (Chron. syr., éd. Bruns, p. 567) que, fidèle aux préceptes de ses aïeux, Ahmed montra de la bienveillance aux ministres de tous les cultes et surtout aux chrétiens.
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9. Le sens est peut-être: «qu'ils avaient reçu de l'argent.»
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10. Koutouï-Khatoun, de la tribu des Kounkourat, femme intelligente et très considérée, comme dit plus bas notre auteur lui-même. Selon quelques écrivains elle aurait été chrétienne (cf. D'OSSHON, III, 561).
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11. Ourmiah, ou Ourmî, est une ville de la province de l'Adherbaidjan à 107 kilom. O.-S.-O. de Tauriz, au pied des montagnes, près de la rive occidentale, et à une petite distance, d'un tributaire du lac d'Ourmiah, le Schaer Tchaï. La ville compte environ 50,000 habitants. Elle est entourée de jardins qui séparent les faubourgs et pénètrent entre les différents quartiers presque jusqu'au bazar. Les environs sont très fertiles, on y cultive même le cotonnier. Le district renferme plus de trois cents villages de l'aspect le plus gracieux, nichés dans la verdure, que limite par d'élégantes courbes le bleu des eaux lacustres. Une grotte voisine est désignée comme ayant été la demeure de Zoroastre. La presque totalité des habitants sont de langue et de race turque. Ils appartiennent à la secte des schiites. On y compte un millier de juifs et à peu près autant de chrétiens, tant nestoriens que catholiques.
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12. Ahmed partit de Moughan le 26 avril 1284, à la tête de 80,000 hommes de cavalerie: mongols, musulmans, arméniens et géorgiens. Une grande bataille eut lieu dans la plaine d'Ak-Khodja. Argoun fut défait et se retira dans la forteresse de Kélatkoukh, au nord de Thous. La plupart de ses généraux, croyant sa cause perdue, avaient passé au camp d'Ahmed. Sur ces entrefaites, des pourparlers eurent lieu entre des officiers d'Argoun et d'Ahmed qui cherchait à attirer son neveu à sa cour pour s'emparer de sa personne; il y réussit. Argoun se rendit au camp le 20 juin. Il ne fut pas introduit tout de suite dans le pavillon du sultan: on le laissa en plein air exposé aux ardeurs du soleil, la sueur coulait de son visage. Sa soeur Tougan, qui l'aimait tendrement, sortit de la tente royale et alla l'abriter de son parasol. Le sultan sortit ensuite pour chasser dans les environs du camp. A son retour Argoun fut introduit, il entra, plia le genou, et rendit hommage au sultan selon la manière usitée chez les Mongols. Ahmed l'embrassa. Il dit ensuite à Argoun qu'il conserverait en apanage le Khoraçan. Néanmoins, il le fit garder à vue. Pendant ce temps un projet se forma à la cour même d'Ahmed pour détrôner ce prince et délivrer Argoun.
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13. Schams ed-Din et Abd er-Rahman.
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14. Après la défection de ses troupes entraînées par leurs officiers, Ahmed, qui s'était enfui, fut atteint dans la tente de l'une de ses femmes, par les karaounass qui se saisirent de sa personne et le conduisirent à Argoun. On le mit en jugement, on l'accusa d'avoir maltraité Koungkourataï et Argoun. Comme les juges avaient été choisis parmi les émirs qui avaient eu le plus à se plaindre de lui et qui venaient d'être délivrés de prison, il fut condamné. On dit cependant qu'Argoun inclinait à l'indulgence, à cause de la mère d'Ahmed qui était fort respectée, mais la mère et les frères de Koungkourataï réclamèrent la peine du talion, et à la nouvelle qu'une armée venait prendre le parti d'Ahmed, Argoun le condamna à périr de la même manière que Koungkourataï: il eut les reins cassés le 10 août (le 16, selon BAR HÉBRÉUS) 1284.
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15. Il existe encore, m'a dit M. BEDJAN, une expression analogue dans la langue chaldéenne vulgaire. «Manger la tête à quelqu'un» signifie être la cause morale de sa mort.
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16. Après l'exécution d'Ahmed, selon les historiens Raschid et Vassaf, les Khatouns et les princes du sang s'étant assemblés à Ab-Schour élurent unanimement Argoun, fils aîné d'Abaka, né de Katsmisch, une de ses trois concubines. Son premier soin fut d'affermir son trône en faisant mourir plusieurs officiers qui s'étaient montrés dévoués à Ahmed, bien qu'il eût rendu une ordonnance pour défendre d'inquiéter ceux qui avaient servi ce prince. Son avènement eut lieu le 11 août 1284. Il reçut, en 1286, au mois de février, un ambassadeur qui arriva de la Chine, lui apportant de Khoubilaï le titre de Khan et la confirmation de son élection au trône de son père. A cette occasion il renouvela les fêtes et cérémonies de son inauguration.
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17. Rom., XIII, 1.
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18. Probablement bien plus pour avoir embrassé le parti d'Ahmed que pour s'être montrés hostiles au Catholique.
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