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L'Enigme de l'Albanie et de Enver Hoxha

De Gaulle, il admirait Enver Hoxha

Où va-t-il le monde
  

De Gaulle, il admirait Enver Hoxha



Nous publions ci-dessous, à titre de document, un entretien que le proffeseur Paul Miliez a eu avec Enver Hoxha en décembre 1984, à Tirana, à l'occasion des fêtes du quarantiéme anniversaire de la libération de l'Albanie. Le proffeseur Paul Milliez est président de l'Association des amitiés franco-albanaises et il était, depuis vingt ans, le consultant médical principal du chef du P.C. albanais.


Paul Milliez: Monsieur secrétaire général, vous êtes une grande personalité. De Gaulle m'avait confié jadis qu'il admirait deux personnes dans son temps, Enver Hoxha et Boumediéne, bien que ce dernier ait été son ennemi


Enver Hoxha: Nous avons beacoup d'amis en France et dans d'autres pays, et nous comptons sur leur amitié. Mais nous avons aussi des ennemis.
Nous avons affirmé ouvertement notre position en faveur de nos fréres kosoviens


Paul Milliez: C'est normal que vous ayez des ennemis. Le pire, ce serait de ne pas en avoir.


Enver Hoxha:
La politique extérieur de notre pays a été juste, et elle restera telle à l'avenir aussi: une politique indépendante, libres souveraine et honnête. Nous avons exprimé et nous exprimons librement nos opinions sur le événements qui se produisent dans le monde, mais cela n'est pas du goût de certains


Paul Milliez:
Vos ennemis yougoslaves disent du mal de vous


Enver Hoxha: Ils sont extrêmement hostiles à notre égard, et disent sur notre compte des choses auxquelles personne ne peut croire. Ainsi, par exemple, ils prétendent que nous voulons la déstabilisation de la Yougoslavie, alors que jamais nous n'avons envisagé ni affirmé une chose pareille. Ils nous accusent, en outre, d'avoir provoqué les événements qui se sont produits au Kosovo en 1981, mais ce n'est pas du tout vrai. Les seuls responsables et auteurs des événements tragiques du Kosovo sont les Yougoslaves eux-mêmes.
Quant à nous, nous avons affirmé ouvertement et aussi par la voie officelle notre position en faveur des justes revendications de nos fréres kosovars celles-ci étant conformes à la Constitution yougoslave.

L'Europe a commencé à comprendre la politique albanaise


Paul Milliez: L'Europe occidentale, avec quelques difficultés, a commencé à comprendre votre politique. A Paris, on semble estimer que l'attitude de la Grande-Bretagne en ci qui concerne le probléme de votre or, n'est pas juste.


Enver Hoxha: Nous attendons depuis quarante ans que les Anglais nous rendent l'or qu'ils nous ont pillé. Nous remercions la France de l'aide qu'elle nous apporte en cette question. Pour ce qui est des Américains, ils sont dénués de tout scrupule. Ils nous demandent de leur remettre les richesses des résidents albanais qui vivent aux Etats-Unis et qui, selon eux, atteignent une valeur d'environ 1900000 dolars. Mais nous leur avons notifié: donnez nous des preuves, étayées de documents, sur vos richesses américaines nationalisées chez nous en vue de considérer ce probléme concrétement.
Les Anglais aussi ont observé une attitude incorrecte envers notre pays et notre peuple. L'histoire qu'ils ont crée sur les mines mouillées dans le canal de Corfu, contre lesquelles se sont heurtés leurs bâtiments de guerre, est dépourvue de tout fondement. A l'epoque nous ne possédions ne mines ni moyens nécessaires pour les immerger. le mines qui ont fait exploser leurs navires, lesquels, en fait, cherchaient à entrer à Saranda, avaient été déposées par les Allemands depuis la période de la guerre. néanmoins, lorsque l'incident a eu lieu, nous avons envoyé des embarcations pour sauver leurs marins. Camouflant la vérité, les Anglais ne cessent de nous calomnier.
Nous critiquons les Allemands pour l'attitude qu'ils ont observée à l'egard de notre pays, et nous fondons notre critique sur des documents. Toutefois, dans leur attitude nous constatons aussi un revirement. Leur presse n'est pas si amére envers nous, comme l'est celle de certains autres pays occidentaux.
Avec la Republique fédérale d'Allemagne, nous voulons établir de bons rapports, mais nous demandons en même temps qu'elle s'acquitte des indemnités de guerre qu'elle nous doit.


Il faut connaitre le combat de peuple albanais pour la liberté, l'indépendance et le socialisme


Paul Milliez: Dans votre pays, on dit que sans Enver Hodja il n'y aurait pas d'Albanie


Enver Hoxha: Je ne suis pas que membre du Parti du travail et je ne fais que rendre service à mon peuple. Tout succés remporté chez nous tire son origine de nos propres forces, tout est réalisé avec le peuple et en unité avec lui. les ennemis de notre peuple disent que je suis un dictateur. Une seule personne ne peut agir, ni travailler avec la force requise sans être entourée d'amis et de camarades.


Paul Milliez:
Vous avez beaucoup écrit notamment sur l'islam


Enver Hoxha: Tant que j'aurai des forces pour  me maintenir debout, je ne cesserai d'ecrire pour mon peuple, pour mes véritables amis, afin que ceux-ci connaisent le combat de notre peuple pour la liberté, l'indépendance et le socialisme.
Chaque pays méne sa propre politique, à travers laquelle il défend les droits qui lui reviennent. Or il y a à l'étranger quelques milieux et individus qui nous accusent d'avoir détruit les églises et les mosquées. A ces détracteurs, nous disons: nous ne nous sommes immiscés dans les affaires intérieures des autres pays, ni ne le souhaitons. Nous voulons alors que les autres non  plus ne se mêlent pas de nos affaires. En ce qui concerne la religion, nous ne pouvons permettre que dans notre pays, au sein du peuple, il y ait un "Etat" relevant des étrangres comme l'est le Vatican, qui dépend de l'impérialisme. D'autre part, nous  n'avons obligé, ni n'obligeons personne par la voie administrative à renoncer à ses conceptions religieuses. La religion est une question de conscience personnelle. Actuellement, le clergé orthodoxe grec représente les milieux les plus réactionnaires contre notre pays. Il cherche à faire croire que tous les orthodoxes se trouvent chez nous sont des grecs. Ce clergé ne ménage pas ses efforts pour barrer la voie au renforcement des rapports et des liens d'amiitié entre notre peuple et le peuple grec, avec lequel nous avons combattu plus d'une fois. Il se dresse même contre Papandréou n'approuvant pas sa politique dans les rapports avec notre pays. Mais tout se fera bien commun et ira dans la bonne voie, indépendamment des menées des réactionnaire.


Paul Milliez:
Vous avez confiance?


Enver Hoxha:
Oui, nous avons confiance, et aussi de la patience. Nos liens étroits avec le peuple sont pour nous d'une grande importance. Pendant de longues périodes  nous avons surmonté bien des difficultés, nous avons souffert beaucoup de privations, mais jamais nous  n'avons  constaté d'oppositin de la part de notre peuple. Au contarire, celui-ci est satisfait et il est conscient que si le pouvoir et le gouvernement n'ont pas fait davantage pour lui, c'est parce qu'ils étaient dans l'impossibilité de le faire.
Nos ennemis disent que l'Albanie est seule, qu'elle est isolée, qu'elle ne fait pas de commerce avec d'autres pays. Mais nous avons des échanges commerciaux avec tous les pays qui le souhaitent sur la base de l'avantage réciproque, sans nous immiscer dans les affaires intérieures d'autrui. Nous avons déclaré que nous n'avons pas besoin d'aides ou de crédits de l'extérieur, nous avons progresser en nous appuyant sur nos propres forces et c'est ce que nous faisons. C'est là quelque chose d'anormal pour les Yougoslaves. Or jamais notre économie n'a été réduite à l'état oû  se trouve l'éeconomie yougoslave, jamais notre pays n'a dépendu des dettes et des crédits de l'extérieur. Et il en sera ainsi pour toujours, contrairement à ce qu'ont fait et continuent de faire les Yougoslaves dans leur pays.
Nous mettons en ouvre tout ce qui est bon pour l'Albanie


Paul Milliez: Pourquoi selon vous, Staline n'a-t-il pas préparé sa succession?


Enver Hoxha: Staline y a pensé. Au dix-neuviéme congrés, il a élargi le comité central et le bureau politique afin de consolider la direction du parti aprés sa mort. Mais il était entouré, à peu prés de Gaulle, d'ennemis camouflés qui  lui présentaient constamment de faux rapports. Il leur avait dit: "Aprés ma mort vous vendrez l'Union soviétique", mais il n'a pas réussi à les combattre à temps.
Staline était un grand homme. Je l'ai connu de prés, j'ai eu cinq rencontres avec lui. C'était un homme sage et pondéré. Il a combattu les ennemis de l'Union soviétique et du communisme.
Staline a consolidé politiquement, économiquement et militairement les positions de l'Union soviétique avant comme aprés la deuxiéme guerre mondiale. Il avait constaté qu'on sapait son pays, et en fait, on le sapait gravement. Khrouchtchev et Mikoyan eux-même m'ont dit de leur propre bouche qu'ils avaient préparé un complot contre Staline et qu'ils avaient eu l'intention de le tuer par un attentat, mais ils n'y sont pas parvenus, car ils ont eu peur du peuple. Voilà quel genre de criminels et d'assassins ils étaient. Même aprés la mort de Staline, ils ont continué de crier: "Vive Staline"! et de dire que "Staline était un grand homme", mais à un moment donné, aprés avoir consolidé leurs positions, Khrouchtchev et consorts ont fait contre lui ce qui est notoirement connu. Ils ont accusé Staline de tous les crimes et fautes qu'ils avaient eux-même commis. Cela, nous ne l'avons jamais accepté, et nous l'avons déclaré ouvertement à la conférence des quatre-vingt-un partis communistes réunie à Moscou en 1960. C'est la raison pour la-quelle on nous accuse d'être staliniens, mais nous sommes des staliniens marxistes-léninistes, et nous mettons en ouvre tout ce qui est bon pour le socialisme en Albanie.
Quant au nom de Lénine, ils l'ont gardé en vue de camoufler leur activité contre-révolutionnaire.
A présent les nouveaux dirigeants soviétiques, à ce qu'on voit, cherchent à intimider l'Occident en donnant des signes qu'ils veulent "réhabiliter" Staline, mais le fait est qu'ils gardent toujours les opinions contr-révolutionnaires qu'ils ont eues de lui. C'est pourquoi leurs menées pour la "réhabilitation" de Staline, ne peuvent nous tromper, et non seulement nous, mais pas même l'Occident.

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