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L'Enigme de l'Albanie et de Enver Hoxha

De Gaulle, il admirait Enver Hoxha

Où va-t-il le monde
  

L'Enigme de l'Albanie et de Enver Hoxha

 

L’Albanie avec ses 2 millions 500 mille habitants, devient un cas unique. Etant une république populaire, elle se montre aussi hostile envers le bloc communiste, qu’envers les puissances capitalistes. Elle n ' est pourtant pas non alignée comme la Yougoslavie, ni neutre comme la Suisse ... Elle devient au sens figuré un nid d’aigles, où ne mène aucune échelle, une forteresse assiégée, une Sparte Nouvelle.

Arthur Conté

 

 

La Dictature et la democratie

 

Bien des politiciens et des analystes albanais, depuis plus de quatre ans, ne cessent de discourir, d’écrire et de se lamenter sur les maux de la dictature en Albanie. Dans les discours, dans les articles, dans les conférences de presse, ou bien dans les interviews de Beria, Selami, Meksi, Ceka, Gjinushi, Hajdaraga, Pellumbi, Godo et d’autres encore, des termes tels que " la dictature hoxhiste ", " la nuit noire de la dictature ",

"la dictature a détruit le peuple et le pays ", etc. occupent la place principale. Cela est reflété même dans les activités des partis politiques d’Albanie. Pendant le mois de Septembre 1994, au bloc actif des partis de droite, se sont associés aussi les socialistes, lesquels avec leur idéologue, Servet Pellumbi, considèrent comme très positif leur distanciation de l’ex - collaborateur proche d’ Enver Hoxha, le premier président de l’Albanie pluraliste, Ramiz Alia. Cela est normal et un droit naturel pour eux. Etant pratiques, se trouvant au pouvoir ou bien combattant pour prendre le pouvoir, ils doivent à tout prix dénigrer le passé, le noircir, afin de paraître aussi peu soit-il " la bougie de leur parti ". Mais les sciences politiques et historiques, obéissent à certaines règles et lois, qui doivent nécessairement être prises en considération lors de l’examen de toute période historique. Le Prof. Servet Pellumbi, idéologue du Parti socialiste, le sait bien, de même le Prof. Paskal Milo, idéologue du Parti social-démocrate, le Prof. Sami Repishti, idéologue du Parti démocratique, le sait bien aussi Preç Zogaj, idéologue du Parti de l’Alliance démocratique, le sait bien Dr. Abdi Baleta, idéologue du Parti démocratique de droite. Le savent très bien également ces dizaines d’analystes et de politologues des partis politiques en Albanie. Celui qui ne tient pas compte des lois et des règles historiques, demeure uniquement dans le cadre du propagandiste et du fanatique d’un parti. Malheureusement, c’est dans ce cadre que sont restés jusqu’à maintenant les politiciens albanais, démocratistes, socialistes, pedeistes, républicanistes, etc. Les raisons sont multiples et ils les connaissent mieux. Ne les connaissant pas bien, nous, nous nous suffirons de dire qu’ils ne veulent pas s’atteler à une étude sérieuse du passé, car ils sont des lâches, des revanchards ou bien des détenteurs de pouvoir. Nous allons toutefois polémiquer avec ce qu’il disent, avec le langage de leurs articles, de leurs interviews et de leurs discours. Leur dénominateur commun est: " Une des dictatures des plus sauvages de l’Europe a régné en Albanie ". L’ironie est qu’ils le disent avec orgueil, comme s’il recevaient une médaille. Que cela. Rien d’autre. Leurs discours sont comme les postulats d’Archimède. Est-ce que leur conclusion est véridique? Référons-nous aux données et aux arguments scientifiques. La notion de " dictature " a certains paramètres, reconnus et acceptés, dans la science politique et historique. A titre d’information, nous dirons au lecteur que les paramètres ci-dessous, nous les avons pris dans la littérature politique de l’Occident. Les politologues qui les ont déterminés sont tous anticommunistes. Ces paramètres sont: a- Les relations du pouvoir avec ses citoyens, par la forme de gouvernement. b- Les relations du pouvoir avec la liberté, la dignité et l’autorité du pays dans les relations internationales. c- Les relations du pouvoir avec l’armée et les forces armées du pays. d- les relations du pouvoir avec la culture et l’éducation de ses citoyens. Ces quatre questions principales pour la détermination du pouvoir, les politiciens et les analystes de l’Albanie veulent les laisser de côté. Ils sont si orgueilleux et mégalomanes qu’ils ne veulent même pas prendre en considération les conclusions et les définitions des politologues de renoms occidentaux. Toutefois, nous procéderons à une analyse individuelle de chaque cas, afin d’expliquer à ceux qui veulent bien qu’on leur explique, afin de faire la lumière sur une grande question: Quelle était la forme du pouvoir qui a dirigé l’Albanie pendant 45 ans? Premièrement, pendant 45 ans, c’est le Parti du Travail qui a dirigé en Albanie. C’est lui qui élaborait et qui déterminait les directions du développement de l’ Etat et de l’économie albanaise. Son slogan principal élaboré par Enver Hoxha était: Mettons la politique prolétaire au premier plan. C’est sur cette base, qu’a été élevée la vie sociale, culturelle, etc. Cela a été stipulé dans la législation du pays, indépendamment des changements dans des périodes historiques différentes. Dans la Constitution de 1976, il a été stipulé le rôle directeur et hégémonique du Parti du Travail dans toute la vie et dans tous les secteurs du pays. Cela étant, tous les citoyens en Albanie étaient contraints de le respecter. Autrement, il existait une série de mesures répressives qui pouvaient être prises contre eux, à savoir l’expulsion du Parti, la critique publique dans le quartier ou dans le village et même l’internement et l’emprisonnement aux termes de la loi sur l’agitation et la propagande. Cela constituait l’axe de ce que l’on appelle la lutte de classes en Albanie. Les critiques publiques, les emprisonnements en raison des opinions diverses, les internements, sont une tache noire dans l’histoire du pouvoir passé en Albanie. Ils ont pesé et continue de peser lourd sur tous ceux qui ont projeté cette ligne politique, ainsi que sur tous ceux qui l’ont appliquée. Naturellement, au dessus de tout cela restait la direction du Parti du Travail avec Enver Hoxha. Le pouvoir, qui existait en Albanie, à l’époque d’Enver Hoxha, dans les relations avec ses citoyens, interdisait l’expression de la pensée et de la conscience, en dehors de la ligne du Parti du Travail. Les réparations tentées par Enver Hoxha, pour compenser une telle chose, soit avec son discours du 6 février 1967, soit avec son discours au Mat en 1972, ou bien encore en amenant au pouvoir des éléments provenant de la base, se sont révélées non seulement non effectives, mais ont endommagé encore plus l’image de ce pouvoir. La bureaucratie créée, au cours des ans, a réussi à faire déprécier le caractère rationnel de ces discours, sous le prétexte de conserver et de renforcer la ligne du parti. C’était cette bureaucratie qui après le discours du Mat en 1972, craignant de perdre ses postes et ses privilèges a utilisé tous les moyens et machinations pour créer l’idée que ce sont les communistes qui sont attaquées, que cela était prématuré, etc. C’est pourquoi, Enver Hoxha, dans son intervention au Bureau politique, en Octobre 1971, s’est opposé aux thèses de son propre discours. Il l’a pratiquement rejeté. Et il s’est gravement trompé. Les conséquences tragiques de cette erreur se sont fait sentir dans cette campagne d’expulsions, de condamnations, d’arrestations et de persécutions, pendant les années 1973 - 1975. De leur part, les cadres provenant de la classe ouvrière se sont révélés incapables et très vite se sont transformés en " aristocrates " du socialisme. Dans son discours théorique du mois de Mars 197, à Gjirokastër, Enver Hoxha entre autres a souligné qu’un parti qui ne prévoit pas l’avenir et permet la création des " ultra-révolutionnaires " dans ses rangs, tôt ou tard, échouera aux yeux de son peuple. Les années 1989 - 1990 ont démontré et certifié l’exactitude tragique de cette prévision, qui pèse avant tout sur son auteur. Le temps a prouvé que le manque de la liberté de conscience a créé des couches entières de persécutés et de mécontents, dans les rangs du Parti du Travail et en dehors de lui, lesquels au moment propice se sont levés contre le Parti du Travail. Dans cet aspect et par rapport à cette grande question, les relations du pouvoir passé en Albanie avec ses citoyens étaient des relations totalitaires, des relations dictatoriales. Elles constituent les cendres du passé, qui devaient être rejetés. Deuxièmement, pendant ces 45 années, le pouvoir qui existait en Albanie a établi aussi des relations avec le pays auquel il appartenait. Depuis leur venue au pouvoir, les communistes albanais, avec à leur tête Enver Hoxha, ont oeuvré et combattu pour que l’Albanie, complètement négligées jusqu’en 19944, eût sa voix et son autorité dans les relations internationales. Cela, ils l’ont réalisé avec succès. Ils ont assuré à l’Albanie la liberté, la souveraineté et la dignité méritées, non seulement en 1944, mais aussi pendant tout le temps qu’ils étaient au pouvoir. Parlons plus concrètement. Au cours de la période 1945 - 1985, la liberté et l’indépendance de l’Albanie ont été menacées par une série de dangers, provenant de dehors. Ces dangers ont apparu en 1946, lors de la Conférence de la Paix à Paris. L’attitude patriotique et courageuse adoptée par la délégation albanaise présidée par Enver Hoxha a fait échouer le plan qui visait d’enlever à " l’Albanie morcelée " sa partie du sud. Ces dangers se sont prolongés avec les provocations du mois d’Août 1949, avec le complot anglo-américano-yougoslave de 1949 - 1953, connu sous le nom d’époque des tentatives de renversement par la force du pouvoir en Albanie. Ces dangers ont continué d’exister avec les soviétiques, et ont atteint leur point culminant avec la base militaire - marine albano - soviétique de Vlore. Du point de vue stratégique et de par son armement, dans la littérature politique occidentale, cette base a été qualifiée de " Gibraltar de Moscou ". Mais comme Arthur Conte le dit bien, grâce à l’attitude d’Enver Hoxha et de ses collaborateurs, ce " Gibraltar de Moscou " a cessé d’exister ". Les dangers ont continué en 1967, lorsque les monarco-fascistes grecs ont approché leur armée à la frontière pour attaquer l’Albanie, ont continué en 1968, lorsque l’Albanie est sortie du Traité de Varsovie et encore plus tard. Le phénomène prévalant pendant ces événements a été: le pouvoir qui existait en Albanie, pendant les 45 années passées, non seulement n’a pas pris peur de ces dangers, non seulement n’en a pas été effrayé, mais a défendu avec dignité et fanatisme la liberté, l’indépendance et la souveraineté de l’Albanie. Tout le long du livre, de telles choses ont été traitées plus en détails. Beaucoup d’étrangers anticommunistes ont plus d’une fois mis en évidence ces faits. Référons nous à certains d’entre eux. François Feyto fait une analyse détaillée de l’Albanie " communiste ". Il ne manque pas de traiter de dictature le pouvoir passé en Albanie dans ses relations avec ses citoyens. Mais en même temps et avec beaucoup de réalisme, il met en évidence le courage et l’intelligence dont a fait preuve ce pouvoir, quand il s’agissait de conserver la liberté et l’indépendance de l’Albanie. " Comment expliquer la dissidence du plus petit pays satellite, de cette Albanie, où le culte de Staline et de l’Union soviétique était pratiqué bien avant et plus que nulle part ailleurs?- demande Feyto. Et de répondre lui-même: " Parmi tous les dirigeants satellites, les Albanais, avaient raison de craindre que sur l’autel de la coexistence pacifique, ils risquaient d’être utilisés comme monnaies d’échange, en vue d’un rapprochement de l’Union soviétique avec la Yougoslavie et la Grèce " (François Feyto, Histoire des démocraties populaires, p. 167). Voilà pourquoi Enver Hoxha et ses camarades ont réagi avec résolution envers Khrouchtchev. " Jamais avant, la direction soviétique n’avait attaqué chez elle avec tant de bruit et de rage " (Idem, p. 168). Et encore plus bas: " Ce qui a amené la dissidence étaient les méthodes avilissantes, hégémoniques utilisées par Khrouchtchev, pour obtenir une capitulation inconditionnelle " (Idem, p.166). Concluons alors que " par rapport à la liberté et l’indépendance de l’Albanie, qu’étaient les dirigeants de l’Albanie du passé? De la littérature historique, l’on sait que les dictatures et les dictateurs des petits Etats tels que l’Albanie, lorsqu’il s’agissait pour eux de conserver les positions de leur pouvoir, ils n’ont pas manqué de mettre aux enchères la liberté, l’indépendance et la souveraineté de leur pays devant les grands étrangers. On compte par dizaines de tels exemples, anciens et modernes. Par contre la " dictature " qui aurait existé en Albanie et le " dictateur " ou bien les " criminels et les traîtres " comme disent les politiciens actuels de la nation albanaise, étaient prêts à se quereller et à combattre avec le monde entier. 45 années d’histoire de l’Albanie démontrent que cette question pour eux était plus sainte que leurs fauteuils. Pour ce qui est de la défense, de la conservation et de l’élévation de la dignité du pays qu’ils dirigeaient et conduisaient, les détenteurs du pouvoir et les politiciens de ces 45 années passées de l’Albanie, avec à leur tête Enver Hoxha étaient et demeurent dans l’histoire de l’Albanie les plus grands patriotes, les plus grands romantiques et les plus grands braves. " L’incomparable Albanie. Elle veut être le pays le plus communiste et est la nation au nationalisme le plus fort " (Arthur Conte, Les dictatures du XX-e siècle, p. 270) Troisièmement, tous ceux qui s’occupent aussi peu soit-il d’histoire et de politique savent bien que toutes les dictatures pour vivre le plus longtemps ont prêté une grande attention aux relations avec l’ armée de leur pays. Pour ce qui est de cette question, il convient de dire que toutes les dictatures ont préféré l’armée de caserne et le traitement spécial de la caste militaire, afin d’avoir en elle la base fondamentale de la conservation de leur pouvoir. Tout Albanais qui a lu aussi peu soit-il d’histoire sait bien qu’en particulier les dictatures des petits pays d’Amérique Latine ont appliqué cela mieux que les autres. Examinons maintenant les relations de l’ancien pouvoir en Albanie avec l’armée. Pendant tout le temps qu’ils ont dirigé, Enver Hoxha et ses camarades ont consacré une grande importance au renforcement de l’armée albanaise. A part sa modernisation et son perfectionnement, ils ont consacré une grande importance au renforcement de l’esprit populaire dans l’armée, à la suppression de la caste militaire privilégié. Des " généraux-pachas " tels que Rahman Perllaku, Alfred Moisiu et d’autres, peuvent parler tant qu’ils veulent contre le passé qui ne leur a pas permis de se transformer en une caste. Ce faisant, ils ne font de rehausser ses valeurs. A l’opposé de l’armée de caserne, Enver Hoxha, tant qu’il a été au pouvoir a élaboré sa théorie sur l’armée du peuple tout entier. C’est notamment l’élaboration de cette théorie, la conservation du caractère populaire de l’armée albanaise, la suppression des diverses castes militaires qui a été le facteur principal que l’armée en Albanie, en aucun moment de cette histoire de 50 années n’a pu être manipulée par des putschs ou des coups d’Etat, comme ils est souvent arrivé dans de nombreuses dictatures, pour ne pas dire qu’elle a constitué et constitue un cas unique. C’est à cela que pense André Fontaine quand il dit: " Il faut dire que Hoxha n’avait plus le moindre soin en face de Khrouchtchev, lequel après avoir tenté l’organisation d’un putsch militaire contre lui, .... le 10 Décembre 1962, a mené à l’interruption des relations diplomatiques " (André Fontaine, Histoire de la Guerre froide, Tome 2, p. 477). La théorie d’Enver Hoxha sur l’armée et son caractère, élaborée et mise en oeuvre en Albanie, était en opposition avec l’un des paramètres de la dictature. L’expérience de l’ancienne Albanie démontre que ses dirigeants, l’armée et les forces armées ne les voulaient pas pour conserver leur domination, mais pour conserver la liberté et l’indépendance de l’Albanie. A ce point aussi donc, Enver Hoxha et ses camarades étaient et continuent d’être de grands patriotes albanais. Pour 45 ans, ils ont inspiré l’armée et le peuple avec le sentiment de patriotisme et d’amour pour leur pays. C’est pourquoi François Feyto aussi dit à juste titre que " pour s’opposer aux yougoslaves, pour faire face aux russes, Hoxha pouvait faire appel aux sentiments nationaux de ses compatriotes (F. Feyto, Histoire des Démocraties populaires, p.166). Quatrièmement, une dictature ou un régime dictatorial, pour conserver sa domination le plus longtemps possible, s’évertue de toutes ses forces et par tous les moyens à maintenir son peuple désarmé et dans la nuit et l’ignorance. L’expérience historique des dictatures, particulièrement des petits pays, démontre très bien une telle chose. Cependant en Albanie, pour 45 ans durant un autre phénomène s’est produit, que les politiciens actuels albanais voudraient à tout prix l’exclure de toute analyse. La " dictature " et les " criminels ", qui " craignaient " tant le peuple, ont armé ce dernier jusqu’aux dents. Au fait, à la venue au pouvoir du Parti démocratique, l’une des choses qu’il s’est pressé de faire a été de désarmer le peuple albanais, qui avait été armé par la " dictature ". Dans cette action démocratique " de ramassage des armes ", qui a eu lieu pendant les mois de mai - juin 1992, ont été remis des milliers de fusils et de mitrailleuses, que le peuple albanais détenait depuis longtemps chez lui, tout le long de années et des décennies. Mais des armes qu’il n’a jamais utilisé contre ceux qui les lui avaient données. Comment expliquer alors que la " dictature ", qui en principe craint son peuple, l’a armé au fait, alors que la " démocratie ", qui ne le craint pas, lui pris les armes et donne la priorité à l’armée de caserne? L’autre problème concerne la culture et l’éducation du peuple. De nouveau, l’on sait de l’expérience de toutes les dictatures qu’elles, pour rester au pouvoir le plus longtemps possible, se sont efforcées de toutes leurs forces à maintenir leur peuple dans l’ignorance totale de l’enseignement et de la culture. Un peuple non éduqué et sans culture, peut être maintenu plus facilement sous domination. Cela est la vérité historique. Cette vérité historique, est attestée par les expériences de toutes les dictatures, anciennes et nouvelles. Cependant, en Albanie un autre phénomène a eu lieu. Depuis l’année 1945, a lancé le slogan " le plus de pain, le plus de culture ". Ce slogan a trouvé l’Albanie avec 90 pour cents d’analphabètes. En une période très courte l’analphabétisme a disparu en Albanie. Le système éducatif et culturel a connu une étendue vaste, laquelle a été finalisée par l’ouverture de la première Université de l’histoire de l’Etat albanais, en 1957. Ainsi, en 1990, année de la fin de la dictature, l’Albanie avec ses trois millions e demie d’habitants, avait 700 mille personnes qui avaient terminé l’enseignement secondaire (12 années d’étude) et 104 mille personnes qui avaient terminé les études supérieures et il n’y avait plus un seul Albanais analphabète. Sans parler ici du réseau d’institutions culturelles et artistiques que l’on comptait par centaines et qui étaient connues dans le monde entier pour leur niveau élevée. Restons encore dans le vif de ce sujet. Après la rupture avec Moscou en 1960, en Albanie, toute la littérature qui y arrivait, qu’elle soit artistique, scientifique ou culturelle arrivait de l’Occident. Donc la " dictature communiste " a mis le peuple qu’elle dirigeait depuis près de 35 ans en contact avec de la littérature anticommuniste occidentale. les politiciens albanais d’aujourd’hui sont obligés d’accepter le haut niveau éducatif et culturel du passé. Les étrangers l’ont reconnu et l’ont accepté bien avant. Posons alors la question: Comment est-ce possible que la dictature, qui en règle générale pour s’assurer une longue existence laisse le peuple dans l’ignorance, en Albanie au contraire elle a sorti le peuple albanais dans la lumière? Les politiciens et analystes albanais craignent de soulever ces questions et d’y répondre. Nous voudrions éclaircir une chose pour eux: Leur peur réside au fait qu’il ne le savent pas. Mais ils sentent que s’ils font une analyse approfondie et scientifique du passé, ils seraient alors à découvert. Leur seule arme dans les conditions actuelles et le rejet total du passé. Toutefois, l’histoire accomplira sa tâche. Un jour même les politiciens et analystes démocrates, socialistes, etc. quitteront la scène. Avec eux, disparaîtra leur propagande assommante d’aujourd’hui. Seule l’histoire et son interprétation scientifique et patriotique restera.

 

 

En guise de conclusion

Face au fatalisme

 

Jugez-moi correctement et éveillez votre esprit, vous pouvez mieux juger

 

Shakespeare

 

Les politiciens, les analystes, les sociologues, les intellectuels, les journalistes de tous genres parlent aujourd’hui du retard économique de l’Albanie, de son isolement, et de la non résolution de la question nationale. Tout cela constitue une réalité. Mais le mal n’est pas là. Toute cette catégorie mentionnée plus haut, lors de la détermination des causes de ces phénomènes, tient le Parti du Travail pour responsable, Envers Hoxha et ses collaborateurs. Pour des politiciens dilettantes, peureux, carriéristes ou cosmopolites, cette chose est normale. Seul le pouvoir les intéresse, seuls leurs postes les intéressent et rien d’autre. Mais malheureusement, dans cette médiocrité, cette naïveté et dans ce dilettantisme sont tombés et continuent de tomber des gens instruits et bien réputés, pour ce qui est de l’explication des phénomènes des sciences sociales et politiques. Avec leurs attaques faites jusqu’à présent contre le passé de 45 ans de l’Albanie et d’Enver Hoxha, rien ne sera résolu. Au contraire, la situation de la nation albanaise en Albanie, en Kosove ou en Macédoine va s’empirer davantage. cet état de choses ne saurait être couvert par le flot de propagande de Berisha "le jour nouveau, la belle Albanie, Dieu a béni l’Albanie, la liberté bénite, Dieu vous bénisse, la forteresse de la démocratie, l’histoire de la démocratie, l’espace démocratique, etc. " . Ni même la constatation de Nano selon laquelle " L’Albanie se transforme en une république de bananes ". Avec la politique qu’ils suivent et les alliances qu’ils ont nouées, même les socialistes n’iront pas très loin. De la " République de bananes, ils transformeront l’Albanie en une république d’olives et d’oranges ". La situation actuelle de la nation albanaise a des racines plus profondes, des causes plus sérieuses. La grandeur de la génération de la Lutte de libération nationale, du Parti du Travail et d’Enver Hoxha réside justement dans le fait qu’ils avaient connu ces causes. C’est pourquoi, ils ont fait l’impossible pour les dévaloriser. Essayons de les mettre en évidence.

 

Les Albanais et la religion

 

Aujourd’hui en Albanie, le pays est rempli d’églises, de mosquées ou de " tékié " (monastère) de derviches. Mais tout cela ne peut pas couvrir un grand fait historique: Les Albanais sont un peuple areligieux. Dans le fond, ils ne croient en aucune religion. Toute une histoire en témoigne. cette mentalité et cette psychologie constitue la raison première de leur froideur et de leur indifférence européenne. L’attitude des Albanais envers le christianisme et l’islamisme constitue peut-être la rébellion la plus ouverte d’une nation envers la religion. Les Albanais sont la seule nation, qui particulièrement au christianisme ont donnée le coup le plus dur. En face de lui, les coups que lui ont porté Giordano Bruno, Nicolas Copernic, Galileo Galilei ou bien Martin Luther, Jean Calvin, etc. sont plus faibles. Référons nous à l’histoire, afin de clarifier mieux le problème.

 

 

Première rébellion

(Les Albanais proclament leur propre Jésus-Christ)

 

L’histoire nous apprend que Jésus-Christ est celui que l’on appelle le Messie, le sauveur des croyants, l’envoyé de Dieu parmi les hommes pour leur guérir les plaies de la vie. Dans la Bible, on explique bien que les Israélites après avoir attrapé Jésus, ont demandé au gouverneur romains Ponce Pilate, de le condamner à mort. Pilate, a répondu positivement à leur demande et Jésus a été crucifié. Mais la Bible dit, qu’avec la bénédiction de Dieu, Jésus-Christ a été ressuscité et s’est envolé dans le ciel. Uniquement le Christ, selon la Bible, a eu ce privilège. Se lever de sa tombe et s’envoler. Pour tous les chrétiens, partout, cela a été et continue d’être le motif de leur croyance, l’essence même de cette croyance: la résurrection de Jésus-Christ. Ce code moral de la Bible a été et continue d’être acceptable pour tous les peuples chrétiens. C’est pourquoi encore de nos jours ces peuples fêtent la Noël. Une seule nation a pourtant osé se rebeller. Non pas contre les problèmes secondaires du christianisme, car cela a été présent chez de nombreux autres peuples. Sa ramification en protestants, orthodoxes, catholiques, etc. le démontrent. Les Albanais sont allés plus loin. Ils ont frappé le christianisme dans son essence même.

 

La "Besse" (la parole donnée): la ballade de Constantin et de Doruntine

 

Il n’y pas un seul Albanais qui n’ait pas entendu parler de la "Besse". Il n’y a pas un seul Albanais qui n’ait pas entendu parler de la ballade de Constantin et de Doruntine, et qui ne connaît pas par coeur des vers de cette ballade. La ballade raconte que des centaines d’années auparavant, à l’époque de Byzance, dans la famille albanaise des Vranaj, a eu lieu une grande noce. La soeur unique de sept frères, Doruntine, a été mariée très loin. Le chant dit qu’elle était mariée " au delà de sept montagnes ". En raison de quoi sa mère était très triste. Mais le frère cadet, Constantin, la tranquillise, en lui disant que trois ans après il lui ramènerait Doruntine pour la voir. Doruntine s’est mariée. Ses frères sont allés en guerre. Mais le combat fut âpre et l’ennemi puissant, et les sept frères furent tués. Les trois ans passèrent, mais Doruntine n’arrivait pas, car Constantin qui avait donné sa parole était tué et se trouvait sous terre. Mais, la ballade dit qu’il s’est levé de sa tombe, pour tenir sa parole. Et le chant dit:

Ce fut du jamais vu

Un mort qui va avec un vivant

Ce chant est arrivé jusqu’à nos jours. Les écrivains et les poètes en ont écrit des livres et des vers, ont fait des drames. Les politiciens, les patriotes et les intellectuels de tous les temps en ont évoqué le mot de " "Besse" ", comme le code moral le plus saint des Albanais. Mais ils ont omis de dire une chose. Les Albanais avec cet événement chanté en vers ont créé une nouvelle religion. Ils ont porté un coup à la moelle épinière du christianisme, à sa colonne vertébrale. Il n’y avait pas que Jésus-Christ de capable à se lever de sa tombe. Au contraire, il y avait aussi un Albanais du nom de Constantin à avoir fait la même chose, à s’être levé de sa tombe pour tenir sa parole (sa " "Besse" "). Le fait que cette ballade est arrivée jusqu’à nos jours témoigne que non seulement la génération des Albanais qui l’a créée, mais aussi les générations postérieures à elles conviennent avec son essence. Le fait que même de nos jours, les politiciens albanais, en fonction de leur visées s’adressent au peuple et demandent sa "Besse" " témoigne qu’eux aussi conviennent avec son essence.

 

Deuxième rébellion

(Les Albanais ont trois confessions religieuses)

 

La domination ottomane créa chez les Albanais une nouvelle situation. Cette domination a durée des centaines d’années. Pendant ce temps, les Albanais chrétiens se sont divisées en trois branches religieuses: en catholiques, en orthodoxes et en musulmans. Cela constitue leur troisième rébellion envers la religion en général. C’est la dernière phase de la Renaissance européenne et de la cristallisation de nations et des nationalités. Mais c’est également une période où les guerres religieuses sont farouches. On connaît bien la guerre que Martin Luther mena en Allemagne en vue de la sécession du Pape de Rome. Cette guerre a atteint son comble avec la nuit fameuse de Saint-Barthélemy, où en raison de querelles religieuses des milliers de personnes ont été massacrées en une seule nuit. Cependant, chez les Albanais, divisées en trois religions, il n’y a jamais eu de querelles religieuses. La rébellion et la négligence religieuse de cette époque réapparaissent encore de nos jours dans certains noms d’Albanais, ou le prénom est de croyance musulmane, tandis que le nom de croyance catholique ou bien orthodoxe et vice versa.

 

 

La troisième rébellion

(La religion de l’Albanais et son albanité)

 

Ils sont peu nombreux ceux qui en Albanie aujourd’hui ne connaissent pas cette déclaration de Pashko Vasa, faite il y a environ 100 ans. Cela constitue la troisième rébellion des Albanais envers la religion. Le vers de Pashko Vasa proclamait ouvertement devant l’Europe que les Albanais ne considéraient comme leur propre religion ni le christianisme avec ses branches principales, le catholicisme et l’orthodoxie, ni l’islamisme avec ses ramifications. Au contraire, selon Vasa, pour les Albanais il n’y avait qu’une seule religion. C’était son albanité. Une fois encore, ce vers est devenu le credo et le leitmotiv du Mouvement national albanais, et a été embrassé aisément par la majorité écrasante des Albanais. Mais si pour l’Europe chrétienne, cet acte constitue une rébellion, pour les Albanais et pour leur appartenance nationale, cela a été un pas décisif. C’était le temps de la consolidation des nations des Balkans et de leur séparation de l’empire ottoman. Les Etats des Balkans, tels que la Serbie, la Grèce, le Monténégro, dans la voie de leur consolidation convoitaient aussi les terres albanaises. En manipulant avec l’indifférence des Albanais envers les croyances religieuses, ils voulaient utiliser la religion pour morceler encore les terres albanaises. C’est la même chose que voulait faire l’empire ottoman pour prolonger sa domination sur les Albanais par le moyen de l’islamisme. En ce temps-là, les Albanais ont accepté plutôt le postulat de Pashko Vasa, en acceptant en raison de leur appartenance nationale, une troisième rébellion envers la religion.

 

La quatrième rébellion (1967)

(Les Albanais suppriment les trois croyances religieuses)

 

L’année 1967, en Albanie, constitue la quatrième rébellion des Albanais envers la religion. Au milieu de l’Europe, les Albanais, catholiques, orthodoxes et musulmans décident de les rejeter et de s’appeler athées. En une période très courte ils ont éliminé toute la base matérielle de la religion. Aujourd’hui en Albanie cela est interprété de diverses façons, mais la dénomination commune est l’attaque contre la dictature communiste en Albanie. Que c’était une bonne ou une mauvaise action, si l’on tient compte du rôle et du prestige dans les relations internationales, c’est un problème que nous examinerons plus bas. Pour le problème qu’on analyse il est important de dire que la facilité avec laquelle ce processus s’est effectué en Albanie certifie une fois de plus l’indifférence des Albanais envers la religions en général, et leur caractère essentiellement areligieux.

Cette attitude historique des Albanais envers la religion, la communauté européenne et internationale la connaît très bien. Elle en a fait usage chaque fois qu’elle en a eu besoin au détriment de la nation albanaise et à ses dépends. Mais elle ne l’a jamais utilisé en faveur de cette nation, lorsque cette indifférence et cette tolérance religieuses des Albanais convenaient bien à la mentalité chrétienne de l’Europe. Pourquoi?

 

 

 

La fierté nationale et les relations internationales

(L’isolement et l’auto-isolement)

 

Cela constitue peut-être la cause fondamentale de la froideur et de l’indifférence européennes envers la nation albanaise. Les Albanais sont un peuple vital et très fier. Les contractions de temps en temps de son territoire ont cultivé chez eux la fierté nationale dans le fond de leur conscience. Une observation et une étude de leur folklore atteste très bien une telle chose. Dans tous les chants, ils ont évoqué et évoquent leur fierté, leur soif d’apprendre et de connaître non seulement ce qui se passe dans leur voisinage, mais aussi plus loin dans le monde. Il suffit de mentionner certains phénomènes pour s’en rendre compte. Bien que 80 ans se soient écoulés depuis la Conférence de Londres, les Albanais continuent d’évoquer avec fierté le geste d’ Isa Boletini, qui s’est présenté à la Conférence avec deux pistolets, et qu’en entrant il avait remis l’un tout en gardant l’autre. A l’ironie d’Edouard Grey, qui lui a dit qu’enfin même les Albanais étaient désarmés, il a répondu par les vers chantés encore de nos jours après 80 ans:

" Non ministre, non ma parole;

Je ne me désarme pas, tant que je serais en vie "

Cette fierté et cette dignité nationale des Albanais a été étudié aussi par la communauté internationale. Envers eux, elle a tenu et tient deux attitudes: Pour autant que la fierté et la dignité nationale des Albanais ont été individuelles ou ont appartenu à un groupe ou ont été simplement folkloriques, elles ont été acceptées comme des choses normales. De cela il a été parlé et écrit par divers étrangers, il est parlé et il est écrit encore de nos jours.

L’on connaît les poésies de Byron pour les Albanais, les livres de Durham, de Nopc etc. sur les traditions et les qualités des Albanais. De même l’on connaît les appréciations pour des Albanais connus qui ont travaillé et vécu en Europe. Les écrits et les appréciations pour Karl Gega, pour Alexandre Moisiu, pour Konica, Noli et récemment pour Kadare, Qosja, Agolli ou d’autres artistes et intellectuels albanais. Pour l’opinion européenne cela est une chose normale. Cela fait partie de ce que l’on appelle le respect des qualités d’une nation. Mais quand il est advenu que cette fierté et cette dignité nationale ont été manifestées par les Albanais en tant que nation, en tant qu’Etat, particulièrement dans les relations internationales, les grandes puissances de l’Europe ont vu cela avec mépris et indifférence, et même parfois avec haine. Dans de tels cas, les grands ont démontré leur force. Ils n’ont pas accepté et n’acceptent pas la fierté des Albanais en tant qu’Etat dans les relations internationales. Au contraire ils l’ont combattue. C’est à cela que pense aussi Kadare, quand dans " Le Concert " il met dans la bouche de Mao Tse-toung, entre autres, ces mots: " Donnez votre fierté ".

Dans les coulisses des relations internationales, le droit est considéré comme un droit, tant qu’il est soutenu par la force, le territoire et le développement économique et militaire. Il en était ainsi dans le passé. Et il en est ainsi même de nos jours, bien que cela soit couvert par le voile du nouvel ordre mondial. La force a été et continue d’être possédée par les grands. L’idéologie ne change pas l’essence du problème. Elle ne manque pourtant pas de lui donner une couche de vernissage. Les petits pays ont pour tâche de n’avoir leur droit et leur fierté que dans la mesure où cela leur est permis par les grands. La véracité de ce fait est attestée par l’expérience des rapports de l’Albanie, pendant les 45 années passées, dans les relations internationales, avec l’Est communiste et l’ Occident capitaliste. Il est un fait incontestable que l’Albanie est le seul pays de l’Europe à s’être libéré lui-même de l’occupation fasciste. Mais les partisans albanais et leur dirigeants ignoraient que la carte de l’Europe était divisée par les trois grands aux Conférences de Téhéran, de Yalta et de Potsdam. Ils ignoraient que de même les grands avaient fixé l’ordre dans les relations internationales. Ils ont réalisé cela après la guerre. A leur fierté légitime s’est opposé la force du plus grand, dans les relations internationales. Les Anglais et les Américains, fâchés que certains dirigeants d’un pays petit et sans poids dans les relations internationales, ne leur obéissent pas, ont réagi durement, non seulement en retirant leurs missions, mais aussi en organisant un complot armé, visant le renversement violent de ce pouvoir. Dans les chapitres susmentionnés sont fournis de nombreux faits en faveur d’une telle thèse. Mais à la fierté des dirigeants albanais d’après-guerre, s’est opposé aussi la logique identique des Etats " frères " communistes de l’Est, au début des Yougoslaves, ensuite des Soviétiques et enfin des Chinois. Des analystes étrangers ont mis en évidence un tel phénomène. " Heurté aux acteurs du monde communiste, qui niaient l’existence spécifique d’une nation albanaise indépendante et par la même l’autonomie de son Parti, Enver Hoxha a trouvé, en 1947, dans le modèle de construction du socialisme dans un seul pays, la réponse à ce défi ... . Le socialisme dans un seul pays est devenu en fait l’affirmation privilégiée que la nation albanaise avait atteint sa phase de maturité ". De sa part, Thomas Schreiber dit: " En faisant des démonstrations répétées de sa fidélité envers Tito, Khrouchtchev et Mao Tse-toung, il se sentait méprisé par ses amitiés imposées par la politique et les niait ou les rejetait à la première occasion ". (Bertolino, l’Albanie garde de Staline, p.230, Schreiber, Enver Hoxha, p.215). L’expérience des relations internationales de l’Albanie, pendant les 45 années passées, démontre que les grands Etats, quand il s’agit d’empêcher ou d’éliminer la fierté et l’indépendance des petits Etats, s’en fichent même des barrières idéologiques. Il est un fait incontestable que l’Albanie dans le passé a porté les coups les plus durs au camp socialiste et au Traité de Varsovie. Elle a rejeté la thèse soviétique sur la division internationale du travail élaborée par les soviétiques. Cette thèse a été relancée par Khrouchtchev vers la fin des années 1950. Dans le cadre de cette thèse , l’Albanie devait " se transformer en une république d’oranges et d’olives ". Elle n’a pas accepté le diktat de Moscou et pratiquement dans la réunion de Moscou elle a quitté le Mouvement communiste. Elle a aussi accompli l’autre acte, elle a chassé de l’Albanie les Russes qui avaient été installés à la base de Vlore, en la transformant en une base simplement albanaise. Pour l’aile sud de l’OTAN cela était une grande aide, car l’Italie dépensait environ 3 milliards de dollars par an pour les troupes qu’elle entretenait, craignant la menace russe. De même en 1968, après l’occupation de la Tchécoslovaquie, l’Albanie a été la première à sortir de ce Traité et la seule à l’avoir qualifié de traité fasciste. Malgré cela, le monde occidental n’a rien fait pour attirer l’Albanie vers lui. Quelques pseudo-analystes, aujourd’hui expliquent cela par les erreurs d’Enver Hoxha et du parti du Travail. mais la vérité est tout autre. Voici ce que dit Schreiber de cette question: " aucun effort sérieux n’a été entrepris pour attirer ce pays dans le camp occidental " (Thomas Schreiber, Enver Hoxha, p.9). Les grands Etats occidentaux ne l’ont pas fait pour une autre raison majeure, que Schreiber, en tant que français hésite de dire. Par ses actions, l’Albanie a pratiquement rejeté les décisions de Yalta, qui avaient été prises par les trois grands du monde, à savoir la Russie, l’Amérique et l’Angleterre. Par ses actions l’Albanie s’est pratiquement dressée contre la division internationale du travail. Mais la division internationale du travail existait et existe même en Occident, indépendamment du coloris idéologiques. C’est là la raison pour laquelle l’Occident s’est presque tu quand les chars russes en 1956 ont massacré le peuple hongrois. Le Gouvernement hongrois au mois de Décembre 1956, dénonçait le Traité de Varsovie, toutefois elle a été punie pour avoir osé se dresser contre les décisions des grands. L’Occident s’est presque tu quand les chars russes et des alliés ont occupé la Tchécoslovaquie, il s’est presque tu quand l’Albanie a dénoncé le Traité de Varsovie et en est sortie. Et cela pour une simple raison. Dans les relations internationales, les petits peuples et les petites nations avaient et ont le droit tant qu’ils ne s’opposent pas aux décisions des grands. Après cela tombent également les déclarations naïves de certains politiciens albanais, qui pour faire croire aux erreurs d’Enver Hoxha, prennent pour exemple Tito et sa politique, le soutien que lui a donné l’Occident après sa rupture avec Staline. Mais ces politiciens oublient une chose. L’exemple de la Yougoslavie et le soutien apporté à Tito certifient précisément notre thèse sur le rôle décisif des décisions des grands. Dans la Conférence de Yalta, lorsqu’il a été question de la Yougoslavie, notamment de quel côté elle devait pencher, il a été convenu que les Russes, les Anglais et les Américains y auraient des positions égales. Dans ses mémoires, Churchill appelle cela " Fifty fifty ". La période ultérieure a certifié une telle chose. Tout comme elle a certifié le contraire, que lorsqu’il était porté atteinte aux décisions des grands, les petits peuples, fussent-ils capitalistes ou communistes, étaient pareillement punis. Les grands seuls pouvaient rompre l’accord ou modifier leurs propres décisions. Yalta ne pouvait être annulée que par Malta. Ce qui avait été décidé par Staline, Roosevelt et Churchill pouvait être annulé et a été annulé par Gorbatchev et Bush. Il est de leur droit pour les divers politiciens, les analystes ou bien les personnalités politiques et sociales distinguées de la nation albanaise d’être en opposition avec le communisme. Mais, en tant que tels, il n’ont pas le droit de se transformer en opposants de l’histoire de leur propre peuple. Pour le politicien cela démontre au moins son dilettantisme politique, tandis que pour la personnalité publique au moins son manque de dignité professionnelle. De tout ce que les politiciens actuels albanais ont dit, ou de tout ce que les personnalités des sciences sociales du passé ont écrit, on remarque que bien des questions très importantes, ils les ont contournées. Pour ce qui est du problème que l’on traite, on va évoquer un seul fait. A la Conférence de Yalta, tous les Etats de l’Europe centrale, de l’est et du sud-est, ont été traités séparément, un à un. C’est de cette façon qu’il a été décidé d’eux. S’ils allaient être sous l’influence de Staline ou de Churchill et Roosevelt. Le cas d’un seul pays n’a pas été examiné par cette Conférence. C’était l’Albanie. Il est difficile que les politiciens et les personnalités publiques albanais actuels ignorent ce fait. Toutefois, aucun politicien albanais ne dit pourquoi cela s’est produit ainsi. Malheureusement, cela n’est dit non plus par aucun historien ou personnalité publique connue. Pour des intérêts reliés au pouvoir et aux alliances politiques, cela n’est dit ni par Berisha, ni par Nano, ni par Ceka, Gjinushi, Baleta etc. Mais il est regrettable de constater que cela n’est dit ni par Qosja, ni par Agolli, ni par Pollo, Milo, Kadare, Bajrami, Abdyli, etc. qui sont libres des intérêts reliés au pouvoir. Pour l’amour de la vérité et de l’histoire nous disons une telle chose, en nous basant sur les documents de cette Conférence et sur des documents postérieures. Dans cette Conférence, la place de l’Albanie ne s’est fixée ni à l’Est, ni à l’Ouest. Et pour une raison simple. Car sa place était située en Yougoslavie et en Grèce. Car la Conférence de Yalta a supprimé l’Albanie de la carte de l’Europe. En voici quelques faits:

- Les prétentions grecques en 1946, visant à enlever à l’Albanie la région du sud, ont été soutenues puissamment par les anglo-américains.

-Les plans de la Yougoslavie, visant à transformer l’Albanie en une 7e République, avaient l’approbation de Staline, qui en ce temps-là ne connaissait pas l’Albanie.

-Le 2 février 1995, en évoquant des événements de la Deuxième Guerre Mondiale, la chaîne de télévision française " France 3 ", a présenté une carte de l’Europe, fondée sur la division Est-Ouest décidée à Yalta, dans laquelle l’Albanie n’était placée ni à l’Est, ni à l’Ouest. En face de ce tragique historique, la génération des dirigeants de l’Albanie, issue de la Lutte de Libération-Nationale, avec à sa tête Enver Hoxha, a évité cette suppression de l’Albanie de la carte de l’Europe. Ce fait, qui en vertu de la dignité nationale et pour l’amour de l’histoire devait être évoqué par les politiciens, par les historiens et par les personnalités albanaises, est malheureusement évoqué par un étranger. L’Albanie, qui dans la Conférence était traitée de monnaie d’échange, " aujourd’hui demande sa réhabilitation - une voix égale à celle des trois grands ", disait André Fontaine, en 1972 (Histoire de la guerre froide, tome 1, p. 260). C’est à l’intérieur de cette ligne de conduite et de ce code moral, établis dans l’Europe de l’après-Guerre, qu’a du agir et a agi la génération des dirigeants de l’Albanie, issue de la Deuxième Guerre Mondiale. Il n’ont pas accepté ce code de vassalité, mais ont oeuvré et manoeuvré pour que leur pays eut une indépendance totale dans les relations internationales. Et ils ont réussi. Naturellement après de grandes difficultés, avec des souffrances et de grands sacrifices, que le peuple albanais a dû supporter dans la plupart des cas. Dans les relations internationales, dans un sens figuré, ils étaient assignés au rôle de monnaie d’échange, plus tard au rôle de reptation ou de marche verticale. Mais ils ont violé ce code. C’est pourquoi ils ont été entouré d’indifférence, de froideur et frappés de punitions des grands. C’est pourquoi, ils ont été renversés par les grands à l’aide des politiciens actuels albanais. La situation actuelle en Albanie, n’est rien d’autre que le reflet de la punition du grand envers la rébellion du petit. Avec eux, toute une histoire de 50 ans a été renversée, une histoire qui, malgré ses erreurs, est l’histoire de l’indépendance de l’Albanie, de l’Etat moderne d’Albanie. Les politiciens albanais actuels, considèrent cette histoire de perdue. Cela n’est pas dû au hasard. Cela est le fruit de leurs conceptions du rôle du pays qu’ils représentent, en Europe et dans le monde. Ils ont accepté la division internationale du travail dans les relations internationales. Ils ont accepté le rôle qui est assigné à l’Albanie par les grands. De ramper, comme dit Arbnori, ou bien de marcher verticalement. Toutefois, il convient de souligner une chose. Ils n’ont pas le droit de nier l’histoire. Ils peuvent ne pas aimer les enseignements et les conclusions de l’histoire, mais cela ne justifie pas son rejet. Elle n’est pas l’histoire des politiciens albanais actuels, mais l’histoire du peuple albanais. Et l’histoire du peuple albanais est vielle de milliers d’années. L’histoire du peuple albanais n’est pas faite des quatre années de Berisha, Selami, Meksi, Nano, Pellumbi, Ceka ou Godo. Ni des 12 mois d’Ismail Qemali ou des 6 mois de Fan Noli. L’histoire de l’Albanie est faite aussi de l’époque des Illyriens, de l’époque de Scanderbeg, des 15 années d’Ahmet Zogu, ainsi que des 50 années d’Enver Hoxha et de ses collaborateurs.

 

 

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