Ils s'en allèrent ensuite dans
la région de Pariz, près
du roi de Phransis.
Ce roi(1)
envoya au-devant d'eux une escorte nombreuse qui les conduisit dans la
ville avec honneur et en grande pompe. Son pays a l'étendue de plus
d'un mois de marche. On leur assigna une demeure, et, après trois
jours, le roi de France envoya un de ses émirs
appeler Rabban Çauma.
Lorsque celui-ci arriva, le roi se
leva devant lui et le traita avec honneur. Il lui dit: «Pourquoi
es-tu venu? Qui t'envoie?»
Rabban Çauma répondit:
«C'est le roi Argoun et le Catholique d'Orient qui m'ont envoyé
au sujet de Jérusalem.»
Il fit connaître au roi tout
ce qu'il savait, lui donna les lettres qu'il avait avec lui(2)
et les cadeaux, c'est-à-dire les présents, qu'il avait apportés.
Le roi de France reprit: «Si
les Mongols, qui ne sont pas chrétiens, luttent avec les Arabes
pour s'emparer de Jérusalem, à plus forte raison convient-il
que nous nous combattions, et, s'il plaît à Notre-Seigneur,
nous irons avec une forte armée.»
Rabban Çauma dit au roi: «Maintenant
que nous avons vu la gloire de votre royauté et que nous avons considéré
de nos yeux corporels la merveille de votre puissance, nous vous prions
d'ordonner aux habitants de la ville de nous faire voir les églises,
les châsses et les reliques des saints, et tout ce qu'il y a chez
vous qui ne se trouve point ailleurs, afin que, quand nous retournerons,
nous puissions raconter et faire connaître dans notre pays ce que
nous aurons vu chez vous.»
Le roi donna ordre à ses émirs:
«Allez, faites-leur voir tout ce qu'il y a de remarquable chez nous;
ensuite je leur montrerai moi-même ce que j'ai près de moi.»
Les émirs sortirent donc avec
eux.
Ils restèrent un mois et quelques
jours dans cette grande ville de Pariz et
virent tout ce qu'elle renfermait.
Il y avait là trente mille
(sic) écoliers(3)
qui étudiaient les sciences ecclésiastiques
et profanes, c'est-à-dire l'interprétation et l'explication
de tous les livres saints; la sagesse, c'est-à-dire la philosophie
et la rhétorique avec la médecine, la géométrie,
l'arithmétique et la science des planètes et des étoiles;
ils sont constamment occupés à écrire, et tous reçoivent
du roi la nourriture.
Ils virent aussi dans une grande église
qui se trouve là les cercueils des rois défunts et leurs
images, en or et en argent, placées sur leurs tombeaux(4).
Il y a pour le service funèbre de ces rois
cinq cents moines qui mangent et boivent aux frais du roi(5).
Ils persévèrent dans le jeûne et la prière sur
les tombeaux de ces rois. Les couronnes de ces princes, leurs armes et
leurs vêtements sont placés sur leurs tombeaux.
En un mot, tout ce qu'il y a de grandiose
et de remarquable [dans Paris], ils le virent.
Après cela, le roi lui-même
les fit appeler. Ils se rendirent donc près de lui, à l'église.
Ils le virent qui se tenait du côté de l'Orient et ils le
saluèrent.
Le roi demanda à Rabban Çauma:
«Avez-vous vu tout ce qu'il y a chez nous? Ne vous reste-t-il plus
rien à voir?»
Rabban Çauma lui rendit grâces.
Et aussitôt il monta avec le roi vers un tabernacle d'or que le roi
ouvrit. Il en tira un reliquaire de cristal dans lequel se trouvait la
Couronne d'épines que les Juifs placèrent sur la tête
de Notre-Seigneur lorsqu'ils le crucifièrent. La Couronne se voit
à l'intérieur du reliquaire, sans que celui-ci soit ouvert,
grâce à la transparence du cristal. Il y avait aussi dedans
une partie du bois de la Croix(6).
Le roi leur dit: «Quand nos
ancêtres ont pris Constantinople et ont pillé Jérusalem,
ils en ont rapporté ces objets de bénédiction(7).»
Nous avons béni (= remercié)
le roi et l'avons prié de nous donner la permission de nous en retourner.
Il nous répondit: «J'enverrai avec vous un des principaux
émirs de mon palais pour aller rendre réponse au roi Argoun(8).»
Le roi donna à Rabban Çauma
des présents et des vêtements princiers.
De là, Rabban Çauma
et ses compagnons revinrent passer l'hiver à Gênes, ville
d'Italie(13).
Quand ils y arrivèrent, ils
virent ce jardin, semblable au paradis, sans hiver rigoureux, sans été
trop chaud. On y trouve de la verdure en toute saison et les arbres n'y
restent pas sans fruits. Une espèce de vigne donne des fruits sept
fois par an, cependant on n'en tire pas de vin.
A la fin de l'hiver arriva d'Allemagne
un personnage important: c'était le périodeute(14)
de Monseigneur le Pape qui se rendait à Rome.
Ayant appris que Rabban Çauma se trouvait là, il alla le
voir et le saluer. Quand il entra chez celui-ci, ils se saluèrent
mutuellement et s'embrassèrent dans la charité du Christ.
Le périodeute dit à
Rabban Çauma: «Je suis venu te voir, car j'ai entendu dire
que tu étais un homme vertueux et sage, et que tu avais l'intention
d'aller à Rome.»
Rabban Çauma lui répondit:
«Que te dirai-je? cher et vénérable. Je suis venu en
ambassade près de Monseigneur le Pape de la part du roi Argoun et
du Catholique de l'Orient, à propos de Jérusalem. Voici une
année entière d'écoulée. Le siège papal
est vacant. Que dirai-je et que répondrai-je aux Mongols, à
mon retour? Ceux qui ont le coeur plus dur que le roc veulent s'emparer
de Jérusalem et ceux à qui elle appartient ne se préoccupent
pas de cette affaire; ils n'y attachent aucune importance! Que dire à
notre retour? Nous n'en savons rien.»
Le visiteur lui dit: «Tes paroles
sont vraies. Pour moi, je pars. J'exposerai exactement aux Cardinaux tout
ce que tu m'as dit, et je les presserai d'élire un pape.»
Ce visiteur partit donc de Gênes
et alla à Rome.
Il exposa ces choses au Roi, c'est-à-dire
à Monseigneur le Pape, qui envoya le même jour un messager
à Rabban Çauma et à ses compagnons pour les faire
venir. Ceux-ci, le jour même de l'arrivée du messager, prirent
avec empressement le chemin de Rome, où ils parvinrent en quinze
jours.
Ils demandèrent qui était
ce pape qu'on avait élu. On leur dit que c'était l'évêque
qui avait parlé avec eux lors de leur première arrivée
et qu'il s'appelait Nicolas(15);
ce qui les réjouit vivement. Quand ils arrivèrent, Monseigneur
le Pape envoya au-devant d'eux un métropolitain avec plusieurs personnes.
Rabban Çauma fut aussitôt introduit près du Pape qui
siègeait sur son trône. Il s'approcha de lui avec révérence,
lui baisa les pieds et les mains et se retira à reculons les mains
croisées sur la poitrine.
Il dit à Monseigneur le Pape:
«O père, que ton trône soit exalté à jamais!
Qu'il soit béni au-dessus de tous les rois et de tous les peuples!
Puisses-tu régner en paix toute ta vie, sur toute l'église
jusqu'aux extrémités de la terre. Maintenant que j'ai vu
ton visage, mes yeux se sont illuminés de joie de n'être pas
retourné dans mon pays le coeur brisé [de douleur]. Je rends
grâces à Dieu de ce qu'il m'a jugé digne de te voir.»
Il lui offrit les présents
et les lettres du roi Argoun(16)
ainsi que les présents de Mar Jabalaha le Catholique, c'est-à-dire
son offrande et ses lettres(17).
Monseigneur le Pape tressaillit de
joie et d'allégresse; il fit à Rabban Çauma plus d'honneur
que de coutume et lui dit: «Il faut que tu passes la fête avec
nous. Tu verras nos usages(18).»
C'était, en effet, le jour
de la mi-carême.
Rabban Çauma répondit:
«Votre ordre est grand et sublime.»
Monseigneur le Pape lui assigna une
demeure et lui donna des serviteurs chargés de lui procurer tout
ce qui lui serait nécessaire.
Après quelques jours Rabban
Çauma dit à Monseigneur le Pape: «Je veux dire la messe,
afin que vous aussi voyez notre coutume.»
Le Pape lui accorda la permission
de célébrer comme il le demandait. Ce jour-là il y
eut une affluence de peuple considérable pour voir comment célébrait
l'envoyé des Mongols. Ils virent et se réjouirent en disant:
«La langue est différente, mais le rite est le même(19)
».
Le jour où il consacra et célébra
les divins mystères était le dimanche
aynau asia. Il entra ensuite chez Monseigneur le
Pape pour le saluer. Celui-ci dit à Rabban Çauma: «Que
Dieu reçoive ton sacrifice et qu'il te bénisse, qu'il te
pardonne tes fautes et tes péchés!»
Rabban Çauma répondit:
«Avec l'absolution de mes fautes et de mes péchés que
j'ai reçue de toi, ô Père, je demande encore à
ta Paternité, ô Saint-Père, à recevoir la communion
de tes mains, afin que mon pardon soit complet.»
Le Pape répondit: «Ainsi
soit-il.»
Le dimanche suivant était la
fête des Palmes.
Des milliers et des milliers de fidèles,
qu'il est impossible de compter, se rassemblèrent de bon matin devant
le trône papal et apportèrent des branches d'olivier que le
Pape bénit et distribua à tous les ordres, depuis les métropolitains
et les évêques, de même qu'aux émirs et aux notables,
et enfin à tout le peuple. Il se leva ensuite de son trône
et on le conduisit en grande pompe à l'église. Il entra au
choeur, changea de vêtements et prit les ornements sacrés
de pourpre, tissus en or et ornés de pierres précieuses et
de perles fines, même les chaussures de ses pieds, c'est-à-dire
ses souliers(20).
Il alla à l'autel, ensuite
à l'ambon, d'où il parla au peuple en l'instruisant et l'exhortant;
puis il célébra les saints mystères. Il donna la communion,
en premier lieu à Rabban Çauma après que celui-ci
eut confessé ses péchés. Il lui accorda l'indulgence
de ses péchés et de ses fautes ainsi qu'à ses pères.
Rabban Çauma se réjouit
beaucoup d'avoir reçu la communion des mains de Monseigneur le Pape;
il la reçut avec des larmes et des sanglots, en rendant grâces
à Dieu et en pensant aux miséricordes que [le Seigneur] avait
répandues sur lui.
Le jour de la Pâque sainte(21),
Monseigneur le Pape alla à l'église de Mar Jean-Baptiste.
Quand le peuple y fut assemblé en grand nombre il monta à
une salle spacieuse et ornée qui se trouve là et devant laquelle
il y a une grande place. Les cardinaux, les métropolitains, les
évêques entrèrent avec lui et commencèrent la
prière. Lorsqu'elle fut terminée, Monseigneur le Pape prêcha
et exhorta le peuple selon la coutume. A cause de la grande foule, on n'entendait
pas un mot si ce n'est: Amen. Et quand ils disaient: Amen,
ils faisaient trembler la terre de leurs clameurs(22).
Le Pape descendit devant l'autel et
consacra l'huile du baume, c'est-à-dire l'huile de l'onction(23).
Il célébra ensuite les saints mystères et distribua
la communion au peuple(24);
puis il sortit de là et se rendit dans un grand édifice
où il distribua à chacun des vénérables Pères
deux tharphê d'or et trente parparê d'argent(25);
et enfin il se retira.
Monseigneur le Pape réunit
aussi ceux de sa maison, leur lava les pieds et les leur essuya avec le
linge qu'il avait attaché autour de ses reins.
Quand il eut achevé l'office
de Pâques(26), au milieu
du jour, il fit un grand banquet; les serviteurs placèrent devant
chaque convive une portion de nourriture. Le nombre des convives était
d'environ deux mille. Quand on enleva le pain des tables, il ne restait
plus que trois heures de jour(27).
Le lendemain, qui était la
Passion du Sauveur, Monseigneur le Pape revêtit une chape noire et
tous les évêques pareillement. Ils sortirent pieds nus et
allèrent à l'église de la Sainte-Croix adorable. Monseigneur
le Pape l'adora, la baisa et la présenta à
chacun des évêques. Quand les assistants la virent, ils se
découvrirent la tête et l'adorèrent en se mettant à
genoux.
Monseigneur le Pape instruisit et
exhorta le peuple, et il fit le signe de la croix aux quatre points cardinaux(28).
La prière achevée, Monseigneur
le Pape apporta une partie de la consécration de Pâques, mit
du vin avec elle et communia seul à cette oblation, car ce n'est
pas la coutume des chrétiens de s'approcher de la communion le jour
de la Passion de Notre-Sauveur. Il retourna ensuite à son palais(29).
Le jour du Samedi de lumière,
Monseigneur le Pape se rendit à l'église. On lut les livres
des prophètes et les prophéties touchant le Messie. Monseigneur
le Pape en personne disposa les fonts baptismaux, plaça autour des
branches de myrthe, consacra l'eau du baptême, baptisa trois enfants
et les signa(30). Puis il alla
au choeur, changea ses vêtements d'affliction, revêtit des
ornements sacrés d'un prix inexprimable et célébra
les saints mystères(31).
Le jour du dimanche de la Résurrection,
Monseigneur le Pape alla à l'église sainte de Madame Marie(32).
Lui, les cardinaux, les métropolitains et l'assemblée se
donnèrent mutuellement la paix. Ils se baisèrent la bouche,
les uns les autres(33). Le Pape
célébra les mystères sacrés, leur donna la
communion, puis il retourna à sa résidence.
Il fit un grand festin avec une joie immense(34).
Le dimanche suivant, Monseigneur le
Pape fit une ordination et imposa les mains à trois évêques.
Rabban Çauma et ses compagnons virent ainsi leurs
usages et prirent part avec eux à ces saintes fêtes(35).
Après ces fêtes, Rabban
Çauma demanda à Monseigneur le Pape la permission de retourner.
Celui-ci lui dit: «Nous voulons
que tu restes chez nous; tu seras avec nous, nous te garderons comme la
prunelle de nos yeux.»
Rabban Çauma répondit:
«Pour moi, ô Père, je suis venu en ambassade auprès
de vous; mais si je retourne et que j'expose aux rois de là-bas
les bienfaits que vous m'avez accordés, tout indigne que je suis,
je crois qu'il en résultera pour les chrétiens une grande
tranquillité. Or, je prie Votre Sainteté de daigner m'accorder
quelque peu des reliques qui se trouvent chez vous.»
Monseigneur le Pape lui dit: «Si
nous avions la coutume de donner de ces reliques à chacun, alors
même qu'elles eussent été grandes comme des montagnes,
elles seraient épuisées; mais, puisque tu es venu des pays
lointains, nous t'en donnerons un peu.»
Il lui donna une petite parcelle du
vêtement de Notre-Seigneur le Christ; une du mouchoir, c'est-à-dire
du voile de Madame Marie, et des petites parties des reliques des saints
qui se trouvaient là.
Il envoya à Mar Jabalaha le
Catholique sa propre tiare(36),
en or pur, ornée de pierres précieuses, des ornements sacrés
couleur de pourpre, tissus d'or, des bas et des souliers enrichis de petites
perles précieuses et aussi l'anneau de son doigt et une lettre patente,
qui contenait l'autorité patriarcale sur tous les Orientaux. Il
donna à Rabban Çauma une patente de visiteur sur tous les
chrétiens et le bénit. Il lui fit remettre pour les dépenses
de la route mille cinq cents mithquals d'or rouge.
Il envoya également au roi
Argoun quelques présents(37).
Il embrassa et baisa Rabban Çauma
et le congédia.
Rabban Çauma rendit graces
à Notre-Seigneur de ce qu'il l'avait jugé digne de tels bienfaits.
1. Philippe IV le Bel, qui régnait
depuis l'an 1285.
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2. Il existe encore actuellement aux
Archives nationales une lettre, en mongol, du roi Argoun à Philippe
le Bel, mais ce n'est pas, comme l'avait compris ABEL RÉMUSAT, celle
qui fut apportée et présentée par Rabban Çauma.
D'ailleurs la date (1289) s'y oppose. C'est une réponse à
l'ambassade que Philippe envoya à Argoun après avoir accueilli
Rabban Çauma. Elle est accompagnée d'une note, en français
de l'époque, rédigée par le messager du roi mongol,
un certain Buscarel. Telle est du moins la forme de son nom dans le document,
dont nous parlons. Je reproduirai in extenso et j'étudierai
ces textes dans mon Essai sur les relations du roi Argoun, etc.;
je montrerai comment ils concordent avec notre récit, et quelles
modifications il est nécessaire d'introduire dans le Mémoire
d'ABEL RÉMUSAT.
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3. Le nombre est sûrement exagéré,
mais moins que l'on ne pourrait supposer. Il suffit de compter les collèges
et maisons destinés à recevoir les éscoliers, pour
constater qu'à cette époque Paris était le rendez-vous
d'une multitude d'étudiants qui y étaient attirés
par la renommée de son Université et aussi par les nombreux
avantages attachés aux privilèges de cet établissement.
(Voir DUBARLE, Hist. de l'Univ. depuis son origine, Paris, 1829.)
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4. L'église de Saint-Denis dont
le choeur et le chevet venaient d'être terminés (1281). Quant
aux expressions de l'auteur: «leurs images en or et en argent»
elles sont pleinement justifiées par les descriptions de l'ancienne
basilique. La châsse de saint Louis était recouverte de plaques
d'argent ciselées; les sarcophages de Louis VIII et de Philippe
Auguste étaient de vermeil et ornés de figures en bas-relief;
le tombeau de Charles le Chauve était de cuivre et portait la statue
du prince revêtu des ornements impériaux, etc. (Voir J. DOUBLET,
Histoire de l'abbaye de Saint-Denys en France, Paris, 1625.)
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5. Le chiffre des religieux est peut-être
un peu exagéré. Nous savons cependant pertinemment que sous
l'administration de l'abbé Mathieu de Vendôme qui gouverna
le royaume de France pendant la seconde croisade, leur nombre s'élevait
à deux cents. «Ils mangeaient et buvaient aux frais du roi»
en ce sens qu'ils vivaient des riches revenus des dotations royales, dont
jouissait l'abbaye, revenus qui, d'ailleurs, auraient amplement suffi,
à l'époque où Rabban Çauma visita la basilique,
à faire vivre plusieurs milliers de moines, et qui se sont encore
accrus par la suite jusqu'à la Révolution (Voir l'ouvrage
cité à la note précédente).
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6. On sait que ce fut pour abriter la
Couronne d'épines et les autres reliques qu'il avait reçues
de Constantinople, que le roi saint Louis fit bâtir la Sainte-Chapelle.
Sur la translation de ces reliques on peut lire les documents contemporains
réunis dans le tome II des Exuviae sacrae de RIANT. - En
confirmation du récit de Rabban Çauma, GOSSELIN (Notice
historique sur la sainte couronne, p. 102), nous dit que, depuis la
fondation de la Sainte-Chapelle jusqu'en 1656, les clefs en étaient
gardées par le roi lui-même ou par un seigneur délégué
qui ne pouvait les prêter sans l'ordre du roi.
Le reliquaire que Rabban Çauma
a pu admirer n'existe plus. - La Couronne est actuellement conservée
à Notre-Dame, dans un anneau de cristal, en six pièces, attachées
par trois agrafes en bronze doré et par des fils de soie rouge,
passant par des trous percés dans les rebords saillants du cristal
et formant une espèce de couture pour retenir les sceaux. Elle se
compose d'un anneau de petits joncs réunis en faisceaux. Le diamètre
intérieur de l'anneau est de 210 millimètres; la section
a 15 millimètres de diamètre. Les joncs sont reliés
par quinze ou seize attaches de joncs semblables. Un fil d'or court au
milieu de ces attaches. Le diamètre des joncs varie de 1 millimètre
à 1 mm. 1/2; ils sont creux et leur surface apparaît, à
la loupe, sillonnée de petites côtes. D'après les conclusions
de ROHAULT DE FLEURY, à qui j'emprunte ces détails (Mém.
cité, p. 206 et suiv.), la couronne était tressée
de jonc (juncus balticus) et d'épines du genre rhamnus,
probablement du zizyphus spina Christi.
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7. Les expressions du roi sont vraies
quant au fond. La plupart des reliques de la Passion avaient été
rapportées de Jérusalem à Constantinople, soit à
l'époque de la première croisade, soit même à
une époque antérieure. Cependant, elles ne laissent pas soupçonner
que les reliques de la Sainte-Chapelle vinrent à Paris tout autrement
que par droit de conquête. - Baudoin II, empereur de Constantinople,
avait emprunté aux Vénitiens une somme de 13,075 hyperpères
(environ 156,900 livres) ; ne pouvant se libérer, il s'adressa au
roi de France qui, en 1238, paya la dette et devint possesseur des reliques,
parmi lesquelles se trouvait la «Couronne d'épines»,
que l'empereur avait consignées comme gage entre les mains de ses
prêteurs. Ayant ensuite obtenu de l'empereur une portion de la vraie
Croix avec d'autres reliques, il fit construire la Sainte-Chapelle pour
les y déposer.
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8. Le roi envoya, en effet, des ambassadeurs
au roi Argoun, comme nous l'apprenons par la note de Buscarel que j'ai
signalée plus haut. «Ces ambassadeurs, dont le nom ne s'est
pas conservé et dont le voyage, dit A. RÉMUSAT, n'est pas
même indiqué par nos historiens, se conduisirent auprès
d'Argoun avec une hauteur dont ce prince adressa à Philippe le Bel
des plaintes remplies de modération. Ils refusèrent de lui
rendre les honneurs que le roi de Perse attendait d'eux, sous prétexte
que ce prince n'étant pas chrétien, ils manqueraient à
ce qu'ils devaient à leur maître, s'ils consentaient à
lui prêter hommage, c'est-à-dire, suivant toute apparence,
à se prosterner devant lui, comme il les en fit requérir
par trois fois. A la fin, Argoun les reçut comme ils l'entendirent
et leur fit beaucoup de caresses» (Mém. cité
p. 120). C'est ce qui résulte du passage suivant de la note
de Buscarel: «Encore, sire, vous fait assavoir ledit Argoun que les
vos grans messages que vous antan li envoyates ne li voudrent faire redevance
ne honneur tels comme il est acoustume de faire de toutes mennieres de
gens, roys, princes et barons qui en sa cour viennent. Car, si comme ils
disoient, ils ne feroient pas votre honneur dagenoiller soy devant li pour
ce quil nestoit mie baptise ne leve crestien, et si les en fist-il par
trois fois requerre par ses grans barons; et quant il vit qu'il nen voloient
autre chose faire, il les fist venir en la maniere qu'ils voudrent et si
leur fist grant joie et mout les honnoura si comme il meisme scevent. Si
vous fet assavoir, sire, ledit Argon que se ledit votre message firent
ce par votre commandement, il en est tous liez, car tout ce qui vous pleist
li plait ausing, priant vous que si vous li envoiez yceuls ou autres messages,
que vous voulliez souffrir et commander leur que il li facent tele reverence
et honneur comme coustume et usage est en sa court sanz passer par feu.»
- J'expliquerai ce que signifient ces dernières paroles en annotant
le document.
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9. Cette rubrique, insérée
dans le texte par M. BEDJAN, ne parait pas justifiée.
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10. C'est-à-dire: «près
du roi d'Angleterre, en Gascogne». Ce roi était Édouard
Ier (1272-1307), qui se trouvait alors effectivement an Gascogne.
Il avait quitté l'Angleterre au commencement de cette année
1287, selon l'auteur de l'Historia anglicana (Chronica monast.
S. Albani, t. Ier, p. 28): «Anno gratiae 1287..... Papa Honorius
Quartus moritur, cui successit Nicholaus Quartus..... Hoc anno Rex Angliae
in Gallis transiens, Ambianis cum honorifica turba pervenit; cui occurrit
ibidem, honoris gratia, Rex Francorum..... Expectavit autem Rex Edwardus
Parius (sic) ad festum Pentecostes, circa quod tempus Fratres
Praedicatores ibidem suum Capitulum Generale tenuerunt; quod uterque Rex,
Francorum et Anglorum, et utraque regina, diebus diversis sua praesentia
honorarunt. Post Pentecosten vero Rex Angliae de Parisio Wasconiam est
profectus.» Bien mieux, la Chronique de Saint-Denis (Recueil
des historiens des Gaules et de la France, t. XX, p. 654), reproduisant
le texte de GUILLAUME DE NANGIS (ibid., p. 571), fixe le
passage d'Édouard à Paris en 1286. En toute hypothèse,
Édouard ne retourna pas en Angleterre avant 1290. Les témoignages
de l'Historia Anglicana sont formels: «Anno gratiae 1288.....
cum adhuc Rex Angliae in Wasconia moraretur, etc.
- Anno gratiae 1290..... Circa tempus istud, Rex Angliae, de Wasconia reversus,
Londoniis solemniter recipitur a clero totaque plebe...» (op.
cit. pp. 28, 30, 31). Nous avons d'ailleurs plusieurs lettres d'Édouard,
du mois de juin 1289, datées de diverses villes de Gascogne (Doc.
inéd. sur l'Hist. de Fr. Lettres de rois, etc., t Ier).
C'est donc bien pour la Gascogne que Rabban Çauma partit de Paris.
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11. Le texte porte littéralement:
«à leur ville». Il s'agit sans doute de Bordeaux.
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12. La chose devait, en effet, paraître
extrêmement singulière dans un pays où, non seulement
des hommes professant les cultes les plus divers occupaient le même
territoire, mais où la religion chrétienne elle-même
était divisée en plusieurs sectes presque toujours en lutte
entre elles, soit pour des raisons dogmatiques, soit, plus souvent encore
à l'époque dont nous parlons, pour des questions d'intérêt
matériel.
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13. D'après les indications vagues
éparses çà et là dans le récit, nous
pouvons établir approximativement la chronologie du voyage de Rabban
Çauma de la manière suivante:
Rabban Çauma était à
Naples le 24 juin et dut quitter cette ville assez promptement. En supposant
qu'il mit trois semaines pour traverser l'Italie et qu il s'arrêta
autant de temps à Rome, il dut passer à Gênes avant
le 15 août. En moins d'un mois il était à Paris, c'est-à-dire
au plus tard le 10 septembre. Il passa un mois entier dans cette ville
et dut par conséquent en partir vers le 10 octobre. Il rejoignit
le roi d'Angleterre, en Gascogne, après vingt jours de marche, c'est-à-dire
dans les premiers jours de novembre. Il a donc pu facilement être
de retour à Gênes dans la première quinzaine de décembre,
ou même dans les premiers jours de ce mois.
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14. Ce personnage, qualifié de
Périodeute ou Visiteur, n'était autre que le
célèbre cardinal-légat Jean de Tusculum, qui avait
été envoyé en Allemagne par le pape Honorius IV, à
la fin de l'année 1286, dans le but de régler les dispositions
du couronnement de l'empereur Rodolphe de Habsbourg, qui était fixé
au 2 février 1287, et de voir quels remèdes on pourrait apporter
à certains abus qui régnaient en ce pays. Il présida,
le 18 mars 1287, un concile à Wurzbourg, à la suite duquel
il eut des difficultés avec les prélats d'Allemagne, à
propos des contributions qu'il demandait pour la nouvelle croisade. Ces
affaires n'étaient pas encore réglées quand le pape
mourut, ce qui contribua peut-être à hâter son départ.
En tous cas, aussitôt qu'il apprit la mort d'Honorius IV, il s'empressa
de quitter le pays et de retourner à Rome. V. MANSI, Coll. Concil.,
tome XXIV, p. 943. - BARON., Annal., ad ann. 1287.
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15. Jérôme d'Ascoli (voir
ci-dessus, chap. VIIb, n. 12), qui fut élu
le 20 février 1288 et couronné le 25 du même mois.
Né à Ascoli, dans la marche d'Ancône, il entra dans
l'ordre des Frères Mineurs, devint docteur en théologie,
fut nommé par saint Bonaventure, alors général de
l'ordre, provincial de Dalmatie, d'où il fut envoyé comme
nonce à Constantinople par le pape saint Grégoire X. Pendant
cette fonction il fut élu général de son ordre, au
chapitre général tenu à Lyon, en 1274. Il donna sa
démission qui ne fut pas acceptée. En 1278, le pape Nicolas
III le fit cardinal-prêtre du titre de Sainte Potentienne, et c'est
en mémoire de ce pape qu'il prit le nom de Nicolas IV. Martin IV
l'avait fait évêque de Palestrina, en 1281. Ce fut le premier
pape de l'ordre des Frères Mineurs.
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16. Nous ne croyons pas que cette lettre
d'Argoun soit celle qui nous a été conservée dans
une mauvaise traduction latine, et qui est datée du mois de mai
1285. Nous étudierons cette dernière dans notre Étude
sur les relations du roi Argoun, etc.
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17. Que contenaient ces lettres de Jabalaha
au pape? Il est impossible de le dire, à moins qu'une découverte
ultérieure ne vienne nous apporter soit le document original, soit
une traduction, comme pour la lettre d'Argoun. On peut conjecturer qu'elles
n'avaient pas un caractère dogmatique. C'étaient simplement
des lettres de convenance, de relations amicales, sans rapport avec la
réunion des Nestoriens à l'Église romaine. Il est
d'ailleurs permis de se demander si Jabalaha soupçonnait que le
Pape tint une autre doctrine que lui.
RAYNALDUS (Ann., ad
ann. 1304) rapporte que Jabalaha fit acte de soumission au Saint-Siège,
par une lettre dont il donne la traduction latine, et que nous étudierons
de plus près. A cette époque les papes et les rois d'Occident
furent souvent mal informés sur les affaires d'Orient, et les chrétiens
de ces contrées cherchaient par toute sorte de moyens a provoquer
de nouvelles croisades. Qui nous assure d'ailleurs que les lettres de Jabalaha
furent bien interprétées?
En tous cas, il est curieux de rapprocher
des faits rapportés dans notre Histoire, le texte suivant de RICOLDO
DI MONTE-CROCE; le patriarche dont parle RICOLDO est évidemment
Jabalaha III, puisque ce missionnaire arriva en Perse après le règne
d'Argoun et revint mourir a Florence en 1309:
«Cum igitur pervenimus ad eos
[Nestorianos] in Baldacum [= Bagdad], ubi est sedes eorum, receperunt nos
gratanter prima facie; sed audito, quod praedicavimus virginem Dei genitricem...
nos de eorum ecclesia turpiter ejecerunt, et ipsam ecclesiam, in qua praedicaveramus
contra Nestorium lavarerunt cum aqua rosacea, et celebraverunt solempnem
missam, ut eum placarent.....»
«Post hec veniens [probablement
de Maragha] patriarcha eorum, qui distabat per decem dietas et amplius,
dum sederet ipse patriarcha in ioserchiarcha, in sua sede deaurata,
et ad pedes ejus episcopi et archiepiscopi et religiosi, nos autem armati
gracia Dei ita confudimus omnes, ut ipse patriarcha coram omnibus mentiretur,
et negavit se esse Nestorinum, nec imitatorem Nestorii. Et versi sunt omnes
in stuporem de taciturnitate eorum et silencio. Post hec archiepiscopi
et episcopi ipsosmet adinvicem arguentes de silentio tantae confusionis,
et ipsum patriarcham verbis asperimis increpantes et improperantes, quod
esset Francus et adversarius Nestorii, jactaverunt se quod possent nos
disputatione publica superare..... Cum autem turpiter et totaliter deficerent.....
maxime majores et magis intelligentes, videntes quod eorum perfidiam non
poterant defendere nec fidem nostram aliqualiter impugnare dixerunt: «Confitemur,
quia hec est veritas fidei quam praedicatis, sed non audemus aliis dicere
publice, ne ab eorum contubernio repellamur». Dilexerunt enim magis
gloriam hominum quam Dei. Patriarcha eciam contra voluntatem episcoporum
ordinavit quod in eorum locis verbum Dei libere praedicaremus, et ita inceperunt
audire et ad fidem redire, et venientes peccata sua confitebantur.»
(Éd. Laurent, pp. 130-131).
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18. Rabban Çauma suivit, en effet,
les cérémonies de la Semaine Sainte avec tant d'attention
qu'il nous en a laissé une description très fidèle,
bien qu'abrégée, dans les lignes suivantes. Pour donner une
idée de l'exactitude et de la précision du récit de
notre voyageur, jusque dans les moindres particularités, je n'ai
rien trouvé de mieux que de mettre ici en note les extraits correspondants
des Rituels romains, à peu près contemporains de Bar
Çauma, publiés dans le tome II du Museum Italicum de
MABILLON (Paris, 1689). C'est à ce volume que renvoient les indications
de pages. Ceux qui désireraient de plus amples détails sur
ces cérémonies liturgiques pourront recourir au savant commentaire
de l'éditeur, placé en tête du même tome.
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19. Il est fort douteux que les Romains
aient trouvé une si grande conformité de rite entre le leur
et le rite nestorien qui a d'ailleurs conservé les plus anciennes
traditions de la liturgie syriaque. Mais ils ont pu, sans difficulté,
reconnaître les principales cérémonies extérieures
de la messe, comme la lecture de l'Épitre et de l'Évangile,
la consécration, l'élévation, la communion.
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20. «Dominica in Palmis...
mane statim ad Lateranum, ubi palmae sunt ab acolythis collectae in
basilica sancti Silvestri... Palmas autem unus de cardinalibus sancti Laurentii
basilicae in palatio benexit quos ostiarii portant in basilicam Leonianam
ad Pontificem. Indutis omnibus ordinibus palatii, Pontifex, expendit palmas.
Postea exit inde cum processione... Quibus finitis, aperto ostio, intrant
ecclesiam cantando Ingrediente Domino. In secretario Pontifex
induitur et intrat ad Missam sine mappula» (p. 136). - Les anciens
Rituels ne parlent pas de la couleur des ornements usités en ce
jour. On peut croire que sur ce point les usages ont varié avec
le temps. PETRUS AMELIUS (de Ceremoniis, cap. LXI), s'exprime
ainsi: «Si Papa hac die Palmarum celebraret, portare debet paramenta
violacea, vel viridis coloris sine perlis, et sandalia sine perlis; mitram
simplicem de garnello et chirothecas sine perlis et palmam. Verum est quod
modernis temporibus consueverint portare mitram sollemnem et preciosam
et chirotechas preciosas, omnia alia simplicia.» On voit par notre
texte que la coutume nouvelle n'était pas si moderne que le supposait
cet auteur. Il dit aussi qu'en ce jour-là «non consuevit esse
sermo, nec Romani Pontifices officiare consueverunt... licet aliquando
modernis temporibus celebrent».
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21. C'est-à-dire le Jeudi
Saint, jour où 1'Église célèbre la mémoire
de la dernière Pâque que Jésus-Christ fit avec ses
Apôtres et pendant laquelle il institua le sacrement de l'Eucharistie.
Les Orientaux appellent notre jour de Pâques, avec plus de raison,
le jour de la Résurrection.
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22. «Feria quinta in
Coena Domini, descendit dominus Papa ad ecclesiam sancti Johannis Lateranensis
cum mitra sine frisio, hora sexta: et, facta oratione ante cruces, pergit
ad secretarium, ad ecclesiam sancti Thomae, cum episcopis, cardinalibus
et aliis ordinibus, ibique cantat Nonam. Deinde vero induit se usque ad
Dalmaticam... Praesentatur ampulla cum oleo... et miscet balsamum cum oleo...
Quo facto induit se dominus Pontifex planetam et mitram aurifixiatam pergitque
ad Missam (p. 178)... Post praedicationem vero domini Papae, diaconi cardinales
levant mensam de altari et nudato altari ponunt eam in secreto loco»
(p. 179). Il s'agit de la relique dont il a été question
ci-dessus, chap. VIIb, n. 36.
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23. On remarquera que Rabban Çauma
ne parle que de la consécration de l'huile mêlee de baume
qui forme le saint Chrême, avec lequel on administre le
sacrement de Confirmation. Cependant les rituels romains sont très
explicites et nous apprennent que l'on consacrait aussi ce jour-là
l'huile des Catéchumènes, qui est employée,
dans les cérémonies du baptême, pour les onctions que
l'on fait au néophyte sur la poitrine et entre les épaules,
avant l'immersion ou l'infusion de l'eau, et qui sert aussi à l'ordination
des prêtres pour l'onction des mains, et au sacre des rois et des
reines. Mais comme ces doux bénédictions ne constituent qu'une
seule cérémonie et que la bénédiction du Chrême
est la plus solennelle, il n'y a rien de surprenant qu'il n'ait parlé
que d'une seule Huile. Aujourd'hui, le jour du Jeudi saint, l'évêque
bénit encore, avant le Chrême, l'huile des malades,
qui est la matière du sacrement de l'Extrême-Onction;
mais, dans l'antiquité, la bénédiction de cette huile
n'était pas plus affectée au Jeudi saint qu'à tout
autre jour.
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24. Les expressions de l'auteur ne sont
pas tout a fait exactes. Ce n'est pas avant la messe, comme il l'insinue,
mais bien pendant, que le Pontife consacrait les huiles saintes.
Dans l'Ordo Romanus (p. 179), on explique très longuement
que le Pape communiait d'abord seul, qu'on lui apportait ensuite l'ampoule
contenant l'huile mêlée de baume et qu'il la consacrait avec
de longues cérémonies (qui ne diffèrent pas de celles
encore usitées aujourd'hui), et qu'ensuite il consacrait l'huile
simple (ou huile des catéchumènes), après quoi il
donnait la communion au peuple.
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25. «Dum ista geruntur summus
Pontifex ita presbyterium largitur. Uniquique episcoporum Romanae ecclesiae
duos marabotinos (= monnaie d'or espagnole selon DU CANGE, s. h. v.) et
duos solidos denarios Papienses. Si forte archiepiscopus interesset tantumdem.
Unicuique episcoporum forensium. et presbyterorum cardinalium unum marabotinum
et duodecim denarios Papienses...» (p. 181). - Les deux mots employés
ici par notre auteur ne se trouvent point dans les lexiques syriaques avec
le sens de monnaie, cependant on peut rapprocher du premier, qui signifie
feuille, le mot arabe warâq, feuille, aussi
usité dans le sens de monnaie. Ce même mot signifie or,
en éthiopien. Quand au mot parpara, j'ignore son étymologie
et sa signification.
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26. «Missa tandem finita, Pontifex
indutus cum ceteris ad palatium in basilica Sancti Laurentii revertitur,
ibique exspoliat se usque ad dalmaticam: et apposita chlamyde rubea ipsi
ad collum, sedet. Cubicularii ergo parant aquam calidam pro abluendis pedibus
subdiaconorum et ponunt pelvim coram eo et diaconus cardinalis qui servit
ei ponit toaleam, quam camerarius dat pro ipso servitio, super genua domini
Papae. Duodecim autem subdiaconi cum priore remanent extra basilicam discalceati:
et schola ostiariorum et mappulariorum accipiunt priorem basilicae et alios
undecim subdiaconos in ulnis suis; sicque per ordinem portant eos unum
post alium ante dominum Papam, Pontifex autem lavat pedes eorum et tergit
cum linteo: et postmodum osculatur: et dat unicuique duos solidos denarios
Papienses» (p. 180).
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27. «Quibus finitis vadunt ad
coenam in basilicam Sancti Theodori, quae est Panetaria, ubi fit continua
lectio a subdiacono. Perfecta coena, redit [Pontifex] in cameram ubi se
expoliat» (p. 137)..... «Sic Dominus Papa, cum aliis
omnibus supradictis, vadit indutus ad basilicam Zachariae, quae Panetaria
diebus his nuncupatur; ibique indutus cum dalmatica et pluviali sedent
ordinati cum mitris, lavantes manus supra mensam, sicut moris est. Sed
dominus Papa solus est in mensa. Archiepiscopus vero, si adfuerit, debet
ex uno latere primus sedere, deinde episcopi et presbyteri cardinales:
ex alio latere diaconi cardinales cum primicerio» (p. 180-181).
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28. «Feria sexta Parasceve:
Hora sexta conveniant omnes ad Lateranensem ecclesiam, vel ad aliam,
et dicant septem psalmos. Tunc dominus Papa induat se ornatu suo quadragesimali
tantum, episcopi pluvialibus, presbyteri, diaconi, subdiaconi planetis.....
omnes discalceati, sine cantu psallendo ad Ecclesiam Sanctae Crucis, quae
est Jerusalem, ubi statio fieri debet, ordinate procedant..... finitis
[precibus] adorat crucem. Deinde representat eam populo cantans antiphonam
Ecce lignum crucis.» (p. 102-103).
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29. «Adorata cruce, diaconus expandat
corporale super altare super quo posito corpore Domini, et calice cum vino
et aqua, dicat Pontifex plena voce ut mos est, sine per omnia saecula
saecu1orum: Oremus. Praeceptis salutaribus moniti, etc... Communicat
autem solus Pontifex sine ministris non ad sedem solemniter sed ibi tantum
eo die ante altare ob humilitatem reverentiae Dei et passionem Christi
(p. 103)... expletoque officio, exuit se cum aliis, et deinde revertitur
ad palatium et intrans basilicam sancti Laurentii, crucem quam acceperat
ab altari reponit et hinc ad cameram suam accedit.»
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30. C'est-à-dire, les confirma.
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31. «In sabato sancto:
Hora sexta conveniunt omnes ad ecclesiam, excusso novo igne de crystallo
sive de lapide... Interim Pontifex cum cardinalibus procedit ad altare
et facta reverentia ascendit ad ornatam sedem. Subdiaconus vero finita
benedictione cerei incipit legere... Et sic per ordinem, XII latine et
XII graece, sicut domino Papae placet, vicissim leguntur... Finitis lectionibus
et orationibus, et canticis decantatis, Pontifex cum omni schola clericorum
descendit ad benedicendos fontes, praecedentibus subdiaconibus cum cruce
et facula...» (p. 105).
«Benedictione completa, secedit
paululum ibi in secretario juxta fontes, et, abstracta planeta et pallio,
acolythi praeparant eum, sicut consuetudo est.
« Praeparatus vero regreditur
ad fontes et praesentatis sibi in fontibus, Johanne scilicet sive Petro
et Maria, interroget offerentem. Tunc baptizat eum sub trina immersione
sanctam Trinitatem semel tantum invocando... His vero tribus baptizatis,
immantatus mante supra dalmaticam Pontifex vadit ad chrysmarium, juniore
diaconorum cardinalium et sacerdotibus canonicis baptizantibus reliquos
parvulos... Per ordinem dispositis ante Pontificem ipse Pontifex, imposita
manu super capita singulorum, dicat orationem... tunc, intincto pollice
in chrismate et interrogato uniuscujusque Domino, faciat crucem in frontibus
singulorum» (p. 107).
«Interim vero diaconi cardinales
reportant mensam altaris, et aptant eam super ipso altari sicut prius fuerat,
Pontifex autem cum processione et litania vadit ad altare et celebrat missam»
(ibid).
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32. «In die Paschae mane...
Pontifex induit planetam albam, pallium, et mitram sollemnem, descendensque
de palatio usque ad exitum porticelli, ubi albus palafredus cum nacco scarlatae
superposito et argenteo freno sollemniter praeparatus est a magistro senescale
et ab adextratoribus, imponitur ei regnum ab archidiacono, et ita coronatus
palefredum ascendit et equitando incedit, praecedentibus in ordine suo
bandulariis, archiepiscopis, episcopis, cardinalibus, presbyteris, abbatibus,
subdiaconis, diaconis cardinalibus, et subsequentibus praefecto, aliisque
nobilibus Romanorum, usque ad sanctam Mariam Majorem» (p. 185).
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33. «Finita vero Tertia, prior
episcoporum qui ei [Pontifici] debet servire in Missa, ducitur ante Pontificem
a duobus episcopis, et tertio postulata benedictione, accedit ad pacem
Pontificis, et surgens ponit se in ordine ad dextrum latus ejus. Deinde
secundus episcopus accedit ad pacem Pontificis et perrigens osculum priori
suo, stat in filo ab alio latere Pontificis. Ceteri vero episcopi similiter
faciunt; accedendo ad pacem Pontificis, et ponendo se in filo. Prior quoque
presbyterorum cardinalium ductus ante Pontificem a duobus presbyteris,
et tertio postulata benedictione, accedit ad pacem Pontificis et episcoporum
et dirigit se in filo. Subsequuntur ceteri presbyteri cardinales; praefectus
quoque, judices, praefecti navalium, advocati, scrinarii, senatores, majorentes,
qui vocantur schola Stimulati, ac ceteri laïci majores et minores
in ordine suo, ad pacem suscipendam. His vero completis, surgit Pontifex
et resumpta planeta, pallio et mitra, processionaliter vadit ad altare
et incipit Missam de more» (p 186).
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34. «Finita vero missa coronatur,
reditque cum processione ad palatium, et, acceptis laudibus a cardinale
sancti Laurentii, ducitur a primicerio et secundicerio judicibus, cum mitra,
in basilica magna Leoniana, quae dicitur casa-major, ubi sunt praeparata
undecim scamna circa mensam Pontificis, presbyteris, diaconis, primicerio,
et lectus ipsius Pontificis ibidem sollemniter praeparatus, in figura XI
Apostolorum recumbentium circa mensam Christi. Transiens Pontifex per ipsam
basilicam intrat cameram; ubi recepto presbyterio a camerario in scypho
argenteo, et dato, sicut in Nativitate Domini, surgit et ducitur a magistro
senescalco et pincerna ad locum qui dicitur Cubitorium: ibique a juniori
presbytero cardinali agnus assus benedicitur; et exinde redit ad praeparatum
lectum mensae. Et accipiens idem Pontifex parum de ipso agno perrigit priori
basilicario... Reliquum vero agni distribuit discumbentibus et aliis circumstantibus.
In medio vero convivii, surgit unus de diaconis cardinalibus, de mandato
archidiaconi, et legit ad mensam. Finito autem convivio, cantores prosam
cantant. Postea vero descendit Pontifex in ecclesiam Lateranensem ad Vesperas»
(p 187).
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35. Pâques se trouvait cette année-là
(1288) le 28 mars.
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36. Ceci paraîtra moins extraordinaire
si on se rappelle que la tiare papale ne différait pas beaucoup
alors, par sa forme, de celle en usage chez les évêques orientaux,
car à cette époque elle ne se composait que d'une seule couronne
et non pas de trois comme aujourd'hui. La seconde fut ajoutée par
le pape Boniface VIII (+ 1303) et la troisième par Benoît
XII (+1342).
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37. Nous donnerons, dans notre Étude
sur les relations du roi Argoun, le texte des lettres remises par le
pape à Rabban Çauma pour le roi et le patriarche, et nous
y étudierons de plus près ces interessants documents.
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38. Ces mots, comme il est facile de
s'en apercevoir, font partie du texte original.
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