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CHAPITRE I
HISTOIRE DE RABBAN ÇAUMA

    Il y eut un homme fidèle, noble et craignant Dieu, riche des biens du monde et de ceux de la nature, connu dans sa famille et sa tribu, qui s'appellait Schiban et était Visiteur(1). Il habitait la ville Khan-balik(2), c'est à dire la ville royale du pays de l'orient. Il s'unit légitimement à une femme nommée Qiamta. Le temps s'étant écoulé sans qu'ils eussent héritiers, ils persévérèrent dans la prière et la supplication près de Dieu, afin q'il ne les privât pas d'un continuateur de leur race.
    Or, celui qui console par sa grâce et sa miséricorde agréa leur prière et eut pitié d'eux. Il a coutume, en effet, d'accepter la supplication de ceux qui ont le coeur contrit et d'entendre le gémissements de celui qui supplie et demande. «Celui qui demande recevra; celui qui cherche trouvera; on ouvrira à celui qui frappe(3)» , a-t-il dit, en donnant l'assurance d'un véritable succès: et cela s'accomplit, en effet, envers les deux sexes, envers l'homme et envers la femme, lorsque les demandes sont présentées avec une intention droite. Anne, femme d'Elcana, ne fut pas déçue, ayant demandé avec droiture d'intention(4); et la femme de Manoah ne fut pas repoussée, mais elle reçut aussitôt l'ange dans sa chambre(5).
   Dieu envoya le souffle de la conception sur la femme, et elle enfanta un fils qu'ils nommèrent Çauma(6). Ils se réjouirent grandement, et la naissance de cet enfant fit la joie de ceux de sa famille et de sa parenté(7).
    Lorsqu'il fut parvenu, par une éducation soignée, à l'âge de faire des études, ils le confièrent à un maître digne et le firent appliquer avec soin aux sciences ecclésiastiques; ils le marièrent(8) et se réjouirent à cause de lui. Il fut jugé digne de recevoir l'ordre sacerdotal, fut inscrit dans la milice ecclésiastique et devint le gardien (procureur) de l'église de la ville susdite. Il se conduisit en toute honnêteté et humilité, s'appliqua à acquérir les vertus et engagea le combat pour les oeuvres de la vie future. Lorsqu'il eut atteint sa vingtième année, le feu divin s'alluma dans son coeur et y brûla les racines du péché: il purifia son âme candide de toute souillure et de toute bassesse; il chérissait, en effet, au dessus de tout, l'amour de son Maître, et il ne voulait pas regarder en arrière après avoir mis la main à la charrue(9). Il rejeta entièrement l'ombre du siècle et renonça complètement à ses désirs; les mets succulents furent pour lui comme s'ils n'existaient pas, et il s'interdit absolument l'usage de toute boisson enivrante.
    Quand ses parents s'aperçurent de cela, ils furent saisis d'une vive douleur et attaints d'une profonde affliction en voyant leur unique enfant se séparer d'eux. Ils se levèrent le coeur brisé et le supplièrent en lui présentant des promesse mondaines: «Pourqoi, ô notre fils aimé, notre séparation t'est-elle si chère? Pourquoi notre deuil t'est-il si doux? Pense à qui restera notre bien! Considère qui sera notre héritier! Songe qui deviendra maître de notre fortune! Comment peux-tu trouver agréable que notre race et notre nom disparaissent? Puorquoi veux-tu faire en sorte que des étrangers deviennent nos héritiers?»
    Comme ils cherchaient à le convaincre par de semblables lamentations et à lui inspirer du regret par des conversation du même genre, il leur obéit extérieurement et demeura avec eux corporellement, mais malgré lui; et pendant les trois ans qu'il servit ses parents corporels, il n'abandonna point sa règle de conduite ni ne cessa de lutter dans sa carrière laborieuse.
    Quand ses parents virent que leurs conseils étaient inutiles, et que leur parole ne comptait pour rien en comparaison avec l'amour du Christ, ils le laissèrent accomplir son désir. Il distribua donc aux pauvres tout son bien, c'est-à-dire ses vêtements et son mobilier, prit l'habit monastique et reçut la tonsure des mains du père saint et illustre Mar Guiwarguis (Georges), le Métropolitain(10). Il se mit alors à travailler dans la vigne de son maître, avec l'espoir du royaume futur et la confiance de participer à l'héritage céleste et de recevoir comme récompense le denier final(11). Il se choisit une cellule, dans laquelle il s'enferma pendant sept ans; après quoi il songea à s'éloigner des hommes et à se livrer à l'ascétisme sur une montagne, dans un endroit retiré, pour s'y reposer dans l'isolement. Il sortit donc et s'en alla à une journèe de marche de la ville pour se choisir là une demeure. Il trouva, dans cette montagne, un endroit où il y avait une grotte et, à côté de celle-ci, une source. Il y vécut paisiblement et reçut la grâce de son Maître, qui l'a rendu digne de choses telles que sa réputation se répandit dans le pays. Les hommes commencèrent alors à se réunir autour de lui pour entendre sa parole, et il était honoré de tout le monde.


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1. Ou périodeute. - Les fonctions des périodeutes ne sauraient étre déterminées avec précision. Elles ont aussi varié selon les temps et les regions. Il semble que, chez les Nestoriens de l'Orient, elles aient été considérées comme une charge très honorable, puisque nous verrons plus loin un évêque, pourvu d'un siège important, les ambitionner (ci-dessous, chap. VI). Je crois que c'est à tort qu' on a voulu assimiler les Visiteurs orientaux aux Chorévêques de l'Occident.
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2. Pékin selon l'identification généralement acceptée, et qui ne paraît pas contestable. Quoi qu'il en soit, il est certain que Khan-Balik désigne la capitale de l'empire de Khoubilaï-Khan. Le nom de la cité est la transcription exacte du mot turc oriental Khân-bâligh qui signifie «la ville du Khan». «Cette ville, dit l'historien persan RASCHID ED-DIN, avait été la résidence des rois précédents; elle fut bâtie anciennement d'après les indications des plus savants astrologues et sous les constellations les plus heureuses, qui lui ont toujours été propices. Comme elle avait été détruite par Tchinghiz-Khan, Koubilaï-Khàn voulait la rétablir afin de rendre son nom célèbre. Il bâtit donc tout près une autre ville nommée Daïdou» . (Cf. Nouv. Journ. asiat., t. XI, p. 328). Khân-bâligh était la résidence d'hiver de Khoubilaï et Châng-toû sa résidence d'été.
    Le célèbre voyageur Marco Polo (ch. LXXXIII) nous a laissé une très curieuse description de Khan-balik, à l'époque où vécut notre personnage. Voici ses propres paroles: «Sachiez que le grant Kaan demeure en la maitre cité de Catay laquelle a nom Cambaluc, trois mois de l'an, c'est assavoir, decembre et janvier et fevrier. En ceste ville a son grant palais, et vous deviserai sa façon:
   «Il y a tout devant un grant mur quarré qui a de chascune esquarreure une mille; c'est-à-dire que il dure tout environ quatre mille. Et c'est raison car il est moult grans; et si a de hautesce bien dix pas, et est touz blanc et crenellez tout entour. Et en chascun coing de ce mur a un grant palais moult bel et moult riche, où se tient dedens li hernois du seigneur. Ce sont ars et tatars et selles et frains, cordes d'ars et touches choses besoignables à ost. Et encore entre l'un palais et l'autre si a un autre palais semblables à un des quatre coings; si que il y a tout entour le pourpris huit palais moult grans, et touz sont plains de hernois au grant Sire. Mais entendez qu'en chascun palais n'y a que d'une chose seulement; car, se l'un est tout plein d'ars, l'autre palais est touz plains de selles, et l'autre touz plains de frains. Et ainsi vait par chascun tout entour, que chascun n'a que d'une manière de hernois. Et ce mur a à la face de midi cinq portes; au milieu a une grant porte qui ne s'euvre nulle fois se non quand le grant liernois ist pour ost. Et entre chascune part de ceste grant porte si en y a deux; si qu'il y en  a cinq et la grant est ou milieu. Et par ces portes mendres entrent tout l'autre gent; et est la grant porte au milieu de ces quatre. Mais ces quatre portes ou entre la gent, ne sont mie l'une jouste l'autre; ains sont les deux aus deux coins de ceste mêisme face; et les autres deux sont du costé le grant, si que le grant demeure ou milieu.
    «Enmi ceste face devers midi de ce mur, lonc une mille dedens ce mur, si a un autre mur qui est auques plus longs que larges. Le pourpris a aussi huit palais entour, tout en la manière des autres huit dehors, en quoi se tient aussi le hernois du seigneur si comme as autres. Et si y a aussi cinq portes en la face de midi en la manière des autres qui sont en dehors. Et puis en chascun des autres coins si a une porte. Et ou milieu de ces deux murs est le grant palais du seigneur, qui est fait en ceste maniere que je vous dirai.
    «Sachez que il est le greigneur qui onques fust. Il n'est pas esolier haut, mais est à pié plain, si que le pavement est plus hault que l'autre terre entour, bien dix paumes (= 2 m. 50). La couverture est moult haute; les murs du palais et les chambres sont toutes couvertes d'or et d'argent Encore y a pourtrais: dragons, bestes, oiseaux, chevaliers et ymages et de pluseurs autres generations de choses. Et la couverture est ainsi faite si que n'y a autre chose que or et argent et painture. La sale est si grans et si large que bien y mengeroient six mille personnes. Il y a tantes chambres que c'est merveille à voir. Il est si grans et si beaux et si riche que il n'y a homme ou monde qui le seut mieux ordener. Les trez de la couverture sont si tous de couleur vermeille et jaune, et vert, et bleu et d'autres couleurs. Et sont envernissiés si bien et si soutilement qu'il sont resplendissants comme cristaus; si que moult loing environ le palais est resplendissans. Et sachiez que ceste couverture est si fort et si fermement faite que elle est pour durer à touz temps.
    «Entre l'un mur et l'autre des pourpris, si comme je vous ai dit, a moult belles prairies et beaux arbres de diverses manieres de fruiz. Et si y a bestes de maintes manieres, si comme cerfs et daims et chièvres et biches et vairs de pluseurs manieres; et des bestes qui font le muglias en grant habondance; et de toutes autres manières de bestes moult belles et moult diverses. Et en y a tant que tout est plain; et n'y a de voie se non tant que vont et viennent la gent.
    «Et de l'un coing à l'autre a un lac moult bel ouquel a pluseurs manieres de poissons et assez, car le seigneur les y a fait mettre. Et toutes fois que il en veult, si en a à sa volenté et à son plaisir. Et si vous di que un flan y ist et entre, mais est si ordenné que uns poissons n'en puet issir pour le fil de fer ou d'arain qui ne l'en laissent issir. Encore y a devers tremontaine loing du palais entour une archie un tertre qui est fais à force, qui bien est haus cent pas, et dure environ bien une mille, lequel mont est tout plain et tout couvert d'arbres, qui par nul temps n'y perdent fueilles; mais toutes fois sont vers. Et si vous dit que là ou soit un biaus arbres, et le Seigneur le set, si l'envoie querre avec toutes les racines et avec toute la terre qui li est entour et le fait porter et mettre ou sien mont. Et le portent ses olifans, et soit l'arbre tant grant comme il veut. Et en cette maniere a les plus beaux arbres du monde.....»
    L'auteur continue en décrivant les autres palais de la ville. On peut lire dans les notes de PAUTHIER (tom. I, pages 265 et suiv.), d'autres descriptions analogues de cette ville, tirées des auteurs orientaux, ainsi que de savantes explications sur l'origine, l'agrandissement et les vicissitudes de cette cité. Voir aussi la Chine Moderne de PAUTHIER, p. 8-12, et le plan qui s'y trouve joint.
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3. MATTH. VII, 8.
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4. I SAM. I, 10 et suiv.
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5. JUD. XIII, 2 et suiv.
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6. Çauma (qui, en syriaque, signifie jeûne) est une abréviation de Bar Çauma c'est-à-dire né pendant le carême d'après l'interprétation de M. DUVAL. Ne serait-ce pas plutôt fils obtenu par le jeûne? La forme pleine Rabban Bar Çauma est donnée par la Chron. syr. de Bar Hébréus, éd. Bedjan, 595, 4; dans une lettre du pape Nicolas IV, ce personnage est appelé Bersauma, et dans celle adressée par Argoun au roi de France, il est nommé Mar Bar Çauma Sakhora, mot qui n'est que la transcription du syriaque sa 'ora (= visiteur). Je reviendrai sur ce point.
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7. Nous savons par BAR HÉBRÉUS (Chron. eccles., t. III, col. 441) que Bar Çauma et Jabalaha étaient de race ouïgoure. Les Ouïgours, connus des Chinois sous le nom de Hoeï hu, étaient indubitablement des Turcs. «Les Ouïgours, dit D'OSSHON (Hist. des Mongols, t. Ier, p. 107), dont le territoire bordait an sud-ouest celui des Naïmans, habitaient anciennement les pays arrosés par l'Orcoun, la Toula et la Salinga, rivières qui prennent leurs sources dans les monts Caracouroum. Soumis d'abord à l'empire turc, ils se placèrent sous la protection de la Chine du temps de l'empereur Taïtsong, qui régna de 626 à 649; on établit alors des gouverneurs chinois dans les différentes tribus de cette nation Un de ces princes, profitant des troubles de l'empire turc, acheva sa ruine en 745 et s'empara de ses domaines. Ce guerrier reçut de l'empereur de Chine, son suzerain, le nom de Boucou-Khan. Il est le fondateur de l'empire Ouïgour, qui s'étendait à l'est jusqu'aux montagnes où finit le grand désert, et à l'ouest jusqu'aux monts Altaï; mais cette monarchie ne dura guère au-delà d'un siècle: elle fut détruite par les Kirguises et les Chinois, en 847. Les Ouïgours ne conservèrent de leurs vastes domaines qu'une petite principauté située au sud-ouest des monts Caracouroum, dans la contrée où s'élèvent les monts appelés Célestes. Ce fut là que se retira leur chef, dont les successeurs, qui prenaient le titre d'Idi-court, c'est-à-dire, en turc, seigneur du pays, faisaient leur résidence dans la ville de Bisch-balik (= Les cinq villes, localité identifiée par KLAPROTH [Mém. relatifs à l'Asie, t. II, p. 355] avec Ouroumdje, à 44° de lat. et 87° de long. E. de Paris) et se reconnaissaient vassaux de l'empereur de la Chine.....»
    Vers l'an 1215 cette principauté était devenue tributaire du nouvel empire du Cara-Khitaï. Il y avait dans le pays un gouverneur chinois que l'Idi-court fit mettre à mort après la conquête de Gengis Khan, à qui il offrit de grands présents, ce qui lui valut les bonnes graces du conquérant et la main de sa fille Altoum Bigoui (cf. HOWORTH, t. I, p. 21 et D'OSSHON, t. I, p. 429).
    La religion primitive des Ouïgours était le Schamanisme. Ils embrassèrent dans la suite le Bouddhisme auquel ils durent leur civilisation. Le christianisme, propagé par les Nestoriens, était très répandu parmi eux, et ce fut de ceux-ci qu'ils tirèrent sans doute leur alphabet qui est fondé sur le syriaque. Ils enseignèrent les lettres aux Mongols; de nomades ils devinrent cultivateurs et furent, dans les premiers temps, la race la plus cultivée de l'Asie orientale.
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8. Le mot peut aussi signifier «ils le fiancèrent».
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9. Allusion au texte évangélique LUC, IX. 62.
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10. Le Métropolitain de la Chine (de Pékin, Khan-Balik), est mentionné dans la liste d'Amrou (milieu du XIVe siècle); voir ASSÉMANI, Bibl. or., II, 458. Depuis quelle époque le christianisme avait-il ses adhérents en Chine et en particulier dans les contrées reculées du Kathay?. Il est difficile de le dire avec précision. C'est une tradition unanimement reçue dès les premiers temps, dans toutes les églises syriennes, dit Mgr. LAMY (op. cit.), que l'apôtre saint Thomas a évangélisé la Perse, la Bactriane, la Carmanie, et qu'il est mort à Calamine ou Méliapour, aux Indes, martyrisé par les brahmanes. Saint Aghée, un de ses disciples, prêcha l'Evangile aux Parthes, aux Perses, aux Tartares et alla jusqu'à la frontière de l'Inde. Dans la vie de saint Jonas que M. BEDJAN va éditer [éditée en 1890, Acta sanct. et martyr., tome II, p. 140], il est rapporté que ce saint reçut l'hospitalité aux Indes dans le monastère de saint Thomas que dirigeait alors, à la fin du IVe siècle, l'abbé Zadoï. Le moine COSMAS (INDICOPLEUSTA), dans son voyage aux Indes, trouva des chrétiens dans l'ile de Ceylan, gouvernés par un évêque ordonné en Perse. Il ajoute (Topogr. christ. lib. III. Migne, Patr. Gr., LXXXVIII, 170 et 446): «Chez les Bactriens, les Huns, les Perses, les autres Indiens, les Mèdes, les Élamites et dans toute l'étendue de la Perse, il y a une infinité d'églises avec des évêques et des fidèles, des martyrs, des moines et des anachorètes en grand nombre.» Quant à la Chine, Cosmas ignore si elle contient des chrétiens. Selon EBED JÉSU (apud ASSEMANI, Bibl. or., tome III, part. I, 346), le catholique des nestoriens Çaliba-Zaka, vers 714, aurait créé les métropolitains de Hérat, de Samarkande, de Chine et des Indes. «Quelques-uns, ajoute-t-il, rapportent cette création au catholique Achée (411) ou au catholique Silas (503).» La célèbre inscription, trouvée en 1625 à Si-ngan-fou, dans le Chen-si, prouve que le nestorianisme avait pénétré dès le VIIe siècle en Chine, où il avait été apporté par un prêtre syrien nommé Olopen. Dès 635, il comptait dans la capitale une église et vingt et un prêtres pour la desservir. En 756, il y avait des églises chrétiennes dans cinq principautés de' l'Ouest. Les caractères nestoriens qui se lisent autour du fac-simile de l'inscription qui est à la Bibliothèque nationale de Paris, portent que l'inscription a été gravée en 781, Anan-Jésus étant catholique ou patriarche, et Adam étant évêque de la Chine. La pierre a été érigée par les soins de Mar Jadbouzid, chorévêque de Kourndan (Nankin) et fils de Milis, prêtre de Balch, ville du Tocharestan. On lit dans les mêmes caractères le nom de Mar Jean, évêque et de soixante-deux prêtres (voir l'Inscription syro-chinoise de Si-gnan fou, par G. PAUTHIER. Paris, 1858).
    «Théodose, qui occupa le siège patriarcal de 852 à 858, énumère dans sa lettre synodale le métropolitain de Chine en septième lieu et le place avant le métropolitain des Indes, de Perse et de Samarkande (ASSEMANI, Bibl. or., t. III, part. II, p. 439). Une note ajoutée à l'écrivain Amri mentionne, au XIIe siècle, les deux sièges de Tangout, en Tartarie, et de Pékin en Chine. Grégoire Bar Hébréus rapporte dans sa Chronique ecclésiastique (tome II, col. 279) la conversion de la nation entière des Turcs Kéraïtes, avec leur roi, vers l'an 1007, faite par les soins de l'archevêque de Merv.» - «Il y a cependant, d'autre part, dit M. VAN HOONACKER (loc. cit.), des rapports tendant à établir que, bien avant le XIIIe siècle, l'Eglise chrétienne y fut tout au moins considérablement affaiblie. La conquête mongole, qui bouleversa l'ancien état de choses, fut le signal de la restauration du christianisme. La relation de Marco Polo semble supposer que, lors de la première visite des Vénitiens à Khan-Balik, Khoubilaï ne connaissait guère les chrêtiens (Liv. I, 3, 4); ceci s'accorderait difficilement avec les faits racontés au début de l'Histoire de Mar Jabalaha.» - M. J. HALÉVY a émis de très ingénieuses conjectures sur la possibilité de préciser l'époque de l'introduction du christianisme dans la Haute-Asie, par l'examen des noms d'animaux employés dans les dates; nous en parlerons à propos de la lettre d'Argoun à Philippe le Bel.
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11. Allusion à la parabole évangélique: MATTH. XX.
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