Il y eut un homme fidèle, noble et craignant
Dieu, riche des biens du monde et de ceux de la nature, connu dans sa famille
et sa tribu, qui s'appellait Schiban et était Visiteur(1).
Il habitait la ville Khan-balik(2),
c'est à dire la ville royale du pays de l'orient. Il s'unit légitimement
à une femme nommée Qiamta. Le temps s'étant écoulé
sans qu'ils eussent héritiers, ils persévérèrent
dans la prière et la supplication près de Dieu, afin q'il
ne les privât pas d'un continuateur de leur race.
Or, celui qui console par sa grâce et sa miséricorde
agréa leur prière et eut pitié d'eux. Il a coutume,
en effet, d'accepter la supplication de ceux qui ont le coeur contrit et
d'entendre le gémissements de celui qui supplie et demande. «Celui
qui demande recevra; celui qui cherche trouvera; on ouvrira à celui
qui frappe(3)» , a-t-il dit,
en donnant l'assurance d'un véritable succès: et cela s'accomplit,
en effet, envers les deux sexes, envers l'homme et envers la femme, lorsque
les demandes sont présentées avec une intention droite. Anne,
femme d'Elcana, ne fut pas déçue, ayant demandé avec
droiture d'intention(4); et la femme
de Manoah ne fut pas repoussée, mais elle reçut aussitôt
l'ange dans sa chambre(5).
Dieu envoya le souffle de la conception sur la femme,
et elle enfanta un fils qu'ils nommèrent Çauma(6).
Ils se réjouirent grandement, et la naissance de cet enfant fit
la joie de ceux de sa famille et de sa parenté(7).
Lorsqu'il fut parvenu, par une éducation
soignée, à l'âge de faire des études, ils le
confièrent à un maître digne et le firent appliquer
avec soin aux sciences ecclésiastiques; ils le marièrent(8)
et se réjouirent à cause de lui. Il fut jugé digne
de recevoir l'ordre sacerdotal, fut inscrit dans la milice ecclésiastique
et devint le gardien (procureur) de l'église de la ville susdite.
Il se conduisit en toute honnêteté et humilité, s'appliqua
à acquérir les vertus et engagea le combat pour les oeuvres
de la vie future. Lorsqu'il eut atteint sa vingtième année,
le feu divin s'alluma dans son coeur et y brûla les racines du péché:
il purifia son âme candide de toute souillure et de toute bassesse;
il chérissait, en effet, au dessus de tout, l'amour de son Maître,
et il ne voulait pas regarder en arrière après avoir mis
la main à la charrue(9).
Il rejeta entièrement l'ombre du siècle et renonça
complètement à ses désirs; les mets succulents furent
pour lui comme s'ils n'existaient pas, et il s'interdit absolument l'usage
de toute boisson enivrante.
Quand ses parents s'aperçurent de cela, ils
furent saisis d'une vive douleur et attaints d'une profonde affliction
en voyant leur unique enfant se séparer d'eux. Ils se levèrent
le coeur brisé et le supplièrent en lui présentant
des promesse mondaines: «Pourqoi, ô notre fils aimé,
notre séparation t'est-elle si chère? Pourquoi notre deuil
t'est-il si doux? Pense à qui restera notre bien! Considère
qui sera notre héritier! Songe qui deviendra maître de notre
fortune! Comment peux-tu trouver agréable que notre race et notre
nom disparaissent? Puorquoi veux-tu faire en sorte que des étrangers
deviennent nos héritiers?»
Comme ils cherchaient à le convaincre par
de semblables lamentations et à lui inspirer du regret par des conversation
du même genre, il leur obéit extérieurement et demeura
avec eux corporellement, mais malgré lui; et pendant les trois ans
qu'il servit ses parents corporels, il n'abandonna point sa règle
de conduite ni ne cessa de lutter dans sa carrière laborieuse.
Quand ses parents virent que leurs conseils étaient
inutiles, et que leur parole ne comptait pour rien en comparaison avec
l'amour du Christ, ils le laissèrent accomplir son désir.
Il distribua donc aux pauvres tout son bien, c'est-à-dire ses vêtements
et son mobilier, prit l'habit monastique et reçut la tonsure des
mains du père saint et illustre Mar Guiwarguis (Georges), le Métropolitain(10).
Il se mit alors à travailler dans la vigne de son maître,
avec l'espoir du royaume futur et la confiance de participer à l'héritage
céleste et de recevoir comme récompense le denier final(11).
Il se choisit une cellule, dans laquelle il s'enferma pendant sept ans;
après quoi il songea à s'éloigner des hommes et à
se livrer à l'ascétisme sur une montagne, dans un endroit
retiré, pour s'y reposer dans l'isolement. Il sortit donc et s'en
alla à une journèe de marche de la ville pour se choisir
là une demeure. Il trouva, dans cette montagne, un endroit où
il y avait une grotte et, à côté de celle-ci, une source.
Il y vécut paisiblement et reçut la grâce de son Maître,
qui l'a rendu digne de choses telles que sa réputation se répandit
dans le pays. Les hommes commencèrent alors à se réunir
autour de lui pour entendre sa parole, et il était honoré
de tout le monde.
1. Ou périodeute. - Les fonctions des périodeutes
ne sauraient étre déterminées avec précision.
Elles ont aussi varié selon les temps et les regions. Il semble
que, chez les Nestoriens de l'Orient, elles aient été considérées
comme une charge très honorable, puisque nous verrons plus loin
un évêque, pourvu d'un siège important, les ambitionner
(ci-dessous, chap. VI). Je crois que c'est à tort qu' on a voulu
assimiler les Visiteurs orientaux aux Chorévêques
de l'Occident.
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2. Pékin selon l'identification généralement
acceptée, et qui ne paraît pas contestable. Quoi qu'il en
soit, il est certain que Khan-Balik désigne la capitale de l'empire
de Khoubilaï-Khan. Le nom de la cité est la transcription
exacte du mot turc oriental Khân-bâligh qui signifie
«la ville du Khan». «Cette ville, dit l'historien persan
RASCHID ED-DIN, avait été la résidence des rois précédents;
elle fut bâtie anciennement d'après les indications des plus
savants astrologues et sous les constellations les plus heureuses, qui
lui ont toujours été propices. Comme elle avait été
détruite par Tchinghiz-Khan, Koubilaï-Khàn voulait la
rétablir afin de rendre son nom célèbre. Il bâtit
donc tout près une autre ville nommée Daïdou»
. (Cf. Nouv. Journ. asiat., t. XI, p. 328). Khân-bâligh
était la résidence d'hiver de Khoubilaï et Châng-toû
sa résidence d'été.
Le célèbre voyageur Marco Polo (ch.
LXXXIII) nous a laissé une très curieuse description de Khan-balik,
à l'époque où vécut notre personnage. Voici
ses propres paroles: «Sachiez que le grant Kaan demeure en la maitre
cité de Catay laquelle a nom Cambaluc, trois mois de l'an, c'est
assavoir, decembre et janvier et fevrier. En ceste ville a son grant palais,
et vous deviserai sa façon:
«Il y a tout devant un grant mur quarré qui
a de chascune esquarreure une mille; c'est-à-dire que il dure tout
environ quatre mille. Et c'est raison car il est moult grans; et si a de
hautesce bien dix pas, et est touz blanc et crenellez tout entour. Et en
chascun coing de ce mur a un grant palais moult bel et moult riche, où
se tient dedens li hernois du seigneur. Ce sont ars et tatars et selles
et frains, cordes d'ars et touches choses besoignables à ost. Et
encore entre l'un palais et l'autre si a un autre palais semblables à
un des quatre coings; si que il y a tout entour le pourpris huit palais
moult grans, et touz sont plains de hernois au grant Sire. Mais entendez
qu'en chascun palais n'y a que d'une chose seulement; car, se l'un est
tout plein d'ars, l'autre palais est touz plains de selles, et l'autre
touz plains de frains. Et ainsi vait par chascun tout entour, que chascun
n'a que d'une manière de hernois. Et ce mur a à la face de
midi cinq portes; au milieu a une grant porte qui ne s'euvre nulle fois
se non quand le grant liernois ist pour ost. Et entre chascune part de
ceste grant porte si en y a deux; si qu'il y en a cinq et la grant
est ou milieu. Et par ces portes mendres entrent tout l'autre gent; et
est la grant porte au milieu de ces quatre. Mais ces quatre portes ou entre
la gent, ne sont mie l'une jouste l'autre; ains sont les deux aus deux
coins de ceste mêisme face; et les autres deux sont du costé
le grant, si que le grant demeure ou milieu.
«Enmi ceste face devers midi de ce mur, lonc
une mille dedens ce mur, si a un autre mur qui est auques plus longs que
larges. Le pourpris a aussi huit palais entour, tout en la manière
des autres huit dehors, en quoi se tient aussi le hernois du seigneur si
comme as autres. Et si y a aussi cinq portes en la face de midi en la manière
des autres qui sont en dehors. Et puis en chascun des autres coins si
a une porte. Et ou milieu de ces deux murs est le grant palais du seigneur,
qui est fait en ceste maniere que je vous dirai.
«Sachez que il est le greigneur qui onques
fust. Il n'est pas esolier haut, mais est à pié plain, si
que le pavement est plus hault que l'autre terre entour, bien dix paumes
(= 2 m. 50). La couverture est moult haute; les murs du palais et les chambres
sont toutes couvertes d'or et d'argent Encore y a pourtrais: dragons, bestes,
oiseaux, chevaliers et ymages et de pluseurs autres generations de choses.
Et la couverture est ainsi faite si que n'y a autre chose que or
et argent et painture. La sale est si grans et si large que
bien y mengeroient six mille personnes. Il y a tantes chambres que c'est
merveille à voir. Il est si grans et si beaux et si riche
que il n'y a homme ou monde qui le seut mieux ordener. Les trez de la couverture
sont si tous de couleur vermeille et jaune, et vert, et bleu et
d'autres couleurs. Et sont envernissiés si bien et si soutilement
qu'il sont resplendissants comme cristaus; si que moult loing environ le
palais est resplendissans. Et sachiez que ceste couverture est si fort
et si fermement faite que elle est pour durer à touz temps.
«Entre l'un mur et l'autre des pourpris, si
comme je vous ai dit, a moult belles prairies et beaux arbres de diverses
manieres de fruiz. Et si y a bestes de maintes manieres, si comme cerfs
et daims et chièvres et biches et vairs de pluseurs manieres; et
des bestes qui font le muglias en grant habondance; et de toutes autres
manières de bestes moult belles et moult diverses. Et en y a tant
que tout est plain; et n'y a de voie se non tant que vont et viennent la
gent.
«Et de l'un coing à l'autre a un lac
moult bel ouquel a pluseurs manieres de poissons et assez, car le seigneur
les y a fait mettre. Et toutes fois que il en veult, si en a à sa
volenté et à son plaisir. Et si vous di que un flan y ist
et entre, mais est si ordenné que uns poissons n'en puet
issir pour le fil de fer ou d'arain qui ne l'en laissent issir. Encore
y a devers tremontaine loing du palais entour une archie un tertre qui
est fais à force, qui bien est haus cent pas, et dure environ bien
une mille, lequel mont est tout plain et tout couvert d'arbres, qui par
nul temps n'y perdent fueilles; mais toutes fois sont vers. Et si vous
dit que là ou soit un biaus arbres, et le Seigneur le set, si
l'envoie querre avec toutes les racines et avec toute la terre qui
li est entour et le fait porter et mettre ou sien mont. Et le portent ses
olifans, et soit l'arbre tant grant comme il veut. Et en cette maniere
a les plus beaux arbres du monde.....»
L'auteur continue en décrivant les autres
palais de la ville. On peut lire dans les notes de PAUTHIER (tom. I, pages
265 et suiv.), d'autres descriptions analogues de cette ville, tirées
des auteurs orientaux, ainsi que de savantes explications sur l'origine,
l'agrandissement et les vicissitudes de cette cité. Voir aussi la
Chine Moderne de PAUTHIER, p. 8-12, et le plan qui s'y trouve
joint.
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3. MATTH. VII, 8.
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4. I SAM. I, 10 et suiv.
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5. JUD. XIII, 2 et suiv.
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6. Çauma (qui, en syriaque, signifie jeûne)
est une abréviation de Bar Çauma c'est-à-dire
né pendant le carême d'après l'interprétation
de M. DUVAL. Ne serait-ce pas plutôt fils obtenu par le jeûne?
La forme pleine Rabban Bar Çauma est donnée par la Chron.
syr. de Bar Hébréus, éd. Bedjan, 595, 4; dans
une lettre du pape Nicolas IV, ce personnage est appelé Bersauma,
et dans celle adressée par Argoun au roi de France, il est nommé
Mar Bar Çauma Sakhora, mot qui n'est que la transcription
du syriaque sa 'ora (= visiteur). Je reviendrai sur
ce point.
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7. Nous savons par BAR HÉBRÉUS (Chron.
eccles., t. III, col. 441) que Bar Çauma et Jabalaha étaient
de race ouïgoure. Les Ouïgours, connus des Chinois sous le nom
de Hoeï hu, étaient indubitablement des Turcs. «Les
Ouïgours, dit D'OSSHON (Hist. des Mongols, t. Ier, p.
107), dont le territoire bordait an sud-ouest celui des Naïmans, habitaient
anciennement les pays arrosés par l'Orcoun, la Toula et la Salinga,
rivières qui prennent leurs sources dans les monts Caracouroum.
Soumis d'abord à l'empire turc, ils se placèrent sous la
protection de la Chine du temps de l'empereur Taïtsong, qui régna
de 626 à 649; on établit alors des gouverneurs chinois dans
les différentes tribus de cette nation Un de ces princes, profitant
des troubles de l'empire turc, acheva sa ruine en 745 et s'empara de ses
domaines. Ce guerrier reçut de l'empereur de Chine, son suzerain,
le nom de Boucou-Khan. Il est le fondateur de l'empire Ouïgour, qui
s'étendait à l'est jusqu'aux montagnes où finit le
grand désert, et à l'ouest jusqu'aux monts Altaï; mais
cette monarchie ne dura guère au-delà d'un siècle:
elle fut détruite par les Kirguises et les Chinois, en 847. Les
Ouïgours ne conservèrent de leurs vastes domaines qu'une petite
principauté située au sud-ouest des monts Caracouroum, dans
la contrée où s'élèvent les monts appelés
Célestes. Ce fut là que se retira leur chef, dont les successeurs,
qui prenaient le titre d'Idi-court, c'est-à-dire, en turc,
seigneur du pays, faisaient leur résidence dans la ville de Bisch-balik
(= Les cinq villes, localité identifiée par
KLAPROTH [Mém. relatifs à l'Asie, t.
II, p. 355] avec Ouroumdje, à 44° de lat. et 87° de long.
E. de Paris) et se reconnaissaient vassaux de l'empereur de la Chine.....»
Vers l'an 1215 cette principauté était
devenue tributaire du nouvel empire du Cara-Khitaï. Il y avait dans
le pays un gouverneur chinois que l'Idi-court fit mettre à
mort après la conquête de Gengis Khan, à qui il offrit
de grands présents, ce qui lui valut les bonnes graces du conquérant
et la main de sa fille Altoum Bigoui (cf. HOWORTH, t. I, p. 21 et
D'OSSHON, t. I, p. 429).
La religion primitive des Ouïgours était
le Schamanisme. Ils embrassèrent dans la suite le Bouddhisme auquel
ils durent leur civilisation. Le christianisme, propagé par les
Nestoriens, était très répandu parmi eux, et ce fut
de ceux-ci qu'ils tirèrent sans doute leur alphabet qui est fondé
sur le syriaque. Ils enseignèrent les lettres aux Mongols; de nomades
ils devinrent cultivateurs et furent, dans les premiers temps, la race
la plus cultivée de l'Asie orientale.
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8. Le mot peut aussi signifier «ils le fiancèrent».
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9. Allusion au texte évangélique LUC,
IX. 62.
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10. Le Métropolitain de la Chine (de Pékin,
Khan-Balik), est mentionné dans la liste d'Amrou (milieu du XIVe
siècle); voir ASSÉMANI, Bibl. or., II, 458. Depuis
quelle époque le christianisme avait-il ses adhérents en
Chine et en particulier dans les contrées reculées du Kathay?.
Il est difficile de le dire avec précision. C'est une tradition
unanimement reçue dès les premiers temps, dans toutes les
églises syriennes, dit Mgr. LAMY (op. cit.),
que l'apôtre saint Thomas a évangélisé la
Perse, la Bactriane, la Carmanie, et qu'il est mort à Calamine ou
Méliapour, aux Indes, martyrisé par les brahmanes. Saint
Aghée, un de ses disciples, prêcha l'Evangile aux Parthes,
aux Perses, aux Tartares et alla jusqu'à la frontière de
l'Inde. Dans la vie de saint Jonas que M. BEDJAN va éditer [éditée
en 1890, Acta sanct. et martyr., tome II, p. 140], il est rapporté
que ce saint reçut l'hospitalité aux Indes dans le monastère
de saint Thomas que dirigeait alors, à la fin du IVe siècle,
l'abbé Zadoï. Le moine COSMAS (INDICOPLEUSTA), dans
son voyage aux Indes, trouva des chrétiens dans l'ile de Ceylan,
gouvernés par un évêque ordonné en Perse. Il
ajoute (Topogr. christ. lib. III. Migne, Patr. Gr., LXXXVIII,
170 et 446): «Chez les Bactriens, les Huns, les Perses, les autres
Indiens, les Mèdes, les Élamites et dans toute l'étendue
de la Perse, il y a une infinité d'églises avec des évêques
et des fidèles, des martyrs, des moines et des anachorètes
en grand nombre.» Quant à la Chine, Cosmas ignore si elle
contient des chrétiens. Selon EBED JÉSU (apud ASSEMANI, Bibl.
or., tome III, part. I, 346), le catholique des nestoriens Çaliba-Zaka,
vers 714, aurait créé les métropolitains de Hérat,
de Samarkande, de Chine et des Indes. «Quelques-uns, ajoute-t-il,
rapportent cette création au catholique Achée (411) ou au
catholique Silas (503).» La célèbre inscription, trouvée
en 1625 à Si-ngan-fou, dans le Chen-si, prouve que le nestorianisme
avait pénétré dès le VIIe siècle en
Chine, où il avait été apporté par un prêtre
syrien nommé Olopen. Dès 635, il comptait dans la capitale
une église et vingt et un prêtres pour la desservir. En 756,
il y avait des églises chrétiennes dans cinq principautés
de' l'Ouest. Les caractères nestoriens qui se lisent autour du fac-simile
de l'inscription qui est à la Bibliothèque nationale de Paris,
portent que l'inscription a été gravée en 781, Anan-Jésus
étant catholique ou patriarche, et Adam étant évêque
de la Chine. La pierre a été érigée par les
soins de Mar Jadbouzid, chorévêque de Kourndan (Nankin) et
fils de Milis, prêtre de Balch, ville du Tocharestan. On lit dans
les mêmes caractères le nom de Mar Jean, évêque
et de soixante-deux prêtres (voir l'Inscription syro-chinoise
de Si-gnan fou, par G. PAUTHIER. Paris, 1858).
«Théodose, qui occupa le siège
patriarcal de 852 à 858, énumère dans sa lettre synodale
le métropolitain de Chine en septième lieu et le place avant
le métropolitain des Indes, de Perse et de Samarkande (ASSEMANI,
Bibl. or., t. III, part. II, p. 439). Une note ajoutée
à l'écrivain Amri mentionne, au XIIe siècle, les deux
sièges de Tangout, en Tartarie, et de Pékin en Chine. Grégoire
Bar Hébréus rapporte dans sa Chronique ecclésiastique
(tome II, col. 279) la conversion de la nation entière des Turcs
Kéraïtes, avec leur roi, vers l'an 1007, faite par les soins
de l'archevêque de Merv.» - «Il y a cependant, d'autre
part, dit M. VAN HOONACKER (loc. cit.), des rapports tendant
à établir que, bien avant le XIIIe siècle, l'Eglise
chrétienne y fut tout au moins considérablement affaiblie.
La conquête mongole, qui bouleversa l'ancien état de choses,
fut le signal de la restauration du christianisme. La relation de Marco
Polo semble supposer que, lors de la première visite des Vénitiens
à Khan-Balik, Khoubilaï ne connaissait guère les chrêtiens
(Liv. I, 3, 4); ceci s'accorderait difficilement avec les faits racontés
au début de l'Histoire de Mar Jabalaha.» - M. J. HALÉVY
a émis de très ingénieuses conjectures sur la possibilité
de préciser l'époque de l'introduction du christianisme dans
la Haute-Asie, par l'examen des noms d'animaux employés dans les
dates; nous en parlerons à propos de la lettre d'Argoun à
Philippe le Bel.
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11. Allusion à la parabole évangélique:
MATTH. XX.
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tie'
pe'.
rail
de~