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Nr.1878

An Marianne Eymard

A.R.T.

Paris, 1er Janvier 1867.

BIEN CHERES SOEURS

Vous avez mes premiers voeux et ma première bénédiction en Notre-Seigneur.

Quelle belle année commence pour vous! Vous voilà au Très Saint Sacrement et religieuse de la plus sainte des vocations; que Dieu en soit béni et mille fois remercié! Vous si privée dans le monde, si délaissée dans vos maladies, vous voilà près du bon Maître, vous n'avez que quelques pas à faire pour le trouver; tous les secours de la religion sont dans la maison; vous n'avez plus de souci du temporel, vous êtes toute à Dieu et à son saint service.

Que je suis heureux, chère soeur, de vous voir partager mon bonheur, de vous savoir heureuse! Oh! oui, y a-t-il un plus grand bonheur que d'être avec le Très Saint Sacrement! de ne vivre que pour lui!

Remerciez donc sans cesse Notre-Seigneur et soyez toujours bien fidèle à votre grâce, car au ciel vous verrez combien elle est grande !

Je vous bénis de nouveau, chère soeur; bientôt j'aurai la consolation d'aller vous voir, vers le 15 janvier.

Que Notre-Seigneur, que vous avez toujours aimé et servi, soit votre Tout.

Tout à vous en N.-S.

Votre frère.

EYMARD, Sup.


Nr.1879

An Frau v. Grandville

Paris, 2 Janvier 1867.

MADAME EN N.-S.,

Je vous remercie de vos voeux si religieux; je vous les ai rendus aussi, ou plutôt je les ai adressés à Dieu le premier, car j'étais d'adoration à 3 h. du matin, et là, j'ai mis toutes mes bonnes âmes au pied du trône de Jésus, et vous surtout dont l'âme et la vie me sont bien chères devant Dieu. Je ne vous souhaite qu'une chose: un plus grand amour de Dieu, un feu qui s'élève plus haut et soit plus intense. Quand on aime Dieu et qu'on en est aimé, que peut-on avoir et désirer de plus?

Je fais les mêmes voeux pour votre bonne et pieuse soeur, car elle aime tant le Bon Dieu!

Je regrette de ne vous avoir pas écrit de suite, vous seriez venue ici; je croyais à votre arrivée, puis les embarras m'ont absorbé. Eh bien! à plus tard!

Ce sera un sacrifice pour moi de ne pas aller dans mon Béthanie de Nantes, mais je ne pouvais résister aux instances de Mr le Supérieur.

Priez bien pour moi, en ce moment où nous cherchons un petit Cénacle pour Notre-Seigneur chassé d'ici par l'expropriation.

Croyez-moi toujours en N.-S.,

Chère fille,

Tout à vous.

EYMARD, Sup.


Nr.1880

An Frau Camille Jordan

A. R. T.

Paris, 3 Janvier 1867.

BONNE DAME EN N.-S.,

Merci de vos prières et de vos voeux; je vous les ai bien rendus et continués tous les jours, car on ne se connaît pas de ce jour-là.

Je prends bien part aux craintes et aux peines que vous fait éprouver l'état maladif de Monsieur; oui, je prierai bien pour lui, pour l'âme et pour le corps. C'est heureux qu'il prenne bien doucement son état, mais vous faites bien de penser à un état plus pieux et plus saint. Espérons que le Bon Dieu exaucera nos prières, car il serait si méritant et si heureux s'il devenait un peu plus pieux.

Je suis bien heureux des bonnes et heureuses nouvelles de votre bien chère fille et de son enfant. Oui, le Bon Dieu les bénira tous et en fera un grand saint.

Pauvre dame Nugues! la voilà donc revenue de Rome! Quand on en part pour une semblable cause, on comprend que c'est pénible et peu béni d'en haut. Rome tranquille étonne les ennemis de la papauté.

On s'attendait à une ruine, et voilà que la victime auguste est encore libre et calme!

Pauvres gens! qui comptent sans Dieu. Dieu pourrait bien compter sans eux. On prie tant pour le Saint Père! Dieu aime avant tout l'Eglise.

Il faut espérer contre toute espérance et lever les yeux vers la montagne du salut et non devant les hommes.

Allons! devenez une sainte! c'est temps; et pour devenir une grande sainte soyez une âme d'oraison et de générosité, car l'essentiel est de le vouloir et de le poursuivre.

Ne m'oubliez pas dans vos prières; vous savez que vous êtes burinée dans mon calendrier.

Adieu, je vous bénis bien en N.-S. et suis en Lui

Votre lettre m'a couru après dans l'Anjou; on ne lit pas mes lettres.

Je n'ai pas de projets de quitter Paris avant Pâques. Je suis tout prêt à recevoir vos lettres et encore mieux votre personne, qui m'est si chère en Notre-Seigneur. Ainsi, disposez de moi.

Nous déménageons. Expropriés, il faut que le 15 avril les maçons démolissent notre maison. Nous allons Boulevard Montparnasse, 112; nous y serons du 12 au 14.

Merci des bonnes nouvelles de la famille. Pauvre entorse! c'est une retraite forcée; qu'elle devienne pieuse et bonne.

Je bénis ce magnifique garçon, votre espérance et le saint de l'Eglise.

Je vous bénis bien en N.-S.

Tout vôtre en Lui.

EYMARD, S.


Nr.1881

An Fräul. Virginie Danion

A. R. T.

Paris, 3 Janvier 1867.

MADEMOISELLE EN N.-S.,

Je suis bien aise de venir le premier vous souhaiter une année du Bon Dieu, mais une année sortant de son coeur et de son plus tendre amour!

Vous avez bien souffert, pauvre fille! Hélas! que d'agonies et de morts! surtout pour une telle cause! Dieu l'a voulu ainsi! et pour votre plus grand bien! et sa plus grande gloire; adorez bien ses desseins de miséricorde. Le pain, pour être bon, doit passer par le crible, la meule et le feu. Laissez-vous bien moudre comme le martyr saint Ignace!

Ne regardez pas au bas ou devant vous, mais regardez là-haut vers le Père céleste qui vous regarde avec complaisance et acceptez cette belle et bonne humiliation, mais sans trouble ni crainte. Laissez agir la bonne et paternelle Providence, et vous bénirez un jour ces épreuves qui vous auront instruite, purifiée et sanctifiée.

Me voici maintenant plus stable à Paris. Nous avons eu, le jour de Noël, à minuit, [le bonheur] d'ouvrir une nouvelle maison d'adoration hors de Paris: ce sera le noviciat pour plus tard, une maison de retraite et de solitude. Mais le diable nous en fait bien; il finit toujours par être vaincu et chassé.

Ayez soin de votre santé. Je crains que toutes ces contrariétés ne l'éprouvent trop. Allons! passez à travers le vent, quelque fort qu'il soit; il vous purifiera.

Je vous bénis bien religieusement en Notre-Seigneur et vous prie de me croire

Tout à vous.

EYMARD, Sup.


Nr.1882

An Edmund Tenaillon

Adveniat Regnum tuum.

Paris, 3 Janvier 1867.

CHER AMI,

Merci de vos voeux si vrais et si bons pour moi! Je vous les rends de toute mon âme aux pieds de notre bon et commun Maître.

Ce que je vous souhaite, c'est un amour de Notre-Seigneur et de sa gloire grand comme vos grâces, grand comme son Coeur. Oui, cher ami, travaillez sur l'amour par l'amour divin, prenez du feu dans le Cénacle préparatoire à votre sacerdoce. Moulez-vous bien sur le modèle divin du Prêtre éternel, de Jésus.

La piété est l'âme expansive de l'amour divin. Soyez donc bien pieux, mais d'une piété tendre, forte et intérieure, car il faut avoir soin du foyer, conserver la sève et comprimer le mouvement de l'Esprit-Saint en nous, pour rebondir avec plus de force et de puissance vers Dieu.

1er Février. - Je suis tout honteux de voir la date de cette lettre: excusez-en le retard. Elle vous prouve cependant que vous avez été en première ligne tous trois; mais les flots sont venus et ont poussé ma frêle nacelle en haute mer. Elle revient vers vous aujourd'hui comme vers l'amitié. Votre chère et pieuse mère me donne souvent de vos nouvelles, cher Monsieur Edmond, ainsi que de vos frères; j'en suis tout heureux, car je vois que votre soleil monte vers son Créateur et son Sauveur. Le temps court vite vers les vacances de famille, mais il faut ramasser le bouquet qu'il faut apporter; cueillez tous les jours une fleur à l'autel, une autre sur le Mont Parnasse... mais chrétien.

Adieu, brave et cher ami,

Je vous bénis comme je vous affectionne.

Tout à vous en N.-S.

EYMARD, S. S.


Nr.1883

An Marg. Guillot

Paris, 10 Janvier 1867.

Chère fille en Notre-Seigneur,

Je suis bien content de vous savoir arrivée à Nemours. Cette visite fera du bien à tout le monde.

J'espérais y aller aussi, mais je suis débordé d'affaires sérieuses, j'y irai plus tard.

Je dois partir lundi pour Angers, ou mardi au plus tard. Cependant, puisque vous êtes à Nemours, restez-y ce que vous pourrez.

Monsieur Ravon aurait bien voulu un à-compte. Je crois qu'il lui est dû six mille francs de cire. Il a paru un peu étonné qu'on lui en ait commandé 400 kilos sans rien donner pour le passé.

Comment allons-nous faire? Nous allons prier le bon Maître, en l'honneur de qui cette cire brûle, d'envoyer quelques ressources.

Nous-mêmes sommes aussi à court, à cause de notre nouvelle maison de Saint-Maurice.

Mais le bon Dieu est si bon! Un père n'abandonne pas ses enfants.

J'ai envoyé le poids de la balance.

Ma bénédiction à toutes et surtout à la chère malade.

Tout à vous

EYMARD.


Nr.1884

An Fräul. v. Revel

Paris 11 janvier 1867

Mademoiselle,

Je suis en retard avec vous pour vous dire d'abord que j'ai reçu les messes que vous m'avez envoyées pour votre cher et bien-aimé frère, pour lequel j'aime tant à prier, car je ne le sépare pas de vous et on n'oublie pas ses premiers et vieux amis.

J'ai appris avec une grande tristesse que vous étiez plus fatiguée - mais aussi que vous étiez bien résignée et bien unie à la sainte volonté de Dieu. Oui! laissez-vous bien aller à la paternelle Providence qui vous a toujours si bien gardée et si adroitement conduite dans le devoir et dans la confiance.

Ce que Dieu veut est toujours le meilleur, même la mort, car sa divine volonté rend tout saint et tout plus parfait.

Je prie bien pour vous, afin que la divine Bonté vous donne un peu de soulagement et un grand abandon entre ses mains.

Si je ne vous ai pas écrit plus tôt, c'est que j'étais et suis encore un peu souffrant, mais sans m'arrêter pour le nécessaire. Croyez-moi toujours en N.S., bonne Demoiselle.

Tout à vous.


Nr.1885

Paris 11 janvier 1867

Au cher frère Marie

Bien cher frère,

Je remercie bien le Bon Maître de ce qu'il vous a guéri.- J'aime bien mieux vous voir travailler encore sous son bon et royal service.

Vous étiez bien prêt, puisque vous veniez de faire vos voeux; mais vous n'en serez que plus courageux et plus dévoué au service du Bon Maître.- Je le prie donc bien pour vous, afin que les bons sentiments que vous m'avez manifestés dans votre dernière lettre soient toujours la loi sainte de votre vie.- Dieu vous bénira, cher frère, parce que vous ne cherchez et ne voulez que lui.- Continuez toujours à être un bon serviteur.

Je vous bénis en N.S. de toute la tendresse de mon âme, et suis, cher frère,

Tout à vous.

Eymard


Nr.1886

An P. de Cuers

A. R. T.

Paris, 11 Janvier 1867.

Bien cher Père,

Je vous écris un peu tard... c'est que j'ai eu pour étrennes une fluxion, et elle me défigure encore un peu.

Je vous envoie ci-inclus les deux pièces sur votre pension; ne serait-ce pas plus simple d'obtenir de la retirer à Marseille? cela vous serait plus facile, voyez et examinez le mieux.

Nous avons quelques malades: le P. Cardot, novice; le frère Marius a mal aux yeux, le P. Champion vient de me le renvoyer; un autre aussi a pris un coup d'air. Voici une triste nouvelle: le frère Eugène n'a pu se corriger et s'humilier d'un vilain défaut: il s'était mis à boire, il est sorti; pauvre frère! je le plains de tout mon coeur et nous prions pour lui.

Nous avons fait notre fête royale de l'Epiphanie aussi belle que possible; le frère Frédéric a fait ses voeux ce jour-là, ses premiers étaient finis. Je le trouve bien dévoué à la Société et à son devoir d'adorateur; il s'était découragé à Angers, n'ayant plus de classes théologiques.

Je n'ai pu savoir le chiffre plus exact de l'effet payé, c'était le frère Eugène qui l'avait fait solder; j'ai sur mon livre 1500, mais si ce n'est pas votre somme, peut-être y auriez-vous ajouté quelque chose du frère Charles ou autres pour faire une somme ronde: il me semble me rappeler que vous me l'avez dit.

Je vais la semaine prochaine voir Angers, les plans à tirer, puisque Monseigneur nous a fait abattre l'édifice du théâtre; quoique neuf, c'était bien léger, peu solide; peut-être est-ce une vraie Providence, car malheur aurait pu arriver dans une bourrasque, surtout pour la toiture.

Rien encore de nouveau pour l'expropriation; on vient sans cesse pour traiter à l'amiable, on offre 300.000, on me dit que le jury ira plus haut; on a traité avec tout le monde, on veut nous lasser sans doute; puis inutile de chercher à nous caser ailleurs, puisque nous ne savons rien; je cherche cependant, mais tout le monde a des prétentions si élevées.

Priez pour moi, car il y a des fois où je suis rendu! Plus heureux et plus recueillis aux pieds du Maître, vous pouvez au moins l'adorer dans la paix et la tranquillité.

Je suis en N.-S., bien cher Père,

Tout à vous.

EYMARD.

P. S. Enfin partent par la poste vos deux livres du Crédit foncier; ils étaient dans la table de la bibliothèque, et on ne sait où sont les chefs.

Pour le journal, il était convenu que chaque maison paierait à son tour un an; ce serait à

votre tour. Le P. Chanuet voudrait le recevoir aussi, je ne sais comment faire; si vous vous entendiez à Marseille ou le preniez seul, ce serait un moyen de le lui envoyer.


Nr.1887

Lettre de saint Pierre-Julien EYMARD à Mgr l'Evêque de Versailles

Monseigneur

Le Supérieur de la Congrégation du T.S. Sacrement, supplie Votre Grandeur, de lui donner le pouvoir d'ériger dans la maison du noviciat fondée à St Maurice, les Stations du Via Crucis dans la chapelle de la T. S. Vierge, afin que ceux qui y demeurent puissent en honorant la Passion de Notre Seigneur profiter des nombreuses indulgences attachées à ce saint exercice légitimement établi -

C'est le St jour de Noël, à minuit que l'Exposition du T. S. Sacrement a commencé dans la maison de St Maurice que nous avons nommé(e) la maison de l'Enfant Jésus, afin que nos novices renaissent en son esprit et ses vertus<;> nous voilà<,> vôtres Monseigneur et bien heureux d'être les enfants d'un Evêque si dévoué au St Siège et à ses pures doctrines.

C'est avec la plus profonde vénération que je suis en N. S.

de Votre Grandeur

Monseigneur

Les très-humble et très dévoué serviteur

Pierre Eymard

sup. Cong SSS

St Maurice le 12 janvier 1867


Nr.1888

An P. Chanuet

A. R. T.

Paris, 15 Janvier 1867.

Bien cher Père,

Je pars dans l'instant pour Angers. Il faut prendre le frère Anatole à part et lui dire avec bonté toutes les remarques que vous me faites sur son caractère: ce pauvre enfant, ainsi honoré, serait perdu!

Etudiez les caractères et prenez-les ordinairement par la bonté et la patience, parce que les défauts de caractère ne sont pas connus ou avoués: c'est le moi que l'amour-propre couvre et défend; ne vous laissez jamais prévenir par l'antipathie contre un de vos enfants: c'est la tentation ordinaire du démon.

Tenez au silence, à l'obéissance prompte, aveugle et cordiale; quand vous avez donné un ordre et fixé le temps ou le lieu, ne vous contentez pas de cela, allez voir si on a été littéralement obéissant. Il faut voir par soi-même et imprimer le mouvement de sanction qu'attend une infraction.

Il m'en a bien coûté de ne pouvoir aller vous voir, j'y irai à mon retour.

Je vous prie instamment de venir jeudi faire l'instruction de quatre heures et de confesser vendredi la communauté.

Je vous bénis tous en N.-S.

Tous vôtre.

EYMARD, Sup.

P. S. Faites travailler le jardin dans ce qui presse. Nous voilà avertis de dimanche de l'expropriation.


Nr.1889

An Frau Eulalie Tenaillon

Adveniat Regnum tuum.

Nantes, 18 Janvier 1867.

CHERE FILLE EN N.-S.,

Je vous remercie de votre lettre si pénitente et si filiale. Je l'ai toute lue et me suis cassé la tête pour me rappeler ce que vous m'avez dit qui a pu me faire de la peine. Mais vous ne m'avez pas fait de la peine du tout, je n'en sais rien et je vous assure que c'est bien vrai; avec mes enfants je ne vois que leur bien, que leurs grâces et le bien que je peux leur faire. Votre pensée à Nantes est donc sans nuage comme mon dévouement à votre chère âme est le même.

Vous me parlez de la folle..... j'ai oublié ce qu'elle a dit; - ne reste que la fille toute à Notre-Seigneur et à la Société. Le bon Maître est bien bon ..... il bénit son pauvre serviteur et lui donne la force et le courage. - J'ai laissé inachevée ma lettre à vos chers enfants. Je vais tâcher, dimanche, de trouver un moment, car je prêche trois fois par jour; tout sera fini dimanche soir.

Je vous laisse, chère fille, aux pieds du Très Saint Sacrement en qui je suis

Tout à vous.

EYMARD, S. S.


Nr.1890

An P. de Cuers

A. R. T.

Paris, 27 Janvier 1867.

Bien cher Père,

Ci-joint la pièce renvoyée et signée; les papiers que vous me demandez sont, je l'espère, dans une table dont le P. Chanuet doit avoir la clef; je dois le voir ces jours-ci et je lui demanderai tout cela.

Je n'ai pas répondu à la demande que vous me faites d'un prêtre de plus, parce que je n'en ai pas. Le P. Champion me fait la même demande et je réponds de même; dans un mois et demi le frère Chave sera prêtre.

Ici je suis avec le P. Billon et un prêtre postulant qui peut repartir à tout instant, ayez encore un peu patience.

Pour nous, n'ayez aucune inquiétude de conscience de ce que vous ne pouvez faire comme les autres: ce n'est pas votre faute, vous êtes souffrant de par Dieu, c'est donc Dieu qui vous veut ainsi.

Pour la Supériorité, je désire que vous la continuiez; cependant si cette responsabilité augmente votre mal et vous ôte la paix, je ne veux pas certes tenir plus longtemps à mon sentiment, je vous accorderai d'en être déchargé.

Pour la somme de 1500 francs, je crois que le moyen le plus simple est de retenir les sommes de votre retraite jusqu'à concurrence, comme aussi je vous prie de faire les démarches nécessaires pour la retirer à Marseille: l'administration ne serait guère raisonnable de vous le refuser, vous y avez droit, et cela simplifiera les choses.

Nous sommes toujours dans nos grandes préoccupations d'expropriation, priez pour moi, car j'ai à peine le temps de respirer.

Tout à vous en N.-S.

EYMARD,

S. S.


Nr.1891

An Marg. Guillot

A. R. T.

Paris, 28 Janvier 1867.

Bien chère fille,

Je regrette bien de n'avoir pas vu votre chère... Dites-lui de ma part:

1· Que le désir de la mort... n'est pas du tout péché.

2· Que dans sa confession pour ses murmures, qui ne sont que des tentations, elle s'accuse d'avoir manqué de confiance en Dieu dans une tentation.

Pour Joseph, il a tort de dire que mon silence est une adhésion. En m'accompagnant, il m'a parlé comme un homme décidé à vous quitter, et surtout très monté contre Mr Dussouchet et le maître menuisier.

En tout cela, il a fait preuve, non seulement d'une tête montée, mais encore d'un mauvais esprit.

Il ne faut pas pour quelques jours vous lier; payez plutôt quelqu'un pour faire vos commissions.

Cependant si vous voulez attendre, et le garder encore quelques jours, vous le pouvez. Pour moi, je dis que ce serait mieux de le remplacer peut-être. Vous êtes sur les lieux, vous pouvez mieux voir que moi.

Je vous bénis toutes en Notre-Seigneur.

EYMARD.

P. S. - J'espère cette semaine aller faire une apparition à Nemours; je verrai comment tout va.

Je suis bien content que soeur Anne s'y mette bien et que ma pauvre soeur soit toute en Dieu.

Si Mr Ravanat ne veut pas, le mien ici y ira avec joie et à moins.


Nr.1892

An Herrn Ravanat

Paris, 28 Janvier 1867.

CHER MONSIEUR RAVANAT,

Je viens d'Angers. J'ai donné le cordon à Sr Marie-Louise, elle est bien contente; avec sa soeur elle le serait encore plus, si son cher père et sa bonne soeur Marie étaient avec elle et Sr Euphrosie.

Avant de lui donner le cordon, je l'ai vue à part et lui ai demandé si c'était de bon coeur et de bonne volonté qu'elle voulait rester; elle m'a dit un oui de toute son âme.

Maintenant, comme vos trois filles vont devenir Servantes du Très Saint Sacrement, il faut que le père Ravanat soit avec elles, et le père temporel de la maison de ces bonnes Adoratrices.

Dieu a permis que le domestique de ces Dames leur ait donné son congé; la place est libre. Si vous pensiez que d'être là comme père temporel irait bien à votre piété et à votre coeur, je vous y engagerais de tout mon coeur; que si plus tard cela ne vous allait pas, nous vous recevrions toujours avec nous, avec affection.

Il me faut, s'il vous plaît, une prompte réponse, car je prie ces Dames d'Angers de ne prendre personne avant votre réponse reçue.

Croyez-moi en N.-S.,

Cher père Ravanat,

Tout à vous.

EYMARD, Sup.

P.-S. Bien des choses à votre chère fille; on l'attend avec joie.


Nr.1893

A Soeur PHILOMENE de COUCHIES

Nemours 30 janvier 1867

J'autorise Sr. Philomène à aller avec une des soeurs de la communauté au choix de la R. Mère passer quelques heures à Faij pour réunir les papiers et autres objets personnels ayant appartenu à Madame sa mère, selon la prière que lui ont faite ses soeurs et Monsieur son Père.

Nemours 30 janvier 1867

Eymard

Sup.


Nr.1894

Du T. R. Père Eymard à l'abbé Alphonse Tenaillon, plus tard religieux du T. S. Sacrement.

Adveniat Regnum tuum.

Paris, 1er Février 1867.

CHER AMI,

Je viens le dernier vous dire nos voeux ou plutôt ma joie de vos sentiments et de votre choix. Demain vous allez revêtir la robe sacrée et vénérable de Notre-Seigneur, l'habit de cour de la sainte Eglise, l'uniforme du service divin. Beau jour! car ici l'habit montre le soldat et manifeste ses qualités et ses vertus.

Prenez-le avec joie, portez-le avec fierté, gardez-le toujours beau. Oh! cher Monsieur Alphonse, Dieu vous aime bien! la preuve en est palpable, et encore ce n'est que le soleil levant qui paraît; que sera-ce à son plein midi? Soyez bien un bon satellite de ce divin Soleil! Je ne vous dis pas: Travaillez à la science; vous le faites avec ardeur et constance; mais ajoutez à cette science mixte ce qui la rendra toute divine, l'esprit de foi qui est la raison divine des choses et l'esprit d'amour qui en est la sainteté.

Je prie beaucoup pour vous, cher ami; il me semble que c'est un devoir, car je vous aime tous comme ma famille; pensez un peu à moi devant Dieu.

Adieu, cher ami, je vous bénis comme je vous aime

Tout à vous en N.-S.

EYMARD.

Monsieur Alphonse.


Nr.1895

An Marg. Guillot

Paris, 3 Février 1867.

Chère fille,

J'ai reçu aussi une lettre du père Ravanat dans le même sens que la vôtre; c'était une réponse à la mienne.

Je vous engage à remettre cette robe de soie; car voilà trois lettres que je reçois bien pénibles de Mr Lafon, il est très monté. Nous aurons le moyen autre de retirer vos 180 francs.

Laissez partir Joseph; quand on fait des coups de tête semblables, on montre peu de coeur et une disposition à en faire d'autres.

J'attends la demande de Mr Chesneau. Ma réponse sera un refus; cette vieille n'y a aucun droit, la pièce de mairie le prouve. Il n'y a que les riverains de désignés; on ne comprend pas que cette vieille, pour aller à la rue Cordelle, préfère passer par l'impasse. Tout cela est un commérage.

Cependant on peut vous obliger de conduire le canal des égouts jusqu'à la rue de l'Hôpital, si vous ne le faites pas faire au milieu. Voyez cela, on s'est plaint; c'est plus tôt fait de le mettre au milieu. Faites examiner.

Vous avez le droit de recevoir et de renvoyer des aspirantes, des postulantes, des novices, sans l'Evêché. Est-il possible qu'on tienne ainsi à soutenir plutôt les étrangers et les personnes qui ne conviennent pas, que la maison même!

Soeur Benoîte va assez bien, ainsi que sa petite famille.

Adieu, chère fille; mangez bien eucharistiquement.

Je vous bénis toutes en Notre-Seigneur, et surtout ma soeur et Nanette.

EYMARD.


Nr.1896

An Herrn Amadeus Chanuet

Paris 3 février 1867

A.R.T.

Je voulais, avant de vous répondre, avoir vu Mr Rattier. Je l'ai vu le 31 janvier à Nemours; tout le premier il m'a parlé du testament et je l'ai trouvé à des idées très arrêtées:

  1. Que le testament était nul, la portion disponible de la testatrice étant au delà de (la) portion légale, puisqu'elle donne la moitié au lieu d'un tiers.
  2. Que ce n'est pas possible que sa soeur ait changé de sentiment, elle, disait-il, qui m'a assuré cent fois qu'elle ne déshériterait pas ses filles pour s'être faites religieuses; et c'est sur cela que M. Rattier disait que ce changement et cet excès de partie donnée dans le testament lui prouvait que sa soeur était affaiblie.

La réponse en a été que j'avais été consulté par Madame sur cela, et que je lui avais dit qu'elle pouvait très bien donner à sa fille Blanche la quantité disponible, etc. J'ai affirmé que vous n'y étiez pour rien, et ignoriez même le testament. Je ne sais pas si j'ai été dans le vrai, mais j'ai dit que le testament ne donnait que la quotité légale.

Tout cela n'a pas paru faire grand effet sur Mr Rattier, non qu'il soit peiné ou froissé contre vous, mais, comme il l'a écrit à Mr de Couchies, il croit que c'est une question de justice, s'il y a excès de portion disponible.

Je le reverrai, car, assurément, votre chère Belle-Mère pouvait bien avantager sa fille ayant une grande famille, et lui donner ce témoignage d'affection et de dévouement.

Je suis sûr, d'ailleurs, que M.Rattier nous conserve toute sa bienveillance et son affection.

Pour vos belles-soeurs religieuses, elles sont et seront toujours ce que leur affection et leur vénération pour leur pieuse mère les a faites et a fait.

Croyez-moi toujours, cher Monsieur Amédée,

Tout à vous en N.S.

Eymard.

P.S. Si vous avez besoin de moi, je serai heureux de vous rendre quelques petits services, car nous sommes de la même famille et bien unis en N.S.


Nr.1897

A M. JUBINEAU, Sup. des Mission. de l'Imm. Conception, Nantes.

Paris 4 février 1867

Monsieur le Supérieur,

Excusez-moi en votre grande charité. J'ai été absent de Paris, et depuis quelques jours je suis comme presque le St Curé d'Ars, à sortir de ma cellule et à n'y rentrer que pour prendre un peu de repos le soir. Je vous envoie vos diplômes. Je vais vous expédier par la poste des feuilles d'agrégation. Puis j'ai déjà écrit les deux tiers de la méthode d'adoration et vous la recevrez ces jours-ci.

Je prêche une retraite à Paris, c'est ce qui m'absorbe en ce moment. J'ai été bien heureux de mon petit séjour avec vous, vos missionnaires m'ont bien édifiés, et je leur trouve un si bon esprit de simplicité, de charité et de zèle, aussi votre vue ne me quitte pas. J'espère que la grotte est finie et que votre zèle peut agir comme votre coeur et votre grâce.

Priez pour moi, cher Monsieur le Supérieur, notre expropriation me donne beaucoup d'affaires, mais une fois sur le champ de bataille, on tire aussi bien dix coups que deux.

Je vous suis bien religieusement uni en N. S. et tout vôtre.

Eymard.

Si les personnes à agréger veulent offrir quelque chose pour couvrir un peu les frais, ce sera bien, mais ce n'est pas nécessaire.


Nr.1898

An P. Leroyer

A. R. T.

Paris, 11 Février 1867.

Bien cher Père,

Je bénis Dieu de tout mon coeur de voir le bien qu'il fait par vous à Marseille! Les cent Gardes m'ont fait le plus grand plaisir! Marseille est la tête de l'adoration et le coeur.

J'admire leur générosité pour le Bon Maître, c'est ce qui prouve leur amour pour sa gloire.....

Que Dieu est bon de nous consoler un peu! Qu'il remplisse votre apostolat si beau et si bon de toute la grâce de son saint amour et de toute la joie du Saint-Esprit.

Je vous envoie ci-contre le plan de l'église d'Angers, afin que vous l'examiniez et m'en disiez votre avis; il faut savoir que l'on va à la sacristie par la maison au fond de la propriété.

L'architecte a pour chiffre de dépenses 40.000 fr.: c'est minime; il est vrai qu'il y a pour 5 à 6 mille francs de matériaux de démolitions.

On n'a pu rien commencer à cause du froid; voici le moment propice bientôt.

Mr Coltat va faire vos médailles, il a la matière première; je vais lui avancer les 30 francs, cela vraiment n'en valait pas la peine; mais dans la gêne, on le dit et on ne fait pas attendre ainsi les gens.

Nous sommes dans toutes nos courses et dans toutes nos craintes pour l'expropriation qui approche, et l'on nous menace de nous renvoyer dans un bref délai: faites nous faire une neuvaine à Saint Joseph à partir de mercredi pour cela et savoir où le Maître veut aller.

Courage et confiance, cher Père, nous travaillons avec et pour un si bon Maître, en qui je suis,

Tout à vous.

EYMARD.

254 (Hier steht der Grundriß der neuen Kirche)


Nr.1899

An P. Chanuet

Paris, 11 Février 1867.

Cher Père,

Je vous pardonne de bon coeur votre sortie contre M. Madrid, car vous avez bien un peu raison; mais Dieu nous donne là une bonne leçon: que l'on ne gagne rien à se fâcher ou à parler trop vivement. Ayons soin de voir Notre-Seigneur en toutes ces occasions pénibles, de préférer la douceur à la force, la patience à la brusquerie; j'en ai bien besoin pour moi, demandez-le à Dieu pour ma misère, cher Père.

Ayez la complaisance de m'envoyer la note des messes dites par vos Pères; je n'ai pas celles du P. Augonnet du mois de décembre.

Je ne sais si je pourrai réussir à faire ordonner sous-diacre le frère Anatole; comme ce serait sous la responsabilité de la Société, je tiendrai un conseil; et si sa vocation est douteuse et si véritablement il ne travaille pas à se corriger, nous le laisserons là. Aussi, cher Père, par charité comme par justice, menez-le l'épée dans les reins, afin qu'il n'ait rien à vous reprocher.

Rappelez-vous bien que rarement on voit et on se reproche ses défauts d'éducation et de caractère, puisqu'on a l'habitude de soi-même.

Mr l'abbé Durand va passer une huitaine avec nous; laissez-lui la latitude de se promener et de faire avec liberté ses exercices de piété; vous pouvez le mettre dans ma chambre.

J'ai appris vos travaux de pierre, c'est bien; mais donnez une heure à une heure et demie de repos après dîner, afin que la digestion ait le temps de se faire.

Je désire bien aller vous voir tous, mais mille choses me retiennent, surtout la préparation de l'expropriation dont nous avons reçu l'assignation par le Jury.


Nr.1900

An Frau Lepage

A. R. T.

Paris, 12 Février 1867.

MADAME BIEN CHERE EN N.-S.,

Si vous ne me disiez pas que je ne vous ai pas écrit depuis janvier, je ne pourrais pas le croire! Vous savez bien combien votre souvenir et celui de Mlle Antonia sont gravés dans mon âme; car je puis dire que vous êtes toujours présentes à l'esprit de mon coeur et je vais plus loin. J'étais triste, ne recevant pas de vos nouvelles; enfin, c'est moi qui suis en défaut et je vais tâcher de payer un acquit de mes dettes anciennes. Vous voilà donc à Rennes, bien reçue, bien aimée et bien en paix. Que Dieu vous garde bien en cet état longtemps, car la paix est un grand bien; mais il ne faut en user qu'avec la reconnaissance d'un don passager: vous savez que les hommes sont comme le temps.

Remerciez-en Dieu et faites ce que vous pourrez pour l'alimenter; n'ayez pas peur de la maladie ni de la mort, Dieu vous garde et vous gardera; vous avez encore beaucoup à faire! Vous êtes dans la vigueur de l'âge et du zèle, c'est une épreuve que vous avez eue. Dieu l'a permise pour que vous vous mettiez de plus en plus en sa sainte et filiale confiance, et que vous ne vous occupiez pas tant de ce qui vous manque, mais bien de sa bonté, de ses miséricordes et de son amour pour vous.

Je désire bien vous voir; qui sait si je n'aurais pas quelque course de vos côtés? et alors vous aurez ma première visite, comme vous avez ma première prière et bénédiction.

Je vous laisse, voulant que ma lettre aille vite vous dire bonjour et que ce n'est pas mon coeur qui a été en retard.

Tout à vous en N.-S.

EYMARD.


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