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Paris 24 novembre 1866
Cher Monsieur Bonnes,
Je viens vous donner des nouvelles de ma soeur; elle a fait bon voyage, ainsi que ses compagnes. Je dirai même que le voyage lui a fait du bien; elle était émerveillée de Paris, et d'y trouver de si braves gens.
Vendredi je l'ai mise en wagon pour Angers, où elle est arrivée l'après-midi. Je les ai accompagnées un bout de chemin et les ai laissées contentes; quelquefois Nanette pensait à La Mure, devenait un peu sombre, car n'ayant jamais voyagé et se voyant embarquée pour si loin, elle avait peur même de la compagnie. Melle Moulin, de Prunières, a pris peur à Lyon et disait qu'elle allait mourir, si elle allait plus loin. - Elle est retournée à Prunières et bien elle a fait, car un voyage triste et larmoyant conduit à l'hôpital.
J'ai besoin, cher Monsieur Bonnes, de vous remercier de tous vos bons et aimables soins pour ma soeur. Après Dieu, elle vous doit la vie, et c'est une de vos plus belles cures, car elle était si malade!
Ma soeur m'a dit que vous désiriez mettre votre cuisine sous le hangar et percer une porte de la cuisine actuelle. - Nous y consentons de grand coeur, puisque cela vous arrange, faites ce que vous désirez.
J'ai regretté de ne pas repasser par La Mure dans mon voyage à Gap, mais ayant peu de temps à moi, j'ai fait comme les gens pressés, pris les écorches, le chemin de Sisteron, qui me faisait gagner 24 heures.
Adieu, cher Monsieur Bonnes. Croyez-moi toujours
Tout à vous en N.S.
Eymard Sup.
Paris, 27 Novembre 1866.
Chère fille,
Je suis bien inquiet pour votre chère soeur Jenny et pour vous deux. Votre silence me fait bien craindre. Pauvre Jenny! cette belle âme et pure créature, si elle est encore de ce monde, dites-lui bien que je la bénis, que je la reçois de tout mon coeur Servante du Très Saint Sacrement, qu'il faut qu'elle soit au ciel avec nous et la cour eucharistique.
Elle m'a toujours obéi, il faut cela encore.
Je vous bénis et attends avec anxiété de vos nouvelles.
Tout à vous.
EYMARD.
Paris, 27 Novembre 1866.
MADAME BIEN CHERE EN N.-S.,
Merci de vos lettres; je me plaignais, vous avez tout calmé.
Grandes actions de grâces à la Mère de la Reine des Mères, à la bonne sainte Anne. J'attendais toujours cette grâce, continuez-la, cela vaut mieux que les meilleures nourrices du monde.
Je prie bien pour Monsieur; je l'ai rencontré en venant de Marseille, cela m'a fait plaisir.
Je suis aux anges de voir cette angélique Edmée préférer sa dignité et la royauté de son coeur à toutes les plus belles positions. Elle a mille fois raison; puisque Dieu lui demande la préférence, dites-lui, quand vous lui écrirez, que je suis content.
Vous allez maintenant, un peu plus seule, être plus à Jésus au désert, là où il parle à voix basse, parce que les secrets du coeur se disent ainsi à ceux qu'on aime comme soi-même.
Tâchez d'y rester assez pour le trouver, l'entendre et le goûter: la charité a son temps, le recueillement aussi.
Je prie beaucoup pour vous, pour cette chère Mathilde et son petit saint.
Je vous bénis tous en N.-S.
EYMARD, S. S.
An Sr. Antoinette (=Frau Caroline de Boisgrollier)
Paris, 27 Novembre 1866.
Je prie la Soeur Marie de vouloir bien recevoir cette nouvelle prétendante de Marseille.
Eymard
Paris, 7 Décembre 1866.
Bien chère fille,
Vos lettres m'ont trouvé à Saint-Maurice; de là mon retard.
Mais je consens de toute mon âme à ce que vous fassiez venir celle des soeurs que vous choisirez, près de votre bonne et sainte soeur. Que ne suis-je soeur, j'irais moi-même!
Cependant je comprends votre douleur de la quitter; aussi si vous croyez mieux, restez. Si le Ciel devait bientôt s'ouvrir sur cette belle âme, mieux serait d'attendre l'appel céleste. S'il tarde, alors prenez les moyens de tout concilier.
Je n'ai que le temps de vous bénir et de me dire
Tout à vous.
EYMARD.
Je bénis bien de tout mon coeur cette chère malade et la reçois Soeur du T. S. Sacrement.
Paris, 7 Décembre 1866
Cher Père,
Merci de votre procuration. - Votre caisse part aujourd'hui. - J'ai été mis en retard par la préparation de la maison du noviciat de Saint-Maurice. Je vous prie de me pardonner, vous savez combien je me laisse facilement absorber par le présent.
Malgré tous nos efforts, la maison de Saint-Maurice n'est pas prête à cause des peintres, le temps pluvieux n'ayant pas favorisé le travail; nous voilà renvoyés à la Noël ou à l'Epiphanie.
Je vais profiter de ce temps pour aller en Belgique.
Je remercie Dieu de nous avoir conservé le frère Marie, peut-être serait-ce un bon moyen et plus prompt pour la convalescence de nous le renvoyer: je vous en établis juge de l'opportunité.
Que Notre-Seigneur, cher Père, vous garde en la sainte paix et charité de son amour pour lui et pour cette petite Société, bien faible, et bien jeune en vertus: elle a tant besoin de prières et de force.
Je suis en ce Bon Maître,
Tout à vous.
EYMARD,
S. S.
Paris, 8 Décembre 1866.
Chère fille,
Je ne veux pas partir pour la Belgique sans vous dire un mot.
Il me semble qu'il vaut mieux rester encore avec votre chère soeur Jenny, car ce serait la faire mourir.
Votre maison d'Angers va bien, Dieu pourvoit à votre absence.
Le Père Audibert y va aussi souvent, et m'écrit que la maison a bon esprit.
Ainsi, chère fille, ne vous tourmentez pas des deux côtés.
Bien sûr que soeur Mariette est une vieille professe, par conséquent son droit et sa place sont acquis; mais faut-il espérer une maison à Lyon? Je le voudrais bien pour vous. Sous le Cardinal, il me semble que ce ne sera guère faisable.
Que faire? Vendre est le plus sûr, car qui sait combien de temps il faudra attendre, vu surtout qu'il y a un couvent de la Réparation? Cependant rien ne presse pour le moment.
Je dois rester une douzaine de jours en Belgique.
Je serais assurément bien aise de vous voir ici à votre passage; je compte être ici de jeudi en huit.
Dites bien à soeur Jenny qu'elle est toujours ma fille, que je la présente sans cesse à Dieu, que je la bénis tous les matins à la Messe, que je lui donne toutes nos prières.
Je ne vous oublie pas non plus, ainsi que cette bonne soeur Mariette. Adieu, il est onze heures du soir et je pars demain matin.
EYMARD.
Mon adresse: Gand, quai au Bois, 40. Belgique. (6 sous pour affranchir).
Paris 8 décembre 1866
Cher Monsieur Amédée,
Vous savez sans doute que c'est moi qui ai reçu le premier votre beau-père, - qu'il est arrivé tout droit chez nous, ne sachant rien. Je l'ai amené graduellement à la triste et douloureuse nouvelle; il a bien pleuré, mais il est résigné.
L'écrit de Madame que je lui ai lu et qu'il conserve, lui a montré la raison d'affection de Madame pour ne pas l'avoir à sa mort; vraiment il m'a édifié. Sr Vincent l'a vu une demi-heure après, elle a achevé le bien commencé. Ce bon Père est parti pour Lille avec elle. Il m'a promis de revenir.
J'ai remis le testament et le codicille à Mr de Couchies.
J'ai conservé pour votre bonne Dame une mèche de cheveux de sa pieuse et sainte mère, et un petit écrit pieux que je vous envoie.
Je vais partir demain pour Bruxelles; j'y resterai une 10e de jours, puis je reviendrai à Paris.
Je prie bien pour vous et pour Madame Blanche bien éprouvée en ce moment. Elle avait une si bonne mère, elle a maintenant une sainte au ciel.
Je (vous) bénis tous bien religieusement en N.S.
Eymard Sup.
Au cher frère Frédéric.
Paris, 8 Décembre 1866.
CHER FRERE,
L'ordination étant le 22, vous avez besoin de revenir à Paris pour y préparer votre examen d'un traité de théologie à votre choix, et ensuite vous mettre en retraite le lundi de l'autre semaine.
Achevez ce que vous avez commencé pour l'Autel cependant.
Je vous bénis en N.-S.
EYMARD.
R.P. CHANUET
Gand, Quai au bois 40 /10 décembre 1866/
Bien cher Père,
Me voici à Gand - la maison de Bruxelles va bien - mais ils sont bien peu pour l'adoration de 5 heures du matin à 9 h. du soir. J'ai promis de leur envoyer quelqu'un.
Pensez, cher Père, à l'octave de l'Immaculée Conception pour obtenir Marie-Thérèse - mais sans le dire. Pensez aussi à mettre en retraite nos 4 ordinands; lundi - donnez-leur le règlement suivant:
6 h. Messe
7 à 8 Lecture sur les SS. Ordres. Ollier,
9 à 10 1ère méditation.
10 à 11 Notes sur l'oraison faite.
11 1er chapelet.
2 2ème chapelet.
2 1/2 Chemin de Croix.
3 à 4 2ème méditation adoratrice.
5 à 6 Lecture de Rodriguez, leur choisir un traité
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Les séparer des autres - pendant toute la retraite
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Je vous prie de vite faire porter cette lettre par le f. Albert ou autre à M. l'abbé Bedel, ses parents demeuraient dans la maison de Remquet imprimeur St. Sulpice - le fr. Charles le sait.
Priez bien pour ma retraite. - J'ai un rhume qui voile ma voix, je ne sais pas comment je vais me faire entendre, à la grâce de Dieu.
Tout vôtre en N.S.
Eymard
Mettrez à la poste avec un timbre de 10 cent. cette lettre de M. Darterac.
(On lit au haut de la lettre: "Lisez les lettres de Paris, envoyez-moi les autres en y ajoutant 10 cent. Affranchir avec 50 cent."
Bruxelles, 17 Décembre 1866.
MADAME EN N.-S.,
Je prends bien part à votre douleur, et encore plus à votre confiance et à votre espérance. Oui, ayez confiance, Dieu a exaucé vos prières pour cette pauvre âme. Dieu a dans son infinie miséricorde des grâces de réserve et mystérieuses.
Nous prierons bien pour cette chère âme; j'écris par le même courrier à Mr Jubineau, Supérieur, pour accepter le Triduum les 17, 18 et 19 janvier. Mr le Supérieur me prie et me presse d'accepter l'hospitalité chez lui. Je ne vois pas comment le lui refuser; je vous dédommagerai donc d'une autre manière.
Je serai à Paris demain. Si, après la Noël ou au commencement de janvier, vous êtes libre, je me mets tout à votre disposition pour Paris.
Je n'ai que le temps de vous bénir et de me dire, en N.-S.,
Tout à vous.
EYMARD, S.
Bruxelles, 18 Décembre 1866.
Bien chère fille,
Je suis à Bruxelles, j'apprends à l'instant, par le P. Champion, la mort de votre chère et sainte soeur Jenny, arrivée hier à deux heures et demie. De suite je me suis mis à genoux pour prier pour elle, et j'ai offert à Dieu tous les mérites et toutes les indulgences de la Société pendant neuf jours, pour que, si elle a besoin d'être purifiée encore, Dieu la fasse entrer au plus tôt dans le Ciel.
Elle a eu, cette chère soeur, la consolation de recevoir, hier matin, à six heures, Notre-Seigneur: c'est une grande grâce, car ce bon Maître qu'elle a toujours aimé et servi si purement et si pieusement, l'aura reçue dans ses bras de miséricorde et l'amour.
Pauvre soeur! Je la pleurerais, si sa mort n'était pas si belle et si sainte; mais au lieu de la pleurer, je l'envie. Je voudrais être à sa place. Oui, oui! demain d'abord, je dirai la sainte Messe pour elle et aussi pour vous, chère fille, et pour votre bonne soeur Mariette; car à la fatigue du corps, vous devez avoir une grande tristesse de l'âme, tristesse bien légitime et bien juste, car c'est une perte pour le coeur. C'est un rendez-vous, pauvre fille, auquel votre bonne soeur arrive la première.
Je pars jeudi matin de Bruxelles pour Paris, où j'arriverai à cinq heures du soir; là, j'attendrai de vos nouvelles. Ecrivez-moi le jour et l'heure de votre arrivée, afin que j'aille ou envoie vous chercher à la gare.
Vous avez bien fait de décider soeur Camille à suivre son petit traitement. Son cher fils, le P. Chanuet, est peiné de voir sa mère hors de son couvent, et je le comprends bien.
Agissez pour le mieux, chère fille, pour vos effets, vous avez grâce et expérience.
Adieu, je vous bénis, vous et votre chère soeur Mariette. Ne vous mettez pas de suite en voyage, vous aurez besoin de vous reposer un peu.
Que Dieu soit votre consolation et votre force!
Tout à vous en Notre-Seigneur.
EYMARD.
Paris, 22. Déc. 1866
(Mandatum - Briefe-Abschrift von P. Eymard)
Paris, 30 Décembre 1866.
CHER PERE RAVANAT,
Je vous attends toujours pour venir demeurer avec nous, votre place est au Saint Sacrement avec vos trois filles. Votre cellule est toute prête à Saint-Maurice. C'est à la Messe de minuit que nous avons exposé le Très Saint Sacrement dans cette jolie chapelle: tout est fini, et tout y est ravissant. Soyez assuré, bon père Ravanat, que tout vous y deviendra facile; nous n'avons pas d'autre jeûnes que ceux de l'Eglise, ni des pénitences extraordinaires: votre santé est plus que suffisante pour ce genre de vie.
J'ai appris avec grande peine que Fr. Eugène vous avait peiné; excusez-le, car il était un peu ennuyé. D'ailleurs, il n'est plus à Saint-Maurice et ne doit plus y retourner. Je vous attends pour l'Epiphanie, avec votre bonne fille Marie, et ce sera une fête pour vos amis de vous revoir et recevoir.
Je vous souhaite aussi une bonne et sainte année, la meilleure que vous ayez jamais eue, celle de la grâce de la vie religieuse.
En venant, apportez-nous une bouteille de liqueur de la Chartreuse que vous trouverez à Grenoble chez Mlle Marsalat, place Notre-Dame, marchande d'ornements d'église.
A bientôt donc. Je vous bénis et votre chère fille Marie.
Tout à vous.
EYMARD, Sup.
Paris, 30 Décembre 1866
Bien cher Père,
Les réflexions que vous me faites sur le frère Marie sont trop justes pour ne pas m'y rendre; que Dieu lui donne la force pour reprendre son service eucharistique.
Je vous remercie bien de tout mon coeur, vous et votre famille, des voeux de Noël: Rome chrétienne souhaite les bonnes fêtes, et les pays sans foi, le jour de l'An. Oh! oui, je vous ai bien tous placés sur la patène du sacrifice de minuit, et surtout vous, cher Père. Je célébrais à la maison du noviciat de Saint-Maurice ouverte ce soir-là à l'exposition royale du divin Maître avec quinze adorateurs, parmi lesquels Mr Crépon, curé d'Angers, et Mr l'abbé Augonnet; nous avons travaillé beaucoup pour arriver à cette heure, car les ouvriers nous avaient fait défaut.
Le Maître est bien logé, c'est l'essentiel.
Je suis resté à Saint-Maurice jusqu'au jeudi soir; me voici à Paris, occupé à la Première Communion de nos enfants: ils viennent de la faire aujourd'hui; puis voici les visites du Jour de l'An: hélas! quelle vie absorbée! pourvu que Notre-Seigneur y trouve sa gloire.
Je suis content de nos scolastiques; je vais me mettre à leurs classes, en attendant que je fasse venir le P. Viguier de Bruxelles pour m'aider; le frère Jules est minoré, frère Anatole de Paris minoré, les frères Frédéric et Albert tonsurés, le frère Anatole n'est encore que novice, et nous a quittés; je reste ici avec les trois autres, fr. Charles, fr. Alexandre, un novice et le P. Billon avec ses trois petits frères: voilà toute notre maison; le service n'en a pas souffert; nous avons continué l'adoration nocturne comme avant.
Nous avons de plus un prêtre retraitant. Tout va; j'espère que le Bon Maître sera content de notre bonne volonté.
Adieu, cher Père.
Paris, 31 Décembre 1866.
Bien chère fille,
Je vous remercie de vos voeux. Je vous les rends au centuple aux pieds du bon Maître. Il sait combien votre âme m'est chère, vos sacrifices pour son service et sa gloire consolants.
En tout, il ne faut voir que le Service eucharistique de Jésus, et n'estimer, n'aimer, ne désirer que les choses qui vont droit à la divine Eucharistie. Nous ne devons aimer la Société que parce qu'elle est la servante heureuse et fidèle du Bon Maître, trop heureux d'avoir été choisis pour y travailler en premier.
Dites à votre chère soeur Mariette aussi tous mes sentiments affectueux et dévoués, et que Dieu lui rendra au centuple tout ce qu'elle a fait pour lui.
Vous ferez bien d'aller à Nemours. Soeur Benoîte a besoin de vous, et vos filles aussi; car ces pauvres enfants ont bien souffert des premières épreuves. Il faudra voir aussi à leur donner deux soeurs de plus, car leur service est trop pénible, étant si peu.
Vous me trouverez à Paris, où j'espère vous voir et vous donner vos petites étrennes. J'ai tout reçu.
Je vous bénis bien religieusement en Notre-Seigneur.
Tout à vous
EYMARD, S. S.
A. R. T.
Paris, 31 Décembre 1866.
Bien cher Père,
Vos sentiments toujours si dévoués et si délicats pour la Société et si bons pour moi me touchent toujours jusqu'au fond de l'âme. Il est vrai, il y a si longtemps que nos âmes sont unies en Notre-Seigneur et pour Notre-Seigneur; vous avez été l'ami de la première heure et vous gardez votre numéro d'ordre; merci donc, bien cher Père, merci en l'amour et la bénédiction du Bon Maître, de vos souhaits et de vos voeux si eucharistiques. Je tâche aux pieds du trône de la grâce de vous les rendre et prie Notre-Seigneur de bénir encore plus vos travaux et vos désirs pour sa gloire et son service.
C'est le jour de Noël que nous avons ouvert la maison de St Maurice. A minuit, Notre-Seigneur a pris possession de l'autel et de son trône; j'espère qu'il s'y trouvera mieux qu'en la crèche de Bethléem. J'y ai laissé quatorze novices. Je n'ai pu vous en donner avis, car rien n'était prêt; la veille de Noël, la chapelle avait encore les ouvriers et les peintres. Nous avons brusqué le travail, car cela n'aurait jamais eu une fin. Le fr. Eugène, en ceci, m'a prouvé qu'il n'est qu'un homme de coup de main, mais ne peut suivre une affaire, a fortiori plusieurs ensemble. Il a perdu ma confiance: je le croyais plus habile et surtout plus économique; pour moi, c'est un homme nul et je dirai même dangereux, car il ne sait pas compter: pour gagner un sou, il dépense un franc.
Nous avons eu à l'ordination deux tonsurés: le fr. Frédéric et le fr. Albert; deux tonsurés et minorés: fr. Anatole, novice.
J'ai été content de Bruxelles; il y a une retraite pour les Agrégés au commencement du carême. Le P. Champion vous désire bien; vous verriez là une bonne famille: les Belges sont de braves gens, un peu froids, mais sincères.
J'irai vous voir à la mi-janvier. Mgr l'Evêque de Nantes m'ayant prié de donner à son adoration de Nantes un triduum le 17, 18 et 19, j'ai accepté; alors, j'irai vous voir avant.
Quand vous écrirez à votre chère famille, rappelez-moi à son bon souvenir. Je suis en la sainte dilection de N.-S., cher Père,
Tout à vous.
EYMARD.
S. S. S.