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Nr.1901

An Fräul. Julia Bost

A. R. T.

Paris, 12 Février 1867.

MADEMOISELLE ET BIEN CHERE SOEUR EN N.-S.,

Comme je m'en veux de vous avoir laissé attendre si longtemps une réponse si justement attendue! J'ai fait comme les mauvais payeurs qui croient avoir payé, mais ce n'était qu'en dormant.

Bref, me voici repentant.

Continuez, continuez bien et toujours à faire la sainte Communion quotidienne. Quittez plutôt ce confesseur, s'il le faut. Avant tout: la vie, et le régime spirituel et divin de la vie qu'on vous a donné à bonne cause et à bon escient.

Vous savez par expérience que vous avez plus besoin de force que de morale, de grâce que de vertu, d'amour que d'exercice... Ainsi, laissez là tous vos scrupules et toutes vos perplexités, et allez de l'avant par un bon vent ou par le vent debout; mais alors il faut tirer des bordées de confiance en Dieu et aller toujours à pleines voiles.

Vous êtes à Dieu, toute à Dieu, et toujours à Dieu: donc, il faut vivre de Dieu, se reposer en Dieu, et se réjouir en Dieu. Or, comment le faire, sinon par la sainte Communion?

Donc, il faut communier, mais en regardant le Coeur de Notre-Seigneur qui vous appelle, la voix de l'obéissance qui vous dit: Allez! et non en vous considérant au miroir de vos actions, ou de vos vertus. Alors il faut aller se cacher au fond d'une grotte du désert et pleurer de vivre encore.

Ecrivez-moi que vous êtes mieux et que vous suivez ma direction, car je vous connais mieux que personne.

Vous voilà avec votre amie: Deo gratias!... Soyez toujours gaie, pieuse et heureuse, mais avec votre manière, comme le bon Dieu vous a faite.

Je vous promets d'écrire un de ces jours à votre amie Mlle Bonis.

Adieu, chère fille. Je vous bénis comme je vous suis tout dévoué en notre bon Maître.

EYMARD, S. S.


Nr.1902

An Fräul. Virginie Danion

A. R. T.

Paris, 13 Février 1867.

MADEMOISELLE BIEN CHERE EN N.-S.,

Je prends une large part à votre sacrifice. Dieu a retiré votre vénérable et si bon Père de ce monde pour le mettre en son Paradis; c'est le temps de l'heureuse moisson pour lui! La mort des Justes est précieuse devant Dieu, c'est un doux sommeil sur le coeur de Notre-Seigneur. Oh! que la nôtre soit celle de l'amour! Il faut maintenant bien prier pour l'entière purification de cette chère âme; je le ferai avec vous avec d'autant plus d'affection que je l'ai connu et aimé, ce bon Père.

Voilà pour vous un lien de moins sur cette terre; en voilà deux grands brisés cette année: la paroisse et la maison.

Allez bien droit vers Dieu seul et sans vous plaindre de n'avoir plus de directeur sous la main; plus vous irez, moins vous en aurez. Il y a un moment où dieu nous veut seul; et il nous suffit. Vivez bien en votre âme en Notre-Seigneur, car c'est là votre vraie maison et votre vraie vie.

Adieu, chère soeur et fille en la divine Eucharistie. Je vous bénis comme je vous suis uni en ce bon Maître.

EYMARD, S. S.


Nr.1903

An Fräul. Virginie Danion

A. R. T.

Paris, 14 Février 1867.

MA CHERE SOEUR EN N.-S.,

Votre lettre est arrivée à temps. Je n'avais pas encore conclu définitivement le marché; ainsi vous êtes libre d'acheter celui que vous voudrez à Rennes.

Je vous conseille de lire beaucoup la Sainte Ecriture, l'Ancien et le Nouveau Testament, et aussi ce que vous pourrez trouver en français de saint Bernard, de saint Bonaventure, de saint Jérôme, comme ses Lettres, et de les lire, cela vous fera grand bien: il faut écouter en sa source divine la parole de Dieu.

Adieu, chère soeur Anne; ce nom signifie grâce; obtenez-la moi bien auprès de Dieu.

Je vous bénis en notre bon Maître.

EYMARD.


Nr.1904

An Herrn Ravanat

Paris, 14 Février 1867.

CHER PERE RAVANAT,

Je bénis le Bon Dieu de votre bonne résolution de venir retrouver vos filles. Ce sera une filiale famille pour vous. Vous ne ferez que changer de maison et d'occupation. Si vous ne vous plaisiez pas, vous viendriez chez nous et nous vous recevrons toujours les bras ouvert et le coeur.

Tâchez, bon père Ravanat, de venir le plus tôt que vous le pourrez; prenez cependant votre temps, mais abrégez tant que vous pourrez. Apportez-nous quelques-uns des outils que vous faites, car cela nous sera très nécessaire à Saint-Maurice. Cependant, si cela ne se peut, n'en parlons plus.

Je vois la joie et le bonheur de votre chère fille Marie de venir, avec son cher père, retrouver ses bonnes soeurs si heureuses au service du bon Maître.

Ayez la bonté de prier pour nous; nous le ferons bien pour vous.

Adieu, ou plutôt à bientôt, cher père Ravanat.

Tout à vous en N.-S.

EYMARD.


Nr.1905

An Superior Jubineau, Nantes

Paris 17 février 1867

Monsieur le Supérieur,

Enfin je vous envoie cette pauvre méthode d'adoration, vous en ferez ce que vous voudrez, coupez, ajoutez.-

On ne peut rein faire de bien sur un champ de bataille, et j'en suis là depuis mon départ de Nantes, il faut bien rester à son poste, mais quelquefois ce serait à se sauver.

Je me rappelle toujours avec joie les quelques jours que j'ai passés avec vous, vos bons Messieurs m'ont bien édifié, ce sont de bons et excellents religieux, qui méritent bien de la Ste Eglise et des âmes.

Je réponds à vos questions:

1· La seule chose essentielle pour être agrégé, c'est de donner à une personne déterminée la feuille d'agrégation signée. le reste n'est qu'un complément, si on voulait faire une cérémonie comme nous le faisons dans nos maisons, où l'on en reçoit plusieurs à la fois, on peut, et je le fais ordinairement, en particulier réciter sur la personne à genoux la formule Ego ex facultate, cela se fait alors sans cérémonie, ni surplis, cela frappe davantage, vous serez juge.

2· Il n'y a qu'une seule obligation, celle de faire l'adoration mensuelle, et même si on la manquait, on reste agrégé, puisqu'on est affilié sans condition aux biens spirituels de la société, seulement on se prive de cette grâce d'adoration et on fait un peu tort aux autres.

3· Toutes les autres pratiques indiquées dans la feuille, ne sont que de conseil.

4· Quand le prêtre délégué récite Et ego ex facultate, c'est bien en son nom qu'il le récite, - c'est toujours la même source et le même pouvoir.

Priez pour moi, bon Père Supérieur, j'en ai bien besoin, car tous les jours mes devoirs augmentent et s'étendent et mes forces et ma vertu diminuent.

Croyez-moi toujours en N. S., cher Monsieur le Supérieur,

Tout à vous.

Eymard Sup.


Nr.1906

An Frau v. Grandville

Paris, 17 Février 1867.

MADAME BIEN CHERE EN N.-S.,

Enfin, ce matin, j'ai fini cette pauvre méthode d'adoration et l'envoie à Mr Jubineau. Si on la trouve passable et propre à faire du bien, vous le verrez: il aurait fallu me mettre en prison à Nantes avant de partir et me dire que je n'en sortirais pas avant de l'avoir achevée. C'est qu'à Paris, je ne suis pas libre; on m'emprisonne dans les affaires, et aussi je ne sais pas m'y prendre.

Me voici à Paris, fixé; cependant j'aurais dans quelque temps à donner une retraite au Noviciat, mais le moment n'est pas encore décidé. Je pense que pour votre retraite il faut attendre un peu le beau temps, car c'est si pénible quand il pleut!

Vous savez que je vous serai tout dévoué; je suis revenu de Nantes, comme je suis allé, tout neuf, n'ayant fait aucune connaissance nouvelle, ne gardant et ne connaissant que vous.

Cependant j'ai été bien édifié de vos Nantaises: il y a là du bon et du combustible pour le Très Saint Sacrement; mais il me semble que le culte du Très Saint Sacrement y est bien froid, et que, l'adoration exceptée, on ne prêche pas assez le Très Saint Sacrement.

En France ce n'est pas comme à Rome, où l'adoration des Quarante-Heures se suffit par sa solennité; nous voulons la prédication de plus, parce que nous sommes moins instruits et moins pieux. Je ne vous dis rien de vous, parce que je vous suppose toute en Dieu.

Votre télégramme m'a fait bien plaisir, parce que j'ai vu, en cela, deux petits reproches. Primo, que je ne lirais pas votre lettre. Secundo, que je la renverrais au lendemain. Vous avez bien réussi, car je me suis mis de suite au travail.

Je vous laisse à Notre-Seigneur. Mes religieux souvenirs à votre bonne soeur.

Tout à vous en N.-S.

EYMARD, S.


Nr.1907

An Marg. Guillot

A. R. T.

Paris, 20 Février 1867.

Chère fille,

Je reçois votre lettre avec son contenu. Je ferai toutes vos commissions et recommandations à Mr Ravon.

Mon Dieu! débarrassez-nous de Mlle Sterlingue: elle n'a plus de coeur pour une Oeuvre qu'elle voulait avec tant de générosité. Elle me fait de la peine toutes les fois que je la vois. Elle a à payer les impositions de sa maison et des lieux dont elle a les clefs et l'usage; à nous le reste.

Vive la croix! Laissez passer cet orage; il passera comme tant d'autres. Il faut plaindre ces pauvres gens.

Il faudra écrire vous-même à Mme Ratel, rue Traversière, Tours. C'est à elle à payer la pension, mais on va la trouver un peu forte. Laissez-la un peu à leur décision, en disant que pour les novices, c'est 600 francs, et les retraitantes, 3 francs par jour.

Soyez coulante avec Mr Trottier.

Rien de nouveau pour notre maison présente et future; nous prions et avons confiance en la divine Providence.

Je vous bénis en courant.

Tout à vous

EYMARD.

Oui, faites faire gras à ma soeur, à votre soeur, et vous le ferez plus que les autres.

J'ai écrit à Mr Ravanat, j'espère qu'il viendra bientôt.


Nr.1908

An Dr. med. Bonnes in La Mure

Paris 20 février 1867

Cher Monsieur Bonnes,

Laissez-moi vous remercier de votre dernière lettre et de votre bonne amitié, j'y tiens beaucoup.

Si vous venez à Paris pour l'Exposition, j'espère bien que vous ne prendrez pas d'autre habitation que la nôtre, vous serez reçu en ami.

Ma soeur m'écrit que vous désirez faire une cuisine du hangar; il est juste que ce soit à nos frais et non aux vôtres, vous en ferez faire un petit devis, et vous aurez la bonté de me l'envoyer. Comme aussi, elle me dit vous avoir proposé la location de toute la maison, excepté ma chambre; Pour moi, je ne fais pas d'exception, car en allant à La Mure, j'y suis pour si peu que je ne voudrais pas vous priver de cette grande chambre; ou bien, si vous l'aimez mieux, je vous prie de vous en servir comme de la vôtre.

Ma soeur m'écrit qu'elle a été très heureuse de votre portrait. Elle va bien, je vais la laisser encore tant qu'elle le voudra à Angers - elle pense souvent à La Mure, et à vous qui avez été si bon pour elle; acceptez encore mes affectueux remerciements, et croyez-moi toujours en N.S., Cher Monsieur Bonnes, Tout à vous.

Eymard Sup.


Nr.1909

An Herrn Amadeus Chanuet

Paris 21 février 1867

Cher Monsieur Amédée,

Nous nous unissons bien tous à la neuvaine pour la guérison de votre bonne mère, notre chère Soeur en N.S. Nous l'avons commencée avec vous hier et nous le ferons en union avec vous tous.

Dites-lui bien, à cette bonne mère, combien je lui suis attaché et dévoué, et combien je désirerais la voir. Elle doit bien souffrir de ne pouvoir être à son office angélique d'adoratrice, mais le Bon Maître veut qu'elle l'adore en ce moment sur la croix, et par l'union à ses souffrances.

On m'a remis le paquet des 6 photographies de Madame de Couchies, votre pieuse et sainte belle-mère; que faut-il en faire ? et à qui envoyer de votre part? Je ne sais si ce compte est réglé, ou plutôt je ne le crois pas. Je demanderai cela au P.Chanuet.

La jolie chapelle de Toussaint que j'aime de tout mon coeur est environnée de petits calvaires qui clouent à la croix les âmes et les corps, mais le coeur y va souvent, et vous, cher Monsieur Amédée, il faut payer pour tous, trouver le moment de voir, de saluer et de prier cet hôte divin qui est le premier Maître de la maison.

Mon bon souvenir à la mère et à Madame, à qui je désire pleine santé.

Croyez-moi toujours avec une grande affection Tout à vous.

Eymard S.

P.S. On va vous envoyer ces jours-ci des tonneaux vides. Madame de Couchies m'avait parlé d'un projet de mariage d'une jeune veuve de votre voisinage pour Mr Clément Bernard excellent jeune homme sous tous les rapports. Sa soeur, Melle Clémence, m'a prié de vous le rappeler pour savoir s'il y aurait une probabilité d'espérance.


Nr.1910

An Fräul. Virginie Danion

A. R. T.

Paris, 24 Février 1867.

MADEMOISELLE EN N.-S.,

J'ai reçu votre lettre et les 2 fr. contenus pour messe dont nous accomplissons avec plaisir les intentions. Votre ciboire sera prêt, je l'espère, et pour le prix environ.

Je ne vous dis rien de vous aujourd'hui où je suis trop pressé; à plus tard. Cependant laissez-moi vous dire que le feu se nourrit en lui-même, quand un bon foyer l'alimente; l'activité est son élément, c'est vrai, mais la vraie activité de l'amour est intérieure; vous voyez bien que Notre-Seigneur vous a emprisonnée chez vous et en lui par les tempêtes qui sont arrivées.

Quand Dieu voudra donner un exercice extérieur à cette flamme et la rendre incendiaire, un petit vent aura vite incliné sa flamme vers le bois qui l'environne; et quand ce vent soufflera chez vous, alors laissez-la dévorer absolument; c'est Dieu qui la pousse.

Adieu, bonne et chère soeur en Notre-Seigneur. Je vous bénis. Priez saint Joseph pour nous, nous sommes en grands embarras d'expropriation et nous ne savons encore où nous logerons notre Maître. On nous dit que le 1 er avril sera peut-être notre congé d'ici. Faites-moi à cette intention une neuvaine à saint Joseph.

Tout à vous en N.-S.

EYMARD, S.


Nr.1911

An Marg. Guillot

Paris, 5 Mars 1867.

Chère fille,

Je vous envoie la lettre de Mr Courtois; gardez, en attendant, ce billet.

J'ai lancé la menace à Nemours, ils commencent à comprendre.

Recevez bien ces demoiselles Lieutaud, et comme elles désireront être, elles sont si bonnes; puis c'est une Providence que Dieu vous ménage. Elles ont toujours pensé aux Servantes du Très Saint Sacrement, et, sans leur mère, elles seraient entrées des premières.

Ayez la bonté de nous faire venir du cambrai de Lyon, ou plutôt attendez, je vais voir à Paris, ce serait plus commode.

Soyez large pour le Carême, mais forte pour ce qui se peut évidemment.

Je vous bénis en Notre-Seigneur.

EYMARD.


Nr.1912

An Frau v. Grandville

Paris, 5 Mars 1867.

MADAME BIEN CHERE EN N.-S.,

Je vous envoie l'adresse demandée, et désire bien vous voir guérie; ce remède est le meilleur qui existe, dit-on.

Vous avez dû recevoir ma méthode. Je ne sais si elle aura mérite de voir le jour; au moins, j'ai eu la volonté. J'ai dit à Mr Jubineau de couper, de trancher, d'ôter tout ce qu'il voudrait.

Je ne sais encore quand je pourrai vous écrire pour votre retraite. Le 8 mars, notre expropriation est jugée par le jury; de là, les soucis de réinstallation. Je vous demande bien vos prières pour le 8 et les quatre jours suivants. Priez saint Joseph pour nous.

Je vous envoie l'adresse de Saumur ci-incluse. Je prie Dieu de vous guérir.

Adieu, je vous bénis bien en N.-S.

EYMARD, S.


Nr.1913

An den Architekten Perret

Angers 17 mars 1867

Cher Monsieur Perret,

J'espère bien que nous aurons le plaisir de vous voir à Paris. Voici une grosse contrariété qui nous arrive, nous sommes expropriés par la ville pour le boulevard Arago. Tout est fini, nous cherchons une maison maintenant pour nous loger et surtout pour loger le Bon Maître, nous en avons plusieurs en vue.

Je pense qu'on ne nous laissera pas longtemps chez nous, car on est pressé pour vite ouvrir le boulevard. Je vous en donnerai avis dès que l'époque sera décidée, afin de venir à Paris.

Ce sera peut-être une contrariété pour vous, mais un plaisir pour nous de vous recevoir; il y a si longtemps nous ne vous avons vu! il est vrai que vous n'êtes pas resté inactif, puisque N.D. de la Roche est faite et très bien faite. Vous devez être consolé de ce saint et pieux pèlerinage qui va devenir une source de grâces et de consolations pour tant de peuples!

A bientôt, cher Monsieur Perret, croyez-moi toujours en N.S.

Tout à vous.

Eymard.


Nr.1914

An Frau Lepage

Angers, 17 Mars 1867.

MADAME EN N.-S.,

C'est d'Angers que je vous écris ces deux mots; j'y suis venu pour la construction d'une église au Saint Sacrement et pour l'ordination d'un de nos religieux. Je serai lundi à Paris. Nous venons d'être expropriés par la Ville; il faut nous remplacer d'ici au 15 avril. Nous avons bien besoin que saint Joseph nous vienne en aide. Ma soeur va assez bien, elle est heureuse au Très Saint Sacrement.

Je suis heureux de la bonne harmonie de famille qui existe; c'est une grâce, que Dieu la conserve!

Je suis bien de l'avis de ce prédicateur, qu'il faut éviter la tension d'esprit et une vertu toujours sacrifiante; il faut bien vivre de l'action de grâce, ce qui suppose une âme sous la joie des dons et des biens du Seigneur.

Pour vous, votre voie doit être l'expansion en Dieu et un peu dans la charité du prochain.

Soyez heureuse en Dieu et en ce qu'il vous envoie dans son infinie bonté.

L'amour est fort, il ne refuse rien à Dieu, et lui donne avec joie ce qu'il demande ou désire.

Ainsi entrez bien dans cette voie de grâce.

Je vous bénis ainsi que votre chère amie. Donnez-moi des nouvelles de votre retraite.

Tout à vous en N.-S.

EYMARD.


Nr.1915

An Frau v. Grandville

Paris, 27 Mars 1867.

MADAME EN N.-S.,

Notre expropriation est terminée: le jury nous a alloué 350.000 francs! c'est le prix du quartier. Il n'a pas été généreux, mais tout juste, cependant; la Ville ne nous en offrait que 300.000 francs. Cela paraît une grosse somme; mais, au prix des terrains et des maisons depuis tous ces boulevards, cela n'est rien. Aussi allons-nous louer un pensionnat vide, boulevard Montparnasse, 112; nous y serons très tranquilles. On nous dit qu'il faudra quitter ici le 15 avril.

Si vous vouliez faire votre retraite la semaine prochaine, j'espère être un peu libre. Le temps n'est guère beau, il est vrai, et peut-être, sortant de la grippe, vaut-il mieux attendre un peu!

Vous m'aurez toujours à votre service.

J'ai reçu un exemplaire de ma petite méditation d'adoration. Il manque un de à la cinquième page, à la vingt-neuvième ligne: "et vous obtiendrez tout de l'amour de Jésus."

Je voudrais bien en avoir quelques exemplaires pour mes enfants. Je compte sur votre charité; quoique ce ne soit pas parfait, tant s'en faut, cependant cela peut aider à mieux faire l'adoration.

J'aime Nantes plus qu'Angers; Dieu nous y voudra-t-il? Tout ce qu'il voudra.

Je vous bénis bien en N.-S.

Tout à vous en lui.

EYMARD, S.


Nr.1916

An P. de Cuers

A. R. T.

Paris, 27 Mars 1867.

Bien cher Père,

Je vous suis bien reconnaissant de m'avoir donné de vos nouvelles, et je le suis encore plus de voir que vous allez mieux.

Hélas! cher Père, ce sont des avertissements de la Divine Providence, c'est ainsi que vous avez jugé ces accidents; cependant il est bien permis de demander de travailler encore pour le service du Bon Maître et de souffrir pour son amour.

Je vous envoie votre feuille de pension; on nous a répondu au Ministère qu'il y avait plus d'un mois que Marseille avait reçu l'ordre d'acquitter votre pension. Quant à la Chancellerie, on a dû faire la même chose; cependant s'il y a eu oubli, a-t-on dit, que Monsieur adresse une seconde demande à Mr le Chancelier, et il y sera fait droit de suite.

Vous me demandez un prêtre afin que la maison de Marseille ait le suffisant et l'ordinaire, en vos petites absences. J'ai bien le P. Chaves, mais il est juste de laisser Angers jouir un peu de son nouveau sacerdoce.

Je pense d'ailleurs que vous ne voulez pas sortir pendant le Carême; et après Pâques, je prendrai un prêtre novice plutôt que de ne pas vous donner le moyen de sortir un peu et de vous faire du bien.

Le Jury nous a fixé à 350.000, 50.000 de plus que la ville nous offrait; ce jury a été très sévère, de nos côtés nous sommes les mieux partagés, nous ne savons encore l'époque de notre paiement, on dit que cela ne tardera pas; nous allons louer une maison en attendant d'acheter, ce n'est pas le moment de faire une acquisition; les terrains et les maisons sont à des prix très élevés, soit par l'Exposition, soit par le Luxembourg et les boulevards faits et à faire.

D'ailleurs nous en trouverons rien; quant à la somme, nous la placerons sur les obligations du chemin de fer d'Orléans.

J'ai revu M. Coltat pour les médailles du P. Leroyer; vraiment c'est pénible d'avoir affaire à de pareils fournisseurs.

Ne m'oubliez pas, cher Père, devant Notre-Seigneur, j'en ai grand besoin.

Tout à vous en Notre-Seigneur.

EYMARD, S. S. S.


Nr.1917

An Hochw. Superior Jubineau, Nantes

A. R. T.

Paris 27 mars 1867

Monsieur le Supérieur,

Je vous remercie bien de votre bonne et aimable lettre - vous m'avez pendu! vous en porterez le péché, si péché il y avait; je vous remercie aussi de l'exemplaire que vous m'avez envoyé de l'adoration.- J'en désirerais quelques feuilles pour mes religieux, cela leur viendrait un peu en aide dans leurs fréquentes adorations.

Il faut, pour gagner les indulgences de notre Congrégation, réciter 5 Pater et 5 Ave comme d'usage et de prescription.

Je conserve toujours de Nantes et de votre sainte maison un souvenir pieux et gracieux, mais celui que je préfère à tous, c'est le votre dans votre memento de charité sacerdotale. J'aime à vous garder dans le mien.

Croyez-moi, en N. S.

Monsieur le Supérieur,

Tout à vous

Eymard

Sup.


Nr.1918

An Marg. Guillot

Paris, 28 Mars 1867.

Chère fille,

Mr False me demande son indemnité de l'impasse; voilà déjà deux lettres que je reçois, mais je croyais qu'on l'avait payée. Dites-le moi, envoyez-m'en le reçu, afin que je le lui montre; comme aussi la lettre qu'il avait écrite, par laquelle il disait qu'il ne voulait rien pour lui, mais qu'on s'arrangeât avec son locataire, Mr Barret.

Je crains que ce Mr False ne revienne sur sa parole et qu'il faille payer encore.


Nr.1919

An Frau Lepage

A. R. T.

Paris, 3 Avril 1867.

MADAME EN N.-S.,

Je vous remercie de votre lettre. Quant à ce qu'elle contenait, j'ai fait comme les pauvres qui n'ont plus rien (et j'en étais là à ce moment), je me suis mis à genoux, j'ai dit un Pater et un Ave pour vous, j'ai remercié la divine Providence: car jamais grâce plus actuelle. Que Dieu vous le rende, chère fille! Nous faisons déjà notre déménagement, car le 15 avril les démolisseurs seront sur nos toits.

Nous allons demeurer 112, boulevard Montparnasse, près de la gare de Rennes; nous nous y installerons du 10 au 14.

Vous avez donc été fatiguée, pauvre fille! Oui, cela tient du Ciel et de la terre, c'est l'épreuve, afin que vous vous abandonniez bien entre les mains de la divine Providence et surtout dans la confiance filiale à la Miséricorde si grande et si paternelle de Dieu.

Dieu nous montre par là que l'on ne peut se reposer sur ses bonnes oeuvres, ni sur ses vertus, mais seulement sur sa grâce.

J'espère que cette épreuve ne reviendra pas, mais si jamais elle voulait frapper à votre porte, ne la recevez pas, mettez-la vite entre les mains de l'obéissance et du Directeur de votre âme; parce que la tête tourne dans cette tempête si terrible; elle est comme le mal de mer, une fois sur la terre de la confiance, tout a disparu. J'espère bien vous voir un jour à Paris avec votre chère amie et qui m'est bien chère aussi. Son neveu Tholin est venu me faire ses adieux, il y a quelques jours; il était heureux de sa nomination privilégiée au poste d'Agen, sa mère ira le rejoindre en revenant d'Hyères d'auprès de son frère.

Je vais écrire à votre bonne soeur. Je suis en retard avec elle. Hélas! quel débiteur je suis! je dois à tout le monde!

Je fais un peu comme les pauvres, je prie bien pour tous et surtout pour mes amis.

Je vous bénis, bien chère fille, ainsi que cette bonne et chère Antonia.

Tout à vous en N.-S.

EYMARD.

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Nr.1920

An Frau Camille Jordan

Paris, 4 avril 1867

Madame en N.S.,

Votre lettre m'a couru après dans l'Anjou; on ne lit pas mes lettres.

Je n'ai pas de projets de quitter Paris avant Pâques. Je suis tout prêt à recevoir vos lettres et encore mieux votre personne, qui m'est si chère en Notre-Seigneur. Ainsi, disposez de moi.

Nous déménageons. Expropriés, il faut que le 15 avril les maçons démolissent notre maison. Nous allons Boulevard Montparnasse, 112; nous y serons du 12 au 14.

Merci des bonnes nouvelles de la famille. Pauvre entorse! C'est une retraite forcée; qu'elle devienne pieuse et bonne.

Je bénis ce magnifique garçon, votre espérance et le saint de l'Eglise.

Je vous bénis bien en N.S.

Tout vôtre en Lui.

Eymard, S.

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