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Nr.1801

An Marg. Guillot

Paris, 4 Juillet 1866.

Chère fille en Notre-Seigneur,

Il faut en finir avec cette ruelle. J'irai vendredi chez Mr False et lui porterai 150 francs. Je trouve cela très heureux, car enfin on pourrait chicaner jusqu'au bout.

Voilà une chose arrêtée pour vendredi.

J'irai chez Mr Le Clère; il est un peu en retard parce qu'ils ont eu des embarras avec leur banquier, à qu'ils ont été obligés de rembourser une somme. C'est le moment de bien mettre sa confiance en Dieu quand on n'a rien: Dieu, notre bon Père, est notre si bonne Providence!

Nous ne sommes obligés de payer notre maison de noviciat que dans quatre mois; aussi rien ne nous presse. D'ailleurs les obligations du chemin de fer de Lyon ont augmenté de valeur.

Soyez toujours bien bonne pour soeur Camille: elle en a besoin, puis son âge le demande.

Soeur Benoîte a passé ici quelques heures lundi, elle nous a amené un petit novice. La pauvre fille! elle a bien maigri et elle souffre bien de l'estomac, elle a bien fait de quitter Riom.

Comme vous avez besoin, vous aussi, chère fille, de vous soigner, j'aime mieux vous donner la première des soeurs pour vous aider que de vous voir écrasée sous le travail.

Que Dieu vous bénisse et vous guérisse!

Rien de nouveau pour notre maison de Paris. Tout à la grâce de Dieu.

Tout à vous en Notre-Seigneur.

EYMARD.


Nr.1802

An Frau Lepage

A. R. T.

Paris, 5 Juillet 1866.

MADAME EN N.-S.,

Je ne viens que vous remercier de vos bonnes lettres aujourd'hui et vous dire combien je suis content de voir que vous avez été bien reçue de votre famille. Dieu veuille que cela dure! Mais ce qui sera durable seront votre piété, votre générosité et votre amour de Dieu!

Ne mettez pas, je vous en conjure, votre paix dans les hommes, dit l'Imitation, parce que c'est la mettre sur le sable mouvant.

Ne la mettez pas dans vos oeuvres, dans votre piété et même dans votre charité; ce serait la mettre en vous-même. Mais mettez-la bien tout entière dans l'amour de la sainte Volonté de Dieu qui ne veut que votre plus grand bien, et dans la confiance filiale en sa divine bonté qui ne vous laissera jamais.

Vous venez d'un climat chaud, et vous êtes dans un plus froid, vous êtes alors plus sensible: allons, habillez-vous plus chaudement ou travaillez plus fortement pour vous maintenir à la température du Carmel.

Le 13 juillet je pars d'ici. Je serais à Rennes le soir pour en repartir le samedi matin pour Mauron (Morbihan), et y donner une retraite de 5 à 6 jours. J'espère vous voir à Rennes à mon passage; j'irai loger chez Mr le Curé de Saint-Aubin. A bientôt; je voulais écrire à la bonne demoiselle Antonia, le temps me manque, je vais prêcher. Je vous bénis toutes deux.

Tout à vous en N.-S.

EYMARD.


Nr.1803

An Frau v. Grandville

A R T.

Angers, 5 Juillet 1866.

MADAME EN N.-S.,

J'allais vous écrire pour vous demander de vos nouvelles et de celles de votre maison quand votre lettre m'est arrivée.

Je n'ai pas prêché l'octave du Très Saint Sacrement à Tours, comme je devais le faire; un télégramme m'a rappelé à Paris pour des malades. C'est la divine Providence qui voyait que mes forces n'auraient pas suffi à la tâche de Tours, qui m'a fait quitter le champ de bataille. Je ne suis pas malade, je travaille à force! nous préparons une nouvelle fondation à deux heures de Paris, sur la route de Tours, pour ma chère maison solitaire; la maison est achetée, j'y ai les ouvriers, j'espère y installer Notre-Seigneur et sa petite garde adoratrice vers la fin d'août prochain. Quand le monde me pressera trop, j'irai là me cacher un peu avec le bon Maître: c'est une belle solitude.

Allons! soyez encore un peu bonne, quand même cela vous coûte naturellement! La peine est plutôt corporelle que spirituelle, ce n'est rien! Mais il faut l'amoindrir, l'adoucir, lui mettre un beau transparent à cette petite croix! Je soupçonne votre esprit un peu fatigué; prenez un peu l'air de la campagne! ou, mieux, de la liberté d'esprit. Dieu est beau, est bon, est tendre pour vous!

Je pars d'ici pour Mauron (Morbihan), le 13, jusqu'au 21. Je ne vous y veux pas, j'y serai accablé - deux cents Congréganistes. - Si au moins Nantes était près de Mauron, ou sur mon chemin, je vous saluerais en passant! Je ne sais pas le chemin encore.

Priez pour moi, je le fais bien pour vous, et tous les vôtres, tous chers à mon âme en N.-S.

EYMARD, P S.


Nr.1804

An Gräfin v. Andigné

A.R.T.

Paris, 5 Juillet 1866.

Madame en N.-S.,

Je viens vous écrire deux mots :

Que Dieu dissipe ces nuages si noirs! que le soleil de sa charité reluise sur vous! que sa paix remplace le trouble si grand de votre âme! Sensible comme vous l'êtes, vous devez bien souffrir! Offrez bien cette croix au Bon Dieu, mais cachez-la bien aux hommes.

Innocente de tout, je comprends votre souffrance d'être accusée. Unissez tout cela à Jésus calomnié, c'est le bon moment de vous unir à lui et de mettre votre paix en la soumission et la patience. Crucifiée par tout et par tous, ne regardez pas les clous ni celui qui les met, mais Celui qui les veut pour sa gloire et pour votre plus grande vertu.

Ne regardez pas les gens du chemin. Faites comme le pilote, ou plutôt comme le timonier d'un vaisseau, qui a toujours les yeux sur l'étoile polaire, le nez au vent et la main à sa barre qui dirige le vaisseau.

Vous êtes ce que vous êtes devant Dieu! Pourvu que vous ne péchiez pas, que Dieu soit content de vous! Qu'importe le grain de poussière qui ternit notre chaussure, le vent qui souffle un peu trop fort, qu'il pleuve ou qu'il neige, qu'importe? pourvu que le chemin se fasse vers Dieu!

Allons, allons! Coupez vite cette fièvre par "j'obéis"; ayez la piété de la souffrance, puis celle de la confiance, enfin celle de l'amour pur.

Je pars d'ici le 13 pour Mauron (Morbihan) jusqu'au 21, puis je reviendrai ici.

Je vous bénis bien de toute mon âme en N.-S.

EYMARD.


Nr.1805

An Familie Modave

Paris 8 juillet 1866

Bonne Dame,

Je vous remercie de la si bonne lettre que vous m'avez écrite en mai, je voulais vous écrire plus tôt, mais le temps et les voyages m'ont retardé jusqu'à aujourd'hui; mais votre âme comme vos besoins me sont toujours présents devant Dieu. Votre âme m'est bien sympathique et bien chère.

Oui, le Bon Dieu vous aime bien, et vous l'aimez bien aussi, car ce n'est que pour lui que vous vivez et que vous voulez vivre - tous vos sentiments comme toutes vos actions sont pour lui. Jetez, bonne Dame un voile bien épais sur le passé, ne voyez que la divine Miséricorde en votre vie et l'infinie bonté de Dieu. Faites-vous une vertu et même un devoir de ne vouloir ni voir ni examiner le passé. Le présent est si bon et si beau pour vous.

J'aime bien N.D. du Bon Conseil où je vous ai trouvées toutes deux, c'est cette bonne Mère qui devait me mettre sur votre chemin. Je ne sais quand j'irai à Bruxelles, j'espère que ce sera vers l'automne, ce sera une joie pour moi d'aller vous voir. Je me recommande bien à vos prières, je vous promets pour toujours les miennes, il m'est doux de prier pour vous, car vous avez été si bonne pour notre fondation.

Croyez-moi, bonne Dame, en N.S.

Tout à vous.

Eymard.


Nr.1806

An Fräul. Modave

Paris, 8 juillet 1866

Mademoiselle en N.S.,

Je viens vous apprendre une bonne nouvelle qui réjouira votre coeur si pieux au précieux sang de N.S.J.C. Dimanche passé, fête du précieux sang, j'ai prêché dans notre chapelle sur cette dévotion si belle et si salutaire du précieux sang, la raison de son culte divin, l'excellence de son chapelet, la manière de le dire; ses grâces et indulgences, etc.etc.

J'ai promis après le salut de distribuer le chapelet à tout le monde.

Or, après la bénédiction, toute l'assistance nombreuse est venue recevoir à genoux à la table de la Communion le beau et précieux chapelet, le baisait par respect en le prenant, mais surtout la médaille dont j'avais expliqué l'origine de Bruges. J'ai dit apporter ces chapelets de Bruxelles et de la Belgique, où cette belle dévotion est répandue.

Or, bonne Demoiselle, ce chapelet a si bien réveillé la dévotion inconnue ou endormie du précieux sang, que je suis accablé de demandes à présent, et pour consoler les absents, j'ai promis d'écrire à votre piété et charité, car c'est vous qui êtes l'Apôtre et moi je ne suis que le Commissionnaire. Je suis convaincu que les âmes pieuses qui honorent le précieux sang de N.S., arrêtent l'effusion du sang humain et apaisent la colère de Dieu, si irritée par tant de crimes qui remplissent le monde.

Si j'étais à Bruxelles, je serais allé vous dire ma lettre, mais hélas! j'en suis bien loin, et ne puis encore aller voir cette bonne ville, et nos amis en N.S. - Vous avez une des premières places en notre memento; - priez aussi pour nous, bonne Demoiselle.

Votre tout respectueux et dévoué serviteur,

Eymard.

P.S. Le P.Supérieur de Bruxelles aura ces jours-ci une occasion pour Paris.


Nr.1807

An Frau Mathilde Giraud-Jordan

Paris, 9 Juillet 1866.

MADAME EN N.-S.,

Vous en doutez pas de l'intérêt, de la joie et des voeux de mon coeur pour vous, pour votre cher mari, et pour ce petit être que Dieu vous donne pour votre joie et votre gloire de mère.

Je lui envoie toutes les bénédictions de Notre-Seigneur à saint Jean. Je l'offre à Dieu comme son bon serviteur. Je lui demande qu'il soit votre joie.

La naissance des grands saints est toujours le fruit de la prière et des saints désirs.

Soyez bien pieuse pour lui communiquer les sentiments et les grâces de vos vertus.

Aimez bien le Bon Dieu, afin que cet amour sanctifie et orne deux âmes en une.

Unissez-vous bien à la grâce de la Très Sainte Vierge portant en son sein le Verbe Incarné. Et quand vous communiez, nourrissez bien vos deux âmes.

J'espère aller à Marseille au mois d'août. Je n'en sais pas encore l'époque, mais vous savez bien que je ne passe pas à Lyon sans vous voir.

Je suis très occupé en ce moment par la fondation d'une maison de retraite aux environs de Paris.

Priez bien pour mes devoirs à remplir, car je suis toujours en retard avec tout le monde, même avec Dieu.

Je vous bénis de toute mon âme en N.-S.

EYMARD, S. S.


Nr.1808

An Frau Camille Jordan

Paris, 9 Juillet 1866.

MADAME EN N.-S.,

Il y a bien longtemps que je veux vous écrire, car le temps me dure d'avoir de vos nouvelles. Comment ont réussi vos cocons? si vous êtes contente de votre moisson? si vous avez des nouvelles de la Chine? si vous êtes bien portante? si vous êtes heureuse à Calet? si vous êtes bien avec Dieu et avec vous? Voyez que de questions! A toutes je pourrais d'avance faire la réponse, surtout à la dernière, mais j'aime mieux la vôtre.

La solitude porte l'âme pure et simple vers Dieu; or, vous l'avez cette belle solitude au Calet, entre le Ciel et la terre, vous pouvez prier, écouter Dieu, contempler le Ciel.

Le silence de la campagne recueille naturellement l'âme; et quand on sait lire sur chaque pure créature le bien que Dieu y a mis pour l'homme et pour sa gloire, oh! que de belles aspirations on peut renvoyer vers l'auteur de tout bien, Dieu!

Mais c'est à l'église, seule peut-être bien souvent, mais calme et silencieuse, que l'âme doit bien prier, converser avec Notre-Seigneur! Vous êtes sa première adoratrice, il faut bien lui être fidèle; mais vous êtes nôtre en Notre-Seigneur, il faut vous unir à nos adorations.

Puis vous commencez à être vieille, comme moi; il faut vite se hâter de réparer, de gagner le passage du voyage, et de quoi faire un hommage à Dieu.

Je ne sais quand j'irai à Marseille, je pense que ce sera au mois d'août; si le bon maître veut que je vous voie en passant, cela me sera agréable.

Je ne vous dis pas que je vais bien, puisque je n'ai jamais tant travaillé; le Bon Dieu soutient cette pauvre machine.

Je vous bénis et suis en N;-S.,

Bonne dame,

Votre tout dévoué.

EYMARD, S.


Nr.1809

An P. de Cuers

Paris, 9 Juillet 1866

Bien cher Père,

Je vous remercie de votre lettre. J'écris au P. O'Kelly que je ne puis agir sans raison précise autre que celle du sentiment; que vous avez été toujours auprès de moi à son égard plein de charité, même quand il avait à se reprocher des écarts de conduite religieuse; que je dois aller à Marseille, que j'examinerai alors ses raisons sur les lieux; enfin d'être un bon religieux.

J'apprends que Mgr Place est arrivé à Paris pour se faire sacrer; on ne sait pas encore l'époque.

Je pense que vous avez tout ce qu'il faut à Marseille pour pouvoir retirer votre pension, je vous prie de le faire au plus tôt; il m'est pénible de sentir Angers sans ressources.

Je suis en union en Notre-Seigneur, bien cher Père,

Votre affectueux serviteur.

EYMARD,

S. S. S.


Nr.1810

An Marg. Guillot

(Paris), 9. Juillet 1866

N i c h t veröffentlicht

Telegramm.

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Nr.1811

An P. de Cuers

Mauron, 15 juillet 1866.

Cher Père,

Me voici à Mauron, je commence dans un instant la retraite. Je vais à l'ordinaire.

Je suis bien inquiet sur Sr Benoîte: on doit m'écrire de Nemours. Faites demander chez Mr Meignen, notaire, 370, rue St Honoré, la procuration que j'ai fait faire pour le P. Billon, pour retirer lettres chargées, etc.

Je vous envoie la lettre de Mr Le Blanc, ingénieur en chef. Veuillez envoyer pour ce renseignement et lui écrire à Dreux (Eure).

Veuillez faire prendre rue Montmartre, cité Bergère, chez le pharmacien, une fiole de I ou 2 francs collyre des yeux, et me l'envoyer par la poste à Mauron (Morbihan).

Priez bien pour moi, je le fais plus vous.

Tout vôtre en Notre-Seigneur.

EYMARD.


Nr.1812

An P. de Cuers

Paris, 23 Juillet 1866

Bien cher Père,

J'ai reçu vos deux lettres, je vous en remercie, je vous enverrai dans quelques jours le reliquat de ce qui reste, vos notes payées.

Si les deux vocations de Menton vous arrivent à Marseille, gardez-les là quelque temps, afin d'éprouver d'abord leur vocation, et vous m'en écrirez avant de les envoyer à Paris.

Nous voilà le choléra depuis quatre jours; c'est Dieu qui visite cette grande et coupable ville: on dit qu'il en meurt cent dix à cent quinze par jour, mais cela ne s'aperçoit même pas.

Je remets un petit mot au P. O'Kelly.

Je suis en Notre-Seigneur, bien cher Père,

Tout à vous.

EYMARD.

Au R. P. de Cuers,

Supérieur des religieux du T. S. Sacrement,

7 rue Nau, Marseille.


Nr.1813

An Frau v. Grandville

Paris, Sainte-Anne, 1866. (26 Juillet) [cette date n'est pas de la main du P. Eymard]

MADAME EN N.-S.,

Me voici à Paris, de retour de Mauron. J'ai été aise que vous n'y soyez pas venue, j'y ai été absorbé par les occupations. J'aurais bien désirer retourner par Nantes, mais mon temps était fixé; il m'aurait fallu deux jours de plus. Il a fallu donc y renoncer, malgré la joie que j'aurais eue de vous faire un peu de bien en passant et voir votre chère malade.

Il faut bien vouloir ce que le bon Maître veut. Je serais content de vous si vous l'étiez un peu plus vous-même; je vois que vous êtes sur le vrai champ de bataille de la charité, qu'il y a assauts continuels, et qu'avec de petites blessures il y a de l'avant, du grain, beaucoup de petites victoires. Allez toujours ainsi; c'est peut-être pour vous donner une belle et unique occasion que Notre-Seigneur laisse votre malade encore de ce monde. Vous en serez un jour bien consolée et contente.

Je n'ai pas de projet de voyage.

Je vous bénis, vous, votre chère soeur et votre bonne malade.

Tout à vous en N.-S.

EYMARD, S.


Nr.1814

An P. de Cuers

Paris, 27 Juillet 1866

Bien cher Père,

je vous envoie le mandat ci-joint à acquitter, afin que vous me le renvoyiez.

Le choléra qui, il y a deux jours, frappait trois cents personnes par jour à Paris, a diminué d'intensité ces jours-ci, à peine si on s'en aperçoit. C'est un avertissement qui, hélas! ne convertit pas beaucoup de monde.

Tout le monde va bien ici. Croyez-moi en Notre-Seigneur, bien cher Père,

Tout à vous.

EYMARD.

S. S. S.


Nr.1815

An Marg. Guillot

Paris, 3 Août 1866.

Bien chère fille,

Mr Amédée part pour Angers. Laissez-le voir seul sa chère mère, et si vous croyez nécessaire un voyage de santé, vous le pouvez; mais il vaut mieux pour tous qu'elle ne le fasse pas. Je crois même que ce voyage gênerait beaucoup Mr Chanuet dont la dame est aux eaux; je l'ai vu dans une réponse qu'il m'a faite à ce sujet.

Vous avez bien fait de garder le silence au sujet de l'accident, et les soeurs ont fait ce qu'il fallait faire.

Mr Crépon est ici. Il arrivera samedi à Angers; ses yeux sont bien et son âme encore mieux.

Je vous envoie les lettres ci-incluses: Dieu les bénira, c'est pour sa plus grande gloire.

Courage et confiance! bien chère fille; c'est pour Dieu que vous vous immolez chaque jour, et que vous êtes immolée; mais faites comme la brebis que l'on tond ou que l'on immole: elle garde un admirable silence. Souffrez avec Dieu et pour Dieu; que personne ne sache votre secret, et surtout demandez à Dieu la première force dans les impressions subites ou les choses irritantes. Il serait magnifique que votre extérieur fut toujours maître même de l'impression intérieure.

Il ne faut pas s'étonner, chère fille, des misères humaines: Dieu les laisse pour exercer les saints dans l'humilité, la patience et la confiance.

Nous ne voulons pas de la récompense des créatures de Dieu; Dieu servi par elles, Dieu glorifié par nous, voilà toute notre joie et notre récompense en ce monde.

Je vous bénis en Notre-Seigneur.

EYMARD.


Nr.1816

An Frau Eulalie Tenaillon

Assomption 1866.

BONNE DAME,

Bonne fête de la Très Sainte Vierge! Envoyez, avec votre cher Edmond, l'abbé à dîner en famille; j'ai pu avoir une place d'amitié.

A défaut de l'abbé si vous ne l'avez pas sous la main, envoyez un compagnon à votre cher fils. Je les voudrais tous, mais à plus tard, car ils me sont presque aussi chers que la mère.

EYMARD.


Nr.1817 (schon im J. 1865 erwähnt)

An Fräul. Stéphanie Gourd

Paris, 17 Août 1866.

Chère fille en N.-S.,

J'a lu avec beaucoup d'attention votre dernière lettre! J'y vois toujours cette vieille nature qui bourgeonne et ne veut pas rester inactive ou captive. Dominez bien ces inquiétudes si elles revenaient, car le coeur est à Dieu.

Vous avez bien fait de passer par-dessus toutes ces folles et vilaines pensées sur Dieu: tout cela n'est qu'une preuve de notre profonde misère, et une tempête du démon. Il fallait aller de l'avant tout de même; vous l'avez bien fait! C'était aussi un coup de fouet, peut-être le sommeil vous gagnait-il?

Mais le bon Maître en revenant à Béthanie y a ramené la paix et la joie; qu'il en soit béni!

Aimez-le bien ce bon Maître qui est là chez vous, et pour vous seule! le reste des fidèles ne fait qu'en profiter. Visitez-le bien ce divin Hôte et Ami; car, puisqu'il vous aime à ce point, il est juste que vous lui donniez ce que veut la convenance et l'amitié.

Ornez-le bien, car il est Roi et Roi du coeur; il aime les dons d'amitié et de préférence; il faut lui donner un bouquet nouveau chaque jour, c'est de devoir en l'amitié.

Je suis aise que vous ayez l'occasion de dominer la paresse du corps et de faire réparation du passé par l'ordre présent; c'est bien! mais ne cherchez pas à finir trop vite, tout en souffrirait et tout serait vite en désordre.

Travaillez à la journée, et tout pour Dieu.

Chantez sans cesse le cantique de l'amour, puisque Dieu vous aime tant et que vous n'aspirez qu'à l'aimer de plus en plus.

Je vous bénis bien religieusement en N.-S.

EYMARD.


Nr.1818

An Frau Gourd

Paris, 17 Août 1866.

Madame et chère fille en N.-S.,

Comme je vous suis reconnaissant de m'avoir écrit et donné de vos nouvelles! J'étais non inquiet, mais désireux d'en recevoir.

Je vois que vous allez mieux, quoique un peu faible. On fait bien de vous obliger au repos, et Dieu se sert de cela pour vous faire reposer plus souvent et plus tranquillement à ses pieds et asseoir à sa table d'amour.

Le reste, quoique bon et désirable sous un rapport, est secondaire. Ce qui est le principal, c'est la vie de Dieu en vous; c'est de nourrir votre pauvre âme de Jésus; c'est de ne travailler que sous la loi de sa divine Volonté.

Dieu vous aime, chère fille! vous le savez bien; aimez-le bien avec votre pauvre, mais précieux état.

Dieu n'a pas besoin de votre travail, mais il a besoin de votre coeur et de vos sacrifices. C'est là votre travail de chaque jour. Vous le glorifiez en ne faisant rien, ou mieux en faisant tout ce qu'il veut.

Soyez donc entre ses mains comme l'enfant d'un jour.

J'espère passer par Lyon vers le commencement de septembre, ou à la fin. Je vous le ferai savoir. D'ailleurs, ayant l'habitude d'aller voir votre chère mère, et désirant bien la voir, ce sera le meilleur moyen de vous le faire savoir.

Cette pauvre demoiselle Jenny s'en va. Dieu reprend ce qui a toujours été à Lui. C'est une belle âme bien pure. J'espère la voir avant son départ pour la Patrie. Elle est bien heureuse d'aller vers le Bon Dieu.

Adieu, chère fille. Je vous bénis bien eucharistiquement en Notre-Seigneur et lui demande pour vous la consolation de voir cette chère âme qui vous est unie toute à Dieu et à son service.

Tout à vous en N.-S.

EYMARD, S.

Madame Gourd.


Nr.1819

An P. de Cuers

Paris, 20 Août 1866

Bien cher Père,

Je vous ai adressé Mr l'abbé Devèze, ancien mariste sorti depuis un an de la Société pour venir au secours de sa mère qui vient de mourir. Il m'a écrit aussitôt pour demander l'entrée de la Société; les renseignements que j'ai pris auprès de plusieurs personnes sont en sa faveur; j'ai écrit même au T. R. P. Favre, Supérieur général des Maristes, qui m'en a donné aussi de bonnes notes.

Avant de rien décider, je lui ai conseillé de faire une retraite sous votre direction; il doit aller vous trouver, recevez-le, et voyez s'il vient bien pour le T. S. Sacrement, et s'il peut devenir un bon et vrai adorateur.

Le choléra, il y a quelques jours, a été jusqu'à cent quarante par jour, m'a dit le médecin; ces jours-ci il n'est que de cinquante à soixante, mais il est terrible quand il frappe; nous avons eu quelques légères indispositions, mais sans conséquence.

Je vous envoie votre reçu de Mr Fouquet. J'aurais besoin de votre certificat de vie pour retirer les 125 fr. de votre croix d'honneur. Vous voudrez bien me dire quand sera l'époque favorable pour aller vous voir et pour vous donner la retraite annuelle. Je désirerais que ce fût dans le mois de Septembre. Je dois aller la donner aussi à Angers.

mes bien affectueux sentiments aux chers Pères et frères.

Tout à vous en Notre-Seigneur.

EYMARD.

S. S.


Nr.1820

An Gräfin v. Andigné

Paris, 24 Août 1866.

Madame en N.-S.,

Je viens de lire votre lettre et vous annonce que lundi je serai à Angers pour y commencer la retraite de nos Pères, qui durera toute la semaine. Je ne sais pas encore si je donnerai celle des Dames de suite après. J'espère vous voir quelques heures à Angers, avant votre départ.

Il faut laisser le bon Maître arranger toutes choses pour le mieux; lorsque vous serez au Mée, vous ne doutez pas de mon désir de vous donner et remettre les grâces que Dieu me donnera pour vous, car je ne suis que son pauvre commissionnaire et qui gâte souvent ce qu'il touche.

Vous avez été Marthe, et la bonne et gracieuse Marthe, c'est bien. Vous serez maintenant Marie, la bonne et pieuse Marie aux pieds de Notre-Seigneur. Il fait si bon à ses pieds, quand il parle à notre coeur et nous ouvre le sien!

J'ai affaire sur affaire avec cette maison du noviciat que Dieu nous a fait trouver et qui est comme un petit Eden. Dieu veuille que ce soit l'Eden premier, ou mieux céleste, où jamais le serpent ne trouve entrée.

Tout cela est bien; mais ce qui est mieux, ce qui est le plus nourrissant et vivifiant, c'est l'esprit de Jésus en nous, c'est le dégagement de tout, c'est de vivre en lui et pour lui.

Les créatures vues en leur nature, en leur nature d'Adam, sont bien misérables, - le cristal n'est beau que par la lumière qui l'éclaire.

Oh! je vous l'assure, je suis las des créatures (même parfaites); tout cela n'est que de la fumée ou un bien faible rayon. Je ne veux plus que le Soleil du Ciel ou la divine Hostie de la terre; faites de même.

Je vous bénis en N.-S.

EYMARD, P.


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