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Nr.1541

An den Sekretär der Propaganda Fide

Paris, rue fg S. Jacques 68, 8 mai 1865.

Monseigneur,

On permet à un accusé de se défendre, et à un condamné injustement de réclamer justice, c'est ce qui me fait prendre la liberté de vous écrire cette lettre. Si je n'avais que la responsabilité de ma personne, je garderais un profond silence, mais je ne dois pas laisser compromis l'honneur de la Société du T. S. Sacrement.

De retour en France, on m'a assuré que la raison grave qui avait motivé le rejet de notre demande pour une fondation d'adoration à Jérusalem, c'est que nous avions avec nous pour nous aider dans cela des religieuses ou des personnes pieuses, dont déjà deux étaient à Jérusalem préparant tout, assurait-on. J'avoue en toute sincérité que j'ai été bien surpris d'une pareille dénonciation par une lettre à Son Em. le Card. Préfet, puis par la déposition de quelques religieux à vous-même, Monseigneur, si ce qu'on m'a dit est vrai. J'étais à Rome, je vous ennuyais assez souvent, comment votre charité, ou bien votre impartialité, Monseigneur, ne m'aurait-elle pas fait une question?

La dignité ou la gravité des personnes qui nous imputaient de pareils faits pouvaient sans doute avoir un commencement de preuve, mais cependant j'étais là accusé sans le savoir, si le secret environne vos délibérations si graves, Monseigneur, l'examen veut la discussion. Or avec le S. Evangile qui dit est, est, non, non, j'affirme d'une manière absolue et sans équivoque aucune, que les faits sont tous faux, que nous n'avons aucune religieuse, ni aucune personne auxiliaire, ou unie à notre oeuvre proposée de Jérusalem, j'affirme que nous ne voulons pas en avoir. S'il a plu à une demoiselle de Paris, Marie Michel; en pèlerinage à Jérusalem, de faire des projets, de se dire chargée par moi de quelque chose relatif à nous ou à notre fondation projetée, tout cela est faux. Je le lui ai dit à elle-même à son départ, elle m'a répondu qu'elle était libre d'aller à Jérusalem. Je sais qu'elle a fait connaissance de Me de Nicolai, en terre sainte depuis 3 ans, personne riche et pieuse toute dévouée aux R.P. Franciscains. Ont-elles fait des plans, des projets, parlé même à Mgr le Patriarche, tout cela est possible, probable même. Je n'en réponds pas. J'ai la confiance, Monseigneur, que si vous ne me croyez pas sur parole, vous pouvez faire une enquête plus à fond, d'abord en France, dans les villes où nous avons des maisons, à Paris, à Marseille et à Angers. En finissant, j'ose faire appel à votre justice, Monseigneur, et à votre amour de la vérité bien connu, ainsi qu'à votre charité, c'est de rétablir les faits qui nous concernent auprès de Sa Sainteté, qui a dû être affectée de ce que l'on nous imputait; et auprès des leurs Eminences qui ont été égarées sur nous.

Si j'ai été vrai dans mon exposé, Monseigneur, la question devrait revenir à l'examen; les 2 lettres de la Propagande à nous envoyées restent dans leur première impulsion, nous-mêmes n'avons pas changé de sentiment ni d'état. Si nous étions restés à Jérusalem, la S. Congrégation qui nous encourageait ne se serait pas déjugée, nous restons à votre disposition.

Daignez agréer les sentiments du respect le plus profond,

Monseigneur,

de votre très humble et respectueux serviteur

Pierre Eymard

Supér. Soc. SS.


Nr.1542

An Marg. Guillot

Paris, 10 Mai 1865.

Merci, chère fille, de votre lettre que j'attendais avec anxiété afin d'avoir des nouvelles de soeur Benoîte.

C'est une épreuve que Dieu lui ménageait à mon insu, à mon départ, et dont j'étais bien loin de me douter. Certainement nous ne voulons faire que la sainte volonté de Dieu, et nous la ferons bien avec son secours.

Je suis content que soeur Benoîte ait été à la sainte Messe et communié, cela la remettra plus vite.

Ne vous faites pas de la peine avant le temps; vivez au jour le jour, et surtout tenez-vous forte contre toute impression pénible.

Me voici au milieu de toutes mes occupations accablantes.

Dieu en soit béni! Il faut bien s'immoler pour sa gloire.

Je vous bénis; j'espère avoir encore de meilleures nouvelles de notre chère malade que je bénis en Notre-Seigneur.

EYMARD.


Nr.1543

An Frau v. Grandville

Paris, 10 Mai 1865.

MADAME EN N.-S.,

On ne m'a dit que ceci: Elle est au C.; elle y est allée la seconde fête. Qu'est-ce que cette seconde fête? je l'ignore. Je lui ai montré deux fois le portrait, et elle a persisté à dire la même chose. C'est de moi, la pensée du 25 mars. Renvoyez-moi, dans le mois, cette photographie, si vous le jugez bon; peut-être aurai-je l'occasion de la revoir.

Ne vous tourmentez pas de cette grondée administrative. Ce n'est que cela; mais il n'y a eu ni péché ni indiscrétion de votre part; d'ailleurs, on doit vous savoir assez discrète, et vous l'êtes.

Le petit moment de paix que vous avez éprouvé vous prouve que ce n'était qu'une tentation; l'agitation, le trouble qui sont survenus ne prouvent qu'une chose, le retour de la peine, parce que tout avait été saisi dans cette tentation.

Allons! après comme avant, confiance en Mr R.: il la mérite. Vous feriez bien de vous tenir tranquille et de ne plus lui en reparler.

Bonne nouvelle que celle de votre retraite! Prenez et continuez bien cette résolution: elle remontera votre âme et vous rapprochera de Dieu. Saint recueillement, présence de Dieu par affection et offrande de soi, demeurez en la bonté et douceur de Dieu envers vous pour être bonne et douce envers les autres: voilà le courant de la piété ordinaire.

Adieu; je vous bénis.

Tout à vous en N.-S.

EYMARD, S.


Nr.1544

A Mademoiselle Marie Gaudioz.

Paris, 11 mai 1865

Chère Demoiselle Marie,

Oui, je prie et prierai surtout le 1e pour votre mariage chrétien! J'ai toujours pensé que c'était là votre vocation. - Dieu vous bénira, puisque vous n'avez cherché que sa sainte volonté - et n'avez accepté qu'un jeune homme chrétien et bien connu.

D'ailleurs vos bons parents aiment trop le Bon Dieu et votre bien, pour avoir agi autrement, aussi prenez bien leurs bons conseils, l'expérience est une grande science de la vie.

Puis une fois mariée, gardez bien vos pratiques chrétiennes; on en a encore plus besoin, parce qu'on a de plus grands devoirs - mettez-vous bien sous la protection de N.D. de Fourvière et de S.Joseph. - Je vous bénis l'un et l'autre, que Dieu vous garde en son saint amour et sa divine et paternelle Providence.

Mes bonnes amitiés à vos chers parents, et à vous, bonne Soeur.

Tout à vous en N.S.

Eymard.


Nr.1545

An P. Leroyer

A. R. T.

Paris, 13 Mai 1865.

Bien cher Père,

Le frère Henri est admis au diaconat, et le frère Chave aux voeux perpétuels et au sous-diaconat: qu'ils se préparent bien à ces deux grandes grâces; d'ailleurs ils sont en vos mains, ce sont vos fleurs et vos fruits commencés.

Je regrette de n'avoir pas vu la T. Honorée Mère; je l'avais fait demander avant mon départ: il paraît que la commission a été oubliée. Pour la pauvreté, vous n'avez qu'à lui lire notre Chapitre XXX de la pauvreté; les Nos 1, 2, 3 sont pris à la lettre dans le décret apostolique et la décision de la S. Congrégation des Evêques et des Réguliers. C'est la loi que l'on donne à toutes les Congrégations actuelles.

J'espère aller à votre ordination, ou un de nous, pour partager le bonheur de ces deux bons frères.

Le Père fera votre commission des médailles.

Amitiés religieuses et eucharistiques à toute la chère famille.

Tout vôtre en N.-S.

EYMARD.

P. S. Nous ne pouvons prendre encore ici frère Paul; gardez-le encore un peu, cela tient à d'autres combinaisons; il faudra nous envoyer pour le noviciat le frère Alexandre, il peut jouir de la demi-place et peut prendre les troisièmes.


Nr.1546

An Marg. Guillot

A. R. T.

Paris, 16 Mai 1865.

Chère fille en Notre-Seigneur,

Je prends bien part à toutes vos peines; c'est le Bon Dieu qui les permet afin que nous le prions d'apaiser ces tempêtes. Il est bien évident que le démon est furieux contre l'Oeuvre du T. S. Sacrement: il fait son métier. Priez, calmez, raisonnez, si c'est possible, ces pauvres gens de la ruelle... (Deux lignes et demie effacées)... Je vous envoie ci-inclus 500 fr., dettes ....... que vous avez.

Il n'y a rien de vrai dans votre crainte de changement de Mr Leroyer; du moins c'est la première nouvelle. Son choix à la cathédrale annonce au contraire l'intention de l'administration de le laisser là, quoique cependant j'aimerais mieux un aumônier qui pût confesser et prêcher; et dans ce cas, j'aimerais bien voir Mr Crépon votre supérieur. Nous nous entendrions toujours bien; puis il vous est si dévoué. Soyez cependant discrète pour lui éviter toutes les peines possibles.

Je viens de réclamer à la Préfecture de Paris contre les anciennes impositions de votre mobilier ici; envoyez-moi une lettre sous enveloppe, et qui puisse aussi avoir le timbre de la poste d'Angers, ainsi conçue:

"Monsieur le Préfet.

Ayant quitté mon logement de Paris, rue faubourg St-Jacques, 66, en mai 1864, et étant fixé à Angers depuis cette époque, rue de l'hôpital, 14bis, j'ai l'honneur de vous prier de faire droit à la réclamation faite pour moi par Mr l'abbé Eymard, propriétaire du 66.

J'ai l'honneur d'être avec respect, Monsieur le Préfet,

Votre très humble servante,

Marguerite Guillot."

Je suis bien peiné de savoir soeur Benoîte aussi fatiguée et surtout en grande partie pour la même cause.

Je prie le bon Maître de lui ôter cette croix.

Je vous bénis en Notre-Seigneur et toutes vos filles.

EYMARD.

Recevez bien Mme de Saint-Bonnet; je lui dois beaucoup de reconnaissance. C'est chez elle que j'ai travaillé à votre Règle aussi et au Directoire. Il est de cas où la loi doit faire place.

J'ai recommandé qu'on ne se vît qu'à des heures fixes, afin que les exercices communs n'en souffrent pas; soyez bonne.

Si vous pouvez loger Mr Leroyer, comme vous le dites, je n'y vois pas d'obstacle.

Je rouvre ma lettre. Oui, offrez momentanément votre chambre; pas de déjeuner, c'est un lien.

Je vous bénis de votre fermeté avec... Allons, donc! un peu de courage!

Laissez crier Mr de Russon, et finissez en avec lui, il s'arrêtera bien.

Je vous bénis.

EYMARD.


Nr.1547

An P. Leroyer

A. R. T.

Paris, 16 Mai 1865.

Bien cher Père,

Le P. Chanuet accompagne sa bonne soeur aînée à Angers; il nous reviendra bientôt, car nous en avons besoin.

Merci de votre bonne lettre. Nous écrivons à Bruxelles en déterminant bien les conditions de notre acceptation; je ne sais si on les acceptera, mais nous ne devons pas nous exposer à pouvoir être renvoyés; il nous faut deux garanties: une pour notre indépendance d'oeuvre, et l'autre une assurance de stabilité.

C'était le Père Boone, qui m'écrivait pour me dire tout le bien possible de l'oeuvre à lui.

Votre vin est en route.

J'ai été heureux de votre fête du 8; ici nous avons fait brûler autant de cierges qu'il y a de personnes dans la Société.

Recommandez-moi aux prières de votre maison.

Tout vôtre en N.-S.

EYMARD.


Nr.1548

Au R.P. BOONE, s.j. Cf.Nota

Paris 16 mai 1865

Très Révérend Père,

votre honorée du 12 mai serait bien propre à nous faire rendre à vos désirs; tout le mouvement religieux autour de vos adoratrices, l'extension de l'oeuvre dans les pays si catholique de l'Allemagne et enfin leur bienveillance pour nous, c'est comme une parenté de naissance.

Puisque votre bonté fait un nouvel et dernier appel à notre Société, permettez-moi, T. R. Père, de vous exposer les bases de notre concours. Nous demanderions donc:

1· la jouissance entière de la chapelle et de son matériel de culte;

2· l'abandon du choeur par les Dames adoratrices, qui garderaient pour elles les tribunes qui sont en communication avec leur appartements;

3· les Dames adoratrices participeraient, dans un rapport à régler, aux frais de l'exposition;

4· on dresserait un tableau du service annuel, tant du côté des Dames que du côté des religieux, pour régler les exercices, les jours où les deux communautés auraient en même temps besoin de la chapelle pour un service ordinaire, soit extraordinaire;

5· le R.P. Boone serait entièrement chargé de l'oeuvre des Dames; les religieux ne s'occuperaient que de l'oeuvre de l'Adoration et des devoirs du Saint Ministère dans le cercle de la chapelle et de l'intérieur de la communauté;

6· les Religieux du T. S. Sacrement ne pouvant ni se fondre dans l'oeuvre des Dames, ni s'écarter de leur fin qui est d'adorer et de faire adorer N. S., ne pourraient accepter cette fondation à Bruxelles qu'avec une garantie qui leur assure la jouissance de la chapelle d'exposition et du logement des religieux, laquelle jouissance ne pourrait leur être retirée de sa destination pour autre motif que celui de la cessation de

l'adoration par les Religieux, par suite de leur impossibilité ou infidélité à leur devoir

du service d'adoration.

7· on ferait une convention bien détaillée et bien précise de ces différentes dispositions, laquelle serait dressée, signée et échangée entre les deux parties, et alors seulement les Religieux du T. S. Sacrement s'engageront à entrer en exercice le plus tôt possible.

Telles seraient, mon T. R. Père, les premières bases sur lesquelles nous vous prions de réfléchir avec Melle de Meeûs; c'est vous dire que nous prenons en sérieuse considération votre désir de la gloire de N. S. et que nous serions heureux d'y concourir en répondant à votre bienveillance pour notre petite Société.

Daignez me croire, en N. S.

Très Révérend Père

Votre respectueux et tout dévoué serviteur.

Eymard

Sup. Soc.SS.


Nr.1549

An Marg. Guillot

Paris, 20 Mai 1865.

Chère fille en Notre-Seigneur,

Refaites-moi votre lettre au préfet sur une feuille de papier timbré de cinquante centimes et me l'envoyez de suite. N'ai-je pas laissé mon porte-crayon en argent chez vous? Vous me le renverriez par le Père Chanuet.

Je ne vois aucun bien, ni aucune convenance à cette visite à Monseigneur l'Evêque. Je remercie Dieu de la paix avec vos voisins, du mieux de soeur B. et de votre courage.

Tout à vous en Notre-Seigneur.

EYMARD.


Nr.1550

An Marg. Guillot

Paris, 20 Mai 1865.

Chère fille en Notre-Seigneur,

Le Père Audibert ne m'a point apporté vos papiers; demandez-les à votre notaire. Je verrai avant de partir Mr False.

Je ne sais que vous dire pour ce bon abbé. Ne feriez-vous pas mieux de lui offrir 100 fr. de plus, et qu'il se logeât ailleurs? Quoiqu'il en soit, il n'est pas convenable qu'il reçoive des élèves chez lui, à cause de votre voisinage; et d'un autre côté, c'est une bonne chose d'avoir un prêtre près de l'Exposition, près de la Communauté; car si vous aviez un aumônier qui pût confesser et prêcher, ce serait une belle mission.

Envoyez-moi la largeur et la profondeur de votre tabernacle ainsi que la hauteur de votre exposition.

Je vous remercie de ce que vous avez envoyé pour la loterie de la Mure. J'ai acheté bien des choses qui feront plaisir. Merci encore.

Priez bien en ce mois du Saint Sacrement, et faites-le avec dévotion par une lecture publique. Le mois de Marie doit être la préparation à celui du mois royal.

Je n'ai que le temps de vous bénir.

Tout vôtre en Notre-Seigneur.

EYMARD.


Nr.1551

Rundschreiben an alle Professen der Eucharistiner

Au R. Père de Cuers prêtre profès et Supérieur de la maison de Paris.

Cher Confrère en Notre-Seigneur J.C.

Gratia Domini et caritas Dei et Communicatio S. Spiritus sit cum omnibus vobis. 2 Cor,13.

Le S. Siège, par son Décret du 5 juin 1963 ayant daigné approuver canoniquement notre Société sous le titre si beau et si cher à nos coeurs de Congrégation du T.S.Sacrement, il est temps que tous ses membres prêtres profès procèdent à l'élection canonique du Supérieur Général. Si vous n'avez été convoqué plus tôt, cela a tenu en grande partie à la préparation de notre fondation à Jérusalem qui a duré un an et demi. Et aussi afin d'avoir le temps moi-même de faire les corrections des Constitutions prescrites par le S. Siège. Dans notre séjour de cinq mois à Rome, nous avons consulté les hommes les plus instruits sur l'état régulier; nous avons soumis à leur examen nos Constitutions, nous vous soumettrons leurs sages appréciations.

Vous recevrez aussi sous peu l'exposé des matières à examiner et à traiter pendant les Sessions de la Congrégation Générale. La Congrégation Générale est fixée au lundi 3 juillet. Elle se tiendra dans la Maison-Mère de Paris.

Comme prêtre profès je vous convoque donc, cher confrère, pour le jour prescrit et vous prie d'apporter à la Congrégation cette lettre de convocation comme votre titre personnel d'admission.

Afin d'attirer sur la Société et sur chacun de nous les lumières et les grâces les plus abondantes, le mois de Juin, autrement dit le mois du S. Sacrement sera tout consacré et sanctifié à cette fin d'obtenir le vrai Elu de Dieu, celui par conséquent qui seul peut faire le bien et l'honneur de la Société.

C'est l'acte le plus solennel et le plus important que vous allez faire, cher Confrère, il faut qu'il soit un acte tout surnaturel dans son intention, sage dans son choix et discret dans l'examen. C'est sur votre conscience que vous allez juger.

Mettez cette décision sous la protection de l'Immaculée Vierge Marie et tout ira bien.

Laissez-moi la consolation d'espérer mon titre de simple religieux et avec lui un peu de solitude - certamen certavi - à un autre de conduire la Société dans le temps de la paix - alius est qui seminat, alius est qui metit. - Je vous demande donc comme la plus grande grâce et la plus grande preuve d'amitié de me mettre hors de concours; j'obéirai à celui que vous aurez nommé comme au représentant de J.C. et de son Vicaire; et il me sera bien doux de me dévouer au bien et à la fin de cette chère Société comme le dernier mais le plus heureux de ses enfants.

C'est dans la charité et l'union en Notre-Seigneur que je suis, Cher Confrère, Votre respectueux et affectueux serviteur

J-P. EYMARD

Sup. Societatis S.S.S.

Notre Dame auxiliatrice

Paris 24 mai 1865


Nr.1552

An P. Chanuet

Variantes diverses apportées à la Circulaire datée du 24 mai 1865

R.P.CHANUET. Après ces mots:...le bien et l'honneur de la Société:

C'est donc l'acte le plus important et le plus solennel que vous allez faire, cher Confrère; de lui dépendra peut-être la vie de la Société. Que cet acte soit surnaturel en son intention, discret dans l'examen et sage dans le choix. C'est un acte qui charge la conscience: mettez-en la direction sous la protection de l'Immaculée Vierge Marie; elle est notre Mère et notre Reine d'amour.

N.S. disait à ses Apôtres: "Si vous m'aimez, vous serez contents que je m'en aille vers mon Père". Je vous dis la même chose, Cher Confrère; si vous voulez exercer envers moi une vraie charité, et même un acte d'amitié, laissez-moi hors de tout concours. - Voilà 8 ans que je combats; pendant quatre de préparation à la Société, j'avais eu toutes les épreuves possibles: voilà la Société approuvée, en marche, ma mission est finie. Je soupire après la solitude, le silence et la mort de vie en N.S. cachée en son divin Sacrement.

Dans cette espérance et l'union fraternelle en N.S.

Je suis, cher confrère, votre affectionné serviteur

P.Eymard Sup. Gal.

Ascension

Paris 25 mai 1865.


Nr.1553

Lettres du bienheureux P.J. Eymard au R.P. Chanuet

25 mai 1865

Circulaire de Convocation à la Congrégation Générale lundi 3 juillet 1865

Nota: Cf. Circulaire Nr.2.

"Au Rév. Père Chanuet, Prêtre profès et Maître des Novices. Gratia Domini et caritas Dei et communicatio Sti Spiritus sit cum omnibus vobis" (2 Cor 13).

Cher Confrère en N.S. J.C.

(La première partie du texte est identique à celle de la lettre adressée au R.P. de Cuers, le 24 mai 1865 et transcrit sous le titre Circulaire Nr.2. Le texte ne diffère que par ce qui suit.)

"C'est donc l'acte le plus important et le plus solennel que vous allez faire, cher Confrère; de lui dépendra peut-être la vie de la Société. Que cet acte soit surnaturel en son intention, discret dans l'examen et sage dans le choix. C'est un acte qui charge la conscience: mettez-en la direction sous la protection de l'Immaculée Vierge Marie, elle est notre Mère et notre Reine d'amour.

Notre-Seigneur disait à ses Apôtres: "Si vous m'aimez, vous serez contents que je m'en aille vers mon Père". Je vous dis la même chose, cher Confrère; si vous voulez exercer envers moi une vraie charité, et même un acte d'amitié, laissez-moi hors de tout concours - Voilà 8 ans que je combats; pendant quatre de préparation à la Société. j'avais eu toutes les épreuves possibles; voilà la Société approuvée, en marche, ma mission est finie. Je soupire après la solitude, le silence et la mort de vie de N. S. cachée en son divin Sacrement.

Dans cette espérance et l'union fraternelle en N. S.

Je suis, cher Confrère, votre affectionné serviteur

P. Eymard

Sup. Gal.

Ascension 25 mai 1865.


Nr.1554

An P. Champion

R.P.CHAMPION. Au lieu du § "Laissez-moi..."

Je soupire après le moment d'être déchargé d'un si lourd fardeau. J'obéirai au moins, mais sans cesser de me dévouer à cette chère Société pour laquelle je voudrais mourir.


Nr.1555

An P. Leroyer

R.P.LEROYER. Laissez-moi espérer ma liberté... plutôt le doux joug de l'obéissance... à chacun sa mission, la mienne est finie. La Société est approuvée, c'est tout ce que je désirais avant de mourir. Un autre fera mieux, parce qu'il arrivera pour coordonner la victoire et le règne de la paix.


Nr.1556

An P. Carrié

R.P. CARRIE. J'ai assez commandé, assez combattu. Je sens le besoin de la solitude, et du repos d'esprit. C'est la plus grande faveur que votre amitié puisse me faire.


Nr.1557

An P. Audibert

R.P.AUDIBERT. Laissez-moi la consolation d'espérer la grâce de simple religieux. J'ai le bonheur de voir la Société approuvée, elle ne craint plus rien pour son existence. Je désire me retirer dans la solitude et la retraite d'adoration.


Nr.1558

An Marg. Guillot

Paris, 26 Mai 1865.

Chère fille en Notre-Seigneur,

J'espère être à Angers pendant la semaine de la Pentecôte, quelques jours avant l'ordination, et alors nous réglerons tout.

Je vous conseille de tout suspendre: les exigences sont trop grandes et paraissent combinées. A ceux qui vous en parleront, dites que vous êtes décidée à tout laisser là et à rouvrir la rue, que vous ferez un pont de communication.

Pauvre fille! Vous souffrez bien! Offrez bien ces fleurs rouges du sang de l'amour à Notre-Seigneur; c'est l'agonie, non de la mort, mais de la vie de l'Oeuvre.

L'Ascension a-t-elle été bonne?... un mot!

Donnez-moi des nouvelles... Mme d'Andigné va vous trouver avec le bonheur de son coeur; recevez-la toujours comme une de vos filles. Elle est postulante.

Je vous bénis toutes et surtout la pauvre crucifiée.

EYMARD.

J'ai fait la commission de soeur Marie à Mr Le Clère.

Je vais demander au P. Audibert vos papiers; il ne me les a pas donnés.

Je n'ai pas voyagé avec les dames Monden; je les ai trouvées à la gare, mais sans leur parler. Ménagez votre santé pour le sommeil, par obéissance.


Nr.1559

An Marg. Guillot

Paris, 28 Mai 1865.

Chère fille en Notre-Seigneur,

Voici plusieurs fois qu'on m'apporte la facture de l'encensoir que l'on avait commandé, et qui nous arriva à Angers par le chemin de fer le jour de la fête. Je vous en envoie la facture; voyez si dans vos comptes vous ne l'auriez pas payée; je ne le crois pas.

J'ai appris avec joie et action de grâces le mieux de soeur Benoîte. Je voudrais en avoir autant de votre santé; tâchez de ne pas perdre votre sommeil et de réparer par là vos forces de tête perdues par trop de veilles, de là vos migraines.

Je me recommande aux prières de toutes. Je vous bénis en Notre-Seigneur.

EYMARD.


Nr.1560

A Son Eminence le Patriarche de Jérusalem

Paris, rue fg. S. Jacques 68, 28 Mai 1865.

Monseigneur,

La S. Congrégation de la Propagande a dû sans doute communiquer à Votre Excellence le peu de succès de notre demande de retrait du Décret Dilata. Leurs Eminences les Cardinaux de la Congrégation ont ajourné l'annulation de ce Décret le 4 avril; et par cette décision, voilà notre fondation à Jérusalem ajournée aussi, malgré la permission et les encouragements par deux lettres du Card. Préfet, à nous données à cette fin. Nous étions prêts, nous avions fait de grandes dépenses pour composer le mobilier de cette fondation et les objets du culte; deux voyages à Jérusalem, quatre à Rome pour cette fondation; le gouvernement français était disposé à favoriser cette oeuvre: voilà que tout est arrêté. Par quels motifs? Je n'ose croire à ce qui m'est revenu, tant la chose est fausse, je dirais même absurde.

On m'a dit qu'on nous avait dénoncé à la Propagande comme ayant déjà deux demoiselles religieuses à Jérusalem préparant la fondation et voulant y former une communauté de femmes. A cela je n'ai qu'un non chrétien à dire. Si Melle Michel est partie de Paris pour Jérusalem avec la caravane française, elle sait bien avec quelle force je lui ai dit de ne pas aller à Jérusalem pour nous, ni dans l'espérance d'une fondation de femmes religieuses, que nous n'en voulions pas A cela Melle a allégué sa liberté et sa piété pour les lieux saints. Je n'avais rien à dire contre sa liberté.

J'ai une peine sur le coeur contre le Card. Préfet et Mgr Capalti. Si on a fait à la Propagande cette accusation contre nous, ils devaient au moins m'en faire part. Je suis resté cinq mois à Rome, il n'y a pas de secrets contre la justice, et un homme qu'on va juger.

Nous avons demandé selon le désir du Cardinal Préfet la libre entrée des saints lieux pour tous les religieux, afin, me disait-il, que nous ne fussions pas égoïstes, nous l'avons fait, et voilà que nous en sommes punis après avoir eu le droit de fonder et l'encouragement même de Votre Excellence.

Maintenant que reste-t-il à faire, Monseigneur? Il me semble que puisque la permission n'a pas été accordée à vous, nous devrions reste dans l'état où nous étions en allant à Jérusalem. Je suis comme certain que Votre Excellence auprès de la Propagande peut nous faire confirmer la première lettre qui nous confirmait dans notre désir de fondation, et comme me le disait le Cardinal Patrizzi, si Monseigneur le Patriarche vous accorde, il n'y a pas de difficulté.

Nous voici donc de nouveau entre vos mains, Monseigneur, vous ferez de nous ce que votre sagesse et votre piété vous inspireront.

Je suis avec la plus profonde vénération de Votre Excellence

le très humble et obéissant serviteur et fils en J.C.

P. Eymard.

Sup. de la Société du T.S. Sacrement.


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