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Rome, 4 Mars 1865.
Cher ami,
Encore un peu de patience! J'ignore encore le jour de la décision de mon affaire, on me dit que ce sera en mars. Mais j'irai payer ma dette d'amitié et solder votre caution. Je vous écrirai de Marseille mon arrivée. Le Père Maurel, jésuite, avait jeté quelques doutes sur les pouvoirs que j'avais reçus sur les Indulgences. Je viens les soumettre de nouveau au Saint-Père par son Eminence le Cardinal Préfet de la Propagande, et le Saint-Père les a confirmés et même étendus; aussi, je suis en sûreté de ce côté-là.
Je suis aise de ce que vous me dites de votre excellente fille; Dieu ne peut que bénir une âme si pure, si droite et si pieuse.
Je vous en félicite, vous avez cherché pour elle un homme craignant Dieu et de bonne conduite: c'est là la meilleure garantie et une belle fortune!
Dieu vous bénit et bénira vous et tous les vôtres.
Tout vôtre en N.-S.
EYMARD, S.
Rome, 4 Mars 1865.
Madame,
Ayez confiance en Dieu, votre quête réussira très bien; nous sommes contents d'avance de son fruit, il suffira à tout, ne vous en tourmentez pas; faites ce que vous pouvez en paix; ne fussiez-vous que deux quêteuses, le Bon Dieu sera le premier quêteur, il en vaut bien dix; d'ici, je prierai bien pour vous. Je tâcherai d'aller dire la sainte messe à la chapelle de votre saint Patron.
J'ai vu avec bonheur Mr l'abbé de Charnacé qui m'a donné de vos nouvelles. Vous avez bien fait d'écrire à Angers, on était inquiet de votre silence. Il faut traiter les peines des autres comme le Bon Dieu, avec sa grâce, faisant sa part à la faiblesse humaine, à l'exagération du sentiment du moment, et aussi un peu à la tentation du démon. Tout cela fait et déduit, le nuage se dissipe vite, parce que le soleil reparaît. N'épousons jamais les peines et les misères des autres, parce que nous n'avons pas leur grâce, ni le caractère qui les rend naturelles à la personne; et même, sachez qu'une peine dite paraît toujours plus vive à la personne qui écoute par son coeur et sa compassion, qu'à celle qui la sent. C'est la fumée plus épaisse à mesure qu'elle sort de son foyer qu'elle décharge.
Permettez-moi de vous faire part d'une grande richesse que j'ai trouvée: j'espère que vous en recueillerez les bons fruits.
Dieu nous aime personnellement d'un grand amour de bienveillance, et d'un amour infini et éternel. L'amour de bienveillance consiste à vouloir purement et exclusivement le bien et le meilleur de la personne ainsi aimée.
En Dieu, l'amour de bienveillance est personnel; Dieu aime une personne, vous aime comme si vous étiez sa fille unique, parce que son amour est un et infini.
Tous les attributs divins de Dieu sont à la disposition de son amour de bienveillance pour vous, afin de vous sanctifier en son amour et sa grâce, pour pouvoir vous communiquer en l'éternité son bonheur et sa gloire, parce que l'amour veut l'union, et l'union, fin et triomphe de l'amour, fait la société de biens et de vie. L'amour ne veut pas être heureux seul.
Les grands attributs de Dieu qui sont à la disposition de l'amour de bienveillance sur une âme, sur vous, sont:
La sagesse divine qui choisit ce qui convient mieux au bien et à l'état actuel de cette âme chérie; la Prudence divine applique ces moyens de sanctification; la Puissance divine nous aide, nous soutient, nous défend; la Miséricorde a toujours le coeur d'une bonne mère à la main pour nous pardonner, nous relever, parce que l'enfant a deux ennemis ou plutôt deux titres à la miséricorde : sa faiblesse et sa légèreté, - je voudrais [dire] sa bêtise et sa présomption; la Providence divine combine tous les événements du temps, des circonstances, des occurrences, autour de cette chère âme comme étant le centre du mouvement céleste et terrestre, afin que tout la serve dans sa fin surnaturelle. - Aussi, il est des créatures pour nous exercer, nous faire souffrir, afin de nous rappeler que c'est l'exil, le temps de l'expiation, de l'amour crucifié avec Jésus-Christ notre bon Sauveur; - d'autres pour nous servir de guide un petit bout de chemin puis disparaître, parce [que] Dieu remplace l'ange Raphaël, Moïse, Josué.
D'autres sont un miroir où l'on voit sa misère - du moins possible - en mal, en mauvaises dispositions d'Adam; d'autres sont un livre de sainte vie; d'autres, des pauvres de Dieu. - L'Imitation a dit: "Il n'est pas de créature si petite et si misérable qui ne représente en ce monde la bonté de Dieu." Les pécheurs ne nous montrent-ils pas la bonté de Dieu qui leur fait du bien même matériel, qui les invite, les attend, leur pardon à la main?
C'est la divine Providence qui non seulement met sur notre chemin les créatures qui doivent nous faire exercer quelque acte de vertu, mais elle détermine encore dans sa divine bonté pour l'âme l'état du corps, souffrant ou bien portant, parce que c'est le régime marqué du jour pour glorifier Dieu ainsi ce jour-là : c'est le bulletin de la journée signée de la divine Providence.
Les états naturels de l'âme sont aussi réglés par cette aimable Providence sur les grâces que Dieu donne et les oeuvres qu'il va demander. Tantôt il donnera à l'esprit plus de vie, d'autres fois au coeur, toujours à la volonté parce qu'elle est la maîtresse de maison, la servante de Dieu.
Les états spirituels de l'âme sont surtout l'objet de la direction de la divine Providence, parce qu'ils sont la vraie condition de la sanctification. De là la grande loi de vie: il faut aller, selon la direction du vent de la grâce, honorer Dieu par ses états naturels et surnaturels, se servir de tout ce que la divine Providence nous met à la main et sur notre passage, voir en tout cette sainte et aimable Volonté autour de nous et dans nous, agir dans sa direction, consulter son inspiration, lui offrir la première intention de tout, lui rendre hommage en toute surprise, en toute rencontre, la reconnaître partout, la supposer quand vous ne la voyez ni ne l'entendez, car elle aime à se voiler parce qu'elle aime l'obéissance de foi et l'amour de dévouement.
La conclusion est donc facile :
Le meilleur état est mon état présent pour glorifier Dieu.
La meilleure grâce est celle du moment présent.
La loi du devoir est celle que l'amour inspire et que l'amour accomplit. Retenez bien cette définition, elle est de Notre-Seigneur, contenue en son sermon de la Cène: J'aime mon Père, j'accomplis sa volonté et demeure dans son amour.
Cela posé, revenons aux difficultés.
1· Si j'étais sûre que Dieu m'aime comme vous le dites, je serais trop heureuse!
- Vous pouvez être assurée que Dieu vous aime de cet amour de bienveillance, votre vie en est la preuve continuelle. Si vous pouviez faire l'histoire de la divine Providence sur vous, c'est un miracle continuel de bonté, de moyens, de secours!!!
2· Mais qui m'assure que Dieu m'aime?
- Lui-même en vous. Est-ce que vous ne sentez pas que votre âme est à lui et veut n'être qu'à lui finalement? Est-ce qu'il n'est pas le seul bien, le seul Dieu, le seul désir, le seul plaisir de votre coeur? Toute votre peine n'est-elle pas de craindre de lui déplaire ou de lui avoir déplu? Ne donneriez-vous pas tout au monde pour acheter son amour, son bon plaisir, l'impeccabilité pour ne jamais l'offenser ni le perdre, ni même pour ne pas aller au Purgatoire, chose qui vous effraie tant? - Si - donc Dieu vous aime d'un amour personnel, vrai, je ne veux pas dire: Donc vous aimez Dieu souverainement, c'est dire la même chose.
3· Mais qui m'assure qu'il m'a pardonné?
- Votre humble confiance, votre foi en sa miséricorde. Vouloir une certitude en ce monde, ce serait vouloir être déjà au Ciel. Attendez!... il faut bien que l'humilité, la confiance, l'abandon, un peu de boue en marchant, nous disent que nous sommes encore en chemin et qu'il faut être le mendiant de Dieu, le pauvre de Dieu, et lui devoir son pardon, sa grâce et même son Ciel.
4· Mais, puisque Dieu m'aime, pourquoi suis-je si triste, si désolée, si délaissée même de lui?
- Vous n'êtes pas triste, ni désolée, ni délaissée! Regardez autour de vous: que de biens naturels! que de moyens de servir Dieu! que de secours que tant d'autres n'ont pas! Vous êtes instruite, vous avez la foi, la piété, les moyens de nourrir cette piété. Qu'est-ce donc qui vous manque? Tout et rien.
Tout, parce que vous êtes encore en ce pauvre monde de misères et que vous ne jouissez pas de Dieu, mais qu'il y [a] combat, guerre en vous, du vieil Adam contre Jésus-Christ, de la nature contre l'esprit de Jésus-Christ: c'est le combat, on ne jouit pas sur un champ de bataille. Puis, tout vous manque hors de Dieu, hors de son sentiment, hors de cette douce paix que donne de temps en temps sa bonté, et cela est bon signe: c'est le préservatif contre l'esprit et les jouissances du monde et des créatures; c'est le soupir d'amour vers Dieu, et c'est très bon.
5· Mais je me décourage et me désespère!
- C'est votre épreuve, et même un peu votre naturel dans la surnaturel. Cet état serait très agréable à Dieu si vous saviez le surnaturaliser, c'est-à-dire honorer Dieu en votre faiblesse, votre misère et vos abandons! Faites-le en ce temps de la Passion de Jésus-Christ, c'est la grâce et la vertu du moment.
Cependant, écoutez mon conseil: Quoique l'âme spirituelle se nourrisse de cet état de souffrances intérieures qui ne dépend pas d'elle, observez les trois règles suivantes:
1· Ne rien laisser de vos devoirs de piété, ni la sainte Communion à cause des troubles de cet état.
2· Eviter la pensée que c'est le fruit de quelque faute secrète, de quelque déplaisir de Dieu, qui vous laisse, qui vous punit ainsi : c'est là votre tentation.
3· Faire de cet état des actes positifs d'amour de Dieu, d'hommage à sa sainte Volonté, c'est-à-dire prendre la vertu contraire ou honorer l'état semblable de Notre-Seigneur.
Voilà mon papier qui s'en va, je finis par ce mot royal:
Demeurez, non dans l'amour, car ce serait souvent une cause de mille tentations : Est-ce que j'aime? est-ce que je suis aimée?
Demeurez dans la maison de la divine et paternelle bonté de Dieu comme un enfant qui ne sait rien, ne fait rien, gâte tout, mais vit dans cette douce bonté.
Je vous bénis en N.-S.
EYMARD.
P.-S. - Je vous avais écrit chez Madame votre soeur au Mée.
Rome, 4 Mars 1865.
Bien cher Père,
Je vous écris un petit mot pour vous dire que j'ai vu hier Son Eminence le Cardinal Barnabo; je l'ai trouvé bien disposé et même peiné que Monseigneur Capalti, à qui il en avait donné la mission n'ait pas fait passer notre affaire malgré sa maladie; me répétant: "Voyez le Secrétaire pour qu'il ne l'oublie pas encore"; or je suis toujours sur le dos de ce pauvre Monseigneur Capalti qui me donne sa parole, puis n'ose plus me voir.
Cependant le Cardinal m'assure que c'est pour la prochaine Congrégation générale de mars. Seulement, cher Père, je me suis trompé, ou Monseigneur Capalti s'est trompé: ce n'est pas lundi 6 destiné aux affaires du rite oriental, mais peu après; on n'a pu me dire le jour, je le saurai la semaine prochaine.
J'étais presque décidé à partir de suite en voyant que ce n'était pas le 6 que notre affaire passait; et surtout après la réception de Monseigneur Capalti hier matin; mais réflexion faite, d'après ce que m'a dit le Cardinal Barnabo que j'ai vu après, je vais attendre encore un peu; je crains Monseigneur Capalti, et comme ce n'est pas lui qui juge, mais qui présente l'affaire, on me donne le bon conseil de la présenter moi-même aux divers Cardinaux, déjà deux sont pour: le Card. de Reissach et le Card. Pitra, ajoutez-y le bon Cardinal Préfet.
Quelle triste journée j'ai passée hier! Mais le Bon Dieu nous en tiendra compte. J'ai appris du Card. Préfet des détails sur Jérusalem inouïs, des misères que l'on a faites à ce bon et excellent Custode général, par ce qu'il est bien avec le Patriarche: on l'avait forcé par mille tracasseries à donner sa démission; mais le Saint-Père n'a pas voulu l'accepter, et l'a nommé Visiteur Apostolique de toute la Syrie.
Le diable fait bien des siennes, et ces pauvres têtes là-bas se font du mal ici, et montrent leur pauvre esprit.
Le Général des Franciscains à Rome s'est bien montré aussi en cette triste affaire qui vient d'avoir lieu.
Je dis les messes de fondation. Ici je fais comme vous, ici on donne la petite collation le matin, et je puis jeûner avec cela: c'est du chocolat à l'eau avec du café, mêlés si l'on veut, ou mixtio, puis un petit frustulum comme les quatre doigts, et tout va bien.
Les Corps les plus sévères à Rome jeûnent ainsi.
Bonne confiance, le Cénacle est en chemin.
Tout vôtre en N.-S.
EYMARD.
Rome, 7 Mars 1865.
Bien cher Père,
Encore une petite épreuve!
Il n'y a pas eu Congrégation générale des Cardinaux hier, elle est renvoyée dans le courant du mois. Puisque j'ai tant attendu, j'attends encore un peu; demandez toujours la Sainte Volonté de Dieu.
A Rome, les officiers comme les simples militaires sont exempts de maigre et de jeûne.
Je suis toujours ici en retraite chez les bons Rédemptoristes, c'est ce qui me console et me fait du bien.
Amitiés fraternelles à tous.
Tout vôtre en N.-S.
EYMARD.
P. S. Je suis content de l'ordination du bon frère Henri; pensez aussi à celle du frère Chave, voyez s'il ne se décourage pas un peu: c'est sa tentation! Une fois Sous-Diacre, il en sera délivré.
A.R.T.E.
Rome, 11 Mars 1865.
Chère Mère en N.-S.,
Je suis encore ici, mais, j'espère, pour peu de temps. J'ai été assez heureux pour faire une retraite d'un mois bien à mon aise hors de Rome; maintenant j'attends encore quelques jours pour savoir si la Propagande nous donne enfin une réponse. Sinon, je partirai sans elle, et l'attendrai à Paris de la divine Providence, parce que peut-être n'est-ce pas encore l'heure, quoique j'espère malgré tout et contre toute espérance.
J'admire comme le bon Maître a bien su s'y prendre pour me forcer à me mettre en solitude, et, aujourd'hui, j'en suis tout content. Non que je veuille quelque chose de plus, non! mais j'y vois un peu plus clair.
Reste la fabrication de ce nouveau pain de ma pauvre âme. Je ne vous en donne pas aujourd'hui, ce serait du vieux que vous connaissez depuis longtemps, et qui ne vous a pas toujours profité, parce qu'il était trop vieux! Nous vous donnerons du nouveau à notre arrivée. En attendant, laissez-moi vous dire tout simplement: Tâchez donc de n'être pas à l'aumône des pauvres gens, des pauvres directeurs, des pauvres livres, des pauvres images et même des beaux cantiques : tout cela est bien vite épuisé. Vivez donc de Notre-Seigneur, en Notre-Seigneur et pour Notre-Seigneur. - "Celui qui demeure en moi et moi en lui, dit Notre-Seigneur, celui-là fait de grandes choses!" Demeurez donc en Notre-Seigneur; mais comment? me direz-vous.
En vous QUITTANT.
Là-dessus, je vous bénis en ce bon Maître et suis
Tout à vous.
EYMARD.
P.-S. - Voyez un peu plus le P. de Cuers. Je vous assure qu'il est meilleur qu'il ne le paraît, ou plutôt que vous le croyez.
Rome, 11 Mars 1865.
MADAME EN N.-S.,
Je suis encore à Rome; j'espère cependant en repartir dans la quinzaine. Toutefois, je ne compte plus avec le Bon Dieu, parce que mes calculs me trompent toujours.
Mais mon désir est toujours de vous dire un petit bonjour du Bon Dieu en passant, vous entendre, vous dire ce que je saurai de bon, et vous faire un peu de bien avec votre bonne et chère fille.
Je suis bien reconnaissant envers le Bon Dieu de la grâce qu'il m'a ménagée de faire une retraite d'un mois ici solitaire près de Sainte-Marie Majeure, loin de la ville et des visites. Si j'en sors misérable, au moins je connaîtrai mieux une porte excellente, celle de la prière qui s'ouvre quand on veut.
Je vous ai bien plainte, car avoir perdu un bon directeur, c'est avoir perdu beaucoup; mais Notre-Seigneur vous reste, et il faut tâcher de vivre un peu plus avec sa direction intérieure et ménager son pain de vie, c'est-à-dire vivre avec Lui, en son intérieur plutôt que dans le vôtre.
Il a dit: Celui qui demeure en moi et moi en lui, celui-là fait de grandes choses.
Demeurez donc plus en Notre-Seigneur.
Je vois de temps en temps cette bonne Madame Nugues; elle est toujours souffrante, et si elle n'avait beaucoup de vertu, je la plaindrais beaucoup.
Adieu, bonne dame; à bientôt, s'il plaît à Dieu.
Tout à vous.
EYMARD.
Rome, 18 Mars 1865.
Bien cher Père,
Je suis toujours ici et en attente pour le mois de mars.
J'ai vu les Cardinaux influents: ils sont bien disposés, mais tout va dépendre de la manière de présenter la question par Monseigneur Capalti.
J'irai le voir la veille, et pour cela je prendrai mon grand courage, car vraiment je n'ose presque plus aller à la Propagande, tant je parais les ennuyer.
Je vous envoie la note d'une caisse de livres qui vous arrivera dans une huitaine de jours; tous ne sont pas à nous, ni la petite caisse intérieure.
J'ai été assez heureux pour pouvoir acheter le grand ouvrage de droit canon que fit réimprimer le Pape Grégoire XVI, et qui passe pour le premier de tous; j'ai aussi pu trouver quelques bons ouvrages de théologie et de philosophie, et la bonne édition de Noël Alexandre corrigée.
Je ne vous dis pas que je languis, que je voudrais m'en aller d'ici. Le Bon Maître le sait; mais avant tout, il faut faire ses affaires eucharistiques; le temps n'est rien pour Dieu, c'est sa gloire qui est tout.
Je vais bien, le Carême ne va pas mal. Je ne sais rien d'ici, car je vis en solitaire. Je sais que le Saint-Père est très bien, et c'est tout pour Rome et pour le monde!
Mes affectueux sentiments à toute la chère famille.
Tout à vous en N.-S.
EYMARD.
P. S. Nous sommes convenus à 31 fr. les 100 kilos; j'ignore les frais d'entrée et de douane.
Le R. Père de Cuers,
religieux du T. S. Sacrement,
68, Rue Faubg. Saint Jacques,
Paris.
Rome, 21 Mars 1865.
Chère fille en Notre-Seigneur,
Je vous envoie la lettre de Monseigneur; cachetez-la avec un peu de cire sous le sceau, et faites-la porter à Sa Grandeur.
Si elle vous demande si vous savez ce que j'ai écrit, vous direz que je vous l'ai dit. Si Sa Grandeur se plaint de n'avoir pas été mise au courant, c'est que c'était une chose personnelle, et qu'après tout, c'était au confesseur à le faire, s'il en avait besoin; et pour vous, renvoyez-nous la responsabilité.
C'est une épreuve et voilà tout. Dieu en tirera sa gloire. Allons! pauvre fille! vous voyez trop ou le succès de l'Oeuvre, ou les épreuves. C'est bien naturel et surnaturel sans doute quand on est aussi dévouée que vous l'êtes à l'Oeuvre de Notre-Seigneur; mais il faut prier, laisser le bon Maître calmer les vents et les tempêtes, et ne jamais se peiner... mais se tenir à ses pieds.
... (Trois lignes effacées)... Ne vous tourmentez pas... Ce mot "il faut"... est de la misère humaine... mettant en cette alternative, je... dirais d'examiner, de prier, puis de partir; car quiconque me mettra en cette alternative, je commencerai par punir la première qui menace; mais ayez soin de ne pas y mettre d'importance. Rappelez-vous qu'un Supérieur doit regarder comme non dit, et non vrai, et non à corriger, tout ce qui ne lui est pas dit officiellement ou coupablement.
Je vous bénis en Notre-Seigneur
EYMARD.
Prenez copie de ma lettre à Monseigneur.
St.Benoît
Rome, 21 mars 1865
Chère Soeur Benoîte,
Je viens souhaiter votre bonne fête de St. Benoît. Je vous l'ai bien souhaitée ce matin à la Ste Messe. Je demande à notre bon Maître de vous donner son saint amour et que vous souffriez bien tout pour lui et lui seul. - car il n'y a que cela qui lui plaise, d'avoir le premier hommage de tout.
Soyez simple et douce comme la T. S. Vierge, comme St. Joseph si petit à ses yeux, comme Jésus doux et humble de coeur.
Ne vous arrêtez pas à vos peines d'esprit absolument coupez court à tout retour.
N. S. aime bien les enfants, - or les enfants oublient vite les peines passées et sont toujours à la chose présente, c'est ce qui fait leur simplicité et leur paix.
Priez pour Rome, - pour le Secrétaire de la Propagande et pour les Cardinaux. Je crois que le dernier terme d'attente sera pour le premier lundi d'avril. Que Dieu soit béni et glorifié de tout!
Je vous bénis en N. S.
EYMARD
Rome, 30 Mars 1865.
Bien cher Père,
Adorons les desseins de Dieu et bénissons sa sainte volonté! le dilata est maintenu par la Congrégation générale des Cardinaux. C'est Monseigneur Capalti qui, hier, m'a dit que, le 28, la S. Congrégation avait décidé de laisser le statu quo et ne rien changer à l'ancien ordre des choses, qu'il n'y avait rien à faire pour le moment.
En sortant de la Propagande, je suis allé faire viser mon passeport. Je serais parti de suite, je n'ai pu prendre le chemin de fer; je pars ce soir par terre, je crains de souffrir trop par la mer, étant un peu misérable. J'irai à petites journées, pour ne pas passer trop de nuits sans sommeil.
Cette nouvelle m'a un peu secoué, j'ai hâte de partir, quoique je m'attendisse un peu à tout. Cependant les Cardinaux influents me paraissaient très disposés, surtout le Card. Préfet. Comment a-t-on présenté l'affaire? je l'ignore, je n'ai qu'à dire: fiat voluntas tua!
Le T. R. P. Supérieur des Rédemptoristes a été d'une bonté excessive pour nous, et la grande question; il s'est mis en mouvement pour cela, il mérite bien notre reconnaissance.
A bientôt, je l'espère.
Tout à vous en N.-S.
EYMARD S. S.
Au R. Père de Cuers,
religieux du T. S. Sacrement,
68, Rue Faubg. Saint Jacques,
Paris.
1863.
Bon Père,
J'avais le projet, en revenant de Rome, d'aller vous faire une petite visite à Carnoules. Je vins par terre jusqu'à Gênes, mais effrayé de la longueur des chemins, je pris le chemin de fer de Turin. Je voulais d'abord vous voir, car il y a longtemps que je n'ai pas eu ce plaisir, puis vous parler de Rome et vous louer de votre noble dessein de ne pas poursuivre en cour Romaine. Comme je le vois avec grande édification, la vertu est plus forte que l'injure: le mérite et même l'honneur en grandiront d'autant.
Je ne vous parle pas de votre cher fils, il vous est connu, il es chéri de tous ici et béni de Dieu. Heureux père, heureuse mère d'avoir un tel fils! Heureux frère, heureuse soeur d'avoir un tel frère!
Si c'était à nous que vous l'eussiez donné, nous serions insolvable; mais c'est à Dieu et à J.-C., au T.S. Sacrement, que le don est fait! vous êtes donc le grand créancier de ce Bon Maître! Pour nous, nous aimons à faire partie de l'amitié de la famille, puisque par le P. Audibert nous sommes devenus un peu vôtres.
Adieu, bon Père, bonne mère, ou plutôt à revoir.
Tout votre en Notre-Seigneur.
EYMARD
Paris, 18 Avril 1865.
Chère fille,
Patience, prière et confiance.
La résurrection de Notre-Seigneur vous ressuscitera toutes et rétablira toutes choses.
Soyez toujours bien prudente en tous ces conflits d'autorité, et soyez bien pour Monseigneur l'Evêque.
Je vais mieux, mais une grande lassitude me reste.
Bonjour, soeur Benoîte, mais ce bonjour de Notre-Seigneur ressuscité! Ne soyez pas triste.
Mes voeux et bénédictions à toutes vos chères filles.
Je vous bénis.
EYMARD.
Je vous écrirai plus longuement demain.
Paris, 20 Avril 1865.
Bien cher Père,
Je vous remercie de votre aimable lettre et de vos prières; ma grippe s'en va à petits pas; et quand je serai mieux, j'irai faire un tour à Angers.
Nous pensons, le P. de Cuers et moi, que le P. Audibert ne peut aller en ce moment à Angers, il vient de travailler beaucoup à Beauvais: ce serait trop le surcharger et l'user; vous ferez votre retraite vous-même, cher Père: votre voix est sympathique à ce pieux auditoire.
Vous êtes sur les lieux pour bien en juger, mais après un jubilé, un carême, les pâques, peut-être une retraite plus tard aurait-elle été mieux placée; encore une fois le commandant sur les lieux juge mieux que ceux qui ne voient les choses que de loin.
Rien de nouveau, tout le monde va bien, amitiés fraternelles à tous.
Tout à vous.
EYMARD, S.
Paris, 22 Avril 1865.
BIEN CHERE DAME EN N.-S.,
Je vous remercie de vos remerciements, qui m'ont fait vous lire une seconde fois. Vous ne me devez rien en fait de messes. Je prierai pour ce mariage futur, car j'y vois des convenances et une bonne fin.
Vous allez donc à Calet! je vous envie ce bonheur. Me voilà retombé dans ce monde de visites et d'affaires: que Dieu en soit béni! mais j'en suis triste un peu; en arrivant j'ai pris la grippe qui m'a forcé de rester dans la maison tout en me traînant: c'était un repos de l'âme. Vous avez eu le premier fruit de Rome, d'autres n'ont eu que quelques feuilles: c'était bien juste; aussi je n'ai été qu'un pauvre vase qui avait encore le parfum de ce qu'il avait reçu, avec tant de bonté, de Dieu. Sachez être heureuse, avec vous; sachez vous nourrir de sa divine Providence naturelle et surnaturelle de chaque moment; soyez-lui tendrement unie par le sentiment simple du coeur et du désir, en général quand rien de particulier ne stimule l'amour et tout particulièrement quand vous recevez quelque bonne visite intérieure.
Je bénis bien vos vers à soie afin que le bon Maître les fasse croître et arriver à plein succès.
Un souvenir à cette chère fille de votre coeur.
Tout à vous en N.-S.
EYMARD, S.
P.-S. Vous écrirez les noms et les prénoms des deux agrégées.
Paris 22 avril 1865
Mademoiselle,
J'ai été le premier à regretter de ne pouvoir vous revoir; j'avoue que je ne serais pas reparti sans ce devoir accompli, devoir du coeur et aussi de la reconnaissance, car l'amitié des âmes a ses droits bien doux et bien légitimes, mais je me sentais un peu fatigué; mais le languison de Paris m'a pris et je suis venu pour me mettre au lit où j'ai été retenu par la grippe, elle s'en va à petits pas.
Je viens donc répondre à votre bonne lettre. Etes-vous donc digne d'amour ou de haine?
Objet d'amour et de miséricorde. Oui, bien sûr, oui, vous voyez bien que, bon gré mal gré, le bon Maître vous fait encore un époux jaloux. Il vous ôte tout pour être votre seul bien. Il vous ôte même vos vertus et la possibilité du travail pour être votre seule vertu et votre action.
Or c'est un principe sûr que quand Dieu dépouille une âme, c'est qu'il veut la revêtir de ses grâces de miséricorde; puis il vous dépouille de vous-même et vous arrivez à ce dernier état d'avoir peur de vos bonnes oeuvres mêmes et de ne plus pouvoir trouver la confiance qu'en l'abandon en l'infinie miséricorde de Dieu et dans les mérites infinis de N.S.J.C.
Dieu vous aime beaucoup. Il a toujours eu votre coeur en premier. Vous avez toujours souffert. Il vous a donné un jugement droit qui vous a bien préservée, et une conscience un peu sévère qui vous a soutenue. Vous vous trouvez bien pauvre et misérable dans vos oraisons et prières. C'est vrai, quand on vieillit, le sentiment naturel se rajeunit et le sentiment surnaturel s'affaiblit de jour en jour, pour faire place à l'esprit de pure foi et à la fidélité de la vertu. Vous en êtes là, soyez fidèle et toujours matériellement fidèle à vos pratiques pieuses; autant du moins que votre santé et vos forces vous le permettront et Dieu sera content de vous. Le caractère est le même; c'est naturel, c'est même nécessaire.
Où serait ce combat quotidien de la vertu, si la paix était parfaite en nous ? Ne faites jamais la paix avec vos défauts de caractère, mais aimez ce caractère pour la vertu qui doit faire son mérite et sa force.
Le caractère c'est nous.
Pour la confession à la volée: continuez - c'est bon - c'est la loi de l'état. Le pauvre reçoit sans autre préparation que sa pauvreté habituelle. Préparez la confession le matin, si c'est possible, cette préparation reste en habitude. L'action de grâce y gagnera.
Le recueillement doit vous être bien difficile - surtout le recueillement de la conscience et de ses actes - cela tient à l'état monotone de votre vie, de votre état un peu maladif et aussi un peu à la paresse d'esprit. Ayez une vue simple sur la conscience; méprisez ce qui n'est pas clair et précis comme une tentation. Hélas! bonne soeur, il faut se résigner à servir Dieu par le coeur seulement. Le coeur hérite de ce que les autres facultés perdent, et Dieu veut le coeur, il est toujours à notre disposition. Nous cheminons vers le Paradis, désirons-le, ce beau ciel, en disant souvent: Adveniat regnum tuum. - Toujours grand merci de votre si bon souvenir; chez vous, la reconnaissance ne peut vieillir. Que n'y ai-je plus de droit!
En notre bon Maître, Tout vôtre.
Paris, 24 Avril 1865.
Bon Père,
J'espère vous arriver demain soir pour passer seulement quelques jours à Angers et y traiter ou du moins examiner plusieurs affaires au sujet du Tertre.
Nous avons tous cru que le frère Anatole ne pourrait rester chez nous: cette vie trop contemplative ne convient pas bien à sa forme d'esprit déjà trop absorbé, et aussi à sa santé: je lui ai conseillé une vie plus active, il le comprend; je crois qu'on le recevra chez les Pères Maristes: c'est un bon sujet, capable, et bon confrère, mais nous ne pouvons compromettre sa santé; il a écrit a sa respectable famille et il viendra avec moi.
Je pense envoyer d'Angers à Paris, pour quelques jours seulement, le Père Carrié: cela lui fera du bien; dites-lui de se tenir prêt pour mercredi soir, il aidera au P. Chanuet à prêcher sa retraite de Première Communion, qui commence jeudi prochain; il fera quatre instructions.
A bientôt, cher Père, et nous causerons à l'aise de notre petite et chère Société et de la gloire du Bon Maître.
Tout vôtre en N.-S.
EYMARD, S.
Chemin de fer, 26 Avril 1865.
BONNE DAME EN N.-S.,
Me voici de retour de Rome. En arrivant en France, j'ai été grippé; je vais assez bien. Me voilà à Angers jusqu'à lundi de la semaine prochaine.
Assurément, si j'y étais plus longtemps, j'irais vous voir; mais je crains de n'avoir pas le temps. Si vous vouliez me voir à
A Nantes, il faudrait que je vous susse malade; alors vous seriez sûre de m'y voir quelques heures.
J'attends au moins de vos nouvelles; vous savez avec quel dévouement je suis, en N.-S.
Tout à vous.
EYMARD.
P.-S. Mes bien religieux souvenirs à votre bonne soeur.
Angers 5 mai 1865
Chère fille en N. S.,
J'ai cru bien dire hier, - et mettre bien toutes choses en la grâce de la paix.- Ce n'est pas possible que vous ayez pris dans un autre sens tout ce que j'ai dit. Pauvre Sr. Benoîte,- il ne faut pas vous laisser aller à cette tristesse. Je n'ai pas même pensé à ces que vous avez cru.
Comment pouvez-vous croire de telles pensées de moi, après tous les témoignages de confiance que je vous ai donnés?
C'est une grande tentation, c'est le démon qui vous fatigue, remettez-vous en paix, soyez assurée que je n'ai rien voulu vous ôter, ni voulu diminuer.
Je vous en prie pour l'amour de N. S., remettez-vous en paix et au travail de votre charge.
Je vous bénis.
Eymard.
Paris, 6 Mai 1865.
MADAME EN N.-S.,
Je vous renvoie votre pieuse photographie; elle est l'image d'une sainte.
C'est le 25 mars qu'on l'a vue aller dans la Patrie, heureuse et belle! A quand notre tour?...
Je remercie Notre-Seigneur de vous avoir vue, et le ferais encore plus si j'avais pu faire beaucoup de bien à votre âme, car elle m'est bien chère en Notre-Seigneur.
Me voici au milieu de Paris, et de mille choses. Que Dieu en soit béni et glorifié! Mais l'âme en souffre, et souvent l'esprit de recueillement.
Soyez toujours bien unie à Notre-Seigneur: c'est la vraie et unique vie, puisque c'est notre grâce, notre vertu, et notre bonheur.
Je vous bénis en N.-S.
EYMARD, S.
Paris, rue fg S. Jacques 68, 8 mai 1865
Eminence,
Votre charité m'a toujours si bien accueilli, que je la prie de vouloir bien me lire une dernière fois.
En arrivant en France, j'ai appris qu'on nous avait dénoncés à la Propagande, comme ayant une branche de religieuses qui, étant sous notre obéissance, partageaient nos oeuvres.
On m'a assuré que Votre Eminence avait reçu une lettre d'une personne très respectable, constatant ce fait, et que des religieux que je ne nommerai pas, jaloux de notre projet, avaient fait à Mgr Capalti la même dénonciation.- Je ne suis plus étonné, Eminence, de la froideur de Mgr le Secrétaire ni du retard toujours prolongé de l'examen de la question de notre fondation à Jérusalem. Je suis même surpris que vous ayez eu pour moi tant de patience et d'égards. Je voudrais seulement dire ma peine, de n'avoir pas été consulté sur ce fait. Or j'affirme à Votre Eminence que le fait est faux, que nous n'avons pas de religieuses, que je n'ai envoyé personne à Jérusalem à cette intention, que nous n'avons nullement cette pensée, sachant les intentions du S. Siège sur ce point.
J'ose espérer, Eminence, que mon affirmation absolue, sans équivoque aucune, trouvera un accueil favorable devant votre impartialité.- mais ceux qui ont dit le contraire ont dû avoir des données positives, dira-t-on. c'est possible qu'en France on nous regarde comme les Supérieurs d'une Communauté d'adoratrices fondée à Angers par notre concours; mais ces Dames sont sous la dépendance et l'obéissance de l'Evêque et ont pour confesseur et pour aumônier des prêtres séculiers de la ville, du choix de Mgr l'Evêque.
Ce qui a pu tromper les dénonciateurs et peut-être Mgr le Patriarche de Jérusalem, c'est qu'une demoiselle de Paris, nommée Marie Michel, sachant nos projets est partie pour Jérusalem, malgré mon assurance que nous ne voulions pas nous unir à aucune oeuvre de femmes; que nous ne ferrons rien de semblable surtout dans un pays aussi corrompu.- A tout cela elle m'a répondu qu'elle était libre d'y aller. On ne peut donc m'imputer ses paroles ou ses projets, si elle en a; d'ailleurs elle doit être de retour de son pèlerinage avec la caravane française.
Cela étant, il nous est bien dur, Eminence, d'avoir été traités si sévèrement par la S. Congrégation. Surtout après les 2 lettres émanées de la Propagande, qui nous encourageait si expressément à réaliser notre projet de fondation d'attente à Jérusalem et nous avait recommandés à Mgr le Patriarche.- Par la dernière décision de la S. Congrégation, nous voilà compromis auprès de S. Excellence M. le Ministre des Affaires Etrangères à qui nous avions fait part de la lettre de Votre Eminence. Quelle raison en effet pouvons-nous alléguer des ce refus nouveau? nous n'avons rien fait pour démériter, nous nous étions préparés à grands frais pour cette installation, serait-ce donc notre qualité de français qui serait un obstacle? on nous parle sans cesse des privilèges de la terre sainte, mais nous les respectons et les respecterons; nous ne pouvons faire concurrence aux P. P. Franciscains puisque nous ne sommes qu'adorateurs et qu'eux sont curés et missionnaires.
Il est bien dur, Eminence, de voir la terre promise de loin et de mourir sur le Mont Horeb.- Mais Moise avait péché par défiance et nous avons péché peut-être par trop de confiance.
Daigne Votre Eminence excuser une dernière fois cette expression de ma peine, mais aussi de mon espérance en sa Justice et son amour de la vérité.
C'est avec le plus profond respect que je baise votre Pourpre sacrée et suis heureux d'être
Son très humble et très obéissant serviteur.
P. Eymard.
Sup. de la Société du SS.