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Nr.1502

A SA SAINTETE PIE IX.

1. Nota: Supplique rédigée en janvier 1864 à Paris, mais présentée au Saint Père par le P. de Cuers le 2 février.

TRES SAINT PERE,

Pierre Eymard, Supérieur de la Société du T.S. Sacrement à Paris: humblement prosterné aux pieds de Votre Sainteté expose: que depuis bien des siècles, le Cénacle est entre les mains des infidèles, pour la punition et l'humiliation des chrétiens; et cependant, c'est l'Eglise la plus vénérable et la plus Sainte du monde! ce fut là le premier autel, le premier tabernacle de la Ste Eglise de Jésus-Christ; c'est de là qu'elle est sortie sainte et puissante pour conquérir le monde au Sauveur; il serait bien temps, Très Saint Père, de rentrer en possession de notre maison paternelle; de remettre Notre Seigneur sur son trône d'amour et de lui rendre un culte solennel et perpétuel d'adoration là même où son amour excessif institua le sacrement adorable de l'Eucharistie. Le dogme de l'Immaculée Conception doit naturellement amener le règne eucharistique de Notre Seigneur; c'est notre confiance; et le rachat du St Cénacle doit en être le fruit précieux.

Autrefois on faisait des Croisades pour les Lieux Saint. La Société du T.S. Sacrement approuvée canoniquement par un Décret de la S.C. des Evêques & Réguliers, en date du 3 juin 1863, désirerait faire cette croisade pour le St Cénacle, le racheter des mains des Turcs, disposée qu'elle est à consacrer à cette oeuvre éminemment catholique, ses biens, ses personnes et sa vie, et d'y établir un culte solennel et perpétuel d'adoration, et d'y prier jour et nuit pour Votre Sainteté, pour la Ste Eglise, pour le pardon et la conversion du monde, et le triomphe de la foi et de l'amour du T. S. Sacrement de l'autel.

C'est à cette fin, Très Saint Père, que nous envoyons /un de nos religieux/ à Jérusalem, et, avant, à Rome, afin qu'il dépose aux pieds de Votre Béatitude, notre projet et notre espérance, persuadés qu'avec sa bénédiction nous réussirons.

En conséquence l'humble Suppliant supplie Votre Sainteté, si elle juge bon, de recommander le Père de Cuers, son mandataire, à Mgr Valerga, Patriarche de Jérusalem, et si elle le trouvait opportun, d'appuyer notre demande d'un firman d'achat auprès du Gouvernement de la Sublime Porte.

Déjà M. Drouyn de Lhuis, Ministre des Affaires Etrangères, nous a recommandés à cet effet au Consul français à Jérusalem, M. de Barrère.

C'est une grande oeuvre que nous désirons entreprendre! mais ayant pour nous Votre Sainteté, nous avons Notre Seigneur Jésus-Christ, à qui tout est possible et facile.

Et le Suppliant priera le Seigneur etc...


Nr.1503

A Marg. Guillot

Adveniat Regnum tuum.

Rome, 3 Janvier 1865.

Chère fille en Notre-Seigneur,

Que le bon Maître vous donne la sainte paix et la joie de son bon service!

Vous avez dû recevoir mes lettres; j'ai reçu les vôtres.

Mr Crépon est arrivé à bon port; il est content. Je l'ai trouvé tout dévoué à votre famille bénie; il souffre un peu à l'occasion du P. Leroyer.

Gardez-le bien, ce bon curé. Je suis content, chère soeur Benoîte, que vous le craigniez moins; passez bien par-dessus cette crainte: le bon Dieu le veut.

Je l'ai prié d'écrire à Monseigneur l'Evêque pour le prévenir contre les calomnies de la mère de soeur Rose, et de soeur Rose en cas de sortie.

Je reçois à l'instant la lettre de Mr Crépon à Monseigneur; ainsi voilà Sa Grandeur avertie; maintenant voici mon avis: c'est que vous renvoyiez soeur Rose le plus tôt possible. Sa présence fait du mal à la maison. Dieu pourvoira au reste; et une fois que vous lui aurez signifié son départ, ayez soin qu'elle n'ait pas de rapports avec personne. Préparez ses affaires d'avance et soyez forte. J'apprends qu'elle prend des crises... raison de plus pour l'envoyer au plus tôt. Pour moi, je ne la garderais pas un jour.

Adieu, bonne fille, c'est l'épreuve de l'Oeuvre et la leçon de l'inexpérience: peu à peu on arrivera au but.

Je vous bénis.

Tout à vous.

EYMARD.

A l'Honorée Soeur Marguerite, Supérieure des Servantes du Saint Sacrement, 10 bis Rue de l'Hôpital, Angers (Maine et Loire).


Nr.1504

An den Sekretär der Propaganda Fide

Epiphanie 1865 /Rome/

Monseigneur,

Il y a un an en ce beau jour de l'adoration des Mages, nous prenions la résolution d'aller à Jérusalem, fonder une maison d'adoration, et nous dévouer au rachat du Cénacle, cette première Eglise du monde chrétien devenue depuis 600 ans la mosquée des Turcs.

Un premier voyage en mars nous prouva que le moment du rachat du Cénacle n'était pas encore propice. Sur la proposition bienveillante de Son Exc. Mgr le Patriarche nous proposâmes à la S. Congrégation de faire une fondation dans Jérusalem, afin qu'étant sur les lieux, nous puissions plus facilement acquérir les terrains voisins du Cénacle, convoités par les protestants et les schismatiques et possédés déjà en partie par eux.

La S. Congrégation daigna par deux lettres successives, en mai et en août dernier, louer et encourager notre dessein et nous recommanda vivement à Mgr le Patriarche.

Craignant des entraves et des difficultés, comme congrégation religieuse, de la part de notre gouvernement, nous fîmes part de notre dessein et des encouragements de la Propagande à Son Exc. M. le Ministre des Affaires Etrangères, qui le vit avec plaisir et nous promit même son appui si nous en avions besoin, il nous donna même une lettre auprès du Consul Général de Jérusalem, M. de Barrère; là devait se borner pour nous toute protection civile, car nous voulons garder notre indépendance religieuse et ne relever que du S. Siège.

Dieu, pour un plus grand bien, n'a pas permis le succès de 2 voyages à Jérusalem, et de trois à Rome en un an, j'y reviens pour la 4ème fois, décidé à y revenir 10 autres, s'il le faut pour le triomphe d'une si belle oeuvre.

En ce moment, vous le savez mieux que nous, Monseigneur, la Russie s'empare par parties de Jérusalem, avec son Consulat, qui est plutôt une citadelle; les Anglais achètent des terrains et bâtissent des écoles protestantes en la ville sainte, les juifs s'agitent vers leur Sion en ruines, on dirait qu'il y a un mouvement d'avenir vers les saints lieux.

Le rétablissement du Patriarcat de Jérusalem établit comme une Ere nouvelle; déjà des Congrégations de femmes religieuses nous ont précédés; quand donc sonnera l'heure qui fera tomber le dilata! que la sagesse a inspiré sans doute, mais qu'un crescite et multiplicamini et replete terram doit maintenant remplacer.

Il n'y a plus à craindre, Monseigneur, de collisions, de tristes rivalités religieuses, les temps en sont passés, nous sommes sur le champ de bataille; l'union fait la force et l'isolement da défaite ou du moins l'impuissance.

La S. Congrégation doit se réunir ces jours-ci pour prononcer sur cette question religieuse des SS. lieux. J'espère que la gloire de N.S. au T. S. Sacrement y aura sa victoire, c'est du moins l'objet de tous nos voeux et de toutes nos prières.

Excusez, Monseigneur, ma hardiesse de vous écrire, c'est afin que vous pensiez encore plus à notre cause, et daignez agréer les sentiments de la plus vive et respectueuse gratitude

De votre humble serv.

Eymard

Sup. Soc. SS.


Nr.1505

An Gräfin v. Andigné

Adveniat Regnum tuum.

Rome, 20 Janvier 1865.

Madame en N.-S.,

Votre lettre a subi les retards du bateau, voilà pourquoi ma lettre vous arrivera tard. Gardez Notre-Seigneur de par l'Evêque et ne vous inquiétez plus du reste. Vous êtes en sûreté de conscience derrière celle du saint Evêque et je regarde comme inutile, impossible et même peut-être regrettable la démarche que l'on pourrait faire pour vous être agréable. De grâce, n'en parlez plus, si vous ne voulez pas être traitée comme une étrangère, même à Rome. Voilà deux fois que vous demandez cela, n'y revenez pas, ce serait une tentation.

L'essentiel c'est de bien nous affermir en la confiance en Dieu, de nous nourrir de sa vérité, de nous dévouer à sa gloire par notre amour souverain, l'aimant en tout, partout et par-dessus tout!

Soyez bien en Dieu! Quand on est hors de Dieu, on est comme le pauvre dans la rue et le voyageur sous la tempête; mais en Dieu, on a une demeure calme et douce, sainte et joyeuse, on y est bien.

Adieu, Madame, je vous bénis en N.-S.

P.-S. - Je pense partir d'ici dans la quinzaine; rien n'est fait encore. A la grâce de Dieu!


Nr.1506

An Marg. Guillot

Rome, 21 Janvier 1865.

Chère fille en Notre-Seigneur,

Encore une petite épreuve! Notre affaire est renvoyée à quinze jours et peut-être trois semaines. Dieu soit béni!

Merci de m'avoir donné des nouvelles de cette pauvre soeur Benoîte; j'en étais en peine et je prie bien pour elle. Pauvre file, comme le bon Maître sait bien la trouver et la crucifier! Il faut qu'elle offre à Notre-Seigneur toutes ses peines pour Jérusalem, ou mieux pour que la sainte Volonté de Dieu se fasse; car les épreuves ne sont que des grâces de Dieu.

Il faut vous tenir un peu plus au Noviciat, afin que l'on ne vienne pas ennuyer et fatiguer cette chère malade; et veillez pour que les novices ne soient pas en l'air, ni inquiètes, mais bien à leurs devoirs. Je veux dire qu'il ne faut pas qu'elles soient toujours là à s'inquiéter et à demander.

J'examine un peu ici à Rome la vie religieuse, afin de vous donner ce qu'il y a de mieux.

Tenez à ce que les novices vous demandent les permissions de Maîtresse des novices jusqu'à ce que cette chère malade soit dans le cas de reprendre son petit train sans se fatiguer.

Je vous bénis, je bénis cette chère malade, je vous bénis toutes. Ne m'écrivez plus jusqu'à une nouvelle lettre de moi.

Tout à vous en Notre-Seigneur.

EYMARD.


Nr.1507

An Herrn Amadeus Chanuet

Rome, 21 janvier 1865

Bien cher Monsieur Amédée,

Je suis ravi de votre projet de chapelle, de sa dédicace à Tous les Saints, et du bonheur que vous aurez près de vous la Ste Réserve.

C'est tout ce qu'il y a de plus heureux; alors j'irai vous voir en famille du Bon Dieu, et vous serez comme la maison d'Obédédom avec l'Arche, comme Nazareth avec Notre-Seigneur, comme un paradis sur la terre; ainsi courage et confiance.

Je suis de votre avis, pas d'ornements au dehors, mais très simple. Quant au dedans, c'est le Saint des Saints, mais de bon goût, comme vous l'avez. Puis nous vous donnerons des reliques pour votre chapelle, et la Relique des Reliques, - on ne peut rien demander avant d'avoir tout fini - vous l'aurez, soyez tranquille - j'écris un petit mot à votre chère Dame - ....

(3 lignes effacées)

Je suis encore ici pour une 15 de jours au moins. Mon affaire n'est pas encore faite, - c'est que Jérusalem en vaut la peine.

Priez bien pour moi, je le fais pour vous tous.

Tout vôtre en N.S.

Eymard S.


Nr.1508

An P. Leroyer

Adveniat Regnum tuum.

Rome, 21 Janvier 1865.

Bien cher Père,

Je croyais bien vous avoir écrit pour le Jour de l'An, je le crois encore: ma lettre se sera égarée en chemin.

Merci de vos voeux, de vos prières, nous en avons besoin pour la grande question de Jérusalem: c'est qu'elle est très grave, et malheureusement on n'est pas resté à Jérusalem, car ici on serait plus fort comme fait accompli, par suite de la lettre de la Propagande.

Dieu ne l'a pas permis, on a cru mieux faire: à Dieu donc en sera toute la gloire et à nous l'humiliation, mais n'importe! pourvu que notre Bon Maître triomphe.

On m'avait promis de proposer notre affaire à la Congrégation Générale des Cardinaux qui s'est réunie lundi passé, mais elle a été renvoyée, m'a dit le Cardinal Préfet, à la quinzaine suivante. J'attends donc encore quinze jours. Puis, si je vois que l'affaire se renvoie toujours, je repartirai pour Paris.

Je n'ai plus le temps de vous demander des indulgences. Si vous avez un bref particulier, cela vous suffit pour le faire modo publico avec l'exequatur de l'Evêché du lieu.

Oui volontiers, appelez le frère Henri aux SS. Ordres pour le Carême; c'est un excellent religieux, une âme simple et droite!

On me dit qu'il y a à revoir la Règle de ces Dames, mais je crois que ce n'est que vers la fin: aussi vous pouvez expliquer les premiers chapitres, je sais qu'elles vous goûtent beaucoup.

On s'occupe de l'examen de vos bulletins, c'est un Evêque de Congrégation et un Consulteur des Rites.

Adieu, cher Père, faites prier, car il faut que nous espérions contre toute espérance. J'en aurais l'âme triste, si je n'adorais pas les desseins de Dieu toujours pour notre plus grand bien. Mr Crépon va très bien et court en vrai pèlerin. Mr Bompois rajeunit. Et Mr Lamoureux est tout dans sa liturgie.

Amitiés à tous.

Tout vôtre en N.-S.

EYMARD.


Nr.1509

An P. de Cuers

Adveniat Regnum tuum.

Rome, 21 Janvier 1865.

Bien cher Père,

Encore une épreuve! Notre affaire n'a pas passé lundi; étant la dernière au rôle, elle a été renvoyée à la quinzaine. J'ai vu Son Eminence le Card. Préfet, ainsi que Mgr Capalti, qui m'ont donné leur parole pour la séance générale prochaine: attendons, prions, espérons contre toute épreuve. Certes, bon Père, on a l'air de se moquer de nous, mais tout cela est bon et remplira la mesure de la balance!

J'ai vu le Cardinal Pitra! je m'arrête dans mes visites, parce que cela ne sert de rien: il faut la discussion, la grâce du moment.

Je prie autant que ma misère le peut.

Je travaille au Saint Sacrement: le Bon Maître m'a fait trouver un excellent livre dans la bibliothèque du Séminaire, et je l'analyse.

Tâchez de mieux vous porter, cher Père, ne soyez pas malade, chauffez-vous bien.

Adieu, ou mieux, à bientôt.

Tout vôtre en N.-S.

EYMARD.

P. S. Ne me renvoyez pas de lettres étrangères.


Nr.1510

An Marg. Guillot

A. R. T. E.

Rome, 3 Février 1865.

Chère fille,

Merci de vos lettres. Que Dieu est bon de vous bénir ainsi! Cet excellent Evêque est un si bon Père; profitez-en bien.

Mr Crépon vous retourne heureux; ce voyage lui a fait beaucoup de bien.

Dieu arrange tout. Voilà Soeur Rose en voyage: c'est bon! Nous verrons ce qu'elle fera de bien et comment elle supportera l'épreuve; il faut bien prier pour qu'elle ne revienne pas, si elle ne doit pas être une bonne religieuse. Elle a cependant de bien bonnes qualités, et je l'apprécie.

Assurément il serait bien à désirer que vous prissiez la maison Trottier. Si en lui donnant la moitié d'abord, puis le reste plus tard, voyez, demandez-lui les conditions.

Je reste encore un mois; je viens d'apprendre que l'affaire est renvoyée au premier lundi de mars. J'adore les desseins de Dieu, sa sainte et adorable volonté. On ne peut pas trop souffrir pour une si belle cause: acheter le Cénacle!

Je vais me retirer dans un Couvent, un peu plus à la campagne. Si vous n'avez pas une nécessité grande, ne m'écrivez pas. J'ai besoin d'aller me cacher avec Notre-Seigneur. Traitez, tranchez et faites pour le mieux.

Je vous bénis de toute mon âme en Notre-Seigneur.

EYMARD.

P. S. - J'irai voir vos soeurs à Lyon, et Mmes Bertin, Montoux et surtout Mme Marcel.


Nr.1511

An P. de Cuers

Adveniat R. T. E.

Rome, 3 Février 1865.

Bien cher Père,

Que Dieu soit béni de tout! L'affaire devait passer lundi, lorsqu'un incident l'a fait renvoyer: le Cardinal Barnabo malade; puis la Congrégation générale a eu lieu tout de même, mais comme m'a dit le Card. Préfet, et le Secrétaire, il y a eu une longue discussion sur l'Economat de la Propagande, et enfin le temps a manqué. Je n'ai pas besoin de vous dire mon désappointement, ma peine même: la voilà renvoyée au premier lundi de mars. Tous deux m'ont bien dit qu'elle passerait, mais voilà si souvent!

Si je n'écoutais que ma peine, je m'en retournerais de suite: mais tous me disent que j'ai tort, que puisque j'ai tant fait, il faut attendre encore ce mois..., que j'aurais trop de regrets si l'affaire était manquée par mon absence, ce qui sera peut-être l'occasion d'un ajournement indéfini, qu'il faut avant voir quelques Cardinaux pour préparer leur vote, afin que l'on ne traite pas la chose légèrement.

Voilà, bien cher Père, la chose: j'en ai le coeur malade; mais enfin nous demandons une si grande grâce, les démons doivent être si furieux de se voir attaqués par le Cénacle lui-même.

Je suis donc décidé à attendre, à moins qu'une nécessité impérieuse ne me réclame en France. Je vais m'isoler quelques temps chez les bons Pères Liguoriens, près de Sainte Marie Majeure; là, je serai loin de tout bruit, de tout le monde que n'intéresse pas notre affaire.

Si vous avez besoin de m'écrire, vous pouvez le faire toujours au Séminaire français.

Ma santé va bien.

Je vous bénis tous en Notre-Seigneur. Priez toujours, cher Père, car voici le moment décisif pour ou contre; mais peut-être qu'après toutes ces épreuves arrivera la consolation! Nous aurons toujours celle d'avoir cherché la Sainte Volonté de Dieu.

Tout à vous en N.-S.

EYMARD.


Nr.1512

An den Patriarchen von Jerusalem

Rome, 4 février 1865, au Séminaire Français

Excellence,

J'ai à vous rendre d'abord mes bien vives actions de grâces pour nos religieux que vous avez reçus avec tant de bonté; et vous rendre compte aussi de l'état de la question pour votre fondation à Jérusalem. J'aurais désiré que nos deux religieux restassent près de Votre Excellence, plutôt que de revenir en Europe. Ils ont cru bien faire, que Dieu soit béni et glorifié!

Me voici à Rome depuis trois mois. J'ai eu le bonheur de soumettre à Sa Sainteté l'état de la question par rapport à l'ancien Décret Dilata. Sa Sainteté a donné l'ordre à la Congrégation Générale des Cardinaux d'examiner et de juger cette question. Elle devait être jugée il y a un mois, mais Son Eminence le Cardinal Barnabò étant tombée malade, notre affaire a été renvoyée au premier lundi de mars, époque de la convocation des Cardinaux de la Propagande.

J'espère, Monseigneur, avoir une solution favorable. le Saint Père a été plein de bienveillance pour notre projet. Son Em. de Card. Préfet y est tout dévoué. Nous avons pour nous Votre Excellence, et par dessus tout, j'espère que N.S. sera pour nous, ou plutôt pour sa gloire, puisqu'il s'agit de lui conquérir son Cénacle, de l'adorer, de le glorifier là-même où son amour a institué l'auguste Sacrement de son amour pour les hommes.

Je bénis Dieu, Monseigneur, de cette longue épreuve, qui nous fera apprécier encore davantage la grâce que nous sollicitons avec tant d'instance. J'espère que Votre Excellence n'aura pas à regretter ce que son zèle veut bien faire pour nous. J'ose l'assurer que nous ne serons pas ingrats. Si Votre Excellence le juge sage et prudent, je la prierais de me confirmer dans une lettre sa bonne volonté pour notre projet, afin que, s'il en est besoin, je puisse en montrer le témoignage à Leurs Eminences, que l'on me conseille de voir et d'éclairer sur la question; Car Mgr. Capalti, Secrétaire de la Propagande, m'a dit hier qu'il ne ferait rien imprimer, qu'il ferait simplement une relation de la question. Il m'a paru dévoué, mais comme il faut bien l'éclairer, je verrai les principaux Cardinaux.

Daignez agréer les hommages bien sincères et dévoués avec lesquels j'ose me dire en N. S.

De Votre Excellence, Monseigneur,

le très humble et très obéissant serviteur.

Pierre Eymard

Sup. de la Congrég. du T. S. Sacrement.


Nr.1513

An Frau Lepage

Rome, 4 Février 1865, au Séminaire français.

MADAME EN N.-S.,

Votre lettre est arrivée ici pendant que je faisais une retraite, en même temps que vous, dans le couvent des Rédemptoristes. Aujourd'hui je lis votre lettre avec joie. J'ai bien prié pour vous deux et vous toutes, car il faut connaître Notre-Seigneur dans sa propre lumière, par son propre amour.

Puis il faut bien nous donner à notre bon Maître sans réserve d'intérieur; l'extérieur est à lui depuis longtemps.

Mais le don intérieur de soi est le vrai don, parce qu'alors Notre-Seigneur est maître du champ à cultiver, de l'arbre à greffer. Il est Sauveur, mais dans le choix des grâces de sanctification par la voie du dépouillement, du renoncement d'abord, puis par la forme de sa vie selon sa volonté.

Enfin il est le Dieu du coeur, l'époux de l'âme et de la vie: l'épouse est mineure sous la loi divine de ce céleste Epoux.

Voilà sans doute ce qui a été bien travaillé pendant votre retraite, et qu'il faut cultiver à présent avec soin et surtout un plus grand recueillement pendant la première quinzaine de sortie au plus de rentrée chez vous.


Nr.1514

An Sr. Anne-Marie Guillot sss

Rome, 10 Février 1865.

CHERE SOEUR EN N.-S.,

Me voici encore ici jusque vers le 10 ou 14 mars. L'affaire du Cénacle ne sera traité que le 7 mars, le premier lundi de mars. C'est peut-être saint Joseph qui veut loger Notre-Seigneur.

J'irai vous voir en passant, ainsi que Mme Mantoux et Mme Bertin.

J'écris un mot à la bonne dame Marcel. Priez beaucoup pour la grande Oeuvre du Cénacle. Je vous ai obtenu du Saint-Père la plus grande des faveurs: celle que j'ai envoyé à votre bonne soeur pour les indulgences; car c'est comme impossible d'obtenir ces grâces aujourd'hui.

Je vous bénis de tout mon coeur et votre bonne soeur Jenny, que je serai heureux de revoir.

Tout a vous en N.-S.

EYMARD.


Nr.1515

An Herrn Leo Dupont, Tours

(1) Adveniat Regnum Tuum

Rome 10 fév(rier) 1865, au Séminaire français

Cher et vénérable Ami en Notre Seigneur,

Merci, grand merci de votre lettre! Elle m'a fait le plaisir de la foi et de la charité. Dieu m'a un peu consolé par elle. Venu ici pour 15 jours, voici trois mois, et encore l'affaire du Cénacle ne sera traitée devant la Congrégation générale des Cardinaux que le 7 mars. Il faudra bien encore quelques jours pour avoir la réponse, s'il faut qu'elle retourne au Saint-Père. Que Dieu en soit béni! C'est assurément ce qu'il y a de mieux à faire et à attendre. Dieu le sait mieux que nous. Je vois aujourd'hui que si l'affaire avait passé trop tard, le cénacle était perdu pour nous. Je la recommande aux prières de midi.

Eh bien! cher père Dupont, le Saint-Esprit y voit plus clair que nos prétendus libéraux, qui veulent en savoir plus long que le Pape! La bombe de la vérité a éclaté plut tôt qu'ils ne le pensaient, ces ennemis de Dieu et de la sainte Eglise, ces gens du progrès en la matière et surtout en impiété.

Ce qu'il y a de triste, c'est de voir des hommes dont le Sauveur dit: vos estis lux mundi devenir ténèbres et s'associer avec les ennemis de la foi! Vraiment, père Dupont! <17>89 et son libéralisme est l'erreur la plus dangereuse qu'ait eu à subir l'Eglise, parce qu'il y a là un idéal qui surprend. Les faibles et les âmes droites mais peu aguerries avec les ruses du vieux serpent! Cependant notre Maitre nous dit: estote prudentes sicut serpentes. Le coup est donné, les fureurs des partis prouvent qu'il a porté juste. Maintenant il est à craindre que les hommes du Correspondent et de l'ancienne Ecole libérale de Montalembert ne relèvent la tête avec certaines phrases de Mgr d'Orléans! Il aurait bien mieux fait, cet évêque, zélé pourtant, de nous dire la soumission filiale et aveugle de son ancienne Ecole, plutôt que de nous citer si élogieusement leurs noms et les brefs qu'ils ont reçu<s>. Ce qui ne prouve pas beaucoup pour leur cause(?) ancienne.

(3) Enfin bref! La sainte Eglise est bâtie sur le roc divin! Le Saint-Esprit est le pilote; le Pape, le commandant de vaisseau. Bénissons Dieu!

Aujourd'hui en lisant le 13e chapitre de l'Apocalypse le verset 18 numerus enim hominis est, & numerus ejus 666, j'ai pensé à L u d o v i c u s

v v

d 500

c 100

l 50

en italien l'u est v - trois fois v x 5=15

i 1

____

total 666

Puis tous ces signes des francs mâcons, le faveurs qu'ils ont, la haine pour tout ce qui n'est pas avec eux. C'est le chapitre.

Adieu, bon et vénéré Ami. Amitiés aux bons Rosemberg.

Tout votre en N. S.

(signé) Eymard

Notes:

Porte le nr. 4.

Noté au crayon: de St. Pierre Julien Eymard.

Dans cette lettre, le P. Eymard informe M. Dupont de l'affaire du Cénacle. L'examen de la cause se prolonge. Depuis le 25 janvier, le P. Eymard a commencé une retraite, qui ne s'achevera qu'avec la fin de l'affaire. Celle-ci se poursuivra au-delà du 7 mars escompté. Elle sera réglée de façon définitive par la Congrégation générale des Cardinaux le 28 mars, la réponse sera négative et notification en fut donnée au P. Eymard le lendemain.

Mais l'objet principal de la lettre est autre. Le 8 décembre 1864, Pie IX promulguait l'Encyclique Quanta cura à laquelle était adjoint le Syllabus. Partout, le réactions furent vives. En France, il y eut un déchaînement de la presse anticléricale et de la pensée libérale. Le gouvernement interdit d'abord aux évêques, par une circulaire du 1er janvier 1865, de publier le Syllabus. Finalement, le 5 janvier, Napoléon II signait un décret qui permettait la publication de la dernière partie de l'encyclique.

Les évêques français protestèrent contre cet empiétement du pouvoir civil sur des questions de doctrine. Le 26 janvier, Mgr Dupanloup, Evêque d'Orléans, publia un opuscule: La Convention du 15 septembre et l'encyclique du 8 décembre. Par la Convention du 15 septembre, la France s'engageait envers le Royaume du Piémont à retirer graduellement ses troupes des Etats pontificaux, dans un délais de deux ans: pour les catholiques français, ç'était l'abandon de la politique soutenue jusqu'à cette date. Comme citoyen, Dupanloup demandait des éclaircissements.

Touchant la partie doctrinale du Syllabus, Mgr Dupanloup s'attacha à justifier la pensée du Pape, en utilisant la distinction de la thèse et de l'hypothèse. La brochure connut un succès considérable. Le Nonce apostolique à Paris félicita l'auteur et des centaines d'évêques firent de même.

Dans le camp des publicistes catholiques, le Syllabus fut diversement perçu: le libéraux furent déconcertés et Montalembert songea à quitter la direction du Correspondant. Il était inter venu au Congrès de Malines, tenu du 18 au 22 avril 1863: s'il proclamait sa soumission absolue à l'Eglise et au Pape en matière de dogme, il dénonçait "l'alliance du trône et de l'autel". Son intervention, publiée sous le titre: L'Eglise libre dans l'Etat libre, connut un réel succès. Mais le contexte était difficile: Emmanuel II dépouillait le Pape de ses Etats et promulguait dans son royaume l'indifférentisme religieux. Mgr Pie, Evêque de Poitiers, dénonça Montalembert à Rome comme soutenant des thèses condamnées trente ans plus tôt, et le cardinal Antonelli, en face des pressions, adressa à l'auteur un blâme secret. L'opuscule de Mgr Dupanloup rassura les catholiques libéraux et le vicomte de Meaux retint Montalembert à la direction du journal. Celui-ci resta soumis, non sans tristesse au coeur.

Tout autre fut l'attitude des ultramontains. Veuillot était à Rome lors de la publication du Syllabus. Il exultait, il y voyait la condamnation des catholiques libéraux. Il reprochera vivement à Mgr Dupanloup de n'avoir fait qu'une lecture partielle du document. Et lorsque, le 4 février 1865, le Pape adressera une lettre de félicitations à l'évêque d'Orléans, Veuillot n'en retiendra que les dernières lignes où le Pape invitait l'évêque à poursuivre son travail, non seulement pour réfuter les interprétations erronées mais aussi pour mieux faire connaître sa pensée. Il est clair que Veuillot se servait de la lettre du Pape pour s'en prendre à ses adversaires, les catholiques libéraux!

La lettre du P. Eymard est un témoignage à chaud sur ces questions d'actualité. Il était également à Rome au moment de la publication de l'encyclique et du Syllabus. Il a eu connaissance de la lettre de Mgr Dupanloup. La lettre de félicitations de Pie IX à l'évêque d'Orléans vient d'être publiée. Le P. Eymard s'en prend d'abord aux "prétendus libéraux", héritiers de la Révolution de 1789. Quant à lui, il se situe dans le camp ultramontain et il craint que Montalembert ne prenne acte de la publication de Dupanloup. L'Ecole des catholiques libéraux port encore le poids de la condamnation qui a frappé jadis Lamennais. - Cette lettre, adressée à un ami, est sans doute le document le plus explicite sur les options politiques du P. Eymard.

On peut noter aussi, au passage, la singulière interprétation du chiffre de l'Apocalypse. Quel est le LUDOVICUS/LOUIS auquel pense le P. Eymard? Faut-il y découvrir le nom même de l'Empereur, LOUIS Napoléon, du fait de son revirement dans la Question romaine? ... Ce crime de lèse-majesté n'aurait pas déplu au royaliste légitimiste qu'était M. Dupont!


Nr.1516

An Herrn Josef-August Carrel

Rome, 18 Février 1865.

Cher ami en N.-S.,

Merci de votre petit mot; j'aimerais bien mieux vous porter le mien, mais me voici encore ici jusqu'au 12 mars. Ce n'est que le 6 que la grande affaire sera jugée par les Cardinaux. Priez un peu Notre-Seigneur à cette intention ce jour-là. - Je ne passerai donc à Lyon que vers le 18 mars et j'irai vous embrasser en passant.

Pauvre ami! la croix vous a donc reçu sur elle, ou plutôt vous l'avez porté en chrétien! C'est le bon Maître qui voulait vous parler seul, vous garder près de lui, vous donner une lumière et une grâce de plus. Je pense qu'il a été content de son soldat sur ce nouveau champ de bataille.

Rome est comme son Pape, grand et saint: elle est en paix et en toute confiance en Dieu. Les flots et leur écume font bien un peu de tapage; la secte garibaldienne est mazzinienne n'est pas morte, mais elle est bien misérable et dégoûtante: des gens qui n'ont que la menace à la bouche, la haine dans les yeux, la fureur dans le coeur, puis un poignard caché dans la manche gauche de leur habit. Et voilà des gens que salue du nom de frères le journal le Siècle et l'Opinion nationale de Paris, et qu'un million de Français croient d'honnêtes gens; mais de les voir, c'est assez. Il faudrait que toutes ces dupes françaises vinssent faire un tour à Florence, à Naples et surtout dans les petites villes d'Italie où on est plus sûr de la vie. Ces jours-ci un prêtre français à Macerata, en plein dîner, a failli être poignardé par les italianissimes polis. Le préfet, à qui il a fait ses plaintes, lui a dit : "Partez vite!" Le général Montebello disait ces jours-ci à un Français : "Je réponds de votre vie sur les terres du Pape, mais non sur celles du royaume d'Italie!" Voilà-t-il de beaux progrès civiles et civiques, le magnifique Royaume Uni et surtout ami de la France! Canailles! voilà tout ce que l'on doit leur répondre à ces bons Italiens. Les Français ici le savent, et les soldats français encore mieux!

A bientôt, cher ami. Amitiés à toute votre aimable famille.

Tout vôtre en N.-S.

EYMARD, S.


Nr.1517

An Frau v. Grandville

Rome, 18 Février 1865.

BONNE DAME,

Je suis encore à Rome, jusqu'au 11 mars. Mon affaire du Cénacle ne sera traitée que le 6 mars; priez un peu ce jour-là pour que les cardinaux expriment bien la sainte Volonté de Dieu et que le diable n'entre pas au conseil, car il est bien méchant. Il entra dans le premier Cénacle par un apôtre et il fit chasser tous les chrétiens par les Turcs. Maintenant nous voulons en chasser le diable et les Turcs et y mettre Notre-Seigneur sur un magnifique trône composé de coeurs de chair et d'or.

J'ai bien vu votre cousin, nous avons causé de la grande grâce. Il m'avait promis d'aller en avant, je crois qu'il a reculé devant les difficultés: elles sont en effet très grandes. Aujourd'hui on est plus difficile que jamais; il est même défendu, quand on vous donne une audience pontificale, de présenter une supplique. Attention! Il faudrait là un Evêque! Je peux repartir de Rome le 11 mars, et vite retourner à Paris. Je vous écrirai mon arrivée.

Mes bien religieux hommages à votre bonne soeur.

Tout à vous en N.-S.

EYMARD, S.


Nr.1518

An P. de Cuers

Rome, 21 Février 1865.

Bien cher Père,

Merci de votre bonne lettre, ainsi qu'au P. Chanuet de la sienne; elles me consolent un peu, et surtout vos prières me donnent confiance. Je suis toujours chez les Liguoriens en retraite. Si vous n'aviez pas encore le frère Eugène, peut-être ne vaut-il pas la peine de lui faire faire un si long voyage pour si peu de temps et si peu. Voyez cependant ce qu'il y a de mieux; car si Dieu nous favorise, il faudrait ne pas trop attendre pour partir le plus tôt.

Rien de nouveau, sinon l'attente.

Tout vôtre en N.-S.

EYMARD.

Au T. R. P. de Cuers, religieux du T. S. Sacrement, 68, Rue Faubg. Saint Jacques, Paris.


Nr.1519

An Marg. Guillot

Adveniat Regnum Tuum Eucharisticum!

Rome, 25 Février 1865.

Chère fille en Notre-Seigneur,

Monseigneur a raison: il vous faut la troisième partie des Règles, qui est le gouvernement ou l'administration.

Je ne vous l'ai pas donnée, parce qu'il y avait certains points difficiles; et puis, comme c'est la partie principale, je voulais, avant tout, la soumettre à Monseigneur. Je vous remercie de ses notes, elles sont excellentes. Elles prouvent bien que Sa Grandeur est très entendue dans les questions religieuses. Cette demande de Monseigneur prouve qu'il s'intéresse bien à vous.

Lavez votre linge sale en famille, dit le proverbe français. Sachez bien que les misères intestines que l'on pourrait avoir sont des nuages qu'il faut laisser passer quand le fond existe: savoir, l'obéissance, l'humilité, la charité, au moins un retour d'humilité.

Le P. L. a raison: une satisfaction pour la gloire de Dieu est à désirer et à demander; et, pour moi, j'aimerais mieux qu'elle reste dehors. C'est un mauvais esprit qui se monte. Vous feriez bien de rassembler votre Conseil, de lui dire que le Conseil la prie de ne plus rentrer; alors vous verrez la réparation qu'elle veut faire. Il faut laisser le reste à Dieu.

A tout ce qui vous vient de l'Evêché, dites que j'arriverai bientôt, vers le 13 mars. Envoyez-moi à Marseille, rue Nau, 7, sous bande et port payé, ce que Monseigneur vous a envoyé sur la vie religieuse, afin que je voie ce qu'il a fait.

Bonne fille! vous me devrez de beaux ports de lettres! Envoyez à la poste affranchir, car vos 20c. sont perdus et 2 fr. sont redemandés. La bonne foi ne suffit pas, un demi-gramme de plus coûte 1 fr.

Je suis toujours ici en retraite; c'est ce qui me console et me fait remercier le bon Maître de ce retard... Si vous m'écrivez encore, donnez-moi des nouvelles... souffrez... et priez; car je sais qu'il n'y a que le bon Dieu qui puisse faire dire: oui. Je vous bénis, chère fille, vous, soeur Benoîte et toute la famille.

Tout à vous en Notre-Seigneur.

EYMARD.


Nr.1520

An Frater Marie Ratons

Rome 25 février 1865

au cher frère Marie,

Merci de votre bonne lettre, cher frère, elle me prouve combien le Bon Maître vous aime et combien aussi vous désirez rester à son service. Oui, je vais bien prier pour vous et avec vous N.S. qui a votre sort entre ses mains, de vous garder; et la bonne Mère de vous donner un bon numéro (1) et m'unirai à votre neuvaine au grand S. Michel, l'ange protecteur de la Société.

Ne vous laissez pas trop aller à la tristesse, cher frère! ni à la préoccupation.- Mettez tout cela entre les mains de Dieu. Vous savez combien il vous a protégé jusqu'à présent, qu'il vous a fait deux fois la grâce de la vocation.- Oh oui! qu'il vous fasse la grâce entière et j'en suis sur, vous serez encore un meilleur adorateur.

Je vous bénis bien tendrement en N.S.

Eymard.

(1) (*) Il eut le no 269 sur 300 environ.


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