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Adveniat Regnum Tuum
Paris 16 avril 1864
Bien cher Frère Marie,
Votre lettre m'a fait grand plaisir en N.S. et votre obéissance aussi. Vous voilà à Marseille comme à Paris avec le T.S. Sacrement et pour le T.S. Sacrement.- S'il y a extérieurement quelque chose de changé, que votre piété, que votre esprit de pénitence et d'amour ne change pas: un religieux du T.S. Sacrement n'est d'aucun pays, d'aucune maison, il forme la cour du Grand Roi et le suit partout. Prenez garde, cher Frère Marie, de ne pas vous laisser aller à la tristesse - ou que le désir de faire des pénitences ne vous fasse moins estimer votre sainte vocation, ce serait une tentation. - Il y a des pénitences que l'on peut faire sans permission, ce sont celles de la vie usuelle; mais les pénitences de jeune, de ceinture, plus qu'une ou deux fois par semaine, - la privation de sommeil, ou de ne pas coucher sur son matelas.
Allons, mon cher frère, bon courage, voyez le bon Père Audibert et ouvrez-vous bien à lui.
Je croyais avoir le temps de faire une lettre pour le frère Charles, je lui écrirai plus tard.
Je vous suis tendrement uni en N.S.
Eymard.
Paris, 19 Avril 1864.
MADAME EN N.-S.,
Il faut que ce soit vous pour que j'écrive; je suis fatigué d'une grippe, toux, etc., qui m'ôte la force de rien faire. Dieu en soit béni! - J'avoue qu'au milieu de tous mes embarras je me suis dit: Si Nantes n'était pas si loin! Mais c'est trop loin. Nous sommes peu de prêtres, nous avons des malades. - Enfin, je ne vais pas plus mal.
C'est heureux pour vous d'avoir pu suivre la Retraite du P. de Pontlevoy; il faut toujours bien accueillir les grâces de Dieu qui passent. Bonne résolution que celle d'être plus exacte!! Tenez-y bien. - Avant tout il faut vivre, puis la religion du devoir ordinaire est la meilleure. Il ne faut pas rogner du devoir un jour; le lendemain on sera tenté de faire de même. Ainsi, bonne fille, payez vos dettes, puis vous ferez avec Notre-Seigneur du libre-échange d'amour.
J'ai été très satisfait de vous voir contente de Mr Rich, et vous engage bien à y rester. J'aime cette liberté qu'on vous laisse et cette exactitude qu'on vous demande. J'espère aller à Angers vers le 15 mai, époque où la maison de ces Dames sera libre pour les réparations. Assurément, si le Bon Dieu le permet, j'espère vous dire un salut de Notre-Seigneur.
Ne vous inquiétez pas de moi. Un point de côté paraît passé; j'ai encore un peu de fièvre, une toux de coqueluche, mais je ne garde pas du tout le lit quoique j'en sois tenté. Mais il faut que je secoue le mal. Dieu m'aide!
Je vous bénis de tout mon coeur en N.-S.
EYMARD, S.
Paris, 21 Avril 1864.
MADEMOISELLE ET CHERE SOEUR EN N.-S.,
Je viens de recevoir votre lettre et son contenu. Je suis et serai fidèle à mes engagements pour l'action de grâces. J'aime bien à dire vos messes; cela d'abord vous empêche de prescrire ici, puis c'est un lien d'union au service et à la gloire du bon Maître. Je me plaignais de votre silence, je voulais tous les jours le rompre et vous en demander raison. Vous voulez donc devenir recluse? Avant, venez du moins nous voir à Paris. Mais vous êtes attachée au devoir, à votre pays, à vos oeuvres; alors peut-on aller vous voir? J'y ai souvent [pensé] afin de vous faire part de mes désirs, mais la chose est-elle possible en allant à Angers? Vous me répondrez à cela le oui ou le non, parce qu'encore faut-il que vous puissiez être libre.
J'ai un grand projet: celui de racheter le Cénacle! y remettre sur un beau trône le Très Saint Sacrement en son saint Berceau. Déjà j'y ai envoyé deux de mes religieux pour examiner la question, la soumettre au Saint Père et traiter la question de droit et la question de fait. Déjà on s'en occupe; la Patriarche de Jérusalem est pour nous, le Saint Père examine et paraît bien disposé. Il y a deux grandes questions à résoudre: 1· la question des Franciscains qui ont la possession et les privilèges exclusifs en Terre Sainte; 2· l'achat des Turcs, car c'est une mosquée.
On voulait acheter les ruines de l'église d'Emmaüs, mais les Franciscains s'y sont opposés, ils ne font ni ne veulent laisser faire. Cela viendra à son heure et à son temps, mais il faut prier et souffrir: ces deux armes de la foi.
Je voudrais bien fonder une quatrième maison de retraite, comme une chartreuse eucharistique pour les vocations exclusivement contemplatives. Je prie et je cherche ce paradis de l'adoration; à la fin de mai, à la Fête-Dieu, je dois fonder un couvent des Servantes du Très Saint Sacrement, que je prépare ici depuis sept ans. Monseigneur l'Evêque d'Angers les veut et les reçoit avec plaisir, je vais les lui donner. Déjà la maison est achetée.
Je viens de finir nos constitutions. Maintenant je voudrais bien faire un manuel de l'adoration; j'ai déjà fait imprimer l'office du Très Saint Sacrement. Comme l'action de grâces est votre mission, il faut me donner tout ce que vous avez d'imprimé, et de plus me faire quelques méditations sur l'Eucharistie. Ainsi mettez-vous au travail aux pieds de Notre-Seigneur et le plus tôt possible. Le monde a faim et se meurt de faim dans les bras, hélas! bien souvent, de prêtres sans amour.
Nous avons eu ici, il y a quinze jours, pour confirmer nos ouvriers, Mgr Maupoint, que vous connaissez; il nous a bien édifiés.
Je suis ici jusqu'au 16 mai, époque à laquelle j'irai installer ces Dames à Angers.
Je vous bénis en N.-S. et suis, en son commun service,
Tout à vous.
EYMARD, S.
Paris, 25 Avril 1864.
Bien cher Père,
Joseph demande un certificat pour obtenir la permission du Général de séjourner à Angers, c'est une formalité qui le dispensera plus tard de se déranger.
Je vous envoie celui de Mlle Guillot, il faudrait de toute rigueur faire légaliser sa signature par le commissaire de police et le plus tôt possible; et s'il y a des difficultés, veuillez en faire un dans le même sens.
Je penserai à vos boucles.
Je vous prie de me garder le surcroît des honoraires de messes (même à un franc) que vous pourriez avoir.
L'affaire de Jérusalem suit la marche hiérarchique: le Patriarche a répondu favorablement pour nous au Cénacle; il désire que le P. de Cuers accompagne sa lettre de réponse à Rome pour la soutenir. Il y a dans cette affaire deux grandes questions: la question de droit, c'est celle qui nous donnerait religieusement le droit et la place des franciscains: c'est là le principal; - la question de fait, c'est celle de l'achat.
Il faut donc avant tout être basé sur la première: les choses sont en bonne voie; la question d'Emmaüs est comme perdue et je n'en suis pas fâché: les franciscains ont mis leur veto, même contre le désir du Patriarche, et à son tour le Patriarche a interdit les lieux. Tout nous viendra à son jour et à son heure.
Adieu, cher Père.
Tout vôtre en Notre-Seigneur.
EYMARD.
P. S. - Le P. Champion est un peu souffrant; je lui envoie le P. Audibert comme aide, il paraît qu'il en avait un grand besoin: c'est un coup de sang qui lui a paralysé le bras gauche en partie; il m'avait parlé de Mlle Fabre, et j'avais répondu favorablement.
Paris, 26 Avril 1864.
MADAME ET CHERE SOEUR EN N.-S.,
Merci de votre charitable invitation. Je serais bien chez vous, mais en ce moment je fais imprimer nos Règles et il faut que je sois là. Puis j'ai reçu plusieurs vocations, et il faut les initier à leur nouvelle vie.
Mes petites souffrances ne m'empêcheront pas de travailler; je vais mieux, je n'ai des quintes de toux que de temps en temps.
Je vous donnerai avis quand j'irai à Angers; ce sera une consolation pour moi, si je puis aller vous saluer en N.-S.
Je suis toujours bien content de vous savoir à Mr Rich. Ne vous mettez pas en souci de savoir ce qu'il faut lui dire, jusqu'où il faut aller, ce qu'il faut faire. Tout ce que je vous dirai, c'est de ne pas vous en tourmenter, et que si cela vous tourmente, vous ôte la paix, la liberté, c'est de tout laisser là et de vous en tenir à votre simple confession, sauf à dire ce qui vous viendra sous l'influence de la grâce du moment et de la simplicité. Voilà une bonne règle que vous suivrez et elle vous donnera la paix.
Ah! comme je vous désire une vie qui vive de Notre-Seigneur! une lumière qui vous vienne de son amour!
Une pureté qui vous vienne de la sainte humilité!
Une piété plus fidèle au devoir!
Une vertu plus en liberté qu'en austérité!
Voilà mes désirs. Que le bon Maître vous donne cent fois plus. Je vous bénis en sa divine charité.
Tout à vous.
EYMARD, S.
Paris, 3 Mai 1864.
Bien cher Père,
Que Dieu en soit béni et remercié! Vous voilà arrivé et encore plein de courage pour repartir; tous vos pas seront et sont comptés, et valent chacun une pierre au Cénacle.
Je regrette bien que vous n'ayez reçu aucune de mes lettres; une vous attend à Rome, je suis surpris que vous n'ayez pas reçu celle que je vous ai adressée à Jérusalem, car je vous ai écrit de suite après celle du 19 mars reçue.
Comme vous, je pense qu'il faut pousser l'épreuve jusqu'au bout; plus instruit que moi, vous avez tout vu, tout entendu, vous serez plus fort à Rome.
Ma première impression sur votre proposition de commencer de suite à Jérusalem, dans un lieu quelconque, a été que cela ne me plaît pas beaucoup: c'est commencer pour faire un siège en règle du Cénacle; attendre des années, lutter pas à pas: j'avoue que, pour le moment, cela ne me va guère.
Je désire que vous traitiez en premier lieu la question du Cénacle; c'est pour cela que je vous ai envoyé à Rome et à Jérusalem, c'est la demande qu'on en a faite directement au St Père; c'est une décision directe qu'il nous faut, un oui ou un non.
Les franciscains ont le vieux privilège; ils n'ont rien fait pour le Cénacle, ils ont laissé les terrains environnants échapper à la possession catholique: ils seraient ridicules de contester cette possession aux Américains, etc.; ils ne feront jamais rien que d'empêcher les catholiques de s'établir sur les ruines qu'ils ont à eux, ou plutôt qu'ils ne peuvent relever. Le St Siège veut-il permettre de travailler à son rachat dans le but de l'adoration? voilà tout ce que je vois de plus clair.
Si vous traitez seulement la question en général d'une fondation quelconque à Jérusalem, sur un terrain étranger, sans doute obtenir cela, c'est peut-être un triomphe. En général, je crois qu'il ne faut poser cette question qu'en désespoir de cause, parce que, si on la tranche en faveur de la fondation, Dieu manifestera sa sainte Volonté pour le temps et le lieu; c'est donc une question de pouvoir, de droit nouveau que vous allez poser à Rome; vous savez que Rome veut bien voir, bien entendre, concilier, s'il est possible, les parties; à la fin on tranche, mais il faut qu'il n'y ait plus d'issues.
Je vous prie de me renvoyer le fr. Albert; sa pauvre mère n'est pas bien guérie, cela m'inquiète: je vois bien que c'est son fils en grande partie qui a été cause de sa maladie, bien grave un instant; cette pauvre femme en perd la tête, de son Albert: j'en suis ennuyé.
On nous propose à acheter, et pas cher, un ancien couvent de Génovéfains dans les environs de Poitiers; il y a église, couvent, ruisseau, 26 hectares de terrain d'un seul tenant: calme, solitaire, excellente position pour former les hommes, pour ceux qui ont l'attrait et le besoin, au moins pour un temps, d'une vie recueillie; car il faut l'avouer, nos trois maisons d'exercice sont trop actives pour un noviciat, pour des études, pour la vie de retraite; je désire depuis longtemps cette maison modèle, où nous formerons de bons et solides adorateurs, même pour le Cénacle.
Je demande à Dieu, cette maison de toute mon âme, j'en sens la nécessité. Soeur Michel avait dit que nous avions besoin d'une maison de prière: la voilà.
Je pense que le prix de cette vaste propriété ne dépassera pas de 50 à 60 Mille francs. Veuillez en dire un mot à nos Pères de Marseille et me dire votre sentiment.
Rien de nouveau, j'ai été un peu grippé, je vais mieux, bien même.
Je vous prierais de vous informer à Rome quelles pièces il faut pour faire la demande à la S. Congrégation des Evêques et Réguliers pour obtenir la faculté de fonder cette nouvelle maison; vous êtes à la source, vous trouverez: le P. Freid, notre ami, Supérieur du Séminaire Français, ou le chef du Protocole vous le dira. Que Dieu vous accompagne, vous bénisse et vous ramène heureux!
Demandez bien l'argent qu'il vous faut, je le rendrai.
Tout vôtre en Notre-Seigneur.
EYMARD.
Pour la supplique au St Père, je ne sais que lui dire de nouveau: vous lui rendrez compte de votre mission. Dieu tient les coeurs dans ses mains, c'est en son nom que nous jetons le filet.
Ad R. P. Chanuet,
novitiorum magistrum.
Accipe, carissime frater in Christo, hanc vitae nostrae eucharisticae legem et formam; simplici corde lege, amoris virtute serva et aliis fortiter commenda, et erit tibi lux et vita.
Parisiis, 4 Maii 1864.
Totus tuus in X·.
EYMARD,
Sup. Soc. S. S.
Paris, Ascension 1864 /5 Mai 1864/.
BONNE DAME EN N.-S.,
Je suis à Paris jusqu'au 13 ou 14 mai; je vais à Angers quelques jours, peut-être jusqu'à la fin du mois.
Je vais installer les nouvelles adoratrices que Notre-Seigneur m'a données à former, et je vais donc allumer un nouveau foyer divin; fasse le Ciel qu'il ne s'éteigne jamais!
Je verrai donc avec plaisir votre chère nièce, dont j'admire la simple obéissance par laquelle elle doit être bien agréable à Dieu. Vous avez bien raison de respecter son sens moral, mais d'un autre côté il faut plaindre l'instrument de l'épreuve qui respecte si peu ce que Dieu respecte même, ce que les impies n'osent violer, ce que le démon ne peut emporter d'assaut, mais le Bon Dieu sanctifie par cela son enfant chérie.
Vous êtes donc à Calet dans cette charmante campagne où il y a mon rocher mystique d'où je contemplais le Ciel si pur et si beau! C'est de ces nuits que je n'oublierai jamais.
Profitez de ce doux silence de la solitude pour vous rapprocher de Dieu, goûter Dieu, vous perdre un peu dans l'harmonie de son coeur.
Je vous envie ce doux repos, moi au sein des flots de cet océan de Paris, où je prends Dieu en courant et me repose un peu en l'adorant.
Soyez tranquille, je vous garde votre place d'aînée alors même que je ne vous le dis pas souvent; mais vous, vous êtes bien aussi silencieusement muette.
En N.-S. donc,
Tout à vous.
EYMARD.
Un bonjour à votre bon Curé.
A DES RELIGIEUX DU T.S. SACREMENT
---Circulaire No. I---
Adveniat Regnum Tuum
Paris, Ascension 1864 /5 mai/
Bien chers Pères et Frères en Notre-Seigneur,
Il y a huit ans aujourd'hui que nous arrivâmes à Paris pour y fonder la Société, et depuis, que de grâces et de bénédictions de Dieu et de la Ste Eglise!
Oui, la Société vient de Dieu, son existence, sans moyens humains, en est la preuve, sa fondation à Paris sans protection, inconnus que nous étions, annoncant une vie d'adoration, là où le zèle extérieur avait seul le droit, ou du moins le courage de se présenter.
Eh bien! la Société fut reçue et approuvée par Monseigneur Sibour et son Conseil le 13 mai 1856; deux ans plus tard, le 5 janvier, louée par un Bref de Sa Sainteté; et enfin le 8 mai 1863, fête de l'Apparition de S. Michel Archange, le Souverain Pontife, sur la proposition de la S. Congrégation des Evêques et Réguliers, a daigné approuver la Société d'une manière absolue et perpétuelle. Jour béni! dans lequel, mes Frères, nous devons adresser à Dieu de vives actions de grâces; jour de fête de famille, puisque c'est le jour de notre naissance dans l'Eglise, comme celui de la mort d'un saint est sa naissance au Ciel. Nous voilà donc des Religieux de la Sainte Eglise par cette approbation bénie! - La Société a une place d'honneur dans ce beau parterre de la grâce et de la vocation évangélique, quoique les derniers venus, nous voilà à la table du Père de famille: aussi que de grâces spirituelles, que de faveurs inespérées le S. Père a doté la Société! Sa Société, car c'est son coeur qui a encouragé la première pensée, en a réglé les premiers pas, et enfin vient /de/ lui donner sa naturalisation canonique.
Pour reconnaître tant de grâces, que le 8 mai chaque prêtre dise la Messe en Action de grâces et aussi pour le Souverain Pontife et pour tous ceux qui ont travaillé à son approbation.
Que les frères fassent ce jour /-là/ la Ste Communion à cette intention, et que toute les adoration soient comme un faisceau de louanges, d'action de grâces et d'amour pour le plus grand de tous les bienfaits.
En Notre-Seigneur je vous suis tendrement uni et dévoué,
Eymard Sup.
(Note du P. Tenaillon, Postulateur: "Le jour de l'Ascension 1856 était le 1 mai; en 1864 l'Ascension tombait le 5 mai. - Le Père a donc voulu ici rappeler l'anniversaire de l'Ascension, non celui de la date précise du quantième du mois".)
Paris 11 mai 1864
Monsieur,
J'ai l'honneur de vous prier de me vendre les effets suivants:
17 oblig. de la Seine, 16 id d'Orléans, 2 id Ligne d'Italie 4 Dette publique 2% .
Je vous prie d'en recevoir d'avance l'expression de ma reconnaissance.
L'abbé Eymard rue fg S.Jacques 68
Angers, 16 Mai 1864.
Chère fille en N.-S.,
J'ai pris possession de votre charmante maison. Vous aurez une jolie chapelle avec tout ce qu'il faut convenable. Je vous arrange un réfectoire convenable; j'ai commandé six lits, les chaises sont prêtes. Vous aurez de l'eau en abondance. Vraiment le bon Dieu vous gâte! Ce sont ses étrennes.
Ce soir on va me donner le prix du chauffage au gaz; malgré cela il faudra un fourneau, mieux vaut l'acheter ici; il y en a de très bien, et pas plus cher, moins même: de 300 à 400 fr., vous en avez un pour trente à quarante personnes. Notre ancien locataire en a de tous les systèmes; mieux vaut se servir de lui, c'est un fort honnête homme. Il a un petit bâtiment enclavé dans la propriété. Je veux le lui acheter, il vous est nécessaire; il ne sera pas cher, il ne peut s'en servir. A demain le détail. Pensez:
1· A vous procurer un fer à hosties chez Picard, rue de Sèvres, ou au Crédit des paroisses, ou ailleurs; il doit coûter de 40 à 50 fr.
2· Au verre de la lampe sans veilleuses.
3· Barrette.
4· Aux signets du Missel.
5· A faire consacrer le Calice.
6· Je vous envoie le reçu pour M. Cavalie, rue d'Enfer, Institution de Saint-Thomas d'Aquin, à côté des Carmélites, trois maisons plus bas.
Achetez de suite du damas blanc, pour faire le baldaquin de l'autel et masquer les fenêtres qui sont derrière l'autel et que je ne veux pas faire boucher.
Largeur du baldaquin: 1 mètre 50 cent., longueur: 2 mètres 70 cent., faites-le ainsi/hier ein längeres Rechteck
carré, avec des franges en soie; ce qui pend n'aura pas plus de 25 centimètres; vous pourriez mettre au milieu le monogramme I H S, celui que je vous ai donné de Mlle Larousse.
Outre cela, vous ferez une pente par derrière, haute de 3 mètres 50 sur 3 mètres de large, ayant un galon de chaque côté; voici le plan:
Hier den Altarplan einzeichnen!!
Dépêchez-vous; dès que la chapelle sera prête, je vous appellerai, ce sera probablement dimanche soir.
Je vous bénis.
Tout à vous en Notre-Seigneur.
EYMARD.
Vous irez vendredi tirer ce billet.
Angers, 17 Mai 1864.
Chère fille en N.-S.,
On travaille beaucoup, on sera prêt, je l'espère, au moins lundi.
J'ai écrit par le P. Chanuet pour vous demander la demi-place au chemin de fer d'Ouest ou, à son refus, à celui d'Orléans.
Vous viendrez par celui qui vous l'accordera; je vous en prie, prenez les secondes: c'est une faveur que Dieu vous fera. Ce sera plus facile d'avoir trois compartiments pour vingt-deux.
Gardez le I H S brodé de Mlle Larousse pour mettre ici, seulement sur le fond du rideau, et ne le mettez pas au milieu du baldaquin à l'intérieur; ce serait trop gros, puis il ira mieux où je vous dis.
Ne vous inquiétez pas du bois, nous le ferons ici, vous avez les mesures, suivez ces mesures.
Il me semble que le mieux, et pour ne pas faire trop de sensation ici, c'est de vous diviser et de partir le matin lundi et d'arriver le soir au numéro 14 et non 30; le mardi, le reste viendrait de la même manière, ou l'on passerait la nuit de lundi au mardi, ce qui est plus pénible, ou le mardi matin. Je vous engage bien à faire deux bandes parce que vous serez trop remarquées; écrivez-moi ce que vous ferez, mais sans autre avis de ma part, vous pouvez partir lundi matin seulement et non pas dimanche soir; c'est trop tôt.
Je vous bénis en Notre-Seigneur.
EYD.
P. S. - Je rouvre ma lettre pour vous prier de faire deux rideaux blancs pour séparer le sanctuaire de votre choeur, cela ira bien.
Il suffit d'une largeur du damas blanc; la hauteur est de 3 mètres 20 centimètres; mettez-y une frange.
Faites en outre un lambrequin qui les unisse, de 4 mètres de long; en voici l'idée:
A Mademoiselle Guillot,
Rue fg St-Jacques 66,
Paris.
Angers, 17 Mai 1864.
Bien cher Père,
Je vous envoie les deux feuilles du chemin de fer d'Orléans: tout a été réglé avec cette bienfaisante Compagnie; vous y ajouterez le nom de la gare d'ou vous partirez, et au-dessus, le jour du départ; ne faites pas attention à la date que j'ai mise, c'est celle de l'ordre donné.
Je vous recevrai avec grande joie à Angers, et nous travaillerons ensemble à ce mémoire de Rome, et nous verrons ce qu'il y a à faire de mieux.
Je suis ici pour deux choses: la première, pour lire et expliquer les Constitutions; la seconde, pour installer ces Dames pour le Jeudi, Fête-Dieu. Je pourrais en ajouter une troisième, celle de respirer un peu à l'aise.
Le P. Leroyer partira d'ici la veille de la Fête-Dieu pour Paris, où il va prêcher la retraite des adorateurs pendant quatre jours: je suis bien aise qu'on l'entende et qu'on le goûte.
Enfin, cher Père, nous vous verrons, Dieu en soit béni! Et nous vous entendrons parler de Jérusalem et de Rome, ces grandes villes de Notre-Seigneur!
Si vous avez un bon ange Raphaël en route, ce n'est pas si loin de Morey à Paris, pour le fr. Albert: enfin, faites pour le mieux.
Je vous suis tendrement uni en Notre-Seigneur.
EYMARD, S. S.
Angers, 18 Mai 1864.
Chère fille en Notre-Seigneur,
On travaille tant qu'on peut; j'espère qu'on arrivera à l'essentiel.
Veuillez remettre à Mr Oddon qui vous remettra un billet de moi, la somme de mille francs que j'ai reçue ici pour lui, et que je vous remettrai; cela arrive à propos. J'ai vu dans vos conventions avec Dubois qu'on doit lui donner ici 300 fr. pour retirer les effets du chemin de fer. Les effets ne sont pas encore venus, on les attend.
Je vous bénis, soeur Benoîte, et toutes vos filles, en Notre-Seigneur.
Eymard.
A la R. Mère MARGUERITE GUILLOT, Supérieure.
Angers, 18 mai 1864
Mademoiselle,
Je vous prie de remettre à Monsieur Oddon Henri, porteur de ce billet, la somme de mille francs en retour de la même somme que j'ai reçue ici, et que je vous remettrai.
Signé: EYMARD
Reçu de Melle Guillot la somme de mille francs.
Soussigné: Oddon
Paris, le 19 mai 1864
Archives des Servantes.
Angers, le 19 mars 1864. /Troussier sagt: M a i!/
Chère fille en Notre-Seigneur,
Vos affaires sont arrivées tout à l'heure à onze heures et demie: tout me paraît en bon état; on va les déballer à trois heures; nous en aurons grand soin. Mettez au rideau du fond plus d'ampleur que je n'avais dit d'abord, parce qu'on ne pourra rien faire pour le moment, ni couleur, ni poser du papier. Il faut que le rideau derrière l'autel ait de large 4 mètres et 80 centimètres environ, afin de garnir tout le mur du fond.
Votre fauteuil est chez Poujol, rue Grenelle, St-Germain 42. Je crois que votre lampe n'a pas de suspension comme la nôtre, avec un coeur. Voyez et achetez-en une avec un cordon blanc pour cela.
J'ai vu hier au soir Monseigneur l'Evêque. Il m'a promis de venir jeudi à 7 heures du matin vous dire la sainte Messe et vous exposer le T. S. Sacrement. C'est tout ce que Dieu pouvait vous accorder de plus aimable.
Chère soeur Benoîte, c'est pour vous ceci: soyez bien sage et ne vous tourmentez pas, il faut bien payer les grâces qui vous attendent ici, elles sont bien grandes. Vous aurez une jolie chapelle et bien calme et tranquille.
Je vous bénis en Notre-Seigneur, vous, soeur Benoîte, votre bonne mère, et toutes vos soeurs.
EYMARD.
Vendredi, Angers, 19 Mai 1864.
Chère fille,
Tout est arrivé et déballé. Ce jeune homme a été très soigneux, rien n'a été cassé, nous n'avons remarqué aucune absence de rien.
Aussi on lui a donné, et aux autres qui ont travaillé avec lui, 50 fr. d'étrennes: et c'était bien mérité et gagné; car ils s'étaient bien donné de la peine. Nous avons donné 300 fr. nécessaires pour retirer les effets du chemin de fer: reste à faire la déduction de ce que vous aviez donné à Paris. On travaille toujours beaucoup.
Ce qui regarde le bon Dieu sera prêt, et le gros pour vous.
A lundi soir. J'irai vous chercher au chemin de fer.
Je vous bénis.
EYMARD.
Envoyez de suite chercher une pierre sacrée, ici on ne peut s'en procurer facilement.
Apportez un peu de soie blanche de reste pour garnir le tabernacle.
Tournez:
Je viens de visiter vos affaires et régler votre compte avec le voiturier; on restait devoir:
1200.00 fr.
frais d'octroi: 26.25
-------
1226.25
Donné pour étrennes aux voituriers 50,00 fr.
Pour les déballeurs 14
-------
1290.25
Monseigneur l'Evêque est venu cette après-midi voir vos maisons, comme un bon Père qui attend avec bonheur ses enfants.
Samedi, Angers, 26 Mai 1864.
Chère fille,
J'ai reçu toutes vos lettres, je vous en remercie; nous travaillons toujours beaucoup, tout se fait à la fois.
N'oubliez pas de demander au fr. Frédéric le Conopeum que nous a fait la mère du Bon-Pasteur pour la maison d'Angers et de nous l'apporter.
Ecrivez-moi si vous venez lundi soir vers les huit heures. Bien réfléchi, mieux vaut arriver toutes ensembles; mais écrivez-moi par quel chemin de fer vous partez et arrivez, afin qu'on vous retienne un omnibus.
Je vous bénis.
EYMARD.
Mademoiselle Guillot,
66 rue fg St-Jacques,
Paris.
Angers, Lundi 6h½. du soir, 23 Mai 1864.
Chères soeurs,
Soyez les bienvenues! Vous venez à la voix de Dieu élever un trône nouveau à Notre-Seigneur, allumer ici le premier foyer qui doit se dilater et ne s'éteindre qu'à la fin du monde. Soyez-en bénies!
Vous avez été choisies les premières pour commencer ce nouveau Cénacle, soyez-en bienheureuses. Vous avez reçu la première grâce, soyez-y fidèles!
Ce n'est pas un Ange, un Saint que vous allez servir, c'est Jésus, le Roi et le Dieu des Anges et des Saints. Vous l'aurez toujours et il vous tiendra lieu de toutes choses.
Je regrette de ne pouvoir être là ce soir à huit heures. Le Père de Cuers est arrivé ainsi que le Père Champion. Je viendrai vous voir demain matin.
Joseph vous fera toutes vos commissions, il a été admirable de dévouement.
Je vous bénis en pleurant de joie de vous voir enfin avant ma mort réunies dans le Cénacle.
EYMARD.
Angers, 24 Mai 1864.
MADAME EN N.-S.,
Me voici ici depuis quelques jours au milieu de tous les ouvriers; ces Dames sont arrivées hier au soir, rue de l'Hôpital, 14, près de l'hôtel d'Anjou.
Jeudi, à sept heures du matin, Mgr l'Evêque vient faire la première Exposition; si au moins vous étiez ici!
Je croyais avoir un jour à moi et aller à Nantes; impossible! Je reste ici jusqu'à lundi.
Je n'ai que le temps de me dire, en N.-S.,
Tout vôtre.
EYMARD.