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Angers, 25 Mai 1864.
Il faut m'envoyer le grand cahier, il faut que je refasse les actes.
J'ai oublié de mettre à chacune le jour de son entrée dans la maison, demandez-le à chacune, et me l'envoyez ce soir, c'est nécessaire.
N'oubliez pas la petite table des burettes, etc., du côté de l'Epître. Préparez de l'eau et du sel pour faire de l'eau bénite, cherchez votre rituel romain, si cela ne vous dérange pas trop.
Que la soeur Marie me cherche la bénédiction des habits qu'elle a copiée.
Oui, soeur Camille fera ses voeux, dites-le lui de ma part aussi.
Je serai là-haut vers les cinq heures et un quart.
Je vous bénis.
EYMARD.
Angers, 29 Mai 1864.
Bien cher Père,
J'ai l'intention de faire comme vous, d'aller d'ici à Marseille par Bourges, cela économisera mon temps et mon argent et un peu mes forces.
Si donc il y a quelque chose de grave qui nécessite mon passage par Paris, envoyez-moi de suite une dépêche télégraphique.
Nous venons de la procession du Sacre sur le Tertre; c'était magnifique, toute la ville y était: le préfet, le maire, les tribunaux, la cour, etc.....
J'ai fait une prière au Bon Maître: "Je viens prendre possession pour l'an prochain, à notre tour maintenant; vous avez dit à Moïse et à Josué que partout où ils mettaient les pieds, la terre serait à eux; donc le Tertre est à nous, ou plutôt à Vous".
Le P. Champion part demain soir, il va vraiment mieux.
Tout va bien par ici.
Amitiés à tous.
Tout vôtre, cher Père, en Notre-Seigneur.
EYMARD.
Dites au P. Chanuet d'envoyer demander le prix de l'encensoir de ces Dames, près rue du Vieux Colombier, afin qu'elles en envoient le prix.
Lion d'Angers 31 mai 1864
Je prie Sr. Marguerite du St. Sacrement de recevoir en vraie Mère et comme une bonne soeur Madame d'Andigné et de la recevoir dans la maison quand elle ira les voir. Je l'en bénis en Notre Seigneur.
EYMARD
Sup. S.S.S.
Bourges, 3 Juin 1864.
MADAME EN N.-S.,
Je vous écris en chemin de fer. Je viens de lire votre lettre; merci des détails de Marseille, j'en connaissais le fond seulement.
Je ne vais pas à Marseille pour cela, mais faire une visite à notre maison, et participer à la fête du 5. Mgr l'Evêque a l'intention de fonder une maison d'Adoratrices, mais l'idée n'est pas encore arrêtée sur le choix.
J'espère rester à Marseille jusqu'au 12 juin; puis je serai à Paris vers le 18.
Je suis content de vous [savoir] en paix. Soyez bien obéissante et recueillie, et vous le serez toujours.
Je suis heureux du bon souvenir de Mgr Verolles; c'est mon saint et un ami. Le P. Jacquet, Mariste, est à Lyon et va bien.
Mes religieux souvenirs à votre bonne soeur.
Tout vôtre en N.-S.
EYMARD, S.
En chemin de fer, 4 Juin [1864].
MADAME BIEN CHERE EN N.-S.,
Je vous salue de mon wagon, vous et votre aimable famille, regrettant de n'avoir pas une journée en descendant pour aller vous voir à Calet, mais déjà je suis en retard pour la fête de Marseille, le 5. Si en remontant j'ai un jour, je vous en donnerai la moitié; j'ai envie de revoir Chatte, j'en languis; puis votre béni rocher de César, ou mieux du Calvaire. Je prie pour vos cocons, je vous en voudrais des beaux; peut-être le Bon Dieu m'exaucera. Vous devez avoir à faire comme la Marthe empressée, ayez soin de les marier un peu plus ces deux bonnes soeurs de Béthanie; si celle de Marthe est plus méritoire, celle de Marie est plus délicieuse.
Vous devez avoir vos chères nièces, heureuses d'être près de leur bonne tante.
C'est ma famille trinitaire que je bénis de tout mon coeur. La bonne Madame Nugues est-elle de retour de Rome? Je serais bien content de la voir; votre bonne Mathilde est sans doute près de vous! Sinon j'irai la voir à Lyon.
Adieu, bonne dame, n'oubliez pas que je vieillis et ne vais pas en gagnant. Je ne sais pas être tout à Dieu au milieu des flots et des vents.
Je vous bénis.
Tout vôtre en N.-S.
EYMARD.
Mon adresse: rue Nau, 7, Marseille.
Madame C. Jordan, au Calet, à Saint-Romans, par Saint-Marcellin (Isère).
Adveniat Regnum tuum.
En chemin de fer du Bourbonnais, 4 Juin [1864].
Bien cher ami et frère en N.-S.,
Ne pouvant aller vous embrasser, je vous écris mon bonjour du wagon en griffonnant, espérant être plus heureux en remontant, dans une douzaine de jours.
Je me fais une fête de revoir le père, la mère et les enfants du premier de mes amis en Notre-Seigneur. Je viens d'allumer un second foyer eucharistique à Angers; nous en préparons un beau à Jérusalem; je vais voir si celui de Marseille ne s'éteint pas un peu. Quand irons-nous à Lyon? - A l'heure de Dieu! Elle sera toujours celle de mon coeur, et vous, cher ami, mon Béthanie.
Adieu, à bientôt! Toujours en N.-S., Hostie de louange et d'amour.
EYMARD.
Marseille, rue Nau, 7.
En chemin de fer de Lyon, 4 Juin 1864.
BONNE DAME EN N.-S.,
Votre bonne lettre me court après; enfin elle est venue me trouver à Angers et je me hâte de vous dire que j'irai volontiers vous prêcher la retraite de la Nativité; mais à une condition: c'est que vous y serez, car votre présence est la moitié au moins de mon acceptation. Je vais à Marseille visiter notre maison (rue Nau, 7); j'y resterai une dizaine de jours; je serais à Paris vers le 18 juin, je vous écrirai le jour précis. Cependant je ne voudrais pas déranger en rien votre voyage. J'ai bien regretté de ne pas m'y être trouvé pour la bonne visite que vous m'avez ménagée. Je faisais une fondation à Angers d'une maison d'adoratrices qui a eu lieu le jour même de la Fête-Dieu; elles s'appellent les Servantes du Saint Sacrement; elles sont 21.
Je suis tout heureux de voir ce nouveau trône élevé à Notre-Seigneur. J'espère qu'il y fera ses délices.
Adieu, bonne dame, je suis bien désireux de vous voir.
Tout vôtre en N.-S.
EYMARD.
Lyon 4 juin 1864
Madame Lebourlier,
Je vous écris de Lyon, n'ayant pu le faire de Paris, cependant je n'ai pas oublié votre grande affaire. Voici ma conclusion: votre mariage est radicalement nul, par conséquent vous pouvez vous marier en Russie comme si vous n'aviez jamais été mariée à Mr Lebourlier devant l'Eglise. Vous pouvez donc aller en Russie, emportant votre extrait de baptême. Vous ferez bien d'emporter l'extrait mortuaire de vos père et mère.
Si vous voulez m'attendre, je serai à Paris vers le 20 juin, je vous écrirai mon arrivée. Ce qui me fait tirer la conclusion de la nullité de votre mariage, c'est:
1 - Le sentiment de Mgr le Secrétaire de la Congrégation du Concile de Trente, à Rome, qui me l'a assuré.
2 - J'ai consulté, il y a trois semaines, Mr. le Promoteur de l'officialité de Paris, il m'a répondu la même chose, que votre mariage était radicalement nul devant l'Eglise.
3 - J'ai consulté Mr. le Grand Vicaire d'Angers et plusieurs théologiens, même réponse.
Seulement, comme en France on ne reconnaît pas les empêchements dirimants de l'Eglise, vous ne pouvez pas vous remarier ni civilement, ni religieusement par un prêtre français - il faut vous expatrier, mais c'est tout ce que vous voulez.
Excusez-moi de vous avoir tant fait attendre ma réponse; c'est qu'il fallait vous la donner sûre.
Si vous avez besoin de m'écrire, je suis à Marseille, rue Nau 7, jusqu'au 12 juin.
Croyez-moi en N.S., Madame, votre respectueux serviteur.
L'abbé Eymard Sup.
P.S. Excusez ma mauvaise écriture, je vous écris au milieu des secousses du wagon.
Adveniat Regnum Tuum
En chemin de fer 4 juin 1864
Mademoiselle en N.S.
J'espérais vous dire un bonjour en revenant d'Angers par Orléans et Bourges; impossible, nous ne sommes restés que 10 minutes à peine à la gare. J'espère m'en dédommager à mon retour. - Vous êtes maintenant mon Béthanie, et il me semble que je suis vôtre. Vous avez été tous si bons pour moi! S.Bonnet a été pour moi la montagne de Dieu, où un dur travail m'est devenu si facile et si aimable. Merci encore de votre charité.
J'aime tous les vôtres comme miens. - Ce S.Bonnet est mon beau rêve de paix et de travail!
Mais quand et comment ? Je ne le sais pas, le Bon Maître ne me donne pas la vue de mon avenir, j'aime bien vivre du jour au jour entre ses bras.
Vous me faites grand plaisir de me dire que vous continuez vos communions. - Continuez-les toujours - une Epouse de Jésus doit vivre de Jésus.
Ne regardez pas trop ce que vous y apportez, mais l'amour qui vous reçoit et qui se donne à vous. - La Ste Communion est la vertu des vierges.
Soyez toujours bonne, gracieuse, aimable et dévouée pour les vôtres, surtout pour votre bonne et sainte mère. Ce que vous me dites de vos amies m'attristerait si je ne vous savais bien généreuse.- Voilà, ma chère fille, où finit tout ce qui est trop personnel, toute amitié mixte.- Ne vous en attristez pas trop, - c'est que N.S. vous aime pour vous et vous veut tout à lui - par le repos du coeur - cependant restez bonne pour elles et ne vous en plaignez pas, ni à elles ni à Dieu.
Voilà nos Dames casées: la 1re exposition a été faite par Mgr l'Evêque, qui leur a dit les choses les plus aimables et les plus encourageantes.
Elles ont commencé l'adoration nocturne jeudi 2 juin seulement. Elles avaient tant besoin de repos. - Qu'elles sont heureuses! Mme Chanuet a rajeuni de 10 ans avec ce costume blanc. -
A mon retour nous vous dirons le reste.- Je vous bénis.- Ne me dites plus que vos lettres sont longues. Je vous ferai le reproche de les rendre trop rares.
Eymard.
P.S. Vous me lirez comme vous le pourrez; le chemin de fer agite ma plume.
En chemin de fer de Marseille, 4 Juin 1864.
MADEMOISELLE ET CHERE SOEUR EN N.-S.,
Je n'ai pu vous répondre à Angers, j'y ai été tellement occupé que le temps m'a manqué.
J'y ai fait, Dieu aidant, une fondation des Servantes du Saint Sacrement ayant l'exposition perpétuelle.
C'est le jeudi, Fête-Dieu, que Mgr l'Evêque leur a fait la première fondation et exposition. Voilà un trône et un foyer divin de plus! Qu'il ne s'éteigne jamais!
Je viens de promettre de prêcher une retraite à Rennes, à la Nativité; j'espère que, si près de vous, cela me donnera l'occasion de vous voir, et de causer de nos oeuvres.
Je voudrais presque vous faire un petit reproche. Vous avez eu peur que je vous propose des sacrifices et des séparations. Si le bon Maître le voulait clairement, à trois preuves positives, il faudrait bien dire: "Me voici tout heureuse servante de votre amour."
Mais je n'ai aucune mission de ce genre, je voulais vous voir, vous dire comment nous marchons, ce que nous désirons faire pour la gloire de notre bon Maître, ce qui se prépare à Jérusalem où j'ai envoyé deux religieux pour étudier la question d'une fondation eucharistique au Cénacle ou d'attente. Rome paraît goûter notre pensée, le Patriarche de Jérusalem nous désire, mais il faut le dernier mot qui vivifie et féconde: le mitte me de Dieu.
Je vais à Marseille pour une quinzaine de jours, puis je rentrerai à Paris.
J'espère que le bon Maître a guéri vos malades, et vous a rendu la liberté de votre petit coin de Mauron. Votre lettre avait un peu la fièvre.
Adieu, bonne soeur en N.-S.,
Tout vôtre en sa gloire.
EYMARD, S.
En chemin de fer, 4 Juin [1864].
MADAME ET CHERE SOEUR EN N.-S.,
Bien souvent je voulais vous écrire, et pour le faire à tête reposée et un peu longuement, je suis arrivé jusqu'en chemin de fer.
Comme vous le dites, les âmes unies en une même grâce et sous une même loi de charité se parlent, s'entendent, se voyent en Notre-Seigneur; mais il faut se le dire de temps en temps.
J'ai bien prié pour le succès de votre Retraite tertiaire; car il ne faut qu'une grâce bien reçue pour renouveler son coeur et élever sa vie en Dieu. C'est une très bonne idée qu'on a eue à Amplepuis et il serait à désirer qu'elle fût renouvelée tous les ans.
Vous êtes bien près de Dieu sur votre colline, au milieu du silence du monde et avec le monde invisible. Soyez-y bien toujours en bonne compagnie: c'est la seule toujours aimable et accessible. Laissez-vous bien aller au vent de la grâce du moment; la voile obéissante ne peut recevoir que ce mouvement, tous les autres l'agitent s'ils ne viennent d'en haut.
La grâce dit toujours paix et sacrifice, amour et zèle, don et bonheur. Laissez-vous bien prendre par le bon Maître et conduire où il veut et par le chemin qui lui plaît; c'est toujours le meilleur, quoiqu'on n'en voie pas toujours l'issue. Vos enfants sont heureux à Joasson; eh bien, tant mieux! ils y seront sages et n'auront pas d'occasion de faire mal. Ils seront les aides de leur bon Père; aujourd'hui il faut bénir les vocations champêtres pour les âmes simples et pures.
Adieu, bonne dame, je vais à Marseille (rue Nau, 7) pour une douzaine de jours.
Je vous bénis, je serai encore plus heureux de vous voir.
Tout vôtre en N.-S.
EYMARD, S.
à Joasson, Amplepuis (Rhône).
Marseille, 10 Juin 1864.
Chère fille en Notre-Seigneur,
J'ai lu avec grand plaisir votre lettre du 7 et suis très heureux de voir que la maison est en marche, a commencé et continue l'Exposition perpétuelle.
Au commencement, quelques soeurs peut-être seront un peu fatiguées de l'adoration nocturne, mais tout sera adouci par la grâce d'état, l'habitude et le bonheur du divin service. Vous avez bien compris ma pensée qui était de faire reposer une fois par semaine les adoratrices, chacune à leur tour, puisqu'il y en a de supplémentaires. Soyez large et indulgente pour celles qui seraient fatiguées réellement, parce que le mal irait toujours en empirant.
Oui, recevez bien les Pères, surtout le P. Leroyer; la raison que vous me donnez est très vraie; mieux vaut donc faire une petite concession, car, après tout, les principes d'indépendance sont établis: ce [ne] sont plus que des rapports de bienveillance et de parenté en Notre-Seigneur.
Prenez garde à Mr de Russon. Il exploite votre désir, il vous demandera un prix exorbitant de ce petit passage. Il vous parle déjà de payer la convenance; - si vous pouvez vous en passer, laissez-le, vous aurez toujours de meilleurs conditions.
Il a tort de faire des difficultés pour votre mur; vous avez tous les droits, puisque c'est chez vous et sur votre terrain; pour le petit bout de mur qu'il dit être à lui, oui en-haut, mais vous en avez la propriété des fondations puisqu'il est tout entier sur votre terrain; ce sont des taquineries pour vous forcer d'acheter sa maison. Il se plaint que je l'ai traité très cavalièrement, c'est que je l'avais traité comme il le méritait et qu'il s'est vu pris dans cette mesure définitive. Si vous avez besoin du conseil d'un architecte, adressez-vous à Mr Dussouchet, tout près de chez vous, rue Flore.
Vous me parlez du pont à établir, vous en avez toute la facilité par votre séchoir, et n'avez rien à craindre puisque vous avez les deux côtés de la rue vous appartenant.
Tout cela n'est rien.
Allons, mes bonnes filles, jouissez bien de votre bonheur; il est grand. Soyez bien joyeuses de tant des grâces, et faites bien honneur à votre bon Maître, afin qu'il prenne ses délices au milieu de vous.
Je vais bien, et je suis bien vos adorations d'esprit et de coeur. Tout va bien ici, J'espère être à Paris jeudi.
Priez pour moi.
Tout vôtre en Notre-Seigneur.
EYMARD.
P. S. - Bien évident que rien ne change dans les termes comme dans le coeur.
Mlle Dalaca est ici avec la bonne mère de soeur Isabelle, Mme Cadière; tout va bien, cette mère est bien résignée.
Marseille, 14 Juin 1864.
Chère fille en Notre-Seigneur,
La marchand de literie demeure rue St-Julien; c'est le seul, en montant à gauche; il a prêté ceux que vous avez et devait vous rendre les autres dans la quinzaine.
Recevez l'argent des neuvaines, mettez-le dans la bourse du service du Maître, et faites chaque jour une prière à ces intentions. Chez nous, on dit un Pater et un Ave après le chapelet et après la bénédiction. On les annonce ainsi: pour des intentions particulières. Je pense que vous dites votre chapelet à la chapelle de la Ste Vierge.
Vous avez bien fait de refuser le travail du dehors; cela évite les rapports; comme aussi, n'acceptez aucune bonne oeuvre du dehors. Soyez toute à votre service intérieur; ne vous laissez pas gagner pour cela.
Mr Maingot est peut-être poussé par le P. Leroyer pour vous faire acheter la maison de Mr de Russon, vous avez le temps: attendez.
D'après la loi canonique et nos Constitutions, la Maîtresse des novices est Assistante de droit et remplace la Supérieure pour tout le monde. La soeur Virginie n'est donc pas Assistante, mais simple Conseillère, appelée seulement a donner sa voix au Conseil, mais n'ayant aucune autre autorité, si ce n'est celle que la Supérieure peut lui donner si la Maîtresse des novices était absente, ce qu'il faudra bien prévoir. Otez le mot d'Assistante parce que cela embrouillerait; voici votre Conseil: Supérieure, Maîtresse des novices, Conseillère.
Vous, étant toujours dans la maison, je ne vois pas ce que l'on peut demander à soeur Virginie, sinon quelques petites permissions quand vous êtes invisible.
J'avais écrit à Mme Tamisier de ne pas aller encore à Angers, d'attendre, que vous êtes trop sans dessus dessous. Je suis peiné que l'on soit allé à l'Evêque, c'est faire de l'embarras. Laissez-la aller aux eaux, si on vous tourmente, ce sera une épreuve.
Je ne sais si je vais bien ou mal, car j'ai à peine le temps de respirer. Je vous bénis toutes bien eucharistiquement en Notre-Seigneur.
EYMARD.
A la chère soeur Marguerite,
Supérieure des Servantes du Saint Sacrement,
14 Rue de l'Hôpital,
Angers. (Maine et Loire)
Marseille, 14 Juin 1864.
Chère fille en Notre-Seigneur,
Je suis très content de la part qu'on vous a faite des adoratrices de la partie de la ville que vous habitez, et de l'autre chez nos Pères; on m'avait parlé de cela à mon voyage et j'y avais applaudi. Ainsi soyez bonne pour ces Dames: elles seront vos auxiliaires comme elles ont été le grand motif de votre acceptation par Mgr l'Evêque et Mr Bompois. Je vous engage et vous prie de n'être pas la présidente active de l'oeuvre; laissez cet honneur et cette charge à celle qui est en fonction ainsi que le Conseil.
Mme la Présidente est très bonne. Soyez leur famille. Gardez-vous bien d'accepter la sainte Messe à huit heures; c'est impossible. Après avoir passé la nuit en adoration, on a besoin de déjeuner. S'il y avait deux messes, tout irait bien.
Cependant, si Monseigneur l'Evêque veut que vous soyez présidente que faire? Priez Sa Grandeur de vous dispenser de cette lourde charge ne connaissant personne.
Pendant les adorations des dames de la ville, il me semble qu'il faudrait ouvrir la grille, afin qu'elles puissent voir le Très Saint Sacrement; voyez s'il y a des inconvénients, mais mieux vaudrait cela que de les admettre dans votre choeur avec vous.
Témoignez beaucoup de confiance et de reconnaissance à Mgr. Il est si bon, et a l'esprit des communautés; demandez-lui le livre qu'il a fait pour elles.
Assurément non, on ne vous ferait pas payer le mobilier, mieux vaudrait le laisser à la disposition de Sa Grandeur pour les églises pauvres.
Courage, ma fille; au commencement, il faut se dépenser pour la fondation, puis viendra le temps du repos.
Reposez-vous un peu dès que vous vous voyez fatiguée: pas de respect humain.
Je vous bénis, soeur Benoîte, et toutes en Notre-Seigneur.
EYMARD.
Marseille, 15 Juin 1864.
Chère fille,
En principe, ne vous mettez pas en désaccord avec Monseigneur l'Evêque, et accordez tout ce que vous pouvez, comme je vous l'ai écrit hier. Ces Dames sont le grand motif de votre acceptation, elles le seront de votre affection.
Je comprends leurs désirs et leur demande de ne pas recevoir en dehors d'elles: vous devez l'accepter simplement et absolument, et leur en donner votre promesse pour la ville. Je vois que c'est juste et convenable.
Quant au P. Leroyer, il s'en tirera comme il le voudra. Dès lors qu'il accepte ces Dames, il doit en accepter la conséquence.
Monseigneur l'Evêque ne pouvait répondre autrement, ni vous agir différemment.
Ayez soin de dire à soeur B. que cela ne fait rien ce qu'elle a dit... (deux lignes effacées) ... j'écrirai de Paris... (deux lignes effacées) ...
Dieu a permis cela, donc c'est bien.
Assurément la maison de Mr de Russon ne vous est pas nécessaire, elle sera utile. Je vois que vous avez beaucoup de novices; plusieurs excellentes se préparent à Marseille, favorisez-les bien: c'est l'essaim de la deuxième fondation.
Pour l'achat de cette maison, il vaudrait mieux le faire à présent; mais avant, il faut être assuré des fonds, et pour cela il faut attendre un peu: mieux vaudrait donc suspendre ce mur de communication jusqu'à mon arrivée à Paris, qui aura lieu samedi soir, je l'espère du moins, ou dimanche.
Courage et confiance! Les fondations s'achètent un peu cher, mais elles seront solides.
Je vous bénis en Notre-Seigneur.
EYMARD.
En chemin de fer, 17 Juin 1864.
BONNE DAME,
Je vous salue tristement en passant à Valence; il faut que j'aille en toute hâte à Paris où un malade m'attend et peut-être de grandes douleurs. Que Dieu en soit béni! et sa sainte Volonté. J'en suis triste depuis dix jours. Priez pour moi; j'ose dire que j'en ai besoin en ce moment; la croix me paraît pesante. J'aurais été heureux d'aller voir toute votre chère famille et de lui faire un peu de bien; jamais peut-être meilleure occasion, mais il faut aller au Calvaire et non au bon et aimable Béthanie.
Mes bons sentiments à tous.
Tout vôtre en N.-S.
EYMARD, S.
En chemin de fer de Paris, 19 Juin 1864.
Chère fille en Notre-Seigneur,
J'arrive ce soir à Paris, où je serai tout à votre disposition.
Les amies de Mlle Brun m'ont dit de l'engager à ne pas aller à Marseille, parce que son père a dit qu'il ne la laissera pas repartir, qu'il la gardera plutôt en prison chez lui. Il ne faut donc pas la laisser aller.
Je ne me suis guère arrêté à Lyon, j'ai vu Mlle de Revel et Mme Marcel et Mlle Zénaïde, et voilà tout; le temps m'a manqué pour aller voir votre soeur.
Que Dieu vous bénisse, ayez grande confiance en sa divine Providence, et soyez toujours joyeuse en son saint service et aimable envers vos soeurs.
Je voudrais que vous fussiez tout heureuse comme en Paradis; il faut alléger toutes choses et les rendre aimables, afin qu'on s'y porte avec joie.
Je pense que soeur Benoîte n'est pas encore partie; je la bénis ainsi que vous et toutes vos filles.
Tout à vous en Notre-Seigneur.
EYMARD.
Mme... m'a donné 1 kilo de bon encens pour vous; le P. Audibert l'emportera à la fin du mois.
En chemin de fer, 19 Juin 1864.
MADAME ET CHERE SOEUR EN N.-S.,
Ma lettre vous dira mon sacrifice d'Amplepuis et de Tarare. Un devoir pressant m'appelle à Paris. J'aurais été bien heureux de vous voir tous! J'y avais un peu compté, mais une indisposition m'a trop retenu à Marseille. Ainsi va la vie, il faut aller au Calvaire au lieu d'aller se reposer à Béthanie.
J'espère que vos chers enfants seront toujours bien sages, et si l'aîné vient à Paris, je serais heureux de lui être utile.
Votre adoration vous donne bien des consolations et à notre bon Maître une grande gloire; c'est l'oeuvre des oeuvres, l'amour des amours, la vie de la vie, il faudrait l'étendre partout.
Je viens d'allumer un foyer de plus à Angers. Les dames que je préparais depuis sept ans viennent enfin d'être fondées à Angers la jour de la Fête-Dieu et font l'adoration continuelle. J'espère qu'elles seront agréables à Notre-Seigneur.
Mes amitiés au bon Mr Tholin, à vos chers enfants.
Tout à vous en N.-S.
EYMARD.
En chemin de fer, 19 Juin 1864.
MADAME ET CHERE SOEUR EN N.-S.,
Ma lettre vous dira mon sacrifice d'Amplepuis et de Tarare. Un devoir pressant m'appelle à Paris. J'aurais été bien heureux de vous voir tous! J'y avais un peu compté, mais une indisposition m'a trop retenu à Marseille. Ainsi va la vie, il faut aller au Calvaire au lieu d'aller se reposer à Béthanie.
J'espère que vos chers enfants seront toujours bien sages, et si l'aîné vient à Paris, je serais heureux de lui être utile.
Votre adoration vous donne bien des consolations et à notre bon Maître une grande gloire; c'est l'oeuvre des oeuvres, l'amour des amours, la vie de la vie, il faudrait l'étendre partout.
Je viens d'allumer un foyer de plus à Angers. Les dames que je préparais depuis sept ans viennent enfin d'être fondées à Angers la jour de la Fête-Dieu et font l'adoration continuelle. J'espère qu'elles seront agréables à Notre-Seigneur.
Mes amitiés au bon Mr Tholin, à vos chers enfants.
Tout à vous en N.-S.
EYMARD.
Paris, 21 Juin 1864.
Chère fille en Notre-Seigneur,
J'ai écrit au P. Leroyer sur votre adoration; je suis toujours dans la même pensée, savoir: que vous acceptiez ce que Monseigneur vous offre, même la présidence qui ne sera qu'honorifique sans doute, mais enfin vous serez un centre. Monseigneur a bien raison. Il serait même à désirer que vous eussiez pu avoir toute l'oeuvre de ces Dames.
Mais n'admettez pas de réunion de personnes extérieures dans le noviciat. Je suis surpris que le P. Leroyer me fasse cette demande pour sa fraternité. Ce bon Père ne voit que le zèle extérieur!
Quand vous serez dans la maison Soland, vous avez là une grande salle; vous pourrez alors examiner s'il est possible de les y recevoir: chose que je crois possible et même convenable pour les Conseils de l'oeuvre surtout.
Il faut écrire au notaire, Mr Neveu, vous avez son adresse dans l'acte, et même l'adresse seule de Mr Neveu, notaire à Angers, suffit, afin que l'on vienne prendre ces 10.000 francs.
Il faudra faire l'acte de vente de Mr de Soland avant le départ de la petite mère et y mettre toutes les grandes professes.
Je m'occupe de l'argent, on l'aura avant la fin du mois.
Je vais emprunter 15.000 francs. Quel argent doit-il rentrer pour la maison et les dépenses ordinaires? Car il ne faut pas rester sans argent. Ne m'aviez-vous pas dit que soeur Mariette apportait quelque chose?
Avant de faire le point d'union, il est peut-être bon d'avoir les deux maisons pour bien voir la chose.
Je ne désire pas du tout que soeur Benoîte aille à Marseille pour bien des raisons, et surtout seule; ces braves gens de Marseille sont bons, mais il ne faut pas leur courir après.
Je ne puis aller en ce moment à Angers, je suis surchargé d'affaires; vous n'avez pas besoin de moi; le notaire viendra chez vous dans votre grande salle, et vous y lira votre acte, voilà tout, et vous signerez. Le bon Mr Crépon sera là, c'est la chose du monde la plus simple. L'essentiel, c'est d'avoir l'argent prêt et [de] faire quittance finale dans l'acte.
Vous pouvez m'envoyer votre lettre par ce brave frère Augustin; c'est un pauvre cadeau qu'il vous a fait là.
Que Notre-Seigneur vous bénisse toutes. Soyez heureuses de votre bonheur, et traitez bien le Maître.
Tout à vous en Notre-Seigneur.
EYMARD.