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Nr.1261

An Frl. v. Fégely

Adveniat Regnum tuum.

Paris, 26 Juillet 1863.

Mademoiselle,

Me voici à Paris après quatre mois à Rome et le reste à Angers, où nous avons fondé une maison d'adoration. Nous en voilà à trois, nous préparant à une quatrième.

Peut-être les journaux français vous ont-ils appris que le Souverain Pontife avait approuvé notre Société et l'avait enrichie de grâces bien précieuses.

C'est le 3 juin, veille de la Fête-Dieu, que notre Décret d'approbation a été signé. Nous voilà donc baptisés; mais reste la fidélité, la perfection de notre saint état que nous n'avons pas; vous la demanderez pour nous.

Je suis tout disposé à vous faire part de toutes les indulgences du Chemin de croix que vous désirez, bonne demoiselle, et de mettre la condition de la prière O bone Jesu à la croix de votre amie, comme je l'ai mise à la vôtre et à celle de Madame votre mère et de votre soeur. - Ou bien les cinq Pater et Ave en l'honneur des cinq plaies de Notre-Seigneur. Vous pouvez gagner ces indulgences non seulement en cas de maladie et d'infirmité, mais de voyage, mais la nuit, mais quand il vous est moralement impossible d'aller faire votre Chemin de croix à l'église. Pour la croix de votre amie, il faudrait que je l'eusse ici, car je ne peux mettre ces indulgences qu'en ayant la croix devant moi.

Je vous remercie bien de vos offres si bonnes d'aller vous voir. J'y ai pensé souvent d'aller ainsi vous surprendre, quand je vais visiter notre maison de Marseille. Mais c'est si loin; et puis ce temps, qui s'en va si vite, me manque.

J'aimerais bien voir votre sainte mère, qui aime et sert si bien le Bon Dieu, votre bonne soeur, heureuse dans sa chambre avec tout ce qui l'entoure. Je me rappelle toujours son triste ennui de Paris.

Pour vous, bonne demoiselle, soyez toujours toute à Notre-Seigneur, comme la Très Sainte Vierge, comme sa vierge et sa royale servante. Oh! que vous avez choisi la bonne part! Qu'il est beau de pureté, bon de bonté, saint d'amour, Celui qui est l'Epoux et le Roi de votre coeur, et la loi unique de votre vie! Soyez toujours toute à lui. Mais soyez une flamme qui éclaire, qui échauffe et brûle tout autour d'elle. Nous aimons trop peu le bon Maître, et notre amour est si fini! Il faut s'en dédommager en le faisant connaître, aimer et servir; si la foi nous fait disciple de Jésus, l'amour nous rend apôtre.

Adieu, bonne demoiselle. Croyez-moi toujours, en N.-S.,

Votre tout dévoué.

EYMARD, Sup.


Nr.1262

An Fräul. Edmée Brenier

Adveniat Regnum tuum.

Paris, rue Faubourg-Saint-Jacques, 68, 26 Juillet 1863.

MADEMOISELLE,

J'avais emporté avec moi votre lettre à Rome, afin de vous répondre de la Ville Eternelle, et voilà que je l'ai apportée ici stérile. J'en suis fâché. Votre charité me le pardonnera et votre confiance n'en sera pas altérée.

J'étais si occupé à Rome pour les grandes affaires de l'approbation de notre Société que je n'ai pas eu le temps.

Remerciez pour nous Notre-Seigneur. Le Saint Père nous a approuvés avec beaucoup de faveurs et de bienveillance.

J'en viens à vous. C'est bien tard, c'est vrai, répondre à votre lettre; mais ce sera une preuve de bonne volonté.

J'aime votre simplicité et franchise pour et contre.

Vous me dites vos impressions sur le souvenir de cette personne, de la médaille; je m'y attendais. La nature endormie est prompte à se réveiller plus forte que jamais. Aussi faut-il la surveiller beaucoup, couper l'arbre jusqu'à la racine la plus petite, afin que l'arbre de vie ait toute la sève de la terre nouvelle, vous le comprenez.

Soyez impitoyable pour ces rejetons qui voudraient repousser au pied de l'arbre divin.

Oh! oui, combattez bien les impressions naturelles; elles vous feraient trop souffrir. D'ailleurs, il faut que l'amour divin les prenne, ou comme du bois pour alimenter sa flamme: voilà pour celles qui peuvent devenir mauvaises; ou comme une semence pour la faire germer, grandir et mûrir. C'est là le fondement de la vie spirituelle.

Il faut que vous sachiez que quand une âme veut vivre de la vie spirituelle, elle n'a plus qu'un ennemi à redouter: la paresse, la lâcheté.

Donc il faut se faire violence, une violence douce pour les autres et forte, violente pour soi-même. Voilà pour vos visites des pauvres, pour votre lever du matin, pour le support domestique.

Je suis heureux d'apprendre votre tentation sur la direction: j'en ai ri, parce que cela a dû vous coûter beaucoup; mais la vérité avant tout. Votre âme m'en est plus chère.

Aimez bien Notre-Seigneur. Que son amour soit bien fort en votre coeur, fleuri en vos oeuvres, royal en votre vie. Il est si beau, si bon, si aimant, ce bon Maître! Soyez jalouse de son choix et fière du vôtre.

Je me réjouis de votre chapelle. Comme elle va vous donner du bonheur!

Mes bons souvenirs à vos chères soeurs. J'attends maintenant de vos nouvelles fraîches.

Je vous bénis en N.-S.

EYMARD.


Nr.1263

An Fräul. Danion

Adveniat Regnum tuum.

Paris, 26 Juillet 1863.

MADEMOISELLE ET CHERE SOEUR,

Je viens vous dire que je suis de retour de Rome, comblé des bénédictions du Saint-Père pour la société, mais que pour moi je suis resté pauvre et plus pauvre encore, car à présent il faudrait faire honneur à l'Eglise et à Notre-Seigneur, et je suis toujours de plus en plus misérable. Aussi faut-il bien prier pour moi, vous qui aimez notre Société, et nous aimons aussi beaucoup la vôtre. J'ai dit avec bonheur à Rome tous les mardis votre messe d'action de grâces, et maintenant j'aime à la continuer ici. Que faites-vous? Où en est l'action de grâces? votre bon directeur? et vous, que faites-vous?

Je vais partir, le 19 août, pour notre maison d'Angers (rue Lyonnaise, chez les Carmélites, Maine-et-Loire). J'y resterai un petit mois. Cela me fait plaisir d'un sens, je serai plus calme et tranquille, si toutefois le Bon Dieu le veut.

J'ai vu à Rome Mgr Gallo, et aussi Sa Grandeur, mais je n'ai pas osé aller la visiter, ne la connaissant pas assez. J'ai vu que c'était un saint.

Croyez-moi, en N.-S.,

Chère soeur,

Tout à vous.

EYMARD.


Nr.1264

An Frau Tholin

Adveniat Regnum tuum.

Paris, 26 Juillet 1864.

Richtiges Datum: 26. Juli 1 8 6 3!

MADAME ET CHERE SOEUR EN N.-S.,

Je me reproche bien de ne vous avoir pas écrit de suite à mon arrivée, parce qu'alors après j'ai été assailli par les visites et les affaires. Votre charité voudra bien me le pardonner. En arrivant à Lyon vous avez eu ma première visite, mais vous étiez partie de chez Mme de Launey; là, au moins, j'ai appris que votre cher fils allait bien mieux.

J'ai été surpris de trouver votre chère soeur à Lyon et peiné de savoir comment on l'a renvoyée; Dieu l'a ainsi voulu; que son saint Nom soit béni! il est bon et aimable partout. Les vocations religieuses, surtout extérieures, ne sont que des couleurs diverses du service de Dieu, mais non le fond et la loi. Il faut donc que cette bonne Sr Antonia continue bien à filer, à broder cette belle robe blanche du Paradis.

Vous êtes donc à Joasson! - là où le Bon Dieu a mis votre nid - avec toute votre famille. Heureusement que la voûte du Ciel vous couvre et l'amour de Dieu est votre atmosphère, et son coeur votre demeure, et sa loi vos délices; soyez-y heureuse.

Je vous laisse à la bonne sainte Anne. Je vais célébrer. Je vous bénis, vous, votre bon mari, vos chers enfants, la bonne soeur.

Tout à vous.

EYMARD.


Nr.1265

An Fräul. Agarithe Monavon

Paris, 28 Juillet 1863.

Bonne Demoiselle,

Me voici à Paris depuis quelques jours; j'ai été un peu fatigué à mon retour, par suite des chaleurs et aussi de la fatigue. La mer a été mauvaise, mais elle portait plus que César et son empire: elle portait l'approbation de la Société et bien d'autres grâces.

Nous voilà, bonne demoiselle, approuvés, mais non sanctifiés. Je comprends plus que jamais que tout est vanité, et que la vertu est personnelle. Tous ces titres d'honneur, c'est un habit qui couvre des plaies ou une grande misère.

Me voici à Paris jusqu'au 18 août; puis j'irai passer trois à quatre semaines à Angers chez les Carmélites, rue Lyonnaise, où se trouve notre maison. Que n'êtes-vous sur mon chemin! Mais vous êtres trop loin. Comme je serais heureux de vous voir, et votre chère amie!!! Le Bon Dieu ne me le montre pas.

A vous maintenant de me donner de vos nouvelles.

Tout vôtre en N.-S.

EYMARD.


Nr.1266

Une lettre du P. Eymard à la Supérieure de Marie Réparatrice

(Emilie d'Oultremont d'Hooghvorst - Mère Marie de Jésus)

Paris 28 juillet 1863

Très Révérende Mère,

A mon retour de Rome, j'ai trouvé votre livre de Marie Réparatrice & votre honorable lettre. Je viens vous en remercier de tout mon coeur. & vous féliciter en Notre Seigneur de votre richesse dans ce bon & excellent livre & votre bonheur dans une si belle & si grande vocation - Vous adorez Notre Seigneur par Marie. - Elle est la 1ère Réparatrice du monde - & la 1ère Adoratrice de N. Seigneur. Que vous êtes heureuse d'avoir su & pu unir Jésus & Marie dans votre Institut!

Pour nous, nous sommes aussi bien heureux dans notre Service de l'adoration perpétuelle, nous avons aussi la réparation comme une des fins du Sacrifice. & sous ce rapport nous nous retrouvons aux pieds du même Maître.

Je recommande notre jeune Société à vos prières, ma très Révérende Mère, & vous prie de me croire en N. S.

Votre bien dévoué

& bien humble serv(iteur)

(signé) Eymard

sup.

Autographe: chez les Soeurs de Marie Réparatrice.

Photocopie, transmise par le P. Pedro Nunez, durant l'été 1992.

Retranscription:

Paris, 28 juillet 1863

Très Révérende Mère,

A mon retour de Rome, j'ai trouvé votre livre de Marie Réparatrice et votre honorable lettre. Je viens vous en remercier de tout coeur, et vous féliciter en Notre Seigneur de votre richesse dans ce bon et excellent livre et (de) votre bonheur dans une si belle et si grande vocation. Vous adorez Notre Seigneur par Marie. Elle est la première Réparatrice du monde et la première Adoratrice de Notre Seigneur. Que vous êtes heureuse d'avoir su et pu unir Jésus et Marie dans votre Institut!

Pour nous, nous sommes aussi bien heureux dans notre service de l'adoration perpétuelle. Nous avons aussi la Réparation comme une des fins du Sacrifice. Et sous ce rapport, nous nous retrouvons aux pieds du même Maître.

Je recommande notre jeune Société à vos prières, ma très Révérende Mère, et vous prie de me croire en Notre Seigneur,

votre bien dévoué et bien humble serviteur

(signé) Eymard

sup.


Nr.1267

An Gräfin v. Andigné

Paris, 22 Août 1863.

Madame,

Je serai à Paris le 27 et tout à votre disposition. Le numéro 66 est à votre service et vous verra avec bonheur.

Je n'irai pas encore à Angers, puisqu'on répare la chapelle. Quand y irai-je? le Bon Dieu le sait. Je ferai ce que je pourrai pour seconder vos désirs.

Priez pour nous: demain 23 nous renouvelons tous nos voeux, par suite de l'approbation, afin qu'ils soient canoniques. Notre maison est pleine.

Croyez-moi: allez à Notre-Seigneur comme une pauvre, mais bien pauvre, et qui cependant est aimée, privilégiée; dont la seule vertu est la reconnaissance, le seul mérite de savoir bien demander et bien recevoir; de vouloir tout devoir et toujours devoir à son bienfaiteur; d'augmenter la somme de ses dettes tous les jours avec bonheur; d'être insolvable, mais aimante.

" Bienheureux les pauvres!

" Le royaume des cieux vous appartient. "

Je vous bénis.

Tout à vous en N.-S..

EYMARD.


Nr.1268

An Fräul. v. Revel

Paris 30 août 1863

Mademoiselle,

Votre bonne lettre m'a fait bien plaisir, je viens vous remercier, mais vous êtes trop reconnaissante; hélas! Mademoiselle, j'ai fait si peu et si mal ce peu; mais vous dites trop que j'ai fait beaucoup; oui, je l'ai désiré et le désire encore. Le bon Dieu seul sait tout le bien que je vous désire et toutes les grâces, car je vois que ce bon Père vous aime bien tendrement et bien généreusement; il vous veut tout entière et toute seule à lui: la jalousie divine de son coeur est bien glorieuse pour vous et la paix et la fidélité qu'il vous donne en sont de consolantes preuves. C'est vrai que cette vie divine a son berceau, son développement, sa vie parfaite sur le Calvaire; et que N.S. fait de tout une croix, un sacrifice; mais c'est pour augmenter vos mérites, vos titres, les liens de l'amour; et vous donner une somme de vie plus grande. Oh! qu'il est bon, ce bon Maître, de centupler les jours de votre vie. Au déclin de la vie, la plupart de vos affections sont déjà dans l'éternité, et Dieu vous a laissée la dernière pour recueillir leurs mérites. Quand l'esclave ou le prisonnier voit sa chaîne s'user et s'alléger, il se réjouit. Quand le coeur dit avec plus de liberté et d'abandon: Notre Père qui êtes aux Cieux, il commence à s'élever de cette pauvre terre de séparation, d'adieu et d'exil.

Oui, Mademoiselle, et laissez-moi vous dire, ma fille, l'union en N.S. sera dans le temps et l'éternité. L'union en Dieu et comme Dieu, je vous laisse en sa divine charité.


Nr.1269

An Frau v. Grandville

Angers, 10 Septembre 1863.

MADAME ET CHERE SOEUR EN N.-S.,

J'arrive à Angers pour un jour. Je viens vous dire que la chapelle des Carmélites est en réparation jusqu'au 10 octobre; vous voilà par conséquent libre.

Si j'étais venu seul, je serais allé vous saluer; mais j'ai avec moi le maître des novices que je vais conduire à Lyon pour y visiter quelques noviciats. Quand je serai de retour à Paris, je vous écrirai. J'aurais besoin de prendre les eaux d'Allevard (Isère), au moins quinze jours. Je me sens un peu fatigué de mon voyage de Rome; mais je crains qu'il soit trop tard, nous verrons.

Les Dames Carmélites vont avoir une bien belle église, Notre-Seigneur y sera un peu plus honorablement.

Mes respectueux hommages à votre bonne soeur. Croyez-moi toujours en N.-S.,

Tout vôtre.

EYMARD, S.


Nr.1270 (1)

An Bischof Angebault

Angers, 11 Septembre 1863.

Monseigneur,

J'ai l'honneur de soumettre à Votre Grandeur l'exposé des Constitutions de la Société des Servantes du Très Saint Sacrement, réunies à Paris en 1858, encouragées par Son Eminence Mgr Morlot, comme oeuvre de zèle, et par Sa Sainteté Pie IX le 5 janvier 1859.

Fin de l'association.

Les Servantes du Très Saint Sacrement se dévouent et se consacrent, sous la conduite de l'Ordinaire du lieu, au service de l'Adoration perpétuelle par l'exercice des quatre fins du sacrifice, en union avec la vie de la Très Sainte Vierge au Cénacle.

Oeuvres de zèle.

A l'Adoration, elles joignent le zèle pour le culte eucharistique, travaillant à procurer aux églises pauvres des linges et des ornements convenables.

Elles instruisent, sous la direction des pasteurs des âmes, les personnes qui seraient en retard pour leur Première Communion, ou les jeunes adultes qui n'auraient pas la facilité d'apprendre le catéchisme.

Elles reçoivent en retraite les personnes pieuses et connues qui désireraient faire une retraite au pied du Très Saint Sacrement.

Esprit.

Les Servantes du Très Saint Sacrement doivent servir leur divin Maître avec la fidélité et l'abnégation d'une bonne servante, dans l'esprit d'amour et de sacrifice, ne voulant et ne désirant qu'une chose: le plus grand règne de Jésus dans l'Eucharistie, par leur propre anéantissement, comme saint Jean-Baptiste.

Moyens.

Afin de servir plus parfaitement Notre-Seigneur, les Servantes du Très Saint Sacrement font à l'Evêque du lieu les voeux perpétuels de pauvreté, de chasteté, d'obéissance, et le voeu eucharistique.

Elles gardent la clôture pour l'amour de Notre-Seigneur.

Membres.

Pour être reçue membre de la Société, il faut avoir:

1· Une réputation intacte;

2· Une santé suffisante pour l'adoration de nuit et de jour;

3· Pouvoir dire l'Office;

4· Avoir l'habitude, ou au moins une disposition à la vie intérieure;

5· Avoir un esprit simple et docile;

6· Avoir une vraie dévotion au Très Saint Sacrement, être attirée par attrait de grâce vers la vie d'adoration.

Des Postulantes.

Le postulat est de trois mois, pendant lesquels la postulante suit tous les exercices du noviciat en habit séculier.

Des Novices.

Le temps du postulat expiré, l'élection de la postulante comme novice est soumise aux suffrages secrets de toutes les professes de la maison. Pour être reçue, il faut avoir obtenu la moitié des voix plus une.

Le noviciat ne commence qu'à la prise d'habit. Tous les six mois, la novice passe un examen sur sa vocation. On lui notifie alors tout ce qu'elle a à réformer et à acquérir, sous peine d'être refusée à la profession.

Cet examen est consigné par écrit dans le livre destiné à cet effet.

Des Professes.

Trois semaines avant la fin du noviciat, l'élection de la novice à la profession est soumise aux suffrages secrets des Soeurs professes de la maison à la majorité des voix plus une.

La novice admise à la grâce de la profession s'y prépare par sept jours de retraite absolue.

Avant sa profession, elle prend les mesures prescrites par le voeu de pauvreté.

Nature des Voeux.

1· Par le voeu de pauvreté, la novice renonce à l'usage, à l'usufruit et à l'administration de ses biens, dont elle garde le domaine radical. Elle peut faire la cession de l'usage, de l'usufruit et de l'administration à qui elle veut, en dedans comme en dehors de la Communauté.

Elle peut toujours, même après la profession, avec la permission de la Supérieure, faire la cession de ses biens, soit par testament, soit par actes entre-vifs.

Elle suit la même règle pour les autres biens qui pourraient lui échoir, soit par testament, soit par donation.

Avec la permission de la Supérieure, elle peut faire tous les actes légaux nécessaires à l'administration de ses biens.

2· Par le voeu de chasteté, elle se consacre entièrement à Dieu et renonce pour toujours au mariage.

3· Par le voeu d'obéissance, elle immole sa volonté et la donne à Dieu entre les mains de ses Supérieurs légitimes, selon la fin de la Société.

4· Par le voeu eucharistique, elle se dévoue perpétuellement au service de l'Adoration, accomplissant par voeu les heures d'adoration qui lui seront prescrites par l'obéissance.

Des Supérieures.

1· Le premier Supérieur de la Société, c'est l'Evêque du lieu, auquel toutes promettent obéissance filiale.

2· Sous la direction du premier Supérieur, une Supérieure gouverne et dirige la Communauté, selon l'esprit et la Règle de la Société.

3· La Supérieure est nommée par toutes les Soeurs professes, aux deux tiers des voix, par le scrutin secret et pour trois ans; elle peut être réélue une seconde fois.

4· La confirmation de l'Ordinaire du lieu est requise pour la validité de l'élection.

5· Le choix de la Maîtresse des Novices, s'il y a lieu, doit être soumis à la nomination de l'Evêque.

6· De concert avec la Maîtresse des Novices, la Supérieure nomme aux divers emplois secondaires de la maison.

7· Tous les ans, à la fin de l'année, elle rend compte à l'Evêque du personnel et du temporel de la Communauté.

(Le manuscrit s'arrête ainsi).


Nr.1271

An Marg. Guillot

Adveniat Regnum tuum.

Angers, 12 Septembre 1863.

Chère fille en Notre-Seigneur,

J'arrive de l'Evêché. Le bon et saint Evêque d'Angers vous reçoit comme ses filles dans sa ville épiscopale; il sera votre père, vous y serez de bonnes Servantes du T. S. Sacrement.

C'est à onze heures qu'il a dit ce fiat qui va mettre le comble à votre joie. Dieu vous a préparé un bon et pieux curé pour guide et soutien: Mr le Curé de Notre-Dame, Mr Crépon.

Je n'ai pu encore trouver une maison. Mr le Curé le fera. Notre-Seigneur sait bien où il veut loger. Remerciez-le donc bien et demandez-lui où est le Cénacle qu'il a choisi.

Je serai toujours votre père et plus dévoué encore. J'arriverai demain soir ou lundi.

Je vous bénis en Notre-Seigneur.

Tout vôtre en sa divine charité.

EYMARD.


Nr.1272

An P. de Cuers

Adveniat Regnum tuum.

Angers, 12 Septembre 1863.

Bien cher Père,

Nous avons trouvé de grandes richesses à Angers; les RR. PP. Jésuites ont bien voulu nous prêter leur directoire du Noviciat, voilà trois jours que nous sommes ici à le copier, nous en tenons le bout. J'espère partir demain ou lundi au plus tard.

J'ai vu le médecin de la maison, homme chrétien et instruit; il me force d'aller aux eaux d'Allevard, sous peine de ne pouvoir plus rien faire dans deux mois. Il dit les poumons fatigués et le larynx aussi. J'irai donc encore en exil pour un mois, il m'en coûte bien. Je m'y résigne pour pouvoir travailler encore, si Dieu le veut.

Je vous arriverai demain soir ou lundi, et repartirai le plus tôt pour Lyon, d'où j'irai à Allevard directement.

Notre voyage à Solesmes a été très heureux, à la Trappe de Laval aussi. Je n'ai pas vu Mgr. l'Evêque, il était parti.

En Notre-Seigneur, cher Père,

Tout vôtre.

EYMARD S.


Nr.1273

An P. de Cuers

Aix, Pension Bossut, rue des Ecoles, 20 Septembre 1863.

Bien cher Père,

Me voici à Aix, car je n'ai fait que passer à Allevard où les eaux finissaient le jour même, tandis qu'ici elles continuent; on dit qu'il y a encore cinq cents étrangers. Je continuerai mon traitement pendant le temps voulu.

Je vous remercie de votre bonne lettre, elle m'a bien fait plaisir. Je l'ai lue et la relirai encore, car elle est bien pratique. Vous pourrez demander les 50 fr. du serrurier au N· 66. Quand vous aurez quelque bonne pensée, écrivez-la moi, elle me sera une douce et aimable compagnie.

J'ai envoyé le P. Chanuet à la Grande Chartreuse. Nous avons été très heureux à Lyon, chez les Carmes et les Dominicaines. Ce voyage sera très utile.

Mes bien affectueux souvenirs à toute la maison. Oh! quel sacrifice d'être loin de l'Exposition!

Tout vôtre en Notre-Seigneur, bien cher Père,

EYMARD S. S. S.

P. S. Pour les messes de fondation du jeudi, vendredi, samedi et dimanche, il faut les acquitter de suite. Si vous n'avez pas acquitté celles de cette semaine, comme il me semble vous l'avoir dit, il faut les acquitter en plus de suite; car je ne les ai pas dites. Pour le règlement de ces messes, j'en ai donné l'avis au P. Carrié.

C'est tous les six mois qu'on retire les intérêts de chez Le Clère où il y a la note à déduire de l'impression des Constitutions et d'un tableau.


Nr.1274

An Bruder Gabriel, Gründer und Generaloberer der Brüder der Hl. Familie, Belley

Aix-les-Bains, Pension Bossut, le 21 7bre 1863

Mon Très cher et vénéré Supérieur,

Il y a bien long temps que je ne vous ai pas dit mes affectueux et dévoués souvenirs! Quand je vois à Paris de vos chers Frères, je suis tout heureux de recevoir de vos nouvelles, et je sais avec quelle prodigalité Dieu vous a béni. Vous aurez une belle couronne, car vous avez fondé une Société bien utile et bien pieuse, au milieu de tant de sacrifices!

Dieu a daigné aussi se servir de ma misère pour la Société du Très Saint Sacrement; la voilà approuvé par le St. Siège depuis le mois de mai, reste maintenant la sainteté de correspondance; aidez-moi, bon et aimable Père, à l'obtenir.

Voici maintenant le sujet particulier de ma lettre. Je connais un bon jeune homme de 17 ans, instruit, peux, bon caractère, bonne santé, mais illégitime, qui veut à tout prix être frère. Sa mère est une très bonne et fervente chrétienne, et a bien réparé sa faute.

Pouvez-vous le recevoir? et avec peu des choses? Car cette pauvre mère l'a tenu jusqu'à présent à l'école.

Je puis vous assurer que vous aurez en lui un excellent sujet.

J'ose attendre de votre bonté une prompte réponse.

Je suis encore à Aix pour une 8e de jours.

Croyez-moi toujours en l'amour et le dévouement de Notre-Seigneur,

Bon et très cher Père Supérieur,

Tout vôtre

Eymard

Sup. de la Société du St. S.

Le Très Cher Fr. Gabriel, Supérieur Général

des Frères de la Ste Famille

à Belley (Ain).


Nr.1275

An P. Leroyer

Adveniat Regnum tuum.

Aix-les-Bains, Pension Bossuet, le 22 Septembre 1863.

Bien cher Père,

Me voici depuis trois jours ici pour cette toux catarrhale que j'ai depuis mon retour de Rome et qui a provoqué un mal de gosier. Je vais rester ici une quinzaine de jours.

Je profite de mon temps libre pour travailler à ce qui manque à nos Constitutions et rédiger les notes de nos visites aux divers noviciats. Nous avons, avec le P. Chanuet, recueilli d'excellents renseignements des divers Corps: à nous de choisir ce qui peut convenir à notre fin eucharistique.

Tout en admirant les Règles et les Constitutions des divers Corps, nous disons toujours: cela ne vaut pas notre fin, notre moyen eucharistique. Nous avons plus comme fin, ils sont plus riches en moyens. Oh! c'est vrai: devant le soleil de l'Exposition et la religion de l'adoration et de l'amour, tout s'éclipse.

Un supérieur nous disait:

"Jésus-Christ entre en ligne aujourd'hui; ce n'est plus un dogme, une vérité qu'on attaque, c'est Lui; vous êtes la Société du moment: j'ai bonne idée de votre Société".

Venons maintenant à Marseille. Je veux vous confier le frère Chave, afin qu'il aille avec le frère Henri à Angers pour que vous les fassiez travailler en philosophie.


Nr.1276

An die Gräfin v. Andigné

Adveniat Regnum tuum!

Aix-les-Bains, pension Bossut, le 22 Septembre 1863.

Madame, etc.

Me voici à Aix-les-Bains. J'ai trouvé fermées les eaux d'Allevard. Dieu le voulait ainsi.

J'ai remercié beaucoup Notre-Seigneur de vous avoir donné cette preuve sensible de votre pardon, de votre pureté de vie et de son amour pour vous. On ne reçoit pas une telle grâce par imagination; l'imagination est un fantôme ou du vent.

Gardez bien cette paix, dans la confiance en Dieu. Ne vous laissez pas inquiéter par ce passé; d'ailleurs vous le devez et le ferez fidèlement.

Aimez la souffrance de Dieu: c'est votre champ à cultiver; mais ne demeurez pas dans la souffrance, mais bien dans la patience, la soumission, l'offrande, l'abandon qui sont les vertus de l'état souffrant. - Voilà pour les souffrances personnelles du prochain. Mais pour celles de Dieu, allez plus loin: remerciez-le avec amour, parce qu'il veut épurer votre foi, purifier votre amour, perfectionner votre confiance, vous forcer à vous mettre toute en lui au lieu de rester dans les moyens.

Les souffrances de Dieu sont: les tentations, les aridité, les peines intérieures, les craintes, les terreurs, etc..., la vue de notre misère.

En ces états, fuyez la tentation en elle-même; sortez de vous, allez vous mettre aux pieds du bon Maître, en lui disant merci de cette tempête qui vous a fait courir vers lui.

En un mot: Aimez et servez Dieu par l'abnégation et par le saint abandon.

Adieu en Notre-Seigneur. Qu'il vous bénisse et vous possède en sa divine dilection.

EYMARD.


Nr.1277

An Frau v. Grandville

Adveniat Regnum tuum.

Aix-les-Bains, pension Bossut, le 23 Septembre 1863.

MADAME ET CHERE SOEUR EN N.-S.,

Me voici à Aix pour une bronchite: je pense y rester encore une dizaine de jours. Je suis ici tout seul avec Notre-Seigneur, bien privé de l'Exposition, mais Dieu le veut.

J'ai reçu votre dernière lettre, et l'ai lue avec attention et peine.

Non, non, ne quittez pas la sainte Communion, ce serait quitter le remède de la vie. Ce n'est pas parce que vous êtes douce, bonne, humble et recueillie, qu'on vous la donne, mais pour le devenir, mais pour vous supporter en humble patience.

Croyez-moi, vous êtes en tentation, vous ne savez pas vous faire connaître; que faire? Hélas! non ce que vous avez la tentation de faire: vous vous effrayez de vous-même, vous vous comparez à vos grâces reçues, aux vertus de votre chère soeur, à ce que vous devriez être! Mieux vaut laisser tous ces miroirs effrayants et décourageants, et vous voir en celui de l'infirmité et de la puissance de Dieu, de l'imperfection et de la miséricorde, de votre pauvreté et de la bonté de Dieu.

Un jour je fus bien sot. Il me semblait que Notre-Seigneur me montrait que je n'avais pour lui qu'un amour de vanité et d'enfant sensible; ne soyez pas ainsi. - Comment alors aimer le Bon Dieu? pour lui, en lui, et se perdre un peu plus en sa bonté.

J'attends de vous une lettre, car, au reçu de la vôtre, j'étais sur le point de partir pour Nantes, mais le temps me manqua.

En Notre-Seigneur, Madame et chère soeur,

Tout à vous.

EYMARD, S.


Nr.1278

An P. de Cuers

Adveniat Regnum tuum.

Aix-les-Bains, le 23 Septembre 1863.

Bien cher Père,

Soyez sans inquiétude de moi, je suis bien soigné, je ne sens pas encore l'efficacité des eaux, cependant je puis les supporter sans fatigue.

Voici, pour les messes, l'état de la question:

J'ai acquitté les quatre messes, par semaine, de fondation jusqu'au mercredi 14 septembre, jour de mon départ de Paris, je vous ai laissé la charge, comme Supérieur de la maison de les acquitter désormais en commençant le 15, c'est-à-dire, le jeudi, le vendredi, le samedi et le dimanche de chaque semaine. Si donc vous n'avez pas acquitté celles de la semaine du 15, acquittez-les à part.

Quant à l'argent qui doit solder les honoraires, ce sont les intérêts de la somme placée à cette fin chez Mr Adrien Le Clère. Ces intérêts sont au 6%, par conséquent donnent un dividende pour chaque messe de 5 francs et quelque chose en plus; ces messes doivent être célébrées aux jours fixés pendant l'année. Tous les six mois on retire cet intérêt; alors, comme on a dit les messes avant d'en percevoir l'honoraire, puisqu'on le perçoit tout à la fois, je mettais dans la caisse des messes autant de francs que de messes acquittées, quand ce n'était pas moi qui tenait la caisse et le compte des messes, comme cela vient d'avoir lieu pendant mon voyage de Rome.

Pour savoir donc l'époque échue des intérêts à percevoir, consultez le billet de Mr Adrien Le Clère. Si cela vous embrouillait, attendez-moi et commencez par acquitter les messes, comme j'ai dit plus haut, à l'intention de la fondatrice.

C'est bien pour la maison que j'acquitte mes messes, main non de celles de la caisse du P. Carrié, mais de celles que vous avez trouvées chez moi: toutes ces messes sont à un franc (je le crois au moins); les notes trouvées, mettez-les de côté pour mon retour.

Il y a dans la caisse une lettre de Melle Danion, de Mauron, avec 52 fr., c'est une Messe de grâces que je dis tous les mardis; les 48 autres messes, dont elle parle dans une lettre, ont été données à acquitter.

En disant donc au P. Carrié de ne pas compter mes messes, je voulais les donner moi-même sur celles que vous avez entre les mains. Ne distribuez pas à d'autres celles de ma caisse, mais plutôt celles du P. Carrié, ou du moins attendez-moi, avant de les donner à d'autres prêtres étrangers. Je ne sais si je suis très clair, vous en jugerez.

Je ferai ce que je pourrai pour le frère Abel.

En Notre-Seigneur, bien cher Père,

Tout vôtre.

EYMARD.

Au R. P. de Cuers,

Supérieur des Religieux du T. S. Sacrement,

68, rue Faubourg St. Jacques, Paris.


Nr.1279

An Marianne Eymard

Aix, le 24 septembre 1863

Bien chère Soeurs,

Je vous adresse la lettre qui reçoit ce cher enfant que vous m'avez recommandé; il sera très bien dans cette maison.

Ailleurs on demandait une pension, ce qui aurait pu beaucoup gêner sa pauvre mère.

Les eaux me font du bien.

J'attends les noms des personnes que vous voulez que j'agrège. M. le Curé m'a donné des vos nouvelles. Je sais qu'on a reçu mon paquet; je pense que l'on a écrit à Paris. La lettre m'y attend, n'en parlez plus.

Adieu, bonnes soeurs.

Votre frère

Eymard.


Nr.1280

An Marg. Guillot

Aix, le 29 Septembre 1863.

Bien chère fille,

Merci de votre bonne lettre, j'allais vous écrire quand vous m'avez devancé, mais on n'a le temps de rien faire aux eaux.

Si vous recevez une lettre pour moi d'Angers, gardez-la jusqu'à nouvelle adresse. J'ai dit à Mr Crépon, curé, de m'adresser la lettre chez vous.

Voilà Mlle Thomas partie: tant pis et tant mieux; ne pouvant pas prendre sur elle de devenir une vraie religieuse il valait mieux prendre un parti. Ah! c'est une bonne leçon. Tout pour Notre-Seigneur, et non pour la créature. Je vais écrire à soeur Jérôme. Mr Gaudioz m'a écrit une bonne lettre ainsi que sa chère fille.

Je n'ai pas eu le temps d'aller voir vos bonnes soeurs, on m'avait accompagné de Lyon. Tout ce que j'ai pu faire a été de dire bonjour en passant à Mme Marcel, que je trouve bien fatiguée.

Ne vous inquiétez pas de moi. Les eaux m'agitent beaucoup, on dit que c'est l'ordinaire, je dormirai après.

Ne m'écrivez plus jusqu'à nouvelle adresse; je pense aller me reposer quelques jours à Saint-Bonnet et finir mes eaux cette semaine. J'ai écrit à Monseigneur l'Evêque d'Angers pour le remercier en votre nom de sa paternité à vous recevoir.

Adieu, chère fille. Je vous bénis, soeur Benoîte et toutes vos filles.

En Notre-Seigneur,

Tout à vous.

EYMARD.

(1) () Cettre lettre et les suivantes concernent les Servantes du Très Saint Sacrement.


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