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Rome, 10 Juin 1863.
Chère fille,
Je viens vous annoncer la toute première que la Société est approuvée du 3 juin et que l'on vient de me donner le Décret d'approbation.
Remerciez-en bien le bon Dieu, et sa Sainte Mère, et Saint Joseph, car c'est un miracle de protection et de grâce. J'espère partir la semaine prochaine.
Je vous écrirai de Marseille. Je suis très pressé, la poste part.
Je vous bénis toutes; vous comprenez que je ne vous oublie pas ici à Rome, et que je prie et sollicite pour vous auprès de Notre-Seigneur et de ses Saints.
Tout à vous en Notre-Seigneur.
EYMARD.
Adveniat Regnum tuum.
Rome, 10 Juin 1863.
Madame,
Je viens vous annoncer la bonne nouvelle: notre petite Société est approuvée du 3 juin, veille de la Fête-Dieu ou plutôt la Fête-Dieu; bénissez-en Dieu et sa sainte Mère avec nous et pour nous.
Je pense partir mercredi ou jeudi de la semaine prochaine. Je vous écrirai alors plus longuement.
Le Bon Dieu a bien béni la quête, je vous en bénis aussi, et Notre-Seigneur encore plus; vous avez bien fait de garder le reste, nous réglerons tout cela quand j'irai à Angers.
Que le bon Maître vous donne son saint amour filial! Je ne sais si l'on vous a dit que j'avais obtenu que les Agrégés pussent gagner l'indulgence plénière devant le Tabernacle quand ils n'avaient pas l'exposition.
Que Jésus vous bénisse!
En Lui,
Madame,
Votre tout dévoué.
EYMARD.
Rome, 10 Juin 1863.
Cher Père,
Bénissez Dieu et remerciez sa T. Ste Mère: la Société est approuvée formellement, le Décret est du 3 juin, veille de la Fête-Dieu: ce sont les premières Vêpres.
A plus tard les détails.
J'ai le bref du Jubilé des bonnes Soeurs.
Celui de la Portioncule souffre plus de difficultés, par ce que vous n'avez répondu que d'une manière dubitative sur la question de savoir s'il y a d'autres églises à Angers qui aient le privilège de la Portioncule; voici:
Ordinario pro informatione et isto qui referat num aliae Ecclesiae gaudeant Indulgentia Portiunculae in civitate Andegavensi, et quo intervallo distent ab introscripta Ecclesia Monialium de qua in precibus.
Ainsi, cher Père, si la Rde Mère Prieure tient à cette faveur, demandez l'affirmation à Sa Grandeur, à qui je vous prie de présenter mes plus dévoués hommages.
Ecrivez de suite à Mr l'abbé Prével, place Farnèse, à Sainte Brigitte, qui en mon absence fera le reste des démarches.
Je pense partir la semaine prochaine pour la France, mercredi ou jeudi.
Amitiés à tous, bonne santé au cher frère Eugène. Ici tous vous embrassent.
Tout vôtre en N.-S.
EYMARD.
Veuillez remettre la ci-incluse à la Rde Mère, pour qu'elle l'envoie.
Rome, 10 Juin 1863.
Bien cher Père,
Bénissez et remerciez Dieu par sa très Sainte Mère, Saint Joseph et Saint Michel. La Société est approuvée, j'ai le décret d'approbation.
Le 18 mars, le Saint Père l'a introduite en examen de la Sacrée Congrégation. Le 8 mai, il l'a approuvée.
Le 3 juin, veille de la Fête-Dieu, ou plutôt la Fête-Dieu, la Sacrée Congrégation des Evêques et Réguliers a décrété son approbation.
Voyez les dates et les saints: le 18, Saint Gabriel; le 8, Saint Michel; le 3, la Fête-Dieu. Le Mois de Saint Joseph, le Mois de Marie, le Mois du Saint Sacrement! Dans les dons de Dieu, tout est complet et a un mystère de reconnaissance.
Supérieur des Religieux du T. S. Sacrement,
Gap, 1er Juillet 1863.
BIEN CHERES SOEURS,
Me voici à Gap, j'arrive à l'instant, je vais coucher à Notre-Dame du Laus. Vendredi nous partirons de Gap et nous irons coucher à Notre-Dame de la Salette où je resterai le samedi et le dimanche, et je vous arriverai lundi dans la matinée.
Si La Salette n'étais pas trop loin, je vous dirais: Venez-y; mais je n'ose vous le dire. Si je puis même abréger mon séjour à La Salette, je vous arriverai samedi soir; mais si je ne suis pas arrivé vers les neuf heures du soir, ne m'attendez pas.
Je suis en compagnie de deux messieurs d'un de nos amis de Marseille; il faudra vous informer où vous pourriez leur trouver deux lits; chez Pelloux ce serait mieux, car il vaut mieux être libre.
Je ne pourrai, chères soeurs, vous donner que deux jours, car je suis très pressé de rentrer à Paris. C'est pour pouvoir vous voir et gagner un jour que j'ai pris la voiture si fatigante de Marseille à Gap.
Ne comptez pas trop sur samedi, j'ai bien peur de ne le pouvoir; toute réflexion faite, ne venez pas à La Salette, j'y resterai peu, et puis à peine si nous pourrions nous y voir.
Mes respectueuses amitiés à Mr le Curé; faites dire au brave abbé Baret de venir me voir lundi prochain à la maison. Je voudrais bien voir aussi le bon abbé Girolet.
Je vous embrasse en N.-S.
A bientôt.
Tout vôtre.
Votre frère.
EYMARD, S.
Notre-Dame de la Salette (Isère), le 4 Juillet 1863.
Chère fille,
Me voici à la Salette; j'y prie bien pour vous, pour toutes vos filles. Je vous offre à cette bonne Mère afin que vous l'aidiez dans la réconciliation.
Je n'ai pu vous écrire, on m'a tellement occupé à Marseille que je n'avais pas le temps de respirer.
J'ai fini par prendre une dysenterie qui m'a un peu fatigué, et une sueur continuelle. Je vais tâcher de laisser tout cela ici, à la sainte Montagne. Je vais passer un jour à la Mure, puis j'espère être à Lyon jeudi, et samedi à Paris.
J'irai voir vos chères soeurs. Je vous laisse; à bientôt.
Mes religieux souvenirs à toutes vos Soeurs.
Tout à vous en Notre-Seigneur.
EYMARD.
A Mademoiselle Guillot,
66 rue faubourg St-Jacques,
Paris.
Notre-Dame de la Salette (Isère), le 4 Juillet 1863.
Cher ami,
Je vous écris deux mots de la Salette. Me voici en route pour Lyon, où j'espère arriver jeudi prochain, et nous parlerons de mon voyage. Je suis venu remercier Notre-Dame de la Salette et ai bien prié pour vous et tous les vôtres. Je vois avec bonheur que la dévotion à La Très Sainte Vierge grandit, et par conséquent le règne de Notre-Seigneur arrivera. Respectueux hommages à Madame, amitiés à toute la famille.
Tout vôtre en N.-S.
EYMARD.
4 Juillet 1863.
Chers amis,
Me voici à la Salette aux pieds de La T. Ste Vierge; il y a dix ans, je vins mettre à ses pieds le projet de la Société, il est juste de venir lui en offrir le premier fruit.
J'ai bien prié pour la Société présente et future, pour vous, cher Père, et tous vos frères, afin que nous devenions tous de bons adorateurs.
Je suis passé par les Alpes, espérant un peu de bien de ce voyage, car je suis parti de Marseille assez fatigué par le ventre et un épuisement de sueurs continuelles. La sueur passe, le reste passera je l'espère.
Je vous arriverai vers la fin de la semaine prochaine.
Vous recevrez quatre colis de Rome, à 32 fr. les 100 kilos, et l'emballage de la douane en sus. Je vais écrire par le même courrier à votre chère soeur pour Melle Zénaïde.
Le Père de Cuers est peut-être arrivé et il vous parlera de Rome, à bientôt, chers amis.
Tout à vous en Notre-Seigneur.
EYMARD, S. S.
Au R. Père Chanuet,
prêtre religieux du T. S. Sacrement,
68 rue fg St Jacques,
Paris.
Notre-Dame de la Salette (Isère), 4 Juillet 1863.
Bien cher Père,
Je vous écris deux mots de la Sainte Montagne, où je suis venu remercier la T. Ste Vierge et prier pour la Société.
Je serai à Paris vers la fin de la semaine prochaine et de là je vous écrirai le jour de mon arrivée à Angers. Le Père Champion a besoin de venir passer trois semaines à Paris pour l'Ordo, et pendant ce temps vous irez faire un tour à Marseille et raviver un peu tous vos enfants. Le Père Champion fait bien tout ce qu'il peut, mais vos Marseillais vous veulent, vous attendent. Oh! quelles âmes généreuses! Vous prêcheriez une retraite à vos Agrégés, je vous l'ai réservée et cela leur donne patience; j'irai moi-même pendant ce temps vous remplacer à Angers.
J'ai été un peu fatigué des chaleurs, c'est ce qui m'a décidé un peu à faire ce tour des Alpes.
Bien mes amitiés à vos Pères et frères; bientôt j'aurai le bonheur de les embrasser.
Si vous n'avez pas envoyé à Rome votre lettre, attendez mon retour; M. Prevel en est parti.
Croyez-moi toujours en N.-S., cher Père,
Tout vôtre.
EYMARD.
R. Père Leroyer,
Supérieur des Religieux du T. S. Sacrement,
chez les Carmélites,
Angers,
(Maine-et-Loire).
Paris, 16 Juillet 1863.
Madame la comtesse,
J'allais vous écrire quand votre lettre est venue me faire grande joie. Me voici à Paris depuis quatre jours, je n'ai pu encore être à moi. Je commence par vous. Votre âme m'est toujours bien chère en Notre-Seigneur et pour Notre-Seigneur; aussi, je la lui présente tous les jours au saint Sacrifice.
Oui, jouissez bien de votre bonheur de posséder ce bon Maître tout à vous et tout pour vous, et par amour pour votre pauvre coeur. Aussi, conservez-le lui bien en toute simplicité et reconnaissance.
Ce n'est pas en vous troublant ni en vous tourmentant que vous arriverez à cette paix du coeur, mais bien en vous abandonnant à sa divine bonté et miséricorde.
Allez vers ce bon Maître comme l'enfant sans mérite comme sans force va vers le coeur de sa mère: un acte de soumission et d'abandon est plus parfait que tout ce que vous pouvez faire; et pour vous, votre place chérie doit être aux pieds du divin Maître, pour le voir, l'écouter et vous sentir près de lui. C'est parce que vous vous regardez trop seule que vous vous faites peur. Regardez-vous dans le miroir de Notre-Seigneur.
.......................................................
Je pense toujours aller en août à Angers pour les premiers jours. Je vous en donnerai avis.
Mon dernier conseil est celui-ci: Vos aridités et sécheresses viennent de ce que vous allez trop à Notre-Seigneur par vous-même et pour vous même. Faites mieux: allez-y pour et par Lui-même; conversez avec sa bonté, son amour, son coeur, et le coeur s'épanouira.
Adieu, ou plutôt à bientôt!
En N.-S.,
Madame,
Tout à vous.
EYMARD.
Paris, 18 Juillet 1863.
MADAME,
Me voici à Paris. Hier, j'ai trouvé sur ma table la carte de votre chère soeur. Vite parti, pour la Visitation, j'ai eu le regret d'apprendre qu'elle était partie de la veille - et j'aurais pu la voir; j'en ai grand regret.
J'ai apporté le Bref des indulgences, la relique de saint Joseph, et même celle de sainte Hélène: comment vous les faire parvenir?
Je dois aller à Angers dans les premiers jours d'août; et si j'ai une journée à moi, elle sera pour vous.
J'ai échoué avant mon départ pour la Sainte Réserve. Je croyais bien réussir, le Cardinal des Brefs avait porté lui-même ma supplique; mais, hélas! seconde déception, car j'avais tenté en vain un autre moyen.
Le Saint-Père est très difficile pour cela. Il n'y a que votre Evêque qui aurait probablement fait pencher la balance ou Monseigneur de la Mantchourie. Cela m'a bien attristé; j'aurais été si heureux de vous porter Notre-Seigneur!
Dieu nous a bénis à Rome. J'ai apporté l'approbation de notre Société et aussi la grande faveur que les Agrégés qui ne peuvent faire leur adoration devant le Très Saint Sacrement exposé gagneront les mêmes indulgences devant le Tabernacle.
Adieu, bonne dame, la poste part.
Tout vôtre en N.-S.
EYMARD.
Paris, 68 rue fg S.Jacques, 18 juillet 1863.
Bien cher Monsieur de Benque,
Me voici de retour, comblé des bénédictions du S.Père. J'aurais bien voulu vous en rapporter de plus grandes encore pour votre aimable et si belle oeuvre, mais je n'ai pu que prendre des renseignements. - On peut obtenir une Archiconfrérie, quoique ce soit difficile, mais il faut le concours de Mgr l'Archevêque, c'est la condition essentielle. Puis il faut que quelqu'un suive l'affaire, ce qui est facile à trouver. Il m'a paru que M.Le Rebours, en sa qualité de Directeur de l'oeuvre et de Vicaire Général, aurait pu triompher des difficultés, en nommant son nom, j'ai vu qu'on était impressionné en sa faveur.
J'ai été très heureux, cher Monsieur, d'apprendre le succès du R.P.Hermann et le bonheur de ses chers auditeurs.
Voici qu'un ami, M.Lacroix, de Tours, me prie de rappeler à votre protection M.Fabre de Tours pour la direction d'une succursale de la Banque. On dit le poste de direction d'Amiens vacant, ou sur le point de l'être par la démission de l'occupant, ou bien celui de caissier à Bordeaux, ce qui, dit-on, serait une faveur égale, et que M.Fabre accepterait volontiers. Je recommande cette affaire au Bon Dieu et à vous; on dit très bien M.Fabre; d'ailleurs en vous écrivant tout cela je fais comme l'écolier devant son Maître, c'est une leçon d'amitié que je répète.
Croyez-moi en N.S., cher et bon Monsieur de Benque,
Tout vôtre.
Eymard.
Paris, rue Faubourg-Saint-Jacques 68, 21 Juillet 1863.
Monseigneur,
Je viens vous offrir l'hommage de notre décret d'approbation. Votre lettre testimoniale a bien pesé dans la balance, car, à Rome, vous êtes, Monseigneur, bien aimé; on sait que vous avez été le premier Evêque de France qui a commencé le denier de Saint-Pierre, aujourd'hui la seule ressource du Saint-Père.
Vous y avez des amis dévoués, et le Pape lui-même vous est, Monseigneur, bien affectionné; il me l'a dit.
J'ai laissé le Saint-Père très bien portant et plein de confiance pour le triomphe de l'Eglise.
Rome, agitée autour de ses murs, est cependant au fond très calme, parce que le soldat de la France catholique veille; - d'ailleurs, l'insouciance forme un peu le caractère du peuple romain.
Je me réjouis bien, Monseigneur, à la pensée d'aller voir Votre grandeur dans les premiers jours d'août et de lui dire de vive voix toute notre filiale reconnaissance.
J'ai besoin d'envoyer, pour quelques jours seulement, le P. Leroyer à Marseille pour y prêcher une retraite promise; c'est ce qui me fera le remplacer à Angers.
Daignez me croire toujours en N.-S.,
de Votre Grandeur,
Monseigneur,
le très dévoué et heureux serviteur.
EYMARD.
Paris, 24 Juillet 1863.
Chère fille,
Je confesserai ce soir après le chapelet; j'ai la migraine ce matin.
Cette grande question de la neuvaine me fatigue beaucoup. Je vois bien des difficultés et des peines dans chaque parti à prendre. Avez-vous quelques lumières? Ma tête est prise depuis plusieurs jours. Je suis obligé de faire comme le voyageur de nuit, d'attendre le jour.
Que le bon Dieu nous fasse connaître ce qu'il y a de mieux, sa sainte volonté.
Je vous bénis
EYMARD.
Paris 24 juillet 1863
Cher Monsieur Rattier,
Il faut donc que je sois toujours votre débiteur! Je ne serai pas seul, car Notre-Seigneur veut partager la charge; vous en aurez donc deux. Merci donc, mais une autre fois je mettrai des conditions à votre délicatesse.
Le bon Père Chanuet me charge, avec ses affectueux hommages, de vous dire qu'il fera la commission auprès de M. Besson.
Croyez-moi toujours en N.S., Cher Monsieur Rattier,
Tout vôtre.
Eymard Sup.
Monsieur Rattier
à son Château
à Faij par Nemours. Seine-et-Marne.
An Fräul. Prouvier, Gründerin der Jungfrauen Jesu und Mariens
Adveniat Regnum tuum.
Paris, 24 Juillet 1863.
Mademoiselle et chère soeur en N.-S.,
Me voici à Paris, au milieu de mille choses qui m'attendaient. Il y a douze jours que je suis arrivé et n'ai pu encore vous écrire, il est dix heures du soir.
Dieu nous a bien protégés à Rome, nous avons obtenu notre approbation. Remerciez-en Dieu pour nous, car c'est une grande grâce, c'est le baptême religieux. Mais priez encore plus pour nous et surtout pour moi, afin que je ne sois pas trop indigne d'une si sainte vocation et que je glorifie Notre-Seigneur selon la mesure de sa grâce.
Je n'ai pas apporté vos reliques, elles n'étaient pas prêtes, ou plutôt en voici l'histoire: comme on ne voulait pas en faire un si grand nombre, j'ai acheté deux jolies reliquaires pour diminuer le travail; mais voilà qu'on n'a plus retrouvé ces reliquaires. J'ai eu beau chercher, beau me fâcher, il a fallu partir ainsi, bien mécontent. J'ai prié un de mes amis d'y aller et de faire des recherches.
J'espère bien que votre démarche ne restera pas sans fruit et surtout sans grands mérites. J'ai bien pris des informations pour vous.
Une Communauté de Paris qui a trois maisons, n'ayant pas de lettres de recommandation de Mgr l'Archevêque, mais seulement de Mgr le Nonce, vient d'être refusée: il faut absolument des lettres des Evêques.
J'ai appris avec grand plaisir que votre Oeuvre allait bien, surtout à Paris. Que Dieu en soit béni! Si vous aviez été sur mon passage, je vous aurais saluée. Viendrez-vous à Paris? Je vais à Angers après l'Assomption, pour un mois.
Priez bien pour moi. La grâce et la croix sont inséparables.
Je vous bénis.
Tout à vous.
EYMARD.
Adveniat Regnum tuum.
Paris, 24 Juillet 1863.
Bien cher frère,
Merci de votre lettre, je l'attendais de votre coeur.
Vous voilà aux eaux, suivez-en le traitement comme un exercice religieux d'obéissance, et faites ce qu'il faut faire pour obtenir un peu de santé.
Une distraction extérieure unie à la douce et aimable pensée de Dieu: voilà votre vie de baigneur.
Allez à Dieu, comme Dieu vous veut: l'état, c'est le chemin.
Vivez du jour au jour; c'est même trop: du moment au moment.
Tout le monde a été bien sensible à votre bon souvenir fraternel; on vous le garde avec affection.
Priez pour Mr Labosse, notre compagnon de Sainte-Brigitte; il est mort subitement à Auxerre. Heureusement qu'il venait de m'expédier deux rescrits de la sacrée Congrégation. C'est son dernier acte d'amitié.
Je vous bénis, bien cher frère.
Tout vôtre en N.-S.
EYMARD.
chez Mme Mignard, rue Napoléon III,
Paris, 25 Juillet 1862.
BONNE DAME,
Merci de votre lettre; elle m'est chère comme votre âme, devant Dieu.
J'ai vu votre chère soeur avec grand plaisir; elle porte sur ses traits la joie, la paix et le bonheur du service de Dieu.
Je lui ai remis mes petites commissions: - d'abord votre retraite; je n'ai pas eu le temps de la relire - je crois que c'est bien rédigé - enfin vous verrez ce qu'elle vaut. - Ne vous ai-je pas prêté des méditations sur le Saint Sacrement? Je vous ai apporté de Rome une étrange relique: un clou de Notre-Seigneur, c'est-à-dire qui a touché celui que l'on possède à Sainte-Croix de Jérusalem, et que j'ai vu, ainsi que le titre en bois de la Croix. - Pourquoi vous apporter ce clou? Pour vous montrer comment Notre-Seigneur a été crucifié, et aussi vous rappeler son crucifiement, et vous aider à faire le vôtre. Se crucifier par amour, voilà la vie du chrétien.
Je dois partir d'ici le 19 pour Angers. Peut-être aurai-je l'envie d'aller coucher à Nantes pour revenir le jeudi matin à Angers, devant y prêcher le soir.
Adieu, bonne dame, je vous bénis aux pieds de N.-S. - Nous examinerons alors la question de votre confesseur. Je crois qu'il vous faut plus de liberté et d'expansion.
Tout à vous en N.-S.
EYMARD.
Au R.P. Alexandre LEROYER, Supérieur de la maison d'ANGERS.
Paris 26 juillet 1863
Pères du S. Sacrement
Projet d'une maison de Soeur du S. Sacrement.
Bien cher Père,
Je viens vous parler de ces Dames. Je serais bien aise que vous en parliez à Sa Grandeur, pour savoir d'Elle si elle voudrait en être le premier Père et fondateur dans sa bonne ville d'Angers. Le moment est venu où il faut prendre une détermination: elles ne peuvent rester comme elles sont; il faut en faire quelque chose dans le service du Bon Maître.
Elles sont une vingtaine, elles ont de quoi se fonder et se nourrir: elles ne seront donc pas à charge.. au contraire, elles feront grand bien là où elles seront.
Il y a de bons sujets et je puis dire, de très bonnes adoratrices; ce sera une grâce pour le pays qui les aura - déjà il y a plusieurs projets - Grenoble les prendrait pour La Salette, Ars pour son pèlerinage. Dans le midi quelques personnes m'ont fait des ouvertures - on y pense à Versailles; j'avoue que je les aimerais bien à Angers.
Dites à Monseigneur que le St Père, il y a 4 (ans) 1/2 a béni leur oeuvre, et par écrit.-
Si Sa Grandeur consent à les recevoir, il faudrait les placer du côté neuf de la ville, - afin que chaque partie ait son Adoration - et si un jour l'adoration des Dames ne pouvait pas se faire à l'Evêché, elle aurait lieu chez ces Dames.-
Tâchez de voir au plus tôt Sa Grandeur, parce qu'on ferait des démarches ailleurs, ou bien on accepterait ce que l'on offre.
J'ai oublié votre cher frère à Rome, il vous sera facile à Marseille de réparer mon oubli; j'en suis bien fâché. Je vous envoie trois feuilles - j'en porterai à Angers.-
Amitié à tous.
Croyez-moi en N. S.
Bien cher Père,
Tout vôtre
Eymard.
P.S. Le Père Carrié a aussi le droit de la signature pour le chemin de fer.
Adveniat Regnum tuum.
Paris, 26 Juillet 1863.
Madame la Comtesse,
J'arrive de Rome, voilà près de six mois que je suis absent; il est donc bien temps de venir répondre à votre bonne lettre du mois de Janvier.
Merci, bonne dame, des sentiments si bons que vous me conservez avec tant de charité! je ne les mérite guère! Oui, vous m'êtes bien chère devant Dieu, ainsi que vos bonnes filles; vous êtes toutes restées dans le souvenir quotidien de mon coeur et de ma prière, et souvent je vais vous visiter à Fribourg.
Oui, bonne dame, vous avez bien vos croix, c'est le fruit de la vie et de la fortune; mais vous avez la vertu qui sait les porter et les sanctifier. Vous aimez Dieu et le Ciel plus que tout. Oh! oui, Dieu c'est tout, et le Ciel est seul le bonheur!
Votre désir de marier Mlle A. est bien légitime et pressant. Je voudrais bien vous être utile en quelque chose; je vais d'abord prier Notre-Seigneur à cette intention.
Le Bon Dieu nous a été bien favorable à Rome. Le Saint-Père a daigné approuver notre Société et la doter de grandes faveurs. Remerciez-en le Bon Dieu pour nous, bonne dame, car nous ne le méritions pas; c'est Notre-Seigneur qui ainsi a voulu stimuler notre faiblesse, car noblesse oblige.
Adieu, bonne dame, je vous assure que rien ne m'est plus agréable que ce qui vous intéresse.
Croyez-moi donc en N.-S.,
Madame la Comtesse,
Votre tout dévoué.
EYMARD.