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L. J. C.
Paris, 24 Mai 1862
Bien cher Père,
La nouvelle instance que vous faites d'être déchargé de la supériorité, parce que vous êtes à bout de forces, m'a bien attristé, parce que je vois qu'alors vous êtes plus souffrant qu'à l'ordinaire, et peut-être aussi votre conscience se trouble de ne pouvoir faire tout ce que le service demande.
J'ai assez résisté à votre désir, je ne l'ose plus, dans la crainte d'aggraver vos peines, eh bien! soit: ce que vous demandez; je vous décharge de la supériorité; continuez-en les fonctions toutefois, jusqu'à l'arrivée du P. Leroyer, à qui je vais écrire pour vous succéder en cette charge; mais je compte toujours sur votre concours et votre dévouement, dans les limites de votre possible, pour cette chère maison de Marseille, qui vous a coûté tant de peine, mais qui procure beaucoup de gloire à Dieu.
Je vous reste, cher Père bien uni en N.-S., en qui je suis,
Tout à vous.
EYMARD, S. S.
L. J. C.
Paris, 12 Juin 1862.
Bien cher Père,
Je vous envoie la réponse à Mr l'abbé Vicard; veuillez la lui donner, après l'avoir examinée. J'ai mis la réserve de Mgr l'Evêque, car il nous faut un dimissoire.
Ce jeune homme a toujours été très pieux à la Seyne, il n'avait que des talents médiocres, mais la vertu; et surtout s'il devient un bon adorateur, c'est l'essentiel.
Nous avons reçu hier une lettre du P. Leroyer qui, après de bonnes nouvelles, nous annonce qu'il sera à Marseille samedi; il paraît bien content et tout plein d'un nouveau courage, il me dit vous avoir écrit.
Votre dernière lettre, cher Père, m'en a laissé désirer une autre: votre silence m'a fait craindre [de] vous avoir peiné en quelque chose; s'il en est ainsi, veuillez en recevoir mes excuses; je n'en ai pas la conscience, mais hélas! il m'arrive souvent de pécher par misère humaine. Je ne sais si le P. Peilin a pu faire un peu de bien, je l'espère, et si sa santé pouvait donner encore un coup de main pour les grandes fêtes qui vont venir, il resterait encore un peu à Marseille.
Tous les pères et frères vous embrassent tendrement en Notre-Seigneur.
Croyez-moi toujours en N.-S., cher Père,
Tout à vous.
EYMARD, S. S.
P. S. - Je ne trouve point.
Supérieur des religieux du T. S. Sacrement,
Paris, 13 Juin 1862.
CHERE SOEUR,
Merci de votre petit mot; je vous trouvais bien silencieuse. Vous m'apprenez votre nouveau genre de vie; je le bénis, puisqu'il est si bon. D'ailleurs, aujourd'hui surtout, c'est aux pieds de Jésus, Hostie de propitiation et d'amour, qu'il faut se fixer et demander grâce. Il y a si peu d'âmes qui veulent rester à lui, et se contenter de lui! Je suis heureux de vous y sentir, mais je voudrais vous voir et causer avec vous sur bien des choses qui regardent le service du bon Maître; l'heure n'est pas encore venue. Mme Lepage, de Rennes, que j'ai vue il y a peu de temps, m'a dit qu'elle me procurerait une petite retraite à Rennes pour le Très Saint Sacrement; peut-être accepterai-je, si je puis avoir l'espérance de vous voir.
J'ai reçu vos messes et nous les dirons le plus tôt possible.
Eh bien! l'Eglise triomphe à Rome! Ah! quel triomphe en tous les coeurs! Il y a bien du mal, je suis effrayé de la perte de la foi dans les hommes d'action. Le commerce, la science, le gouvernement ont besoin de la foi.
Hélas! on ne veut ni voir, ni entendre, on a peur de Dieu et de son Eglise; le mal est grand parce qu'il est organisé, parce qu'il est riche et puissant.
Prions pour les prêtres, ils en ont bien besoin. Il faut demander une grande foi; elle est faible
Je vous bénis, chère soeur.
Tout à vous en N.-S.
EYMARD, S.
Paris 14 juin 1862
Bonne Demoiselle Marie,
Je ne vous ai pas envoyé une lettre pour le T.R.P. Burfin, provincial des Pères Oblats, on m'avait dit qu'il était absent, car mon intention était d'aller lui faire une visite d'ami, et de lui parler de vous, (car ) [quand] vous le saurez arrivé, veuillez me le faire dire, et j'y irai. Et en attendant, montrez-lui ma lettre à ce bon Père, c'est un bon Dauphinois et surtout un saint religieux.
Il paraît que c'est le temps des migraines et de la grippe; j'ai payé aussi ma petite dette. - Il faut bien recevoir ces petites croix du bon Dieu, ne pas les provoquer en s'attristant et se faisant du mauvais sang, car souvent c'est la fièvre des nerfs qui donne la migraine.
Voici l'adresse de cette bonne Demoiselle: Annette Ferrieu, chez Madame de Rez, rue des Martyrs 58. Je ne sais pas si elle est encore ici - faites-lui, dans ce cas, un petit reproche de ma part.
Adieu, bonne Demoiselle Marie, supportez-vous bien, corrigez-vous par la patience. Aimez le Bon Dieu en toutes choses.
En qui je suis tout à vous.
Eymard.
Paris, 18 Juin 1862.
Madame et chère soeur,
J'ai reçu avec grande joie de vos nouvelles; je les attendais avec anxiété. La peine et la tristesse s'emparent de vous; heureusement, ce ne sont que des tentations. Soyez toujours tranquille: Notre-Seigneur vous aime, vous êtes sa fille bien-aimée, la servante de son Coeur; allez toujours vers Lui passionnément. Où iriez-vous, sinon vers ce bon Maître? Vous n'avez pas péché... Ne vous en inquiétez pas du tout. Vous avez soutenu noblement la lutte du Très Saint Sacrement, vous avez remporté le prix.
Oui, oui, mieux vaut tout souffrir, tout perdre, plutôt que d'être privée de votre adorable Tabernacle. Tenez-y de toute votre âme: cette petite et aimable chapelle fait de votre maison un château royal, autrement ce ne serait qu'une belle prison.
Je me console en pensant à votre bonheur et je n'ai plus peur pour vous. Donnez-nous souvent de vos nouvelles. Je pars d'ici lundi matin pour Tours; je demeurerai chez Mr Dupont, rue Saint-Etienne, 10, jusqu'au mardi 2 juillet. Je vous bénirai de plus près.
Adieu, bonne soeur.
Tout à vous.
Adveniat Regnum Tuum
Paris, Fête-Dieu (19 juin) 1862
Mademoiselle et chère Soeur en N.S.
J'ai reçu en son temps votre bonne lettre. Je regrette de n'y avoir pas répondu de suite.
Aujourd'hui, Fête-Dieu, je ne puis vous oublier, vous êtes de la famille et l'épouse, ou plutôt l'heureuse servante de N.S. Que vous êtes heureuse de vous être conservée tout entière pour ce divin Epoux! Restez bien toujours sa fidèle!
Vous avez eu bien des peines; votre bonne sainte mère a bien souffert, votre cher frère aussi, - tous les vôtres. Vous êtes la sensitive de toutes les douleurs; il faut bien qu'il en soit ainsi, puisque N.S. est votre Epoux.
Le départ de Mad. Chanuet a dû vous faire éprouver deux sentiments. Elle est si bonne! Elle va bientôt retourner à Lyon - pour ses affaires. Je crois qu'elle part lundi matin ou soir.-
Vous avez de la belle toile pour purificatoires; nos purificatoires ont 50 cent. de long sur 40 de large; la croix se met au milieu. - Cependant si vous aviez quelques mètres de cette belle toile, je préférerais l'avoir telle quelle, nous en ferions un haut d'aube; nous avons une garniture très jolie. Cependant tout à votre choix.
Merci de votre jolie soie bleue; il vaut mieux la garder pour vos belles fêtes de N.S. ou de la T.S.Vierge; elle nous servirait peu.
Madame de Couchies vous remettra les méditations que je lui ai données, jusqu'à ce que je puisse en faire d'autres.
Ecrivez toujours tous les mois et dites-moi:
1- l'état de votre âme, triste ou joyeux, consolé ou désolé, en dévotion ou en stérilité.
2- Comment vous faites l'oraison et la Ste Communion.-
3- Ce que vous lisez.
4- Ce qui vous recueille. - Puis tout ce que le Bon Dieu vous inspire.
Adieu, Bonne Fille, je vous bénis de la bénédiction de la Fête-Dieu.
Tout à vous en N.S.
Eymard.
L. J. C.
Fête-Dieu, 1862.
Bien cher Père,
Vous êtes dans votre famille, au milieu de ces bons Agrégés si fervents, et dans la magnificence royale de la Fête-Dieu, avec la parole et le coeur de Rome. Deo gratias!
Le bon Père de Cuers me demande à revenir à Paris, parce qu'il est fatigué, et je pense aussi par cette extrême délicatesse que sortant de charge, il craint de gêner l'exercice de l'autorité. J'aurais bien aimé le voir près de vous, mais cependant puisque sa santé est compromise, la charité veut que je lui accorde ce qu'il me demande; il ne trouvera pas ici ce qu'il y a à Marseille, ce beau climat, ce beau culte, ces coeurs marseillais, il trouvera toujours les nôtres pleins d'estime et d'affection.
Devant ce coup inattendu, il faut que le bon Père Peilin se dévoue jusqu'à temps: mettez entre ses mains l'économat, il s'y entend à merveille, c'est un homme à grandes ressources. Ménagez un peu son gosier, il aura plus tard besoin d'une petite opération; dites-lui que le Bon Dieu lui tiendra bon compte de ce temps de campagne. Tous ici vous disent mille choses affectueuses, surtout le P. Champion.
J'embrasse in osculo sancto tous les Pères et frères, et surtout vous, bien cher Père, à qui je suis en Notre-Seigneur,
Tout uni.
EYMARD, S. S.
L. J. C.
Fête-Dieu 1862.
Bien cher Père,
Avant de vous répondre, j'attendais une lettre du P. Leroyer; n'en recevant pas, je viens vous dire que vous serez reçu ici comme un bon frère, et qui a bien mérité de Dieu et de la Société. Je regrette assurément que votre santé ne vous permette pas de rendre encore quelques services dans cette maison qui vous a coûté tant de peines, mais cependant où N.-S. est bien servi; les militaires blessés ont des hôpitaux, il est bien juste que les religieux aient une maison paternelle.
Allez donc dans ces divers pèlerinages du Laus, de la Salette, de la Chartreuse, de Fourvières, et cela vous fera un peu de bien; portez un peu d'argent, et, si vous étiez dans le besoin, dans tous ces lieux on vous en avancera.
Nous fêtons de notre mieux notre royal Maître, je pense que vous êtes encore plus beau que nous.
Quand pourrons-nous avoir une chapelle du moins comme la vôtre!
Je vous suis bien uni in osculo Christi, bien cher Père,
Tout vôtre.
EYMARD, S. S.
Paris, 9 Juillet 1862.
BONNE DAME,
Je n'ai pu vous écrire de Tours, accablé d'ouvrage. Me voici à Paris, à mes devoirs ordinaires, et un peu plus tranquille.
J'aurais bien désiré aller vous dire un petit bonjour de Tours; j'étais pressé de rentrer pour recevoir un de nos Pères de Marseille qui arrivait.
Vous n'avez donc pas encore votre permission de Rome? Comme je vous la désire! Vous serez si heureuse et si bonne sous le même toit que le bon Maître!
Cela va donc un peu mieux pour ce caractère? Dieu en soit béni! Faites bien la pénitence quand la nature a été trop vite.
Gagnez tous les jours quelque chose. Ne vous inquiétez donc pas tant de ces pieds! occupez-vous un peu plus de votre coeur. Puis observez sévèrement ma défense pour votre tentation et vous serez bien agréable à Dieu, j'en réponds; c'est le bon moyen d'en finir. Ne prévenez pas de votre résolution si on ne vous demande rien; faites-la bien: cela dira tout et mieux.
Communiez, et je vous bénis.
EYMARD, S.
Paris, 10 Juillet 1862.
Madame et chère soeur en N.-S.,
Je n'ai pu vous répondre de Tours; merci de votre souvenir. J'ai été content de recevoir de vos nouvelles.
J'aime vos sacrifices simples et prompts; il n'y a rien de bon que ce Dieu veut.
Saint Jean-Baptiste était près de Notre-Seigneur, il le voyait de loin, mais il reste à sa place sans courir à lui; ainsi le voulait l'obéissance. Son coeur eut seul le bonheur de le suivre.
Suivez bien cette loi de l'amour divin, de ne vouloir que ce que Dieu veut, comme il le veut et quand il le veut. Le saint abandon est l'amour le plus pur et le plus grand; qu'il soit le vôtre. Ne vous troublez pas tant du Purgatoire; si le Bon Dieu le veut, vous le voudrez avec amour. Le Purgatoire me réjouit l'âme comme une grâce immense de miséricorde. Je sais bien qu'il faut détester la cause personnelle qui y conduit, savoir: le péché; mais encore faut-il le faire avec une douce humilité.
Vous irez au Ciel, voilà le grand point. J'aime bien vos réflexions sur Notre-Seigneur. Oh! oui, qu'il soit votre bien et votre consolation; vous ne pouvez en avoir de plus grande.
Jésus est pour vous presque toute seule; il reste en la sainte Hostie pour vous y attendre; il aime à vous entretenir. Qu'il soit bien la vie, la joie, le bonheur de votre vie!
Je bénis vos peines et vos croix, c'est le fruit de la bonté divine qui taille l'arbre; mais ne demeurez pas dans vos peines, c'est bien assez de passer à travers le feu.
Pauvres yeux, ne pleurez plus. Gardez-les pour voir la sainte Hostie. Voyez combien est heureuse l'âme qui vit d'amour: elle n'a besoin que d'un corps pour souffrir et d'un coeur pour se donner et s'immoler au divin amour.
Adieu, bonne dame; je vous bénis bien en N.-S.
Angers, le 12 Juillet 1862.
Monseigneur,
Nous venons en toute simplicité et confiance exposer à votre Grandeur le désir que nous avons de fonder dans votre pieuse ville d'Angers une maison d'adoration.
Ce qui nous fait préférer Angers aux autres établissements qui nous sont offerts, c'est la pensée d'élever un trône d'honneur et d'amour sur le lieu même, s'il est possible, où un prêtre impie osa nier le dogme de l'adorable Eucharistie.
Il nous semble que ce serait une fondation de réparation agréable à Dieu et utile aux prêtres et aux fidèles.
Mais, afin que votre grandeur puisse mieux juger de l'opportunité de notre humble supplique, j'ose lui soumettre le but et les moyens de notre Société.
Son but. - La Société du Très Saint Sacrement, fondée à Paris, le 13 mai 1856, et honorée du Bref par Sa Sainteté Pie IX, le 5 janvier 1859, a pour but principal l'exposition solennelle et perpétuelle du Très Saint Sacrement honoré par le culte public de l'Adoration perpétuelle faite par ses propres membres, selon les quatre fins du sacrifice, savoir: l'adoration, l'action de grâce, la réparation et l'apostolat perpétuel de la prière eucharistique.
L'Office divin, psalmodié en choeur et aux heures canoniales, est récité en forme d'adoration devant le Très Saint Sacrement exposé.
Le but secondaire de la Société, c'est de se dévouer à la gloire de Notre-Seigneur au Très Saint Sacrement par l'apostolat eucharistique, savoir: faire connaître, aimer et servir Jésus sacramentel par tous les moyens qu'un zèle pur et prudent peut inspirer, selon l'esprit et la fin de la Société.
Ses moyens. - La Société a deux moyens principaux : les moyens temporels et les moyens spirituels.
Moyens temporels. La Société se suffit à elle-même pour la fondation et l'entretien de ses membres; elle ne demande par conséquent ni souscriptions, ni quêtes annuelles; elle ne veut qu'une chose pour se dévouer au service eucharistique de Notre-Seigneur, le consentement bienveillant de Sa Grandeur.
Moyens spirituels. 1· La Société suit scrupuleusement dans le culte eucharistique la sainte Liturgie romaine;
2· Chacun de ses membres, après l'épreuve canonique, [fait] les trois voeux religieux et le voeu eucharistique;
3· Les oeuvres principales de zèle sont: la confession, la prédication, les retraites eucharistiques, l'Oeuvre de la Première Communion des adultes et les autres oeuvres de zèle qui ont pour fin directe le Très Saint Sacrement.
Esprit de la Société. - L'esprit de la Société se résume dans les quatre vertus suivantes:
1· Le service du divin Maître, règle suprême et fin dernière de tous les actes de la Société et de la vie de chacun de ses membres.
2· Respect et dévouement au principe de toute autorité venant de Dieu, selon l'ordre divin.
3· Vérité, règle invariable et inflexible de toute la conduite de la Société et de ses membres.
4· Vivre sans privilège, ni civil, ni ecclésiastique, ni religieux, mais suivre en tout la loi commune, à l'exemple de Notre-Seigneur.
Tels sont, Monseigneur, les premiers principes sur lesquels est basée notre petite Société.
Nous n'attendons pour nous mettre à l'oeuvre à Angers que la bénédiction de Votre Grandeur, qui nous sera un sûr garant de celle de Dieu, en qui je suis heureux d'être,
Monseigneur,
Votre humble et dévoué serviteur,
EYMARD, Sup.
(14 Juillet 1862.)
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1· Suivez bien les décisions données pendant votre retraite; elles vous ont été données sous l'influence de la grâce.
2· Coupez court à vos troubles et à vos inquiétudes de conscience par l'obéissance simple; contentez-vous d'un acte de regret en général pour tout ce qui a offensé Dieu.
3· Quand votre âme est stérile, triste et presque découragée à la vue de vos péchés, n'en cherchez pas la cause en vous d'abord, ce serait vous mettre en fièvre; mais, vous tournant de suite vers la divine et paternelle bonté de Dieu, dans un sentiment d'humilité et de confiance, confessez-lui votre misère, votre faute; dites-lui: "Me voilà encore coupable; que puis-je faire autre chose, ô mon Dieu? J'accepte l'humiliation de mon état, la pénitence que je mérite; mais laissez-moi à vos pieds, je vous aime et aimerai avec Madeleine, et vous aurez encore pitié de moi."
4· Servez Notre-Seigneur pour lui, et pour lui plaire. Oh! que vous seriez heureuse si l'amour était la règle, le motif et la récompense de vos actions! Que fait-on quand on aime quelqu'un pour lui-même?
5· Entrez résolument dans la liberté du Seigneur. La vie de cette liberté est toute dans ces mots: Que votre volonté soit faite! Soyez toujours à la disposition de cette divine volonté sur vous. Soyez libre dans le bien à faire, dans les devoirs d'état, dans le règlement des exercices pieux; toute à tous, quand Dieu le veut; rien qu'à Dieu et toute à Dieu seul sous la loi de l'amour.
Tenez à tout et à rien: à tout, quand Dieu le veut; à rien, dès que Dieu ne le veut plus, même aux exercices de piété et de charité, parce que Dieu les a changés pour de meilleurs. La souffrance vaut mieux que la prière, l'abnégation que l'action, le silence devant Dieu que l'hostie de louange.
6· Enfin, entrez bien dans cet état nouveau; vivez de Dieu, et non de ses dons, de ses oeuvres; vivez en Dieu, et non en sa grâce et en ses saints; vivez pour Jésus au Très Saint Sacrement, grâce et fin de toute votre vie.
Ne vous occupez plus ni de vos progrès, ni de vos vertus en détail, ni même de vos défauts en travail suivi. Faites tout cela en Notre-Seigneur.
Vous progresserez en vous quittant vous-même.
Vous n'aurez la paix qu'en allant à Jésus par Jésus lui-même.
Que sa bonté vous l'accorde.
EYMARD.
Paris 19 juillet 1862
Cher Monsieur Perret,
Toute la maison vous envoie toutes ses affections et ses voeux devant Dieu afin que vous arriviez heureusement à l'heureux succès de votre Ste entreprise.
Je vous envoie la note de Melle Marie sur les harmoniums, elle a couru partout - vos derniers avis que nous attendons seront de suite exécutés.
La bonne et pieuse aveugle est heureuse de votre si bonne charité pour elle, elle en est bien digne.
Assurément ce serait un plaisir pour moi d'assister à votre belle fête de la T.S. Vierge le 17 août, mais je crains d'avoir une petite impossibilité pour ce temps-là. Nous nous y unirons de tout coeur.
Croyez-moi tous en N.S., Cher Monsieur Perret,
Tout à vous
Eymard.
(Suit la note de Melle Marie sur diverses marques d'harmoniums et un système Pour suppléer à un Organiste.)
Angers, 21 Juillet 1862.
Bien cher Père,
J'ai vu Mr le Préfet; le nom de Mr le Ministre m'a bien fait accueillir, et même par deux fois promettre sa protection.
Il m'a dit qu'il allait en écrire à Son Excellence qui, je pense ne reviendra pas sur sa parole; aussi Mr le Préfet m'a-t-il dit que je pouvais faire mes recherches de ma maison... Je vais écrire à Mr le Ministre ma visite à Mr le Préfet et ce qu'il m'a dit: c'est le conseil qu'on me donne.
J'ai eu la tristesse de ne pas trouver Monseigneur, parti du samedi; Mr Chéneau, son grand vicaire, est plein de bonté pour nous.
J'ai couru tout le jour pour chercher des maisons, mais inutilement: ce n'est pas le moment. La maison des Capucins est ce qui nous conviendrait le mieux; en attendant, quelques personnes sont en course pour découvrir quelque chose.
Je pense rester encore demain mardi, et si je puis retourner à Paris mercredi, j'en serais aise, mais je voudrais arrêter quelque chose;
Je suis logé à l'Hôtel d'Anjou bien connu.
Priez pour moi, les jours me paraissent des années.
Amitiés eucharistiques à tous. Tout vôtre en N.-S.
EYMARD.
22 juillet 1862
M. le M(inistre).
D'après l'assurance que V.E. daigna me donner vendredi que la mesure prise pour les Cap(ucins) et les Bar(nabites) pour Angers ne nous concernait pas, je suis venu à Angers donner ma réponse à Mgr l'Evêque qui nous demande de lui venir en aide surtout pour l'oeuvre de l'adoration établie dans les paroisses du diocèse.
En arrivant, ma 1ère visite a été pour M. Le Préfet, afin qu'il sût par moi et le premier dans quelles conditions nous venons à Angers. Je lui ai rendu compte de l'audience de V.Exc. - de ce que nous sommes prêtres auxiliaires vivant en communauté - fondée à Paris en 1856 par Mgr Sibour alors Archevêque, pour l'Oeuvre de l'adoration et établir l'Oeuvre de la 1ère Communion des Ouvriers adultes, oeuvre qui lui manquait, et aussi pour recevoir les prêtres en retraite.
J'ai assuré M. le Préfet de nos sentiments fidèles et respectueux envers le gouvernement de l'Empereur. Nous sommes nés sous l'Empereur et à Paris, nous ne devons rien à d'autres gouvernements.
J'ai trouvé en M. Le Préfet un Magistrat tout à son devoir et à la loi, il m'a reçu avec bienveillance et m'a promis en cas de besoin sa bienveillante protection, il m'a dit devoir vous écrire à mon sujet, M. Le M(inistre), j'en suis heureux; ce sera la confirmation de ce que V.Exc. a bien voulu me dire: la parole d'un ministre est une parole royale. J'espère bien lui faire honneur....(inachevé)....
Paris, 31 Juillet 1862.
Bonne fille en Notre-Seigneur,
Je vous prie bien de désigner une ou deux soeurs pour faire les bouquets du Très Saint Sacrement, le matin avant la messe de huit heures. Je les ferai mettre au parloir dès sept heures. Il faudrait que les bouquets fussent prêts au moins à sept heures et trois quarts. Personne ne peut mieux faire ces petits dons de fleurs que des Servantes du Très Saint Sacrement. Comme c'est votre beau jour, je tâcherai d'aller vous dire deux mots à dix heures.
Tout à vous
EYMARD.
Mademoiselle Guillot.
Paris 2 août 1862
Cher Monsieur de Benque,
Nous serons vôtres, le P.de Cuers et moi, demain dimanche à 11 heures et à votre discrétion: vous êtes de la famille, et alors nous pourrons sans dispense aller chez vous.
Merci de cette bonne amitié, à demain.
Tout vôtre en N.S.
Eymard
Paris, 7 août 1862
Bonne Mère,
Je suis bien en retard avec vous! Non par le coeur et la prière, mais par la plume. Je bénis Dieu de votre voyage, il était utile et même nécessaire; vous ne pouviez briser des liens aussi forts et aussi chers, sans les remplacer de suite par d'autres encore plus forts et plus tendres, mais il n'y avait que Dieu et vous pour cela.
Puis votre besoin de Dieu a dû se retremper au milieu d'un centre de vie qui n'a plus son temps d'être et que l'adorable Eucharistie a remplacé. Beau et divin centre! où l'on trouve et retrouve tout dans un amour si vital!
Oui, attendez le retour de vos enfants, c'est plus simple, je ne ferai la retraite que dans le mois de septembre.
J'ai ri et bénis ces aimables scènes enfantines; que c'est joli! on rit là où Dieu est bien servi.
Je me fais un petit bonjour de penser que vous allez vers votre chère fille et Mademoiselle Zénaïde (Blanc de S.Bonnet); là il y a plus de Dieu que de nature! Vous vous faites du bien! Il ne faut pas contrister la charité par la crainte des peines, il y a de bonnes larmes.
Nous allons tous bien. Priez pour nous et pour 60 enfants qui vont faire leur première Communion le 15 août.
Adieu, bonne fille, et chère Soeur en N.S. Tout à vous.
Eymard Sup.
P.S. Nous attendions Soeur Benoîte aujourd'hui, mais elle a été un peu fatiguée à Lyon, et elle y est encore chez Melle Guillot, rue du Juge de Paix n·17, maison des Carmélites.
Madame Chanuet, chez M.Blanc de S.Bonnet
à S.Bonnet par Vaugneray, Rhône
(A la suite d'une lettre du P.Chanuet à sa mère).
Répondu affectueusement le 10 Août. (Annotation de Mgr Angebault.)
Paris, 9 Août 1862.
Monseigneur,
Permettez-moi d'unir nos voeux et nos hommages à ceux de vos prêtres et de vos fidèles. La Saint-Laurent sera aussi une de nos fêtes de coeur; nous aimons déjà, Monseigneur, à nous dire vôtres, et j'espère que nous le serons bientôt de fait.
En vous voyant au milieu de vos peuples comme un Père et un tendre Pasteur, il me semble voir Notre-Seigneur si bon, si simple et si père. Vous nous l'aviez bien prouvé, Monseigneur, en nous recevant avec tant de bienveillance.
Nous préparons ici les choses de première nécessité pour cette fondation déjà bénie.
Elle me sera doublement chère, par l'heureuse occasion qu'elle me donnera de pouvoir vous offrir mes hommages et recevoir vos sages conseils.
Daignez, Monseigneur, me bénir et toute notre petite Société, tout heureux d'être en Notre-Seigneur,
de Votre Grandeur,
le très humble et tout dévoué serviteur.
EYMARD, Sup. Soc. S.S.
Paris 11 août 1862
Adveniat Regnum Tuum
Chers amis du Bon Dieu,
Merci de votre petite lettre, sans elle, je n'aurais pas encore répondu à St Aignan, car elle était enfouie sous un paquet d'autres.- Quel homme je suis ! vraiment! il ne faut pas plus se fier à moi qu'à un enfant d'un jour - aussi ne vous y fiez pas. Puis je suis comme une âme en peine quelquefois, ne sachant où donner de la tête, enfin il faut dire que j'ai tort.
Je vais donc aller à St Aignan le 22, 23, 24 août, il faudra que je sois bien malade pour ne pas aller vous dire un bonjour du Bon Dieu, le 25 et voir le bon Père Dupont.
Priez bien pour moi - Sr Benoîte est arrivée samedi; elle va un peu mieux, son voyage a été merveilleux par des conversions remarquables, elle vous aime tous bien, et moi aussi.
Je vous bénis de tout mon coeur. J'ai vu votre cher frère, il est toujours si bon.
Soyez toujours les enfants de la divine Providence et soyez sûrs qu'elle fera plutôt des miracles que de vous abandonner.
Amitiés à tous.
Tout vôtre
Eymard S.
(1) () Les Lettres marquées d'un astérisque, bien que tout à fait authentiques, n'ont pas été copiées sur les originaux, ceux-ci n'existant plus depuis longtemps.