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Paris, 30 Mai 1862.
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MADAME ET BIEN CHERE SOEUR EN N.-S.,
Merci de votre petite lettre, merci des bons et pieux doux souvenirs des bonnes adoratrices de Tarare. J'en garde moi-même un plus doux souvenir. Tarare va devenir la ville de mon coeur. Notre-Seigneur doit y être content, il y a une cour de coeurs fervents et dévoués. Vous devez aimer mille fois plus ce pays de croix d'abord, puis de grâces.
Il faut que vous n'ayez ni yeux, ni oreilles, ni goût, ni désir autre que la sainte Volonté de Dieu du moment. Tenez la main de Notre-Seigneur et dites-lui: "Conduisez-moi où vous voudrez." Pauvre Georges! c'est une fièvre du moment, il faut la laisser passer, puis le faire prier. Nous allons bien le faire pour lui.
Mes bonnes amitiés à votre mari, à votre bien cher malade, à tous les vôtres. J'aurais bien voulu voir votre plus jeune frère, mais pas moyen.
Que Notre-Seigneur, bonne soeur, vous réserve pour ses oeuvres de gloire et vous donne la force et la joie de son bon et aimable service.
Tout à vous en N.-S.
EYMARD, Sup.
L. J. C.
Paris, 1er Avril 1862.
Bien cher Père,
Merci de votre envoi d'argent, il est venu au temps du besoin, et de vos messes. C'est avec peine que je reçois toujours votre argent de Marseille, dans la crainte que vous soyez encore plus gêné que nous, et que vous souffriez, car, en ce cas, je ne le voudrais pas.
Je reçois votre observation sur la formation des supérieurs futurs dans la même intention qui vous l'a fait écrire, c'est-à-dire, pour le plus grand bien de la Société: nous ferons tout ce que nous pourrons; en attendant, nous les exerçons à confesser, à prêcher. Le P. Carrié a commencé assez bien, bien même pour lui; le P. Peilin, a fait effort sur sa fatigue de voix et a bien prêché; le P. Chanuet s'est un peu répété, et a besoin de se former et de travailler à la composition, car il est un des plus capables.
Nous avons un novice un peu fatigué d'un chaud et froid; il va mieux cependant; c'est un prêtre de Bruxelles de 35 ans, très pieux, très dévot au T. S. Sacrement, mais il a une bien faible santé; cependant il faut dire qu'il est très régulier et édifiant; il n'est encore que postulant.
Rien de nouveau; pas de nouvelles de Londres, ni de sujets nouveaux. Je vous serais reconnaissant de m'envoyer, à votre loisir, une note sur les dettes qui restent à payer sur les réparations, le chiffre exact de l'achat de la maison, et de la somme qu'on espère retirer, et me dire dans combien de temps.
Mes amitiés bien eucharistiques à tous et à vous, bien cher Père, in osculo sancto.
Tout vôtre en Notre-Seigneur.
EYMARD S.
L.J.C.
Paris 2 avril 1862
Bonne Mère,
Je viens vous dire un petit mot du plaisir que m'ont fait vos lettres. Vous comprenez la grandeur du don de la grâce que N.S. veut vous faire, tout en vous en reconnaissant indigne, et, en effet, qui est digne de la vocation eucharistique? par laquelle on vit de la vie des Anges, en demeure avec l'adorable personne de N.S., on devient sien par l'immolation du mien. Oh! que j'avais peur de me rendre indigne de cette grâce, quand j'étais encore à la désirer! que je craignais d'être rejeté de Dieu! cinq années se sont passées ainsi au milieu des craintes et d'une grande joie intérieure. L'attrait eucharistique était devenu une force surnaturelle qui me faisait comprendre le bonheur de l'épreuve et la marche en avant par les croix. Surtout ce qui m'impressionnait à mesure que le moment approchait, c'était cette pensée: on ne fait qu'une fois en sa vie ce sacrifice de tout quitter, il faut le bien faire, il vaut le martyre, c'est la Baptême de l'amour. Oh! heureuse l'âme qui se donne à N.S. et rien que pour lui! c'est bien juste, une servante se donne au service, une épouse à un époux, une adoratrice au Dieu de l'Eucharistie qui sera un bon Maître, un grand Roi, un divin Epoux.
Que vous êtes heureuse, bonne mère, de clore la vie du temps par le sacrifice d'amour! de venir vivre aux pieds de Jésus, après avoir travaillé pour lui autour du prochain, à chacun son temps!
Je suis bien consolé de voir vos bonnes filles, malgré leur douleur et les pertes que votre départ occasionnera à ce pauvre coeur, entrer dans la grâce et la gloire de N.S., de vous donner à lui, de lui faire un si grand sacrifice. Elles recevront en ce monde le centuple que vous recevrez vous-même, car on peut dire que leur sacrifice est plus grand que le vôtre.
Pauvre Emilie! je comprends ses larmes et sa douleur, elle est si bonne fille, si elle est si tendre mère! mais son coeur vous suivra et deviendra encore plus religieux, d'ici vous lui serez bien utile, puis elle vous reverra, et son cher frère Michel. Oh! non, elle ne perd personne, elle aura toujours ses deux droits.
La bonne Dame Marguerite aussi voit le bon Dieu et le bénit en tout, elle a raison. Notre-Seigneur pour qui elle vous aime, lui tiendra compte de cet immense sacrifice, il lui donnera la virilité de son amour; elle a grandi; elle sait maintenant où puiser sa force et sa lumière, en la Ste Communion.
Et ce bon Amédée, c'est bien lui qui perd le plus, ou plutôt qui y gagnera le plus, car je comprends le vide que vous allez faire à cette bonne Dame Blanche qui devra vous remplacer. Mais on viendra vous voir et vous chercher ici aux pieds du T.S.Sacrement, votre pensée ne pourra être séparée de celle de votre bon Maître; en aimant la mère, on adorera le divin Roi qu'elle sert, votre souvenir sera une mission perpétuelle au milieu des vôtres.
Allons, bonne mère, Pâques approche, le beau jour de l'amour, des noces eucharistiques, de l'entrée au Paradis de Jésus.
Croyez-moi en N.S., chère Mère, Tout vôtre
Eymard Sup.
Madame Vve Chanuet
18 rue Ste Hélène
Lyon
L.J.C.E.
Paris, 3 Avril 1862.
Mademoiselle et chère soeur en N.-S.,
Votre lettre a été une grande consolation en mon coeur, car j'avais eu de grandes craintes sur vous toutes.
Puis, il est des âmes qui, une fois chères, vous le sont toujours. Dieu met à leur endroit une sympathie spirituelle, qui est comme la parenté de la grâce et de la divine charité en Notre-Seigneur.
J'ai vu bien des personnes depuis votre passage à Paris; vous avez le premier rang devant Notre-Seigneur à qui vous êtes bien chères et qui vous aime tant!
Aimez-le bien, servez-le royalement, ce bon Roi et divin Epoux de votre coeur! N'est-il pas juste qu'il ait des âmes que le monde appelle grandes, que le siècle voudrait acheter?
Je voudrais que vous eussiez la plus belle couronne du monde, la plus riche fortune nuptiale, et vous voir comme vous êtes, tout à Jésus, Roi d'amour, et vous, sa bienheureuse servante, son épouse éternelle. Jésus, bon Maître, a si peu d'âmes d'élite, si peu de servantes royales! Il faut que vous comptiez pour mille, et le serviez pour dix mille, par une fervente et généreuse piété eucharistique.
L'Eucharistie! Voilà, bonne demoiselle, votre centre, votre vie, votre mort.
C'est l'Emmanuel personnel; il faut bien être sa compagne fidèle. N'aimez la vie que pour la divine Eucharistie, comme on n'aime le Ciel que pour Dieu, et non pour soi.
Que votre amour divin soit le critérium de la loi, de la vertu, de la charité, et surtout la balance du sanctuaire pour juger, estimer, mépriser, désirer, combattre selon votre grâce d'amour. Oui, oui, soyez pure de cette pureté des rayons du soleil, puisque chaque matin ce divin Soleil se lève en vous. Les rayons du ciel éclairant la boue comme les fleurs, mais n'en sont pas souillés. Ils ne s'unissent pas à l'infection, aux ténèbres, mais les dissipent; ils partent tous d'un même foyer: ainsi, bonne demoiselle, soit votre pureté. Qu'elle sorte du soleil de vérité et d'amour de Notre-Seigneur Jésus-Christ; que jamais ni nuage, ni obstacle ne les coupe de leur droite ligne sur vous ou sur les autres. Qu'elle soit visible comme les rayons, mais non tangible, afin que personne ne puisse la souiller par un toucher toujours impur ou imparfait.
C'est le rayon qui fait reluire la beauté des fleurs; que la pureté soit la beauté et la bonté de toutes vos vertus.
Oh! oui, soyez bien pure, car Dieu ne s'unit qu'à la pureté, - et selon le degré de la pureté, - comme l'affinité de deux corps sympathiques. Soyez, non orgueilleuse, mais jalouse de cette pureté, qui est la plus belle couronne de l'amour divin.
Tous les traits du démon comme du monde sont dirigés contre la pureté d'une épouse de Notre-Seigneur, sachez-le bien.
Vous trouverez des prêtres même qui seront plus zélés pour le bien du prochain, d'un homme, que pour conserver et perfectionner une épouse de Jésus-Christ. Défiez-vous de ceux qui ne parlent que de salut du prochain, et oublient que la gloire de Notre-Seigneur a le premier droit. Il y a des prêtres qui s'imaginent faire une grande action de marier une épouse de Jésus, ou qui veut l'être, hélas!
Que Notre-Seigneur vous garde, vous fortifie et vous possède toujours! En lui donc
Tout à vous.
EYMARD, Sup. Soc. S.S.
Mademoiselle Marie de Fégely de Vigy,
rue de la Préfecture, Fribourg (Suisse).
L.J.C.E.
Paris, 4 Avril 1862.
Mademoiselle et chère soeur en N.-S.,
Votre lettre a été une grande consolation en mon coeur, car j'avais eu de grandes craintes sur vous toutes.
Puis, il est des âmes qui, une fois chères, vous le sont toujours. Dieu met à leur endroit une sympathie spirituelle, qui est comme la parenté de la grâce et de la divine charité en Notre-Seigneur.
J'ai vu bien des personnes depuis votre passage à Paris; vous avez le premier rang devant Notre-Seigneur à qui vous êtes bien chères et qui vous aime tant!
Aimez-le bien, servez-le royalement, ce bon Roi et divin Epoux de votre coeur! N'est-il pas juste qu'il ait des âmes que le monde appelle grandes, que le siècle voudrait acheter?
Je voudrais que vous eussiez la plus belle couronne du monde, la plus riche fortune nuptiale, et vous voir comme vous êtes, tout à Jésus, Roi d'amour, et vous, sa bienheureuse servante, son épouse éternelle. Jésus, bon Maître, a si peu d'âmes d'élite, si peu de servantes royales! Il faut que vous comptiez pour mille, et le serviez pour dix mille, par une fervente et généreuse piété eucharistique.
L'Eucharistie! Voilà, bonne demoiselle, votre centre, votre vie, votre mort.
C'est l'Emmanuel personnel; il faut bien être sa compagne fidèle. N'aimez la vie que pour la divine Eucharistie, comme on n'aime le Ciel que pour Dieu, et non pour soi.
Que votre amour divin soit le critérium de la loi, de la vertu, de la charité, et surtout la balance du sanctuaire pour juger, estimer, mépriser, désirer, combattre selon votre grâce d'amour. Oui, oui, soyez pure de cette pureté des rayons du soleil, puisque chaque matin ce divin Soleil se lève en vous. Les rayons du ciel éclairant la boue comme les fleurs, mais n'en sont pas souillés. Ils ne s'unissent pas à l'infection, aux ténèbres, mais les dissipent; ils partent tous d'un même foyer: ainsi, bonne demoiselle, soit votre pureté. Qu'elle sorte du soleil de vérité et d'amour de Notre-Seigneur Jésus-Christ; que jamais ni nuage, ni obstacle ne les coupe de leur droite ligne sur vous ou sur les autres. Qu'elle soit visible comme les rayons, mais non tangible, afin que personne ne puisse la souiller par un toucher toujours impur ou imparfait.
C'est le rayon qui fait reluire la beauté des fleurs; que la pureté soit la beauté et la bonté de toutes vos vertus.
Oh! oui, soyez bien pure, car Dieu ne s'unit qu'à la pureté, - et selon le degré de la pureté, - comme l'affinité de deux corps sympathiques. Soyez, non orgueilleuse, mais jalouse de cette pureté, qui est la plus belle couronne de l'amour divin.
Tous les traits du démon comme du monde sont dirigés contre la pureté d'une épouse de Notre-Seigneur, sachez-le bien.
Vous trouverez des prêtres même qui seront plus zélés pour le bien du prochain, d'un homme, que pour conserver et perfectionner une épouse de Jésus-Christ. Défiez-vous de ceux qui ne parlent que de salut du prochain, et oublient que la gloire de Notre-Seigneur a le premier droit. Il y a des prêtres qui s'imaginent faire une grande action de marier une épouse de Jésus, ou qui veut l'être, hélas!
Que Notre-Seigneur vous garde, vous fortifie et vous possède toujours! En lui donc
Tout à vous.
EYMARD, Sup. Soc. S.S.
Mademoiselle Marie de Fégely de Vigy,
rue de la Préfecture, Fribourg (Suisse).
Paris 8 avril 1862
L.J.C.E.
Chers amis,
Un petit bonjour du Bon Dieu, à toute la bonne et chère famille! à la bonne mère, afin qu'elle soit toujours fa fille bien-aimée de la maternelle Providence de Dieu, toujours gracieuse avec ses devoirs, toujours joyeuse avec ses amies, toujours à la main du Bon Dieu comme l'enfant de son coeur, et de la bonne Mère des Mères. Au Père toutes mes vives et saintes amitiés, qu'il soit le St Joseph de la Ste Famille, le Père et le serviteur, le maître et le disciple, que N.S. bénisse le nouveau petit Martin, qu'il soit saint comme son Patron, grand en oeuvres et en parole pour la gloire de Dieu.
Je n'ai pas vu Mademoiselle Fanny depuis leur retour. Je n'en suis pas étonné, hélas! Cette pauvre mère regarde comme ennemis ses meilleurs amis, il faut prier pour l'une et l'autre.
Un bonjour du coeur à ce bon Père Dupont, il faut que j'aille le voir, et causer avec cet ami du Bon Dieu, il y en a si peu sur terre!
Adieu, chers amis. Je ne sais pas quand le vent de la divine Providence poussera ma voile vers Tours. Je suis à ses ordres.
Je vous bénis tous en N.S.
Tout vôtre.
Eymard Sup.
Paris, 8 Avril 1862.
MADAME ET CHERE SOEUR EN N.-S.,
Votre bonne lettre me donne enfin de vos nouvelles, et de plus l'espérance de vous voir à Paris. - Venez du 12 au 20 mai, et je serai tout à votre chère âme.
Que de fois j'ai désiré aller travailler près de votre chapelle! et finir ce pauvre manuel! mais pas possible de quitter Paris. - Vous ne doutez pas du plaisir que j'aurai de vous voir.
Mes respectueux et dévoués hommages à votre chère soeur.
Tout vôtre en N.- S.
EYMARD, S.
Paris, 15 Avril 1862.
MADEMOISELLE,
J'ai lu vos lettres. Celles de Monsieur votre père me montrent votre position dans votre famille. La première lettre ne prouve rien, sinon un homme du monde qui unit à la religion tous les sophismes irréligieux, - qui connaît la charité du prochain comme les philosophes, et ne donne pas à Dieu le droit d'avoir des coeurs à Lui.
La deuxième lettre supprime un mot à dessein ou par entêtement, je ne le sais; ce mot que vous ne renoncez pas doit être replacé sur sa base à l'occasion favorable, qu'il fasse de la peine ou non: c'est le mot de Dieu; mais je dis favorable, ou mieux opportun.
Vous êtes toute à Dieu. Qu'il en soit béni! et vous aussi! Mais soyez à Dieu par le sacrifice: c'est la voie royale.
Gardez toujours bien votre coeur: c'est la citadelle, le centre d'union divine.
Soyez bonne pour le prochain, mais non pour vous faire estimer et aimer: ce serait un adultère spirituel.
Tenez la main de Dieu dans le chemin de la vie et allez droit au devoir et à la vertu.
Je suis, en N.-S.,
Votre respectueux et dévoué serviteur.
EYMARD, S. S. S.
Paris, 15 Avril 1862.
BONNE DAME,
Je viens vous souhaiter le bonjour de l'Ange de la Résurrection.
J'ai vu et béni votre toujours si bonne fille. J'ai lu les lettres, je vous envoie la réponse. Elle est bonne votre nièce, toutes le sont; vous devez l'être plus que toutes, vous, la fille aînée de Notre-Seigneur en son nouveau royaume du Très Saint Sacrement.
Ne m'oubliez pas devant ce bon Maître.
Je vous reste bien uni en Notre-Seigneur.
Mes bien religieux et dévoués souvenirs à votre excellente amie Mlle Monavon; je lui écrirai plus tard.
Tout à vous en N.-S.
EYMARD, S.
L. J. C.
Paris, 23 Avril 1862.
Bien cher Père,
Je suis bien en retard avec vous; nous avons eu de l'ouvrage par-dessus nos forces, avant Pâques, nous avons fait un effort pour la rechange des tentures blanches du choeur, devenues presque noires...; notre chapelle est propre, on dit même belle; mais hélas! avec une étoffe blanche, c'est si vite terni! Enfin en voilà pour quelque temps. Je vais faire blanchir l'ancienne pour avoir une tenture de rechange. Nous avons dimanche la Première Communion de quarante-quatre adultes, aujourd'hui, ils commencent leur retraite: veuillez prier pour eux.
Aujourd'hui, le novice venu de chez les Trappistes s'en va à Sénanque. Je reprends ma lettre interrompue souvent.
Mr l'abbé Socquet est parti à 1 heure 3/4 pour Avignon et Sénanque. Ce pauvre ne peut plus voir le monde, sa tête lui va, et chose étonnante, il sortait souvent; puisqu'il voulait la solitude, il pouvait la pratiquer: esprit inquiet. Aussi, je crois qu'il faut être très difficile à recevoir ceux qui sont restés un certain temps dans les Ordres contemplatifs.
J'ai lu et relu l'élection de votre abbé. Je la trouve bien faite en elle-même; il me paraît franc, ce qu'il dit de ses sentiments sur Prémontré l'honore; il ne pouvait penser autrement, une première impression spirituelle est toujours forte et délicieuse; cependant que faire? Le laisser libre de se retirer, ou s'il veut faire un essai sérieux, qu'il se donne entièrement à l'Oeuvre et à l'esprit de la Société. Si vous remarquiez inconstance ou mauvais esprit, mieux vaudrait en finir.
Ce que vous me dites de vos jeunes gens m'a bien peiné; le démon fait bien tout ce qu'il peut contre cette petite Société; je n'ai qu'à prier pour eux, pour qu'ils triomphent en ces épreuves, à la plus grande gloire de Notre-Seigneur.
Je suis certain que votre charité est toute compatissante pour les pauvres coeurs malades.
Ici, le passage du maigre au gras a toujours un petit malaise sans suite en quelques-uns; cependant, il n'y en a pas de vraiment malades. Le fr. Eugène va petitement. Pour moi, me voilà presque à l'ordinaire, car le gras m'a un peu éprouvé aussi, en me rendant comme engourdi; aussi, pendant plusieurs jours je n'avais la tête à rien.
Recevez, cher Père, les amitiés de tout le monde, ainsi que le bon P. Leroyer et les frères.
Tout à vous en Notre-Seigneur.
EYMARD S. S. S.
/25 avril 1862/
Monseigneur,
Son Excellence, Monseigneur le Nonce a daigné me promettre de venir le dimanche de Quasimodo confirmer les ouvriers adultes au nombre de 44 qui doivent faire leur 1ère Communion ce jour-là, me priant d'en demander l'autorisation à Votre Eminence.
Si ce n'était trop désirer, j'oserais La supplier d'accorder deux grâces en faveur de l'Oeuvre de la 1ère Communion des Adultes: la première, la permission de les faire confirmer par tout Evêque de passage ou de séjour à Paris.
La seconde, l'autorisation de conférer le S.Baptême aux adultes qui ne l'auraient pas reçu, ou dont le Baptême serait douteux, comme aussi l'abjuration des hérétiques. Mais la grâce la plus précieuse pour nous c'est l'affection paternelle de Son Eminence dont
Je suis heureux d'être le très humble et dévoué
serviteur en N.S.
Eymard Sup.
Paris le 25 avril 1862
(en marge: "Je ne puis qu'être reconnaissant envers son Excellence de ce qu'elle voudra bien faire pour le bon Père Eymard et pour son Oeuvre. J'en rends mille grâces et j'en serai toujours heureux.
Paris, 25 Avril 1862.
MADAME ET CHERE SOEUR EN N.-S.,
Je suis étonné que vous n'ayez pas reçu ma réponse qui suivit votre lettre première. Je vous disais que je me mettais de bon coeur au service de votre âme, pour le 10 au 12 mai. Aujourd'hui je préférerais, si cela ne vous contrariait pas, que ce fût après la Première Communion de votre nièce, parce que je désire aller travailler un peu, après le deuxième dimanche de Pâques, à mon pauvre Manuel. Peut-être irai-je passer huit jours chez le bon monsieur Dupont, de Tours, après le 4 mai. Si j'y vais, je vous en donnerai avis.
Merci de votre bonne invitation; je l'aimerais bien, mais vous êtes bien loin!... Si vous ne deviez pas venir à Paris, je serais allé de Tours vous faire une petite visite d'un jour.
En attendant de vous voir, bonne dame,
Tout à vous et à votre chère soeur en N.-S.
EYMARD, Sup.
Paris, 29 Avril 1862.
BONNE DAME,
Comme les premières pensées sont les meilleures, reprenons notre plan. Venez à Paris du 10 au 12 mai pour votre retraite. - Je ne quitte pas Paris maintenant, je ne le puis; aussi je vous attends aux pieds de Notre-Seigneur, heureux s'il me donne quelques bonnes grâces pour votre chère âme.
4 Mai. - Bonne dame, je n'ai pu finir ma lettre; nous sommes en pleine retraite, elle finit aujourd'hui. Venez. Je regrette que la maison à côté ne puisse vous donner une chambre; le Bon Dieu y a pourvu. Près de nous sont les Augustines, rue de la Santé; elles m'ont promis de vous recevoir pour votre retraite.
Ainsi tout est arrêté, il ne nous manque que vous.
Mes bien religieux souvenirs à votre bonne soeur.
Tout à vous en N.-S.
EYMARD, Sup.
Paris 6 Mai 1862.
Bien cher Père,
Il faut que je commence par vous prier d'excuser mon retard à vous répondre: j'ai égaré votre lettre dernière dans l'ordre que j'ai voulu faire dans ma chambre, à l'occasion de la visite que nous a faite Mgr. Chigi, nonce du Pape, et qui a déjeuné chez nous, le dimanche de Quasimodo, après avoir donné la confirmation à nos enfants. Il a été très bienveillant, c'était une grande consolation pour tous.
Dimanche passé, cent cinq des anciens communiants ont fait leurs Pâques, après une retraite de quatre jours. Nous voilà dans le calme, tout le monde a bien travaillé, nos jeunes prêtres ont commencé à confesser, ils s'essayent à prêcher, ils commencent à voler comme des oiseaux encore dans le nid.
Le P. Peilin a toujours son mal, qu'on appelle un kyste; aujourd'hui encore, le médecin lui a dit qu'il n'y avait pas de danger, mais qu'il faudrait une opération dans quelque temps.
Vous n'êtes donc que six! juste le nombre pour servir strictement le Maître; cette nouvelle m'a attristé; raison très forte pour ne pas recevoir ces vocations étrangères qui nous ont tant fait souffrir. C'était des manoeuvres à tant par heure, dont le Maître avait besoin, ou pour lui, ou pour nous.
Je ne puis répondre à toute votre lettre, n'en ayant lu qu'une partie, quand elle s'est égarée; je l'ai cherchée comme une épingle, impossible de la trouver; alors je me décide à vous le dire, et à vous offrir toutes les amitiés de toute la maison.
Tout à vous.
EYMARD, Sup.
Paris, 6 Mai 1862.
Bien cher Père Leroyer,
Je sens que vous avez besoin d'un peu de repos et de diversion, aussi vois-je avec plaisir votre voyage à Rome.... il vous fera du bien à l'âme; pour le corps, vous en aurez soin. Si vous voulez aller loger au Collège français, vous y serez reçu fraternellement: le bon Père Stonif, Supérieur du Collège, est si bon. J'aime à espérer que le Bon Maître ne vous laissera pas venir les mains vides; tâchez de demander une lettre de Monseigneur l'Evêque de Marseille pour obtenir quelque chose; ce que j'aimerais, ce serait une Archiconfrérie du Très Saint Sacrement.
J'attends encore un mot pour vous envoyer un de nos Pères, le Père Peilin; c'est le seul qui puisse un peu parler, mais il ne peut chanter, à cause de son indisposition.
Si la chose presse, envoyez une dépêche télégraphique.
Nous avons bien aussi nos petites épreuves, c'est le feu purifiant.
Je vous suis tendrement uni, cher Père.
EYMARD.
Paris 7 mai 1862
Bonne Mère,
Que N.S. vous donne la main à votre départ et vous dise par une grâce bien douce et bien tendre: venez à moi. C'est vers le Dieu de l'Eucharistie que vous venez; votre dot c'est votre coeur. Bon courage, pleurez un peu en disant adieu, mais bénissez le bon Dieu qui vous veut à son aimable service.
Je vous bénis et tous les vôtres.
Eymard Sup.
(Ces lignes ont été ajoutées à la fin d'une lettre
Madame Chanuet
Rue Ste Hélène 18 (adresse rectifiée): à Lantignié
par Beaujeu
Lyon
Paris, 11 Mai 1862.
Cher Père,
Le P. Peilin va vous aider pendant l'absence du P. Leroyer; il y va plein de bonne volonté, il n'est pas riche en sermon, il prêchera bien; il a très bien prêché aujourd'hui, encouragez ses premiers pas, élargissez-le. Il aura besoin de revenir ici pour profiter des leçons d'éloquence sacrée, qu'on donnera à nos jeunes prêtres. Vous pouvez le faire confesser, il sera prudent, il est instruit.
Je vais mieux, j'ai fait tout mon service eucharistique aujourd'hui. Je prie Notre-Seigneur pour vous, cher Père, afin que vous teniez bon sur le champ de bataille; et pour le voyageur, pour qu'il en rapporte quelque chose de bon, pour la Société.
Je vous suis bien uni en Notre-Seigneur.
Tout vôtre.
EYMARD, S. S.
Jésus-Hostie
(Paris) 12 mai (1862)
Bonne Dame,
Je viens vous donner des nouvelles de votre chère fille; elle est très heureuse et très désireuse de voir sa vocation confirmée par sa bonne Mère et son tendre Père, on l'aime beaucoup chez ces Dames, elle me supplie continuellement d'intercéder pour elle, pour avoir le consentement définitif.
Pour moi je la crois bien appelée, et je pense qu'elle y sera heureuse. Quant au moment de la donner entièrement à N.S., il serait à souhaiter, chère Dame, que ce ne fût pas trop différé pour sa santé. Maintenant qu'elle voit et qu'elle sent qu'elle a trouvé sa place, elle est toute joyeuse. Si vous voulez venir la chercher, tout est fait de ma part. Je l'ai examinée et éprouvée. Vous avez là une bonne adoratrice qui priera pour tous.
Madame Chanuet m'écrit de Lantignié qu'elle arrivera vers la fin de mai; elle paraît toujours bien décidée et si la pauvre nature souffre beaucoup de quitter ses chers enfants, elle sent que Dieu la remplacera et qu'elle leur servira d'une autre manière. Puis vous savez qu'elle doit retourner après quelque temps à Lantignié.
Je vous laisse, bonne Dame, entre les bras de N.S.
Tout vôtre.
Eymard.
Adveniat Regnum tuum.
Paris, 24 Mai 1862.
Cher et vieil ami en N.-S.,
C'est bien assez de me recevoir, faut-il encore que vous vidiez votre bourse? Merci deux fois, et même trois, puisque le bon Maître y a sa part... ou plutôt, c'est tout pour Lui.
Comme vous êtes, bon père Dupont, pour moitié dans mon voyage, j'irai loger chez vous et travailler chez les autres. Au moins, nous aurons nos soirées. Quel bonheur de se voir en Dieu!
Vous m'avez trouvé deux saints: Nabuchodonosor et Héliodore, auxquels je pense souvent, - puis vous m'avez donné Sr M. Emmerich, le prodige de grâce de notre siècle.
Qu'allez-vous me donner cette fois?
Mes amitiés à la si chère famille Rosemberg.
Tout vôtre en N.-S.
EYMARD.
Notre-Dame Auxiliatrice, Paris, le 24 Mai 1862.
Bien cher Confrère,
Le Père de Cuers m'a tant prié et sollicité de le décharger de la Supériorité, à cause de sa santé si fatiguée et de ce qu'il croit être une impossibilité, que j'ai cru ne pouvoir plus réitérer mes instances pour le prier de continuer sa charge, sans ajouter à ses fatigues. Je viens donc de lui écrire qu'il serait déchargé de la Supériorité à votre arrivée de Rome.
C'est vous, cher Père, qui, pour l'amour et la gloire de notre Bon Maître, voudrez bien vous dévouer en la charge de Supérieur, pendant trois ans et plus, si la sainte Obéissance vous en demande le sacrifice.
Dieu sera avec vous, c'est son oeuvre que vous cultivez; il sera pour vous, c'est en son nom que vous dirigerez vos frères en son aimable service. La divine Reine du Cénacle sera votre conseil et votre guide en cette vie eucharistique. Puis toutes les prières, tous les mérites de la Société vous environneront. Le Père Champion et les autres Pères vous désignent tous en cette charge, non d'honneur, mais de dévouement.
Pendant que vous êtes à Rome, vous intéresserez les Saints en leur ville Sainte, et surtout les nouveaux saints à canoniser, afin qu'ils vous prennent sous leur protection.
EYMARD.
Sup. de la Société du T. S. S.
P. S. - Examinez bien Rome dans ses XL Heures, c'est là le point royal pour nous; voyez bien tout ce qui touche au culte du Très Saint Sacrement. Consultez pour vos difficultés, non les hommes savants, mais les hommes spéciaux en cette partie, comme Monseigneur Capalti, Sous-Secrétaire de la Congrégation des Rites. Voyez les religieuses du Quirinal pour l'adoration perpétuelle, veuillez me rappeler à leur pieux souvenir, elles ont été très bonnes pour nous; tâchez d'avoir l'affiliation pour la Société à leurs adorateurs.
Je n'eus pas le temps à Rome d'aller jusque chez les Carmes pour leur demander une feuille d'affiliation de notre Société à leur Ordre si vénérable, veuillez en faire la demande en mon nom.
Ayez soin de votre santé, cher Père; dans vos courses, évitez le serein du soir.
Je suis heureux de vous sentir heureux, toute la maison vous remercie de votre bon souvenir, vous envoie le sien.
Tout à vous en Notre-Seigneur.
EYMARD.
Un livre dont nous aurions besoin, s'il existe, ce serait celui qui renfermerait les bulles, les décrets traitant des Ordres religieux, ou bien est-ce une collection partielle des Bulles, etc.? veuillez vous en informer.
J'ai reçu, par l'intermédiaire d'un ami, le pouvoir de bénir la croix de Saint Benoît par un diplôme du 4 mars 1862 du T. R. Père Angelus Piscetelli, procureur général de la Congrégation des Bénédictins du Mont-Cassin; mais on a oublié de signer, car il y a Manu nostra subscriptus, le nom n'est qu'au titre, il y a le sceau; veuillez, si c'est un oubli, me demander un nouveau diplôme, faites autant pour vous, je n'ai pas besoin du petit manuel.
Les Bénédictins sont à St Callixte au delà du Tibre.