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Nr.0881

An Herrn E. v. Leudeville

Marseille, 6 Novembre 1859.

Bien cher ami,

Bénissons Dieu en toutes nos voies, et de tout ce qui arrive; c'est toujours pour sa plus grande gloire et pour notre plus grand bien.

Je suis bien d'avis que vous attendiez le temps du R.P. de Ponlevoy; la question est trop grave pour vous pour la mettre, sans attrait, entre les mains d'un juge inconnu. Il vaut mieux sacrifier quelque chose, rester un peu plus longtemps sur la croix; la grâce a alors le temps de germer et de faire jour. - Vous êtes malade, cher ami, et vous me parlez du sort angélique de la petite Marie.

O paresse! gardez-vous bien de penser à une retraite, quand il faut marcher en avant! Il faut, au contraire, se centupler autour du divin Roi et combattre ses bons combats, car les méchants sont si nombreux, les chrétiens si lâches, les âmes vraiment dévouées à sa gloire si rares!

Allons! bon ami, tant de grâces ne doivent pas rester enfouies en vous; il faut produire le centuple en amour.

Pour votre consolation, je vous envoie votre agrégation; ce sera un lien spirituel qui nous unira encore plus étroitement en Notre-Seigneur, en qui je reste,

Bien cher ami,

Toujours tout vôtre.

EYMARD, Sup.

Monsieur E. de Leudeville,

à Leudeville en-Hurepoix,

près Marolles (Seine-et-Oise).


Nr.0882

An P. Champion

Marseille, 6 Novembre 1859.

Bien cher Père,

Nous voici à Marseille et nous préparant à notre installation. Je dois régler aujourd'hui avec Mgr l'Evêque le jour de l'Exposition, à laquelle il désire donner une grande solennité.

La chapelle est convenable, riche et de bon goût; le baldaquin surtout ravit tout le monde, ici on n'en a pas, puis il est très gracieux.

Notre arrivée a réjoui tout le quartier et toutes les âmes pieuses; mais c'est surtout le bon Père de Cuers qui ne se possède pas de joie. Monseigneur est content de notre arrivée. Hier il y a eu une grande procession à l'occasion de la relique de St Lazare apportée par Mgr d'Autun; toute la ville était sur pied.

Pour nous, tout paraît devoir bien aller; nous avons commencé aujourd'hui l'office en choeur.

Nous voilà prêts; mais je crains bien que l'envoi de Picard n'arrive pas a temps et qu'il ait encore fait comme par le temps passé; car voilà dix jours que la caisse est en route, et on n'en a aucune nouvelle à la gare.

Veuillez faire passer chez lui et savoir le jour précis de l'envoi, car je veux me plaindre à l'administration, si l'on garde trop à la gare vos colis, comme on l'a déjà fait.

Je remercie Dieu du départ de Mr Capdeville: quelle leçon! Et surtout, quel sujet!

Toutes mes affections à toute la famille.

Tout vôtre en Notre-Seigneur.

EYMARD, S. S. S.


Nr.0883

An Herrn Josef-August Carrel

Marseille, rue Nau, 7, le 8 Novembre 1859.

Bien cher ami,

Je vous envoie de Marseille votre feuille d'Agrégation, signée à Paris; je n'ai pu m'arrêter à Lyon, ayant avec moi une petite colonie. J'espère que le bon Maître me fera ce petit plaisir en remontant, dans un mois environ. J'irai voir et bénir toute votre chère famille. Demain, nous commençons l'ouverture de l'Exposition. Mgr l'Evêque viendra à 7 heures. fidèles adorateurs! Car, pour répondre à tant de grâces, nous avons besoin de devenir des hommes nouveaux.

Aimez toujours bien Notre-Seigneur, cher ami; faites-le bien aimer et servir de votre famille, car ce n'est que pour cela que vous êtes père.

Priez toujours pour celui qui est bien intimement et bien affectueusement uni en N.-S. et reste en sa divine charité

Tout vôtre.

EYMARD, Sup.

Monsieur Carrel, Négociant, 3,

quai d'Orléans,

Lyon.


Nr.0884

An Sr. Antoinette SSS (Frau Rottier)

Marseille, rue Nau, 7, le 11 Novembre 1859.

BONNE DAME,

N'ayant pu vous remettre avant mon départ ce petit souvenir d'affection, en Notre-Seigneur, je vous l'envoie d'ici, et cela me donne l'occasion de vous offrir mes affectueux souvenirs et de me recommander à vos prières et à celles de la bonne dame Milot. Notre exposition première a lieu mercredi 9, par Mgr l'Evêque, au milieu d'un grand concours et de la joie universelle. Nous la continuons avec bonheur.

Nous prêchons une octave du Très Saint Sacrement, afin de bien expliquer au peuple la manière d'adorer et de servir Notre-Seigneur.

Nous avons bien beau temps; mais Paris est toujours Paris. Je vous laisse, chère dame, dans le divin Coeur de Jésus.

Tout à vous

EYMARD, Sup.

A Madame Rottier,

14, Impasse des Feuillantines,

Paris.


Nr.0885

An Fräul. v. Revel

Marseille 17 9bre 1859

Mademoiselle & bien chère Soeur en N. S.

J'ai reçu votre bonne lettre de Paris, je retrouve là votre vieille amitié, & ce sentiment toujours si profond que je suis loin de mériter mais qui m'est bien doux; seulement je lis avec peine l'accomplissement de cette triste parole que j'ai dit /sic/ sur l'abandon Je vous ai promis de vous rester fidèle jusqu'après la mort.-

Je suis bien aise que vous ayez réglé cette affaire du couvent d'Opie - Je remettrai à mon retour à Sr Pauline son titre - Je ne l'ai pas vu /sic/ depuis mon retour de Rome. Je pense qu'elle est toujours au même endroit.

Comme vous avez été vaillante! venir jusqu'à Marseille! J'ai bien regretté de ne m'être pas trouvé alors ici, je pense que je vous aurai /sic/ vue au moins un petit moment, mais en remontant je m'arrêterai quelques petites heures à Lyon & je vous dirai un long bonjour.

Vous faites bien de vous ménager surtout au commencement de l'hiver mais retrouvez Notre Seigneur chez vous, & soyez bien toute à lui dans l'intérieur de votre vie, car Bonne Soeur, quand le soleil baisse & que l'ombre s'allonge il faut hâter le pas pour arriver avant la nuit.

Ne vous inquiétez pas de ces petits sentiments naturels contre la Ste Communion - l'enfant craint le maître & aime sa liberté, mais cependant quand le maître est présent, il travaille & lui obéit

La Ste Communion fait toujours plus de bien que de mal.

Mgr l'Evêque est venu Mercredi 9 9bre faire l'ouverture de notre chapelle & commencer la 1ère Exposition - Cela a été un jour bien heureux & bien beau pour nous; pour honorer cette grâce si grande, nous prêchons soir & matin une Octave sur le T. S. Sacrement c'est le dernier jour, & elle a été bien suivie -

Je vous envois /sic/ une feuille d'agrégation craignant de l'avoir oublié; ce n'est qu'aujourd'hui que je l'ai ouverte ici Une centaine de personne se sont fait inscrire -

Nous sommes 4 prêtres & 2 frères ici - mais il faut prier que N. S. se choisisse de bons adorateurs - vous le faites -

J'espère dans 3 à 4 semaines être à Lyon & là, tout à vous en N. S. en attendant, croyez-moi en sa divine charité, chère Soeur

tout vôtre

Eymard

/signe illisible/

Mademoiselle de Revel

rue Ste Hélène

Lyon


Nr.0886

An Marg. Guillot

Marseille, Présentation, 21 Novembre 1859.

Bien chères filles,

Je vous ai bien présentées à Notre-Seigneur, en union avec la Présentation de la Très Sainte Vierge, afin que comme votre bonne Mère vous deveniez de bonnes et fidèles Servantes de Jésus.

Je lui ai offert votre esprit afin qu'il devienne un même esprit avec l'esprit de Jésus, doux et humble de coeur comme votre bon Maître; simple et droit comme sa vérité; tout recueilli à ses pieds comme la Madeleine pour l'écouter et recevoir avec bonheur sa divine parole, la recueillir avec respect et reconnaissance, et en nourrir votre âme, comme le ferait la Très Sainte Vierge.

Je lui ai offert votre coeur, afin qu'il en soit le Maître, le Roi et l'Epoux unique, qu'il y trouve ses délices, et y règne toujours.

Je lui ai offert votre volonté, afin qu'elle soit l'heureuse servante de la sienne; que vous n'ayez plus d'autre désir que de le bien servir, d'autre bonheur que de le servir.

Je lui ai offert votre corps, afin qu'il soit comme une hostie sainte, vivante et agréable à ses yeux, par la modestie et la mortification de vos sens.

Ainsi s'offrit dans une piété et dans un amour sans condition comme sans mesure votre divine Mère; aussi comme elle fut agréable à Dieu! Comme elle devint à ses yeux un sacrifice d'agréable odeur!

Donnez-vous bien et tout entières à Jésus, mes chères filles, et vous serez alors de véritables Servantes du Très Saint Sacrement.

Le don de soi, c'est la seule preuve d'un véritable amour; c'est tout ce que Dieu veut. Mon fils, donne-moi ton coeur, dit-il.

Vous aimerez le Seigneur votre Dieu de tout votre esprit, de tout votre coeur, de toute votre âme et de toutes vos forces: voilà le premier et le plus grand commandement qui est toute notre vie et toute notre fin en ce monde et en l'autre.

Quoi de plus juste que de se donner à Celui qui nous a tout donné! Quoi de plus doux que de se donner à Jésus comme il se donne tout à nous!

Oh! pourquoi sommes-nous si inconstants, si avares, si ingrats envers ce bon Maître?

Et cependant, il ne nous demande le don de tout nous-mêmes que pour nous rendre heureux et pouvoir se donner de même tout à nous!

Et que voulons-nous faire de notre nature, sinon la sanctifier, la déifier, en Jésus?

Je sais bien que s'il est facile de se donner en général tout à Jésus, il en coûte beaucoup de s'immoler chaque jour à sa gloire, et de mourir chaque instant à sa volonté pour son amour; et c'est parce qu'il en coûte, que nous devenons de véritables adorateurs.

Oh! mes bonnes filles, pensez souvent que vous avez été bien généreuses autrefois pour vos parents et amies, que vous l'avez été encore davantage pour vous-mêmes, et dites-vous, quand quelque chose vous coûte: Eh quoi! je ne ferai pas pour Jésus ce que j'ai fait pour le monde, pour ma propre satisfaction!

Examinez souvent ce qui en vous-mêmes n'est pas donné à Jésus, n'est pas pour lui; et de suite, rendez au bon Maître ce que votre amour lui a donné.

Regardez-vous comme des ignorantes, comme des étrangères, comme des misérables, tant que Jésus au Très Saint Sacrement ne sera pas votre seul bien, votre seul plaisir, votre seule joie, parce que vous n'êtes pas encore toutes à lui. Il ne règne pas encore en maître souverain en vous.

Ah! si nous étions tout à Jésus, il serait la pensée fixe de notre coeur, la règle unique de notre vie! Oh! qu'alors notre vie serait belle, douce et forte! Ce serait la vie de Jésus.

Ici, nous tâchons de mettre le feu de Jésus, et déjà un grand nombre d'agrégés ont été reçus.

Notre Exposition commencée le 9 novembre est bien suivie; c'est vraiment édifiant.

Je pense rester encore deux ou trois semaines ici, car il y a encore bien à faire. Puis j'irai me mettre avec plaisir à votre service, chères filles.

Tout à vous en Notre-Seigneur.

EYMARD.


Nr.0887

An P. de Cuers

Adveniat Regnum tuum.

22 Novembre.

Cher Père,

Merci de votre petit mot d'hier au soir; j'ai bien mieux aimé que vous m'ayez écrit votre peine; elle ne l'a pas été pour moi en elle-même, puisque telle n'a pas été ma pensée d'appeler aux voeux sans consulter les profès prêtres, surtout vous: la preuve, c'est que j'ai dit à ces Messieurs que j'allais porter leur profession à l'examen du conseil, que leur élection dépendait de lui.

Voilà tout ce que je leur ai dit, et même pas à tous. Certes, j'ai assez de responsabilités sans avoir encore celle-là!

Si je vous en ai dit un mot le matin, c'était pour pouvoir vous en reparler, et ne pas l'oublier, comme il m'arrive si souvent d'oublier les choses, même importantes, pensant bien que vous m'en reparleriez.

Voilà, cher Père, toute la chose! Il y a si longtemps qu'avec le P. Champion nous en parlions comme d'une chose prochaine, que je n'ai pas pensé en faire une décision en vous en parlant.

J'espère que cette explication simple satisfera votre amitié et votre crainte.

Je suis bien peiné, quand je suis la cause de vos peines; mais je suis heureux, quand je puis partager vos désirs et vos joies au service du Bon Maître, en qui je suis, bon Père,

Tout vôtre.

EYMARD.


Nr.0888

An Marg. Guillot

Marseille, 23 Novembre 1859.

Bien chère fille,

Je n'ai pu vous écrire pour la Présentation, le temps m'a manqué; car on a tant à faire ici. Je prends bien part à vos petites épines et, s'il était possible, je voudrais vous les épargner; mais la couronne de Notre-Seigneur fut ainsi, et sa vie ne fut qu'une croix. Ainsi, bonne fille, c'est par la souffrance de tout genre qu'il faut glorifier notre bon Maître, et lui ,lever une trône sur le calvaire. Seulement quand la nature a peur, quand l'esprit humain est à bout de ses réponses, quand tout semble s'ébranler, on va aux pieds du Maître s'humilier, s'avouer incapable et indigne, le prier de prendre le gouvernail, de commander à la tempête, de nous donner la main sur cette mer agitée. Il faut avoir soin de ne pas agir humainement dans ces moments-là. Je vous voudrais, bonne fille, un peu plus forte de corps, et que la croix ne vous donnât pas la fièvre, ni la migraine.

Il faut toujours quelque chose qui cloche dans une maison, parce que Dieu veut avoir sa part et sa gloire.

Les pauvres enfants d'Adam sont si malades d'héritage de leur père, que bien souvent, ils sont en délire, en fièvre, alors qu'il paraissent calmes et raisonnables; c'est au médecin de le reconnaître et de les traiter selon leur état.

L'homme est un tableau où il y a des traits de chef-d'oeuvre et à côté de ces traits, une grande misère et folie. Il ne faut pas s'en étonner, mais s'estimer le bien et raccommoder le mal autant qu'on le peut.

Que faut-il aux Anges et aux Saints pour être heureux? Dieu, Jésus-Christ. Eh bien! nous l'avons, nous sommes chez lui, à son aimable service! Oh quelle grosse misère! Et il ne nous suffit pas! Il est avec nous, et nous sommes découragés, il nous est tout et il ne nous suffit pas! Quelle misère!

Je regrette bien que cette pauvre... soit si triste et si peu capable. Il faut l'environner de soins; puis si elle n'entre pas dans l'esprit de sa vocation, la laisser partir, et même le lui dire si elle a des regrets, des boutades. Soyez tranquille. J'espère bien vous trouver une bonne soeur Marthe, mais pas en Provence; je ne l'y chercherai pas, à cause de la différence de faire et de vivre. Il vaut mieux prendre plus haut, à Lyon ou dans le Nord.

C'est le 9 novembre que Monseigneur a fait la première Exposition au milieu d'une belle et pieuse assemblée. Nous avons prêché l'octave deux fois par jour: elle a été bien suivie. A la fin j'ai reçu un grand nombre d'Agrégés; on continue à venir adorer Notre-Seigneur: c'est vraiment édifiant, notre belle et grande chapelle a toujours du monde et beaucoup. Nous ferons l'adoration tous les jours, mais les lundis, mercredis et samedis jusqu'à midi seulement, les autres jours jusqu'à 9 heures du soir.

Le P. de Cuers est bien, il a bien du mérite dans cette fondation. Il a vécu si pauvrement que cela me fait beaucoup de peine; il n'a vécu que de pain, de fromage et de fruits; point de café ni de viande, ni rien de chaud et il était très content. Notre-Seigneur a d- l'être de lui.

Pour nous, nous avons ce qu'il faut pour vivre, mais nos cellules sont, comme elles doivent être, très pauvres; car ici on a tout fait pour le Maître; mais peu à peu on achète des épingles, des aiguilles, et à tout instant on rit de n'avoir pas ce que l'on a dans une cabane, c'est charmant! En retour la chapelle est magnifique, l'adoration se fait très bien.

J'espère que les deux prêtres que j'ai amenés s'y mettront bien.

La pauvre nature a eu quelquefois peur; on aspire trop à une vie de missionnaire. Il faut prier pour qu'ils comprennent que le Maître doit passer avant les serviteurs. Hélas! qu'il y a peu d'hommes, peu de prêtres à qui Jésus suffise!

Je vais bien, adieu, bonne et chère fille. Je vous mets toujours avec moi aux pieds du Bon Maître.

EYMARD.

P. S. - Priez le P. Champion de m'envoyer mille feuilles de l'Agrégation.


Nr.0889

An Fräul. Stéphanie Gourd

Marseille, rue Nau, 7, le 24 Novembre 1859.

Bien chère fille,

Laissez aller vos pensées, vos sentiments sous votre plume comme ils viennent. Ne vous inquiétez pas ni de leurs longueurs, ni de leur peu d'importance en apparence. La simplicité sera la plus grande en vous en m'écrivant naturelle et simple.

Oui, bonne fille, laissez-vous aller au vent de la grâce de Dieu, de cette naïve et filiale simplicité avec Dieu, avec vous-même et avec votre bonne mère. Avec Dieu soyez comme l'enfant, sans retour, comme sans arrière-pensée. La véritable simplicité des enfants de Dieu consiste dans le saint abandon à sa sainte et toujours aimable Volonté, à s'attacher à cette paternelle Volonté par amour, par le désir simple de lui être agréable; à accepter tout également de sa divine main, surtout les contrariétés naturelles, les peines qui nous viennent par la voie du prochain ou par la nécessité. Dieu aime à contrarier les sentiments et les goûts terrestres et puérils de notre mauvaise nature.

Parlez à Dieu comme un enfant de six ans parle à sa bonne mère; pensez en lui, agissez devant lui; rappelez-lui tout ce que vous avez vu, entendu et fait. Soyez simple avec votre bonne mère, transparente avec elle, et même soyez aise qu'elle voie vos imperfections, afin qu'elle vous connaisse comme vous êtes.

Soyez simple avec vous-même. Allez droit au devoir, à l'obéissance, à la convenance, à la charité du moment, sans passer par les retours de l'amour-propre, et, pour cela, ne regardez que Dieu, sa vérité, sa sainte Volonté, son bon plaisir, et en vous conduisant ainsi vous aurez une grande et inaltérable paix au fond de votre âme, et Notre-Seigneur sera content. Ah! aimez-le bien ce bon Maître qui ne demeure chez vous que pour vous; faites bien de son Tabernacle votre Tabernacle, et que votre coeur soit son ciboire vivant.

Je prie bien pour vous et vous laisse, bonne fille, à N.-S.

Tout à vous.

EYMARD, S.S.S.


Nr.0890

An Frau Gourd

Marseille, Rue Nau, 7, 25 Novembre 1859.

Bonne fille,

Il me tarde de recevoir de vos nouvelles et des nouvelles de toute votre famille. Ayez la charité de m'en écrire un mot. Je pense rester encore ici quinze jours! C'est le 9 novembre que nous avons eu le bonheur d'inaugurer le culte de l'exposition dans notre chapelle; tout a été beau et pieux. Monseigneur l'Evêque a dit la sainte Messe; une grande et pieuse réunion de fidèles y assistait, une belle musique embellissait la fête; Notre-Seigneur a d- être content. La nouvelle chapelle est très convenable et grande.

Nous avons prêché une Octave eucharistique qui a été bien suivie. L'adoration est bien nombreuse: c'est là une grande joie de voir le bon Maître entouré de ses enfants, au milieu d'une ville où le démon compte, hélas! tant d'esclaves.

Je m'arrêterai une petite journée à Lyon et j'aurai le plaisir de voir votre bonne et excellente mère et votre vénérable père, s'il est possible; et, si la divine Providence vous y conduisait, je serais bien content de vous voir.

Soyez toujours, bonne fille, l'enfant de la divine Providence; laissez-vous conduire par elle comme par la main, laissez-la prévoir, disposer, arranger toutes choses, tout est le fruit de son amour pour vous.

Soyez calme et libre en votre intérieur autant que possible, et sachez laisser en paix les choses que vous aimez, qui sont bien ou inachevées, quand Notre-Seigneur vous veut ailleurs.

Je vous bénis, bonne et chère fille, je vais dire la sainte Messe et prier pour vous.

Tout à vous.

EYMARD.


Nr.0891

An Frau Spazzier

Marseille 27 novembre 1859

NB! In der Rom-Ausgabe: Marseille, 25. Nov. 1859

Madame et chère fille en N.S.

J'ai reçu ce matin votre bonne lettre, vous voilà arrivée à Hyères et casée, - faites bien comme l'enfant de famille qui se laisse placer où on le place - et y reste selon le gré de son père et de sa mère - ne regardez ni en arrière, ni trop en avant, soyez l'enfant de la paternelle Providence qui aura bien soin de vous au spirituel et au matériel.

J'ai lu le règlement de votre journée, il est bien - mais cependant il faudra le modifier quand les leçons vous demanderont plus de temps - le devoir avant tout - et pourvu que vous ayez fait la sainte Communion, dit votre chapelet, soyez large pour le reste.

Ne vous attristez pas de ce petit contretemps de maîtres de dessin arrivés avant vous - Dieu vous donnera largement votre part. Vivez de ce régime tonique qui vous est nécessaire, et cela sans scrupule.

Vous êtes et vous restez la fille du T.S.Sacrement et notre fille, vous avez Jésus à votre disposition - vivez bien en lui. Je pense encore rester une 15e de jours, tout va bien, l'adoration est bien suivie - nous sommes très occupés. Mme de Guichen m'écrit que son mari est hors de tout danger, et marche bien vers son rétablissement.

Je vous laisse en N.S., bonne fille,

Tout à vous.

Eymard S.


Nr.0892

An Mariette Guillot

Marseille, rue Nau, 7, le 25 Novembre 1859.

BIEN CHERE FILLE,

Je vous fais bien attendre ma réponse; c'est que jusqu'à présent j'ai été accablé d'affaires; je commence un peu à respirer et je viens vite vous dire un petit bonjour.

J'ai lu votre bonne lettre avec grand intérêt et je vois par là que le bon Maître ne vous abandonne pas et qu'il tire le bien du mal. - Ainsi, il a très bien remplacé M. Galtier; il vous a envoyé ce bon abbé Pillet, qui vous a été si utile; il vous a rendu un peu le bien que vous lui avez fait; aussi, votre reconnaissance est-elle bien légitime et sans péché.

Quand on souffre, quand on est sur la croix, c'est une si grande grâce que de trouver quelqu'un qui vous comprenne et vous aide!

Aussi, ce bon abbé m'en est plus cher, parce qu'il a été bon envers vous.

Vous êtes bien là où le Bon Dieu vous veut pour le moment; seulement, bonne fille, tirez-en bon parti. Vous avez assez d'occasions de patience, de douceur et de charité pour vous éprouver; seulement, tirez-en bon parti, et ne vous laissez jamais dominer par les peines et les soucis. Dieu est là.

Continuez bien vos communions: elles vous sont aussi nécessaires que l'air et le pain. - Vous ne faites pas de progrès, dites-vous. Hélas! bonne fille, le progrès véritable consiste à accomplir la sainte Volonté de Dieu, à reprendre toujours courage, à se relever toujours, à dire sans cesse: Je ferai mieux.

Ne vous impressionnez pas trop de ce que .............. ou penser, c'est la misère humaine; vous avez bien agi de n'en pas tenir compte: voilà du progrès................... Notre-Seigneur vous l'a confiée.

Ecrivez souvent à votre soeur Marguerite; avec elle, ouvrez bien votre coeur et dites-lui toujours vos peines; elle est si bonne!

Je vous écrirai d'avance quand j'irai à Lyon. J'espère bien vous y dire un petit bonjour, ainsi qu'à la bonne famille Gaudioz et aux Dames Marcel.

Adieu, bonne fille, Dieu vous aime.

Tout à vous.

EYMARD.


Nr.0893

An Frau Tholin

Tout pour l'amour et la gloire de Jésus au Très Saint Sacrement

Marseille, 26 Novembre 1859.

MADAME ET CHERE SOEUR EN N.-S.,

Je viens de recevoir votre chère lettre, elle m'a causé du plaisir et de la peine; je ne pourrai donc vous voir à Jasson, puisque je reste encore ici une quinzaine de jours. Si je puis abréger mon séjour de quelques jours, je le ferai bien. Mais puisqu'il faut que vous veniez dans le Midi, il vaut mieux vous hâter et venir le plus tôt. Seulement, ayez la bonté de me dire quand vous partirez. J'ai des connaissances à Hyères qui pourront vous être utiles. Je me mets à votre disposition. Il serait bon de faire retenir un appartement d'avance. Je vous conseille, sous ce rapport, Hyères de préférence. Je connais là Monsieur le Curé qui est un saint homme et Mr Laure, médecin excellent sous tous les rapports.

J'irai avec plaisir à Tarare et de là je ferai une apparition à Amplepuis; vous comprenez, bonne fille, qu'il m'en coûtera de ne pas vous y trouver: voilà la vie! C'est un voyage où l'on se salue en passant.

J'ai bien partagé votre joie pour le retour de votre cher frère à son devoir religieux: voilà le fondement posé: il est bon ce cher frère, il a bon coeur, et avec cette qualité on revient de bien loin. Il faut achever par la prière ce que la miséricorde divine a commencé.

Notre chapelle a été inaugurée le 9 novembre par Mgr l'Evêque; depuis, nous avons l'exposition quotidienne et un grand nombre de personnes se sont fait agréger.

Voilà un nouveau trône élevé à notre bon Maître: qu'Il y règne jusqu'à la fin du monde!

Et vous, bonne fille, il ne faut pas encore quitter le champ de bataille, ni laisser notre bon Sauveur délaissé de tant d'hommes; allons, il faut baisser la tête vers la Croix et le Tabernacle d'amour: cela suffit à l'âme aimante.

Mes bien affectueux respects à la bonne Mère, Soeur Sainte-Claire; mes amitiés à vos deux chers enfants.

Tout vôtre en N.-S.

EYMARD, S. S. S.


Nr.0894

An P. Champion

Marseille, 1er Décembre 1859.

Bien cher Père,

Notre-Seigneur a fait passer la tempête juste à temps, je pense, le Père Leroyer va bien; il me disait ces jours-ci: "Je ne sais comment j'ai pu penser et dire tout ce qui s'est passé entre nous!" Il est donc bien, bon adorateur; il deviendra, je l'espère, un bon religieux; il est bien élevé, bien délicat, et a du tact dans le saint Ministère. Il a toujours un grand zèle, un grand besoin de faire du bien, mais c'est bien naturel, sortant de la vie active pure, et ayant beaucoup de vie à dépenser. Notre-Seigneur l'amènera tout doucement à être à lui. Il a un danger, c'est quand le sentiment du zèle voit un obstacle ou un défaut, alors il est exposé à l'excès...

Le Père Golliet va bien, il reçoit bien les avis et monitions qui arrivent souvent, parce qu'il est distrait et n'est pas habile dans les cérémonies, ou se trouble facilement. Le bon Père de Cuers va bien; de temps en temps, quand une chose ne va pas, il a son premier mouvement contre, à démontrer le plus calme; mais on s'y fera, et il se retient tant qu'il peut, et est aimable et à tout. Il redoute mon départ; cependant il me tarde de partir; j'espère le faire dans la semaine prochaine. Depuis huit jours, je souffre un peu d'un rhume; aujourd'hui il semble quitter la place qu'il tenait assiégée avec opiniâtreté.

Voici mon plan: je voudrais aller voir ma soeur, deux jours, pour une affaire de famille, étant si près.

J'ai promis à Mr le Curé de la Madeleine, à Tarare, d'aller en passant visiter son Association d'adoration, il m'a écrit pour cela une lettre très bonne. Je resterai quelques heures, un jour peut-être à Lyon; passé mardi de la semaine prochaine, ne m'écrivez plus à Marseille, je veux tâcher de vite partir; je vois que la maison peut marcher; tant que je suis là, on se repose sur moi. Le matériel commence à aller, la cuisine est convenable, et suffit, on se monte peu à peu, il faut tant de choses quand on monte une maison.

Ecrivez aussi un mot au Père de Cuers pour l'encourager, il a tant de confiance et d'affection pour vous!

Un mot de la chapelle: beaucoup de monde, des conversions, l'Oeuvre jouit d'une bonne réputation: ce respect, cet office, cette gravité du culte, tout devient une leçon et une édification.

Il y a trois jours, je suis surpris en passant par une rue de voir venir à l'encontre trois prêtres; devinez qui? Le Père Marcel, le Père Rochet, et le Père Dumont, allant à Rome, jugez de la surprise! La cordialité et la simplicité firent les frais de la bonne rencontre; je les accompagnai longtemps; ils m'invitèrent à souper avec eux, je remerciais: ce sont là des amis. J'appris avec grande peine la mort du Père Fayolle arrivée il y a peu de jours.

Le Père Choizin est supérieur à Toulon et remplace le P. Giriné qui prêche en ce moment à la Seyne.

Si vous pouvez d'ici à mardi m'envoyer un paquet de feuilles d'Agrégation, je vous serai obligé; sinon, envoyez-les chez Melle Mariette à Fourvière.

A bientôt, bon Père, mes vives amitiés à toute la famille. Ce bon frère Michel va mieux! la nouvelle de sa maladie nous a tous bien attristés; car il est le saint Joseph de la maison.

Que de fois nous disons ici: Ah! si le fr. Michel était ici, nous ne serions pas si embarrassés.

Tout vôtre.

EYMARD.


Nr.0895

An Marg. Guillot

Marseille, 3 Décembre 1859.

Chère fille en Notre-Seigneur,

J'ai lu avec beaucoup de plaisir tous les détails que vous me donnez sur vous, sur toute votre maison; j'ai ri un peu de vous voir si en peine de nous ici, alors que nous avons tout ce qu'il nous faut. Les premiers jours, il et vrai, c'était un peu à chercher, mais tout est venu en son temps; ainsi, nous n'avons besoin de rien. J'étais enrhumé, alors on m'a inondé de sirops.

Mlle Dalaca est venue me voir deux fois avec Mlle Caroline et une autre Demoiselle, et il y a trois jours avec sa bonne mère que j'ai été heureux de voir; cette bonne famille est toujours trop généreuse. Je pense partir vers jeudi au plus tôt; dites-le au P. Champion afin qu'il m'envoie ici les feuilles d'Agrégation comme il m'a dit dans sa lettre d'hier, sans le sceau imprimé et avec les corrections indiquées, et de plus faire effacer à la consécration ces mots indiqués.

Mon rhume va mieux; tout va bien ici pour le moment.

Je pense aller dire bonjour à ma soeur en courant; je verrai votre monde à Lyon et, si je puis, donnerai au moins deux heures à Mme Galle.

Soyez toute à Dieu par le mépris et l'humiliation s'il le veut; c'est le bon chemin et le plus court. Je n'ai que le temps d'être

Tout à vous.

EYD.

Mademoiselle Guillot Marguerite,

rue du fg St-Jacques 66,

Paris.


Nr.0896

An Herrn Josef-August Carrel

Marseille, 6 Décembre 1859.

Bonne dame,

Selon ma promesse au bon ami, j'irai débarquer chez vous vers les 7 heures du soir, jeudi prochain. Que si par extraordinaire je n'étais pas arrivé vers les 8 heures, ne soyez pas en peine, quelque chose d'inattendu m'aurait retenu et je vous arriverais le vendredi matin.

Je serai heureux de revoir toute votre famille et de vous bénir tous.

Croyez-moi en N.-S.

Bonne dame,

Tout à vous.

EYMARD, Sup.

Madame

Madame Carrel, quai d'Orléans, 3,

Lyon.


Nr.0897

An Frau Jordan

Paris, 6 Juillet 1859.

Im deutschen Katalog: 6. D e z e m b e r 1859!!!

MADAME ET CHERE SOEUR EN N.-S.,

Je pars d'ici le 8, j'arriverai le soir à Lyon pour y jouir de l'illumination de la belle fête de l'Immaculée Conception, et le lendemain après midi j'irai chez vous. N'espérant pas avoir le plaisir de vous y rencontrer, j'aurai celui de voir votre bonne et excellente fille. Je resterai à Lyon jusqu'à samedi vers midi, et de là je partirai pour Tarare, où je dois prêcher pour l'Association du Très Saint Sacrement, paroisse de la Madeleine, pendant quelques jours.

Nous prions bien pour votre chère malade; elle nous est chère, puisqu'elle vous est chère, bonne dame. Nous demandons sa guérison si elle est mieux pour son salut; et si Dieu dans sa miséricorde veut abréger son exil, lui ouvrir plus tôt son Paradis, nous demanderons non seulement cette résignation qui accepte ce que Dieu veut, mais cette confiance qui préfère sa divine Volonté à tout autre bien, mais cet abandon filial qui s'abandonne à son bon plaisir divin comme un enfant, mais cet amour qui purifie, sanctifie, perfectionne l'âme avec tant d'efficacité. Oh! heureux ceux qui meurent dans le Seigneur! dit le Saint-Esprit. En face de tant de scandales et de défections, si l'on n'avait pas la sainte Eucharistie pour consolation et pour centre, qui pourrait consentir à vivre longtemps sur cette misérable terre de péché et d'esclavage?

Recommandez-moi aux prières de cette chère malade, car la souffrance unie à la prière est toute-puissante.

Je reste, bonne dame, en N.-S.,

Tout à vous.

EYMARD.

P.-S. Vous pensez bien que si samedi matin vous êtes à Lyon, vous compléterez ma joie.

Madame,

Madame Jordan C., à Chervinges,

par Villefranche (Rhône).


Nr.0898

An Frau Chanuet

Marseille, le 6 décembre 1859

Madame,

On m'écrit de Paris que vous désirez me voir à mon passage à Lyon, je serai heureux moi-même de faire votre connaissance et de causer avec vous de votre cher fils qui nous édifie tous et qui sera la bénédiction de votre famille, Madame.

Je serai à Lyon vendredi et le samedi matin, je descends chez Mr.Carrel, Quai d'Orléans, 3, mais, bonne Mère, c'est moi qui aurai le plaisir d'aller vous voir l'après-midi du vendredi chez Mr.Blanc de S.Bonnet; en attendant, daignez me croire, en N.S., Madame, Tout à vous.

Eymard Sup.


Nr.0899

A M. Louis Perret, Architecte, Lyon.

Paris Noël 1859

Cher et tendre ami,

Je viens vous donner de mes nouvelles et des nouvelles de la maison, je passais à Lyon Dimanche passé, et lundi j'ai regretté de n'apprendre qu'ici votre arrivée dans cette bonne ville, je serais allé vous embrasser en arrivant, car il me semble qu'il y a un siècle que je n'ai pas eu le plaisir de vous voir.

Je suis resté à Marseille 6 semaines. J'ai laissé la maison en plein exercice, avec l'exposition quotidienne, ils y sont 6, dont trois prêtres, 1 théologien et deux frères - bien charmants.

La chapelle est bien fréquentée, quel bonheur pour nous d'être un peu cause de l'établissement des 40 heures à Marseille! car sans notre établissement, Mgneur nous a dit qu'il ne pourrait les établir, n'ayant pas assez d'églises. - On y commence aussi l'oeuvre de la 1ère Communion des ouvriers adultes.

Paris va à l'ordinaire. M.Chanuet nous édifie bien, vous savez, je pense, qu'il est avec nous depuis deux mois.

Nous avons un portier tailleur qui paraît un brave jeune homme. Nous sommes ici huit, et nous attendons deux prêtres - aujourd'hui nous avons eu grande fête! la 1ère Communion de 18 enfants - dont quelques-uns avaient de 16 à 18 ans.

Ils nous ont bien édifiés et consolés - quel changement s'opère en eux. Ces natures sauvages, grossières, brutes, quand elles arrivent, - ces petits brigands des rues- s'humanisent peu à peu - deviennent attentifs, reconnaissants, bons et vertueux - la 1ère Communion les change tout à fait - Ce ne sont plus les mêmes! Leur coeur s'ouvre et on y trouve de ces sentiments généreux et bien doux.

Voilà notre oeuvre, cher ami, mais elle est encore dans l'enfance, car que de bien encore devant nous! En voilà cependant 42 depuis le 15 août! 30 doivent être confirmés par Son Eminence.

Mr Carrié a reçu les 200 Fr. que vous avez envoyés. Deo gratias! et un peu que nous avons trouvé, nous avons payé le présent. Monsieur le Curé de St Jacques a donné 30 Fr. pour les siens.

Maintenant que voilà Marseille en marche, je regarde de quel côté Dieu veut une 3 ème exposition - mon coeur va droit à Lyon, mais il faut attendre la volonté et le signal de Dieu.

C'est une chose bien entendue, bon Monsieur Perret, que partout où nous aurons une maison, vous y aurez votre cellule d'ami.

Merci de votre bon souvenir - ici tout le monde vous aime et vous embrasse bien affectueusement et moi tout le premier et le plus affectionné en N.S.

Eymard Sup. Sac.


Nr.0900

An P. de Cuers

Paris, Noël 1859.

Bien cher Père,

Merci de votre lettre et de vos bonnes amitiés; je n'ai pas eu le courage ni le temps de vous écrire. J'ai apporté un gros rhume, puis notre Première Communion d'aujourd'hui, qui nous a bien occupés.

Dix-huit ont eu ce bonheur: c'était pieux et touchant! belle et royale oeuvre! il faut s'y adonner corps et biens: c'est l'oeuvre de zèle par excellence, elle va droit au règne de la divine Eucharistie. Demain ils seront confirmés. Notre chapelle était toute joyeuse aujourd'hui, cette jeunesse en faisait la fête avec l'Enfant Jésus.

J'ai trouvé tout à l'ordinaire, heureux de revenir aux pieds du Bon Maître.

Soeur Benoîte a été administrée dimanche passé: je l'ai trouvée presque agonisante, tout le monde croyait qu'elle allait mourir, elle aussi; mais Dieu l'a guérie, elle va mieux, jusqu'à nouvel ordre.

J'ai conservé de votre maison une bonne odeur de piété et de vertu: elle sera bénie de Dieu. Continuez bien ce que nous avons commencé; les commencements ont toujours plus de grâces et de lumière.

Je sais bien que initia fervent, puis cela décroît; mais pour nous, nous devons toujours croître et monter comme le soleil jusqu'à son plein midi, parce que nous sommes exposés à l'ardeur du soleil de l'Eucharistie.

J'ai lu avec beaucoup de peine ce que vous me dites, que le P. Golliet a pris une perruque: la raison de cette peine est d'abord l'exception à la loi commune, puis de voir qu'on est devenu plus sensible ou sensuel chez nous qu'avant de venir, puisqu'on ne l'avait pas. Je ne souffrirai pas qu'on prenne des habitudes nouvelles, que l'on n'a pas apportées, ni soumises. Je ne sais si le P. Golliet tiendra plus à sa perruque qu'à sa vocation; mais, quoiqu'il en soit, veuillez lui dire bonnement d'abord qu'il ait à se remettre comme je l'ai laissé. Il aurait d- m'en parler alors plus sérieusement; en communauté, il faut aller plus franchement. S'il ne voulait pas la quitter, ayez la bonté de me l'écrire, et j'aviserai de suite; mais je pense qu'il ne sera pas nécessaire d'en venir à un ordre positif.

Je vais aller demain chez le cirier, et arranger votre affaire de cire.

Le bon P. Ricoux voulait faire une Exposition avec soixante francs environ, alors qu'il en faudrait le triple; nous verrons ce qu'il en décidera.

La température plus douce vous aura, je l'espère, remis en mouvement, bon Père, car je craignais bien pour vous.

Mes avides amitiés à tous les Pères et Frères, et croyez-moi toujours en N. S.,

Cher et bon Père,

Tout vôtre.

EYMARD, S. S.


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