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Paris, 16 Mars 1858.
CHERE SOEUR EN N.-S.,
Merci des aimables et bien-aimées nouvelles du triomphe de Jésus eucharistique dans Tarare. Que je voudrais qu'une torche à la main vous alliez, comme l'éclair, mettre le feu de l'amour eucharistique partout!
Saisissez bien toutes les occasions que ce bon Maître vous en donne: la vie n'a de charmes et de puissance que par la divine Eucharistie.
Je serais heureux que le bon Père Hermann tînt sa parole.
J'ai reçu, ce matin, vos trois règlements; je les ai lus avec le plus grand plaisir. C'est tout ce qu'il faut: trop de règles embrouillent; l'amour fait le reste, et donne le mouvement et la vie.
Pour votre élection, mon sentiment serait qu'on choisit plutôt un la<que qu'un ecclésiastique: il y a moins de susceptibilité, plus de suite, et surtout plus de dévouement un et fort.
Cependant, que mon sentiment ne vous soit pas une règle; d'ailleurs, c'est la première marche d'Amplepuis, les premiers pas sont ordinairement la colonne du désert.
J'écris à votre soeur qu'elle sera reçue; qu'elle aille voir la Soeur Calamant, paroisse Saint-Jean.
Nous espérons entrer en notre nouveau Cénacle le Jeudi-Saint.
Que le Bon Dieu est bon! sa divine Providence ordonne et dispose toutes choses comme une bonne et vigilante mère.
Priez pour moi; je n'ose pas dire que je souffre, non, mais je sens qu'entraîné et tiraillé de tous côtés et par mille volontés plus ou moins eucharistiques, j'ai besoin de me tenir tout uni en la vie et vérité de Jésus.
Allons! vous êtes trop silencieuse et presque paresseuse. Je prie bien pour vos enfants et votre mari.
Soyez toujours l'adoratrice en Jésus; c'est bon!
Tout à vous.
EYMARD, S.
(*) Cette formule est lithographiée.
Tout pour l'amour et la gloire de Jésus-Hostie.
Paris, 23 Mars 1858.
Bonne fille,
Avec quinze ouvriers sur les bras, des retraitants, mille choses, vous m'excuserez de ne vous avoir pas écrit. J'en avais bien le besoin, car je comprends quel calvaire est le vôtre, et souffrante, combien ce qui vous environne doit augmenter votre couronne d'épines. Pauvre fille! Il faut bien gagner votre alliance et votre titre de noblesse; la souffrance est le sang de l'amour divin, c'est l'agonie et la mort de cette pauvre nature.
Souffrez bien avec Notre-Seigneur; plus tard, vous en serez bien contente et bienheureuse....
Soyez forte dans votre détermination. Laissez crier, pleurer, tempêter; tout cela ne vient pas de Dieu, mais de la nature. Ne faites point de concessions, à moins du cas de maladie grave; dites toujours que vous viendrez au mois de mai, que c'est une chose définie, et quand on vous en parlera, renvoyez-les à moi.
Le bon Dieu décidera le jour, si c'est au commencement ou à la fin; mais vous, tenez au plus tôt; puis on s'arrangera et on finira par se rendre.
Je prie bien pour vous toutes. Dites à Mlle Claudine que je suis content d'elle.
Tout va bien ici.
Je vous écrirai quelque chose au sujet de Mr Bouillon, et vous enverrai le plan des religieuses du T. S. Sacrement. Ce bon Monsieur est prudent et fait bien; mais ce que Jésus veut se fera. Qu'elle ait confiance, cette bonne Demoiselle, son affaire va bien.
Tout à vous en Notre-Seigneur.
EYMARD.
Tout pour l'amour de Jésus-Hostie1
Paris, 2 Avril 1858.
BIEN CHERES SOEURS,
Tous les matins je me propose de vous écrire et j'arrive toujours au soir sans l'avoir fait; aujourd'hui je m'arrache à tout pour que ma lettre vous arrive le saint jour de Pâques et vous annonce que l'achat de notre maison est définitif, que nous y entrons demain au soir et que le saint jour de Pâques nous bénirons notre jolie chapelle. Je dirai la sainte Messe de l'exposition à moitié pour vous et pour moi. Ce qui m'a retardé, c'est que depuis un mois nous avons quinze ouvriers à guider, à surveiller, et pour cela nous n'avons pas un moment de libre. Ajoutez à cela notre exposition à continuer, mille choses nouvelles à faire, et, chose incroyable, je me porte bien. Nous avons fait maigre tout le Carême et je ne m'en suis pas mal trouvé. Je n'ai pas le temps de dormir, et cependant je n'ai plus la migraine. Comme le Bon Dieu est bon! remerciez-le bien pour moi.
Nous sommes huit maintenant - tout va bien - Dieu nous a bien aidé dans cette affaire; nous voilà enfin chez nous, ou plutôt chez Notre-Seigneur, car les serviteurs demeurent chez leur Maître.
Je vous écrirai sous peu un peu plus au long, car je crains de manquer la poste.
Tout à vous.
Votre frère.
EYMARD, S. S. S.
CHERE SOEUR,
Je viens de lire maintenant votre lettre. Je mérite bien que vous me grondiez, vous me pardonnerez bien encore.
J'écrirai à Mr le Curé sous peu. Si vous saviez ce que c'est que la vie de Paris! on n'a pas le temps de respirer, surtout nous, au commencement d'une si grande fondation.
Je fais ce que je puis pour Mr Guétat, j'espère que tout réussira, dites-lui bonjour. L'affaire Bethoux sera plus difficile, mais espérons.
Paris, 8 Avril 1858.
Au sujet des Dames je ne puis vous dire le moment de leur départ, j'attends l'ordre de Dieu; cela, je l'espère, ne sera pas long.
Nous allons faire bâtir une petite maison à côté de l'autre; c'est ce qui me fait tarder; ce sera l'affaire d'un mois.
Pour vous et votre soeur, et à la rigueur cette bonne... on pourra vous recevoir; mais je voudrais vous caser ici vers le milieu ou la fin de mai, alors que tout serait fini.
Le P. Bruneau s'est centuplé. C'est lui qui a tout exécuté; c'est un homme de tête et de résolution, bien autrement organisé: à chacun son lot.
Adieu, bonne fille. Ecrivez bien au long sur le voyage d'Ars. Ne me parlez donc pas de vos misères; ce sont des grâces. Pour moi, plus vous serez misérable et rien, plus vous serez grande devant Dieu et chère à mon coeur.
Tout à vous.
EYMARD.
Mademoiselle Guillot Marguerite,
17 Rue du Juge de Paix, Fourvière,
Lyon.
Tout pour l'amour et la gloire de Jésus-Hostie.
Paris, 14 Avril 1858.
Bien chère fille,
Ne soyez pas trop en peine de moi, ni de mes petites croix: ce sont des lumières et des grâces. Notre pauvre nature en tombant entre les mains de Jésus, a toujours peur de tout, et veut s'accrocher à toutes les broussailles qui se rencontrent et qui lui viennent à la main.
Il paraît que le bon Maître me veut bien libre de tout et de toute créature et qu'il veut être mon seul bien et ma seule force; je ne puis désirer plus.
Oui, ils viendront tous les deux, ces pauvres enfants, et ils seront religieux malgré tous les obstacles apparents; c'est du moins ma confiance.
Mr Richard viendra avec vous, soit. C'est ce qu'il y a de plus facile. Je vous demande si Mr Richard ne pourrait pas venir avant; j'aimerais mieux, afin de le mettre de suite dans notre maison... (Quatre lignes effacées) .........
voilà les pensées qui me préoccupent depuis longtemps... (deux lignes et demie effacées) ...
Je dis vos messes. Notre installation se fait avec lenteur. Nous venons de recevoir hier un prêtre novice que je connaissais. Il est vieux: 58 ans. Si Notre-Seigneur le veut, c'est bien. Un frère jardinier nous quitte: l'argent et la pauvre nature l'ont tenté. Que Dieu soit béni! Un autre viendra. Merci de vos bonnes pensées sur la maison à bâtir: j'en profiterai; désormais je ne montrerai plus vos lettres.... à moins que vous me disiez de le faire.
Je vais bien malgré tout. - Croyez-moi en Notre-Seigneur,
Tout vôtre.
EYD.
P. S. - J'ai été bien satisfait du voyage d'Ars... (Trois lignes effacées) ...
Tout pour l'amour de Jésus-Hostie.
Paris, fg St-Jacques, 68, le 23 Avril 1858.
Bien chère fille,
Je compte les jours et ils me paraissent longs.
Je désire voir finir vos épreuves, vos soupirs et vos souffrances. Je sens que vous êtes sur un dur calvaire, mais c'est la vie par la mort: c'est la grâce de vocation qui s'épure et se fortifie. Souffrez bien en Notre-Seigneur et dégagez bien votre âme de tout le créé et le terrestre.
Ne voyez que Jésus seul, qui va être votre bien, votre centre et votre pain.
Toutes les épreuves me font du bien; tout marche ici, tous ont bonne volonté: la grâce fera le reste.
Mme D. C. vous voit venir avec le plus grand plaisir, et la joie la plus cordiale; elle ne cesse de m'en parler. C'est pour elle un jour de fête. Ainsi là-dessus point de tentations, ni de craintes; elle est devenue si intérieure, si humble et si bonne! Dieu lui a fait de grandes grâces, et surtout un grand honneur de l'avoir mise à la première souffrance. Dites bien à votre chère soeur que tout sera bon et saint.
Les Pères ne vous en parlent pas, parce qu'ils se voient peu. ... (Sept lignes et demie effacées) ...
Que Mlle B. prenne patience et qu'elle sache bien que jamais je [ne] la recevrai sans le consentement de ses parents; elle a des peines, c'est bon signe. Qu'elle prie et demande la liberté à Notre-Seigneur; mais il paraît que son heure n'a pas encore sonné.
Votre maison s'avance; il me tarde de la voir finie et de vous y voir toutes.
Oui, tout est réglé pour...; qu'elle se prépare avec vous.
Je vous bénis toutes.
Tout à vous en Notre-Seigneur.
EYD.
P. S. - Le P. Brun., qui est devenu un quêteur, me prie de vous dire de lui apporter une rame de papier à lettres, des plumes et des enveloppes et une rame de papier écolier.
Vous me ferez grand plaisir .... (Trois lignes effacées) .....................................
Paris, Faubourg Saint-Jacques 68, le 23 Avril 1858.
MADAME ET BIEN CHERE SOEUR EN N.-S.,
Aujourd'hui, 23, j'ai commencé la neuvaine de votre chère fille; je la continuerai jusqu'au 1er mai, et demanderai instamment à Notre-Seigneur, par sa Très Sainte Mère, un enfant de bénédiction. Dieu nous exaucera, car c'est bien pour sa gloire.
Nous voilà chez Notre-Seigneur, dans une grande maison, avec une jolie chapelle et un beau jardin: voyez comme le bon Maître traite ses pauvres serviteurs!
Depuis près de deux mois nous avons les ouvriers; le temps me dure que toutes les réparations soient finies; nous avons commencé par loger le Maître.
Est-ce que vous ne viendrez pas à Paris cette année? j'aimerais bien a vous montrer nos petits travaux.
Que Dieu bénisse vos vers à soie; il y a si longtemps qu'il vous a éprouvée là-dessus.
Oui! soyons bien un en Notre-Seigneur, tout unis en son esprit et sa divine charité. Recevez les croix comme les changements de temps, et soyez en paix avec la grâce de Dieu.
Donnez-moi de vos nouvelles; vous savez combien j'y tiens, vous mon aînée en Dieu.
Tout à vous en N.-S.
EYMARD, S. S. S.
Tout pour l'amour et la gloire de Jésus-Hostie.
Faubourg Saint-Jacques, 68, 2 Mai 1858.
Bien cher ami,
J'ai été et suis toujours bien sensible à votre bon souvenir et à votre bonne amitié, et je vous les rends avec bonheur. Que je remercie le Bon Dieu de vous avoir donné une si bonne et si pieuse compagne! Oh! oui, je l'ai bien bénie, elle et son fruit, afin qu'il soit béni en toutes les grâces et bénédictions de Notre-Seigneur. Et vous aussi, soyez béni, cher ami, en son saint amour! Ne vous laissez pas troubler, ni captiver par les soucis et les peines de cet exil; le soleil s'incline vers son beau couchant, la vie passe comme les biens; mais le service de Dieu demeure. Oh! oui, servez-le bien, ce bon Maître, et il vous dira: Entrez dans la joie de votre Seigneur.
Je suis toujours bien heureux de mon état; il est si beau! Je ne le méritais pas. - Je n'ai encore point de Lyonnais avec moi, et cependant je les aime bien; leur jour viendra.
Adieu, cher ami, soyons toujours unis en la divine charité de Notre-Seigneur.
Tout à vous.
EYMARD.
Tout pour l'amour et la gloire de Jésus-Hostie.
Paris, 5 Mai 1858.
Bien chère fille,
Comme je souffre de vous sentir sur une si dure croix! Que Notre-Seigneur vous aide et vous fortifie en sa sainte dilection! car la pauvre nature est bien agonisante et le pauvre coeur bien triste et éprouvé. Je remercie le bon Maître de vous rendre forte en votre résolution et détermination. Soyez-le bien, et pour quoi que ce soit, ni pour larmes, ni pour la consolation naturelle, ne vous laissez pas lier ni ébranler. Soyez forte comme Jésus allant à la croix, comme Abraham avec Isaac, comme votre divine Mère.
Vos douleurs et vos larmes de coeur sont les fleurs du beau calvaire de l'amour: vous les cueillerez un jour avec joie.
Oui, bonne fille, le Bon Maître vous veut à son service, et c'est pour cela que sa divine Providence a tout disposé pour vous rendre à votre liberté et venir dans son saint Cénacle.
Ce petit Cénacle s'avance; dans quinze jours, je l'espère, tout sera net et prêt à vous recevoir; quand je pense à tout cela, j'en suis tout étonné, et surtout je ne puis m'empêcher d'y voir là le doigt de Dieu. Vous verrez que Dieu vous a bien aimée en vous appelant à une si belle vocation.
Dites à Mr Richard de ne pas tant se tourmenter pour sa pièce. Il vaut mieux qu'il prenne quelques jours de plus. Je crains qu'il ne tombe malade de fatigue, et puis il vaut mieux qu'il se repose un jour ou deux s'il est fatigué.
Le P. Bruneau part demain soir pour Lyon à dix heures et demie, et arrivera vendredi dans l'après-midi.
Ce voyage lui fera du bien. Il a bien travaillé; ce sera un petit délassement. J'ai été bien satisfait de tout ce qu'il a fait; il a de la tête, de la force dans l'action; je ne l'aurais pas cru si habile et si généreux. Dieu le lui rendra. Vous vous entendrez avec lui; il vous fera un peu de bien et vous lui en ferez aussi.
Mme Richard doit être bien contente de voir ses désirs et ses voeux sur le point de s'exécuter; le bon Dieu l'aime bien, car c'est une grande grâce.
J'ai dit votre messe ce matin et j'ai bien prié pour vous toutes.
Je dirai vendredi celle de Mlle Billard; voilà une âme que je voudrais voir toute au Saint Sacrement.
Ecrivez-moi souvent, bonne fille; je souffre avec vous et votre chère soeur à qui je vous prie de dire tout ce que je vous écris.
Tout à vous en Jésus-Christ.
EYD.
P. S. - Mes respectueux et dévoués souvenirs à Mad...
Tous les jours je prie bien pour elle et son mari.
Mademoiselle Guillot Marguerite,
17 Rue du Juge de Paix, Fourvière.
Lyon.
An Mariette Guillot
Tout pour l'amour de Jésus-Hostie.
Paris, 5 Mai 1858.
CHERE FILLE EN N.-S.,
Je suis bien paresseux, n'est-ce pas, pour vous dire un petit mot? Hélas! je me trouve si accablé de personnes et de choses en ce moment, qu'à peine si j'ai le temps de respirer. Je partage bien vos peines, chère fille; en ce moment, vous êtes bien sur la croix: votre tante malade, vos soeurs qui se préparent à venir à Paris, les petits crucifiements de la maison. - Soyez forte en ce moment, et ne vous laissez pas décourager, Dieu vous viendra en aide. Vos deux soeurs viennent vous préparer votre place; il faut regarder cela comme une grâce et un sacrifice du moment que le Bon Dieu veut, ce dont vous le bénirez un jour.
Dieu se plaît quelquefois à éprouver jusqu'à l'agonie, puis il relève aussitôt. Ne vous inquiétez pas ... ................. je serai toujours votre père, ainsi qu'à vos soeurs.
Calmez un peu votre bonne soeur Jenny, elle doit être dans une grande peine ... de coeur ...................................................
Je suis en sa divine charité, bonne fille, toujours tout à vous.
EYMARD.
9 Mai.
Madame,
Merci de votre lettre, j'en ai béni Dieu; le démon enrage, mais Dieu triomphe! voyez comme elle est bonne et prévoyante, cette divine Providence! qu'elle est maternelle! Abandonnez-vous bien à ses soins et laissez tout ordonner, tout faire. Dormez tranquille, Dieu veille pour vous et sur vous. Je vous envoie une lettre à moi adressée. Soignez-vous bien et faites bien vos remèdes. Quand vous verrai-je?
Toujours aux pieds de Notre-Seigneur.
Paris, Faubourg ..., 11 Mai 1858.
Madame,
J'ai oublié hier de vous prier de m'envoyer une lettre pour Madame votre mère, que le P. Bruneau lui portera. Il désire la voir, cette bonne mère, sa fille spirituelle, et lui faire un peu de bien si elle en a besoin. Il est encore pour huit jours à Lyon.
J'ai bien regretté hier d'avoir eu si peu de temps, le Bon Dieu en a disposé autrement; une autre fois, ce sera mieux; et, quand vous aurez le temps, vous me le direz.
C'est jeudi, fête de l'Ascension, que nous avons été approuvés, 13 mai. Bénissez Dieu avec nous et remerciez-le pour nous. Quel heureux [jour] pour nous! Que de grâces en sont découlées! Quelle maternelle providence nous a protégés et guidés dans une oeuvre si difficile et si impossible selon la marche ordinaire des choses! Oh! oui, c'est pour moi une grâce telle que je ne puis y penser sans être ému, surtout quand je vois le choix que Notre-Seigneur a fait de si pauvres et de si misérables instruments, sans ressources, sans protections, sans être connus à Paris; puis, voir toutes les difficultés disparaître, tous les secours venir à l'heure de leur besoin! Oh! oui, le doigt de Dieu est là; mais, comme je dois craindre d'être infidèle et ingrat! Priez bien que je ne le sois jamais.
Je vous bénis en N.-S.
EYMARD.
A Monsieur Bethoux, Facteur, La Mure.
Tout pour l'amour et la gloire de Jésus-Hostie (2)
Paris fg S.Jacques 6, Le 14 mai 1858
Cher Monsieur Bethoux,
Je vous envoie ci-joint la lettre que je viens de recevoir du Ministère des Finances; j'ai là une bonne connaissance, un chef de division, M.Cavalier, qui y a mis beaucoup de complaisance et d'autres m'avaient découragé.
Ce bon Monsieur m'a fait demander si vous n'auriez pas des notes plus positives, des renseignements plus explicites, je l'ai prié de remonter ses recherches jusqu'à 1801 - je ne sais si la chose amènera quelques résultats plus satisfaisants.
Je serais si heureux de vous être utile! disposez de moi et faites bien un compliment au bon P.Pellat.
Tout à vous en J.C.
Eymard.
M.Betthoux facteur des lettres
La Mure d'Isère.
Tout pour l'amour et la gloire de Jésus-Hostie.
Paris, 15 Mai 1858.
Bonne fille,
Voilà donc ce grand moment qui s'approche, cette heure solennelle du sacrifice, l'agonie, la mort, puis la vie, et la vie eucharistique. Voyez, bonne fille, comme Notre-Seigneur a tout disposé, tout arrangé, tout fait: vous êtes libre, les plus grandes difficultés ont disparu comme un nuage léger, vous venez près de nous partager notre grâce, notre vie, notre bonheur et aussi nos croix; car où Jésus demeure il y a toujours sa bonne et aimable croix: c'est le bâton de voyage du chrétien, c'est son épée du combat, c'est son sceptre et sa couronne. Oh! oui, aimer Dieu, c'est souffrir pour lui; l'aimer beaucoup, c'est vouloir souffrir beaucoup; l'aimer parfaitement, c'est mourir pour lui. Eh bien! nous cheminerons ensemble à la suite du divin Maître. Nous nous aiderons à porter nos petites croix, à aimer et servir Notre-Seigneur comme il le mérite.
Oh! oui, vous serez bienheureuse un jour d'avoir souffert, d'avoir eu le coeur transpercé, âme broyée, le corps crucifié.
Lundi, Mr Richard est arrivé; je l'ai trouvé bien disposé, J'espère qu'il fera un bon frère. Il est plein d'humilité et de bonne volonté.
Je viens de le promener un peu dans Paris; cela lui a fait plaisir. Il a fait bon voyage et est très content.
Pour vous, venez avec le P. Bruneau le lundi ou le mardi de la semaine prochaine, car nous comptons commencer notre retraite le jeudi de la semaine de la Pentecôte pour la finir le jour de la Fête-Dieu. Ne vous inquiétez donc pas comment; si vous dérangez? - du tout; au contraire, ce sera un plaisir de vous recevoir.
Si la maison est finie, vous viendrez ici; sinon, vous irez chez ces bonnes Dames; mais j'espère que vous serez casées près de nous.
La poste part.
Tout à vous
EYD.
Tout pour l'amour et la gloire de Jésus-Hostie.
Paris, 21 Mai 1858.
Chère fille,
Je vous envoie la lettre du Mr Richard à sa soeur en Jésus-Christ. Je suis toujours bien content de lui, et je vois que ce sera un bon religieux, simple et droit.
Dieu l'y a préparé depuis longtemps. Comme la miséricorde de Dieu est admirable dans ses voies! OU elle va chercher ses favoris!
Je vous attends donc mardi. Il faudra débarquer vers le bon Maître exposé chez nous; il est juste qu'il ait la première visite. D'ici, vous irez rue Cassini 18, car je ne crois pas que le nouveau Cénacle soit tout prêt mardi; mais vous laisserez chez nous vos effets.
J'arrangerai tout le reste.
Le bon P. Champion vous dit d'être très tranquille sur la dette que vous doutez d'avoir acquittée; et moi aussi je vous dis: vous ne devez rien.
Veuillez dire au bon et cher P. Bruneau combien j'ai souffert de le sentir malade et que toute la communauté prie pour lui. Je suis heureux de le sentir près de vous; il vous rendra ce que vous lui avez fait. Allons, mes bonnes filles, on ne fait qu'une fois en sa vie ce grand sacrifice de toute sa terre, de sa maison, de son champ, de ses frères et soeurs; mais il faut bien le faire pour l'amour de Notre-Seigneur: c'est l'acte d'amour parfait, il vaut le martyre, puis on est si heureux d'avoir tout donné! Remettez bien tout entre les mains de Notre-Seigneur: vos soeurs, votre tante, vos affaires. Il aura soin de tout: mais vous, faites comme Abraham, comme Marie: venez où Dieu vous appelle; car la terre de la vision vaut mieux que la terre des ténèbres.
Ma bénédiction à toutes.
EYD.
P. S. - J'attends encore une lettre de vous. Je désire que le P. Bruneau apporte encore des ceintures, car mon désir est que tout le monde porte des ceintures longues, et non ces ceinturons qui paraissent être un effet d'économie et de malpropreté.
Faubourg S.-Jacques, 68, 6 Juin 1858.
CHERE FILLE EN JESUS,
Que je m'en veux de vous avoir laissée si longtemps sans réponse! Je me plaignais de votre silence, et voilà que je suis devenu plus coupable! J'aurais bien quelque droit à votre indulgente charité!
Nous venons seulement de faire notre retraite annuelle de huit jours, et qui a été clôturée le saint jour de la Fête-Dieu; puis mes douze ouvriers qui m'accablent, etc., etc.
Mais ici nous concilierons tout. - Je vous conseille d'aller prendre vos eaux d'abord, puis, à votre retour, nous vous recevrons en retraite: les jours sont favorables, puis je serai plus libre.
Quant à la proposition officieuse que vous me faites de cette petite retraite eucharistique je serais enchanté de commencer par Nantes; ainsi vous pouvez compter sur moi, autant que le peut permettre la pauvre nature humaine. Là nous compléterons ce que nous avons commencé à Paris avec vous.
Nous avons eu bien des consolations pendant notre retraite, nous étions douze: sept prêtres et cinq frères; quelques-uns étaient venus examiner leur vocation, deux prêtres entre autres. - Voyez comme Notre-Seigneur est bon! J'avais désir, ce petit nombre, et sa bonté nous l'a envoyé! Oh! oui, on gagne tout au service eucharistique de Notre-Seigneur; on dirait qu'Il ne se contente plus du centuple, que ce n'est pas assez pour son coeur. Je vois des marques toujours plus sensibles de sa divine Providence pour nous. Si au moins nous le servions avec beaucoup de ferveur et de générosité!
Je suis très heureux, bonne fille, de vous voir devenir eucharistique dans votre zèle comme dans votre vie. Voilà désormais votre centre et votre mission, vous ne pouvez en avoir de plus belle! Aussi, pour vous tenir mon dévouement entier, je veux que vous soyez la première Tertiaire du Très Saint Sacrement. Je vous bénis et suis en Notre-Seigneur,
Bonne soeur et fille en N.-S.,
Tout à vous.
EYMARD, S. S. S.
P.-S. Je regrette de ne pouvoir voir cette bonne amie que vous avez à Versailles; je pense que le meilleur moyen sera d'aller une après-dîner la voir chez elle.
Paris, 18 Juin 1858.
Bon Père,
Je vous ai promis de nos nouvelles, tout en attendant des vôtres.
La retraite des Dames a été terminée hier soir. J'espère que le Bon Dieu la bénira, car on a bien souffert: c'est la retraite de la mort. Je me reprocherais presque d'avoir été trop fort; la conclusion est que Mlle Guillot fera l'essai; sa soeur, après bien des épreuves, désire le faire aussi. Ces demoiselles ont été bien éprouvées par leur position actuelle, la maladie, leurs soeurs de Lyon, etc.
Aussi Dieu fait son oeuvre par la souffrance et la mort à soi et à tout.
Mme Duhaut-Cilly et ses compagnes sont bien, elles ont fait de beaux sacrifices.
Je n'ai rien de nouveau, ici tout va à l'ordinaire. Ce matin le P. Bruneau n'a pas dit la Ste Messe, ses mains sont gonflées par le sang (maladie ordinaire).
Mr Mathon est tout fier d'être votre second, il est plein de bonne volonté, et s'il pouvait croire qu'il est très utile, il serait à merveille, il ne parle pas de sa maladie.
Mr Courtois est encore ici. Il attend une réponse du dehors, car pour moi je ne puis le recevoir postulant, avec un régime si spécial, je le lui ai dit. Il est bien pieux et paraît aimer l'Oeuvre et nos exercices.
Je prie bien pour vous, cher Père, pour votre voyage, pour votre famille, que tout s'arrange et que tout tourne au plus grand bien.
Ayez soin de votre santé, prenez quelques bains de mer; il vaut mieux, puisque vous êtes près de la mer, y rester quelques jours de plus, et en profiter pour le meilleur service de notre Roi.
Mr Carrier va bien et travaille, il vous languit.
De vos nouvelles, s. v. p.
Mille amitiés au bon Père Brunello.
Tout vôtre en N. S.
EYMARD, S. S. S.
Paris, 19 Juin 1858.
Bien cher confrère,
J'ai reçu votre lettre ce matin, j'ai pris quelques heures de prière pour vous répondre.
J'ai commencé par l'action de grâces, car l'offre que le saint Evêque de Marseille nous fait pour l'Oeuvre eucharistique m'a bien touché.
Voyez comme Notre Seigneur est bon! C'était par Marseille que nous voulions commencer, par cette maison des Minimes, et voilà que tout semble s'arranger pour y faire la première fondation.
J'aime Marseille, c'est ma première ville, j'aimerais commencer par elle.
Examinez si l'offre de la Maison des Minimes est sérieuse; est-ce un don pour l'Oeuvre eucharistique?
Ce don, dont vous me parlez, ne serait-il pas seulement une proposition d'achat? dans ce cas, et si les fonds dont vous parlez ne sont qu'une espérance, j'ajournerais ce projet, car je ne veux pas me mettre dans les dettes.
Si c'est un don purement et simplement pour l'Oeuvre et avec la bénédiction de Monseigneur, dans cette hypothèse, j'y vois le doigt de Dieu, alors je vous autorise à accepter. Les Pères sont de mon avis. Je serais vraiment heureux de redevenir l'enfant de ce bon et si pieux Evêque.
Voici maintenant une autre proposition arrivée un jour avant votre lettre.
Un prêtre d'Arras, que je connais, m'écrit la lettre suivante:
T. R. Père,
"Je suis chargé de vous demander si vous pourriez dans un an, ou à peu près, faire une fondation dans notre diocèse et à quelles conditions.
"On vous offrirait un ancien couvent avec chapelle, grand jardin; ici il vous serait facile de recevoir des sujets, car le terrain est bon et Monseigneur favoriserait les vocations religieuses, etc., etc.
"J'ai lieu de croire que la fondation, qui vous est offerte, présenterait d'autres avantages encore et non moins importants.
"Je vous serai reconnaissant de me répondre au plus tôt..."
Ainsi bon Père, vous le voyez, Mgr. Parisis est là qui nous appelle, faut-il préférer le midi, ou tendre les deux bras?...
Mr Courtois a pris son parti, il reste, tout est réglé.
Un prêtre s'est présenté, il examine, la poste part.
Tout à vous en N. S.
EYMARD, Sup. S. S.
Paris fg St. Jacq. 68, 20 juin
Très Révérende Mère,
La personne qui vous remettra cette lettre est une Demoiselle anglaise de très bonne famille, convertie à la foi catholique depuis quelque temps, elle désirerait passer quelques semaines dans votre Ste maison: elle est obligée de quitter la dame anglaise chez qui elle demeurait.
Si elle avait vocation religieuse elle pourrait vous être très utile pour les retraitantes anglaises - car il paraît qu'elle a reçue /sic/ une brillante éducation.
Je prie pour vous, ma bonne Mère et je suis en N.S.
tout à vous.
Eymard
/ajouté au crayon/ J'irai vous voir demain.
Paris, 9 Juillet 1858.
Je suis toujours le même paresseux, chère fille; excusez-moi. C'est vrai que j'ai été surchargé; mais pour vous donner un moment bien libre, je suis resté jusqu'à ce jour.
Oui, oui, je vous donnerai tous mes moments libres, vous pouvez venir. Il faudrait vous loger auprès de nous, si c'était possible; sinon, chez les Dames de la Retraite. Vous viendrez ici et j'irai vers vous; nous arrangerons tout. Venez, bonne fille.
Tout à vous en N.-S.
[EYMARD.]