SORTIE
DES KOMMANDOS Mauthausen était le centre d'une plaque tournante où gravitaient soixante neuf kommandos qui se trouvaient en Autriche. Après un stage dit de «quarantaine», où selon l'affluence des arrivages, les détenus étaient envoyés en kommandos. Un matin, le chef de bloc, suivi de son secrétaire, liste en in main, faisait l'appel d'un certain nombre d'entra nous (appel numérique, car nous étions devenus des numéros). Ainsi choisis, nous sommaI douchés, habillés de vêtements rayés et prêts à partir en «transports» vers une destination inconnue. Des nome de villes sont prononcés, mais nul ne sait l'endroit où nous allons. Après avoir été rassemblés sur la place d'appel, passés en revue par les SS, par rang de cinq, comme à l'habitude, comptés, recomptés, nous faisons face à la sortie du campo. A gauche, la cheminée du crématoire crache sana arrêt sa fumée noire, empestant la chair brûlée. Des soldats en arma viennent nous encadrer. Des sous officiers, accompagnés de chiens policiers, nous prennent en charge, puis le grand portail s'ouvre. Un ordre bref et la colonne scande sa marche au rythme des semelles de bois et, les bras raidis le long du corps, la tête nue, nous sommes comptés une fois de plus en passant le corps de garde. La plupart d'entra nous ne reverront jamais ce spectacle. Au camp, il restait quand même un grand nombre de détenus. Ils avaient une affectation définitive à un kommando de travail, soit extérieur, soit intérieur, en particulier la carrière qui dévorait la majeure partie de l'effectif. Deux fois par jour, comme les automates, marquant le pas, par rang de cinq, ils franchissaient ce grand portail sous les regards menaçants des SS qui contrôlaient leur entrée et leur sortie. |