indietro  4. Dalla stazione al campo  avanti

DE LA GARE... AU CAMP ...

Le convoi immobilisé, les lourdes portes des wagons sont déverrouillées et glissent sur leur rail. Nous sommes dans une petite gare semblable à celles de nos provinces et nous pouvons lire sur une plaque «MAUTHAUSEN». Ce fut la dernière gare pour beaucoup d'entra nous. Le premier contact avec nos geôliers, tous SS, fut des plus rudes, sous les regards indifférents de quelques voyageurs attendant leur train. Les vêtements sortis du wagon spécial sont jetés sur le sol. Chacun, au passage, doit ramasser de quoi se vêtir, sous les coups des SS, hurlant et frappant à tour de bras; il n'est pas question de retrouver ses propres affaires. Par rang de cinq, la colonne est formée. Un ordre en allemand, et la longue file se met en marche, encadrée par des soldats prêts à faire feu, et accompagnés par les aboiements des chiens dressés à mordre. Nous traversons le village: quelques habitants indifférents regardent passer l'interminable colonne. En sortant du bourg, nous apercevons un chemin creux qui escalade la colline. Une halte est ordonnée pour nous permettre de souffler. Un SS nous donne les derniers avertissements qui furent traduits par un interprète. «Tout homme qui ne pourra pas suivre sera abattu. Toute évasion est impossible. Celui qui tentera de s'enfuir sera rattrapé par les chiens et dévoré vivant ». Un cri guttural et nous repartons. Cette fois l’allure est accélérée. Le chemin, très mauvais, transforme notre course en calvaire. Suant, soufflant sous les invectives ordurières de nos gardes du corps, les plus solides aident les plus faibles. Ceux qui ne peuvent suivre et qui tombent sur le bas-côté sont abattus. Après environ cinq kilomètres de course folle, on débouche sur ce plateau, et nous apercevons cette forteresse, toute illuminée, nantie de hautes cheminées, d'où s'échappe une fumée noire ; une, en particulier, vomit des flammes: c'est celle du crématoire. Nous franchissons le grand portail encadré de miradors. Nous comprenons qua tout espoir s'arrête là.