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LA FOUILLE

De temps à autre, les SS fouillaient les détenus, soit par brimade, soit pour voir si ceux-ci n'avaient pas sur eux un objet interdite Cela avait lieu le plus souvent au retour du travail. Au passage des kommandos, un groupe était désigné au hasard. Il devait se tenir à l'écart et là; bien encadré par les kapos, les détenus devaient se déshabiller complètement et attendre dans l'immobilité la plus complète la venue des SS. Cette attente durait parfois des heures, et par n'importa quel temps. Sur un ordre, les kapos fouillaient chaque paquet de hardes déposé devant nous. Un cri de joie s'élevait lorsqu'une de ces brutes avait trouvé quelque chose d'insolite: un minuscule couteau taillé dans le manche d'une cuillère, des chiffons, une chemise supplémentaire ou bien des feuille  de caoutchouc pour mettre sous les claquettes, etc. Ces infractions étaient punies sur-le-champ par vingt-cinq coups de schlague ou plus, sous le regard amusé des SS. La victime était allongée sur un tabouret et recevait les coups donnés à toute volée par un kapo, qu'elle comptait en allemand à voix haute. Les hurlements de douleur ne faisaient qu'activer la force du bras qui frappait. Même si le corps ne bougeait plus, les coups étaient assénés jusqu'au compte final. Nous restions debout, immobiles, témoins horrifiés. Nul ne saura le nombre de ceux qui sont morts pendant ses séances de flagellation ou à la suite des coups reçus. La fouille représentait un acte de plus vers la déchéance humaine voulue et organisée.