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DISTRIBUTION DE LA SOUPE

Midi. A la sirène ou au sifflet, le travail s'arrête. Les bouteillons sont là, venant du campo. Nous nous précipitons, retrouvant la force de nous bousculer pour avoir une bonne place, sur un rang, face au bouteillon rempli d'un liquide fumant, acre et sana saveur où nagent quelques rutabagas ou d'innombrables légumes déshydratés donnant la nausée. Un à un, nous défilons devant le kapo qui tient bien en main une louche d'une contenance d'un litre. Tête nue, nous devons présenter devant lui, les bras tendus, notre gamelle. D'un geste d'automate, il brasse ce liquide, nous versa la ration dans la gamelle, puis nous allons ingurgiter à petites gorgées ce breuvage révoltant dans un coin de la galerie. Celui qui n'a pas ou qui a perdu sa cuillère doit lapper sa soupe comme un chien. Cet instant, nous l'attendions tous les jours tellement notre faim était grande. Et si nous cherchions à passer les premiers, c'était pour avoir la gamelle disponible au cas où il y aurait un peu de «rab». Alors, le kapo nous rappelait. C'était une véritable ruée autour du bouteillon. C'est à coup de louche sur la tête que nous étions reçus par le kapo, heureux et ravi. Mais, seuls, quelques favorisés désignés par la brute avaient droit à ces suppléments. Il est arrivé de voir cette soupe, malgré nos tiraillements d'estomac causés par la faim, revenir intacte dans les bouteillons, parce qu'absolument immangeable. De ce fait, les cas de dysenterie étalent très nombreux. Celui qui était atteint par cette terrible maladie était envoyé dans une partie du block du «revier» appelée la «scheisserei». Le malade entrait là pour une durée maximum de huit jours. Mais la mort avait fait avant son oeuvre. Ce réduit, nous l'avions appelé le «banhoff» ce qui voulait dire: la dernière gare avant le crématoire. Inexorablement, au signal du kapo, le travail reprenait.