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USINES SOUTERRAINES

Le percement de ces galeries se faisait par équipes se relayant toutes les huIt heures. Elles étalent amenées du camp ou du kommando soit à pied soit par train spécial, comme à Gusen Il, où la colline de Saint-Georges était distante de 4 kilomètres. Pour nous rendre aux galeries, nous devions, après avoir débarqué, je vous fais grâce du détail, suivre un petit chemin qui serpentait au milieu de petites maison entourées de jardins. Parfois, un rideau se soulevait et une silhouette que l'on distinguait à peine nous regardait passer. Sitôt arrivés, nous nous engouffrions dans la galerie, nous prenions nos outils et la machine se remettait en marche, dans la poussière rendant l'air irrespirable au milieu du bruit infernal des marteaux -piqueurs, du tapis roulant qui dévidait son long ruban, évacuant le sable et la terre vers la sortie. Dans d'autres galeries qui n'étaient pas pourvues de ces tapis, le sable était enlevé par les wagonnets chargés et tractés par la main-d’œuvre humaine. Fréquemment, les wagonnets déraillaient, soit à cause du mauvais état de la voie, soit dans un virage. Alors, c'était la furie des kapos. Tant que le chariot n'était pas remis sur la voie, les coups pleuvaient sans discontinuer. On ne savait plus qua faire, parer les coups ou remettre le wagonnet sur ses rails. C'était l'enfer. Des kommandos extérieurs, les hommes apportaient les matériaux nécessaires à l'étaiement des galeries, le béton pour en consolider les parois et leur aménagement pour les machines-outils. Pliant sous les coups, hurlant de douleur, les hommes crevaient mais la galerie avançait...