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Nr.2181

An Frau X

Paris 19 juin 1868

Madame et bien chère en N.S.J.C.

Je vous remercie de m'avoir donné de vos nouvelles; vous désirez en avoir des miennes: je vais mieux et me suis remis au service de l'adoration, mes douleurs étant presque finies.

Vous avez donc bien souffert, bonne Dame, la grâce intérieure vous unissait d'autant plus à Dieu que les douleurs extérieures étaient plus grandes.

Que N.S. vous guérisse. Oh, vous faites bien d'aller à Dieu comme il est, bon et aimant. C'est le meilleur et le plus puissant moyen de le servir toujours avec joie; que Dieu vous conserve toujours cette joie du coeur qui adoucit tant de peines et charme tant de douleurs: la joie!

C'est le bonheur de servir un Dieu si bon! la consolation d'être aimé de lui.

Vous avez la dévotion à l'absolution: vous faites bien, - c'est aimer la pureté de l'âme, comme dans le monde on aime la propreté et le luxe extérieurs.

Nous prions tous les jours pour vous, bonne Dame, rendez-le nous dans votre pieuse charité et veuillez me croire en N.S.

Tout à vous.

Eymard.


Nr.2182

An P. Chanuet

Paris, 20 Juin 1868.

Bien cher Père,

Ne m'attendez pas lundi. Je suis retourné ici. Mardi, Madame Maréchal arrivera à St-Chéron à onze heures et demie: envoyez, s'il vous plaît, la voiture.

Je voudrais bien avoir une occasion de vous envoyer de l'argent; si je ne l'ai pas, ce sera pour mardi.

Assurément, c'est un principe premier: sans mortification, pas de vertu; sans esprit de mortification, pas de progrès possibles..... On ne va à la vie spirituelle que par la mort.

Vous avez été inspiré, cher Père, soutenez l'inspiration.

Oh! que vous êtes heureux! que j'envie votre grâce d'être loin et hors du monde!

Tout vôtre en Notre-Seigneur.

EYMARD, p.


Nr.2183

An Frau Maréchal

Paris 22 juin 1868

Bonne Dame,

Je viens tout d'abord vous prier d'excuser mon retard, il a été involontaire. Nous prions sans cesse pour le fruit de bénédiction et le fils de la grâce que Dieu vous a donné.

Ce soir nous commençons une neuvaine au T.S.S. pour votre prompte et entière délivrance.

Dès que cet enfant si désiré sera venu au monde, consacrez-le de suite à la T.S.Vierge. Elle vous le gardera bien. Courage et confiance, bonne Dame, - rappelez-vous les paroles de Jésus, que la joie d'être mère fait oublier les douleurs qui ont précédé l'heureux jour.

Veuillez agréer et faire agréer à Monsieur les sentiments religieux et tout dévoués en N.S.J.C., Madame, de votre humble serviteur.

Eymard.


Nr.2184

An Frau Gourd

A.R.T.E.

Paris, 26 Juin 1868.

Chère fille en N.-S.,

Je viens vous dire un petit bonjour par la Mère. Elle va à Vichy. Sans doute, Notre-Seigneur aurait bien pu la guérir à Angers, mais il a ses desseins de grâce.

Souvent on croit à un but, mais Notre-Seigneur en a un autre plus grand.

Si vous pouviez emmener la Mère aux Thorins pour voir et respirer l'air du Bon Dieu, vous feriez bien.

Si je puis avoir quatre jours libres, j'irai vous faire à toutes une petite visite.

Je vous bénis bien en N.-S.

EYMARD.


Nr.2185

An Fräulein Thomas

A.R.T.E.

Paris, 11 Juillet 1868.

CHERE FILLE EN N.-S.,

Merci de votre petit mot. Je l'attendais de vous.

Assurément vous devez vous attendre aux épines, car l'intérêt personnel apparaît alors souvent dans toute sa force; vous attendrirez les épines au feu de la charité et peut-être les détruirez-vous.

Vous voulez des nouvelles de ma santé vraies. Je souffre des douleurs rhumatismales de goutte, tantôt plus, tantôt moins. Le docteur a dit que cela durerait huit jours; que Dieu en soit béni! Resterez-vous longtemps? Il veut que j'aille à la campagne, ou aux eaux de Néris, etc.

J'ai reçu les 500 fr. de M. Michel. Je me recommande à vos prières; on prie bien mal quand on souffre.

Tout à vous en N.-S.

EYMARD.

Ma soeur va mieux, mais ne sort pas encore.

Peut-être irai-je la voir s'il me faut aller en campagne. Je ne leur en ai rien dit, car je ne suis pas dans l'état de voyager en ce moment.


Nr.2186

An Frau Wwe. Maréchal

(Paris) 12 juillet 1868

.................

Vous voilà grand-mère - diriez-vous que j'en suis content! Ce que le Bon Dieu envoie est bon - bien cultivé il sera très bon!

Je suis tout souffrant d'un rhumatisme goutteux à la main gauche. C'est une petite épine de la vie.


Nr.2187

An Frau Gourd

Paris, 13 Juillet 1868.

Madame et chère fille en N.-S.,

Voici huit jours que je souffre d'un rhumatisme goutteux au bras, c'est ce qui m'a empêché de vous répondre. J'espère aller vous voir mercredi 15 ou le lendemain. Les douleurs sont moins aiguës; mais ne vous mettez pas en frais de rien, car je ne pense pas rester longtemps avec vous, désirant aller voir ma soeur malade.

A bientôt, je vous reste bien uni en N.-S.

EYMARD.

P.-S. - Mes bons souvenirs à la Mère. Je ne lui écris pas, puisque je la verrai et qu'il m'est difficile d'écrire.


Nr.2188

An P. Heinrich Billon

Paris, 14 juillet 1868 (?)

BIEN CHER PERE,

Bonne fête de saint Henri(1) Je vous remercie de la Saint-Pierre! Que Dieu vous accorde toutes les grâces de sainteté et de joie en son saint service.

A plus tard, un peu plus long.

Tout à vous en N.-S.

EYMARD.

Lettre d'obédience.

Le Supérieur de la Société du Très Saint Sacrement (faubourg Saint-Jacques, 68) prie Monsieur l'Aumônier de la Chapelle Expiatoire de permettre au P. Billon, porteur du présent, de célébrer dans la Chapelle.

Paris, 22 Janvier 1866.

EYMARD.


Nr.2189

An Marg. Guillot

Paris, 16 Juillet 1868.

Chère fille,

Je n'ai pu partir aujourd'hui. Je compte partir demain, vendredi, et arriver à Vichy le soir comme vous.

Mes douleurs sont bien supportables; elles m'ôtent la faculté d'écrire.

Mes religieux et dévoués souvenirs à vos soeurs bien chères en Notre-Seigneur.

Tout à vous.

EYMARD.

A Madame Guillot,

Maison Barré,

Rue de la Tour, Vichy (Allier).


Nr.2190

An Fräulein Thomas

Paris, 16 Juillet 1868.

CHERE FILLE EN N.-S.,

Je pars demain, à 9 h. du matin, pour Vichy où je resterai quelques jours, puis j'irai de suite à La Mure; là j'attends de vos nouvelles. Il m'en coûte de partir sans vous bénir et vous installer dans votre nouvel appartement.

Ce matin, tout a été déménagé chez vous; le P. Stafford et le fr. Jean ont tout dirigé et surveillé: tout est fait; rien n'a été cassé; il a fallu une heure et demie pour monter votre piano: il est bien.

Mon rhumatisme est peu de chose le jour; il est un peu ennuyeux la nuit; peut-être le voyage le dissipera-t-il? Si La Mure n'était pas si loin, je vous inviterais à venir voir ma pauvre soeur. Vos prières me suivront.

Je vous bénis comme vous m'êtes unie en N.-S.

EYMARD.


Nr.2191

An Frau Lepage

Orléans, 17 Juillet 1868.

MADAME BIEN CHERE EN N.-S.,

Toujours en retard avec vous! Cela vient d'un voyage, puis d'un rhumatisme aigu au bras gauche que j'ai depuis 12 jours.

Les médecins me forcent de partir. Je vais rester 5 à 6 jours à Vichy, et de là j'irai peut-être à Grenoble; c'est dans mon plan. Or, ce sera pour moi une grande joie d'aller vous voir à Allevard. Ecrivez-moi à Vichy votre jour d'arrivée à Grenoble, maison Barre, rue de la Tour, Vichy (Allier). Si je puis arriver comme vous, je le ferai.

Quant au voyage de la Salette, je crains la montée et la descente, pour votre bon père, à cause de sa hernie. Cependant, si vous y alliez après en revenant?

Vous avez retrouvé le calme et le bonheur au Carmel; que Dieu en soit béni! Rien n'est comparable à cet état de l'âme; aussi faites-en provision.

Je vous laisse en N.-S.

Mes bien religieux sentiments et souvenirs à votre bonne soeur.

Tout à vous en N.-S.

EYMARD.


Nr.2192

An Frau v. Grandville

A R T.

Vichy, 19 Juillet 1868.

MADAME BIEN CHERE EN N.-S.,

Enfin, j'ai de vos nouvelles!

Je vous en remercie, car j'y tiens. On n'oublie pas les premières connaissances de la première heure, et vous étiez à Paris quand nous avons commencé l'oeuvre.

Je vois que vous vous plaignez toujours de vos vieilles misères; il faudra les secouer quand vous le pourrez, car elles rendent le voyage du Ciel plus long et plus pénible, et sans aucun profit pour ce monde.

Il est des vertus qui n'éclosent qu'au dernier soupir: telles sont la mortification, la douceur, la patience et l'abnégation. Donc, tous les jours il faut les arroser, il faut les cultiver à nouveau. Ici la fidélité est la vertu même; se relever, c'est se guérir.

Ne vous découragez jamais, ce serait une ingratitude et un orgueil spirituel; marchez toujours par l'obéissance et la confiance, et vous arriverez au but céleste.

Plus les années se multiplient, plus elles affaiblissent la nature: c'est la mort par degré, il faut s'y résigner! Mais heureusement que le coeur ne vieillit pas; il se rajeunit, au contraire, en héritant de ce que les autres facultés perdent.

Aimez bien Notre-Seigneur. Oui, je prierai bien pour votre pieuse et aimable soeur, afin que le Ciel vous la laisse encore.

Je suis venu ici pour voir des malades; j'ai un rhumatisme goutteux qui m'a fait donner quelques semaines de repos, et d'ici je vais voir ma soeur malade à La Mure d'Isère, et de là à Notre-Dame de la Salette où je ne vous oublierai pas.

Je vous bénis de toute mon âme en N.-S.

EYMARD, Sup.


Nr.2193

An Marianne Eymard

Vichy, 19 Juillet 1868.

BIEN CHERES SOEURS,

J'espère vous arriver vers la fin de cette semaine. Je suis venu voir ici la mère Guillot et d'autres personnes que je connais. Je dois aller à Lyon et j'irai jusqu'à La Mure pour remercier Dieu et Notre-Dame de la Salette de vous avoir guérie, car votre maladie m'avait bien inquiété et j'ai tant prié le Bon Dieu de vous guérir!

Je vais mieux pour mes douleurs de rhumatisme qui, après tout, n'étaient pas sérieuses puisqu'elles couraient d'un membre à un autre; c'est ce qui a obligé les médecins de m'envoyer prendre un peu l'air et de petites vacances.

Je suis très content de pouvoir aller vous voir, chères soeurs; je ne m'attendais pas à cette faveur du Bon Dieu, car j'ai tant de choses qui me retiennent à Paris!

A bientôt donc ! Ne venez pas au-devant de moi, ni ne préparez rien d'avance; quand je serai à Grenoble, je vous enverrai de suite une dépêche pour vous annoncer mon arrivée à La Mure.

Votre frère en N.-S.

EYMARD.


Nr.2194

An P. Stafford

Vichy, 19 Juillet 1868.

BIEN CHER PERE,

Me voici ici, le médecin ne veut pas que je prenne les eaux pour mon rhumatisme goutteux, mais bien d'aller dans nos montagnes.

Je vais partir donc d'ici demain ou après-demain (à La Mure d'Isère). Je vois par plusieurs lettres du F. Aimé, et surtout par sa dernière du 16, que sa tête est malade. Ce qu'il y a de meilleur à faire, c'est de nous l'envoyer à Paris. - Ce serait un malheur s'il venait à perdre la tête. Toutes les lettres les plus fortes ne lui font rien; il se porterait peut-être à des moyens trop pénibles pour revenir; ainsi, renvoyez-le de suite.

J'ai donné des ordres au P. Crépon à Paris pour cela. C'est une épreuve qui nous montre qu'il faut le laisser dans l'état laïque et dans l'humilité. - On l'a trop mis en avant à Saint-Maurice. Le Père Chanuet le reconnaît; c'est une bonne leçon.

Adieu, cher Père; priez pour moi; je vais tâcher d'aller faire ma retraite à mon pèlerinage de grâce à Notre-Dame du Laus, si mon rhumatisme me laisse un peu la paix.

Tout vôtre en N.-S.

EYMARD, S.

P.-S. - Mlle Guillot est ici, bien souffrante, obligée de suspendre son traitement; elle est bien malade. Les dames Gourd y sont aussi.


Nr.2195

An Marianne Eymard

Copie d'une lettre de Madame A. T... envoyée à la soeur du Père Eymard, et à la fin de laquelle le R. Père Eymard a écrit au crayon presque les dernières lignes qu'elles reçurent de lui.

Juillet 1868 ?

J.M.J.

De ma chère solitude.

MA PAUVRE CHERE ET SAINTE SOEUR,

Je viens vous écrire deux mots afin de vous tranquilliser sur notre cher Père. Il n'est ni mort, ni malade, ni indisposé contre vous; seulement, comme il sait que je vous donne de ses nouvelles, il se gêne un peu moins. Je sais bien que pour vous ce n'est pas la même chose, j'en ferais bien tout autant que vous et je conçois parfaitement tout le plaisir que vous avez à recevoir de ses nouvelles; c'est bien naturel et bien juste.

Que le diable est donc malin et fin d'aller vous mettre toutes ces inquiétudes dans l'esprit! Pouvez-vous supposer que notre cher Père, qui vous aime tant, permettrait qu'on lui dise quelque chose contre vous! Si vous aviez vu comme il était triste et peiné à l'annonce de votre maladie, vous n'auriez rien de toutes ces pensées.

Le vrai mot est le manque de temps; il est toujours si occupé! Et puis il a été très souffrant, mais pas malade; il a eu des douleurs rhumatismales qui l'ont beaucoup fatigué et je crois, sans commettre une indiscrétion, pouvoir vous dire qu'il se propose d'aller vous voir. Je suis bien sûre que s'il savait toute la peine que vous vous faites à cause de lui, il en serait bien affligé.

Je vais lui laisser une place dans ma lettre et je ne la mettrai pas à la poste sans qu'il ai mis quelques lignes dessus.

Je suis bien aise d'apprendre que vous allez mieux; reprenez donc du courage et mangez bien afin qu'il vous trouve bien forte quand il arrivera.

Cependant, ne l'attendez pas ces jours-ci parce qu'il doit aller autre part avant d'aller chez vous; et puis, il n'est pas encore parti de Paris, il devait partir aujourd'hui, il en a été empêché. Courage, confiance, et ne doutez plus de l'affection de notre cher et saint Père, cela lui serait trop sensible.

Je prends bien part à l'accident de notre chère Nanette; espérons cependant qu'elle s'alarme à tort lorsqu'elle craint de ne plus pouvoir travailler; dites-moi donc au juste ce qui lui est arrivé. Je vous assure que je prie bien le Bon Dieu pour vous deux tous les jours dans la chère chapelle de l'amour de notre cher Jésus. Priez bien toutes les deux pour le quatrième de mes fils afin que lui aussi aille grossir les rangs de la sainte Société du Très Saint Sacrement; en ce moment il a besoin que l'on prie pour lui d'une manière toute particulière. Pauvre petit! le diable fait bien tout ce qu'il peut pour l'empêcher de suivre la voie à laquelle Dieu l'appelle. Ne manquez pas chaque jour de prier pour lui et pour mon cher zouave.

Ne m'oubliez pas non plus dans vos prières, j'en ai plus besoin que l'on ne pense.

Mlle Thomas n'est pas à Paris en ce moment, elle s'est absentée pendant quelque temps pour aller près d'une tante qui était très malade et qui est morte; du reste elle avait 85 ans; à cet âge il y a peu d'espoir de guérison; elle est revenue quelques jours à Paris et de nouveau elle est repartie pour les affaires de famille, ce qui m'empêchera de lui faire votre commission.

Allons, adieu, mes deux chères saintes âmes; que notre cher Jésus vous dise tout mon amour pour vous! Si je pouvais aller moi-même vous consoler, je vous assure que ce serait bientôt fait, mais le Bon Dieu ne le veut pas, il me veut là à ses pieds; ne dois-je pas m'estimer bien heureuse? Ah! priez-le bien pour moi afin qu'au moins je l'aime un peu ce cher Jésus!

Celle qui vous aime plus que vous ne pouvez l'imaginer et qui vous embrasse bien tendrement toutes les deux. Est-ce que je pourrais faire autrement que de ne pas aimer la soeur de mon cher Père, moi qui ne sais rien faire à moitié !...

A.T.

Ecrit au crayon de la main du Père :

Je vais aller en voyage du côté de Lyon, chères soeurs, je m'arrange de manière à aller vous voir; ce sera vers le 25 de ce mois, mais je vous fixerai le jour.

J'ai eu quelques douleurs de rhumatisme, je vais mieux.

A bientôt, chères soeurs.

EYMARD.


Nr.2196

An die ehrw. Mutter Franziska v. Larochengely

7 9bre

Ma bonne Mère,

Demain après midi, vers les 3 heures j'espère arriver jusqu'à vous, voilà au moins 4 fois que je sorts /sic/ pour aller vous voir et j'ai toujours été arrêté - mai demain je commencerai par vous.

Votre excellent concierge m'a fait un grand sermon pour achever de me décider.

Je suis en N. S.

Bonne Mère

Tout à vous

Eymard.


Nr.2197

A Madame GOURD (Soeur JOSEPH du SS.)

-----CONSEILS SPIRITUELS-----

Communiez, priez, agissez comme la pauvre de Dieu, et Dieu suppléera dans sa miséricorde à ce qui manque.

Que Dieu vous bénisse et mène par la main!

Distinguez bien ce qui vient de Dieu, de la raison, de l'imagination, d'un reste de scrupule ou du démon. - Et jugez chaque chose par se cause et son principe.

Allez à Dieu par tout ce qui se présente, sans vous attacher à rien, sinon à sa Sainte Volonté et à son bon plaisir. L'occasion d'une vertu à pratiquer se présente, profitez-en pour plaire à Dieu; mais n'en faites pas une occupation, c'est une visite d'une messagère céleste, voilà tout.

Concentrez votre vie spirituelle dans votre coeur, dans le désir d'être toute à Dieu. Quant à l'esprit, à l'intelligence, à la mémoire, à la réflexion même, laissez-les à la porte du sanctuaire de l'amour divin. Ne combattez pas directement vos distractions, les évagations de l'imagination. Regardez tout cela comme étranger à votre désir d'aimer et de servir Dieu, et alors n'en étant pas troublée, ni inquiète, le coeur attirera tout doucement toutes ces facultés vers Dieu.


Nr.2198

An Fräul. Stéphanie Gourd

o.D.

A Mademoiselle Stéphanie.

Merci, bonne demoiselle, de votre petit mot sur votre bonne mère; que Dieu vous la rende bien portante!

Et, comme garde-malade, vous en partagez les droits et les peines.

Allez à Dieu par la charité de l'amour divin. C'est la moisson du temps. Soignez-vous un peu, économisant les petits moments pour dormir, besoin si impérieux pour vous.

Autour du père et de la mère, soyez toujours gaie : c'est le bonheur de la maison.

Allons! toujours simple avec Dieu, un peu recueillie en vous, bonne et complaisante pour ce cher prochain et toute heureuse en votre grâce.

Je vous bénis bien en N;-S.

EYMARD, S.


Nr.2199

An Fräul. Stéphanie Gourd

ohne Datum

Mlle Stéphanie.

J'ai lu avec attention et action de grâces, chère fille, votre lettre de ce jour. Je bénis Dieu de vous voir débarrassée de ce filet; que votre coeur soit à Dieu et tout à Dieu. Quant au retour de l'esprit, aux images de l'imagination, à quelques retours premiers, n'en tenez pas compte; seulement, quand cela veut prendre de la consistance, tournez votre coeur vers Dieu et dites-lui: A vous seul et toujours.

Plus de retours, plus d'examens, plus d'explications; le nuage a passé. C'est heureux que vous ne soyez pas entrée dans des détails en confession; tenez-vous-en là. Si la vue de cette image, de ce livre vous poursuit en souvenirs, défaites-vous-en; sinon, gardez-les.

Pauvre fille, que Dieu vous aime!

Je n'ai pas voulu parler des embrassements de politesse en question, du tout, mais des ruses du démon et du vieil homme.

Servez Dieu en simplicité d'intention, en liberté d'action, dans le saint abandon de sa divine Providence! L'avenir! c'est l'amour éternel de Dieu.

Priez pour celui qui vous est tout dévoué et uni en N.-S.

Tout à vous.

EYMARD, S.S.S.


Nr.2200

An Fräul. Stéphanie Gourd

o.D.

A Mademoiselle.

J'ai lu avec beaucoup de plaisir votre petite lettre. Je répète avec joie: Oh! que Dieu vous aime! Quand ces idées passées vous reviendront, remerciez Dieu de vous avoir choisie et préférée; et quand elles vous ennuieront, dites-les à votre bonne mère.

Si la visite a lieu, point de liberté comme celle dont il a été question: c'est mieux.

Restez à la maison avec convenance, Dieu vous fera voir l'ombre du tableau, n'y en eût-il point, hélas! Du printemps à l'hiver, il n'y a qu'un pas.

Que vous cherchiez à voir les raisons contre, c'est bon; ce qu'il y a de mieux, c'est de voir la souveraine perfection de Notre-Seigneur, son amour si bon, si tendre, si constant. Que Dieu vous donne ses divines consolations et vous soit Tout unique.

Tout à vous.

EYMARD.


Nr.2201

An Fräulein Stéphanie Gourd

o.D.

...............................................

8· Oui, tout dire à votre chère maman, c'est le confesseur de votre coeur et le centre de votre vie. Profitez-en bien de verser dans son coeur si maternel tout votre coeur filial. Que vous êtes heureuse d'avoir une mère et une si bonne mère!

Allons, chère fille! à votre âge, on est sans souci, sans chagrin, sans malice; mais, comme un enfant simple, gai et content, on jouit de Dieu, de sa famille, de la bonté de Dieu, et on l'aime de tout son coeur.

Tout à vous en N.-S.

EYMARD, S.S.


Nr.2202

An Fräul. Stéphanie Gourd

o.D.

...............................................

Voici le mois de saint Joseph, c'est le mois de votre bonne mère; nous le célébrons de toutes nos forces et vous mettons avec nous aux pieds de ce grand Saint.

Votre pauvre bonne maman a bien besoin de vous et de votre influence de grâce. Soyez autour d'elle en portant comme dans vos mains Notre-Seigneur; il y a une influence de grâce, comme il y a une influence de nature: la première est plus spirituelle, mais aussi réelle... et de conformité à la Volonté divine.

Je vous prie de ne pas m'oublier devant Dieu, vos âmes me sont toujours présentes en Lui.

Tout à vous en N.-S.

EYMARD, S.


Nr.2203

An Fräul. Stéphanie Gourd

(oder Frau Gourd?)

o.D.

...............................................

J'ai reçu avec grande action de grâces à Dieu de vos nouvelles; Dieu fasse croître et confirme ce mieux annoncé!

Sans doute, que la sainte Volonté de Dieu soit faite! mais, puisqu'il permet de prier et de lui demander, nous lui demandons la vie et la santé pour vous, afin que vous puissiez travailler encore un peu à sa gloire et pour le bien de votre chère et bonne fille, et pour le bien spirituel de Monsieur.

Je recevrai avec grande reconnaissance un petit mot de vos nouvelles. Je suis bien pour la réception.............

Tenez-vous doucement unie à Notre-Seigneur en votre état de faiblesse et de souffrance, renouvelant souvent et vocalement quelques bonnes aspirations vers ce bon Maître, comme celles-ci :

Mon Dieu, je suis toute à vous!

Seigneur Jésus, mon bon Maître, je vous aime en votre bonté et sainte Volonté.

La vie ou la mort, rien ne me plaît que votre bon plaisir.

Je vous bénis bien eucharistiquement en Notre-Seigneur, en qui je suis

Tout à vous.

EYMARD.


Nr.2204

An Frau Gourd

o.D.

....................................................

Je serais aise de savoir ce que vous faites au service du bon Maître; je sais que vous êtes à vos vendanges (qui sont bonnes et fécondes), que Dieu en soit béni! Soyez une bonne vendangeuse, admirez ce raison qui fait du vin et le vin de vierges, l'Eucharistie!

Que vous seriez sage et aimée de Dieu si vous saviez en chaque créature y trouver un rapport eucharistique ou une pensée à l'Eucharistie! L'amour va à tout et conduit tout à l'amour. Aimez ainsi Notre-Seigneur et bon Sauveur.

..................................................................

Adieu, chère fille, je vous bénis de toute mon âme en N.-S.

EYMARD.

Madame Gourd.


Nr.2205

An X

FRAGMENTS AUTOGRAPHES DU P. EYMARD, collés sur le Volume 2 de RODRIQUEZ, maison de MARSEILLE

1er fragment:

L'amour est la vie, fait la vie. Aimez Dieu comme le feu qui cherche toujours un aliment nouveau, comme l'enfant qui vit dans sa mère et non dans lui-même.

L'amour touche à toutes les vertus et ne se lie à aucune, à tous les sacrifices et les appelle amour, à toutes les créatures comme le soleil et reste pur et toujours fécond en Dieu seul.

Voilà mes voeux et ma dernière bénédiction.

Eymard

2ème fragment:

Que Dieu vous conserve en ce sentiment.

3ème fragment:

Communiez comme l'enfant, soupirez après Jésus comme le cerf du désert.

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(Nur in der Rom-Ausgabe enthalten!)

Note du R.P. René Robin, de Marseille.

Autant que je puis en juger, ce ne sont pas des fragments d'une lettres proprement dite. Ces lignes semblent avoir été écrites sur une lettre adressée au Vénérable et renvoyée ensuite par lui à l'auteur, ainsi apostillée.

Le grand fragment aurait été écrit sur le blanc resté après la lettre, et les petits fragments, au cours de la lettres, entre les lignes. Cela est visible par les traces restées d'une autre écriture qui entourent les petits fragments et qui précèdent le grand.

R.Robin

L'exemplaire de Rodriguez aurait - parait-il- appartenu d'abord au Vénérable et serait venu en possession sans doute de l'auteur de la lettre, ainsi qu'un exemplaire (un totum) de la Bible portant la signature du Vénérable.

R.Robin

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In der Paris-Ausgabe steht dafür die Anmerkung:

Nota: D'après le R.P. René, (Robin) sss, ces lignes semblent avoir été écrites sur une lettres adressée au P. Eymard et renvoyée par lui ainsi apostillé.- Le grand fragment aurait été écrit sur le blanc resté après la lettres et les petits fragments, au cours de la lettres, entre les lignes: en effet, on voit les traces d'une autre écriture qui entourent les petits fragments et précèdent les grand. (L'original est à la maison de Marseille).


Nr.2206

Über eine Heilung in La Salette

Evêché de Grenoble, Fonds de La Salette, cahier n· 103, n.276

Le 1 août 1865, le P.Eymard donne l'instruction du soir, à La Salette. Il fait le récit d'une conversion et il la transcrira sur l'Album du Sanctuaire. Comme son écriture a précocement vieilli! Voici ce qu'il écrit:

Un père de famille de Lyon, chef de commerce, résistait depuis longtemps aux tendres et pressantes sollicitations de sa pieuse soeur de revenir à Dieu et à ses devoirs de chrétien. Le bon exemple à donner à ses enfants, la piété héréditaire de la famille, ses années chrétiennes, rien ne le touchait, il tournait, au contraire, tout en ridicule et devenait insolent quand on le pressait un peu.

A bout de tout moyen, la soeur lui dit un jour: "Eh bien! frère, puisque rien ne te touche, je m'en vais à La Salette demander à la Sainte Vierge ta conversion!" - "Tu peux bien aller à Rome et à Jérusalem, lui dit le frère obstiné, vas (sic) tu me trouveras comme tu me laisses". La soeur part un peu désolée, car son frère n'avait pas voulu lui promettre de dire un Ave Maria pour elle. Son pèlerinage se fait avec piété, elle prie avec ferveur et avec larmes sur la Sainte Montagne, elle demande à tous les pèlerins des prières, il lui semble que la Très Sainte Vierge l'a exaucée et qu'elle trouvera son cher frère mieux disposé.

Elle part, arrive à Lyon et, revoyant son frère, "Eh bien! lui dit-elle, un peu émue, ai-je été exaucée? J'ai bien prié pour toi, j'ai bien offert toutes les fatigues de ce pèlerinage!" Le frère ne disait rien, il était agité. "Tu ne me dis rien", dit la soeur? -"Et que veux-tu que je te dise, je veux rester comme tu m'as laissé, je te laisse libre, laisse-moi libre, je ne fais de mal à personne, je suis un honnête homme. Bonsoir, ma soeur, vas (sic) vite te reposer". - "Oh! repartit la soeur, ce n'est pas possible que Notre-Dame de La Salette ne m'ait pas exaucée, tu aurais donc le coeur plus dur que la pierre ?" Elle ne put en dire davantage, le frère se retira presque en colère.

La pauvre soeur ne dormit presque rien de tristesse, elle priait, elle conjurait la Bonne Mère de venir à son aide.

Quand, de bon matin, quelqu'un frappe à la porte. "Qui va là "? "C'est moi, ton frère". "Que veux-tu?" "Je n'y tiens plus, lève-toi, je veux te parler". Elle se lève, et voilà son frère qui lui dit:" mène-moi chez ton confesseur, je veux me confesser. Toute la nuit j'ai souffert comme une âme de damné, j'ai réfléchi, et j'ai vu que je ne menais qu'une vie de bête et non de chrétien, j'ai eu peur de ma conduite, c'est pour de bon, je veux me convertir." Et la pauvre soeur pleurait de joie en embrassant son frère, elle l'accompagne et me l'amène; la conversion était facile, la Très Sainte Vierge l'avait faite. Il se confesse et après quelque temps de préparation, il communiait à côté de sa soeur. Il était le plus heureux des hommes; il goûtait le vrai bonheur de la maison de Dieu, et il a persévéré. Son exemple fut une belle leçon à ses employés et une grande joie pour sa famille. L'arbre continue à porter des fruits de salut.

EYMARD


Nr.2207

Über die Heilung von Fräul. Julhien durch La Salette

(Siehe über dieselbe Heilung den Brief Nr.1045)

A ce même auditoire du 1 août 1865, le Père refait le récit de la guérison dont il avait écrit la première confidence à Melle de Brissac (cf. plus haut) et le transcrit sur l'Album du Sanctuaire à la date du 3 août 1865.

Il y a quelque temps, une des personnes pieuse (sic) était tombée malade. La voyant bien fatiguée, des amis vinrent appeler son confesseur, religieux du T.S.Sacrement. C'était le soir, on venait de dire Matines chez les Pères du T.S.Sacrement. Voyant que le confesseur restait longtemps, j'allais au devant de lui pour avoir des nouvelles de la malade que je connaissais. Je trouve le Père dans la cour, qui descendait de chez elle. "Eh bien! Comment va la malade?" "Pas très mal, me dit-il, je ne crois pas qu'il y ait danger". "L'avez-vous confessée?" "Oui, par précaution." "Eh bien! puisque je suis là, veuillez m'accompagner, je vais la saluer". Il monte avec moi, la malade me reconnaît, je lui dis un petit mot du Bon Dieu, et je causais avec ses amies sur la maladie si subite, quand je m'aperçois qu'elle tombe en agonie, elle n'entendait plus, ses yeux étaient vitrés, ses membres sans mouvement, je cherche de suite le pouls, elle n'en avait plus, la sueur froide commençait, le râle de l'agonie annonçait sa fin prochaine. Je m'écriais alors: elle est perdue, vite l'extrême-onction.

A cette parole, son amie se précipite sur elle et invoquait Notre-Dame de La Salette; elle s'écrie en larmes: "Notre Dame de La Salette, sauvez-la". Elle lui fait boire un peu de l'eau de la fontaine miraculeuse. On ne cherche pas à aller chercher les saintes huiles, car, à peine lui eût-on donné de l'eau de La Salette que le râle cessait avec la respiration, ses membres se raidirent, le froid de la mort annonça que tout était fini. On laisse tomber sa tête sur son chevet, car on la tenait pour la soulager. Chacun de la pleurer, car elle était bonne et pieuse.

Je me mis à genoux devant son lit pour réciter le De Profundis, et tout en le disant sans pouvoir le finir, je me plaignais à la T.S.Vierge. "Est-il possible que Notre-Dame de La Salette si bonne, et si puissante, ne lui ai (sic) pas obtenu le temps de recevoir au moins les derniers sacrements", disais-je en moi-même.

Cinq à six minutes se passèrent ainsi, quand la morte se lève, s'assied, et nous regarde d'un air étonné: "Qu'est-ce qu'il y a donc, dit-elle, Vous avez l'air tout triste, qu'est-il arrivé?" A ce mouvement, à cette parole, nous sommes tous tellement surpris que personne ne peut lui répondre. Je me lève alors et tout tremblant, je m'appuyais sur la muraille, les autres poussaient des soupirs d'étonnement. "Nous vous avons crue morte", lui dis-je alors. "Mais je n'ai point de mal, je vais bien", et la voilà causant à tout le monde, et un instant après on lui apporte une soupe qu'elle mange.

Nous nous en retournons avec mon confrère, en bénissant Dieu. Je pensais que la pauvre personne en aurait au moins pour quelques jours de convalescence quand, le lendemain matin, disant la messe de 6 heures, la première personne que je communie, c'est notre ressuscitée. Le respect de cette divine fondation (sans doute il faut lire: fonction), le saint lieu retiennent ma surprise, mais augmentèrent ma reconnaissance. La guérison était complète. Après la Ste Messe, je fis entrer au parloir cette personne si heureuse, et lui demandai ce qui était donc arrivé la veille.

"J'étais", me dit-elle, "sur le point de passer de ce monde à l'autre, je sentais qu'il n'y avait plus qu'un fil, qu'un souffle qui m'y retenait, quand il m'a semblé voir Notre Dame de La Salette, qui m'a dit: Ma fille, je t'ai obtenu miséricorde, alors j'ai ouvert les yeux, mes oreilles ont entendu, je me suis senti guérie".

"Mais comment était habillée la T.S.Vierge?", lui dis-je alors.

"Elle avait une couronne de rayons de lumière, elle avait sept épées tous (sic) plongées dans le coeur, puis une croix avec un marteau d'un côté et des tenailles de l'autre".

"Comment était son vêtement?"

"Je ne puis pas bien dire, c'était blanc, mais d'un blanc qui n'a pas son semblable".

"Et son visage ?"

"Oh! qu'elle paraissait bonne, mais digne, c'était une bonté qui vous ouvre le coeur, et vous fait aller vers elle, puis une dignité, un air si noble, si grand qui vous inspire le respect, mais un respect d'amour."

(1)

(1)re fut écrite pour la Saint-Henri de 1868, c'est-à-dire quelques jours seulement avant la

(1) mort du vénéré Père Eymard.

(2) (+) D'après le R.P. René ROBIN, sss, ces lignes semblent avoir été écrites sur une lettre adressée au P. Eymard et renvoyée par lui ainsi apostillée.- Le grand fragment aurait été écrit sur la blanc resté après la lettre et les petits fragments, au cours de la lettre, entre les lignes: en effet, on voit les traces d'une autre écriture qui entourent les petits fragments et précèdent le grand. (L'original est à la maison de Marseille).


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