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Nr.1941

An Marg. Guillot

Paris, 19 Mai 1867.

Chère fille en Notre-Seigneur,

J'écris par le même courrier à Mr Neveu, à qui j'ai envoyé un second modèle de procuration moins humiliante.

J'ai reçu encore deux lettres bien pénibles du notaire de Nemours; il faudra boire le calice jusqu'à la lie.

Il m'est bruit parmi les gens de connaissance que l'affaire Lafond et Sterlingue, de vous et de moi. Hélas! hélas! que dire et que faire? sinon de s'humilier, de prier et de souffrir!

S'il y avait procès... dans la procédure, devenaient une nouvelle publique; et alors que seraient devenues les Oeuvres du Très Saint Sacrement? Dieu le sait! car la tempête va toujours en grossissant.

Il faut donc se mettre en prière et en pénitence, je dis pénitence, car assurément nous avons à nous reprocher tous; il faut apaiser la colère de Dieu irrité peut-être par les péchés qui sont là autour de toute cette misère.

Que dira Monseigneur mardi? Ce que le bon Dieu voudra; ce sera la réponse de Dieu. Aussi je prie bien pour que Dieu l'éclaire et le guide en sa décision.

Je vous bénis en Notre-Seigneur et prie pour vous.

EYMARD.

P. S. - Il va nous falloir sept mille francs jeudi pour les frais de l'acte, et où les prendre?


Nr.1942

An Sr. Philomena

Nota: Lettre adressée vraisemblablement à Sr. PHILOMENE, alors Econome de la Maison de Nemours.

Paris 19 mai 1867

Chère fille en N. S.,

J'ai écrit à la petite Mère. Je lui enverrai d'ici la procuration pour gagner du temps.

C'est jeudi prochain que j'irai à Nemours pour faire l'acte avec vous.-

Demander force et courage, et calme. - C'est une grâce ce qui arrive - la position était fausse.

C'est une miséricorde de Dieu, il faut l'adorer et la bénir. Pour le reste, le Bon Dieu est là.

Soyez toutes bien calmes, bien priantes - pardonnez bien - priez pour elle - point de récriminations - c'est le cas de bien glorifier le Bon Maître, sur le calvaire où il nous place.

Je vous bénis toutes en N. S.

Eymard


Nr.1943

An Marg. Guillot

Paris, 21 Mai 1867.

Chère fille en Notre-Seigneur,

C'est aujourd'hui que Monseigneur l'Evêque décidera du sort des soeurs. Que Dieu soit béni et glorifié de tout! J'irai à Nemours jeudi; je crois inutile que vous envoyiez deux soeurs à Nemours, je serai là.

Le plus tôt s'en aller est le meilleur.

Il faut bien prier pour ce dernier moment; car tout peut être arrêté par des riens: mieux vaut être large.

Envoyez-moi la feuille de la rente viagère, si vous l'avez, ainsi que le compte de Mlle Sterlingue.

Envoyez-moi tout cela à Nemours, cela sera plus vite arrivé.

Ma soeur est bien arrivée ainsi que Nanette; elle me craignait comme un enfant, j'ai peine à les rassurer.

Je vous bénis en Notre-Seigneur.

EYMARD.


Nr.1944

An die Schwesterngemeinschaft in Nemours

Paris 21 mai 1867

Chères Soeurs en N. S.,

Je vous écris ces deux mots pour vous dire que bientôt viendra la fin de ces épreuves, ayez patience et confiance jusqu'au bout. Gardez en votre coeur la paix et la charité de votre Bon Maître.

Vous n'avez pas démérité de son service et de sa gloire.

Ce qui est arrivé est pour le bien de l'oeuvre; nous n'en voyons en ce moment que l'épreuve et la croix; plus tard nous en verrons la miséricorde et la grâce.

Je ne vous oublie pas, chères filles. - Je prie sans cesse pour vous et m'occupe de votre état. -

Jeudi vers 10 1/2 ou vers 2 1/2 - (le plus probable) je serai à Nemours.

Priez bien pour celle qui vous épreuve, elle est plus à plaindre que vous.

Je vous bénis en N. S.

Eymard.

(Le bas de la feuille, où commençait le P.S. a été coupé de 23 millimètres) - (Suit la fin du P.S.)

beaucoup Monsieur le Doyen, qui a été si bon pour vous et que je n'oublierai pas.


Nr.1945

An Sr. Philomena

(Adressée vraisemblablement à Sr. Philomène, Econome de Nemours)

Paris, Ascension 1867 (30 mai)

Chère fille,

J'irai vous chercher toutes demain vendredi. Vous partirez toutes ensemble à 2 h 22. Si, cependant, par extraordinaire, je n'arriverais pas vers les 10 1/2, ne m'attendez pas.

Ne faites aucune concession, refusez tout; demandez, avant de venir, si Melle St. a signé; si elle n'a pas signé, protestez contre à Mr. Germain.

Elle doit la moitié de la pompe, c'est sûr; vous ne devez pas payer les 20 Fr pour le cris (?) commandé par Belin.

Ne vous laissez pas intimider. - Si on menace, nous serons plus forts en Dieu qu'eux; le temps de la justice même humaine viendra. Refusez tout pour le moulin; cela ne vous regarde pas.

Si elle parle de procès, répondez que nous sommes prêts à nous défendre, mais qu'elle pourrait bien s'en repentir.

Cependant gardez votre calme et le silence tant que vous pourrez.

Je vous bénis toutes.

Eymard.

P.S. Faites-vous transporter en arrivant rue Brezin 19, route d'Orléans, chez Mr. Dhé; prenez un petit omnibus à la Gare de Lyon, c'est plus commode.


Nr.1946

Nicht veröffentlicht

Télégramme du P. Eymard à la R.M. Marguerite Guillot:

Paris, 30 mai 1867

Venez de suite par l'express, je vous attends demain matin, j'ai des choses importantes à vous communiquer,

EYMARD.


Nr.1947

R.P. MARECHAL Paul-Marie

REGLEMENT DE RETRAITE

2 juin 1867

6 h. Lever - Méditation 1/2

7 Ste Messe

8 Déjeuner, temps libre

9 Lecture ascétique 1/2

10 2e méditation 1 h.

11 Notes

11 3/4 Examen de ses dispositions

12 Dîner, repos

2 Chapelet en commun - Lecture intéressante

3 1/2 3e méditation 1/2

4 1/2 Salut et bénédiction

5 temps libre

6 Souper, promenade

8 Adoration devant le T.S. Sacrement en forme de récapitulation des sujets des méditations de la journée, des bons mouvements de grâce et des épreuves de la nature - en prendre note.

Physionomie de chaque jour:

1er j. Se recueillir, prier, oublier tout

2e Se purifier - Confession

3e Analyser les mouvements de grâce de toute sa vie vers la piété, la vie religieuse,

sacerdotale.

4e Analyser les mouvements contraires de la nature.

5e Persévérer devant Dieu, se tenir disposé à tout.

6e Régler sa vie nouvelle, quelque soit la décision.

7e S'armer de lumière, de courage et de force.


Nr.1948

An Marg. Guillot

Paris, 2 Juin 1867.

Chère fille en Notre-Seigneur,

Je viens vous remercier de m'avoir envoyé la lettre de Mme Gourd et de vos nouvelles.

J'ai l'âme trop triste pour répondre aux détails de votre lettre sur le projet que je vous ai soumis et que vous n'avez pas compris, peut-être pour ne m'être pas assez bien exprimé.

J'ai ramené à Paris soeur Marie-Joseph, et l'ai envoyée passer quelques temps chez son grand-père, âgé de 86 ans, et qui désire la voir avant de mourir. Elle a bien besoin de cette sortie et de ce repos, car elle est dans un si triste état de santé! Elle a beaucoup souffert.

Soeur Emilienne est partie aujourd'hui, où je lui ai dit de rester peu, et seulement pour ses affaires, puis de s'en aller à Angers, ce qu'elle fera avec plaisir; je la trouve bien.

Soeur Ben. et soeur Phil. sont venues avec moi jusqu'à Fontainebleau, et sont parties de là pour les Thorins, pour aller chercher leurs affaires, voir soeur Camille, bien plus souffrante que de coutume.

Je lui ai donné un peu d'argent, car ayant à payer 222 francs d'impositions et de plus les voitures de déménagement, il lui restait très peu, à peine pour son voyage.

Je suis revenu de Nemours bien triste; quoiqu'enfin cette malheureuse ait signé l'acte, elle fait encore bien des difficultés, et je crains bien qu'il ne faille encore les faire trancher par les tribunaux. Est-ce une punition ou une épreuve? Je pense que c'est l'un et l'autre... (Cinq lignes et demie effacées)... Que Dieu soit béni et glorifié de tout!

Nous avons à rembourser 7400 francs des frais de l'acte de l'enregistrement, et je les ai empruntés pour quelques jours seulement; on va me les réclamer. Je ne puis les emprunter ici, ayant été obligé d'épuiser la bourse de tous mes amis pour trouver quarante-et-un mille francs pour donner à Mademoiselle, qui ne voulait pas attendre Mr Le Clère, ni signer le contrat sans cela. Voyez comment vous pourrez faire.

Je suis fort embarrassé moi-même par le retard de Mr Le Clère à rembourser cette somme; puis il faudra penser aux 20.000 francs à solder dans cinq mois; et moi, il faudra aussi que je solde 25.200 francs, fondations de messes de cette pauvre Demoiselle... dans six mois.

Enfin tout cela n'est qu'une perte d'argent, mais je suis inconsolable de voir un trône de moins à Notre-Seigneur.

Je prie bien pour vous toutes, et vous donne à ce bon Maître, en qui je suis, chère fille,

Tout à vous.

EYMARD.

P. S. - On ne sait pas ce qui peut arriver par suite du procès probable avec Nemours; il est prudent à vous de revoir tous vos papiers et d'y mettre ordre.

Je vais écrire à Mr Baudin et à Madame Aubry pour vous faire envoyer les effets personnels des Soeurs. Vous savez que Mlle Sterlingue a fait un arrêt par huissier du reste.

Achetez donc une balance pour vos lettres; il a fallu donner 40 cent. de supplément. Vous savez qu'on n'a droit qu'à 10 grammes.


Nr.1949

An Fräul. Stéphanie Gourd

A.R.T.

Paris, 2 Juin 1866.

Mlle Stéphanie.

Chère fille en N.-S.,

Je suis bien uni à votre sacrifice, à vos prières et à vos souffrances; tout n'est pas fini pour vous, car votre bonne mère doit avoir bien besoin de votre secours et de votre consolation. Je partais pour un voyage quand la mère m'a envoyé votre dépêche, je ne m'attendais pas à un malheur si prompt. Je priais bien pour votre cher malade, persuadé que le Bon Dieu sauverait cette âme environnée de tant de prières et de grâces.

Sans doute, on aurait aimé qu'il vécût après son retour à Dieu pour édifier et glorifier Dieu, mais la divine Miséricorde l'a emporté sur les mérites à acquérir douteux et incertains: mieux vaut entrer dans le Ciel que d'être exposé à le perdre.

Pour vous, chère fille, reposez-vous dans votre piété et votre solitude avec Dieu, car vous devez en avoir bien besoin.

Ecrivez-moi quelques mots, je suis bien inquiet sur vous deux, et s'il y avait trois jours à moi je voudrais bien aller vous consoler en Notre-Seigneur.

Je vous bénis bien en N.-S.

Tout à vous.

EYMARD.


Nr.1950

An Frau Gourd

Paris, 2 Juin 1867.

Madame et chère fille en N.-S.,

J'ai su votre malheur et la grâce qui l'a adouci et doit le consoler. J'aurais voulu aller de suite près de vous et de votre chère fille pour vous consoler de cette grande perte, et je suis toujours dans la même intention, car vous devez être bien accablées quoique bien résignées.

J'ai vu les bonnes dispositions de Mr, sa bonne confession, ses Sacrements. Dieu a suppléé la sainte Communion par d'autres grâces.

Dans votre peine, chère fille, il faut encore remercier le Bon Dieu qui fait tout pour le plus grand bien de ses élus et fixe dans sa miséricorde l'heure du départ, parce qu'elle est la meilleure dans la vie.

Vous voilà bien seules et laissées à votre vie. Reposez-vous d'abord bien le corps et l'esprit, car vous devez en avoir bien besoin.

Tenez-vous avec Marthe et Madeleine aux pieds du Seigneur pour pleurer et l'écouter et le prier pour ce bon Lazare dans le tombeau.

Ne vous faites pas de reproches du passé; il n'y a pas lieu de s'en faire. Non, non, ce serait une tentation. Tenez dans la confiance en la paternelle bonté et miséricorde de Dieu. Ne sortez pas de ce centre divin. Puis, écrivez-moi un petit mot, car je suis inquiet de vous deux.

Je prie beaucoup: voilà toute ma consolation, ne pouvant faire autre chose. Je pense que Soeur Benoîte est près de vous et que sa présence vous consolera un peu.

Je vous bénis en Notre-Seigneur et suis

Tout à vous.

EYMARD.


Nr.1951

A Madame Chanuet (Blanche de Couchies)

Paris 4 juin 1867

Madame bien chère en N.S.,

Je renvoie la lettre de Lantignié à Sr Philomène aux Thorins-Romanèche, près de vous. Sr Benoîte y est un peu souffrante, elle est partie de Nemours avec la pensée d'aller vous voir et la bonne Soeur Camille, à qui j'écrirai bientôt, ne le pouvant aujourd'hui.

Je vous souhaite, bonne Dame, un bon voyage et une santé complète aux eaux que vous allez prendre. J'ai été heureux d'apprendre que vous alliez mieux.

Mes bonnes amitiés à Mr Chanuet. Tout à vous en N.S.

Eymard.


Nr.1952

An Frau Camille Jordan

Paris, 5 juin 1867, 112, Boulevard Montparnasse.

MADAME EN N.-S.,

Vous voilà jusqu'à la fin de juin à Calet; j'aimerais à aller y saluer l'Ange de votre maison, si en ce mois je vais à Marseille.

Qu'il y a longtemps que je désire voir ce cher pays de Chatte et de Saint-Romans! J'ai lu la lettre de votre bonne et chère nièce; je prie toujours bien pour elle, pour ses soeurs, pour Madame et Monsieur; en un mot, pour toute cette chère famille qui est la vôtre.

J'aimerais bien que Mlle Marie n'eût pas de secrets pour sa soeur Edmée dont la direction amie lui sera très utile; ce coeur ardent a plus besoin du coeur de sa soeur que de conseils isolés et secrets. Le conseil du secret du Père est sage, mais, ne connaissant pas intimement comme moi cette famille de soeurs, il penserait comme moi.

Lire un livre conseil, demander un conseil pratique de circonstance, faire part de ses peines, de son état, tout cela peut parfaitement se faire au Confesseur, sans être obligé de changer sa voie, sa direction de principe de vie: cette direction première décide la loi et le caractère de la vie, la seconde en fait l'application, laquelle application reste à l'approbation de la personne, parce qu'elle n'est que de conseil, n'étant qu'une direction spirituelle de confiance.

Rappelez-moi au souvenir religieux de Mlle Edmée et de ses chères soeurs; dites-leur de bien aimer et servir toujours Notre-Seigneur, de lui rester fidèles contre une couronne royale, d'être bonnes et aimables pour leurs parents, polies et charitables pour tous, mais royales pour Jésus seul.

Adieu, bonne dame, je vous bénis et suis en N.-S.

Tout à vous.

EYMARD, S. S.


Nr.1953

An Frau Chanuet (Sr. Camille)

Paris 6 juin 1867

Chère Soeur Camille,

Je viens vous dire un petit bonjour de plume, je vous le dis plusieurs fois le jour devant le T.S. Sacrement, car je vous offre sans cesse à ce Bon Maître comme sa première adoratrice, puisque vous l'adorez étant avec lui sur la croix. - Regardez-le bien, ce bon Sauveur souffrant à côté de vous, et par vous, pour la gloire de son Père et pour votre plus grand amour. Tenez-vous bien unie à sa Ste Volonté, et aux désirs de son coeur divin, ne craignez pas de lui répéter ces 7 paroles adorables qu'il prononça sur la croix; ayez une dévotion quotidienne à ces sept paroles que vous connaissez et affectionnez, elles vous aideront à bien sanctifier votre état souffrant. Communiez bien avec les souffrances de Jésus.

Je désire bien aller vous voir; peut-être aurai-je cette consolation dans quelque temps.

Sr Benoîte et Sr Philomène doivent être avec vous, je les ai bien engagées à aller vous voir, leur coeur d'ailleurs les y portait.

Courage et confiance, chère Soeur Camille; je vous bénis bien religieusement en N.S.

Tout à vous.

Eymard Sup.


Nr.1954

An Herrn Amadeus Chanuet

Paris 6 juin 1867, 112 Boulevard Montparnasse

Cher ami,

Nous n'avons presque plus de vin ordinaire, veuillez nous envoyer deux pièces de ce vin que vous avez envoyé à St Maurice et qui avait goût de tonneau.

Je désire bien aller vous voir, et votre chère et bonne mère. J'espère que je ne tarderai pas.

Voilà toutes nos Soeurs sorties de Nemours; d'un côté j'en suis content, car elles y seraient tombé toutes malades. Cette fondation était faite sur de mauvaises bases matérielles; nous en ferons une autre qui vaudra mieux; nous y travaillons.

Je pense que Sr Benoîte qui était à Romanèche-Thorins chez Melle Boisson avec Sr Philomène, est maintenant chez vous, et que Soeur Camille est contente de la voir, ainsi que sa bonne compagne.

Je fais des voeux pour l'entier rétablissement de votre bonne mère et de Madame Blanche, puisqu'elle va déjà un peu mieux. Il y a toute espérance, d'ailleurs, le Bon Dieu peut tout.

Croyez-moi, cher Monsieur Amédée, en N.S.

Tout à vous.

Eymard


Nr.1955

An P. Leroyer

Paris, 11 Juin 1867.

Bien cher Père,

Le Père de Cuers est ici avec nous, il est venu me faire part d'une pensée eucharistique qui l'occupe depuis quelque temps. Si Dieu la veut réalisée, je la veux aussi, mais il ne me demande que de l'essayer personnellement pendant le temps de repos et de liberté qu'il m'a demandé; il vous l'expliquera: il désire se retirer à Roquefavour, y vivre solitairement, c'est-à-dire y commencer une maison solitaire d'adoration; il y a trouvé un brave et bon chrétien qui l'aiderait dans ce projet, la Société n'y serait pas engagée, ce serait un essai qu'il ferait de sa responsabilité personnelle.

Je vois que cette pensée lui redonne du courage, il redoute les souffrances des villes, et surtout de l'hiver; là il serait plus tranquille, puis si Dieu bénit, il ferait quelque chose de plus pour le Très Saint Sacrement.

Le bon Père arrive de Bruxelles, où il a été voir le Père Champion. Il est revenu content de la maison.

Je vous remercie bien de votre bonne et aimable invitation; mais je suis bien occupé ici. Samedi, nous aurons une ordination: tonsure, fr. Marius; quatre mineurs, fr. Frédéric et fr. Albert; sous-diacre, fr. Jules; veuillez prier pour eux et faire prier.

Je suis un peu effrayé de la somme énorme qu'il faudrait dépenser pour cette nouvelle acquisition. J'en ai parlé avec le Père de Cuers et au Père Champion; ils pensent comme moi que ce n'est pas le moment de faire des dettes: Angers va nous coûter beaucoup, Paris n'a rien encore, Saint-Maurice n'est pas achevé de payer: aussi maintenant, malgré la belle position, nous sommes obligés d'y renoncer.

Je désire bien certainement aller vous voir tous; ce sera pour plus tard.

Agissez comme Supérieur dans la maison, et vous l'êtes; il ne faut pas encore parler du projet du P. de Cuers. Il doit repartir demain soir pour le midi, ou pour Marseille, ou pour Roquefavour.

Croyez-moi toujours en Notre-Seigneur, bien cher Père,

Tout à vous.

EYMARD, Sup.


Nr.1956

(Probablement à Sr. BENOITE)

Paris 13 juin 1867

Chère fille en N. S.,

Je viens vous remercier de votre lettre; elle me console un peu, je vois que vous êtes comme en famille avec la bonne Soeur Camille, et sa si aimable famille; tâchez de vous y reposer un peu; vous avez le Bon Maître à côté de vous; il faut bien aller l'adorer, vous mettre à ses pieds, y continuer votre vie d'adoratrice.

Je voudrais bien aller vous voir toutes à Lantignié, mais en ce moment, je donne la retraite aux ordinands et la semaine prochaine, je suis engagé depuis longtemps pour prêcher la retraite des adorateurs de la ville, ce qui me lie en ce moment beaucoup.

Je désirerais bien aller faire ce voyage en ce moment, où vous êtes vous-même souffrante, et si triste; c'est une souffrance de plus que nous offrirons tous au Bon Maître.

Ecrivez encore à Angers. Je suis étonné de ce silence. Je n'ai pas écrit depuis quelque temps, ni on ne m'a pas écrit depuis 7 jours.

Je la plains bien aussi, car on est dans une grande gêne d'argent - et avec beaucoup d'embarras; il faut bien prier pour elle et pour toutes.

Ecrivez-moi, je le ferai, si j'avais un moyen d'aller vous voir Dimanche ou lundi; mais comme ce ne serait qu'en passant quelques heures, j'aimerais mieux attendre.

Je vous bénis bien, chère fille en N. S.

Eymard

P. S. Dites bien à la bonne Sr. Camille, que nous prions bien pour elle, que je désire plus qu'elle de la voir - qu'elle se tienne toujours bien unie au Bon Maître par le St. Abandon - et l'union à son Coeur.


Nr.1957

An Marg. Guillot

Paris, 14 Juin 1867.

Chère fille en Notre-Seigneur,

L'homme d'affaires de Mlle Sterlingue réclame, en son nom, les intérêts échus depuis le 1er juin de la somme de 20.000 francs. Vous savez qu'elle a exigé la solde entière de sa rente, et que... tout ce qui a été promis de sa part sur ces 6.000 francs... comme solde partielle de la somme a été nié, et [elle] ne voulait pas signer l'acte sans la solde garantie des 20.000 francs.

Tâchez de lui payer ses intérêts par un envoi dans une lettre chargée.

Ecrivez à soeur Benoîte et à soeur Philomène à Lantignié, où elles sont depuis leur départ de Nemours... (douze lignes et demie effacées)...

Je n'ai pas eu le temps de lire et de répondre à une lettre de soeur Marie-Joseph; je vais le faire après l'ordination. Nous avons quatre ordinands demain, et cela, ajouté à tant d'autres choses, ne me laisse pas un moment de liberté.

J'attends chaque jour la solution finale, ou un appel devant le président, pour en finir avec cette pauvre créature.

Que Dieu soit béni de tout!

Je vous bénis toutes en particulier en un moment si crucifié.

Tout à vous en Notre-Seigneur.

EYMARD.

P. S. - Je suis toujours dans l'embarras; il a fallu un emprunt pour quelques semaines, pour rendre à Mlle Desfrancs son argent qu'elle m'a redemandé.

Comment sortirons-nous de tout cela? Heureusement que le bon Dieu est un bon Père, qui corrige ses enfants, mais ne les tue pas.


Nr.1958

An Frau Lepage

Paris, 14 Juin 1867.

MADAME EN N.-S.,

Me voici à Paris. Vous avez eu raison de penser à une absence. Hélas! je suis comme un pauvre esclave qui n'a jamais à lui une heure; mais Dieu le veut, qu'il en soit béni!

Me voici fixé jusqu'au 24; vous pouvez venir au temps que vous me marquez. Je serai très heureux, si je puis faire à votre chère âme autant de bien que je lui en désire.

Je vous attends donc.

Croyez-moi, en N.-S.,

Bonne dame,

Tout à vous.

EYMARD, Sup.

J'aime à croire et à penser que le bon soleil de la confiance luit toujours sur vous. Oh! que Dieu vous l'accorde toujours!


Nr.1959

An P. Chanuet

Paris, 17 Juin 1867.

Bien cher Père,

Je suis triste de ce départ du P. Augonnet. Est-ce vrai que ce silence est trop au-dessus des forces de nos novices?

On me dit que trois fois par semaine on est privé, pour ainsi dire, de récréation par suite du service, que la concentration des âmes sera la suite de cet état, que les têtes se monteront facilement. On me dit encore que les Pères Bénédictins ont voulu établir un demi-silence, comme nous, et qu'ils n'ont pu réussir; il a fallu le mettre entier et absolu. Examinez cela, cher Père, devant Dieu. Si nous avons été trop vite ou trop précoces, mieux vaudrait reculer, non devant une vertu, mais devant une trop grande difficulté.

Soyez Père et mère, faites faire de l'expansion en Dieu à vos enfants. Prions pour obtenir lumière et force.

Nous sommes bien éprouvés en ce moment de tous côtés; l'Eglise l'est aussi.

J'irai peut-être vous voir demain matin.

Tous vôtre en N.-S.

EYMARD.


Nr.1960

An Marg. Guillot

Paris, 21 Juin 1867.

Chère fille en Notre-Seigneur,

Soeur Marie-Joseph part avec joie pour Angers, elle a bien souffert. Son voyage à Rouen lui a rendu les bonnes intentions de son grand-père perdues.

Je vous envoie les lettres qui regardent une bonne demoiselle âgée de trente-sept ans, arrivée ici, amie de Mlle Billard, la nôtre; elle parait intérieure et bonne.

Il y a longtemps que Madame Aubry, sur ma prière, a mis au chemin de fer les effets, mobiliers; vous les recevrez bientôt.

Il serait bien à désirer que soeur Benoîte allât vite aux eaux. Pourquoi perdre un temps si utile? J'avais promis d'aller voir la bonne soeur Camille, elle m'attendait sans doute.

J'espère aller à Angers sur la fin du mois, et alors nous nous verrons plus longuement.

On travaille à Nemours pour en finir, mais nous avons contre nous le notaire Me Spinay, homme très habile, et tout ce qui n'aime pas la religion.

J'ai réclamé la note du notaire pour réviser les comptes.

A bientôt, chère fille en Notre-Seigneur.

Tout à vous.

EYMARD.


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