Lettres précédentes / Lettres suivantes

Index Lettres Vol V / Index allemand / Index général


Nr.1641

An Frau Spazzier

Paris 15 octobre 1865

Madame et chère soeur en N.S.

Merci de votre bonne lettre. Je n'ai pu y répondre de suite, à cause des malades et des affaires. J'approuve bien votre petit règlement pour vos adorations; mais dans les commencements, consultez plutôt vos forces. Je sais bien que vous avez besoin de Dieu, du T.S.Sacrement, de l'adoration, mais justement ce besoin sera bien un peu votre loi; comme aussi c'est le repos, c'est le soleil, c'est la force que vous êtes allée chercher à Blois, c'est donc une loi de votre séjour.

Si vous ne vous y plaisiez pas, voici l'adresse de cette communauté de Chigny, près de Tours. On prend le chemin de fer d'Angers; on s'arrête à Port-Boulet. La maison s'appelle le Prioré. La pension est de 300 Fr. Je vous donne ces renseignements dans le cas où vous en auriez besoin.

Le choléra est dans le faubourg S.Germain et apparaît un peu sur tous les points. Cela n'empêche pas les enfants de Babylon de s'amuser et de ne pas penser à Dieu. Hélas! que peut faire la bonté miséricordieuse de Dieu sur tant d'incrédules et d'impies!

Tenez, bonne fille, votre âme toujours entre les mains de Dieu et l'esprit serein comme la vérité qui l'éclaire, le coeur actif comme le feu divin qui l'anime et l'inspire: vous êtes à Dieu partout.

Je vous bénis bien eucharistiquement en N.S.

Eymard Sup.

Nur in der Ausgabe von Chateau-Gontier hier; die Rom-Ausgabe hat ihn fälschlich am 3. Oktober 1865 eingeordnet, aber mit einer Fußnote korrigiert


Nr.1642

An Marg. Guillot

Paris, 16 Octobre 1865.

A vous seule.- Que ce soit une règle pour vous de lire toujours mes lettres avant d'en parler.

Chère fille en Notre-Seigneur,

Je vous envoie la lettre de Nanette sur ma soeur: elle est toujours bien faible. Je crains qu'à la longue elle ne finisse par succomber. Que la sainte Volonté soit bénie en tout!

Je vous adresse aussi la lettre à Mlle Prou, lisez-la. Il ne m'est pas possible de faire cette retraite demandée, à cause de celle du Père Audibert, que je ne sais pas encore si je pourrai la donner: puis la vôtre aussi: je veux dire celle de toute votre communauté. Je ne puis aller à Angers sans avoir fini vos Règles et je suis écrasé d'affaires et de visites, quoique j'en évite la moitié, mais ce sont des hommes, des prêtres. Priez cependant que j'achève; je trouve bien que vous avez raison de dire que je commence et ne finis rien. C'est vrai, je l'avoue; aussi j'aurais besoin de me cacher et ne sais où.

Je ne retrouve pas votre note... C'est ce qui retarde ma lettre; je l'ai si bien serrée que je ne la retrouve plus.

Vous êtes donc fatiguée? Mon Dieu! vous avez peut-être passé des nuits à... c'est ce qui vous fatigue. Si cela est, ne le faites plus... Il faut être plus raisonnable, il faut vous faire aider dans les soins que réclame l'infirmité... (deux lignes effacées)...

Je vous en prie... vous vous devez avant tout à votre Communauté. Le bon Maître n'en serait pas content, ni moi non plus.

Allons! mes chères filles, si vous avez à économiser votre temps, que ce soit pour être un peu plus recueillies et plus unies au Bon Dieu.

A Nemours ce sont des lettres incessantes pour les fournitures, les travaux; le Père y a été et cela sera utile. Je pense que ce sera bientôt prêt.

Ce que je lis sur Mr Barret me confirme dans la pensée qu'il a peu de tête, et n'a pas un bon esprit, et se scandalise de tout; aussi je n'en veux pas. Des vocations semblables nous ôteraient notre paix et notre simplicité.

Je vous bénis et toutes vos chères filles.

Tout à vous en Notre-Seigneur.

EYMARD.


Nr.1643

An Herrn Blanc v. St. Bonnet

Paris 18 octobre 1865

Excellent Monsieur de S. Bonnet,

Vous m'avez fait la gracieuse invitation d'aller travailler en votre délicieuse campagne, et d'y goûter avec les charmes de la solitude et de la paix, ceux d'une famille trop bonne pour moi.

Il n'y a pas d'oasis pour moi sur cette terre agitée; comme le messager de Dieu, il faut aller plus loin et vers des inconnus; et cependant j'ai été si heureux et si à l'aise pour travailler à S.Bonnet! J'y pense souvent, et surtout à ces intéressantes conversations qui réveillaient en moi l'amour et le désir du beau et du vrai, que j'entrevoyais avec mes faibles lumières.

Mais c'est le jour du combat pour moi, et il faut avoir toujours sa tente prête, et ne vouloir voir mes âmes que sur le champ de bataille.

Conservez-moi toujours un petit souvenir dans votre aimable famille et votre coeur si ami; chez nous, vous êtes tous et tous bien vivants et bénis.

J'ai été heureux de lire votre travail dans le Monde. Voilà le vrai et la mission si belle, mais si mal appréciée que Dieu vous a donnée. Comme les Apôtres, ce n'est qu'au Ciel qu'on est récompensé.

Croyez-moi toujours en N.S., cher Monsieur de S.Bonnet,

Tout vôtre,

Eymard Sup.


Nr.1644

An den Bischof von Mecheln

/Paris, rue fg S. Jacques 68, le 20 octobre 1865/

Eminence,

Désirant travailler à la gloire de N.S. au T. S. Sacrement dans votre Archidiocèse, sous la protection de votre zèle si catholique, le Supérieur de la Société du T. S. Sacrement (dont le siège est à Paris) ose supplier Votre Eminence de bénir ce pieux projet.

Mademoiselle de Meeûs, de Bruxelles, dans ce cas, nous concéderait volontiers l'usage de la chapelle expiatoire du S. Sacrement de Miracle; là, selon la fin propre de notre Société, nous ferions l'adoration perpétuelle devant le T. S. Sacrement exposé et travaillerions à augmenter, à soutenir, du moins, la foi, la dévotion et le culte de l'Auguste Sacrement des Autels.

Mais afin que Votre Eminence connaisse par Elle-même la nature de notre Institut, les moyens qu'il emploie pour arriver à son but, l'esprit qui doit animer tous ses membres, j'ose lui adresser un exemplaire de nos Constitutions et un du Décret de notre Approbation par le S. Siège.

Dans la confiance d'une réponse favorable, je baise avec le plus profond respect votre Pourpre Romaine et j'ose me dire par Notre Seigneur

de Votre Eminence, Monseigneur,

le très humble et très obéissant serviteur.

Pierre Eymard

(la date était ici) Sup. Soc.SS.


Nr.1645

An Marg. Guillot

Angers, Samedi 24 Octobre 1865.

Chère fille,

J'irai demain matin pour la sainte Messe. Je suis tout surpris de ce que vous dit Monseigneur. Il n'a pas été question de... ni pour rien, il l'a même bien jugée... ...............(quatre lignes effacées)................... Mr Crépon était bien libre de répondre à une lettre aussi insultante, qu'est-ce que cela veut dire que cet envoi de toutes ces lettres?... Pauvres créatures! La mesure sera bientôt pleine!

Monseigneur m'a parlé de plusieurs mois, même de cinq à six avant de rien changer. Ainsi, laissez dire, priez, gardez tout pour vous en Notre-Seigneur. Tout cela passera. S'il faut obéir, nous obéirons avec la grâce de Dieu.

Ne faites pas inviter Mr Crép. pour demain; Monseigneur pourrait en être contrarié.

Commencez une neuvaine pour les âmes du Purgatoire les plus abandonnées, pour Monseigneur et la paix intérieure: c'est le meilleur remède.

Je vous bénis en Notre-Seigneur.

EYMARD.

J'ai vu Mr Trottier; il vous donnera tous vos droits sur la moitié de la ruelle; il fera un compromis comme les autres, mais pour le moment on ne peut y toucher à cause de vos locataires.


Nr.1646

An Gräfin v. Andigné

Angers, 25 Octobre 1865.

Madame en N.-S.,

Je partage bien votre peine et vos croix, et, si c'était utile, j'irais faire une visite à Mr d'Andigné et à vous tous. En cela il ne faut considérer que la convenance et le bien, et non le désir personnel. Je sais que vous êtes grande et forte dans les grandes occasions, et que vous savez vous mettre au-dessus de la faiblesse et de la peine; vous le faites en ce moment.

Mettez toujours bien votre confiance en Dieu, abandonnez-vous entièrement à sa divine bonté qui ne vous a jamais fait défaut.

De grâce, laissez l'avenir à Dieu. - Remerciez-le du bien présent et espérez que tout tournera à sa plus grande gloire...

Vous voyez comme c'est bon de se tenir fortement unie à Dieu Notre-Seigneur, de vivre de lui, en lui et par lui. Il ne vous manque jamais, il est toujours notre bon Père et bon Sauveur; les hommes, au contraire, même les plus utiles et les plus désirés, ou sont stériles ou sont absents. - Dieu reste avec nous, le divin Emmanuel que vous avez avec vous, chez vous. Adorez-le bien de tous les coins de votre maison, aimez-le bien en toutes vos oeuvres, louez-le en tous vos états intérieurs! établissez ce rayonnement continuel de votre coeur au divin Tabernacle, et ce divin Amant des Anges, ce Prisonnier eucharistique de l'amour sera content.

Je vous mets tous les jours sur la sainte Patène et vous offre, vous et tous les vôtres, à Dieu le Père par Notre-Seigneur, en qui je suis,

Madame,

Votre respectueux et tout dévoué serviteur.

EYMARD, S.S.S.

P.-S. - Vous avez dû recevoir une lettre de moi il y a quelques semaines. Je vous avais promis un livre, je l'ai oublié; mais à plus tard. Je ne sais quand je repartirai encore.


Nr.1647

An Bischof Angebault

29 Octobre 1865.

Monseigneur,

Je suis heureux de soumettre à Votre Grandeur cette troisième partie des Constitutions, afin qu'elle daigne l'examiner, la corriger, et l'approuver si elle le trouve bon.

J'ai profité des bons renseignements qu'elle a bien voulu me donner et qui sont marqués au coin de l'expérience et de la sagesse.

Je vous avais promis, Monseigneur, d'envoyer de suite le Père Champion pour ces Dames; je ne l'ai pu, obligé d'aller moi-même deux fois près de mon unique soeur, très gravement malade. Je vais l'envoyer à mon retour.

J'avais exposé à Votre Grandeur la pensée d'une petite fondation des Servantes du Saint Sacrement, à Nemours, diocèse de Meaux.

Les raisons qui me faisaient exposer ce désir étaient : le bien que procure pour certains esprits le transvasement d'une maison dans une autre; le besoin même de ce changement quelquefois; l'occasion facile que donnerait cette fondation de faire la séparation, désirée par Votre grandeur, des professes triennales des novices, et enfin d'élever à Notre-Seigneur un trône de plus.

Une raison encourageante pour cette fondation, c'est l'offre d'un immeuble très convenable pour une communauté et donné à cette fin par une Demoiselle qui l'apporterait en dot. D'après l'avis de Votre Grandeur, je l'ai accepté pour ces Dames. Il y a eu des frais d'acte assez considérables et des réparations, le tout s'élevant à 10.000 francs.

La donatrice presse pour le commencement de cette fondation, et si l'on tarde trop, il est à craindre qu'elle ne soit perdue. - Mais avez-vous des sujets, et des sujets assez formés? demandera Votre Grandeur.

Oui, Monseigneur, on peut, sans nuire au service de l'adoration perpétuelle de la maison d'Angers, prendre dix ou douze Soeurs sur trente-deux. - Quant à l'esprit religieux, j'ose affirmer qu'il existe dans cette communauté; voilà huit ans que je travaille à les former à la vie religieuse.

Mais trouvera-t-on une Supérieure capable? - Je le crois, Monseigneur; quand il y a bon esprit, la pratique de la vie religieuse, un peu d'expérience, Dieu fera le reste.

D'ailleurs, il me semble qu'une vie contemplative, qui n'a ni éducation, ni devoirs extérieurs pour fin, a besoin surtout de religieuses de silence, de prière, de vie intérieure; or, j'ai la consolation d'assurer que ces qualités existent généralement parmi les membres de la Communauté.

Avant d'avoir le bonheur de voir Votre Grandeur et de recevoir sa réponse définitive, j'ai pris la liberté de lui exposer les motifs de ma demande et la prie de les peser devant Dieu.

Mgr l'Evêque de Meaux, que j'ai vu, recevra volontiers ces Dames si Votre grandeur n'y met pas d'obstacle, ce que j'aime à espérer.

Daignez agréer les hommages de la filiale vénération avec laquelle je suis en Notre-Seigneur

de Votre Grandeur,

Monseigneur,

le très humble et dévoué serviteur.

EYMARD, Sup.


Nr.1648

An Fräul. de Meeûs

Angers, Toussaint 1865

Très Révérende Mère,

Merci de votre bonne lettre; tous nos religieux ont partagé votre joie et tous en ont béni Dieu. Maintenant reste l'obligation; elle viendra à l'heure de Dieu, qui sera toujours la nôtre. Assurement il y a quelque chose de providentiel dans cette union d'oeuvres, nées à la même époque dans deux capitales et amies, à Rome en même temps, aux pieds du trône du divin Roi dans les mêmes sentiments, tout cela semblait dire une parenté spirituelle.

Je vous remercie de la nouvelle de Malines; dès que j'aurai reçu de Son Eminence l'adhésion, je l'enverrai à Rome.

Je n'ai plus besoin de me rappeler aux prières de votre communauté; c'est un droit acquis des deux côtés.

Je vous reste bien uni en N. S. , Très honorée Mère; votre

dévoué serviteur

Eymard

Sup. Soc. SS.


Nr.1649

An Gräfin v. Andigné

Angers, Toussaint 1865.

Madame en N.-S.,

J'ai commencé mardi la retraite de ces Dames, et elle sera finie mardi prochain. Il y aura une cérémonie de profession à 9 heures. C'est vous y inviter.

Mais je désire bien aller au service du Général pontifical lundi; j'espère vous y trouver.

Aujourd'hui, fête du Ciel, fête de nos parents, et de nos frères en Jésus-Christ. Ce sera un jour la vôtre, car vous y avez votre place que l'amour de Notre-Seigneur vous y a préparée.

Il faut désirer le Ciel, parce que c'est Dieu possédé, c'est Dieu glorifié parfaitement. Alors plus de péché, plus de tentation, plus d'obstacle à son amour et au nôtre. Beau Ciel! quand seras-tu ma demeure?...

Que mon coeur y soit, en attendant le reste de ce bagage humain!

Je suis religieusement en N.-S.,

Madame,

Votre dévoué serviteur.

EYMARD.


Nr.1650

An P. Leroyer

Angers, Toussaint 1865.

Bien cher Père,

C'est d'Angers que je vous écris, où je suis depuis dix jours. J'y suis venu pour la question du Tertre et de l'hôpital. On m'avait écrit que l'administration des hospices allait vendre bientôt cette propriété vacante. Je suis venu aussitôt, et me voici à attendre que l'on affiche l'adjudication; il y aura bien des difficultés, car je crois que le maire, Mr le Curé de la Trinité, l'école des Arts feront tout ce qu'ils pourront pour que nous ne l'ayons pas; le diocèse ne fera rien, mais sera content si nous avons le Tertre.

Je me mets au courant de tout, mais je crains un coup de dé du côté de la mairie: un des administrateurs m'a mis au courant; enfin nous ferons tout ce que nous pourrons.

Si N.-Seigneur veut le Tertre, il bénira nos efforts.

Vous savez que l'affaire de Bruxelles est conclue; reste l'adhésion de Son Eminence, puis l'approbation de Rome.

Mlle de Meeûs a été très large: un bail de quatre-vingt-dix-neuf ans de l'église, de la maison, du mobilier du Culte.

Quand irons-nous commencer ce quatrième Service du Bon Maître? Je voudrais que ce fût bientôt, mais il y a l'heure de Dieu et de Rome à attendre.

J'ai vu votre frère et votre beau-frère, votre sainte mère; tout va bien chez vous; voici le moment, m'a dit votre excellent beau-frère, du grand travail pour eux.

La maison d'ici va bien. Je ne sais si le départ du Préfet changera quelque chose; Monseigneur l'espère, car il était bien avec l'Evêque de Laval: nous verrons.

Rien de nouveau pour l'expropriation de Paris, nous sommes toujours dans une attente prochaine ou plutôt entre les mains de Dieu et à sa sainte grâce.

Les Servantes du T. S. Sacrement m'ont bien parlé de vous, elles se souviennent avec grande reconnaissance de votre bonté pour elles; elles vont à l'ordinaire, leur ruelle est toujours dans le statu quo.

Adieu, cher Père, mes bons souvenirs au cher Père de Cuers et au bon Père O'Kelly et à tous les frères; faites part au P. de Cuers de ma lettre et le remerciez pour moi de la sienne.

Tout vôtre en N.-S.

EYMARD.


Nr.1651

An Frau Spazzier

Angers 3 novembre 1865

Madame et bien chère soeur en N.S.

Je viens répondre à votre bonne lettre. - Je ne vous conseille pas Angers, pays très humide à cause des deux fleuves et de vos douleurs.

L'église de ces Pères est ouverte à tous les vents.

La première idée est toujours la meilleure: allez à Hyères - il n'y a pas eu de choléra; il n'y a plus rien, ni à Marseille, ni à Toulon, à ce qu'on m'écrit; votre santé a besoin de ce climat.

Je suis ici jusqu'à la fin de la semaine prochaine. Tout va à l'ordinaire.

Je vous avais parlé de Chigny, d'une pension de Dames à 300 Fr. près de Port-Boulet, chemin de fer de Tours à Angers; mais comme vous n'aimeriez peut-être pas cette compagnie, je ne puis vous dire d'y venir.

Je suis tout à votre service, bonne fille, comme aussi,

croyez en N.S. à mon affectueux dévouement.

Eymard.

Nota: le P. a écrit octobre au lieu de novembre. Il dit: Je vous avais parlé de Chigny...ce qu'il a fait le 15 octobre (P.Troussier).


Nr.1652

An Frau v. Grandville

Paris, 4 Novembre 1865.

MADAME EN N.-S.,

Me voici à Angers depuis quelques jours. Je prêche une retraite en clôture à ces Dames du Saint Sacrement; elle sera finie mardi.

Mercredi a lieu l'anniversaire quinquagénaire de Monseigneur; est-ce que vous ne viendrez pas à Angers? Je pense repartir vendredi. Je ne puis aller cette fois-ci à Nantes, mais je dois revenir ici vers le milieu de décembre, et alors je paierai mes dettes.

Je pars à l'instant pour le service du général de la Moricière.

Tout vôtre en N.-S.

EYMARD.


Nr.1653

An Frau v. Grandville

Angers, 8 Novembre 1865.

MADAME EN N.-S.,

J'ai reçu votre petit mot; impossible d'aller à Nantes en ce moment. Je pars d'ici samedi matin pour Paris. Si quelques heures vous suffisaient demain ou vendredi, je serais heureux de vous être utile. J'ai bien désiré aller vous voir; Dieu ne l'a pas voulu.

Je dois venir ici pour le samedi des Quatre-Temps de la Noël, et même quelques jours avant. Ainsi, voyez. J'ai vu avec bonheur Mr Richard: quel saint homme! Vous êtes heureuse d'avoir un si saint directeur.

Je vous bénis.

Tout vôtre en N.-S.

EYMARD, P S.


Nr.1654

An Herrn Amadeus Chanuet

Angers 9 novembre 1865

Cher Monsieur Amédée,

Je vous écris d'ici pour vous dire qu'il faut la permission de Son Eminence ou de son Grand Vicaire pour bénir votre chapelle de la Toussaint, ayant soin de bien indiquer le titulaire et celui qui doit la bénir. Votre cher frère n'a pas besoin de permission pour baptiser votre enfant, il le peut.

Je serai heureux d'aller vous voir et bénir toute votre famille pour le 15; nous partirons le 14 par le direct de 6 - du matin; nous devons arriver à Belleville vers les 4 ou 5 heures du soir.

Votre chère mère va bien, je viens de leur donner la retraite annuelle; elle a été la première à me dire que malgré le plaisir qu'elle aurait de vous voir tous, elle préfère rester, surtout à cause des difficultés, Mgneur l'Evêque ne voulant pas donner de pareilles permissions. J'ai vu en cela la grande vertu de votre bonne et pieuse mère, elle a offert à Dieu ce plaisir.

A bientôt, cher Monsieur Amédée. Tout vôtre.

Eymard.


Nr.1655

An Frau Wwe. Marechal

Angers 9 novembre 1865

Madame,

Je ne vous écris pas sur votre peine et sur votre trouble, ce n'est rien. C'était une tempête! elle est passée, je l'espère, il n'y avait rien de positif, tout était négatif, ni aucune raison, car en ces cas, ceux qui reçoivent, examinent, et quand une pièce est en circulation ordinaire, il faut la supposer bonne.

Je ne serai que tard samedi à Paris. Venez plutôt Dimanche ou Lundi. Ecrivez-moi votre heure à Paris, afin que je vous attende, c'est plus sûr.

Je vous bénis en N.S.

Eymard.


Nr.1656

An Frau Lepage

Angers, 9 Novembre 1865.

MADAME EN N.-S.,

Je suis à Angers depuis plus de quinze jours. J'en repars samedi pour Paris.

J'ai bien regardé Rennes d'ici, désirant que quelque voix de Dieu m'y appelle pour vous faire un peu de bien; mais j'ai plusieurs retraites à donner ces temps-ci à des adorations de ville: Tours, Angers en décembre.

J'ai bien regretté de ne pas voir votre cher père; j'avais retardé mon voyage pour le voir, je l'avais attendu depuis le dimanche jusqu'au jeudi, les 4 jours dont me parlait votre lettre: ne le voyant pas venir, je suis parti ce même jour. Ce n'était pas encore l'heure heureuse, comme vous le dites, nous prierons encore plus, rien ne résiste à la prière.

J'ai bien lu votre lettre!

Je suis content de votre fidélité au silence et aux heures de solitude, l'amitié y gagne et l'âme encore plus.

Non, non, ne vous reprochez pas cette affection, cette expansion, elle est bonne et utile: c'est le trop plein qui sort, mais le coeur reste plein de Dieu et de sa charité pour le prochain.

J'aime bien ce besoin de Dieu en votre coeur, ce besoin de l'infini, de la bonté divine; preuve que votre coeur est bien à Dieu. Ordinairement Dieu laisse la tristesse en l'âme qui souffre, afin que cette tristesse la porte vers Dieu, et quand cette âme s'est soulagée un instant dans quelque amie de Dieu, Dieu fait succéder la tristesse en une plus grande soif de Lui afin d'être toujours l'unique centre de l'âme. Oui, soyez bien aux pensées eucharistiques: elles sont meilleures parce qu'elles sont dans la vraie vie; gardez, alimentez bien ces douces impressions qui vous touchent, c'est le bon pain du jour.

Dieu ne désire rien tant que de se communiquer à l'âme qui l'aime.

Je dirai vos messes pour votre bon et saint mari que j'ai connu et qui m'est bien souvent présent, je regarde souvent sa photographie.

Je vous bénis, bonne dame, et je vous désire tout le bien de Dieu, en qui je suis

Tout à vous.

EYMARD.

Madame Lepage, née Delys,

8, rue de Toulouse,

Rennes (Ille-et-Vilaine).


Nr.1657

An Fräul. Julia Bost

Angers, 9 Novembre 1865.

BONNE DEMOISELLE ANTONIA,

Vous ne pouviez pas me faire un plus grand plaisir que de me faire et de m'envoyer ces jolis symboles. Merci donc, et grand merci. Je vais les garder comme un sujet d'oraison, surtout celles de la sainte Eucharistie. Vous devriez bien créer un petit livre d'images sur l'Eucharistie, mais j'y reviendrai avec vous.

Vous êtes donc un peu plus religieuse: c'est bon. L'amitié n'en sera que plus forte et plus cordiale.

Gardez bien vos moments de silence et de solitude: l'âme en a besoin, et Dieu les veut pour visiter les âmes et converser avec le coeur qui est en son amour.

Je n'ai rien fait encore auprès de votre cher frère. Je le ferai à mon retour. Voilà près de dix-huit jours que je suis ici. Je repars samedi pour Paris. Si Rennes était sur mon chemin, je vous saluerais en passant, mais je ne puis que vous bénir de loin.

Voici la Présentation qui approche: c'est le jour des vierges. Donnez-lui [à Marie] une jolie fleur blanche et odorante ce jour-là.

Pauvres filles! Le Purgatoire est souvent pénible et dur; mais pensez que ce n'est qu'un Purgatoire, et que, bien souffert pour Dieu, il conquerra à Dieu ces pauvres âmes qui en sont loin.

Adieu, chère fille en N.-S. Je vous bénis comme je vous suis dévoué.

EYMARD.


Nr.1658

An Marianne Eymard

Angers, 9 Novembre 1865.

CHERE SOEUR,

Je vous écris d'Angers où je suis depuis plus de quinze jours. Je bénis et remercie de tout mon coeur le Bon Dieu de votre mieux et lui demande la force et le courage pour que vous puissiez vous lever et reprendre les exercices ordinaires de votre vie. Je comprends qu'ayant été si malade et si faible, les forces ne reviennent pas de suite; mais consolons-nous, elles sont en chemin et reviennent peu à peu. Vous avez fait là une bien longue retraite avec le Bon Dieu et vous-même, chère soeur.

Vous avez bien dû voir la vanité de ce monde et même de la vie, si elle n'est pas toute pour le ciel. ... Ah! la maladie est une éloquente maîtresse et une leçon de sagesse et de vertu.

Ces Dames vont très bien. Elles vont faire, pour la fête de l'Immaculée Conception, leur fondation à Nemours. Priez un peu à cette intention, car le démon fait tout ce qu'il peut pour la faire échouer.

Mlle Sterlingue est venue ici depuis quelques jours, elle se souvient toujours avec plaisir de votre bonne amitié; toutes me chargent de vous dire toute leur affection, ainsi qu'à vous, chère Nanette.

Voici l'hiver, pauvres filles; que Dieu vous vienne en aide! et aussi soignez-vous et gardez-vous des chauds et froids.

Je vais bien et je ne regrette qu'une chose: c'est que les jours sont trop courts pour faire tout ce que je dois.

Toutes les commissions de Mr le Curé sont faites; je n'ai pas eu le temps avant de partir de les lui expédier, ce que je ferai en arrivant.

Je pense que la femme Oddoux de Paris et à La Mure, je lui ai procuré tous les moyens pour faire son voyage; pourvu au moins que je n'aie pas été trompé! Je lui avais donné une bouteille d'eau pour les yeux pour vous et vous en donneriez un peu à l'amie d'Euphrasie Ravinet.

Je vous bénis de tout mon coeur, chères soeurs.

Votre frère.

EYMARD


Nr.1659

An Marg. Guillot

Paris, 10 Novembre 1865.

Chère fille,

J'arrive de Meaux. Monseigneur Allou vous reçoit avec plaisir et en toute paternité dans son diocèse et sans condition.

Je lui ai dit que vous y feriez votre installation pour la fête de 'Immaculée Conception. Ainsi bénissez Dieu: il vous aime, ce bon Maître, et vous sert comme un bon Père.

Je vous bénis.

EYMARD.

P. S. - Je n'ai rien trouvé d'argent, priez. Peut-être à Lyon trouverais-je?


Nr.1660

Adveniat Regnum Tuum

Paris 13 novembre 1865

Au R.P. de Cuers

Bien cher Confrère,

Votre lettre du 7 courant m'a rempli d'une profonde tristesse, il faut que vous soyez bien fatigué pour demander d'être ôté du service de l'Adoration. Assurément votre état vous en dispense. Je vous laisse à l'adoration libre selon vos forces, ou plutôt votre faiblesse et votre misère corporelles, comme vous dites.

Il n'est pas possible en ce moment de vous remplacer par un profès, il faudra attendre que la profession nous en donne.- Puis vous savez qu'il faut préparer le petit personnel de Bruxelles et vous n'ignorez pas notre pénurie, au besoin Marseille se dévouera comme ceux d'Angers le font avec beaucoup de zèle.

Vous avez remis au R.P. Leroyer les charges de la maison comme à votre Vicaire. Oui, c'est son devoir de vous remplacer. Un religieux ne peut se démettre de lui-même de l'obéissance, il n'en est pas d'un Supérieur religieux comme d'un officier; j'aurais aimé que vous ne l'eussiez pas fait sans m'en écrire, d'ailleurs j'irai à Marseille: il y a un an que je n'ai pas vu cette maison et j'examinerai par moi-même si je dois vous remplacer.

Comme malade, cher Confrère, vous n'avez pas de responsabilité, mais je veux qu'on vous regarde dans la maison comme Supérieur; à 58 ans, bien cher Père, on est pas encore vieux, et vous savez par expérience que le mieux peut venir, nous le demandons bien à N.S. pour vous et pour nous tous vous êtes le serviteur de la première heure. Allons, cher Père, regardez comme une tentation votre pensée de vous retirer du service de la charité!

Je vous reste bien uni en N.S.

Eymard S.


Lettres précédentes / Lettres suivantes

Index Lettres Vol V / Index allemand / Index général