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A Madame Gauthier, née Court, à La Mure.
Rue f. St.Jacques 68, Paris, 20 août 1865.
Chère Dame,
Je prends bonne note pour votre frère Jules, c'était trop tard pour s'occuper de lui en ce moment pour l'Assomption.
Nous allons travailler pour la prochaine promotion, dites-lui bien de ne pas se décourager, qu'il arrivera, c'est vrai que la protection est la grande puissance du jour comme toujours; mais avec sa bonne conduite et ses études elle ne lui manquera pas.
Je vous remercie de votre amitié pour ma chère et bonne soeur, j'en suis malade de tristesse, car je crains bien de la perdre. Je prie bien le Bon Dieu de la laisser encore un peu.
Cependant elle est à Dieu avant d'être à nous - que sa sainte volonté soit faite. - Si La Mure n'était pas si loin, j'y retournerais bien vite.
Je vous serais reconnaissant de la voir et de me donner de ses nouvelles.- Nanette est bien occupée.
Je vous suis bien uni en N.S., bonne Dame.
Tout à vous.
Eymard Sup.
P.S. Je vous prie bien de faire remettre cette lettre ci-incluse à son adresse.
Paris, 21 Août 1865.
Chère fille en Notre-Seigneur,
Je viens d'envoyer à Mlle Sterlingue deux mille cinq cents francs. Je vous envoie mille francs pour vos besoins; c'est un emprunt que je viens de faire à la Banque pour vous. J'ai encore une petite somme en réserve pour les vases sacrés, et mille francs en réserve pour ce que vous voudrez.
Je pars pour Tours jusqu'à lundi donner une retraite aux Dames de l'Adoration.
J'ai écrit à Nemours à Mr le Curé pour l'avertir, et je lui ai recommandé la discrétion.
Je vous bénis... et toutes vos filles.
EYMARD.
Paris 21 août 1865
Madame,
Je n'ai que le temps de vous dire que Mr.Octave Ravache, (Avenue de la Santé 11) accepte avec reconnaissance la place de comptable sous Mr. votre fils, et dès qu'il y aura une place vide, il sera heureux de la remplir. - Je pars pour Angers jusqu'à vendredi soir.
Tout à vous en N.S.
Eymard.
P.S. J'ai été heureux de faire la connaissance de votre cher fils.
Paris 21 août 1865
Bien chère Soeur,
Merci de votre bonne lettre; j'étais inquiet sur vous. J'ai laissé ma pauvre soeur bien malade, que la Ste Volonté de Dieu soit faite! priez bien pour elle, car les prêtres du pays délaissent bien les malades.
J'ai bien prié pour vous à N.D. de la Salette, je n'ai pas eu le temps d'aller à N.D. du Laus, puis j'étais un peu fatigué.
Je vais partir à 9 heures de ce matin pour Angers. Monseigneur veut nommer un Supérieur, il m'attend. Je ferai ce que le Bon Dieu veut. Je resterai à Angers jusqu'à vendredi, car je prêche ici à Paris samedi l'adoration.
Ecrivez-moi à Angers, si vous le pouvez, dites-moi un mot pour Madame d'Andigné. Je pense que vous m'attendrez pour revenir à Paris, afin que je vous voie.
Je vous bénis. Soyez bien toute à Notre-Seigneur sur la croix, offrez-lui bien tout et quand il vous montre les péchés et les misères du monde, c'est pour lui en demander pardon et prier pour les pécheurs. (Ici la feuille est coupée sur 33 à 34 millimètres)
Je vous bénis encore.
Tout vôtre en N.S.
Eymard
P.S. Je vous envoie une image de Rome pour votre secrétaire.
Paris, 17 Août 1866.
Chère fille en N.-S.,
J'a lu avec beaucoup d'attention votre dernière lettre! J'y vois toujours cette vieille nature qui bourgeonne et ne veut pas rester inactive ou captive. Dominez bien ces inquiétudes si elles revenaient, car le coeur est à Dieu.
Vous avez bien fait de passer par-dessus toutes ces folles et vilaines pensées sur Dieu: tout cela n'est qu'une preuve de notre profonde misère, et une tempête du démon. Il fallait aller de l'avant tout de même; vous l'avez bien fait! C'était aussi un coup de fouet, peut-être le sommeil vous gagnait-il?
Mais le bon Maître en revenant à Béthanie y a ramené la paix et la joie; qu'il en soit béni!
Aimez-le bien ce bon Maître qui est là chez vous, et pour vous seule! le reste des fidèles ne fait qu'en profiter. Visitez-le bien ce divin Hôte et Ami; car, puisqu'il vous aime à ce point, il est juste que vous lui donniez ce que veut la convenance et l'amitié.
Ornez-le bien, car il est Roi et Roi du coeur; il aime les dons d'amitié et de préférence; il faut lui donner un bouquet nouveau chaque jour, c'est de devoir en l'amitié.
Je suis aise que vous ayez l'occasion de dominer la paresse du corps et de faire réparation du passé par l'ordre présent; c'est bien! mais ne cherchez pas à finir trop vite, tout en souffrirait et tout serait vite en désordre.
Travaillez à la journée, et tout pour Dieu.
Chantez sans cesse le cantique de l'amour, puisque Dieu vous aime tant et que vous n'aspirez qu'à l'aimer de plus en plus.
Je vous bénis bien religieusement en N.-S.
EYMARD.
Paris 28 août 1865
Mademoiselle,
Je vous arriverai demain mardi. Je ne suis à Paris que depuis deux jours, de là mon retard à répondre à la lettre du bon Père.
Je vais à Bruxelles pour vous voir et vous dire ma bonne volonté, mais aussi notre impossibilité de faire une fondation en ce moment.
Nous verrons donc ce qu'il y a à faire pour la gloire de notre bon et commun Maître, en qui je suis
Tout à vous.
Eymard Sup.
Paris, 2 Septembre 1865.
Chère fille,
Je vous envoie la lettre de Nanette; cette pauvre soeur s'en va vers le bon Dieu. Je suis bien pris ici à Paris.
Lundi matin j'irai chez Mr False; j'arrive de Bruxelles, où je n'ai rien conclu, sinon de voir et d'écouter.
Je pense que vous avez signé cette procuration.
Ce père Sterlingue voulait se porter à toutes les extrémités; ce sont les mauvais conseils, a dit l'huissier, qui l'ont porté là.
Je vous remercie des lettres de soeur Benoîte. J'ai votre argent, je vous l'enverrai. Je n'ai que le temps de vous bénir.
Tout vôtre en Notre-Seigneur.
EYMARD.
Paris, dimanche, 3 Septembre [1863.]
CHERES SOEURS,
J'ai quelques jours de libres devant moi, j'ai le projet d'aller vous voir.
Je vous arriverai mardi soir ou mercredi de cette semaine, au plus tard jeudi.
Que le Bon Dieu vous soulage, chère soeur, et bénisse mon arrivée et mon séjour.
Je vous bénis.
Tout vôtre en N.-S.
EYMARD.
Paris, 4 Septembre 1865.
Chère fille en Notre-Seigneur,
Je viens de voir Mr False, quel homme difficultueux! Il ne veut plus traiter, il veut garder ses droits, vous laissent libre de bâtir. - " Oui, lui ai-je répondu, mais quelles garanties pour elles que vous ne les attaquerez pas un jour quand elles auront bâti? Le ferez-vous? - Non. - Eh bien! elles ne le peuvent pas". - De là toutes les récriminations contre cette ruelle fermée, tout ce qu'on peut dire. Je suis revenu cinq fois à la charge, pas moyen. J'ai offert 600 francs, il n'a rien accordé. " Enfin, lui ai-je dit, il n'y a plus que vous, tous les autres ont consenti. - Que m'importe, dit-il, je garde mes droits. - Mais si on avait pris au mot votre architecte demandant 600 francs, c'était fait. - Non, dit-il, je n'avais pas donné d'ordre, j'ai consulté, on m'a conseillé de garder mes droits."
Je l'ai pris par tous les sentiments et toutes les raisons; enfin il a fallu se lever. Il m'a montré ses magasins; enfin, à la porte, je l'ai encore argumenté, sa soeur lui a écrit en votre faveur et très bien. Enfin j'étais tout triste, lorsqu'il m'a promis d'écrire à son architecte d'Angers et qu'ici il m'écrirait sa décision. Malgré toute sa sévérité, j'espère qu'il de laissera gagner, et patience encore quelques jours.
Je pars demain pour la Mure. Je reçois cette lettre du médecin, écrivez-moi là-haut.
Le Père Champion achèvera de traiter l'affaire de Mr False; je garde pour cela 800 francs et vous en renvoie 1200.
Je n'ai que le temps de vous bénir.
(Cette lettre a été copiée sur le texte de la Révde Mère Marguerite, non sur l'original).
EYMARD.
Paris, 4 Septembre 1865.
Chère fille en Notre-Seigneur,
Je vous envoie 1200 francs, j'ai gardé 600 francs pour Mr False et 200 francs que je vous emprunte. Je pars à l'instant, la lettre du médecin indique une fin prochaine. Je vous bénis.
(Cette lettre a été copiée sur le texte de la Révde Mère Marguerite, non sur l'original).
Paris, 5 Septembre 1865.
Bien cher Père,
Je vous adresse le projet de fondation écrit par ces Dames de Bruxelles; j'y ai mis mes notes, de concert avec le P. Champion; veuillez examiner les unes et les autres, en faire part au P. Leroyer et m'en dire votre avis.
J'ai été obligé d'aller à Bruxelles, forcé par ces Dames, à l'occasion de leurs locations, et pour ne pas leur faire tort. J'ai vu Son Eminence, Elle a été très bienveillante. Il est bien évident que nous ne pouvons rien faire cette année, je le leur ai dit.
Priez pour ma soeur, qui est sur sa fin; ce qui me console, c'est qu'elle est toute à Dieu.
Je vous suis tout uni en Notre-Seigneur.
EYMARD.
S. S. S.
La Mure, 8 Septembre 1865.
Chère fille,
Nous voici à la Mure avec soeur B. et Mlle Sterlingue.
Je pensais qu'il était nécessaire, avant de venir, de voir Nemours et les travaux qu'on y fait, ne sachant pas combien je resterais de temps ici. J'y ai trouvé soeur B. et je l'ai amenée avec Mlle Sterlingue qui en avait bien besoin. Soeur Benoîte a pu faire le voyage sans trop de fatigue; cependant elle espère aller à Notre-Dame de la Salette y accomplir son voeu. Nous avons trouvé ma bonne soeur mieux; la neuvaine finie lundi dernier avait procuré ce mieux depuis trois jours.
Ce matin, je lui ai dit la sainte Messe dans sa chambre et l'ai communiée; elle en a été bienheureuse, et moi aussi. Cette après-midi elle a bien souffert et ce soir elle est bien accablée. Pauvre soeur! Serait-ce une lueur de mieux pour nous consoler un moment? Le Ciel semble la demander.
Je vous remercie de la bonne idée des voeux, je vais l'examiner et la réaliser, si c'est possible.
Je vous avait dit un mot d'une bonne fille de vingt ans, amie de notre maison, mais n'ayant pas de dot pour le moment. Elle est bien. Voyez si soeur Benoîte ne pourrait pas l'emmener avec elle. Je la trouve bien; elle sait bien coudre, a bonne santé, est modeste, appartient à une honorable famille. La poste part.
Je vous bénis.
EYMARD.
La Mure, 11 Septembre 1865.
Chère fille,
Je viens vous donner de nos nouvelles; ma soeur est encore de ce monde, l'état de la maladie est le même, un mieux semble se déclarer, puis arrive la fatigue et la faiblesse. Cependant, lundi, fin de la neuvaine que vous m'avez demandée pour ma soeur, elle s'est trouvée bien mieux; depuis elle a attribué ce mieux à la neuvaine, comme de juste.
Nous partons aujourd'hui pour Notre-Dame de la Salette, espérant que cette bonne Mère achèvera ce qu'elle a commencé, ou nous obtiendra la grâce à tous pour glorifier Dieu en ces moments si solennels et si pénibles à la nature. Soeur B. va bien l'après-midi, le matin et le soir elle souffre. Il paraît qu'un dépôt commence, elle en souffre parfois beaucoup; j'espère que Notre-Dame de la Salette lui donnera un peu plus de force. Ma soeur a été heureuse de la voir... (deux lignes effacées)...
Je dis tous les jours la sainte Messe dans la chambre de ma soeur, ce qui lui est une grande consolation.
Continuez-nous vos prières, nous ne vous oublierons pas.
Je vous bénis bien en Notre-Seigneur.
EYMARD.
La Mure, le 15 Septembre 1865.
Chère fille en Notre-Seigneur,
Nous voici de retour de Notre-Dame de la Salette et du Laus très heureusement; vous comprenez que nous ne vous avons pas oubliée, ainsi que toutes vos chères filles.
Soeur Benoîte a fait l'ascension de la sainte montagne et sa descente sans fatigue et sans accident...
En arrivant, le 11 au soir à la Salette à sept heures et demie, soeur Benoîte est allée à la fontaine miraculeuse et a été guérie instantanément de son dépôt dans la tête et les oreilles.
... (huit lignes effacées)... heureuse à Notre-Dame du Laus; elle a logé où vous avez logé, elle a bien prié pour vous; ce pèlerinage a été une source de grâces et de consolation.
Nous étions au Laus le mercredi 13, quand ma soeur a failli mourir; mais elle est revenue après une défaillance de trois heures.
Nous l'avons trouvée aujourd'hui 15, à notre retour, aussi bien que nous l'avions laissée, ce qui nous a bien consolés. Elle n'est pas encore hors de danger, j'attends encore quelques jours pour prendre une décision pour mon retour. Si je ne devais pas retourner bientôt, je vous enverrai soeur Benoîte avec Mlle Sterlingue. Ce voyage leur a fait grand bien à toutes deux, et un grand plaisir à ma soeur.
... (deux lignes effacées)...
Je suis tout surpris du refus de Mr False; à mon retour à Paris je verrai s'il n'y a pas moyen d'y revenir.
Pour Nemours, nous avons tous cru que le Bon Dieu voulait cette fondation afin d'avoir un trône de plus, et aussi donner à la maison-mère d'Angers une succursale très utile.
Quant aux autres difficultés, le Bon Maître est là pour nous venir en aide.
Il y a des difficultés qui tuent une oeuvre, d'autres qui la font vivre et grandir. J'espère qu'il en sera ainsi de vos difficultés.
Adieu, bonne fille, je vous bénis en Notre-Seigneur.
Tout à vous.
EYMARD.
La Mure, 20 Septembre 1865.
Chère fille en Notre-Seigneur,
Je viens vous donner de nos nouvelles. Ma soeur va mieux, sa toux a cessé à notre retour de Notre-Dame du Laus. Le soir je lui ai mis de l'huile de la lampe du sanctuaire du Laus, elle a bien dormi, n'a pas toussé le matin. Depuis lors, le soir je lui mets de l'huile sainte, et mêmes effets; aussi à la vue de cette grâce, a-t-elle promis d'aller remercier la bonne Mère au Laus. Je pense pouvoir quitter ma soeur vers la fin de la semaine. Je tâcherai d'aller voir vos bonnes soeurs et Mlle Baillet, comme vous me le dites. Soeur Benoîte est partie lundi pour Grenoble et Lyon, accompagnée de Mlle Euphrasie Ravanat et de Mlle Jenny Sterlingue; elles ont laissé un grand vide ici. Ma soeur ne cesse de dire: "Oh! que la maison est grande".
J'ai prévenu vos soeurs et Mme Gourd de leur arrivée.
Nos pèlerinages ont été heureux.
... (Quatorze lignes effacées)...
Elles ont conservé du Laus un souvenir délicieux; c'est qu'elles y ont été bien recueillies; c'est la grâce du lieu.
De Lyon, elle doit aller à Nemours voir les réparations. J'ai trouvé bien ce qu'on y avait fait, ce qui pourra bien suffire pour commencer et ne coûtera pas beaucoup.
De là, elle ira à Angers; car il y a si longtemps qu'elle en est absente!...
Ma soeur ainsi que Nanette ont fait leur profession dimanche, fête de Notre-Dame des Sept Douleurs, 17 septembre. Elles ne sont tout heureuses. Ma soeur m'a dit plusieurs fois déjà de vous dire qu'à présent vous étiez sa mère et sa bonne mère et qu'elle était votre fille, et Nanette de même.
Elle est très heureuse d'avoir tous les jours la sainte Messe.
Le temps me dure d'aller retrouver le Très Saint Sacrement: on est si pauvre, si mal, loin de ce soleil d'amour!
Votre lettre m'apprend que vous êtes faible et plus faible. Je vous prie, laissez plutôt tout exercice qui vous fatigue, car il faut recouvrer les forces nécessaires pour travailler à la plus grande gloire de Notre-Seigneur. L'Oeuvre est encore si faible! Elle est dévouée, il est vrai, mais, non bien enracinée. Il faut l'arroser de ses souffrances, de ses prières et de ses vertus, afin qu'elle fleurisse devant Dieu.
Adieu, chère fille. Je vous bénis et toutes vos filles.
Tout à vous en Notre-Seigneur.
EYMARD.
P. S.- J'ai gardé le silence à Paris sur le voyage... Je n'en ai même rien dit au...
La Mure (Isère), 20 Septembre 1865.
Madame en N.-S.,
Je viens vous donner des nouvelles de ma chère soeur, sujet de mon voyage et de mon séjour ici, malade à mourir; je ne croyais même plus la retrouver en vie. Nous avons tant prié la Très Sainte Vierge, nous avons même fait un pèlerinage à Notre-Dame de la Salette et du Laus. Nous avons été bien consolés de la trouver mieux à notre retour.
L'onction faite avec de l'huile sainte de la lampe du sanctuaire du Laus a arrêté la toux qui la fatiguait tant; elle a pu reposer. Ce mieux me permettra de repartir dans quelques jours pour Paris.
Il faut bien aimer le Bon Dieu pour lui-même, c'est le vrai et pur amour, - Il vous aime bien, - c'est ce que je demande pour vous; car aimer Dieu c'est tout; en être aimé, c'est le suprême bonheur; le servir par vertu et par obéissance, c'est la souveraine perfection.
Je vous suis en N.-S., Madame,
Tout dévoué.
La Mure, 20 Septembre 1865.
MADAME EN N.-S.,
Je viens vous donner signe de vie. Depuis quinze jours je suis près de ma soeur gravement malade. Je lui devais cette consolation comme à ma marraine. Depuis quelques jours elle va mieux, grâce à Notre-Dame du Laus et de la Salette; aussi pensais-je dans quelques jours retourner à Paris. Il me tarde d'aller reprendre mon prie-Dieu, car, quand on n'est pas destiné à vivre dans le monde, on s'y trouve bien mal à l'aise; on ne sait presque pas y servir Dieu, n'étant plus dans son élément de grâce et de vie.
Cette expérience me montre combien il est nécessaire de tenir à son régime spirituel, et d'être sévère dans ses exercices journaliers, sous peine de stérilité et de grandes souffrances. J'aime à vous dire cela parce que je sais que vous tenez bien à votre règlement et que vous êtes obéissante à suivre la voie tracée; mettez en cela votre progrès en la vertu et votre stabilité en l'amour de Dieu.
Je vous laisse en Notre-Seigneur et attends dans la huitaine de vos nouvelles à Paris.
Croyez-moi en N.-S.,
Madame,
Votre tout dévoué.
EYMARD, P S.
La Mure, 21 septembre 1865
Cher Monsieur Amédée,
Je suis bien en retard avec vous! deux voyages près de ma soeur très malade m'ont absorbé.
Ma soeur va un peu mieux et je pense retourner à Paris dans quelques jours. Si vous aviez quelque commission à me donner, je serai à Lyon vers les premiers jours de la semaine prochaine, et j'irai les prendre chez M. de S. Bonnet rue Sala, du moins chez son concierge.
Je suis heureux de voir votre chapelle presque finie et prête pour la Toussaint, assurément, si je puis répondre à votre si bonne invitation, j'en serai heureux.
Pour la maman, je ne puis vous en répondre, car Mgr l'Evêque est difficile à accorder ces permissions, il n'y aurait qu'une circonstance nécessaire qui pourrait faire fléchir Monseigneur; car il ne voulait même pas donner à Sr Benoîte la permission d'aller aux eaux, encore qu'elle fût très malade.
Si j'avais un jour à moi, j'irais bien jusqu'à Lantignié, mais avec ma malade, je ne puis rien prévoir.
Que Dieu bénisse votre chère et sainte famille, et vous fasse part du centuple de l'Evangile.
Mes bien dévoués hommages à votre bonne Dame.
Tout vôtre en N.S.
Eymard Sup.
La Mure, 23 Septembre 1865.
Chère fille en Notre-Seigneur,
J'ai écrit au Père Champion et à Mr False, priant le Père de vous écrire de suite la réponse, qui, je l'espère, sera favorable. Ecrivez un mot à Mr Placet, notaire, en ces termes:
"Monsieur, Je suis toujours dans la détermination arrêtée de vous donner 500 francs d'indemnité; j'attends la réponse de Mr False pour sa part.
Je viens de faire des instances auprès de lui pour en finir.
Je vous prie donc, Monsieur, de vouloir bien attendre un peu pour nous donner le temps de recevoir cette dernière réponse; nous regrettons bien que cette affaire ait été si mal combinée, aussi nous en portons bien la peine, et sommes-nous décidées à en finir, et même à nous placer ailleurs.
J'ai l'honneur d'être avec respect..."
Le mieux de ma soeur se maintient; lundi soir ou mardi matin j'espère être à Lyon.
Allons, chère fille, les difficultés ne sont que des occasions de vertu, combattez toujours avec la confiance en Dieu.
Je vous bénis.
Tout à vous en Notre-Seigneur.
EYMARD.
La Mure, 23 Septembre 1865.
Bien cher Père,
Mlle Guillot d'Angers m'écrit son embarras dans la question de la ruelle à ouvrir ou à fermer.
Me Placet, notaire de la poste à Angers, notifie à ces Dames de payer 500 fr. dans la huitaine, ou que, ce délai passé, il les forcera d'ouvrir une ruelle.
Mr False est le seul opposant, après avoir demandé 600 f. d'indemnité et fait mille difficultés. Je suis allé le voir avant mon départ, il m'avait promis de s'en occuper et de m'écrire à Paris.
Veuillez, cher Père, aller le voir et lui porter ma lettre de suite, si vous n'obtenez rien, écrivez-le à la mère d'Angers (Rue de l'Hôpital 10bis), elles vont être obligées de refaire le mur de la ruelle, de l'ouvrir, de perdre 400 fr. déjà donnés; vraiment c'est l'enfer déchaîné.
Je vous arriverai les derniers jours de la semaine prochaine. Le mieux de ma soeur se consolide.
Tout vôtre, cher Père.
EYMARD.