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Nr.0361

An Marg. Guillot

T.P.D.S.

La Seyne, 30 Juin 1852.

Je suis un peu en retard, ma chère fille, à répondre à votre dernière lettre, cela est venu d'un voyage que j'ai fait à Digne, où j'ai visité notre maison, puis de mille occupations qui se succèdent à la fin de l'année; nous pensons sortir le 29 juillet, mais que ceci ne vous empêche pas de m'écrire et longuement, car vos lettres me font plaisir en Notre-Seigneur.

Je remercie bien le Bon Dieu de vous avoir fait trouver cette maison si tranquille et si favorable à votre santé, puis vous serez près de la chapelle du Verbe Incarné, le P. Champion connaît beaucoup Mr l'aumônier, il pourrait bien aller vous confesser dans la chapelle, si c'était possible; mais voyez, ma chère fille, confiez-vous bien à Notre-Seigneur et à sa Providence toute paternelle: rien ne vous manquera, surtout dans la vie spirituelle, si vous êtes bien unie à votre divin Epoux: un époux doit nourrir, soigner, défendre, perfectionner son épouse; puis il me semble qu'à présent Notre-Seigneur supplée en vous à bien des choses, et que vous n'avez plus autant de besoins extérieurs. L'état de liberté et de paix dans lequel je vous vois, au milieu de vos peines et de vos souffrances, cela me porte à remercier la Bonté divine envers vous. Ne vous attachez pas aux moyens d'aller à Dieu, mais à Dieu seul et à sa divine volonté du moment. Laissez-vous tourner et retourner, prendre et laisser, consoler et désoler par ce divin Maître, comme il le voudra, et ne mettez votre consolation que dans une seule chose, dans l'amour de sa divine volonté.

Je suis tranquille de vous savoir entre les mains du P. Ch. Suivez ses conseils comme les miens. Quand Mlle de Revel vous priera de prier avec elle, vous ferez bien de le faire, si votre santé le permet, c'est la charité alors qui le demande, et la charité ici passe avant votre dévotion intérieure. Confessez-vous bêtement, passez-moi ce terme que vous me marquez: c'est l'humilité qui est la mesure de la grâce. Allez vous confesser pour la grâce de l'absolution; mais surtout, ma chère fille, ne cherchez pas à trop sonder le mystère de la grâce de Dieu en vous. Allez au bon Dieu comme un enfant qui vit à l'ombre des bienfaits de son père et de sa mère, cherche à leur plaire, et toutes les occasions de leur prouver son amour.....

Ce pauvre frère est bien malheureux! c'est fâcheux qu'il quitte la Favorite: les gens du midi sympathisent difficilement avec les gens du nord.

Je suis aise que vous me parliez de cette conversation pénible, vous avez bien fait de garder un triste silence; et si vous aviez été maîtresse, vous auriez bien fait de tourner la conversation. Vous avez bien fait de me dire un peu votre peine; hélas! ma fille, voilà ce que la fréquentation du monde produit jusque dans des âmes pieuses. Oui, restez dans votre ignorance et priez Notre-Seigneur d'oublier tout ce que vous avez entendu.

Si le bon Dieu voulait que nous nous rencontrions à la Mure ou au Laus, je l'en bénirais; je n'ai pas encore la permission d'y aller. Je vous en écrirai quelque temps d'avance, mais vous viendrez à la maison comme chez vous, et si je vais à Lyon, si j'ai un quart d'heure, il sera pour vous et votre conscience.

Je viens de recevoir votre lettre du 28 juin. Merci de vos souhaits pour ma fête, que le bon St Pierre m'obtienne un peu de son amour pour Notre-Seigneur et sa croix. J'avais reçu aussi le billet de Mlle Vadoux.

J'ai écrit à Mr Gaudioz.

Je regrette bien que...... n'ait pas reçu ma lettre, je lui écrirai de nouveau..... peut-être y a-t-il un malentendu, enfin, que Dieu soit béni de tout!

Je vous remercie de m'avoir épargné des visites, je n'ai pas assez de temps en ce moment.

Que le bon Dieu est bon de vous avoir fait trouver quelqu'un pour votre fonds!.......

Mille respects à votre bonne mère, à vos chères soeurs, et vous savez que je vous suis en Notre-Seigneur,

Tout dévoué.

EYMARD.

P.S. Excusez ma plume, la poste va partir et je tiens à vite vous répondre.


Nr.0362

an Fräul. v. Revel

T.P.D.S.

La Seyne 5 juillet 1852

Mademoiselle & chère Soeur en Marie,

Je suis bien en retard avec vous; votre charité voudra bien m'excuser. Vous savez que mon coeur ne l'est pas auprès de Dieu pour vous. J'ai fait un voyage, puis milles choses.

Je vous remercie bien de votre bonne lettre; & de tout ce que vous faites à mon occasion. J'ai appris avec bien du plaisir que vous aviez Mlle Guillot dans votre maison de campagne, elle y portera la bénédiction de Dieu, & Notre Seigneur vous rendra spirituellement ce que vous faites pour son épouse sur la croix; qu'elle est donc éprouvée cette pauvre famille! & depuis si long temps! Mlle Guillot m'a écrit il y a quelque temps, & elle ne sait comment exprimer sa reconnaissance envers vous. Elle me donne le vos nouvelles, & me fait espérer que vous viendrez dans le midi, - mais n'y venez pas dans les mois de chaleur, de juillet, d'août, quand on n'est pas habitué à ce climat, on y souffre des ces chaleurs excessives.

Je vais tâcher de faire la connaissance de Mr. d'Averton, & cela me sera facile, je connais beaucoup d'officiers de marine, à cause des Parens (sic) de nos Elèves; et de l'adoration perpétuelle de Toulon, dont je viens d'être nommé Directeur, c'est une association vraiment édifiante, les hommes passent la nuit au pied du T. S. Sacrement exposé, & les Dames le jour; & on y voit là des hommes édifiants & appartenant à la haute classe, & un certain nombre d'officiers de marine - l'oeuvre compte de 300 à 400 personnes, c'est une belle mission. J'y vais un jour par semaine, le vendredi.

Et, vous chère Soeur, que faites vous à Lyon? vous devriez bien vous soigner un peu mieux, puis donnez moi de vos nouvelles; nos vacances vont commencer à la fin du mois, & je les vois arriver avec plaisir, mon âme est desséchée elle a besoin de repos. Je comprends bien à présent qu'une vie trop extérieure est un fardeau trop pesant pour une faible vertu; je suis comme ces pauvres ouvriers qui vivent du jour au jour mais qui sont réduits à la misère dès que le travail leur manque. Me voilà tout net, aussi priez bien pour moi - & croyez-moi toujours en N. Seig.

Bien chère Soeur

votre tout dévoué

Eymard

pr. m.

Mademoiselle

Mademoiselle de Revel

rue St. Hélène

Lyon


Nr.0363

An Frau Franchet

7 juillet 1852

Tout pour Jésus crucifié

L'empressement de ma réponse, ma chère fille, vous prouve mon désir de vous être utile et le plaisir que m'a fait votre dernière lettre.

Je n'ai pas, en effet, de plus grand plaisir que d'apprendre que mes filles en N.S. sont fidèles à la grâce et suivent, sans condition, le divin Maître partout où il les appelle. Or, ma chère fille, il est certain que Jésus vous appelle à son Saint amour par le sacrifice des créatures, par l'immolation quotidienne du sentiment naturel de ses consolations. Souvenez-vous que toute créature, quelque sainte qu'elle soit, ne vous fera du bien qu'autant qu'elle vous conduira purement vers ce bon Sauveur.

Estimez-vous donc bien heureuse de votre vocation à la grâce de la perfection, et regardez comme un remède nécessaire, une condition absolue, ce dépouillement de vous-même, cet isolement, ces paralysies humaines; tout cela est le calvaire de la résurrection.

Je vous l'ai dit souvent, et j'en suis convaincu, N.S. vous appelle à une grande perfection, mais par la croix; votre coeur est ainsi fait, que si la croix, surtout intérieure, ne le tenait sur le calvaire, les créatures vous l'enlèveraient ou vous le donneriez. Mais N.S. seul y régnera.

Je désirerais bien encore une grâce pour vous, celle de voir vos croix, vos sacrifices et vos abandons comme une grande grâce de Dieu et de les voir, alors, sous ce côté estimable et cher à l'amour. - Oui, méditez souvent sur le rien des créatures, le Tout en Dieu; laissez-vous aller aux pieds de N.S. à ce silence intérieur, à ce dégagement des sens; il n'y a pas là (d'ailleurs) d'illusions, mais une vie plus suave et plus forte dans vos méditations.

Il est bien possible qu'un jour le monde voyant que vous vous passez de lui, cherche à vous entourer. Vous serez toujours charitable, toujours généreuse, mais vous garderez votre coeur. - O vive Dieu seul et sa croix!

Quant à la méditation de N.S., méditez plutôt sur son esprit, sur son intérieur, que sur l'extérieur de ses actions divines et humaines; vous en tirerez plus de profit. Si la divine Enfance vous va, c'est bien, ce sont les bandelettes de l'amour, plus fortes que tous les autres liens.

Pour votre confesseur, allez-y pour confesser humblement et simplement vos fautes et pour en sortir pure par la grâce de l'absolution et pouvoir ainsi vous présenter à la Sainte Table plus pure; la confession pour la Sainte Communion et voilà tout. Cependant, quant aux conseils dont vous avez besoin, exposez-les tels que vous les pensez, et vous ferez bien d'en prévoir d'avance la matière, afin d'être plus exacte dans leur exposé. Parlez de tout, si vous en avez besoin, mais ayez soin de poser des questions particulières: par exemple: Que dois-je faire ou répondre en telle circonstance ? - Il faut être un peu habile pour savoir tirer quelque bonne réponse d'un directeur qui ne dirait que des généralités.

Allons! je ne vous dirai plus Madame, mais ma chère fille en N.S. et vous savez bien que vous l'êtes. Je vous remercie bien de vos bonnes prières! Je les aime; elles vous rappellent au sacrifice dont je suis le Ministre quelquefois un peu dur envers vous, mais je serais si heureux de vous voir toute à la gloire de Dieu.

Adieu, chère fille, mes respectueuses amitiés à Monsieur, à votre bon Charles.

Tout à vous en N.S.

Eyd.


Nr.0364

An Fräul. Stéphanie Gourd

Tout pour Dieu seul.

18 Juillet 1852.

Mademoiselle Stéphanie.

Je viens de lire votre lettre, ma chère fille; elle m'a consolé d'un si long silence.

Je me disais: Mes filles m'oublient ou bien elles sont dans quelque grande peine, et je ne pouvais que prier, car il m'est si consolant d'apprendre qu'elles aiment Dieu et le servent de tout leur coeur, et surtout vous, ma chère fille! Il a été dit de la chaste amante du Sauveur qu'elle avait choisi la meilleure part; et vous aussi, vous avez la meilleure part, le plus noble Epoux, le plus parfait et le plus aimable; gardez-le bien et soyez-lui toujours fidèle : c'est le plus bel hommage que vous puissiez lui offrir, la plus grande preuve d'amour que vous puissiez lui donner. Plus vous serez riche selon le monde, plus vous auriez de beaux partis, plus vous pourrez dire à Notre-Seigneur: Je vous aime plus que tout cela, mon coeur n'aura jamais d'autre Maître, d'autre Epoux, d'autre Roi que vous.

Pensez aux héroïques combats des Vierges des premiers siècles de l'Eglise, à ces magnanimes Vierges romaines qui se laissaient dépouiller de leurs biens, de leurs titres, de la vie même plutôt que de perdre l'auréole de la virginité.

Ne vous laissez pas attendrir, ma fille, par les tendresses et les larmes; personne ne peut vous demander un pareil sacrifice, et dans aucune position de la vie, vous êtes obligée de faire ce pas.

Ne vous laissez pas troubler par le bien apparent ou réel que vous pourriez faire dans cette position. Le plus grand bien à faire c'est de suivre Jésus, et vous êtes bienheureuse d'avoir été appelée à suivre l'Agneau sans tache et à chanter un jour le cantique mystérieux.

Vous êtes un peu comme sainte Catherine de Sienne; faites-vous un sanctuaire dans votre coeur et Jésus vous y fera éprouver encore plus suavement les délices de son amour.

Vous êtes donc pauvre! bénissez-en Dieu: le pauvre qui veut donner et donner de sa pauvreté a les deux récompenses.

Cependant, quand la divine Providence vous donnera, recevez bien avec reconnaissance, fidélité et douceur. Voilà vos deux belles et aimables vertus.

Fidélité à Dieu, à ses divines inspirations, toujours prête à dire avec Samuel: Seigneur, me voici; avec saint Paul: Seigneur, que voulez-vous que je fasse? avec Notre-Seigneur: Mon coeur est prêt, ô mon Dieu, pour accomplir votre Volonté.

Fidélité à faire de suite le sacrifice intérieur, d'abord pour accepter ce qui vous contrarie, et cela par amour de Dieu.

Fidélité à vos exercices de piété. Préférez les faire avec votre maman, cela vaut mieux.

Mais entretenez bien votre coeur dans de continuelles actions de grâces. Ce mode de glorifier Dieu vous rendra plus prompte et plus suave dans les sacrifices, parce que vous les considérerez comme des occasions brillantes de montrer à Dieu votre amour.

Douceur, mais non faiblesse, douceur filiale; vous avez tout pouvoir sur le coeur, on vous aime; mais quand il s'agit de la question, une réponse décisive, et cela vous peine. Pour tout le reste, soyez bonne, prévenante, aimable; un jour vous aurez besoin de la puissance de votre affection pour parler de Dieu et du salut. Si le Bon Dieu vous fait attendre ce miracle, c'est qu'il veut le faire bien grand, et vous le faire gagner largement.

Adieu, ma bonne fille, souvenez-vous de moi dans vos prières. Vous savez tout le bien que je vous désire en Notre-Seigneur.

C'est en sa divine charité que je vous bénis.

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Nr.0365

An Marg. Guillot

Tout pour Dieu seul.

La Seyne, 20 Juillet, Ste Marguerite 1852.

C'est votre bonne fête, aujourd'hui, ma chère fille, et grande fête dans le ciel, et j'espère aussi sur la terre. Je veux m'associer à tout ce qui vous est dévoué, pour vous la souhaiter en la divine charité de Notre-Seigneur. Votre sainte Patronne est vierge et martyre, soyez l'une et l'autre en l'amour de Notre-Seigneur; soyez toujours vierge dans votre amour divin, vierge dans votre vie; que Notre-Seigneur règne seul en votre esprit, en votre coeur, en votre volonté, dans le crucifiement de vos sens; soyez martyre dans l'abnégation entière de votre volonté, pour faire en tout la volonté de votre divin Epoux; martyre dans l'amour des croix que Notre-Seigneur vous envoie, en un mot, martyre d'obéissance! Voilà votre bonne fête, et qu'un jour nous la fassions aussi dans le ciel.

Je n'ai pas encore la permission d'aller voir ma soeur; ainsi j'attends le oui et le non, et vous le dirai.......

Que l'obéissance pour vos confesseurs soit toujours votre règle et votre paix; mais en fait de décision de direction, suivez celle d'un directeur ancien et non d'un confesseur de passage qui ne vous connaît pas. Cependant, si ce qu'il vous dit vous recueille, vous met dans la paix, dans l'union à N.-S. c'est bon, nourrissez-vous en. Si au contraire, cela vous trouble, vous tire du recueillement, de la paix, laissez-le, tout en étant reconnaissante de la bonne volonté qu'on avait en voulant faire du bien à votre âme.

Faites demander, par le P. Champion, à Mr Galtier l'entrée de la chapelle, ou bien je lui écrirai, si cela vous plaît davantage.

Je dirai les 5 Messes de...... gardez l'acquit..... jusqu'à une nouvelle occasion.

Adieu, bonne fille, ne soyez pas inquiète de ma santé, le bon Dieu me soutient. Priez bien pour celui qui vous est en Notre-Seigneur,

Tout dévoué.

EYD.

P.S.- Mes affectueux souvenirs à toute votre famille: à la bonne mère, à Mlle Mariette à qui je souhaite bon courage jusqu'à la fin; à Mlle Claudine, bonne confiance; à Mlle Jenny, la joie de Notre-Seigneur.

A Mademoiselle Guillot Marguerite,

Rue du Juge de Paix, 33, à Fourvière,

Lyon (Rhône).


Nr.0366

An Fräul. v. Revel

Tout à Dieu seul

La Seyne 21 juillet 1852

Mademoiselle & bien chère Soeur en Notre Seigneur.

Il y a bien long temps que je n'ai reçu de vos nouvelles c'est un signe de maladie, pourquoi me le cacher! - Vous savez bien, comme tout ce qui vous intéresse m'est à coeur. Voici venir nos vacances à la fin de ce mois, & je ne sais encore comment je les passerai. Si on me le permet, j'irai faire une petite visite à ma soeur, & si vous n'étiez qu'à Grenoble j'irai (sic) volontier jusqu'à Grenoble. - Pour Lyon je n'y irai qu'autant qu'on me l'ordonnera, car j'ai beaucoup à faire ici. Je n'ai pas encore fait la connaissance de Mr. d'Averton j'attends votre avis.

Le P. Lagniet m'écrit qu'il désirerait vous faire une visite, cela m'a fait grand plaisir, cela annonce un retour, un désir de bien pour le T. O. vous le recevrez bien n'est-ce pas pour l'amour de Dieu & du T.O. - Il est bon le P. Lagniet, afin d'avoir un motif, je lui donnerai une lettre (banale) pour vous. Puis vous me donnerez de vos nouvelles d'ici au mois d'août & je vous en bénirai.

Adieu bonne & chère Soeur, croyez moi toujours en Notre Seigneur

Votre tout dévoué /signe illisible/

Eymard

p.m.

Mademoiselle

Mademoiselle de Revel

rue Ste Hélène

Lyon

Rhône


Nr.0367

An Hochw. Rousselot, Grenoble

La Seyne-sur-Mer 21 juillet 1852

Bon et Vénéré Père en N. S.

Je ne suis vous exprimer tout le plaisir que m'a fait la réception des mandements et du plan sur la Salette; je viens vous en témoigner toute ma vive reconnaissance; que vous êtes bon de penser à moi, Père de si nombreux enfants! L'approbation du fait surnaturel de la Salette a produit une vive sensation dans Toulon et dans tout le midi. Le mandement d'approbation est devenu populaire; Gloire à Dieu, et grâce à vous, vénéré Père, la Salette sera le grand pèlerinage de la France. Quelle belle et consolante pensée que celle de Monseigneur, d'instituer un corps de Missionnaires de N. D. de la Salette! Si je n'étais pas mariste, je demanderais de suite l'honneur d'en faire partie. Dans la Provence on est effrayé une maladie mystérieuse attaque les vignes, le raisin et le cep, et impossible de les en préserver; déjà les oliviers sont malades et chacun de se dire, voilà l'accomplissement de la Salette, hélas! bon Père, les terribles avertissements de la Providence n'ont pas converti les coupables; la bourgeoisie voltairienne de Louis-Philippe est toujours la même, les chefs de la marine comme de l'armée sont antireligieux, c'est l'armée de l'Université et des Ecoles spéciales de Paris. Que nous avons besoin de la Ste Vierge pour nous sauver!

J'ai été bien affligé de la mort du bon M. Albertin, c'est une bien grande perte! veuillez, en bon Père, vous charger de ma reconnaissance auprès de M. le Supérieur, qui a eu la bonté de m'envoyer une lettre de faire-part.

J'espère aux vacances faire un pèlerinage à N. D. de la Salette; voudriez-vous avoir la bonté de me donner des pouvoirs pour la confession pendant mon séjour dans le diocèse? Souvent j'ai regretté de ne le pouvoir pour quelques consciences malades.

Si vous avez besoin de moi à Toulon ou pour la marine, je serais heureux de vous servir.

Daignez agréer les sentiments respectueux et toujours pleins de reconnaissance et d'affection filiale, bon Père,

de votre fils en N. S.

Eymard

Sup. du Collège et p.m.


Nr.0368

An Frau Jordan

MADAME,

Impossible d'aller à Fourvière demain parce qu'il aurait fallu retenir la place d'avance.

Je me ferai un bonheur d'y aller lundi à cette intention, entre 7 ou 8 heures. Je serai si heureux de contribuer à la guérison du bon Mr Jordan et coopérer au bonheur d'une famille que je respecte et aime au premier rang!

Je suis en N.S.,

Madame,

Tout à vous.

EYMARD.

P.S. Vous êtes malade, convalescente; est-il possible!...


Nr.0369

An Marianne Eymard

J. M. J.

La Seyne, 9 Août 1852.

BIEN CHERES SOEURS,

Me voici un peu libre: nous avons eu tant d'embarras, tant d'affaires, que je n'ai pu vous écrire. Nous avons eu le malheur de perdre un Père de la maison; cela nous a bien attristés et m'a retardé.

Je vais partir cette semaine pour La Mure; je serai avec vous peut-être samedi prochain, mais plus sûrement lundi après midi ou mardi. Je ne vous donne pas de rendez-vous pour Notre-Dame de la Salette, parce que je ne sais pas précisément le jour de mon arrivée. Je ne pourrai pas rester bien longtemps à La Mure, parce qu'on m'attend à Lyon. Ne faites rien d'extraordinaire: plus simplement vous me recevrez, plus vous me ferez plaisir.

Au revoir, mes bonnes soeurs.

Tout à vous en J.C.

EYMARD.

Mademoiselle,

Mademoiselle Eymard Marianne,

rue du Breuil,

à La Mure d'Isère.


Nr.0370

An Marg. Guillot

T.P.D.S.

Marseille, 10 Août 1852.

Je vous écris deux mots de Marseille, chère fille. Me voici enfin en route; je pars demain matin pour Gap; de là, j'irai passer trois ou quatre jours à Notre-Dame du Laus, j'arriverai à la Mure le lundi ou le mardi après l'Assomption, j'y passerai cinq à six jours, et de là j'irai à Lyon, où j'aurai la consolation de vous voir, vous et tous les vôtres. Que ceci n'empêche pas votre pèlerinage à N.D. de la Salette et vous savez tout le plaisir que vous ferez à tous, si nous vous avons à la Mure.

Adieu, bonne fille, il est tard, je vais vite prendre quelques heures de repos. Ma santé est un peu faible. Nous avons perdu un de nos Pères la semaine passée; il est mort de cholérine, et tout cela éprouve un peu la pauvre nature.

Mille choses respectueuses et toutes cordiales à votre mère, à vos chères soeurs, à Mr et à Mme Gaudioz.

Tout à vous en J.M.

EYMARD.

A Mademoiselle Guillot Marguerite,

Rue du Juge de Paix,

près des Religieuses du Verbe Incarné,

à Fourvière

Lyon.


Nr.0371

An Fräul. v. Revel

Marseille 10 août 1852

Mademoiselle,

Me voici à Marseille, partant demain pour Gap; là j'irai passer quelques jours de retraite à N.D. du Laus, si cela m'est possible, puis quelques jours à La Mure et, de là, à Lyon, où j'aurai la consolation de vous voir et de vous épargner un long voyage. Nous avons été affligés. Nous avons perdu un de nos Pères; il est mort de la cholérine en quatre jours de maladie. Hélas! cette mort m'a bien surpris. -Inutile de vous dire que je vais bien prier pour vous à N.D. du Laus. -Je ne me sens pas le courage de monter à La Salette, je me sens un peu faible.

Une nouvelle! Je viens à l'instant de rencontrer la soeur... dans les rues de Marseille arrivant de Rome et au milieu de la rue elle nous a raconté mille choses. Je pense que vous la verrez.

Priez pour moi, j'ai l'âme plus souffrante que le corps.

Adieu, bonne soeur, il est tard, je vous laisse à Dieu et suis en Jésus et Marie,

Tout à vous.


Nr.0372

An Frau Gourd

Notre-Dame du Laus, le 15 Août 1852.

Madame et chère soeur en Marie,

C'est de Notre-Dame du Laus que je viens répondre à vos bonnes lettres. Je ne l'ai pu plus tôt; les embarras d'une fin d'année, la peine et la fatigue que j'ai éprouvées à la suite de la mort d'un de nos Pères, etc... mais ici j'ai un moment libre; il est pour vous.

Inutile de vous dire que j'ai bien prié pour vous, pour votre mari et pour Mademoiselle. Demain 16, je dirai la Messe pour vous et pour les vôtres afin qu'ils soient tous à Notre-Seigneur et que la Très Sainte Vierge leur obtienne une sainte et heureuse mort. Je pars demain du Laus; je vais passer quelques jours à La Mure et puis, de là, je me rendrai à Lyon vers le milieu de la semaine prochaine, et, si le Bon Dieu permet que je puisse vous y voir, ce sera une grande consolation pour moi, sinon je vous bénirai toujours et partout.

Ne vous laissez pas trop inquiéter sur l'avenir de votre cher mari. C'est l'homme de tant de prières que Marie vous le conservera et vous le rendra bon chrétien; priez, faites l'aumône, offrez à Dieu pour lui vos mortifications de chaque jour, et le Ciel fera plutôt un miracle.

J'ai inscrit sur le Tiers-Ordre votre cher neveu... ainsi, continuez son Ave; pauvre jeune homme! Hélas! que vous avez besoin de prier! il faudrait autour de lui quelques jeunes gens pieux, si quelques-uns de ceux du Tiers-Ordre pouvaient avoir accès sur son coeur. Je leur en parlerai bien quand je serai à Lyon; il me faudrait son adresse. La Sainte Vierge est si bonne, qu'elle vous le donnera à la prière.

Que je regrette, ma bonne fille, de répondre si tard à votre deuxième lettre! sur cette malheureuse mère et sur sa fille. Oui, vous avez bien conseillé cette mère de tenir sa fille avec elle, qu'elle la retienne toujours; le conseil contraire n'est pas réfléchi, il ne peut venir que d'une impression étrangère; mieux vaut la laisser sans confession, s'il y avait crainte qu'on l'éloignât de sa mère; elle serait très bien chez les DD. G., vous pourriez bien leur en parler, ou bien je le ferai moi-même.

Vous auriez bien besoin d'une petite retraite; faites-la bien dans votre intérieur: plus on dépense de force, plus on a besoin de se nourrir; présence de Dieu, offrande habituelle de ce que vous faites esprit de mortification, attention aux sacrifices de renoncement que le Bon Dieu vous demande à chaque instant, économie du temps: voilà, chère soeur, votre règle. Faites tout pour Dieu et tout vous sera profitable.

Mes souvenirs en Notre-Seigneur à Mlle Stéphanie que j'ai bien offerte à Marie.

Adieu, bonne soeur.

Tout à vous en N.-S.

EYMARD.

P.S. Mlle G. arrive à Notre-Dame du Laus; elle m'a donné de vos nouvelles, je lui ai parlé de cette petite enfant. On vous répondra de Lyon. Peut-être cela pourra-t-il s'arranger.


Nr.0373

La Salette (Album du Sanctuaire: 18. Aug.1852)

APPENDICE: Autres documents, non transcrits dans la copie de la Curie Généralice, qui est en possession de la Revue contenant ces Documents.

Texte manuscrit de St.P-J.Eymard.

"Si je n'avais le bonheur d'être Mariste, je viendrais demander à mon évêque comme la plus insigne faveur, de me consacrer corps et âme au service de N.D. de La Salette. J'ai eu le bonheur de proclamer, le premier à Lyon, le fait miraculeux de l'Apparition et je suis heureux aujourd'hui de venir baiser avec amour et reconnaissance, cette terre bénie, cette montagne du Salut. EYMARD, pr.mariste".


Nr.0374

An Marianne Eymard

La Seyne-sur-Mer, 18 Septembre 1852.

MES CHERES SOEURS,

Me voici à mon poste et bien portant; nous venons de commencer notre retraite, et je ne veux pas attendre à la fin pour vous donner de mes nouvelles, crainte de vous tenir dans la peine. - Je pense que le temps a changé là-haut et que vous n'avez pas ces pluies continuelles qui désolaient la campagne. Ici, nous n'avons presque pas eu de pluie, et il y fait un temps magnifique et une chaleur comme au mois de juillet à La Mure.

Je suis resté une dizaine de jours à Lyon, et ce que je craignais m'est arrivé: j'y ai été accablé de visites. J'ai cependant pu voir plusieurs fois la famille Guillot et Gaudioz: c'est bien toujours la bonne famille.

Vous recevrez sous peu de jours un beau cadeau de votre frère, un magnifique tableau du Tiers-Ordre, dont on m'avait fait le don et qui est estimé deux cents francs; il représente la Vierge du Bel Amour et de la Sainte Espérance: c'est la Vierge de l'Apocalypse. Le groupe à gauche où il y a deux prêtres à genoux représente les Tierçaires pour lesquels la Sainte Vierge demande le salut à l'Enfant Jésus, et que le Père céleste accorde avec bonté. Un Ange tenant un bouclier défend les Tierçaires et les protège... Au milieu se trouve un autre groupe de personnes effarées et épouvantées et que le démon veut dévorer: ce sont les pécheurs agrégés au Tiers-Ordre et qui viennent se réfugier aux pieds de Marie. - Le dragon à gueule béante et enflammée représente le démon chassé du ciel par saint Michel Archange et qui lance des tourbillons de flamme après la femme du désert qui représente Marie.

Je suis content du plaisir que ce souvenir vous fera éprouver: c'est la copie fidèle du grand tableau que j'avais fait peindre.

Je vais vous apprendre une grande nouvelle. Mr Cat m'a demandé des pouvoirs pour pouvoir recevoir du Tiers-Ordre de Marie. Le voilà donc tout converti, et cela m'a fait bien plaisir. Je vais lui écrire sous peu, car je n'ai pas encore eu le temps.

Adieu, chères soeurs, que Notre-Seigneur vous bénisse et vous conserve en son saint amour.

Tout à vous en N.-S.

Votre frère.

EYMARD.

Mademoiselle,

Mademoiselle Eymard Marianne,

rue du Breuil,

à La Mure d'Isère.


Nr.0375

An Marg. Guillot

La Seyne, 19 Septembre 1852.

Je reçois, ma chère fille, votre lettre et j'y réponds de suite; il était juste que la première lettre que je reçois de Lyon fût de vous. Nous sommes en retraite, priez pour nous. J'ai fait un bon voyage jusqu'à Toulon. Ma santé va bien; le climat, ici, est parfait, nous n'avons pas de pluie, mais un ciel toujours pur..... et des chaleurs encore bien fortes.

La sainte obéissance m'a encore voulu ici, qu'elle en soit bénie! priez pour que j'y sois fidèle. Tout ce qui s'est passé à mon sujet à Lyon, n'est qu'une petite misère, qu'il faut écouter et n'en pas tenir compte; j'ai bien regretté, c'est vrai, de ne pouvoir aller chez Mlle Chollet, mais j'avais la tête si cassée, et tant d'embarras, que j'ai été pris et surpris par le voyage, puis à tout vous dire, je pensais qu'on me laisserait tranquille en voyant l'impossibilité de me voir, et qu'on m'oublierait.

Je comprends la misère qui suit les rapports avec Mme Franchet: je désirerais bien être débarrassé de cette pauvre tête. Je tâcherai de la laisser; déjà, elle n'a pas dû être très contente de mes visites. Hélas! elle est plus à plaindre qu'à blâmer.

J'excuse bien Mlle David, c'est son grand amour pour le T.O. qui l'a portée à toutes ces petites récriminations; son coeur souffre.

Pauvre T.O.! il faut bien le soutenir, vous, c'est pour la T. Ste Vierge que vous travaillez.......(cinq lignes effacées).

Je vous envoie ci-incluse la lettre à Mlle Jaricot. Allez en toute simplicité au P.C.

Adieu, chère fille, mes souvenirs en Dieu à vos bonnes soeurs, à votre bonne mère, à Mr et à Mme Gaudioz.

Pourquoi vous fatiguer pour ce cahier? c'est trop, allons! le désir de faire plaire vous rend imprudente. Soyez donc plus sage.

Tout à vous en N.-S.

EYD.

P.S. Lisez et cachetez la lettre à Mlle Jaricot. Je dirai les deux Messes de Marie. Dans une autre lettre, ayez la bonté de me dire combien vous m'avez donné d'argent pour des Messes, n'est-ce pas 44?

A Mademoiselle Guillot Marguerite,

Rue du Juge de Paix 31,

à Fourvière

Lyon (Rhône).


Nr.0376

An Marianne Eymard

La Seyne, 20 Septembre 1852.

CHERES SOEURS,

J'ai obtenu l'entrée dans la Société à ce brave jeune homme de Saint-Pierre; on le destine à une belle position pour son salut. Envoyez-lui ma lettre, et mettez-y l'adresse, car je l'ai oubliée. Grâce à vous il est reçu, et reçu sur bien d'autres qui se sont présentés.

Donnez-moi, dans votre prochaine lettre, des nouvelles de la bonne mère Cros et de Mlle Victorine.

Adieu.

Tout à vous.

Votre frère.

EYMARD.

Mademoiselle Eymard Marianne,

rue du Breuil, à La Mure d'Isère.


Nr.0377

An Marg. Guillot

La Seyne-sur-Mer, 4 Octobre 1852.

Je suis bien en retard, ma chère fille, pour vous répondre. Je ne l'ai pu à cause de notre retraite et de la rentrée de nos élèves, les journées n'étaient pas assez longues, puis un mal de dent qui m'hébétait (il est guéri); ainsi vous aurez fait comme vous aurez pu.

Oui, c'est du P. Favre dont j'avais voulu vous parler, il est très bon.

Quant à Mlle David, elle va trop vite et surtout trop aux premiers Supérieurs. Avec eux, il faut bien choisir les moments, parce qu'une fois une parole dite, elle reste dite; d'ailleurs, Mlle David n'étant pas très estimée du P. Lagniet et ne connaissant pas bien son genre, ils se blessent l'un et l'autre.... à tout cela je dis: patience! le temps du T.O. viendra.

Le P. Favre lui sera utile. Notre-Seigneur sur la croix et dans le tombeau remportait la victoire sur ses ennemis et sa religion sainte ressuscitait avec lui, ainsi confiance.

Pour le vicaire de St Nizier, je lui ai donné la permission d'affilier quelques personnes en secret aux grâces du T.O.; mais il n'est pas vrai qu'il en reçoive pour le T.O. public. Il m'a parlé de quelques personnes à présenter aux Demoiselles et aux Dames, parce que je lui ai bien fait comprendre qu'il fallait les faire présenter par un membre; que s'il les recevait d'avance, ce serait nuire à leur admission dans la congrégation. Vous avez raison , tout le reste n'est qu'un bavardage de quelques dévotes, et que j'aimerais mieux voir plus prudentes et plus charitables, mais qu'y faire? Bien faire et laisser dire.

Mais ces statues sont bien longues à être placées! Vous devriez en faire porter aux hommes, si elles vous embarrassent, ou bien aux affiliations de Vienne et d'Amplepuis.

Je vous souhaite une bonne retraite. Oui, profitez des grâces de Dieu qui passent, et retrouvez un peu ce calme si nécessaire à une âme d'oraison, ce repos, cette paix dans l'action pour la bien faire. Mettez-vous bien à la disposition de Dieu, et Dieu fera tout en vous.

Adieu, chère fille, mes respectueux souvenirs à toutes.

Tout à vous en N.S.

EYMARD.

P.S. Ne mettez pas dans l'adresse: par Toulon, mais simplement: à la Seyne-sur- Mer, Var. J'ai oublié votre numéro.

A Mademoiselle Guillot Marguerite,

Rue du Juge de Paix, Maison Garcin, à Fourvière

Lyon (Rhône).


Nr.0378

An Marg. Guillot

La Seyne-sur-Mer, 19 Octobre 1852.

J'ai un moment, ma chère fille, il est pour vous. Je ne vous répondrai à votre direction que plus tard. J'ai trop à faire en ce moment.

  1. Pour la décision de la soeur cloîtrée, je pense que cette soeur ne vous a pas reconnue, ou ne savait pas la permission donnée; il vaudrait mieux s'expliquer avec Mr Galtier, car il est bon. Je crois que ce n'est qu'un malentendu.
  2. Ne quittez pas le P. Ch. pour aller à Mr Galtier, ce serait, non seulement peu chrétien, mais ridicule, si les faveurs qu'on vous faisait étaient attachées à cela; pour moi, je ne puis croire une chose pareille! il n'y a que quelque malentendu.
  3. C'est bien, pour Mlle Jaricot, cette sainte âme souffre bien! Assurément, j'aimerais à lui rendre service, mais ici, je ne le puis, j'approuve ce que vous faites.
  4. Pour les mortifications, suivez les conseils du P. Ch., il est prudent et sage. Je comprends sa réserve sur le non. C'est par charité, puis il sait que la chose permise est une exception, et qu'il faut des raisons.
  5. Oui, le coeur du pauvre est plus reconnaissant, je le vois tous les jours, aussi: Bienheureux les pauvres! Oui, faites à loisir, mais sans activité ni peine, ce petit travail.
  6. Je pense que Mlle de Revel entrera dans la bonne oeuvre, mais pas pour beaucoup, car elle a bien des charges, je crois; mais elle est bonne; il faut la lui montrer.
  7. Pour le T.O., je l'aime, je souffre pour lui, mais à présent j'aime mieux n'être pas au courant, et prier en secret et dans l'oubli pour lui. Le Bon Dieu, ne m'en chargeant plus par l'obéissance, veut, ce me semble, que je l'abandonne à la grâce. Dans les difficultés du T.O., consultez le P. Ch. Pardonnez-moi cela, mais cette peine est une de celles qui me coûtent le plus à supporter.

Alors, ayez égard à ma faiblesse, et ne me parlez que de vous et des vôtres, et sur cela vous savez tout mon intérêt et mon dévouement.

Je ne vous parle pas de ma santé, elle est à l'ordinaire de mes affaires: Dieu soit béni! Si je savais tout faire pour lui, je serais riche, mais que j'ai besoin, au milieu de tout cela, de ne pas oublier le Bon Dieu!

Mes respects et souvenirs devant Dieu à toute votre famille.

Je suis en Notre-Seigneur,

Votre tout dévoué serviteur.

EYMARD.


Nr.0379

An Frau Franchet

(La Seyne) 20 octobre 1852

Tout pour Dieu seul

J'ai reçu votre triste lettre, ma chère fille en N.S. Hélas! Quelles tristes nouvelles elle m'apporte. Vous ne me demandez pas de réponse.

Je comprends que des conseils de si loin et sans la grâce du sacrement ne peuvent guérir une si profonde tristesse; aussi me bornerai-je à vous dire que je redoublerai de prières pour vous, afin que N.S. vous donne la générosité et la confiance en sa divine bonté.

Votre pauvre coeur souffrira jusqu'à ce qu'il se repose en Dieu. Il y a bien assez longtemps que les créatures vous font souffrir, hélas! Quand donc serez-vous en paix ?

Quittez le P.B. puisqu'il ne vous fait pas de bien et allez plutôt chez le P.Desch, car enfin vous avez besoin de vivre avec N.S.

Je vous laisse en sa divine bonté si bonne pour vous et suis Votre très humble

Eymard


Nr.0380

An Marg. Guillot

La Seyne-sur-Mer, 23 Novembre 1852.

Je n'ai pas assez de temps pour écrire un peu au long à Mlle Claudine, je le ferai au premier moment libre. Oui, faites cette retraite, c'est une bonne grâce sur le chemin de la vie, il faut en profiter. Je suis heureux de cette pensée que vous allez vous remettre à votre première vie de communauté et faire la première maison de Nazareth. Si c'est vous qui en aurez la peine, c'est un mérite de plus, ordinairement c'est la plus faible et la plus inutile qui garde la maison; le Bon Dieu veut être pour quelque chose, pour tout, dans la direction des âmes: ainsi, ayez confiance en sa sainte grâce. Je prierai beaucoup pour vous toutes pendant cette retraite, afin que vous deveniez toutes de vraies religieuses devant Dieu.

Je n'ose écrire au P. Favre pour le T.O., vous comprenez que ce n'est pas à moi à le prévenir, puis j'avais donné des notes; mon Jour de l'An est une épreuve, ainsi laissez agir le bon Dieu, mais vous pourriez peut-être alors offrir votre démission, si vous avez toujours cette répugnance.

Ce que vous me dites....... me peine. Le Bon Dieu l'éprouve, mais il faut la porter à dire sa peine...... c'est une tentation.

Adieu, ma chère fille, priez pour moi. Oui, je vous pardonne et vous bénis de tout mon coeur.

EYD.

A Mademoiselle Guillot Marguerite,

Rue du Juge de Paix, 31,

Fourvière, Lyon.

(Rhône)


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