LA
DERNIĒRE
ĒTAPE En
quarantaine, les morts étaient jetés par la fenêtre. Dans les blocs,
on les traînait dans les lavabos, et ceux qui mouraient au «revier»
étaient placés dans un lit sans paillasse. Parfois, on n'attendait pas
qu'ils soient tout à fait morts. Sitôt qu'un détenu rendait le
dernier soupir, ses voisins récupéraient tout ce qu'il possédait.
Ainsi dévêtus, on apercevait ces pauvres corps décharnés, le
matricule tracé au crayon gras sur la poitrine, attendant
la venue de la charrette des morts. Celle-ci ne passait qu'une
fois, le matin, si bien qu'à chaque appel les détenus du block
emmenaient leurs morts sur la place d'appel, puis, parfois les
remportaient.. Le kommando chargé de cette macabre besogne ramassait
les moribonds et les entreposait à la morgue. Cette pièce était
toujours pleine de cadavres et servait d'antichambre du crématoire. A
proximité, Il y avait la salle de dissection. C'est là, qu'une dernière
inspection était effectuée sur les cadavres, l'arrachage des dents en
or, les parties de peau portant des tatouages qui étaient tannées et
servaient à la confection d'abat-jour, ou de motifs pour coffrets. Les
deux fours crématoires n'arrivaient pas à brûler toute la cargaison.
Il a fallu creuser des fosses communes pour venir à bout de la mortalité
toujours croissante. Leurs sacrifices ne doivent pas etre vains. Si nous
avons retrouvé la liberté, c'est pour continuer la lutte pour laquelle
ils sont morts. Que leurs souffrances restent à jamais un exemple de
courage et d'abnégation.
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