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LES ĒLECTROCUTĒS

L'enceinte du camp était formée par de hauts murs de granit surveillés jour et nuit par des sentinelles confortablement installées dans des miradors, armées de mitrailleuses constamment pointées vers l'intérieur du camp. La nuit, des projecteurs puissants balayaient l'ensemble de la forteresse de leurs faisceaux lumineux. Le sommet de ces murs était rehaussé d'un réseau de fils de far électrifiés. Du côté nord, deux barrières de barbelés, distantes d'un mètre sur trois de hauteur, étaient chargées d'un courant à tension variable selon la volonté des SS, afin de prolonger l'agonie de ceux qui s'y jetaient pour ne plus souffrir. On entendait leurs hurlements à travers le camp et, du haut des miradors, les sentinelles ouvraient le feu pour les faire taire. C'est surtout le bloc 5 qui fut le témoin de ces scènes. Les israélites qui arrivaient au camp étaient dirigés vers cette baraque tenue par les plus grands criminels. Ils touchaient des récompenses suivant leur cruauté. Quand les juifs étaient rendus aveugles à la suite des coups reçus, on les amenait devant l'enceinte mortelle et les kapos n'avaient qu'à les pousser… Certains autres, las de leur vie de martyre, n'en pouvant plus, l'espoir d'une fin prochaine les ayant abandonnés, préfèrent se jeter dans les fils pour en finir.  Dans cette agonie, les membres qui n'étaient pas directement en contact avec les fils remuaient désespérément, traçant vers le ciel un dernier geste de salut au monda libre.