BLOCK 8 A MAUTHAUSEN Ce
block, situé avec sept autres, constituait le camp des Russes. En 1942,
il avait été construit auprès du grand camp de Mauthausen pour l'extermination
massive des prisonniers de guerre russes. En 1943, il se transforme en
infirmerie (revier). Son affectation le désigne pour recevoir tous les
contagieux. Les «galeux» occupent la première chambrée; la seconde (dessin
ci-contre), réceptionne les affectations typhiques, tuberculeuses, érysipélateuses
et diarrhéiques. Sur des châlits de 1,90 m de long sur 70 centimètres
de large, les malades couchent à deux, trois, parfois quatre par étage.
Les paillasses, tissées en papier fort, bourrées de copeaux de bois,
infestées de puces, dégagent une odeur fétide mêlée à celle d'excréments.
La fièvre et le délire dévorent les moribonds. Les pansements de
papier entourent des têtes des camarades atteints d'érysipèle; une
pommade noire, à base de menthol et d'iode, appliquée en couche épaisse,
suinte le long de leurs tempes. Un mort est conservé jalousement sur un
grabat afin de bénéficier de sa ration de soupe ou de pain... La
boulimie hante tout déporté et se traduit par une folie collective. Il
n'est pas rare d'enregistrer journellement 10 à 25 décès sur un
effectif de trois cents malades. En été, l'atmosphère est
irrespirable: la puanteur indéfinissable. Par brimade, les malades de même
nationalité sont séparés, l'ignorance de la langue provoque des
disputes entra les agonisants. Tout malade du revier, parce qu’il ne
travaille pas, touche seulement la demi-ration. Tout espoir de guérison
devient chimérique; la maigre pitance est monnayée contre un mégot,
dernier caprice avant la fin prochaine. Certains malades veulent jouer
le rôle de bon samaritain avec leurs voisins. Courage, bonté remontent
le morale. Ils retrouvent l'ESPOIR et LA FORCE DE VOULOIR VIVRE. |