• LE MONDE | 02.07.02 | 13h37
Le Parlement s'inquiète du réchauffement climatique en France
Dans un rapport de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques, rendu public lundi 1er juillet, le sénateur Marcel Deneux demande aux pouvoirs publics de tenir compte de cette évolution pour en limiter l'impact.
Quel sera le climat de la France dans un siècle ? A cette question difficile, le sénateur (UC) de la Somme Marcel Deneux a rendu, lundi 1er juillet, une réponse instruite par la multitude de rapports consacrés ces dernières années au changement climatique et l'audition de nombreux experts. Dans son rapport effectué pour le compte de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques et intitulé "L'évaluation de l'ampleur des changements climatiques et leur impact prévisible sur la géographie de la France à l'horizon 2025, 2050 et 2100", M. Deneux envisage les diverses conséquences possibles à l'échelle de notre pays du réchauffement du globe.
Se qualifiant volontiers d'"ancien paysan", le sénateur entame sa présentation des divers impacts du réchauffement attendu par ceux qui toucheront l'agriculture. La mission interministérielle de l'effet de serre (MIES) - inspiratrice principale du rapporteur pour les conséquences hexagonales du réchauffement - avait noté la sur-adaptation de l'agriculture française aux conditions climatiques actuelles. "La répétition d'événements climatiques extrêmes", l'une des conséquences les moins improbables du réchauffement en cours, "pourrait remettre en cause cette adaptation", note le rapporteur. L'agriculture devra se modifier : changement des dates des semis, des apports d'engrais et choix de nouvelles variétés. Mais, en contrepartie, les hivers plus cléments et l'augmentation de la pluviométrie attendue pourraient se traduire en Europe "par une augmentation moyenne annuelle de production de blé d'une dizaine de millions de tonnes entre 2010 et 2040 et de 25 millions de tonnes entre 2040 et 2100".
L'élévation du niveau des mers, qui, selon les projections des experts du groupe intergouvernemental sur l'évolution du climat (IPCC), sera comprise entre 9 et 88 cm en 2100, affectera le littoral : érosion des plages, menaces sur les espaces deltaïques, les marais maritimes, la mangrove et les récifs coralliens. Mais il note que les retombées du réchauffement - hormis pour les récifs coralliens, qui meurent quand l'eau dépasse 30 °C - "restent en deçà des dommages déjà infligés par l'homme à la nature".
La modification du cycle de l'eau paraît plus inquiétante. L'augmentation de la température devrait en effet se traduire par davantage de mouvements orageux,"d'où un climat plus erratique et des pluies plus abondantes". La période 1975-1995 porte déjà les traces de cette évolution. En montagne, les premières neiges seront plus tardives et on assistera à une réduction de la durée d'enneigement.
BRONCHIOLITES ESTIVALES
Les zones situées vers 1 500 mètres seront les plus touchées par ce phénomène : diminution de 20 % à 25 % de l'enneigement dans les Alpes du Nord, de 30 % à 40 % dans les Alpes du Sud, et jusqu'à 45 % dans les Pyrénées à cette altitude. Les ceintures de végétation vont se déplacer vers les sommets, menaçant les espèces endémiques de la flore alpine. Mais c'est l'ensemble de la biodiversité du territoire, métropolitain ou non, qui sera affectée par le réchauffement.
Pour la santé humaine, M. Deneux s'appuie sur les travaux de Jean-Pierre Besancenot (faculté de médecine de Dijon). Si l'on retient l'hypothèse d'une augmentation moyenne de 2 °C en France d'ici à 2050, la mortalité en hiver reculerait de 5 % à 7 %, mais augmenterait de 12 % à 18 % en été chez les personnes les plus vulnérables aux fortes chaleurs (personnes âgées, catégories sociales défavorisées et femmes de plus de 60 ans). M. Deneux note que, en Amérique du Nord, on observerait un doublement ou un triplement de la mortalité. Crises d'asthme, bronchiolites estivales, rhumes des foins et maladies à moustiques et certains virus seront aussi probablement accrus.
M. Deneux ne peut guère être plus explicite dans la présentation des conséquences du réchauffement pour le territoire français : les modèles climatiques, déjà bien imparfaits lorsqu'il s'agit de décrire des phénomènes impliquant des continents, ne sont pas encore capables de prédire avec précision ce qu'il adviendra en France. Si les climatologues se disent à peu près persuadés que le réchauffement devrait se traduire par une pluviométrie accrue au Nord et des phénomènes de désertification au Sud, bien peu se hasardent à tracer la frontière géographique entre ces phénomènes.
Ces incertitudes, que ne lui ont pas cachées les experts du groupe de travail dont il s'était entouré, ont convaincu le sénateur qu'il "incombe aux hommes politiques, et à eux seuls, de prendre les décisions concernant la société sans pouvoir se permettre que toutes les réponses aient été données par les personnes les plus autorisées".
Son rapport se conclut par une centaine de recommandations, qui s'adressent aussi bien aux instances internationales qu'à l'homme de la rue : établir une politique européenne d'aménagement du territoire, promouvoir le développement durable, les économies d'énergie, l'efficacité énergétique et le développement des énergies renouvelables. Mais aussi pourquoi ne pas éviter d'utiliser un 4 x 4 "sur du bitume pour atteindre 20 km/h dans un embouteillage"?
Hervé Morin
Le rapport est disponible au Sénat sous forme d'un CD-ROM enrichi de données récentes sur le réchauffement. 16 €.
• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 03.07.02 |
LE MONDE | 02.07.02 | 13h37
Il Parlamento si preoccupa del riscaldamento climatico
in Francia
In un rapporto dell'Ufficio parlamentare di valutazione
delle scelte scientifiche, reso pubblico lunedì 1° luglio, il senatore
Marcel Deneux chiede ai poteri pubblici di tenere conto di questa
evoluzione per limitarne l'impatto.Quale sarà il clima della
Francia fra un secolo? A questa difficile domanda, il senatore (UC) della
Somme Marcel Deneux ha dato una risposta che si basa sui numerosi rapporti
dedicati in questi ultimi anni al cambiamento climatico e sulla
consultazione di numerosi esperti. Nel suo rapporto effettuato per conto
dell'Ufficio parlamentare di valutazione delle scelte scientifiche e
tecnologiche e intitolato "La valutazione dell'ampiezza dei
cambiamenti climatici e il loro impatto previsibile sulla geografia della
Francia verso il 2025, 2050 e 2100, Marcel Deneux prospetta le diverse
conseguenze possibili per il nostro paese provocate dal riscaldamento del
globo.
Qualificandosi volentieri come un "contadino all'antica", il
senatore inizia la sua presentazione dei diversi impatti del riscaldamento
che colpiranno l'agricoltura. La missione interministeriale dell'effetto
serra (MIES) - principale ispiratrice del relatore sulle conseguenze
francesi del riscaldamento - aveva rilevato il perfetto adattamento
dell'agricoltura francese alle condizioni climatiche attuali. "Il
ripetersi di episodi climatici estremi", una delle conseguenze meno
improbabili del riscaldamento in corso, "potrebbe rimettere in
discussione questo adattamento", nota il relatore. L'agricoltura
dovrà modificarsi: cambiamento delle date di semina, aggiunta di
fertilizzanti e scelta di nuove varietà. Ma, in cambio, gli inverni più
clementi e l'aumento della pluviometria attesa potrebbero tradursi in
Europa "in un aumento medio annuale di produzione di frumento di una
decina di milioni di tonnellate fra il 2010 e il 2040 e di 25 millioni di
tonnellate fra il 2040 e il 2100.
L'aumento del livello dei mari, che, secondo le proiezioni degli
esperti del gruppo intergovenativo sull'evoluzione del clima (IPCC), sarà
compreso fra 9 e 88 cm nel 2100, colpirà il litorale: erosione delle
spiagge, minacce agli spazi deltizi, le paludi marittime, la mangrovia e
le barriere coralline. Ma nota che le conseguenze del riscaldamento - eccetto
le barriere coralline, che muoiono quando l'acqua oltrepassa i 30°C -
"restano al di sotto dei danni già inflitti dagli uomini alla
natura".
La variazione del ciclo dell'acqua sembra più preoccupante. L'aumento
della temperatura dovrebbe in effetti provocare un maggior numero
di movimenti temporaleschi, "per cui si avrebbe un clima più
erratico e delle piogge più abbondanti". Il periodo
1975-1995 presenta già le tracce di questa evoluzione. In
montagna, le prime nevi saranno più tardive e si assisterà ad
una riduzione della durata dell'innevamento.
BRONCHIOLITI ESTIVE
Le zone situate verso i 1500 metri saranno quelle più colpite
da questo fenomeno: diminuzione dal 20% al 25% dell'innevamento
nelle Alpi del Nord, dal 30% al 40% nelle Alpi del Sud, e fino al
45% nei Pirenei a questa altitudine. Le fasce di vegetazione si
sposteranno verso le cime, minacciando le specie endemiche della
flora alpina. Ma è l'insieme della biodiversità del territorio,
metropolitano e no, che sarà colpito dal riscaldamento.
Per le condizioni di salute degli uomini, M. Deneux si basa sui
lavori di Jean-Pierre Besancenot (facoltà di medicina di Digione).
Se si assume l'ipotesi di
un aumento medio di 2°C in Francia entro il 2050, la mortalità
invernale si abbasserebbe dal 5% al 7%, ma aumenterebbe dal 12% al
18% in estate fra le persone più vulnerabili al caldo intenso
(anziani, categorie sociali deboli e donne oltre i 60 anni). M. Deneux
rileva che nell'America del Nord si avrebbe un aumento del doppio
o del triplo della mortalità. Crisi di asma, bronchioliti estive,
raffreddori da fieno e malattie delle zanzare e taluni virus
sarebbero essi pure in aumento
M. Deneux non può essere più esplicito nella presentazione delle
conseguenze del riscaldamento per il territorio francese: i
modelli climatici, già alquanto imperfetti quando si tratta di
descrivere fenomeni su scala continentale, non sono ancora capaci
di predire con precisione che cosa succederà in Francia. Se i
climatologi sono grossomodo persuasi che il riscaldamento
provocherà un aumento di
piogge al Nord e fenomeni di desertificazione al Sud,
tuttavia pochi si azzardano a tracciare la frontiera geografica
fra questi fenomeni.
Queste incertezze, che non gli sono state nascoste dal gruppo
di lavoro di cui si era circondato, hanno convinto il senatore che
"spetta agli uomini politici, e solo a loro, prendere le
decisioni riguardanti la società senza pretendere che tutte le
risposte siano state fornite dalle persone più competenti".
Il suo rapporto si conclude con un centinaio di
raccomandazioni, rivolte sia alle istanze internazionali che
all'uomo della strada: stabilire una politica europea di
pianificazione del territorio, promuovere lo sviluppo durevole, il
risparmio energetico, l'efficacia energetica e lo sviluppo delle
energie rinnovabili. Ma perché non evitare anche di utilizzare un
fuoristrada "su dell'asfalto per andare ai 20 km/h in un
ingorgo"?
Hervé Morin
Il rapporto è disponibile al Senato sotto forma di un CD-ROM
arricchito di dati recenti sul riscaldamento. 16 €.
Philippe Révil
ARTICOLO PUBBLICATO NELL'EDIZIONE DEL 03.07.02
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