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Paris, 26 Décembre 1867.
Bien cher Père,
J'ai toujours attendu, pour vous répondre, de vous préciser mon départ pour Marseille. J'ai été si absorbé par les affaires du moment, maison, ordination, Première Communion, noviciat, que je n'ai pu me fixer; cependant j'espère être à Marseille le saint jour de l'Epiphanie: c'est là du moins tout mon désir.
Je ne vous dis rien de positif pour ce terrain; cependant je suis plus porté à la négative, vu que la faillite Le Clère nous met dans une position difficile, qu'Angers nous coûtera beaucoup, et que Paris n'a rien, car nous avons manqué la maison dont je vous parlais, rue Grenelle, St-Germain; et c'est un bien, car devant cette perte nous aurions été bien embarrassés: Dieu fait tout pour le mieux; si ces messieurs veulent attendre mon arrivée, nous verrons encore; sinon, il faut attendre.
Vous pouvez renvoyer le fr. François quand vous verrez son remplaçant capable et stable; cependant comme il n'y a que quelques jours, mieux vaut attendre.
J'ai une pensée que je viens vous communiquer: si je vous donnais, au moins pour quelque temps, le P. Billon, afin qu'étant sur les lieux il pût mettre ordre à ses intérêts et vendre la maison; nous le regrettons ici, car il fait beaucoup de bien, et c'est un excellent religieux, mais aussi c'est votre enfant: dites m'en votre sentiment.
Le frère Jules est trop neuf pour l'aventure, puis il a besoin d'étudier encore un peu.
Recevez, bien cher Père, les voeux bien eucharistiques que je forme pour vous, si dévoué et si zélé à votre sainte vocation, et pour vos chers frères.
Adveniat regnum eucharisticum, voilà tout notre désir, que le ciel nous accorde de le voir plus grand dans la Société.
Je vous reste bien uni en N.-S.
Bien cher Père, et tout à vous.
EYMARD.
R.P. Henri BILLON
Paris, 30 décembre 1867
Lettre d'obédience.
Je soussigné Supérieur des Prêtres du S. Sacrement, 112 Boulevard Montparnasse - autorise le P. Billon, Directeur de l'Oeuvre de la 1ère Communion des Ouvriers Adultes à retirer les sommes que le Bureau de Bienfaisance veut bien donner à cet effet pour les enfants indigents.
Paris, 30 Déc. 1867
Eymard Sup.
Billet au verso d'une carte de visite.
Je vais à Angers. Je tâcherai de vous voir en remontant mercredi ou jeudi prochain. Dieu a voulu ce sacrifice.
Paris, 1er Janvier 1868.
Chère fille en Notre-Seigneur,
Je vous renouvelle tous mes voeux et toutes mes bénédictions. Que Dieu vous guérisse comme mon étrenne, et que votre confiance soit égale à votre charge et à vos besoins!
Je prends bien part à toutes vos peines, à toutes vos épreuves, car je les sens bien vivement. C'est la grâce de l'état et la bénédiction de Dieu; seulement il ne faut voir que Dieu et sa volonté.
Je pars ce soir pour Lyon et Marseille. Je vais m'arrêter à Latignié un jour et voir ce que font ces pauvres filles. Hélas! faut-il être aveugle à ce point, ou tenté, ou abusé!
Je vous envoie le reçu de Mr False; il croyait à 800 francs. Je lui ai dit que toujours nous avions cru 600: il passera par cette somme déjà assez forte. Merci de vos 200 francs. Je vous les rendrai quand je pourrai.
L'affaire Nemours est finie: j'en reçois à l'instant même l'annonce.
Je vous bénis de toute mon âme, et toutes vos chères filles.
EYMARD.
Paris, 1er Janvier 1868.
Cher Monsieur Carrel,
J'ai un petit moment, je viens vite vous le donner pour vous souhaiter la bonne et sainte année du Seigneur, l'année de serviteur de Marie, d'adorateur de Jésus-Christ, d'apôtre de sa charité, et par surcroît celle de père, d'époux et de maître heureux dans la paix et la confiance divines. Bientôt j'irai vous expliquer ma bonne année.
J'espère être le 7 janvier ou le 8 à Lyon, au moins pour quelques heures. Vous aurez ma visite promise et bien due.
Je vous embrasse de coeur en N.-S., en qui,
Tout vôtre.
EYMARD, S.
Paris, 1 er Janvier 1868.
CHERE FILLE EN N.-S.,
Oui, bonne, sainte, heureuse joyeuse année! Qu'elle soit la plus grande de vos années, et celle que Dieu a choisie pour vous rendre parfaite et, par conséquent, heureuse!
En chemin de fer d'Angers, 13 Mars. - Chère soeur Anne, voyez par cette date que vous avez été bien présente à ma pensée eucharistique à la première heure. Cette lettre est restée inachevée, parce que je suis parti immédiatement pour nos maisons du Midi, où je suis resté longtemps, puis j'ai été malade; voici ma première sortie. Je vais visiter notre maison d'Angers, où je dois rester une huitaine de jours; après, vous pouvez m'écrire à Paris. Je dirai volontiers vos messes pour votre oncle si pieux. Il m'avait demandé de le recevoir comme pensionnaire; je fus obligé de la refuser, n'en recevant pas. Vous avez raison, chère soeur, il faut prier pour lui, car un grain de poussière n'entre pas au Ciel.
Je ne vous ai rien dit depuis longtemps, parce que j'ai été sous de lourdes croix, et j'y suis encore. Priez pour moi, bonne et vieille soeur Anne, j'en ai bien besoin.
Cette petite maladie de quinze jours m'a fait du bien, elle m'a un peu recueilli.
Votre charité me demandera peut-être quelles sont mes croix? Je ne les compte plus. Elles m'ont presque absorbé l'esprit, un peu le coeur. Quand je souffre bien, je vais mieux à Dieu. Dites-moi quelque chose de bon. Si vous n'étiez pas si loin, j'irais vous voir; mais à Mauron!!
Soyez tranquille! si je retourne à Rennes, je vous le dirai.
Déchiffrez-moi comme vous le pourrez. Je vous bénis bien en N.-S. Chère soeur,
Tout vôtre en J.-C.
EYMARD, Sup.
Paris, 1er Janvier 1868.
BIEN CHERES SOEURS
J'ai un moment de libre, je viens vite vous souhaiter la bonne année comme en mon jeune âge et avec mon coeur de frère.
Ce sont des années de grâces, chères soeurs, que Dieu nous donne! profitons-en bien.
Je suis bien reconnaissant envers Dieu de vous donner un peu de santé, je lui demande bien de vous la conserver; vous m'êtes toute la terre et toute ma parenté et mon affection bien cordiale.
Je pars bientôt pour Marseille, j'irai vous donner un jour, malgré la rigueur du froid; ce sera ou vers le milieu de la semaine prochaine ou dans la quinzaine, en revenant de Marseille. Je vous en donnerai avis précis par une dépêche.
Je vous porterai mes étrennes et vous me donnerez les miennes.
Je vous bénis, chères soeurs, et vous embrasse fraternellement en N.-S.
EYMARD
Selon l'usage, j'ai dit la Messe de minuit pour vous; et mon étrenne?
Paris 3 janvier 1868
Cher Monsieur Amédée,
J'irai vous souhaiter la bonne année Dimanche matin. J'arriverai à Belleville à 6 heures du matin. Si votre voiture est arrivée nous partirons de suite pour Lantignié; je dis nous, parce qu'une amie de Sr Benoîte qui va à Nice me prie de la conduire à Toussaint pour voir en passant la bonne Soeur Benoîte.
C'est Madame de Thièvres avec son fils.
Ainsi ne venez pas nous chercher, nous arriverons. Je vous dirai tous mes voeux et toutes mes bénédictions de vive voix.
Mes hommages bien vifs à Madame, à Sr Benoîte, à Sr Philomène.
Tout à vous.
Eymard.
Si à 6 ¼ ou 6 ½ la voiture n'est pas arrivée, nous irons dire la Ste Messe à l'hôpital.
A.R.T.
Lantignié, 7 Janvier 1868.
Madame en N.-S.,
Me voici à Lantignié; demain matin je serai à Lyon à midi; et chez vous de midi et demi à une heure.
Je veux vous voir toutes les premières, attendez-moi.
J'irai vous porter mes étrennes eucharistiques. Je désire bien vous voir. Je n'ai pu vous écrire de Paris.
La petite mère a été bien malade; elle va mieux, elle a pu aller à la sainte Messe ce matin.
Que Dieu vous bénisse et vous garde en son saint amour!
Tout à vous en N.-S.
EYMARD.
Marseille, 18 Janvier 1868.
BIEN CHER FRERE,
Je vous renvoie la lettre de convocation Leclerc, afin que vous la renvoyiez de suite à Mr Chauveau, 84, rue de Rivoli; il a tous les pouvoirs nécessaires. La distribution faite des petites sommes est bien, je pense qu'avant tout vous avez payé le loyer. Si vous ne pouvez rien trouver pour l'emprunt Bloun, je demanderai à Mr Guérin de nous prêter cette somme plutôt que d'y trop perdre. Le Père Chanuet me parle d'un emprunt au Crédit Foncier au 4%. Voyez-le.
Le Père Billon doit me donner une explication sur les cartes. Je ne crois pas que vous puissiez retirer cet argent, il faudra que ce soit moi. Merci des meilleures nouvelles de Mlle Thomas. Tout va bien ici, la retraite est bien suivie; temps magnifique; j'ai vu plusieurs fois votre soeur qui va bien.
Vous avez bien fait de ne pas donner d'argent à cet abbé; cela finit par m'ennuyer.
Je vous bénis tous bien paternellement en N.-S.
EYMARD.
P.-S. - Je m'aperçois que j'arrive trop tard pour Mr Chauveau; mais il a dû être convoqué, étant chargé de cette affaire.
Voyez-le et demandez-lui où en sont les affaires de Nemours.
Envoyez-moi ici mes lettres jusqu'à mercredi prochain. J'espère partir jeudi pour Roquefavour.
Il faudra demander à Mr Bloun quelques jours de plus si c'est nécessaire.
An Fräul. Thomas
A.R.T.
Marseille, 18 Janvier 1868
CHERE FILLE EN N.-S.,
J'ai appris avec peine votre indisposition. Soignez-vous bien, car ce rhumatisme vient sans doute du froid. J'ai bien regretté de n'être pas à Paris, car peut-être avez-vous manqué de soins.
J'ai bien prié pour votre soulagement. J'apprends qu'il y a du mieux; que Dieu en soit béni!
J'ai la consolation de voir cette retraite bien suivie; le bon Maître soutient mes forces, je vais bien.
Nos religieux de Marseille vont bien. J'ai vu le P. de Cuers un moment, il est content. J'irai le voir jeudi.
Je n'ai pu aller voir ma soeur, il faisait trop mauvais temps. J'ai trouvé Sr Benoîte assez fatiguée, cependant sans gravité; elles sont bien malheureuses toutes deux, elles souffrent de cette privation.
Je ne sais pas encore le moment de mon arrivée à Paris; si je vais à La Mure, ce ne sera que jeudi en huit, probablement.
Je vous bénis, chère fille. Soyez toujours la petite servante de Notre-Seigneur, ignorée, inconnue et oubliée de la terre, mais connue, aimée et privilégiée de Notre-Seigneur.
EYMARD.
Marseille, 18 Janvier 1868.
Bien cher Père,
Il faut absolument faire un emprunt pour nous liquider sur St-Maurice: arrangez cela avec le frère Marie-Paul ou avec le Crédit foncier pour la somme due; nous serons plus tranquilles, car c'est une si grande peine de devoir.
Je remercie le Bon Maître de nous avoir débarrassés du frère Claude. Il n'avait pas été franc avec moi, il était caché et plus que cela...
Pauvre frère Antoine! il était encore une preuve de cette règle, qu'une fois sorti, un novice ne devrait plus rentrer.
Je ne fais pas fond sur le frère François d'Angers... Il a de bonnes qualités, mais je lui crois une pauvre tête! Il faut voir le médecin et, si la maladie peut devenir grave, prendre le parti que vous croyez le meilleur.
Ah! cher Père, Dieu vous a montré tout le secret de la vie religieuse et même de la vie chrétienne dans cette pensée: mortification souveraine pour le devoir d'abord. - Tout est là: c'est la racine de l'arbre, c'est la sève des vertus et de l'amour vrai de Dieu; sans cette mortification, il n'y a plus que l'amour-propre, qui domine et gâte tout. Ah! tenez-y avant tout, en tout et malgré tout.
Dieu vous aime: c'est la ligne droite qu'il vous a montrée, l'abneget semetipsum, le semper mortificationem Christi in corpore vestro circumferentes, la vie par la mort. Mais il faut bien convaincre vos novices de cette loi première et leur faire pratiquer la règle à la lettre dans ce qui est positif.
Le Bon Maître bénit cette retraite de Marseille, il soutient ma faiblesse; je prêche trois à quatre fois par jour et n'ai pas le temps de respirer. Aussi, pour vous écrire, me suis-je levé plus tôt.
Ah! prions bien pour avoir de bons adorateurs! Qu'ils sont rares! Est-il possible que N.-S. ne trouve pas des âmes toutes à lui, toutes pour lui!
Je vous bénis, cher Père, comme je vous suis bien tendrement uni en notre Bon Maître.
EYMARD, p.
P. S. Votre cher frère m'a remis, sur ma prière, douze obligations: il ne croit pas pouvoir disposer sans condition du reste. Nous en causerons.
Marseille, 19 Janvier 1868.
Cher et vénéré Mr Audibert,
Je suis à Marseille depuis quelques jours. Je me propose d'avoir vous faire une petite visite demain mardi. Je partirai d'ici à 7 h. 50 du matin. Je vous prie de ne vous déranger en rien. Je veux avoir l'honneur et le bonheur de vous embrasser au nom de votre cher et si bon fils, et pour moi, présenter mes affectueux hommages à la bonne mère et au cher frère.
Je regrette de ne pouvoir voir Madame sa soeur.
A bientôt, cher et bon Père.
Tout à vous en Notre-Seigneur.
EYMARD
Sup.Cong. S.S.S.
Marseille, 22 Janvier 1868.
CHER FRERE,
Je vous envoie ci-inclus mille francs; payez le loyer avant tout. Le reste attendra mon arrivée. C'est bien la divine Providence qui m'a envoyé ce secours.
Je vous arriverai vers la fin de la semaine prochaine. Je traite avec Mr Guérin pour le solde de Bloun. Mille difficultés pour le remboursement des Soeurs de la Compassion! Que Dieu soit béni de tout! La croix nous environne, mais Dieu est au-dessus de tout.
Je vous bénis tous et vous en particulier bien paternellement.
EYMARD, S.
Marseille, 29 Février 1868.
Cher ami,
Je suis encore à Marseille; j'en partirai bientôt pour Grenoble et La Mure, puis j'irai vous faire une visite en courant. Je voudrais vous prier de me faire tirer de suite une douzaine de petites photographies de ma misérable personne par le photographe qui a fait les vôtres; je les prendrai vers mardi de la semaine prochaine.
Je suis absorbé ici à n'avoir pas le temps de prier; c'est que je ne sais pas me sauver sur la montagne de Dieu.
A bientôt, bon et cher ami. Mes meilleurs sentiments à toute votre chère famille.
Tout vôtre en N.-S.
EYMARD, Sup.
Marseille, 29 janvier 1868
Bonne Dame en N.Seigneur,
Ce n'est pas une étrangère, une inconnue qui me fera perdre une vieille connaissance et une chère âme en N.S.
Je ne sais rien de cette Demoiselle, ni ne veux rien lui demander. Je n'ai jamais parlé avec elle de son passé, ni voulu entrer dans son présent: je laisse au temps de dévoiler cela.
Restez, chère fille, comme vous êtes et ne vous fatiguez de rien; il faut laisser passer le vent en silence, et si on vous en reparle, priez de ne plus rien en dire, car souvent les dits et redits sont les nouvelles de rue.
Je ne sais encore le jour de mon départ; il sera prochain.
Priez pour moi, chère fille, en N.S. Je vous bénis bien en sa divine charité.
Marseille, 30 Janvier 1868.
CHER FRERE,
Aujourd'hui jeudi, je pars de Marseille. Je serai à La Mure dimanche. Envoyez-moi là mes lettres jusqu'à lundi seulement; puis j'en repartirai pour Paris. La migraine me tient tous ces jours-ci; cela vient, je pense, du mistral.
L'affaire de la Compassion a échoué. Dieu en soit béni! elle m'a tenu huit jours de plus: c'est une épreuve de plus.
Tout à vous.
EYMARD.
De Marseille, 30 Janvier 1868.
CHERE FILLE EN N.-S.,
Je vous écris en partant de Marseille; une affaire embrouillée m'y a retenu huit jours de plus, et j'ai été obligé de partir et de la laisser.
Je voulais vous écrire plus tôt, j'ai été si absorbé pendant la retraite que je ne l'ai pu. Marseille est presque comme Paris, j'y suis trop pris. - Une autre raison qui m'a fait différer encore, c'est une lettre de ma soeur pour vous et je ne pouvais pas la trouver; enfin, cette lettre qui m'avait échappé me tombe entre les mains en partant, je vous l'envoie.
Je vais de ce pas voir ma soeur, y passer deux jours; j'y serai samedi et dimanche; nous parlerons bien de vous, puis je retournerai de là à Paris.
Le bon Maître a daigné bénir la retraite de huit jours de Marseille; il a tout fait et m'a bien soutenu.
Il y a à Marseille des âmes bien dévouées au Très Saint Sacrement. J'ai vu le P. de Cuers et son Ermitage. Dieu est aimable partout, et là plus qu'ailleurs. Lui seul y est aimable, tant c'est sauvage et aride.
Je faisais cette réflexion à Roquefavour, c'est qu'un religieux du Très Saint Sacrement élevant son bon Seigneur exposé est bien partout, et mieux encore là où il y a à souffrir pour lui.
J'espère bien ne pas vous trouver malade, chère fille, et que ce bon Jésus, votre vie et votre bonheur, vous aura tenu lieu de tout.
Je savais que fr. Alphonse était guéri, j'en ai béni Dieu. Le P. Chanuet est bien content de lui et lui trouve une belle âme généreuse et eucharistique.
J'ai lu votre lettre toute entière et elle m'a fait grand plaisir, sauf votre reconnaissance; je ne la mérite pas; au contraire, je devrais faire plus pour vous, je me repose trop peut-être sur Notre-Seigneur que vous aimez tant et qui vous aime d'un amour si grand. Votre pauvre Père ne comprend pas votre bonheur, mais il ne peut vous l'ôter.
Ce pauvre frère Joseph ne vous comprend plus, sa mission est finie. C'est ce qu'il faut voir en tout: la mission de Dieu par les créatures; les unes nous crucifient, les autres nous éprouvent, quelques-unes nous édifient et nous font du bien: et tout cela pour la plus grande gloire du bon Maître.
Je vois qu'il vous a bien consolée et bien favorisée, chère fille, pendant les belles fêtes de Noël; à la crèche vous y avez eu votre bonne place, et au Tabernacle votre place est encore plus belle.
Voilà vos deux enfants adorateurs, et un jour ils seront les apôtres de l'Eucharistie, et vous continuerez ainsi jusqu'à la fin du monde à l'adorer, à l'aimer, à le servir par votre nouvelle famille eucharistique.
Ah! que vous êtes heureuse!
Soyez-le toujours!
Jésus vous prend pour épouse, vivez de l'amour,
Toujours!
Je vous bénis, chère fille, et vous donne sans cesse à Jésus, vous et tous les vôtres.
EYMARD.
Paris, 12 Février 1868.
Madame en N.-S.,
Me voici de retour à Paris. Je viens vous annoncer de suite mon arrivée. Je n'ai pu aller encore à Sainte-Clotilde. J'espérais vous trouver ici, - je vous attends aux premiers jours, persuadé que vous ne mettez pas de retard au voyage, dès que la divine Providence en donnera la possibilité.
Nous avons bien besoin de vous.
A votre retour, je vous parlerai de mon voyage à Lantignié. On y est toujours dans les mêmes pensées, on voulait faire une communauté dans les montagnes du Vivarais. J'y ai mis toute mon opposition, car, sorti de la difficulté de Nemours, je ne veux plus m'engager ailleurs. Il me faudrait un ordre bien évident du Ciel et de la sagesse de ma position.
Si vous habitiez au-delà des nuages et des tempêtes, en face toujours d'un beau soleil, vous vous inquiéteriez peu des vents et des brouillards sous vos pieds!
Tâchez d'être comme cette âme bienheureuse dont le coeur et la vie sont au Ciel.
N'alimentez pas votre fièvre de crainte ou de tristesse, laissez-la tomber d'inanition, et tout ira bien.
Je vous bénis en N.-S.
Paris, 12 Février 1868.
Bien cher Père,
Merci et de toute mon âme de votre bonne lettre et de son heureux contenu!
L'église monte vers le ciel! quel bonheur! soyez-en béni vous-même qui l'avez achetée cher et de si bon coeur.
J'irai vous voir ou avant le carême, ou la première semaine. Je suis si en retard ici à Paris! Je suis resté dix jours de plus pour cette triste affaire de la Compassion, et encore je ne l'ai pas terminée.
Nous faisons vendre à Marseille la maison du P. Billon, ce qui nous donnera une somme de 25 à 30.000 fr.; je lui ai encore écrit ce matin; cette triste affaire Le Clère nous met dans le plus grand embarras, puis la Caisse de l'emprunt Pontifical nous ferait trop perdre; voilà pourquoi je hâte la vente à Marseille. Cependant croyez-le, bien cher Père, j'aimerais mieux perdre les 30 fr. par obligation que de vous laisser dans la peine.
S'il faut attendre de vous porter de l'argent, je crains de n'être pas prêt de suite. Vous me recevrez tout de même, n'est-ce pas?
J'ai été bien heureux de voir votre si bonne et si honorable famille! quel père vous avez! et quelle jeune mère! votre cher frère m'a bien fait plaisir, il va mieux. Comme ils sont bien logés!
A bientôt, cher Père, mes bons sentiments à toute la famille eucharistique.
Tout à vous.
EYMARD Sup.