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Paris, 27 Août 1867, 112, Bd Montparnasse.
MADAME BIEN CHERE EN N.-S.,
Merci de votre bonne lettre d'arrivée.
Je suis heureux de vos bonnes dispositions, de votre état, et surtout de votre volonté à suivre fidèlement votre règlement. Vous faites bien.
La règle de vie est comme le régime corporel; il faut bien vous y tenir, parce que votre âme sera toujours contente quand elle se sera bien nourrie de Dieu. Ce n'est que dans l'oraison que vous trouverez cette paix délicieuse, ce calme, ce repos qui est souvent plus sensible que dans la sainte Communion.
Dans l'oraison Dieu nous nourrit; dans la sainte Communion souvent nous nourrissons Dieu du pain de la souffrance et du fruit laborieux des vertus: voilà pourquoi on souffre après la sainte Communion.
Quand vous êtes joyeuse, recueillie, unie à Dieu, nourrissez votre oraison de la reconnaissance et jouissez de Dieu et de sa bonté; mais quand la sécheresse arrive, tirez l'eau du puits, arrosez avec espérance et, s'il y a souffrance en votre âme, faites de la souffrance la matière de votre oraison afin de la surnaturaliser ou de l'épuiser, s'il s'agit de peines et de troubles.
Je suis bien heureux de voir la bonne et persévérante affection qui vous a reçue à votre arrivée, il faut l'entretenir comme vous faites; il y a plus de paix et même de bien à faire ainsi.
J'espère que votre procès sera fini et gagné, que c'est donc pénible d'avoir toujours la guerre! c'est la condition de ce monde.
Je viens d'indulgencier vos croix et les ai remises au bon Mr Garnier.
Je compte sur vos prières, comme les miennes vous sont assurées ainsi qu'à votre bonne et aimable amie.
Je vous bénis toutes deux.
Tout à vous en N.-S.
EYMARD.
P.-S. Vous n'êtes pas bien sage de m'avoir envoyé des timbres-poste. Vous ne voulez donc pas me rien devoir? ou plutôt, ne rien oublier!
A. R. T.
Paris, 28 Août 1867.
Bien cher Père,
Je vois que le Père Chanuet n'arrive pas encore; vous ferez bien de permettre au P. Carrié de venir à Paris, si vous n'en avez pas besoin. Je pense que la présence du Père Leroyer pourra suppléer à son absence, qui ne sera pas longue.
Vous causerez des difficultés du Cloître et de la Doutre avec le bon Père Leroyer. Vous ne sauriez croire combien je souffre de cette volte-face de l'Evêque, et comme aussi de la délicatesse de notre position vis-à-vis des propositions de la Doutre. Aller enfouir 200,000 fr. au Cloître avec une administration qui nous encourage si peu, et vouloir y faire le bien malgré elle, c'est une terrible position. J'attends le retour du P. Chanuet pour m'en aller vers vous. Je pense que ce sera dimanche. Monseigneur m'attend vivement, mais je n'ai pas un moment libre avec le noviciat sur les bras et la maison de Paris. Je m'unis bien à vos souffrances, cher Père, et à votre désir pur de la gloire de Dieu. Nous serons toujours en harmonie sur un si beau et bon terrain.
Tout à vous en N.-S.
EYMARD.
Adveniat Regnum tuum.
Paris, 28 Août 1867.
Madame en N.-S.,
Qu'il y a longtemps que je vous dois une réponse! J'espérais aller vous la faire à Angers. J'irai dimanche prochain, si Dieu le veut. J'aurais besoin d'y aller tout de suite, j'attends une lettre d'Angers pour partir plus tôt.
Il y a de grosses misères à Angers, au sujet de notre nouvelle maison du cloître Saint-Martin. On est revenu à l'Evêché sur ce que l'on avait promis. Les habitants de la Douvre font tout au monde pour garder l'adoration; en cela, ils sont bien louables, - mais nous sommes dans une situation délicate.
Il y a de quoi quitter Angers et accepter de suite Arras, où l'on nous donne une église, une maison et un jardin, où Monseigneur nous reçoit avec plaisir. Mais comment abandonner Angers, la croix et la souffrance?... Voilà ce que je dois résoudre à mon prochain voyage.
Vous êtes heureuse à votre campagne, avec votre Hôte divin, le calme et la solitude de vos adorations, l'épanouissement de la grâce et de l'amour de Notre-Seigneur! Que Dieu vous l'augmente et jouissez-en bien.
Jouissez de Dieu, de vos grâces, de votre Tabernacle, de votre si bon Maître. En jouir, c'est vivre par Lui et pour Lui, à ses pieds, sur son Coeur, en sa divine Personne.
A ses pieds, l'écoutant comme Marie: c'est le pain de vie et d'intelligence; c'est le repas de l'âme qui réconforte toute votre personne; c'est l'oraison du silence, du regard, du bonheur d'être sous l'influence de ce divin Soleil. - Sur son Coeur, dans la sainte Communion, ou quand votre coeur souffre, ou quand votre âme est triste. Quand Jésus paraît mort, son Coeur ne meurt pas, il a du sang brûlant même après sa mort. - En sa divine Personne: Jésus a dit: "Celui qui mange demeure en moi, et moi je demeure en lui."
Belle et divine société de vie! Demeurer chez Jésus, en Jésus, c'est être sa servante adoratrice.
Le papier s'en va...
Je vous laisse à Notre-Seigneur.
Paris 29 août 1867
Cher Monsieur Amédée,
J'ai bien réfléchi, je vous conseille de garder précieusement l'habit religieux de votre pieuse et sainte mère. Vous les aviez pour l'ensevelir, vous l'avez ensevelie dans d'autres, donc ils vous appartiennent, la fin est remplie, le moyen était à votre piété.
Je vous renvoie un petit (?) reçu ce matin et ouvert par moi par mégarde, je ne l'ai pas lu.
J'espère que tout ira bien avec vos belles-soeurs, et par une entente toute fraternelle, il est juste qu'on vous tienne compte des peines et des embarras de la succession, et aussi de l'affection de famille.
J'espère vous revoir bientôt. Je fais votre neuvaine. Mes affectueux respects à votre bonne Dame.
Croyez-moi en N.S. Tout à vous.
Eymard S.
Paris, 30 Août 1867.
Bien cher Père,
Je vous arriverai demain soir à 5h30, samedi.
Nous verrons Monseigneur le dimanche. J'ai dit au P. Carrié ma peine de voir que l'opinion le mettait en faveur de la Doutre contre son supérieur; il m'a dit qu'il n'avait rien fait contre, car Dieu ne bénit que l'ordre et l'obéissance, lui ai-je dit.
Le Père Chanuet est arrivé ce matin; je serai donc à vous demain soir.
Croyez-moi, bien cher Père, en N.-S.,
Tout à vous.
EYMARD.
Paris, 30 Août 1867.
MADAME BIEN CHERE EN N.-S.,
Je pars demain, samedi matin, pour Angers; j'y resterai seulement quelques jours. Je voudrais bien y recevoir de vos nouvelles (rue Lyonnaise, 9), et si j'avais une demi-journée à moi, je désirerais aller vous dire un petit bonjour, ainsi qu'à votre bonne soeur, à Nantes.
Tout à vous en N.-S.
EYMARD, S.
[Angers, Dimanche, Septembre 1867].
Chère fille en Notre-Seigneur,
Je viens de voir Monseigneur. Demain Sa Grandeur sera chez vous à une heure et demie. J'y arriverai vers une heure.
Entre nous trois, nous traiterons les grandes questions dont m'a parlé Monseigneur, et votre note.
La première chose, c'est d'accepter un Supérieur nommé par Monseigneur. Sa Grandeur y tient; elle vous laisserait plutôt à vous-mêmes, et il ne faut pas cet abandon.
Nous avons parlé de Bruxelles. Je lui ai expliqué la position temporelle, elle est bien; cependant il y a une condition que je n'ai pas eu le temps de dire à Sa Grandeur, c'est que Son Eminence Mgr le Cardinal de Malines voudrait qu'on y mît les sujets belges de préférence; c'est même la condition qu'Elle a mise à l'acceptation de cette fondation. C'est ce qu'il faudra que vous examiniez bien.
Monseigneur m'a parlé des soeurs non rentrées. J'ai vu soeur Benoîte à son retour de Lantignié. Elle n'a séjourné qu'une heure et demie à Paris; elle était énormément enflée et bien fatiguée.
Vous savez peut-être que soeur Benoîte est allée à Lantignié et que je ne l'ai pas vue, ni su son départ; cependant elle a été bien utile à cette pauvre soeur Camille, qui avait tant de peine à accepter la mort.
Je ne pourrai aller vous dire la sainte Messe, étant obligé de rester ici pour faire un rapport pour Monseigneur et le lui porter de suite.
Tout à vous en Notre-Seigneur.
EYMARD.
Le P. Eymard fait connaître les démarches faites pour rester dans la Doutre: l'acquisition du théâtre AUBERT, les travaux déjà exécutés, l'impossibilité d'abandonner l'oeuvre commencée.
Angers, 2 Septembre 1867.
Monseigneur,
Le P. Audibert, Supérieur de notre maison d'Angers, m'ayant fait part des difficultés qui se sont élevées contre la fondation de notre maison et chapelle au Cloître Saint-Martin, je suis venu sur les lieux pour les examens et prendre une détermination dernière. J'ose donc, en toute simplicité et confiance, exposer à Votre Grandeur l'état de la question et en attendre une décision que nous recevrons avec respect.
Les pieux habitants de la Doutre regrettent la perte de la chapelle de l'Adoration, suite de notre changement de local, et, dans leurs religieux désirs, ils se sont cotisés et ont réuni, nous dit-on, la somme de 15.000 francs (de quoi, cependant, nous n'avons aucune garantie, puisqu'on n'a pas fait une visite au Supérieur de la maison, à ce sujet; ce sont donc des choses peu sûres). Mais, je suppose qu'ils aient réussi à réunir 15.000 francs; c'est beau de leur part, aussi en sommes-nous profondément touchés et voudrions-nous accomplir leurs désirs en nous fixant à la Doutre. Ce qui augmente notre peine, c'est la pensée que nous contrarions le désir de Votre Grandeur, Monseigneur, et celui de vos respectables Vicaires Généraux, toujours si bons pour nous.
Mais, que devons-nous raisonnablement faire? Devons-nous, pour rester à la Doutre, nous imposer de si grands sacrifices? Et si on nous les demandait, devrions-nous prendre une si grande responsabilité devant la Société? En effet, il ne s'agit de rien moins que d'une perte de 60.000 francs au moins, puisque nous avons déjà le chiffre de 100.000 francs et plus, savoir:
Achat de la maison Aubert............75.000 fr.
Achat de la maison de l'Impasse...12.000 "
Dépenses déjà faites ....................10.000 "
-----------
Total:............................ 97.000 fr.
Les compromis avec les entrepreneurs sont signés; ils ont fait leurs commandes de matériaux, nous ne pouvons donc renoncer à nos engagements sans donner une indemnité assez forte.
Or, devant ce chiffre de plus de 100.000 francs, la maison nous étant donnée en échange, restera un déficit de 60.000 francs.
Mais cette maison Allard à donner, sera-t-elle vraiment donnée? Et si elle nous est cédée sans être entièrement payée, la position ne devient-elle pas extrêmement fausse pour nous? et comment urger l'acquit de cette dette collective, une fois que nous serons installés dans l'immeuble? La prudence ne veut-elle pas que nous refusions même ce qui nous est offert?
Ajoutez à tout cela, Monseigneur, que les fondations de la chapelle sont presque terminées et les matériaux sont sur place; puis, les pertes considérables à faire pour la vente d'un terrain qui a perdu la moitié de sa valeur par la destruction du théâtre et de la maison de l'impasse.
Je ne dirai rien de l'humiliation qui sera pour nous par l'abandon de ce qui est commencé, et, j'ose le dire, de ce qui a été fait d'après la permission générale, donnée par l'autorité diocésaine, de chercher dans la ville du centre un local convenable. - Nous avions fait des démarches actives et positives pour l'église Saint-Martin, pour le clos Abraham; rien n'ayant abouti et ayant tenu l'autorité au courant, pressés d'autre part par les Carmélites de nous retirer de la position précaire et qui les gêne, nous écrit-on, Mr Allard ne voulant à aucun prix nous céder son immeuble, nous avons alors acquis le théâtre Aubert, et en avons aussitôt fait part à l'autorité diocésaine.
Plût à Dieu que les choses n'en fussent pas là! La Société n'aurait pas à s'imposer un sacrifice de 160.000 fr. au moins, ni le regret de contrarier les vues et les désirs de l'autorité; elle aurait mieux aimé se retirer.
Cependant, quoique les pertes fussent considérables, si Votre Grandeur juge que nous ne pouvons rester là, nous arrêterons les travaux et nous nous tirerons comme nous le pourrons de cette pénible position.
J'espère que nous saurons obéir, nous l'avons déjà fait.
J'ose donc attendre une réponse de Votre Grandeur, afin de prendre, avant mon départ pour Paris, toutes les mesures nécessaires; car il est pénible pour tous de rester dans une position aussi tendue.
Daignez agréer les hommages de la plus profonde vénération et de la plus vive reconnaissance avec lesquelles j'ai l'honneur d'être,
de Votre Grandeur,
Monseigneur,
le très humble et obéissant serviteur.
EYMARD, Sup. Soc. S.S.
[Angers, Mardi, Septembre 1867].
Chère fille,
Je ne puis aller vous dire la sainte Messe demain. Je souffre un peu de douleurs sourdes dans les intestins. Je tâcherai d'y aller avant l'heure marquée par Sa Grandeur.
Monseigneur sort d'ici, il est plein de dévouement pour vous et votre Communauté. Il faut en remercier Dieu.
Laissez de côté la ceinture à offrir: ce n'est pas le moment.
Tout à vous.
EYMARD.
P. S. - je vous rendrai compte de tout ce que m'a dit Monseigneur.
[Angers, Septembre 1867].
Chère fille,
Ce vent et le temps m'ont un peu fatigué. Je voulais partir ce soir, mais je n'ose pas.
Je partirai demain à neuf heures; envoyez-moi votre ostensoir.
Je tâcherai de vous envoyer votre confessionnal en le faisant démonter.
Je pense qu'il serait bon de copier la lettre de Mgr L'Evêque dans ce qui n'est pas personnel: cela ferait plaisir à Mr Bompois.
Je vous bénis. Priez bien pour les soeurs qui sont dehors, et faites violence au Ciel.
Tout à vous.
EYMARD.
Paris 11 septembre 1867
Je viens vous remercier de la faveur que vous m'avez obtenue sur le chemin de fer de Marseille. Je serais étonné de votre succès, si je ne vous connaissais pas si dévouée. J'ai résolu d'aller passer le Dimanche, fête de N.D. de La Salette avec vous. Je partirai samedi soir tard pour Richebourg. Ne vous dérangez en rien, je saurai bien vous trouver.
Oserais-je vous prier de présenter mes respectueux hommages à madame votre mère que je serai heureux de connaître ?
Mes religieux souvenirs à M.Paul.
Tout à vous en N.S.
Eymard.
A. R. T.
Paris, 12 Septembre 1867 (?).
Chère fille en Notre-Seigneur,
Je vous envoie la personne recommandée par le neveu du Cardinal de Lyon et par Mr Toccanier, curé d'Ars, mon ami. Elle me paraît fort bien. J'ai su que plusieurs Communautés la désiraient. Je suis bien aise qu'elle soit chez les Servantes du Très Saint Sacrement: ce sera peut-être une porte pour Lyon.
Je vais écrire à nos soeurs du Luc, je viens de Saint-Maurice. Il faut bien prier, c'est le moment important.
Je n'ai que le temps de vous bénir et de me dire, en Notre-Seigneur,
Tout à vous.
EYMARD.
P. S. - Ma soeur me parle encore de ses effets. Je pense que vous avez eu la bonté de les lui envoyer.
Tout à vous
EYMARD.
Paris 14 septembre 1867
Impossible d'aller à Richebourg le 22 septembre. J'ai le samedi une ordination, et le lendemain une messe de notre nouveau prêtre, il faut que je l'assiste. Pour vous prouver ma bonne volonté, je vais vous voir demain dimanche; je partirai d'ici à 6.55, je vous arriverai vers les 9 h du matin.
Mes respectueux hommages à toute la famille. Tout à vous.
Eymard.
A.R.T.
Paris 15 septembre 1867
Chère Soeur en N.S.
Afin de m'acquitter de ma promesse à Mgr d'Angers de vous écrire sa décision, je viens vous prier de la bien peser devant Dieu.
Monseigneur voulant que les Soeurs qui ne sont pas rentrées à Angers y rentrent au plus tôt, a tenu Conseil de la Maison et a déclaré qu'il ne donnait que trois semaines aux Soeurs absentes pour rentrer et se mettre sous l'obéissance; après ce délai, elles seraient regardées comme ne voulant plus faire partie de la Société des Servantes du T.St.Sacrement. - Voilà l'ordre donné, je vous le transmets, chère Soeur, et désire de toute mon âme que vous suiviez votre vocation et sans vous arrêter à aucun motif humain et personnel. C'est Dieu que vous voulez; c'est Jésus au T.S. Sacrement que vous servez et voulez servir.
Les créatures passent et Dieu reste.- Je vous prie et vous conjure, chère Soeur, de ne rien dire contre la Mère d'Angers et sa maison. J'y vois un grand danger et un grand mal; vous me feriez beaucoup de chagrin si vous le faisiez. Comme Mgr l'Archevêque est déjà peiné et même l'a jugée sévèrement - je vous en prie, restez-en là.
Je vous bénis bien en N.S.
Eymard.
A. R. T.
Paris, 11 Septembre 1867.
Cher Père,
Le P. Carrié repart pour Angers; il a été sage et prudent.
Le P. Leroyer m'a dit votre peine et vos craintes au sujet de la dette Loriol; mettons notre confiance en Dieu; nous avons de quoi solder, seulement nous ne pouvons encore retirer nos fonds. Si vous n'avez pas encore donné la petite somme que je vous ai portée, tâchez de le faire de suite, afin de n'avoir pas les intérêts des intérêts à solder et aussi parce que cet argent est stérile dans un tiroir.
La maison d'Angers est une lourde charge, c'est vrai; mais comment reculer? Puis nous avons cru tous que Dieu le voulait: ayons confiance et courage.
Adieu, cher et bon Père; on part.
Tout vôtre.
EYMARD.
Paris, 16 septembre 1867
Chère fille en N. S.,
Je ne suis pas libre ces jours-ci, - je commence aujourd'hui la lettre de nos ordinands.
Attendez encore un peu pour venir, je vous l'écrirai dès que je me verrai un peu libre - ce sera bientôt.
Merci, Sr. Philomène de votre lettre écrite avec votre coeur et votre simplicité.
Tout cela dit que la position est difficile et demande une lumière et force d'en haut.
Priez bien - je vous bénis.
Eymard
P. S. Si je pouvais aller vous voir, cela vous fatiguerait moins.
Monseigneur,
La demande des religieuses d'Angers, faite par Melle Thomaz de Bossière, est retardée pour assez longtemps par des engagements pris par ces Dames; l'excellente fondatrice, très contrariée de ces difficultés imprévues et ayant déjà fait adapter sa maison aux usages religieux, nous demande si nous ne pourrions pas nous y placer nous-mêmes, si Votre Eminence l'agréait; nous disant que ce quartier voisin du chemin de fer du quartier Léopold n'a pas d'églises ni de chapelle, que la religion y souffrait, que beaucoup de personnes manquaient la messe le dimanche parce qu'il fallait aller trop loin, qu'elle se chargeait de faire bâtir une chapelle suffisante pour ces quartiers, etc...
Avant de répondre à cette proposition, je viens la soumettre, Monseigneur, à Votre Sagesse, tout disposé à l'accueillir favorablement et à nous y dévouer de toutes nos forces, si elle a votre bénédiction, Monseigneur.
Je crois que notre sortie de l'Eglise Salazar ne fera pas grande sensation dans ce quartier où notre ministère a si peu d'aliment, étant pourvu de tant de secours spirituels.
Comme aussi l'oeuvre de Melle de Meeûs ne peut en souffrir non plus puisque nous ne leur sommes d'aucune utilité personnelle.
Il est vrai que nous sommes là pour honorer le fait du miracle, qui ne cesserait pas par le fait de notre éloignement, puisque ces Dames sont instituées pour cette fin locale - et que nous aurions, nous, la consolation d'une adoration plus apostolique dans ce quartier tout neuf.
Je soumets toutes ces réflexions à votre haute et sainte appréciation, Monseigneur. Nous serons toujours heureux d'être là où Votre Eminence nous bénit et daigne nous regarder comme ses enfants.
C'est avec la plus filiale vénération en N. S. que j'ose me dire
de Votre Eminence, Monseigneur,
l'humble et dévoué fils.
Eymard
Sup. Congis SS. Si.
Paris, le 18 septembre 1867
112, Boulevard Montparnasse.
Paris, 18 Septembre 1867.
Mademoiselle en N.-S.,
Je vous envoie ce que je vous avais promis; c'est un retour, et une espérance que vous voudrez bien prier pour moi, comme j'aime à le faire pour vous. Votre zèle et votre dévouement à la gloire de Notre-Seigneur en son divin Sacrement établissent entre vous et nous comme une parenté eucharistique; nous travaillons de concert pour le même Maître. J'espère que Notre-Seigneur bénira tous vos désirs, bonne demoiselle; vous ne pouvez rien faire de plus agréable à Dieu le Père, que de glorifier son divin Fils, et le faire glorifier jusqu'à la fin du monde.
Nous sommes heureux, nous, de travailler avec vous; vos pensées sont les nôtres. Je ne sais ce que le Bon Dieu veut de nous en ce moment. - Son Eminence, si sage et si pieuse, nous le dira.
Assurément, j'y vois beaucoup d'obstacles et de difficultés du côté de Mlle de Meeûs! Mais si Dieu le veut, nous le voulons de tout notre coeur, et avec toutes ses conséquences pénibles et qui ne le seront plus pour nous.
Agréez, Mademoiselle bien chère en Notre-Seigneur, tous les sentiments religieux et dévoués
De votre très humble serviteur.
EYMARD, Sup.
Mlle de Thomas de Bossière,
20, rue Royale,
Bruxelles (Belgique).
A.R.T.
Paris, 27 Septembre 1867.
Madame et chère fille en N.-S.,
Je prie bien pour votre chère mère, pour vous, et votre chère fille. Je sens bien que vous êtes à la loi de la charité et de l'abnégation, et qu'après avoir pris votre provision de grâce et de force le matin, il faut vous dévouer tout le jour; vous, à votre bonne mère, et Mlle Stéphanie à sa famille.
Contentez-vous du matin, et quand, dans la soirée, vous pouvez faire une petite visite au bon Maître, pour vous reposer à ses pieds, faites-la.
C'est une voie de Providence que l'offre de votre neveu; vous faites bien de l'accepter et de suivre ses conseils, qui me paraissent bien sages.
Je suis convaincu qu'un partage n'est pas urgent encore.
Allez simplement à votre petite famille établie aux Thorins. Dites à Mlle Stéphanie de ne pas s'inquiéter de la surveillance, ni de la possibilité même de mieux faire. Qu'elle se repose sur l'institutrice et se contente d'une vie ordinaire et en grand.
Vous feriez bien si vous pouviez venir en aide à votre nièce, au moins cette année, pour la pension de ses petits garçons. C'est l'ordre de Dieu de commencer par les siens.
C'est très heureux que la soeur de Sr Benoîte se charge de la surveillance de cette pauvre Thérèse! J'en bénis Dieu. C'est une grosse charge de moins pour la responsabilité et aussi pour la sécurité.
Tenez toujours votre âme entre les mains de Dieu, chère fille. Recommandez-Lui toutes vos affaires et suivez la voie de la divine Providence de chaque jour et de chaque moment.
Vous savez quelle joie me donnent vos lettres, mais je serais désolé qu'elles vous fatiguent.
J'espère en octobre aller à Marseille et tâcherai de vous voir en passant.
Je vous bénis et votre chère fille.
EYMARD.
Paris 2 octobre 1867
Chère Soeur en N.S.
Vous pouvez communier, vous pouvez garder ou vous faire relever des voeux de pauvreté et d'obéissance par le premier vicaire général venu - d'ailleurs ils ne sont que temporaires et doivent être bientôt finis.
Votre lettre me dit votre résolution définitive. Mieux vaut la paix que la guerre. Si cependant vous pouviez vous décider à être à Angers comme celles de Nemours, ce serait continuer votre vocation adoratrice: les créatures passeront, l'oeuvre restera, c'est ce que je dis à Soeur Philomène.
Je me résume ainsi:
Je ne veux pas faire de fondation. Je vous engage à retourner à Angers si vous pouvez vous contenter de l'Adoration et de la vie de mort.
Vous y serez encore mieux que dans le monde. Si vous n'avez pas ce courage, mieux vaut en finir. Cependant je puis vous dire la peine que j'éprouve de vous voir, vous, si dévouée au T.S.Sacrement, rester dehors. - Soeur Philomène ne veut pas rentrer, Soeur B[enoîte], je crois, ne peut s'y résoudre, malgré tout ce que je lui ai dit de plus fort; - elle est ici depuis quelques jours.
Je vous bénis, chère fille, et prie bon pour vous en ce moment solennel; afin que vous soyez dans la Ste Volonté de Dieu tout entière.
Eymard.