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Nr.1421

An Frau Tamisier

Adveniat Regnum Tuum

Paris 7 août 1864

Bonne Dame en N.S.

Je vous remercie bien de votre bon souvenir et de votre lettre, j'en ai un peu ri, car notre fondation de Jérusalem n'est pas encore faite, quoique cependant on soit parti, et que l'on doive arriver ces jours-ci à Jérusalem, pour cela. - Mais si ces bonnes adoratrices espèrent y aller bientôt, il faut un miracle, celui d'avoir le Cénacle même, encore une mosquée, et qui le sera, à moins que le Bon Dieu ne les renverse ou ne la détruise. - Ainsi, bonne Dame, il n'y a rien d'arrêté pour ces Dames, elles ont le temps de se préparer.

Assurément, si le Bon Dieu leur fait la grâce d'aller un jour à Jérusalem, elles seront bien heureuses.

Je ne sais encore quand j'irai à Angers; mais j'ai fait faire un parloir sans grille pour les parents, et là, vous serez reçue, bonne Dame, comme une mère.

Je suis content de voir votre chère fille tenir bon et fort au service eucharistique de N.S., elle y trouve cette vie dont elle avait tant besoin.

Croyez-moi toujours en N.S., bonne Dame, Votre tout religieusement dévoué serviteur.

Eymard Sup.


Nr.1422

An Gräfin v. Andigné

Adveniat Regnum tuum.

Paris, 7 Août 1864.

Madame en N.-S.,

Je ne veux pas laisser votre lettre sans un retour, sinon de consolation, au moins de charité.

Je vois bien que la tempête roule ses tonnerres sur votre tête, et que votre âme est troublée et que le découragement serait vite à votre porte, si Dieu n'en gardait l'entrée. Je comprends que le Ciel ne vous encourage pas, parce que l'idée du Purgatoire en assombrit le chemin et que la justice divine vous fait peur; aussi, je ne vous dirai pas: Servez Notre-Seigneur parce qu'il a un beau Ciel pour vous; mais bien: Aimez notre bon Maître parce qu'il est aimable et qu'il a pour vous un grand amour, qu'il vous a créée par amour, guidée dans l'amour et assurée à perpétuité dans la miséricorde de son amour.

Il faut absolument vous oublier dans la grande question du service de Dieu, parce que votre vue vous tourne le coeur, et cependant votre coeur aime le Bon Dieu et n'aime souverainement que lui. Les créatures hors de Dieu sont d'ailleurs si peu de chose, et même si misérables et mauvaises! Et vous faites bien d'être libre d'elles, mais travaillez à vous libérer de vos terreurs qui, au fond, ne sont pas mal, mais procèdent d'un bon sentiment, celui de ne pas être en disgrâce avec Dieu, de ne pas lui déplaire et de n'être pas séparée de Lui; tout cela est très bon; mais si ces terreurs vous empêchaient de communier, d'être fidèle à vos devoirs d'état et à vos exercices pieux, elles ne seraient pas bonnes et vous feraient du mal. D'ailleurs, vous savez qu'en ce pénible état il faut vous conduire comme on fait dans une tempête : on prie, on s'abandonne à la miséricorde de Dieu; ou bien, quand on a une migraine très forte, on dit: "Mon Dieu, je vous l'offre... puisqu'elle vient de vous." L'essentiel pour vous est de faire les choses par devoir, sans retour propre pour voir le coeur.....(une demi-page manque)........... .............................en ce moment, car la violence qu'il a fallu vous faire a donné la fièvre.

Que Notre-Seigneur mette un peu plus de confiance en votre coeur!

J'espère pouvoir aller à Angers dans le mois d'août; je vous en avertirai.

Comme enfin je ne pense aller à Jérusalem que quand la chapelle sera bâtie. (la fin de la lettre manque).


Nr.1423

An Frau v. Grandville

Adveniat Regnum tuum.

Paris, 7 Août 1864.

BONNE DAME EN N.-S.,

Vous avez raison, je suis bien en retard avec vous! j'ai eu des malades, et puis tant de choses étourdissantes, que j'ai fait comme les paresseux: à demain!!! Mais je vous assure que ce n'est que la plume; vous êtes aussi vivante en le reste!

Je suis très heureux de votre direction par Mr Rich. J'en remercie bien affectueusement Notre-Seigneur. Enfin vous voilà comprise, et surtout nourrie, et non toujours purgée. Oui, oui, il vous faut à vous plus de nourriture qu'à une autre, - plus de force que de privations, plus d'amour que de vertu! Par conséquent vous êtes la pauvre mais bien reconnaissante du bon Maître. Recevoir et remercier, voilà votre lot.

Mais vos misères? - Eh bien! c'est le titre de la pauvre du Bon Dieu. Mais mes péchés? - C'est votre titre à la grande miséricorde, qui pardonne une bonne fois et pour toujours: et comme une bonne mère elle repardonne mille fois le jour, parce que sa pauvre enfant est bien faible et misérable.

Mais les communions tièdes, peut-être mauvaises? - Tièdes! quelquefois, mais l'eau tiède est plutôt chaude. Ne voulant pas les laisser tièdes elles ne provoqueront pas le vomissement du péché, puisque vous ne l'aimez pas.

Mauvaises? - jamais.

Mais mon caractère? mes mauvais exemples? - C'est vrai que naturellement vous n'êtes pas bonne, et que surnaturellement vous n'êtes pas parfaite. Pour cela je vous engage à supporter le premier et à ne pas discuter le second. Supposez dans les autres un peu de charité. Après tout, l'humilité dira: Je ne suis pas un modèle de douceur, soyons-le de patience et quelquefois de réparation. Sachez bien qu'il y a des épines plus utiles que des fleurs; qu'il est bon que certains défauts extérieurs couvrent la piété et gardent le coeur.

Voilà un gros sermon, n'est-ce pas? mais il est déjà vieux.

Je suis content de votre détermination pour ce bon prêtre polonais.

Oh! que je vous voudrais une petite hostie d'amour, dans votre petit Tabernacle!

Je ne sais quand j'irai à Angers, je pense dans le courant du mois; et cette fois je tâcherai de vous donner douze heures.

Je vous bénis de tout mon coeur.

EYMARD.

P.-S. Il n'y a guère d'abonnés à Nantes à la petite feuille du Très Saint Sacrement.


Nr.1424

An Frau Jordan

Adveniat Regnum tuum.

Paris, 9 Août 1864.

BONNE DAME EN N.-S.,

Vous savez que la souffrance ou endort ou hébète souvent, disons mieux, absorbe; me voilà un peu. Cependant le père malade est guéri et la sérénité revient, aussi je reprends ma plume vers Calet où se trouvent mes vieilles amitiés.

Assurément j'aurais été content de vous voir, vous et toutes vos filles; mais la voiture de la divine Providence n'a pas jugé à propos de s'arrêter là. Je pensais avoir quelques courses obligées, mais le bon Maître m'a occupé ailleurs; donc il ne faut pas m'en vouloir, car je vous en voudrais. Plus je soupire vers la solitude, plus ma nacelle est agitée. Il faut que je me résigne à ces mille choses qui, comme un essaim (de guêpes souvent) viennent m'agiter. Ce Paris est si tourbillonnant! Priez pour moi; vous êtes bien tranquille là-bas avec vos fruits d'été, vos loisirs pieux, et toutes vos familles!

Nous ferons une fondation à Jérusalem près du Cénacle pour l'assiéger; dans quelques mois j'espère aller y faire une visite.

Nous en préparons une autre pour le noviciat.

Nous sommes sur le point d'être expropriés à Paris pour le Boulevard Saint-Marcel; que tout soit bien pour la plus grande gloire de notre bon Maître.

Je vous envoie deux numéros qui vous intéresseront peut-être; pensant que votre bonne fille est près de vous, je ne lui en envoie pas.

Que font vos chères nièces?

Cette Chine est là comme une énigme pour elles! la divine Providence arrangera tout, et pour le mieux. J'aime bien leur saint abandon; Dieu le bénira. Vous me parliez d'un projet de mariage, je prierai bien pour que Dieu le bénisse, s'il est dans l'ordre de sa grâce.

Que je voudrais donc revoir cette bonne dame Nugues et ses chers enfants! Rappelez-moi à son bon souvenir, et vous, bonne fille en Notre-Seigneur, aimez bien ce bon Maître; servez-le encore mieux et devenez bien intérieure, car c'est la racine qui fait l'arbre et le soleil d'en haut qui le fait fleurir et mûrir.

Lisez beaucoup et priez plus; vous devez vous apercevoir d'un grand besoin du coeur en Dieu, et d'un vague de pensées souvent!

Adieu, je vous bénis bien vivement en N.-S.

EYMARD.


Nr.1425

An Marg. Guillot

A. R. T.

Paris, 11 Août 1864.

Chère fille en Notre-Seigneur,

Comme votre lettre le suppose, je suis devenu oublieux; ces temps-ci j'ai tant de petites choses à faire que j'oublie souvent même l'essentiel.

J'ai été chez Mr Le Clère, mais il était en voyage. Je dois y aller aujourd'hui ou demain. Je vous enverrai le tout... (deux lignes et demie effacées) ...

Ayez un cahier des dots et des dépôts des soeurs, afin que la dot soit toujours représentée; quant à ce qui est donné purement et simplement, il n'y a pas besoin de cela... (Trois lignes effacées) ...

Nous réglerons tout cela quand j'irai à Angers, J'espère vers la fin du mois, quand votre règle sera achevée pour l'impression.

Pour Mlle Baillet, si vous la trouvez bien, écrivez-lui vous-même qu'elle peut venir faire un essai; c'est plus convenable que par moi.

Je comprends bien la joie et le bonheur des soeurs quand il y a une heureuse nouvelle pour la Société d'en faire part à leurs amies; c'est bien naturel, mais c'est bien enfant, parce que les choses ne sont pas mûres, et que dans le monde on parle de même.

Je reçois de Marseille une lettre qui m'annonce que l'affaire du P. Peilin prend feu avec ces têtes du Midi. On fait des quêtes pour lui, on se remue, on critique le P. Champion de quelques paroles, sa coterie le fait passer pour victime: n'en parlons plus, tout cela passera.

J'ai appris hier que l'on parlait aussi à Marseille de soeur Benoîte; je pense que Mlle Lautard en a parlé, et comme tout se répète parmi les personnes pieuses, on craint que l'Evêque n'en soit froissé; on est allé jusqu'à dire que soeur Benoîte devait aller à Marseille; écrivez bien que non. Mais ne vous inquiétez de rien; à Marseille tout est vite passé. Pour les lettres compromettantes, ne craignez pas de les faire refaire.

Tout cela est de la petite misère de partout; il faut savoir que la vie religieuse rend enfant.

Je ne reçois rien de soeur Benoîte; serait-elle malade? Et où? Il faudra la faire revenir quand elle le pourra.

Adieu, chère fille, je vous bénis. Soyez simple avec Dieu, joyeuse avec vos soeurs, calme et tranquille en vous-même.

Tout à vous en Notre-Seigneur.

EYMARD.


Nr.1426

An Marg. Guillot

Adveniat Regnum tuum.

Paris, 16 Août 1864.

Chère fille en Notre-Seigneur,

J'écrirai à Mlle Baillet dans le sens de l'attente.

Bénissons Dieu de tout, puisque malgré mes faibles lumières, il a voulu qu'on aille à Marseille. Je pense que vous avez écrit à Mlle Lautard, rue de Grignan, pour la lui recommander.

Faites donc ce que vous croyez convenable pour votre chapelle. Il est a regretter que vous suspendiez l'adoration. Ne pourriez-vous pas fermer la grille par un rideau ou deux, dire aux ouvriers de ne pas parler, et continuer votre adoration? Ne comptez pas sur moi pour prêcher l'adoration, surtout le premier jour; car j'étais retenu ici; depuis trois jours, ma voix devient rauque comme l'an passé; cependant nous ferons tout ce que nous pourrons pour vous être utile.

Oui, soyez prudente pour la fraîcheur des murs, on prend facilement du mal.

C'est le 17 qu'on arrive à Jérusalem.

Pour Henriette du Laus, nous en causerons; il me semble qu'elle a été déjà dans un couvent, qu'elle n'a pas forte santé. La première raison me la ferait refuser.

Je vous bénis toutes en Notre-Seigneur

EYMARD.


Nr.1427

An Marg. Guillot

Paris, 19 Août 1864.

Chère fille en Notre-Seigneur,

Je vous envoie la lettre que je viens de recevoir de Marseille; elle vous fera plaisir.

J'espère donc que soeur B. viendra bientôt.

Vous ne me dites pas que vous aller mieux; je l'espère du moins, car le bon Maître, vous donnant beaucoup à faire, vous doit la force.

Je travaille beaucoup pour vous: la première partie de vos Règles est déjà imprimée; je travaille à la seconde, mais avant de la faire tirer, je vous l'enverrai pour la lire et me faire les observations que vous croirez justes.

Je vous bénis en Notre-Seigneur.

Tout à vous.

EYMARD.


Nr.1428

An Herrn Josef-August Carrel

Paris, 21 Août 1864.

Bien cher ami en N.-S.,

Je vous ai accompagné de mes prières et de mes voeux en Allemagne, ainsi que votre cher fils. Que Dieu le garde! Je vous recommande aussi mon ancien élève et enfant, le fils Nicode aîné, jeune homme honnête et intelligent. Si vous pouviez le caser ou l'aider à se caser, je vous en serais bien reconnaissant. C'est le fils d'une sainte mère.

Je vous suis en N.-S.,

Bien cher ami,

Tout à vous.

EYMARD, S.


Nr.1429

An P. de Cuers

Paris, 26 Août 1864.

Bien cher Père,

Mademoiselle Michel, à la première heure de la fondation de Jérusalem, est venue me dire qu'elle voulait aller à Jérusalem. J'ai contrarié son désir par la représentation de tous les sacrifices qu'elle aurait à faire; malgré cela, elle a persisté, elle part d'elle-même; mais avec un coeur généreux, elle est capable de grands sacrifices, elle le prouve en cette circonstance. Elle ne sera à charge à personne, au contraire elle fera du bien. Elle est digne de votre confiance. Je l'ai bénie en partant, en admirant son dévouement que certainement Notre-Seigneur agréera. Nous attendons, et nous ne cessons de prier pour vous et pour la fondation.

Les vocations sont rares, quelques-unes de bonnes semblent se préparer: on vient demander ce que nous faisons, l'adoration effraie les timides et les personnels.

En attendant, nous prions, nous espérons.

Adieu, bon Père, que bientôt nous recevions une consolante lettre.

Tout vôtre en Notre-Seigneur

EYMARD.


Nr.1430

An Frau Tesnière

Paris 1 septembre 1864

Bonne Mère,

Vous voilà donc ce que votre piété avait désiré, toute à Dieu, toute au prochain! Sur le chemin de la vie religieuse! Comme vous allez vite en ouvrage! C'est bien: du premier coup tout donner.

Que Dieu vous soutienne et vous soit tout pour tout ce que vous lui donnez et pour tout ce que vous ferez pour lui!

C'est un rêve pour moi! mais que ne peut pas l'amour de Dieu! votre cher Albert va toujours bien et est sage, par conséquent digne de toute votre affection maternelle.

J'ai un gros chagrin, aujourd'hui on démolit l'Eglise des Pères Capucins - j'attends notre tour sans savoir ni l'époque, ni lieux, mais le Bon Dieu le sait bien et nous dormons tranquilles sur le doux oreiller de la divine Providence.

Que Dieu vous bénisse comme je le fais de tout mon coeur.

En Notre-Seigneur donc, Bonne Mère,

Tout à vous.

Eymard.


Nr.1431

An Marg. Guillot

Paris, 2 Septembre 1864.

Chère fille en Notre-Seigneur,

Merci de vos lettres, vous savez combien elles me sont chères: elles viennent de la famille! Si je ne vous réponds pas à chaque fois, c'est que je compte sur votre charité quand rien ne presse, ou que je vois que vous pouvez vous en tirer par vous-même.

J'espérais aller vous voir du 4 jusqu'au 7, mais impossible: on imprime encore, et je désire finir avant d'aller à Rennes (Ille-et-Vilaine) paroisse St-Aubin, le 7 septembre; aussi j'économise mon temps.

On me dit que soeur Benoîte viendra ces jours-ci. C'est bien temps. Je ne suis guère content de tout cela; mais si le Ciel le veut, il faut bien le vouloir et l'en bénir encore. J'ai prévenu Mr Le Clère. Soeur Benoîte vous emportera l'argent.

Priez pour Jérusalem, pour notre expropriation, pour ma retraite.

Je vous bénis de tout mon coeur, et suis en Notre-Seigneur, chère fille,

Tout à vous.

EYMARD.


Nr.1432

An Fräul. de Meeûs

Paris, 2 septembre 1864

Mademoiselle,

J'espérais pouvoir me rendre à Bruxelles pour demain samedi et voici qu'un obstacle survient. Je suis obligé d'ajourner mon voyage après le 15 septembre, car je suis retenu depuis longtemps pour donner une retraite à Rennes.

Votre bonne lettre, Mademoiselle, me laisse entrevoir la possibilité d'une fondation et d'une union entre nos deux oeuvres; cette pensée est honorable pour nous et je vous en remercie; cependant je suis obligé de vous dire que cette fondation ne nous est pas possible en ce moment, parce que nous en faisons une à Jérusalem. Déjà deux religieux y sont et préparent le local et je vais y envoyer tous nos sujets libres en ce moment.

Nous avons été fortement engagés par la Propagande à faire cette fondation, afin d'arriver un jour à avoir le Cénacle.

Dieu nous bénit toujours, mais les vrais adorateurs sont rares et nous en demandons au Bon Dieu.

Je serai de retour de Rennes le 16 septembre, ou le 18 si je vais à Angers visiter notre maison.

Daignez me croire en N. S.

Mademoiselle,

Votre respectueux et tout dévoué serviteur.

Eymard.


Nr.1433

R.P. DURAND (Monsieur Henri Durand, Rennes)

Adveniat Regnum Tuum

Paris 6 septembre 1864

Cher ami en N.S.

Demain soir j'arriverai à Rennes. Assurément ce sera une joie de vous y revoir si Dieu le veut.

J'adore ses desseins toujours adorables et aimables à votre sujet.

C'est à vous de bien les connaître et les accomplir sans motifs humains, sans influence naturelle, sans toutes ces raisons de corps ou d'esprit qui pourraient être en dehors ou autour de votre bien propre.

Comme vous, je ne veux que la Ste Volonté, aussi vous nous serez toujours cher et uni en quelque état, en quelque épreuve que vous soyez.

Croyez-moi en ce Bon Maître Tout à vous Eymard Sup.


Nr.1434

An Frau v. Grandville

Rennes, 8 Septembre 1864, chez M. le Curé de St-Aubin.

MADAME EN N.-S.,

Me voici à Rennes jusqu'au 16 Septembre; je prêche une retraite dans la paroisse.

Je commence ce soir; après, je retourne à Paris; puis, à la fin de septembre, j'irai à Angers. Je vous en donnerai avis si c'est plus tôt. De là, ou j'irai vous voir, ou vous viendrez.

Je remercie le Bon Dieu de vous avoir donné Mr Rich.

Priez pour moi et ma retraite. J'avais cru pouvoir aller à Angers plus tôt, mais impossible. Jérusalem commence, on y est arrivé le 17 août. J'espère y aller au printemps.

Je vous bénis et votre chère soeur.

EYMARD.


Nr.1435

An Frau v. Couchies

Jésus-Hostie

(Paris 19 septembre 1864)

Bonne Dame,

J'aurais bien besoin de votre secours pour achever la bonne oeuvre que vous avez commencée, si toutefois cela vous est possible.

Il s'agirait de venir à Paris et d'accompagner le fils Sterlingue à la Trappe de Briquebec (Manche) où l'on m'a promis une place de pension. C'est le dernier coup et la dernière grâce. Il m'est bien difficile de m'absenter en ce moment et le temps presse.

Il faudrait aussi payer ses dettes. Je crains bien que toutes ces dettes soient un peu exagérées; j'ai ordre de les payer de la part de Melle sa soeur. Que Dieu vous vienne en aide! Je suis presque ennuyé! et ne sais que faire.

Enfin il consent à aller là...mais est-il bien converti? nous le verrons à l'oeuvre.

Mes religieux respects à M. et Mme Rattier. Tout vôtre.

Eymard.


Nr.1436

An Marg. Guillot

Paris, 20 Septembre 1864.

Chère fille en Notre-Seigneur,

Enfin me voici un peu à vous. Je suis arrivé de Rennes samedi un peu fatigué, ayant passé la nuit, puis accablé par les visites et les choses au point que j'en suis un peu impatienté par intervalles; c'est à n'avoir pas un instant: que Dieu en soit béni! Si je pouvais prendre un peu sur mon sommeil, mais j'ai peur; enfin, à la grâce de Dieu!

J'ai vu peu soeur Benoîte, à peine un moment, étant obligé de partir et ne pouvant retarder mon voyage fixé et attendu à jour fixé.

Mon Dieu! bonne fille, que cette pauvre confession de huit jours ou de quinze jours vous inquiète donc! Si le Père Leroyer y tient, laissez-le donc confesser tous les huit [jours], car c'est notre règle et c'est la vôtre. Tout ce qui a été dit ne peut ni vous lier, ni tirer à conséquence. Mr C. a pu vous dire cela, mais cependant il me semble que c'est bien long tous les quinze [jours], et il faut une nécessité.

Je vais vous arriver, patience encore un peu, et nous réglerons tout. Lisez la première partie de la Règle que j'ai donnée à soeur B., et si vous avez des réflexions, faites-les moi de suite.

Je vous bénis en courant.

EYD.


Nr.1437

An P. Leroyer

Paris, 22 Septembre 1864.

Bien cher Père,

Vos deux lettres ont eu du malheur; celle du P. Audibert a fait le voyage de Rennes et y est restée muette, celle que le P. Carrié m'a apportée est restée dans les mains du P. Chanuet qui l'a oubliée. Vous avez tranché la question du P. Carrié, vous avez bien fait.

Certainement c'est une fois dans chaque maison de votre famille: l'égalité de droit et d'amitié le demande.

Rien de Jérusalem encore; comme les courriers sont tous les quinze jours ou trois semaines, je ne m'en étonne pas, puis, sans doute, le P. de Cuers veut nous donner une bonne nouvelle.

Je reçois la nouvelle que Mr Crépon est arrivé.

Je comprends bien la position tendue; à mon prochain voyage à Angers, nous tâcherons de bien tout arranger pour le mieux; Sr Benoîte a vu la servante du fr. Henri, elle a dû l'examiner.

Nous avons le P. Blot, ex-jésuite, comme postulant: nous allons le voir à l'essai; il est édifiant et content; il est sorti avec les honneurs de la Société de Jésus, pour se vouer au service, à la gloire du T. S. Sacrement; il a de bons témoignages de ses supérieurs: nous verrons s'il est un bon adorateur avant tout.

J'ai une grande proposition à vous faire: c'est un mois apostolique dans la Belgique.

Mlle de Meeûs, supérieure de la maison d'adoration à Bruxelles, est venue nous prier et supplier de fonder une maison à Bruxelles qu'elle nous céderait sa belle et magnifique église du Miracle et une maison à côté, et ferait de plus une rente de 2.500 au moins pendant quelque temps, ajoutant que, par cette fondation, nous aurions toute la Belgique; que, par le moyen de leurs associations répandues partout, toutes les villes de la Belgique nous étaient ouvertes.

J'ai répondu que non; et de fait Jérusalem est commencé, il faut y pourvoir.

Elle vous a alors demandé nominativement pour un mois, afin que vous vissiez par vous-même et que vous vissiez les quatre grandes villes: Anvers, Liège, Gand et Bruxelles, où elles ont des centres. Je vous ai un peu promis pour le mois d'octobre, mais avec la condition de votre bon plaisir: dans ce cas, j'irais vous remplacer à Angers, et vous iriez jeter un peu de feu dans cette Belgique catholique: nous sommes libres de refuser.

Je ne me suis engagé à rien: voyez, cher Père, si cela vous va et si vous vous y sentez porté par l'amour de la gloire de Notre-Seigneur.

Croyez-moi en ce bon Maître,

Tout vôtre.

EYMARD.


Nr.1438

An Fräul. de Meeûs

Paris, 26 septembre 1864

Mademoiselle,

Enfin me voici à vous. Je vais vous envoyer pour le mois d'octobre le P. Leroyer, mais il ne vous arrivera que mardi ou mercredi au plus tard de la semaine prochaine, parce que je ne puis l'envoyer d'Angers que dimanche prochain ou lundi, étant en ce moment écrasé d'affaires à Paris.

Je ne sais encore, Mademoiselle, quelle sera la volonté de Dieu pour Bruxelles. Je fais preuve de bonne volonté en vous envoyant un de nos Pères; nous prierons, puis Dieu fera le reste.

Si Dieu le veut comme vous le désirez, notre connaissance au début de notre Société, notre rencontre à Rome, tout cela serait donc providentiel! mais en face de notre fondation de Jérusalem, la pensée d'une autre me troublerait l'âme. Alors j'aime mieux me boucher les yeux et les oreilles et vivre du jour présent, sans engagement pour l'avenir.

Croyez-moi en N.S.

Mademoiselle,

Votre respectueux et tout dévoué serviteur.

Eymard Sup.


Nr.1439

An P. de Cuers

Adveniat Regnum tuum.

Paris, 26 Septembre 1864.

Bien cher Père,

Que Notre-Seigneur vous dirige et vous assiste en toutes vos voies, et vous fortifie, dans les épreuves inséparables d'une fondation, surtout à Jérusalem.

J'ai appris par le P. Champion votre voyage à Rome; il m'a surpris, mais non découragé: vous êtes sur les lieux, vous savez bien mieux que nous ce qu'il faut, vous avez grâce d'état; seulement nous prions beaucoup pour vous, afin qu'il bénisse tout ce que vous ferez.

Sr Benoîte a vu, il y a quelques semaines, trois hommes habillés à la turque, demeurant dans les maisons du Cénacle et se disant en montrant un terrain libre qui leur appartient, qui est sur un petit plateau (je crois), devant le Cénacle: "Ce terrain ne nous sert de rien; il faudrait le vendre". Alors les démons se sont mis à faire un train d'enfer. Sr Benoîte n'a pas entendu autre chose, et elle me disait: "Il faudrait que le Père de Cuers achète cela".

Je vous le dis comme cela m'est venu, pour voir s'il y a là quelque chose à voir et à acheter. C'est le 10 octobre que vous devez être à Beyrouth, puis de là à Jérusalem, vous espérez que l'Epiphanie verra le quatrième trône, je l'espère aussi, car c'est le jour royal pour nos maisons.

J'ai renvoyé les deux anglais, frères, et Mr l'abbé Carel, comme douteux et non tout à l'Oeuvre; depuis, le Père Blot est entré comme postulant, il aime beaucoup le T. S. Sacrement et a une plume exercée et très eucharistique; c'est dimanche 2 octobre qu'il entre au noviciat.

Nous avons reçu de plus un bon sergent, il a bonne volonté. Le fr. du frère Marie est à Marseille, il est dit-on très édifiant, il à 16 ans. Le P. Audibert fait ses voeux le 29 fête de Saint Michel, sa famille lui a fait une petite tempête, il a été bien généreux, Dieu le bénira.

Il y a bien quelques vocations en question, mais rien de positif; nous ferons une neuvaine à St Michel à cet effet. Le noviciat, séparé en tout, s'en trouve très bien.

Rien de nouveau que l'ordinaire.

Que Notre-Seigneur vous garde et vous bénisse.

Tout vôtre en Notre-Seigneur

EYMARD, S. S.


Nr.1440

An Marg. Guillot

Paris, 29 Septembre 1864.

Chère fille en Notre-Seigneur,

Merci de votre lettre et de ses remarques que j'ai trouvées justes; j'y ai fait droit, excepté à l'article des monitrices: je n'en veux pas pour bien des raisons, et les ai remplacées par une zélatrice à la coulpe.

J'ai fait droit à ce qui regarde la soeur cuisinière; mais si elle n'assiste pas à l'Office, il faut qu'elle ait ses trois adorations comme les autres. Autrement elle serait méprisée, ou bien ce serait faire une soeur converse; seulement, elle aura des heures fixes à cause de son emploi nécessaire.

J'espère vous emporter les deux parties des Constitutions, comme aussi j'espère être à Angers dimanche soir ou lundi matin; et alors nous travaillerons à l'Oeuvre du bon Maître et de ses heureuses Servantes.

En Notre-Seigneur,

Tout à vous.

EYMARD.

P. S. - Si vous aviez quelques commissions pour Paris, je me mets à votre disposition.

Je reçois votre lettre; cette pauvre dame.. est une fameuse croix, et le P. Peilin encore plus assurément. Cela doit être lui qui a tout raconté à Marseille; laissez faire et dire. Le bon Maître sait bien tout le bien que nous avons fait à ce pauvre abbé et celui que je voulais lui faire. Ce feu de Marseille se calmera; l'essentiel est de se taire, de prier, de souffrir, et de demander à Dieu pardon de tant d'offenses. Vous avez bien fait de congédier cette mère, mais ayez soin et grand soin de sa fille.

Je vous porterai l'argent de Mr Le Clère: je comprends que vous devez être à sec. S'il fallait faire un petit emprunt de cinq à six mille francs pour tout solder, il ne faudrait pas hésiter.

J'espère que vous serez contente de votre Règle. Elle est mieux que la nôtre; mais, bonne fille, je vous retrouve toujours dans la même timidité, je voudrais dire le même défaut; le positif. Rappelez-vous donc qu'il y a des choses que l'on ne doit ni ne peut fixer; il y a une appréciation à faire, une autorité qui tranche; autrement l'autorité ne serait que comme une note de musique. Il faut avoir un peu plus confiance en sa grâce et en la grâce des autres.

Je vous bénis, et cette petite mère que je verrai avec plaisir, ainsi que toute votre famille eucharistique.

EYMARD.


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