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Nr.1021

An P. de Cuers

Paris, 13 Avril 1861.

Bien cher Père.

Je suis grippé de la belle manière depuis lundi; je ne puis même faire mes adorations. J'ai pu dire cependant la Sainte Messe chaque jour. Je pense en avoir encore pour quelques jours, si Dieu le veut ainsi.

On me dira dans quelques jours ce que vous coûtera le modèle et le tirage de vos médailles. J'avais eu une pensée, c'est celle de mettre, au revers de la médaille, N. D. du T. S. Sacrement, ainsi représentée: la T. Ste Vierge tenant devant soi l'Enfant Jésus, lequel Enfant Jésus tiendrait un ciboire d'une main et une hostie de l'autre. On trouve cette idée neuve et bien, qu'en pensez-vous? On mettrait autour les légendes qui distinguent les catégories.

Je pense qu'on nous laissera tranquilles encore quelque temps pour l'expropriation, je vous en parlerai plus [au] long.

Je n'ai plus la force d'écrire au P. Martin, relativement à ce voyage en sa famille; mon sentiment est qu'il n'y aille pas et qu'il remercie; ce n'est ni le temps, ni la circonstance. Nous avons eu de la difficulté avec Monseigneur l'Evêque de Nantes, cela aurait l'air d'un petit triomphe.

Adieu. Je vous embrasse.

Tout vôtre.

EYMARD.


Nr.1022

An Marianne Eymard

Paris, 14 Avril 1861.

BIEN CHERES SOEURS,

Excusez-moi si je ne vous ai pas écrit encore, j'ai été si accablé d'affaires, puis j'ai pris un rhume depuis mardi qui me fait garder la maison, sans que j'aie manqué toutefois de dire la sainte Messe.

Je vous annonce d'abord que vous aurez une magnifique bannière et je ne crains pas de dire que je doute qu'il y en ait une plus belle à La Mure. Elle vous coûtera 220 fr. Le sujet, c'est le chiffre de Marie d'un côté, brodé en or mi-fin; de l'autre, ce sera l'intérieur de Marie. Il y aura tout ce qu'il faut pour la monter.

Je suis encore sans nouvelles pour Mesdames Seymat et Mme Julie; nous sommes dans un moment de tant de travaux à Paris, et les hommes des Ministères sont si absorbés par les affaires du temps et les préparatifs, que toujours on nous dit: Il faut attendre encore un peu. C'est tout ce que je puis dire aussi à ces bonnes dames que je serai si heureux d'obliger; assurez-les que je suis leur affaire, mais en ce moment il faudrait une bonne main de la préfecture de Grenoble pour Mlle Seymat.

Ne vous laissez pas trop alarmer par les bruits divers et sinistres qui courent: Dieu est là, la Très Sainte Vierge nous protège, Jésus est toujours avec son Eglise; de tout ce conflit il n'en sortira que la gloire de Dieu.

Adieu, bonnes soeurs, aimez toujours bien Notre-Seigneur et sa sainte Mère; tenez-vous bien au pied du Très Saint Sacrement comme les Anges, et laissez le monde s'agiter comme la paille dans un tourbillon.

Tout vôtre en N.-S.

Votre frère.

EYMARD, Sup.

Mademoiselle Eymard,

rue du Breuil,

La Mure d'Isère.


Nr.1023

An P. de Cuers

Paris, 21 Avril 1861.

Bien cher Père,

Je vais bien mieux et ai repris mon service jeudi passé. Il me reste encore un petit reste le matin; mais ce n'est rien, c'est un cinquième de migraine. J'ai prêché à mon tour: c'est vous dire que cela va.

Je vous envoie la facture de Mr Picard et vous remercie de tout l'argent que vous nous avez destiné, ou plutôt que le bon Dieu nous envoie par vous: il est venu à propos.

Votre médaille se fait, et ne coûtera pas bien cher, et sera bien faite; j'ai fait remplacer la tiare par la couronne royale, c'est mieux en effet.

Pour le revers, je vais faire exécuter ce que vous m'avez envoyé pour les trois classes; ce sera peut-être un peu maigre un JHS (l'original portait un IHS surmonté d'une hostie rayonnante), au milieu il y aurait peut-être sa place; votre silence me dira qu'il faut laisser exécuter la première idée.

PRIX:

Poinçon, Ostensoir, etc. fr. 75

Un coin pour frapper. " 12

Trois coins pour revers avec légendes. " 36

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123

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PRIX DES MEDAILLES:

N· 8 . argent, la 12ne, 27 - la médaille 2,25;

cuivre blanc ou jaune: la grosse fr. 10 - la médaille 0,0694.

Je cherche à vous envoyer un frère, s'il m'est possible; car je sens combien vous allez être seuls: à moins que le Bon Maître n'ait déjà remplacé le déserteur.

J'ai été peiné de cette déception de l'abbé Daspres, il m'a écrit aujourd'hui, hélas! Dieu ne veut pas des peureux et des hésitants.

Nous avons un prêtre retraitant et postulant, vingt-huit ans, ancien maréchal des logis; il paraît aller, mais il faut attendre avant de bien juger: de prime abord, il va, et plaît.

Rien de Lyon; il paraît que les difficultés y surgissent, depuis longtemps je n'ai rien reçu; attendons et prions; d'ailleurs le personnel n'est pas encore prêt.

Rien de nouveau des Circulaires ministérielles sur les Congrégations; c'est une fusée pour faire peur, je pense, ou seulement, dit-on, contre les étrangers.

Le Maître du Paradis saura bien se garder lui-même.

Adieu, bons Pères et chers frères.

Tout vôtre.

EYMARD, S. S.


Nr.1024

An P. de Cuers

Paris, 1er Mai 1861.

Bien cher Père,

Je vais bien et très bien maintenant, n'ayez aucun souci; mon bras n'a eu aucune suite, j'ai pris les mesures de précaution.

Vous pouvez essayer ce jeune homme, mais renvoyez Raymond, et ne regardez le Pre. Victor que comme un journalier mercenaire. Il faut que la Société passe par toutes les épreuves des hommes; il faut bien prendre l'expérience de cette pauvre nature humaine. Comme le service de l'adoration est le service royal, il faut se servir de ce que l'on a pour le moment, afin que le Divin Roi ne descende pas de son trône.

Vos médailles seront bien, on travaille beaucoup aux poinçons.

Vous m'avez bien fait plaisir de me redire ce que le P. Leroyer a dit de S. Joseph; on voit que la grâce eucharistique travaille cette âme généreuse, le feu fait son travail. Si j'avais quelque petite retraite eucharistique, je vous le dirai, mais je ne sais encore rien.

Mr l'abbé Latil a peur du T. S. Sacrement, il a peur que Dieu l'appelle, il veut tenter cet attrait, être attiré d'une manière à le satisfaire; et Dieu ne lui a rien dit, et il est sorti. Ne me parlez pas de ces gens qui viennent pour eux, et qui ne savent pas faire un argument du noble et pur amour de Notre-Seigneur!

J'ai commencé les exercices du noviciat aujourd'hui; le principal est une conférence tous les jours sur la vie religieuse et eucharistique, puis à appliquer strictement la règle; ce sera un grand travail pour moi, mais Dieu aidant, tout se fera.

Votre cire est commandée.

Il y a cinq jours que j'ai fait une apparition à Lyon. Mr l'abbé Chevrier désirait me voir, pour examiner sur les lieux la position et les personnes; j'y suis resté vingt-quatre heures et n'ai vu personne autre. J'ai été bien édifié de Mr Chevrier, qui adopte sans réserve la Société et veut s'y donner tout entier. Le local qu'il a loué pour six ans au prix de 4000 fr., et qu'un de ses amis paie la première année, est susceptible d'être convenable pour la chapelle.

Mais voici la question secondaire: Mr Chevrier a la belle Oeuvre de la première Communion, à laquelle il se dévoue depuis quelques années; sa maison est disposée pour garder à demeure les enfants pauvres, qui se préparent à la première Communion sous sa main, comme ses enfants. Il les garde deux, trois mois selon leur capacité et vertu; il fait un bien réel, son oeuvre a toutes les sympathies; il nous faut, à nous aussi, une oeuvre d'occupation de zèle eucharistique, autrement nos adorateurs, dans les temps libres, perdront leur temps; tout le monde ne peut pas faire du ministère; et il faut avec les enfants un ministère suivi. Pour moi, cette oeuvre me va, je sens qu'il y a quelque organisation à faire, pour qu'elle soit toujours secondaire; ce n'est qu'avec cette oeuvre que nous serons reçus à Lyon. Notre oeuvre de la première Communion de Paris nous concilie toutes les sympathies de l'Autorité ecclésiastique. Une vie purement contemplative ne peut être pleinement eucharistique: le foyer a une flamme. Maintenant on attend le Cardinal pour lui exposer la chose; Mr de Serres, son neveu, est pour notre union. Mgr de Charbonnel et Mr Chevrier feront les démarches auprès de Son Eminence.

Je n'ai pas le courage de rien vous dire de Mr Martin et de la lettre; j'en avais un pressentiment depuis quelque temps. Ma lettre dernière a-t-elle été remise? je pense que non; car il ne m'en dit rien; je regrette que vous ne la lui ayez pas donnée aujourd'hui; mais toutefois vous étiez sur les lieux, à vous d'en juger.

Veuillez lui donner ces quelques lignes; il ne faut pas prendre encore de parti, c'est un profès; il faut voir ce qu'il va faire: s'il se retire de lui-même, nous n'en aurons pas la responsabilité.

Si la chose arrivait, vous seriez alors trop peu nombreux; écrivez-moi de suite, et je vous enverrai un frère d'ici: rappelons-nous que per multas tribulationes oportet nos intrare in regnum Dei.

Nos amitié à tous.

Tout vôtre.

EYMARD.

P. S. - N'ayez pas de crainte sur mes demandes à l'Evêché de Nantes: ce n'était qu'une explication que je demandais, pensant que l'on n'avait pas indiqué d'Evêque; l'honneur est resté pur.


Nr.1025

An P. de Cuers

Paris, 6 Mai 1861.

Bien cher Père,

J'ai reçu votre lettre chargée.

Je suis désolé de vos deux peines; vous pensez bien que ce n'est pas notre faute, et si cela l'était, vous seriez assez charitable pour les mettre en la miséricorde.

Voilà trois matrices qui se brisent pour vos médailles, en les tirant, c'est tout dire: l'ouvrier en est désolé; jamais pareille chose! Trois fois l'acier fait défaut! Enfin en voici un quatrième qui fonctionne; on n'ose pas promettre à jour fixe, on m'a dit dans quelques jours.

Le P. Locudent aurait dû arriver samedi; je lui ai permis, en passant, de voir sa soeur, sur son chemin. Il a eu quelque chose à régler, c'était arrêté. Qu'y a-t-il eu? Je l'ignore.

Une autre fois, je tâcherai que l'on soit plus exact, ou je serai moins explicite.

Que voulez-vous! le monde parlera, Dieu continuera sa volonté et les saints iront tout de même.

Pour l'affaire "Supérieur", je ne l'oublie pas; mais avant de mettre un principe à exécution, il faut avoir des matériaux, et nous voilà réduits, car je ne compte pas du tout sur Mr Dhé: la position de son père va l'obliger à se retirer;

Allons! bon Père, bona mixta malis, mais l'honneur de N.-S. sera plus fort que toutes les peines et les déceptions. Votre compte est 1187.

Je n'ai que le temps de me dire,

Tout vôtre.

EYD.


Nr.1026

An den Architekten Perret

(Paris) 10 mai 1861

(Mot du P.Eymard ajouté à une lettre du f. Carrié)

Bonjour, bon et cher ami et frère!

Nous sommes bien désireux d'avoir de vos nouvelles.

Les nôtres sont les mêmes.

Notre coeur à tous est toujours

Tout à vous.

Eymard Sup.


Nr.1027

An P. de Cuers

Paris, 20 Mai 1861.

Bien cher Père,

Hier, fête de la Pentecôte, nous avons eu une consolante et magnifique Première Communion et Confirmation: en tout soixante-trois.

Demain commence la retraite de nos ordinands pour samedi à St Sulpice, à 7 heure du matin; et moi, on m'a tant prié que je vais prêcher ma retraite d'ordinands à Beauvais; heureux, si Dieu touchait le coeur de quelque adorateur!

Vos médailles se frappent, vous les aurez vendredi ou jeudi, de cette semaine; elles sont bien jolies.

L'abbé Martin est en Morbihan; il m'écrit, et vous pouvez bien penser quoi! Il m'écrit qu'il va rentrer à la Trappe de Timadeuc, je le lui conseille bien.

Quand nous aurons nos diacres, je vous enverrai le P. Locudent; je voulais vous envoyer un frère, et voilà qu'au lieu d'aller à Marseille, il sort aujourd'hui de la Société.

Adieu, bon et cher frère, vive la croix! c'est elle qui nous a sauvés et nous sanctifie: elle fleurira un jour.

Tout vôtre.

EYMARD.

Mille amitiés fraternelles au bon P. Leroyer et à tous.


Nr.1028

A la R.M. MARIE ROSA du Coeur de Jésus (LEBLANC) Fondatrice des Dominicaines du Rosaire.

(Communication de privilèges)

1· La Rde Mère Marie Rose du C. de Jésus.

2· Mère Marie-Dominique du S. Coeur.

3· Mère Marie Thomas du S. Sacrement.

4· Mère Marie Cathérine du S. Nom de Jésus.

5· Mère Marie-Agnès de la Nativité.

6· Mère Marie-Philomène de la Croix.

Melles: Uselding, Terrade, Darde, Caspar, Davaille,

Luce, Milliante, Lanrey, Gauthier, Besson, Jourdan, Agar,

nous agrégeons avec joie à la Société du T. S. Sacrement toutes les personnes susnommées, afin qu'elles puissent participer aux indulgences de l'Agrégation, et aux mérites de la Société.

Paris, Fête-Dieu le 29 mai 1861.

Eymard Sup.


Nr.1029

An Frau v. Grandville

Paris, 9 Juin 1861.

MADAME ET CHERE FILLE EN N.-S.,

Vous avez bien raison de vous plaindre de moi; non que je vous aie oubliée (je n'ai peut-être jamais plus prié pour vous), mais ma force et mes forces m'ont fait défaut; j'ai eu la grippe, puis prêché une retraite à Beauvais, et une octave du Saint Sacrement, notre première Communion de soixante-trois enfants à la Pentecôte, puis ma pauvre nature a été un peu paresseuse.

Je voulais vous envoyer cette retraite écrite; elle est finie, vous l'aurez dans quelques jours. - Pour celle de nos soeurs à côté, il ne faut guère y compter; elle aura lieu, je pense, vers la fin de juin.

Il paraît que Notre-Seigneur vous fait faire une retraite de lit, de souffrances, de recueillement. Eh bien, faites-la en sa sainte volonté: c'est la meilleure des pénitences et le plus parfait purgatoire. Tout est suspendu en maladie, excepté l'union à Dieu, quelques bonnes et fréquentes aspirations, la patience pour Reine.

Je voulais vous gronder de deux choses: la première, de votre tentation de laisser la sainte Communion à cause de vos défauts et de vos misères. Gardez-vous en bien! Que deviendrez-vous sans la sainte Communion qui est toute votre vertu, et la meilleure de toutes?

La seconde, c'est de vous êtes trop impressionnée de vos défauts de caractère. C'est vrai, vous êtes ce que l'on vous a dit, et vous le serez encore; c'est l'écorce de l'arbre, l'épine de la fleur pour la conserver. Allons pauvre fille! il ne faut pas se fâcher trop contre le pauvre père Adam, des ronces et des épines qu'il nous a léguées: cela nous tient dans l'humilité, nous fait pratiquer la patience envers nous-mêmes, et nous dit combien Jésus est bon!

Je viens de prêcher une octave du Saint Sacrement à Saint-Thomas d'Aquin; j'ai fini hier au soir: heureux de pouvoir parler un peu de notre bon Seigneur et Maître.

Allons! ne me punissez pas, par un trop long silence, du mien.

Je vous bénis en N.-S., et suis

Tout à vous.

EYMARD.


Nr.1030

An Fräul. Stéphanie Gourd

Paris, 10 Juin 1861.

Qu'il y a longtemps, chère fille en Notre-Seigneur, que je voulais vous répondre! Je n'ai pas su en trouver le temps libre; j'ai donné plusieurs retraites qui m'ont pris beaucoup de temps. Mais si ma plume ne vous l'a pas écrit, ma prière vous a suivie et vous offre sans cesse à Notre-Seigneur, vous, la fille de son Coeur, qu'il a décorée de tant de faveurs sur son Coeur. Aussi, si vous ne savez rien dire, au moins avez-vous bien de quoi remercier sa divine Bonté. Voyez comme elle grande à votre endroit. C'est pour vous seule qu'il est dans son divin Tabernacle à côté de votre maison. Personne n'a plus de faveurs!

Aussi, n'écoutez pas cette stupide pensée que votre présence est plus déshonorante que votre absence; que vous feriez mieux de ne pas vous présenter ainsi devant Notre-Seigneur. Un enfant qui dort, qui souffre, qui est faible de tête, est toujours à sa place et aimé dans la maison de son père, et sa présence est un plaisir au coeur qui l'aime.

Allez donc toujours vers Notre-Seigneur et tâchez de vous y offrir en détail, de l'adorer plutôt par le recueillement, et à ses pieds tâchez de repousser pendant votre adoration toute pensée étrangère à l'adoration, quoique bonne en soi, et ne vous y occupez de personne que de Jésus et de vous.

Que si vous avez à prier pour vos gens et vos affaires, réservez, si vous le voulez, dix minutes ou un quart d'heure à la fin seulement.

Dormez bien votre sommeil nécessaire; pas de privation. Je trouve que vous vous couchez un peu tard.

Pour l'ordre à mettre, cela viendra peu à peu. Vous êtes maîtresse de maison avant tout.

Adieu, bonne fille, soyez toujours entre les mains de la Bonté divine et laissez-vous conduire par elle comme un enfant d'un an.

Je vous bénis.

Tout à vous en N.-S.

EYMARD, S.


Nr.1031

An Fräul. Danion

Paris, 10 Juin 1861

BIEN CHERE SOEUR,

Je viens vous remercier, à la fin de l'Octave royale, de votre souvenir des 1ères Vêpres et vous dire que, vous trouvant toujours sur mon chemin ou aux pieds de notre bon Seigneur, il est tout naturel de faire un même hommage à sa divine charité.

Vous devez être bien heureuse en ces saints jours du Paradis et vos yeux doivent manger la divine hostie; vous avez bien raison, mangez-le ce Dieu d'amour et de vie.

On dit que l'Octave Eucharistique a été bien suivie partout.

C'est un beau soleil qui enfin va luire sur ces pauvres coeurs de pierre ou de cire.

Le salut n'est pas loin, quand l'homme est au pied de la Très Sainte Hostie.

J'ai prêché l'octave du Très Saint Sacrement à Saint-Thomas d'Aquin de Paris, et j'avoue que j'ai été heureux de parler à mon aise de notre bon maître.

Je suis allé donner une retraite d'ordination à Beauvais, à la Trinité, toute sur l'amour de Notre-Seigneur; et peut-être y aura-t-il quelques étincelles de plus dans ces jeunes poitrines sacerdotales. Tout est là.

Les vocations eucharistiques sont rares; on a peur de se donner tout entier à Notre-Seigneur - et ceux qui ne viennent pas pour Notre-Seigneur tout seul, s'en vont. Hélas! hélas! jamais je n'aurais cru qu'il y eût si peu d'hommes intérieurs, surtout là où l'amour de l'Eucharistie devrait être comme dans son Cénacle!

Adieu, bonne soeur, soyez fidèle à notre grâce. Je ne sais rien de la réparation, sinon que la mère va mieux, que l'on est très content de la fondation de Châlons-sur-Marne.

Je vous bénis en N.-S.

Tout à vous.

EYMARD, Sup.


Nr.1032

An den Architekten Perret

Paris 11 juin 1861

Cher Monsieur Perret,

Excusez mon retard à vous remercier de cette belle fleur envoyée par vous à la 1 ère Communion de la Pentecôte, qui a été la plus belle et la plus pieuse de toutes: 40 garçons, 23 jeunes ouvriers - 63. Comme le bon Dieu nous a honorés de nous donner cette belle et aimable oeuvre! M. Daus a loué près de nous, c'est moi qui lui ai trouvé un joli appartement en face avec une belle vue.

Il est toujours à Turin, il doit venir vers la fin de juin, m'écrit-il, ce sera un aimable voisinage.

L'abbé Chevrier de la Guillottière a fait une oeuvre de la 1 ère Communion aussi, il désire s'unir à nous, et nous attirer à Lyon. - Mgr de Charbonnel s'est chargé de faire cette demande à Son Eminence, je ne sais ce qui en résultera, mais si Dieu le veut, nous voilà sur le chemin de Lyon et au milieu des malheureux. - M.l'abbé Chevrier a loué, sur la paroisse de S.André de la Guillottière l'ancienne salle de bal, qui contenait 2 mille personnes.

Vous travaillez donc beaucoup là-haut, aux Sauvages ? Quelle belle mission vous avez là, bon Père Perret, elle en vaut des milliers d'autres, c'est une prédication perpétuelle.

Que Dieu vous donne toute la joie de l'oeuvre même! Votre bonne et aimable aveugle a été heureuse de vos nouvelles, nous le serons encore plus de votre retour.

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Achtung: Die Rom-Ausgabe schreibt: Votre bonne et aimable aveugle a été heureuse de votre souvenir, il venait à propos, elle n'avait plus rien! comme elle a un coeur noble et reconnaissant!

Tous ici ont été heureux de vos nouvelles, nous le serons encore de votre retour

A bientôt, cher Monsieur Perret,

Tout votre

Eymard

Sup.

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Nr.1033

An P. de Cuers

Paris, 14 Juin 1861.

Bien cher Père,

Vos médailles ont été mises au chemin de fer mercredi; vous devrez les recevoir samedi 15. Ce pauvre Mr Coltat a cassé six poinçons, j'en ai cinq en preuve. Les ouvriers que j'ai vus m'ont dit que jamais cela ne leur était arrivé; il n'y a que celui de la Fraternité, qui a tenu bon.

Je ne sais s'il vous a mis sa note.

J'ai vu 401 fr. de compte et 1 fr. de caisse=402.

Je vous adresse ci-inclus la lettre de Mr Martin, afin que vous m'en disiez votre sentiment, ainsi que le P. Leroyer.

Le P. Champion est d'avis qu'on le reçoive encore, à cause de son repentir, de l'aveu de sa faute, et aussi parce qu'il n'a pas fait de faute dans la Société qui mérite son renvoi, sinon sa conduite coupable dernière.

La Règle dit aussi: Pateant illi semper viscera misericordiae.

Pour la question de la supériorité locale, je pense qu'il faut adopter l'ordre commun des autres Corps, et l'esprit de l'Eglise qui est de les nommer pour trois ans; on a au moins le temps de se former et de faire une administration sérieuse.

J'ai toujours la soutane du P. Locudent; j'attends le cousin des Dlles Bourges pour la porter; je pense qu'il n'est pas parti, il m'avait promis de la porter.

Rien de nouveau ici, la question temporelle de Mr l'abbé Dhé est toujours la même, il ne peut rester à cause de son père.

J'ai prêché l'octave du T. S. Sacrement à St Thomas d'Aquin, à 8 heures du soir; c'est la première que nous prêchons à Paris, elle a été assez bien suivie.

Mes bien vives affections à tous les Pères et frères.

Tout vôtre en N.-S.

EYMARD

S. S.


Nr.1034

An Frau v. Grandville

Paris, 17 Juin 1861.

MADAME ET CHERE SOEUR EN N.-S.,

Je vous envoie, par le chemin de fer de Nantes, la petite retraite que je vous ai promise. Je désire bien qu'elle vous soit agréable, mais il faudra la faire copier et me renvoyer le manuscrit qui est à ces dames - on ne sait pas que je l'envoie - pour leur retraite qui commence dimanche soir. - Je suis d'avis que vous ne la suiviez pas, car, comme elle est sur la vie religieuse, votre âme n'y trouverait pas son aliment. Il vaut mieux attendre quand vous serez plus forte, et puis en faire une plus personnelle: votre âme y trouvera mieux la grâce de son attrait.

Je serai tout heureux de vous revoir à Paris, bonne dame; il y a si longtemps que je ne vous ai vue! Et si le Bon Dieu veut que je vous fasse encore un peu de bien, j'en serai encore plus heureux.

Tout vôtre en N.-S.,.

EYMARD, S.


Nr.1035

An P. de Cuers

Paris, 18 juin 1861.

Bien cher Père,

J'attends votre sentiment pour répondre à Mr Martin; j'attendrai encore jusqu'à vendredi matin. Pour moi, j'incline vers la miséricorde, parce qu'il est repentant et que sa sortie a été la suite d'une tentation plutôt que d'un crime; et puis, est-ce que la Société n'aurait point d'entrailles de miséricorde? Elle ne serait pas digne de son Maître alors! Voilà mon sentiment. Veuillez, cher Père, me dire les vôtres.

Pour la question de votre démission, j'ai toujours devant les yeux cet état de violence que vous ressentez sous le poids de la supériorité.

Cependant, la main sur la conscience, et l'honneur et l'amour du Maître que vous servez, dans la balance, dites-moi si ce n'est pas une tentation. Dieu me garde d'abréger vos jours et de vous imposer un joug impossible! je vous aime trop pour vous obliger à ce point.

J'attends donc un mot de votre charité, et bientôt.

Tout vôtre en N. S.

EYMARD S. S.


Nr.1036

An Frau v. Grandville

Paris, 21 Juin 1861.

MADAME ET CHERE SOEUR EN N.-S.,

Malgré votre désir et le mien de vous voir à cette retraite, je crois qu'il vaut mieux attendre, d'abord que vous soyez plus forte, et moi plus libre pour vous. J'aurais à peine le temps de vous voir. - Je pense que mon manuscrit vous est parvenu en ce moment.

Je viens d'accepter de prêcher la neuvaine du Sacré-Coeur de Jésus à Saint-Sulpice, du 5 juillet au 14. - Si vous êtes à Paris, vous y viendrez, mais cela ne vaudra pas une petite méditation au pied du Très Saint Sacrement.

Allons! bonne dame, consolez-vous en espérant plus que tout cela.

Tout à vous.

EYMARD.

P.-S. On me demande des nouvelles d'un établissement d'agriculture que vous avez près de Nantes, à Grand-Juan. Est-il moral, religieux, convenable? C'est une famille distinguée par sa noblesse et sa religion qui voudrait y mettre deux de ses fils.


Nr.1037

An Marianne Eymard

Paris, 22 Juin 1861.

BIEN CHERES SOEURS,

J'ai reçu votre lettre chargée et tout est acquitté pour votre bannière. Je suis content qu'elle vous ait plu. Je vais m'occuper de vos fleurs afin que vous les ayez pour Notre-Dame d'Août.

Je vous prie de remettre ces petits billets à leur adresse. Il n'y a pas eu moyen d'avoir une pension pour la belle-mère de votre amie, Madame Jouardet-Morel; elle n'était pas dans les conditions.

Je voudrais bien obtenir quelque chose pour Mlle Seymat qui s'est sacrifiée pour sa famille; j'espère.

Je vais bien, mes bonnes soeurs, ne vous inquiétez pas de moi; j'ai un bon médecin, c'est Notre-Seigneur. Nous sommes ici tous bien, jamais médecin n'est encore venu soigner ici un malade. Ces dames vont bien, je vais leur faire leur retraite annuelle la semaine prochaine.

Que Jésus vous bénisse et vous comble de ses grâces et de ses dons.

Tout vôtre en N.-S.

EYMARD, S.


Nr.1038

An Frau v. Couchies

Paris 2 juillet 1861

Jésus Hostie

Chère Madame,

Je suis bien en retard avec votre charité et vous dois beaucoup de reconnaissance. Je commence par vous remercier des plans de fleurs que vous avez envoyés par votre ami. Je dirai à N.S. qu'elles sont vôtres.

Je suis heureux des bonnes nouvelles de Lantignié. Vous méritiez, bonne Dame, cette grâce du Ciel, la charité est toujours récompensée sur la terre. Je prie bien pour ce premier fruit de la divine bonté sur eux et aujourd'hui, jour de sanctification de S.Jean, je vais encore plus prier pour cette bonne Dame Blanche.

J'ai trouvé tout ce qu'il faut à Melle Sterlingue, un jeune homme avec des qualités, 21 ans, belle plume, intelligent, connaissant déjà un peu le commerce; étant toujours resté en famille, il est libre en ce moment, il est à Lyon; mais il faudrait que Melle fît les frais du voyage, qui seront, je crois, de 30 à 35 francs.

Veuillez, s.v.p. lui demander de suite si elle l'agrée, on lui a écrit pour savoir s'il voudrait accepter. Je connais beaucoup sa famille. Je l'ai connu jeune, je le crois sage, puis placé par moi, cela l'obligera à l'être.

Mes bien affectueux hommages à votre bonne et aimable famille. F. Michel vous présente les siens. Tout à vous en N.S.

Eymard Sup.


Nr.1039

An Herrn Julius de Lisa

Sceau de la Congrégation:

Paris 3 juillet 1861

Afin de vous épargner une partie de la course, j'irai vous attendre dans l'Eglise de Ste Geneviève -l'après-midi, Tout est prêt - quai d'Orsay 106

Je suis heureux de vous procurer ce petit plaisir scientifique.

Tout votre en N. S.

(signé) Eymard

Adresse: Monsieur

Monsieur Jules de Lisa

Elève de l'Ecole Polytechnique

Paris

Timbre de la Poste: Paris HS2 (60) HS2

et au centre: 20?/3 JUIL.

Format de la lettre: feuille 13 x 20, cm, pliée en 4

Format de l'enveloppe: 11 x 6,5 cm

Retranscription:

Sceau de la Congrégation:

Adveniat Regnum Tuum

Societas SS. Sacramenti

entourant un ostensoir

Paris 3 juillet 1861

Cher Ami

Afin de vous épargner une partie de la course, j'irai vous attendre dans l'Eglise de Saint-Geneviève, l'après-midi.

Tout est prêt, quai d'Orsay 106. Je suis heureux de vous procurer ce petit plaisir scientifique.

Tout votre en N. S.

(signé) Eymard

Adresse:

Monsieur

Monsieur Jules de Lisa

elève de l'Ecole Polytechnique

Paris

Monsieur de LISA était un ancien élève du Collège Sainte-Marie de La Seyne, où il avait connu le P. Eymard. - L'église Sainte-Geneviève, dont il est question ici, c'est le Panthéon actuel: l'édifice a été rendu au culte catholique en 1853, et il porte alors le titre de Basilique national Sainte-Geneviève (jusqu'en 1885).

Reste l'énigme du Quai d'Orsay, 106. Les recherches ne m'ont pas permis d'identifier cette adresse. De ce fait, nous ignorons quel est donc "ce petit plaisir scientifique", que le P. Eymard a pu offrir à l'un de ses 'anciens'. - Affaire à suivre!


Nr.1040

An P. de Cuers

Paris, 8 Juillet 1861.

Cher Père,

1· Votre lettre chargée est arrivée à bon port, et reconnaissance.

2· Nous attendons votre abbé Palmuro; il sera bien reçu venant de vous.

3· Le P. Hermann nous a fait part de la mort de Mlle Manin, nous engageant à dire bon nombre de messes et à faire quelques services, etc.

Nous avons dit ici quelques messes, je pense que vous en avez fait autant à Marseille.

4· Que N. S. bénisse Mr Olive et lui dilate le coeur!

5· Nous avons vu Mgr. Cruice aujourd'hui, avec le frère Carrié; il a reçu votre lettre avec bonheur, il nous a très bien reçus, il est enchanté de l'Adoration à Marseille, il paraît plein de paternité pour Marseille. Je crois que Marseille n'y perd rien.

Rien de nouveau ici.

Veuillez dire mille choses affectueuses et eucharistiques aux Pères et frères.

Tous vous embrassent in osculo sancto.

Tout vôtre.

EYMARD S. S. S.


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