UN ÉCLAIRAGE NOUVEAU SUR LES RÉFORMES LITURGIQUES
Une étude de Nicola Giampietro sur le Card. Ferdinando Antonelli*

Le livre du Giampietro1 issu d'une thèse de doctorat soutenue à l'Institut de liturgie de Saint-Anselme, apporte un éclairage nouveau sur les réformes liturgiques de ce siècle, en particulier pour la période qui a précédé le Concile Vatican II. Sur la période conciliaire et post-conciliaire, il complète et corrige parfois La riforma liturgica de Mgr Bugnini.2

Dans sa double expression, le titre dit d'abord ce qu'il ne faut pas chercher dans l'ouvrage. Ce n'est pas une biographie, et ce n'est pas une histoire de la réforme liturgique.

Ce n'est pas une biographie, même si les deux premiers chapitres évoquent, le premier, le profil biographique d'Antonelli, le second, sa formation liturgique. Le tout ne dépasse pas 15 pages. C'est juste assez, mais suffisant, pour voir l'intérêt porté tout jeune par le petit Giuseppe pour le chant à l'église de sa paroisse. Il est encore plus intéressant de voir comment s'est formé le jeune Père franciscain Ferdinando à l'étude de la liturgie. L'Institut liturgique de Saint-Anselme n'existait pas, ni d'ailleurs aucun Institut supérieur de liturgie dans le monde. Le premier en date, celui de Paris, n'ouvrira ses portes qu'en 1956. Comment donc, à quelle école se sont formés ceux qui ont été les artisans du renouveau liturgique, et des réformes que le renouveau entraînera?

Le cas du P. Antonelli est significatif, et l'itinéraire qu'il a parcouru sera suivi par d'autres: en 1923, cours de paléographie diplomatique et archivistique, organisé par l'Archivio Vaticano, qui lui permet de voir et de toucher des documents précieux, comme des rouleaux d'Exsultet de Bénévent et le psautier de Winchester du IXe siècle, un bréviaire franciscain du XlVe siècle, premier contact avec des monuments liturgiques de l'antiquité.

On le voit suivre ensuite des cours d'archéologie chrétienne, assurés par le Prof. Kirsch au Campo Santo Teutonico, en 1924-1925. Enfin c'est la fondation, voulue par Pie XI à la fin de 1925, de l'Institut pontifical d'archéologie chrétienne, dont le P. Antonelli sera un des premiers étudiants. Là il put s'initier en particulier à la liturgie, à l'hagiographie et aux institutions ecclésiastiques de l'antiquité sous la conduite de dom Quentin. En même temps il put suivre les cours de la Scuola Pontificia di Musica Superiore. Il était ainsi formé pour s'occuper à bon escient de la liturgie. Ce ne fut pas tout de suite: il fut chargé dans l'Ordre franciscain de diverses responsabilités: l'Antonianum, dont il fut. recteur pendant 12 ans, une charge importante dans le gouvernement de l'Ordre des Frères Mineurs pendant la seconde guerre mondiale, le rôle d'assistant général des Missionnaires de la Regalità en 1959 après la mort du P. Gemelli, leur fondateur. Mais toute la formation acquise le prédisposait à montrer ses qualités et ses capacités dans le domaine liturgique. Dès 1930, Pie XI le nommait Vice-rapporteur de la Section historique qu'il créait à l'intérieur de la Congrégation des Rites, puis Rapporteur général en 1935, ayant comme Vice-rapporteur le P. Löw.

Ces deux hommes vont être ensemble, chacun à son niveau et selon ses compétences, la cheville ouvrière de la Commission, instituée par Pie XII en 1948, pour jeter les bases d'une réforme liturgique générale. Et là nous passons à l'autre versant du titre: gli sviluppi della riforma liturgica. L'arc de temps étudié va de 1948 à 1970, de l'année qui a vu la naissance de la Commission liturgique voulue par Pie XII à l'année de la publication du Missale Romanum promulgué par Paul VI. Années d'intense activité pour le P. Antonelli, qui conservait, bien entendu, sa charge de Rapporteur général à la Congrégation des Rites, puis en 1959 celle de Promoteur général de la foi à la même Congrégation. Pendant le Concile Vatican II, il fut Secrétaire de la Commission conciliaire de liturgie (4 nov. 1962); en 1964 il fait partie du Consilium; en 1965 il est nommé Secrétaire de la Congrégation des Rites et, à la division de celle-ci en deux nouvelles Congrégations (1969), Secrétaire de la Congrégation pour les Causes des Saints.

C'est dans les archives de cette Congrégation que le Giampietro a su mettre la main sur les dossiers laissés par Mgr Antonelli, ordonné archevêque en 1966, créé Cardinal en 1973 et décédé sereinement vingt après, le 12 juillet 1993. Il y a une autre source de documentation que le Giampietro a eu la bonne fortune de découvrir: ce sont les papiers laissés par le Card. Antonelli au couvent de La Verna, l'endroit où il a vécu ses premières années de vie religieuse et où il a voulu être enterré. Les papiers laissés à La Verna sont divers: leçons de liturgie, conférences, notes. Ces textes, joints aux nombreux articles, publiés entre autres par L'Osservatore Romano, la plupart du temps pour expliquer et commenter les premiers pas de la réforme liturgique, ont fourni au Giampietro non seulement la documentation qu'il pouvait souhaiter, mais l'organisation même de son ouvrage: non pas une histoire complète de la réforme liturgique entre 1948 et 1970, mais cette réforme, vue du côté du P. Antonelli. De cette façon, nous avons ici, comme le dit très bien Mgr Martimort dans sa note de présentation, " non soltanto l'opera che lui ha realizzato, ma le sue convinzioni, le sue impressioni intime, le sue emozioni ". Et il ajoute: " Il vostro libro apporta dunque un contributo importante alla storia della riforma liturgica, completando e a volte correggendo l'opera di Mons. Bugnini ".3

Après un survol de la réforme entreprise au début du siècle par Pie X, et plus de développement sur les actes de Pie XII jusqu'en 1948, le Giampietro examine la nécessité ressentie un peu partout d'une réforme du samedi saint enrestituant l'office célébré le matin à sa vraie place, la nuit (ch. IV). Il étudie ce que fut cette réforme en 1951 et 1952 (ch. V), puis celle de la Semaine Sainte en 1955 (ch. VI), la préparation de la Constitution conciliaire sur la Liturgie de 1960 à 1963 (ch. VII), les raisons historiques et les perspectives pastorales du renouveau liturgique (ch. VIII), les travaux du Consilium (ch. IX), l'Instruction Inter Oecumenici de 1964 (ch. X), avec en finale des notes personnelles de Mgr Antonelli sur les développements ultérieurs de la réforme (1968-1971).

Deux appendices importants font suite, importants par leur longueur, importants plus encore par leur objet. Le premier est un Pro-memoria du P. Antonelli sur l'origine et les travaux de la Commission fondée par Pie XII, d'où son nom de Commissio piana. Rédigé en 1953, il fait le point sur le travail accompli et celui qui reste à faire. Le second de beaucoup plus long (plus de 100 pages) donne intégralement les procès verbaux des réunions de la Commissio piana. Cette Commission a travaillé de 1948 à 1960 dans le plus grand secret, au domicile du Cardinal Préfet de la Congrégation des Rites et, seulement à partir de mars 1956, au siège de la Congrégation, alors au palais San Callisto, mais en dehors des heures de bureau. La Commission est très restreinte: 7 membres au début, puis 8, enfin 10 pour les quatre dernières séances, tous romains; 3 consulteurs de l'extérieur (un italien, un belge, un autrichien), consultés seulement deux fois. Les procès verbaux des séances, rédigés par le secrétaire de la commission, le P. Bugnini, sont reproduits intégralement; procès verbaux fidèles, car pas une fois l'un des participants n'a demandé une correction ou une addition.

Le rôle de la Commissio piana était d'examiner concrètement un projet de réforme générale de la liturgie romaine, pour répondre aux attentes des évêques, des prêtres et du peuple chrétien. Pour cela, la commission avait à sa disposition une volumineuse positio préparée par la section historique de la Congrégation des Rites, qui avait pour rapporteur général le P. Antonelli, et publiée sub secreto en 1948. Quelle fut la part respective, dans ce volume, du P. Antonelli et du P. Löw, son second? Il est pour l'heure impossible de le discerner. La lecture des procès verbaux montre, dans l'intervalle des séances, une activité rédactionnelle intense du P. Löw, sous la direction et le contrôle, à n'en pas douter, du P. Antonelli. Au cours des séances, où chaque membre de la commission exprime son avis, l'accord est très souvent unanime ou presque. Quand les avis sont partagés, un délai de réflexion est laissé pour reprendre la discussion à la séance suivante et aboutir - ce n'est pas toujours le cas - à une conclusion. Si vraiment l'accord ne peut se faire sur un point qui n'est pas de détail, le Président, c'est-à-dire le Préfet des Rites, se charge de le soumettre à la décision du Saint-Père. On sera surpris de constater le sens pastoral de la plupart des membres, mais aussi la résistance à certains changements qui s'avéreront utiles pastoralement, comme l'usage de la langue vivante pour les lectures de la messe.

Les 82 séances de la Commission, qui se succèdent de juin 1948 à juillet 1960, sont inégalement réparties: comme pour le départ d'un train, le démarrage est lent et progressif: 1 séance en 1948, 3 en 1949, 4 en 1950, 5 en 1951. Brusquement une grande intensité se manifeste en 1952: 12 séances, un ralenti en 1953 (5 séances), de nouveau une activité très soutenue en 1954 (17 séances), puis une vitesse progressivement décroissante: 11 séances en 1955, 9 en 1956, 1 en 1957. Un dernier coup d'accélérateur, mais modéré, en 1958 (7 séances), un freinage assez rapide: 3 séances en 1959, 4 en 1960, avant l'arrêt final: la Commissio piana cédait la place à la Commission liturgique préparatoire au Concile Vatican II.

La direction prise par les travaux de la Commissio piana ne fut pas linéaire. Les débuts sont tâtonnants. L'examen du Calendrier apparaît comme le soubassement indispensable de toute réforme générale. Il ne fallut pas moins de 30 séances pour l'étudier. Les livres liturgiques à réformer furent examinés à des degrés divers: le Missel, assez peu, à l'occasion des réformes de la Veillée pascale, puis de la Semaine Sainte, de la simplification des rubriques, de l'organisation des lectures, avec le problème posé dès le début de leur proclamation en langue vivante (un non ferme jusqu'en avril 1956, une ouverture en février 1959), avec l'hypothèse - écartée - de la concélébration à la messe du Jeudi Saint, avec aussi le statut des messes du soir, qui ne doivent en aucun cas être solennisées. Le Bréviaire fut l'objet de plus d'attention que le Missel: maintien des heures traditionnelles, mais répartition du psautier sur deux semaines, création de nouvelles antiennes, réforme des lectures bibliques et des répons. Une enquête au sujet de la réforme du Bréviaire auprès des archevêques métropolitains est décidée en 1956. On n'en sait pas plus.4 Le Pontifical est révisé dans sa 2e partie: consécration des églises, des autels, des cloches...

Quatre dossiers accaparent une grande partie des séances: la réforme de la Veillée pascale, puis celle de la Semaine Sainte, la simplification des rubriques, qui aboutit à la publication du Codex Rubricarum à la veille du Concile, enfin l'Instruction De musica sacra et sacra Liturgia, qui sera publiée par la S. Congrégation des Rites en septembre 1958. Deux fêtes nouvelles font l'objet, au moins en partie, de 11 séances, pour leur insertion dans le calendrier et pour la composition des messes et des offices: la fête de Marie Reine et celle de S. Joseph Artisan.

Apparemment le P. Antonelli n'a pas porté de jugement global sur le travail de la Commissio piana, alors qu'il s'est exprimé sur chacun des dossiers conduits à terme. Il vaut la peine de relever ce qu'en dit celui qui en fut le secrétaire, le P. Bugnini:

 

Nonostante i limiti di persone e di cose, si deve onestamente riconoscere che il lavoro svolto fu enorme. Praticamente tutti i libri liturgici furono revisionati, compreso il rituale [cela n'apparaît pas dans les procès verbaux] che fu corretto e tipograficamente composto, ma non pubblicato, per il timore della Libreria Vaticana di non riuscire ad editarlo per il sopraggiungere del Concilio. Fu anche sorprendente il senso pastorale della riforma piana, fatta esclusivamente da uomini di studio.5

 

De ces hommes d'étude, le P. Antonelli fut, à coup sûr, le plus engagé et sans doute avec le plus de sens pastoral, comme le montrent ses articles et ses conférences. Si le Concile n'était pas survenu, si la Commissio piana avait eu le temps de terminer ses travaux, quelles auraient été l'ampleur et la forme de la réforme liturgique? Qui peut le dire?

La Commissio piana cède donc la place à la Commission liturgique préparatoire au Concile, créée en juillet 1960. Le P. Bugnini en est le secrétaire. Le P. Antonelli n'en fait pas partie, pas plus que les autres membres de la précédente Commission. Il est désormais Promoteur général de la foi à la Congrégation des Rites. Et dans la documentation examinée par le Giampietro, c'est le plus grand silence sur cette période de préparation, pendant laquelle le schéma De sacra Liturgia est élaboré, discuté, soumis à la Commission centrale, puis à la sous-commission pour les amendements, et enfin remis aux Pères conciliaires.6

Il faut attendre la veille du Concile pour que le nom du P. Antonelli revienne à la lumière. Il est nommé, le 5 octobre 1962 (le Concile devait commencer le 11 ), à la surprise générale, Secrétaire de la Commission conciliaire de liturgie. A la surprise générale, car les secrétaires des autres commissions préparatoires furent tous reconduits au même poste dans les commissions conciliaires. Et de nouveau nous retrouvons, rédigés par le P. Falsini, adjoint avec le P. Braga au P. Antonelli, les procès verbaux des réunions de la Commission conciliaire.7 Il y en eut 51, du 21 octobre 1962 au 28 novembre 1963. Les relations des séances occupent près d'une centaine de pages du livre du Giampietro. On y cueille sur le vif les répercussions dans la Commission des débats de l'aula conciliaire. On peut y suivre l'examen des amendements. On y découvre aussi un autre rythme et une méthode de travail assez différente de ceux de la Commissio piana. Sa composition elle-même représente une base beaucoup plus large et représentative du monde entier: non plus 7 ou 10 personnes de Rome, mais, sous la présidence du Cardinal Préfet des Rites, 8 évêques, 19 experts (periti) et 39 consulteurs. Ces pages ajoutent un intérêt très vif aux explications données en aula par les rapporteurs de la Commission, et dont on peut lire les rapports dans les Acta Synodalia.

La Constitution Sacrosanctum Concilium est approuvée et promulguée le 4 décembre 1963. Le P. Antonelli rédige alors, sans doute à la demande du Card. Larraona, un Promemoria sulla revisione dei libri liturgici, avec un plan d'organisation du travail réparti entre 14 groupes, sous la responsabilité d'une Commission restreinte: 5 cardinaux et évêques, 8 " techniciens ". Y figurent même pour plusieurs groupes les noms de ceux qui pourraient en faire partie.8 En fait, pour l'application de Sacrosanctum Concilium Paul VI institue le 13 janvier 1964 un Consilium ad exsequendam Constitutionem de sacra Liturgia et désigne les premiers membres (3 cardinaux, dont le dernier nommé est le Préfet des Rites) et comme Secrétaire le P. Bugnini. L'organisme nouveau, présidé par le Cardinal Lercaro, qui n'est pas un homme de la Curie, mais archevêque de Bologne, sera étoffé le 3 mars 1964: il compte alors 42 membres et finalement en comptera 51. Le P. Antonelli est un membre parmi les autres. A ce nombredéjà imposant et représentant les divers pays du monde, il faut ajouter environ 150 consulteurs et plus de 70 experts ou conseillers. Ces chiffres imposants devaient permettre de répartir les divers chapitres de l'ensemble de la réforme en 39 et finalement 45 groupes de travail, comprenant chacun les personnes les plus qualifiées dans tel ou tel secteur: Calendrier, Bréviaire, Missel, éléments communs aux deux livres, Pontifical, Rituel, Martyrologe, Livres de chant, Cérémonial des évêques, Rites non romains, Code de droit liturgique, Chapelle papale. Chaque groupe de travail élabore des schemata adoptés en séances générales (il y en eut 13) et enfin soumis à l'approbation de l'assemblée plénière du Consilium (il y en eut 3), dont le compte rendu détaillé de l'ordre du jour et des discussions se trouve dans La riforma liturgica de Mgr Bugnini.9 Les papiers laissés par le P. Antonelli sont moins fournis (20 pages): ils offrent au lecteur -c'est leur principal intérêt - les réactions à vif du P. Antonelli devant le nombre - excessif, à son gré - des membres du Consilium, devant les méthodes de travail adoptées, devant ce qu'il estime une certaine précipitation à décider, devant des expérimentations accordées trop libéralement et un peu partout. Est-ce frustration de se voir cantonné à un rôle accessoire, après avoir été maître d'oeuvre de la Commission de Pie XII et de la Commission conciliaire? Est-ce amertume de voir la réforme échapper à la Congrégation des Rites, dont il se doit de défendre les prérogatives? Cela apparaît plus d'une fois. Est-ce désenchantement de quelqu'un qui a travaillé de son mieux depuis 1948 et avec fruit à la réforme liturgique, de lui voir prendre des grands chemins en tous sens, au lieu de la ligne directrice qu'avait suivie, sous sa direction, la Commissio piana? Est-ce crainte de voir des souffles de sécularisation pénétrer le renouveau liturgique, au risque de le pervertir? Les annotations du P. Antonelli révèlent appréhension et préoccupation qui ne vont pas en s'estompant.10

Ainsi les deux protagonistes de la réforme liturgique, de 1948 à 1970, se sont trouvés un peu en situation d'antagonisme, à tour de rôle. Peut-être les annotations du P. Antonelli sur la dernière période de la réforme, mises en parallèle avec certaines de Mgr Bugnini dans La Riforma liturgica, laissent-elles entrevoir des différences de tempérament, de style, de méthode entre les deux, un manque d'explications, qui auraient pu être franches et libératoires, mais qui n'ont pas eu lieu? Et quel fut en tout cela le rôle du Préfet des Rites, le Cardinal Larraona? L'histoire de cette période reste encore à composer, pièce par pièce, comme les multiples tessères qui contribuent au dessin d'une mosaïque. Ce qui est certain, c'est que l'antagonisme avait des racines autres que personnelles; la chronique du Consilium, tracée par Mgr Piero Marini,11 le montre assez clairement.

Maintenant que les deux grands artisans de la réforme liturgique du XXe siècle ont disparu, les ombres de cette période s'estompent à l'horizon du temps. A l'occasion de l'ordination épiscopale de Mgr Antonelli en 1966, le P. Bugnini évoquait - et ce ne sont pas, je pense, seulement des paroles de circonstance12 - la Constitution conciliaire liturgique " alla quale P. Antonelli ha dedicato tanta parte di sé, come attualmente continua con apporto preziosissimo e stimatissimo nel nostro Consilium ".13

Sur la jaquette du livre figure une illustration en couleur empruntée à un rouleau d'Exsultet, semblable à ceux que le P. Antonelli a pu avoir entre les mains au début de sa formation aux études liturgiques. C'est aussi, par cette illustration, évoquer ce qui fut le coeur de la vie du Cardinal, la source et le but de son activité, la conviction qu'il n'a cessé de vouloir communiquer: l'importance primordiale du mystère pascal, vécu et célébré, pour chaque chrétien et pour la vie de l'Église. La restauration de la sainte nuit de Pâques en 1951 restera la plus beau fleuron de tout ce qu'il a entrepris et accompli pour le renouveau de la liturgie dans l'Église.

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* Conférence prononcée lors de la présentation du livre à Rome, le 6 juin 1998.

1 Nicola GIAMPIETRO, Il Card. Ferdinando Antonelli e gli sviluppi della riforma liturgica dal 1948 al 1970, Pontificio Ateno S. Anselmo, Roma, 1998 (= Studia Anselmiana 121; Analecta Liturgica 23), 412 pp; ISBN 88-8139-085-X.

2 Annibale BUGNINI, La riforma liturgica (1948-1975), CLV-Edizioni Liturgiche, Roma, 1983 (= Bibliotheca " Ephemerides Liturgicae " Subsidia 30). Nuova edizione riveduta e arric-chita di note e di supplementi per una lettura analitica, 1997. On cite ici cette nouvelle édition.

3 N. GIAMPIETRO, Antonelli, p. 6.

4 Les comptes rendus des séances de la commission n'en parlent pas. Le Supplementum IV de la Memoria sulla riforma liturgica est consacré à cette enquête (1957, 139 p.).

5 A. BUGNINI, La riforma liturgica, p. 25.

6 Rien n'apparaît ici de la préparation d'un contre-projet, à l'instigation du Card. Larraona, élaboré par une petite commission dont faisaient partie le P. Antonelli et le P. Low, mais stoppé par la mort de ce dernier (22 septembre 1962). Seul Mgr Bugnini en parle. Cf. A. BUGNINI, La riforma liturgica, p. 41.

7 Pour connaître la composition de la Commission, il faut recourir à La riforma liturgica de Mgr Bugnini. Il n'aurait pas été superflu de l'insérer ici.

8 N. GIAMPIETRO, Antonelli, pp. 211-221.

9 Cf. A. BUGNINI, La riforma liturgica, pp. 149-205.

10 " Non sono entusiasta dei lavori. Discussioni molto affrettate, a base di impressioni, votazioni caotiche. Il Consilium è composto di 42 merabri: ieri sera eravamo 13, neanche un terzo " (première assemblée plénière, p. 228). " lo mi domando: corne si può dare un parere su questioni alcune gravissime, con testo cambiato all'ultimo momento e presentato seduta stante? Non è cosa seria " (dernière assemblée plénière: il s'agit du texte des Praenotanda de l'Ordo Confirmationis, p. 246).

11 Dans Ephemerides Liturgicae 106 (1992) 289-318; 107 (1993) 401-439; 108 (1994)

12 N. GIAMPIETRO, Antonelli, p. 267.

13 De son côté, Mgr Martimort, dans la présentation initiale du livre, évoque les derniers entretiens qu'il a eus avec le Card. Antonelli: " Io posso assicurare che non conservava delle controversie passate che un ricordo sbiadito e che egli riconosceva nelle riforme fatte l'ideale che era stato il suo ": Ibidem, p. 6.