Un Orage d'Ete
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Disclaimer:
Ils ne m'appartiendront jamais, mais en attendant, je peux bien jouer avec...
gratis, non?
Note:
Pour Miranda. Tu m'as fait penser a cette idee toute simple, mais qui me
semblait si douce...
******
C'était
un soir de Juin comme il y en avait eu, cette année, beaucoup: la chaleur
était presqu'insoutenable, et tous les Nobles de la Cour se demandaient s'ils
pourraient supporter longtemps de se promener dans cet air humide dans leurs
costumes d'apparats qui les faisaient suer a grosses gouttes.
Il
était Six heures passées, mais, les journées étant fort longues en cette fin
de mois, ils n'espéraient pas couper a la promenade finale que la Reine ne
manquait pas de faire dans les jardins de Trianon. Cette dernière aimait
beaucoup la demeure de Trianon, moins formelle que Versailles, et venait y
passer les journées les plus chaudes avec une certaine tranquillité.
D'abord parce que son entourage diminuait en s'éloignant de Versailles, et puis
parce qu'elle pouvait aussi, le soir tombe, se promener seule et retrouver les
sentiments qui avaient fait le bonheur de sa jeunesse. Elle passait donc
son Été plus ou moins éloignée de la Cour. Les Nobles les plus fidèles
(ou plus dans le besoin) ne manquaient certes pas de venir la visiter, mais en
tout et pour tout, elle se tenait a l'écart de la politique cet Ete-la, et se
disait que la Noblesse n'en mourrait pas si elle espaçait quelque peu les
audiences.
Le
Roi lui-même semblait travailler d'arrache-pied, et s'il n'était pas en réunion
ou dans son cabinet, il aimait toujours a se rendre a sa forge ou il pouvait
disparaître des heures...
Marie-Antoinette
vit enfin la dernière dame de sa suite prendre congé, et elle appela alors sa
femme de Chambre:
"-
Pourriez-vous m'apporter une brosse a cheveux? Il fait bien trop chaud et
je vais défaire ma coiffure."
La
jeune fille se hâta a l'intérieur du bâtiment alors que Marie-Antoinette
elle-même s'empressait de retirer les nombreuses épingles savamment distribuées
qui maintenaient sa chevelure dans ce chignon extravagant. Lorsqu'elle vit
la rivière d'or de ses cheveux s'écouler sur ses épaules, elle sentit sa tête
plus légère.
La
jeune servante était revenue et tendait a Sa majesté une brosse en écaille et
en poil de Sanglier.
"-
Je vous remercie, fit la Reine. Je
vais faire quelques pas. Si l'on me demande, je serais près des anciennes
écuries!
- Bien, Madame" fit la jeune fille en s'inclinant très bas.
Marie-Antoinette
commença a se baisser pour retirer ses bottines, qu'elle déposa sur la petite
table de jardin. Puis elle procéda
a l'enlèvement de ses bas. Par une chaleur si humide, ils collaient
atrocement a sa peau, et ils l'empêchaient de sentir l'herbe fraîche sous ses
pieds.
Elle
esquissa un petit sourire en pensant a la tête de ces dames "des bonnes
manières" s'ils jamais elle avaient vent de ce comportement impudique.
Mais elle continua a ses promener dans l'herbe près des vieux hangars. Le
ciel semblait plus lourds et la chaleur montait, même si le soleil n'avait pas
point a l'horizon depuis de nombreuses minutes.
Elle
allait passer les vieilles écuries lorsuq'elle entendit la voix
presqu'enfantine de sa fidèle femme de chambre:
"-
Votre Majesté, Votre Majesté! Vous avez un visiteur. Je lui ai
demande de vous attendre, mais il m'a suivi! Votre Majesté!"
Marie-Antoinette
commençait a se demander qui pouvait être cet impudent visiteur du soir qui
n'attendait même pas le bon vouloir de la Reine de France, cependant,
lorsqu'elle aperçut la servante suivit d'un grand jeune homme souriant, elle en
oublia jusqu'a son nom.
"-
Monsieur de Fersen! Comme il fait bon de vous revoir. Vous n'aviez
jamais daigne venir me voir dans ce cadre plutôt rural! Comme cela me
fait plaisir, je vais vous montrer, c'est très joli ici!"
Elle
lui avait presque saute au cou, oubliant toutes les convenances. Elle
avait beau être Reine. Ici,
dans cette demeure au milieu de la verdure, elle se sentait avant tout femme.
Elle regardait Mr de Fersen bien dans les
yeux et elle avait presqu'envie de pleurer.
Le
jeune homme Suédois, lui, avait aussi de la peine a cacher ses sentiments, et
ses yeux étaient un peu plus humides et brillants que de coutume:
"-
Votre Majesté est trop bonne, je vous remercie de votre accueil alors que je me
suis permis d'être si peu civil avec votre hospitalité. Je tenais
tellement a m'entretenir avec vous loin des oreilles de Versailles, aussi ai-je
attendu!
- Et bien alors, vous avez fort bien fait! Juliette, rentrez donc a la
maison, rassurez-vous, je suis en de bonnes mains avec Mr le Comte de Fersen.
Nous allons poursuivre notre petite promenade ensemble!"
La
jeune fille ne demanda pas mieux et disparut sans demander son reste.
Pourtant, elle avait garde les yeux grand-ouverts comme des soucoupes. Ils
étaient si transparents. Etait-ce
tellement mal d'aimer et d'être aimée, même si l'on est la Reine de France.
Mais Juliette n'était pas de nature bavarde, et, bien que connaissant le coeur
de sa Maîtresse, elle prenait bien soin d'éviter tous les ragots. Elle pénétra
dans la vaste demeure avec un petit sourire de bonheur a voir ces deux êtres
que rien ne destinait, partager ces quelques brefs moments de bonheur, et il ne
lui venait pas a l'idée de le leur reprocher.
******
Oscar
François de Jarjayes venait de finir une journée difficile. Même les
plus disciplines des hommes, sous l'emprise des éléments, et particulièrement
de la chaleur, pouvaient se montrer difficiles, et elle en avait fait les frais
cet apres-midi la.
Finalement,
elle s'apprêtait a donner l'ordre a André de se préparer a rentrer au domaine
Jarjayes lorsqu'elle sentit les premières gouttes de pluie tomber. Il ne fallut que quelques secondes pour qu'un torrent ne
commencat a se déverser. Elle regarda autour d'elle. Prudent, son
compagnon André avait reconduit les chevaux a l'écurie et se disait qu'il
vaudrait mieux attendre quelques minutes. A moins d'un orage complet, a
continuer de la sorte, il faudrait bien que la pluie s'arretat bientôt.
Mais
il leva le nez vers le ciel et seul un éclair lui répondit. Lorsque
le tonnerre commença a éclater, il prit en main les chevaux qu'il tenait
toujours et les conduisit chacun vers leur stalle. Enfin, il prit grand
soin, tout en leur parlant d'une voix douce pour les calmer, de les attacher a
une solide longe et vérifia qu'il ne pouvaient se blesser. Si
il venait a tonner trop fort, lui-même ne pourrait pas les contenir a la main
et pourrait même risquer un accident fatal. Il les laissa ainsi apprêtés
avec regret, puis sortit des écuries pour courir malgré la pluie torrentielle
vers les marches de l'entrée Sud ou l'attendait Oscar.
"-
La parfaite conclusion d'une parfaite journée, fit celle-ci en le regardant s'ébrouer
comme un jeune chien.
- Je te ferais quand-même remarquer que moi, je ne t'ai rien fait, et pourtant
je prends la pluie de la sorte pour t'être agréable.
- Tu as tout a fait raison, comme toujours, mais je te ferai remarquer que je ne
tire aucun plaisir de tes misères, par contre..." continua-t-elle en désignant
du menton un petit groupe qui venait d'apparaître, ruisselant, au beau milieu
de la tempête.
Le
petit groupe se composait de trois femmes en tenues sans doute au préalable
impeccables, mais dont les robes pastel avaient pris un air boueux, collant aux
membres et difficiles a déplacer et qu'elles essayaient de relever pour
parcourir les quelques pieds qui les séparaient de la sûreté. Leurs
perruques étaient défaites et le fard de leurs yeux coulait a présent sur les
joues et se retrouvait même parfois en une tache sombre sur leurs robes mouillées.
Auprès d'elles, deux gentilshommes en redingotes sombres, qui avaient du avoir
fière allure, ressemblaient a présent a de maigres moineaux, les queux de
leurs vestes
pendant lamentablement et versant l'eau qu'ils recevaient dans la figure, la tête
droite, essayant de cacher leur mine déconfite.
André
regardait ce tableau en essayant de se contenir de rire, mais Oscar avait sur
son visage le plus lumineux des sourires, et ce fut assez pour l'entraîner.
Les deux amis froncèrent les sourcils et se dirigèrent vers l'intérieur du
palais. Ils reviendraient au Château Jarjayes plus tard.
Oscar
se dirigeait vers le cabinet de lecture lorsqu'elle fut interpellée par l'un
des "moineaux" qui venait de gagner le nid sec.
"-
Mon Colonel! Nous désirions vous parler. En tant que responsable de
la Garde Royale, je suis sure que vous vous inquiétez de la Sécurité de Leurs
Majestés. Sa Majesté le Roi est bien ici a Versailles, mais nous venons
de quitter le Petit Trianon ou séjourne la Reine. Il n'y a
malheureusement ni gardes, ni nombreux serviteurs, c'est un service de stricte
minimum, mais vous comprendrez bien qu'en de telles circonstances, nous nous
faisions du souci pour notre souveraine. Nous l'avons quittee il y a a peu
près une heure et demi, et elle se retrouvait alors seule. Avec cette
tempête, Dieu sait ce qui pourrait arriver a Trianon... il y a déjà deux
arbres d'abattus près de l'entrée de Versailles, c'est pourquoi nous avons du
marcher..."
Oscar
regarda le singulier petit homme. Il ressemblait effectivement a un petit
oiseau mal nourri, mais il y avait aussi en lui un véritable trait d'honnêteté.
Oscar comprit que le souci était réel. Après avoir remercie le petit
homme, elle se retourna vers André qui était toujours a ses cotes:
"-
Ne bouge pas, André, je vais demander permission de partir en mission de
reconnaissance pour m'assurer de la sécurité de Marie-Antoinette. Si je
dois partir en plein milieu de cette tempête, je crois bien que j'aurais besoin
de ton aide. Voudrais-tu
m'accompagner?
- Bien sur, Oscar, tu sais très bien que je ne pourrais te laisser seule
affronter cette tempête et que je suis toujours avec toi!".
André
avait dit ces mots avec un ton sur et Oscar, qui aurait autrement rétorqué
qu'elle n'avait pas besoin d'être ainsi toujours accompagnée, se tut pourtant
et ne fit qu'aquiesser d'un petit mouvement de tête.
Plusieurs
minutes plus tard, elle entraînait son compagnon vers les écuries.
Monter a cheval dans ce déluge prouverait fort intéressant...
******
"-
J'ai froid, je crois que je vais attraper mal au bronches!
- Prenez
donc ma veste, Madame, je vous en prie. Je ne me pardonnerais jamais si
vous deviez attraper mal par ma faute.
- Non, Monsieur, cela vaut bien la peine de passer quelques minutes seule avec
vous. Cela vaut toutes les tortures
du monde.
- Ne dites
pas cela, je ne vous veux aucun mal. Ne
pouvons nous pas non aimer comme tous les autres!!!!
- Oh, Fersen!"
Marie-Antoinette
était trempée jusqu'aux os. Elle avait revêtu la veste puis le manteau
du Comte de Fersen et pourtant elle grelottait. Ils s'étaient retrouve
porte par une méchante bourrasque alors qu'ils s'éloignaient des hangars et le
jeune homme avait du s'accrocher a une porte mal fermée de ses deux poings pour
les maintenir en place. Ils avaient réussi a se glisser a l'intérieur du
hagard, mais la toiture s'en allait déjà pan par pan et la méchante pluie se
rapprochait d'avantage, le vent glaçant la chair de la jeune femme, dans ses vêtements
mouilles.
Ils
se tenaient dans le coins le plus loin de la porte, l'un contre l'autre.
Fersen regardant cette femme qui semblait ne pas trembler que de froid.
"-
Je vous en prie, au diable la modestie! Madame,
il vous faut vous débarrasser de certains de ces atours. Ils sont pleins
d'eau et ne font que vous refroidir.
- ... co... comment?...
- Si vous enleviez vos jupons mouilles, peut-être même votre châle, vous
pourriez ainsi vous sécher quelque-peu. je
ne dis cela que pour votre bien. Il n'y a que cela qui m'intéresse...
- Bien, Monsieur, vous avez probablement raison... come je me sens si stupide...
dans une situation pareille.
- Mais je la bénis, Madame, car elle a réuni nos coeur. Pour
l'instant, pourtant, occupons nous plutôt des corps..."
La
Reine s'appuya contre le torse du jeune Suédois pour retirer en effet deux
jupons trempes, et se blottit ensuite contre sa poitrine.
"-
Votre amour, Monsieur, est déjà bien assez pour me réchauffer."
Et
il avait d'un doigt levé son visage vers le sien et poser ses lèvres sur les
siennes.
******
"-Oscar, attends-moi!" criait le jeune homme a la furie blonde
qui galopait malgré les bourrasques de vent.
"-
André, depeche-toi, plutôt! Nous
ne pouvons pas nous permettre le luxe d'attendre!
- Certes, mais je ne vois pas de quelle
aide nous pourrions être si nous nous blessons parce que nous ne faisons pas
suffisamment attention!
- Tu.. tu as raison" Capitula la jeune femme, en tirant les rênes pour
ralentir sa monture.
Les
chevaux étaient d'un nerveux extrême, le moindre mouvement de branches sur les
cotes du chemin que les cavaliers empruntaient a vive allure, et ils pourraient
se lever ou, avec cette chaussée glissante, en venir a tomber. Le vent
battait les grands arbres et envoyait parfois des bouts de bois voler en
direction des deux amis, qui arrivaient a peine a se tenir en selle.
Finalement,
malgré les éléments déchaînés, ils arrivèrent en vue d'une grande demeure
et passèrent le portail imposant. Ils mirent pied-a-terre et se précipitèrent
vers la porte. On leur ouvrit avec difficulté tant le vent contraire
avait force.
Une
jeune femme, visiblement apeurée par la démonstration de la nature, leur
raconta d'une voix rapide et pleurnicharde que sa Maîtresse était partie
marcher dans le petit parc. Elle
avait parle des hangars, et aussi des écuries.
Oscar
regarda André, puis lui fit signe de la suivre. Se dirigeant vers la
porte, elle dictait son plan:
"-
Nous ne pouvons utiliser les chevaux, cela aurait été plus rapide, mais je ne
pense pas qu'ils tiendraient une minute de plus. Nous
irons donc jusqu'aux premiers bâtiments ensemble, ensuite, nous nous séparerons.
Tu iras voir les écuries actuelles, j'irai voir le vieux hangars..."
Oscar
ne s'était même pas retourne en donnant ses ordres, mais elle fut surprise
lorsqu'elle sentit une main retenir son avant bras, l'empêchant ainsi d'aller
plus loin.
"-
Oscar, je suis désolé de te contredire, mais dans cette tempête, je refuse
absolument de te laisser aller seule!
- André, je ne suis plus une enfant, je suis capable d'éviter quelques
branchages volant dans ma direction! Ce n'est pas le moment de faire du
sentiment!
- Ce n'est
pas du sentiment, Oscar, c'est du cote pratique dont je te parle. Il ne va
as être aise de se frayer un chemin jusqu'a n'importe quel bâtiment. Ils
ne sont pas si éloignés, donc cela ne nous prendra pas plus de temps, mais
songe que si l'un de nous est blesse, que fera l'autre? Et comment
saura-t-on si l'autre a trouve Marie-Antoinette?
- Je... je dois admettre que c'est très vrai. Très bien, reste avec moi,
mais ne lambine pas, tu m'entends?
- Bien sur!"
Oscar
n'en était pas sur, mais elle aurait pu jurer qu' André avait prononce ces
derniers mots d'un ton presque joyeux.
Enfin,
ils poussèrent avec peine la porte et sortirent dans le froid glace.
Le
vent semblait redoubler de colère comme pour les accueillir. Oscar jeta un bref coup d'oeil derrière elle. André, bien que
mouille jusqu'aux os, semblait déterminé et ne la quittait pas des yeux.
Elle lui tendit la main. Il la prit avidement. Après tout, c'était
le moyen le plus sur de ne pas se perdre...
Les
deux amis zigzaguaient d'un arbre a l'autre, se posant pour l'espace d'une
seconde a l'abris du tronc, avant de progresser en avant.
"-
Oscar, il y a une porte rouge droit devant, ce doit être un vieil entrepôt!"
indiqua la voix d'André, a peine audible au milieu du tonnerre qui retentissait
de plus belle. Oscar fit un petit signe de tête et lui intima l'ordre,
d'une pression dans la paume de la main, de poursuivre jusqu'au premier bâtiment.
Elle
avait presqu' atteint la porte, le bras lance en avant pour tirer le loquet et
l'ouvrir, lorsqu'elle sentit une pression la ramenant trois pieds en arrière.
Une branche grosse comme le tronc d'un homme venait de rouler a terre et avait
heurte André a l'épaule et au ventre. La branche avait roule, mais le
jeune homme se retrouvait a terre. Oscar tira sur son bras et André se
redressa avec peine pour tituber jusqu'a la paix relative de l'entrepôt.
Celui-ci était vide, mais sec. La toiture avait tenu le coup. L'air
était pourtant difficilement respirable, épais et trouble. Sans doute le bâtiment avait jadis servi a entreposer le grain, et la
farine et la sciure avaient été soulevées par la tempête.
Mais
cela importait peu a Oscar en cette minute. Elle venait de s'accroupir près
de son compagnon qui se tordait de douleur. Une méchante tache
rouge dénonçait un saignement qui semblait déjà s'aggraver. Pourtant,
voyant l'air inquiet de sa compagne, il essaya un sourire, mais termina en
grimace devant la douleur.
Oscar
s'était déjà saisie du manteau de ce dernier et essayait de l'enlever en
sollicitant le moins de mouvements possibles. Il
y avait une grande déchirure a la taille, mais elle ne semblait pas profonde,
par contre, elle n'arrivait pas a voir parmi les pans de la chemise d'André la
blessure d'ou semblait venir tout ce sang.
"-
André, je vais essayer de retirer ta chemise, ne bouge pas." Le ton était très préoccupé. Cela glaça le sang
d'André.
Comme
il avait fait faute a Oscar. D'abord en proposant son plan, et puis en se
faisant blesser, voila qu'il l'empêchait maintenant de mener ses recherches a
bien.
"-
Je ne suis qu'un imbécile!" murmura-t-il pour lui-même entre ses dents.
Mais
il n'avait sans doute pas baisse suffisamment la voix.
"-
Quoi? qu'as-tu dit, André? Et Oscar avait relevé les yeux pour les
plonger avec dureté dans ceux du jeune homme, je ne te permet pas de faire ce
genre de commentaires. Je
refuse que tu penses de la sorte. Cela aurait pu arriver a n'importe qui
et cela montre bien que ton plan était le meilleur!"
Et
elle arracha les derniers pans de chemise, elicitant un cri animal d'André, qui
serrait les dents. La blessure était noire de sang, et profonde. La
branche avait broyé la chair, et laisse des épis de bois dans la longue
entaille. Oscar détourna la tête devant le spectacle sanglant.
"-
Mon Dieu, André, tu aurais pu perdre le bras... je...je suis désolée, je suis
désolée..."
Ce
fut au tour d'André de se montrer ferme. Il
regarda son épaule, puis retira deux ou trois morceaux de son bras valide.
Il prit un
morceau encore intact parmi les lambeaux de sa chemise sur le sol, le mouilla un
peu, puis attacha solidement du mieux qu'il pouvait d'une seule main, son épaule
meurtrie.
"-
Oscar, maintenant tu vas m'écouter! Jamais
la voix d'André n'avait eu un accent plus héroïque. Il faut que tu
resserres ce bandage du mieux que tu peux. Ensuite, nous sortirons et
irons voir la fin de ces bâtiments! Je vais bien, ce bandeau de fortune
tiendra bien pour le temps de notre expédition!".
Oscar
se retourna pour le regarder. Elle se rapprocha et tira sur les deux
morceaux de tissus qui formaient le noeud du bandage, et eut du mal a réprimer
un haut-le-coeur devant l'état de la blessure, mais elle voyait maintenant André
d'un tout autre oeil.
Jetant
un oeil critique derrière elle, et voyant André qui s'efforçait de la suivre
pas pour pas, elle poussa la porte et commença sa lutte contre le vent. A
gauche, il y avait une petite porte battante près d'un hangar a moitié emporte.
Elle attendit, au risque de se faire enlever par une bourrasque, qu' André fut
a sa hauteur, puis poursuivit jusqu'a l'entrée.
Lorsqu'elle
poussa le battant, elle n'aperçut rien. Tout
était sombre et la pluie semblait redoubler dans le local presque sans toit.
Puis sa
vision s'habitua aux nuances sombres et elle remarqua une étrange vision dans
le coin le plus éloigné de la pièce.
Une
jeune femme, a peine vêtue!, se réchauffait sur le coeur de son amant dans une
étreinte sensuelle. Leurs lèvres étaient jointes en une prière l'un
pour l'autre, et ce spectacle apportait un éclat de lumière a ce jour pourtant
sombre. Ils n'avaient pas vu l'intrus et continuaient
de puiser de la force l'un dans l'autre.
Aussitôt,
Oscar comprit. Elle
vit toute la douceur de l'amour, toute la passion du désir. Tous
ces sentiments qu'elle s'était efforce de refouler depuis son plus jeune âge,
mais qu'une seule personne avait pourtant réussi a mettre a jour: Fersen.
Et
Fersen était la, avec la Reine, démontrant son coeur et l'élan de ses
sentiments.
Jamais
Oscar n'avait ressenti une telle peine. Un poignard aurait pu lui
transpercer le coeur qu'elle l'aurait a peine senti. Elle était vide.
Tous ces sentiments dont elle voulait se défaire, ils venaient justement de lui
être arraches, et elle ne comprenait pas... cela faisait si mal! Elle
avait devant elle le portrait de l'amour, elle connaissait l'attirance du jeune
Suédois pour Marie-Antoinette, alors pourquoi cette image lui glaçait -elle le
sang?
Elle ne dit rien. Blanche de honte de s'être laissée aller a montrer ses sentiments, elle se retourna brusquement et ouvrit la porte vers l'extérieur, les yeux pleins de larmes, bousculant un André ébahi, et le laissant pour compte alors qu'elle disparaissait parmi les éléments déchaînés.
Suite: Tempête inte'rieure..
mail to: amarisee@yahoo.co.uk