Dans ses mains
partie XX
Warning!!! The author is aware and has agreed to this fanfic being posted on this site. So, before downloading this file, remember public use or posting it on other's sites is not allowed, least of all without permission! Just think of the hard work authors and webmasters do, and, please, for common courtesy and respect towards them, remember not to steal from them.
L'autore è consapevole ed ha acconsentito a che la propria fanfic fosse pubblicata su questo sito. Dunque, prima di scaricare questi file, ricordate che non è consentito né il loro uso pubblico, né pubblicarli su di un altro sito, tanto più senza permesso! Pensate al lavoro che gli autori ed i webmaster fanno e, quindi, per cortesia e rispetto verso di loro, non rubate.
C’était de nouveau l’automne, on pouvait ressentir la tristesse dans l’air,
ainsi que dans les jours qui étaient plus court. Ce jour là, il n’y avait pas de
cris dans la rue. Depuis peu les cries se faisaient moins présent dans Paris.
Oscar leva les yeux des quelques lignes qu’elle écrivait et laissa tomber sa
tête en arrière dans un soupir. Non, il n’y avait plus de cris : il ne restait
plus grand-chose depuis que la fureur avait emportéses victimes, elle avait tout
emportésur son passage.
Elle ne comprenait pas comment elle pouvait être encore en vie après tout ce qui
c’était passé. Mais elle était vivante, et toujours là, à Paris.
Elle se leva pour regarder par la fenêtre, il faisait sombre, et André ne
devrait plus tarder. Il avait promis qu’ils dineraient ensemble, cela faisait
des jours qu’ils ne l’avaient pas fait.
Elle le lui dirait ce soir.
Un sourire lui échappa, et elle secoua la tête. Il ne s’y attendrait pas bien
sur, pas après tout ce temps. Elle se demandait comment il allait réagir… il en
aurait le souffle coupé, bien sûr.
Elle avait mis plusieurs jours pour vraiment le réaliser, en accepter l’idée.
Etrangement elle l’avait pourtant immédiatement ressenti, avant même d’appeler
le médecin. Et celui-ci le lui avait confirmé sans l’ombre d’un doute.
Elle enserra ses épaules dans un frémissement. Après plus de six ans. De
surcroit à son âge… certes elle était une femme particulière, mais… eh bien,
elle n’était plus une adolescente…
Elle essayait d’imaginer le visage d’André face à cette nouvelle : c’était
certainement la dernière chose à laquelle il s’attendrait. Elle aussi
d’ailleurs. Elle était persuadée qu’elle ne pouvait pas en avoir, qu’il était
trop tard. Elle en avait souffert pendant un certain temps. Affreusement. Mais
ensuite
les événements les avaient submergés,
la Révolution, leur vie ensemble. Ils ne s’étaient pas quittés depuis ce jour
là, depuis l’époque de la Monarchie, ils vivaient ensemble ouvertement, dans
cette maison, créant un scandale aussi bien dans le milieu dont elle était issue
que dans l’autre. Ils avaient fait fi de tout. Et dés que les nouvelles lois le
leur avaient permis, ils s’étaient mariés.
Ils avaient choisi d’embrasser la cause des révolutionnaires en ce juillet de
1789. Sa décision n’avait pas été facile à prendre, car elle avait encore
beaucoup d’attachement dans son monde. Fersen, la Reine, qui avaient été ses
amis, mais elle les avait perdus pour sa plus grande peine.
Ce souvenir lui enserra le cœur. Fersen était parti et revenu à plusieurs
reprises ces dernières années, avec à chaque fois une seule idée en tête : faire
sortir de là la femme qu’il aimait. Il avait finalement échoué, et ne trouvait
depuis lors plus de repos : il était comme fou de douleur, et la dernière fois
qu’elle l’avait vu, Oscar avait mis un certain temps à retrouver en lui l’homme
qu’il avait été.
Quant à la Reine… Elles avaient dû se dire au revoir… En dépit de son profond
attachement à sa souveraine, Oscar lui avait dit qu’elle ne pouvait plus se
tenir à ses cotés pour soutenir sa politique contre les Français, elle l’avait
même suppliée à genoux de revoir ses positions alors qu’elle régnait encore.
Mais Marie-Antoinette était restée inflexible, cependant elle ne l’avait jamais
ni censurée, ni accusée. Elle avait continué à lui accorder son amour, même
quand elle apprit sa défection le jour ou elle joignit ses troupes aux
émeutiers.
Bientôt cela fera un an qu’elle est morte. Comment cela avait-il pu se produire,
comment…
Pourtant c’était bien arrivé, et de la plus atroce des manières. Elle avait été
guillotinée. Et Oscar était présente, parmi les soldats qui l’escortaient,
c’était un souhait de la Reine elle-même. Elle le lui avait demandé dans un de
ses derniers jours. Oscar avait été profondément choqués par la tournure
qu’avaient pris les événements, les massacres sans distinction aucune, tout ce
sang versé pour satisfaire la soif de vengeance, ce monde où il n’existaitpas la
moindre trace d’amour, ni même de pitié, de respect… Qu’était donc devenu ces
idéaux pour lesquels ilss’étaient tant battus :
un monde plus juste, plus libre, oùl’on
pourrait vivre en paix… Ce n’était certainement pas cela.
Lorsque sa majesté avait été condamnée à mort, pendant longtemps elle avait
hésité, assaillie par milles doutes et par de nombreuses larmes aussi,
pouvait-elle… devait-elle… soustraire la Reine à la guillotine, et tenter
d’organiser une fuite désespérée? L’affection qu’Oscar lui portait, mais aussi
les conditions de son incarcération et les abjects tourments que ses ravisseurs
infligeaient à la Reine, lui causèrent une aversion sans bornes. Le cœur lourd
lors de l’une de ses dernières visites à la prison de la Conciergerie, Oscar
avait chassé elle-même l’un des gardes qui avait conduit sa maitresse
« voir l’Autrichienne » comme on va voir un animal en cage. Elle était restée
silencieuse alors qu’elle le chassait, le faisant même tomber dans les
escaliers, le visage blême, les lèvres tremblantes de colère et d’indignation.
Son regard attristé et choqué avait croisé celui de la Reine, et cela devint
alors une évidence, elle devait la faire sortir de là. Mais Marie-Antoinette
avait deviné ses pensées, étonnamment, et lui avait dit non de la tête : « Non,
Oscar, vous ne pouvez rien faire, et je ne le souhaite pas. Je suis fatiguée, je
n’ai pas mes enfants, je n’ai plus rien. » Elle avait soupiré et son
regards’était porté sur la fenêtre, vers le ciel. Sans une larme, elle ne
pleurait plus désormais « Cela suffit, ce qui doit arriver, arrivera ». Elle
avait même eu un bref sourire. Ensuite elle redevint stoïque et grave, et malgré
tout lui fit une dernière requête, celle de rester à ses cotés jusqu’à la fin,
comme si l’avoir auprès d’elle pouvait lui donner du courage au dernier moment.
Oscar avait cédé à l’émotion. Elle le lui avait promis.
La douleur qu’elle avait ressentie ce jour là, elle ne l’oublierait jamais.
C’est à ce moment précis qu’une décision s’imposa, elle ne voulait plus rien à
voir à faire avec cette horreur. Elle abandonna les cercles de patriotes, les
réunions de l’Assemblée, où certes ils avaient pris de bonnes décisions par le
passé. Elle se contenta de faire son devoir en étant de moins en moins active,
plus en retrait. Cela avait attiré pas mal de soupçons à son sujet.
Pour ce qui est d’André et des articles qu’il publiait, puis…
En 1789 après avoir quitté les Gardes Françaises, il collabora avec un groupe
d’intellectuels et d’étudiants qu'il avait commencé à fréquenter depuis quelques
années, et avait participé à des articles pour un journal inspiré des principes
des Lumières à tendance modérée. Ils essayaient de comprendre, d’enquêter sur
les causes, de faire la lumière sans tomber dans le piège grossier des
généralités faciles à édicter. Ils étaient reconnus et appréciés car ils
disaient ce qu’ils pensaient avec courage. Cela avait pris du temps. Mais la
situation avait commencé à se déliter, en partie due à difficultés rencontrées
avec la politique étrangère, alors que cette prise de position était devenue
assez inconfortable et dangereuse. Mais André n’avait pas reculé, il avait
continué ses batailles dans les lignes du journal et ce malgré les sérieux
risques encourus. A un certain moment Oscar avait énormément craint que l’on ne
vienne l’arrêter en plein milieu de la nuit, comme cela était arrivé pour
beaucoup d’autres, et qu’il soit envoyé à la guillotine. Ce ne fut qu’à la chute
de Robespierre, il y a de cela quelques mois, qu’elle poussa enfin un soupir de
soulagement.
Depuis le début ils étaient un couple hors norme, rien en eux ne se conformait
aux standards imposé par l’époque. Oscar continuait de commander à ses soldats,
sous l’uniforme des Gardes Française depuis toutes ces années. Cela avait fait
sensation, révolution ou non, mais les théories d’égalités que ce nouveau monde
propageait justifiaient la légitimité de ce choix, et cela même pour une femme,
et malgré la hardiesse de cette ferveur pour les nouvelles
revendications personne n’avait jamais songé à contester cela. Elle avait donc
continué à tenir son rôle de Colonel comme sous l’ancien régime, car aucun des
représentants de la révolution qui se voulait réformateur n’aurait pu la
renvoyer chez elle, elle qui les avait soutenus, avec efficacité et courage dans
leur lutte.
Mais bien sûr cela n’avait pas pour autant été facile. Dans un certain sens,
elle avait dû à nouveau tout recommencer : démontrer pour la énième fois à cette
foule d’hommes arrogants, aux opinions politique novatrice, mais malgré tout
rétrograde par certains points, qu’une femme ne valait pas moins qu’eux. Et que,
en effet, beaucoup pourraient en apprendre d’elle. Cependant, et plus d’une
fois, sa valeur et son expérience en avait fait la preuve indéniable.
Depuis l’eau avait coulait sous les ponts, et personne ne songeait plus à
remettre en question son rôle.
Mais bien souvent elle c’était sentit à l’étroit dans son uniforme.
Elle caressa son ventre d’une main et secoua la tête. Elle était un peu inquiète
mais tellement heureuse de la venue de cet enfant. C’est incroyable que cela
arrive seulement maintenant, après tellement de temps à s’aimer, sans prendre la
moindre précaution car un bébé les aurait remplis de joie, bien qu’ils vivent
dans une époque trop troublée pour mettre un enfant au monde. Mais cela ne
venait pas : le médecin avait dit que peut-être son corps était fatigué, ou
soumis à trop de tensions.
Mais depuis elle était sereine, elle se sentait bien. Elle était ainsi depuis
quelque temps et se dit que fondamentalement il n’y avait aucune raison de
s’inquiéter : qu’elle pouvait le faire.
Elle se demandait si André pourrait la voir comme une mère. Elle l’espérait.
Comme une femme à aimer lui allait bien, et après toutes ces années passées
ensemble, à chacune de leurs retrouvailles, il posait sur elle se même regard
amoureux que lorsqu’ils étaient plus jeune.
A chaque fois, ils faisaient l’amour avec la même passion, et même les moments
de tendresse, d’intimité domestique étaient pleins de chaleurs. Ils étaient nés
pour être ensemble, la vie le leur prouvait constamment. André ne souhaitait
rien d’autre que de rester prés d’elle, et il en allait de même pour Oscar. Ils
passaient leurs soirées à parler, à faire des commentaires sur les derniers
évènements. Parfois ils restaient simplement là, à s’embrasser au coin du feu
sans rien dire.
Ils avaient aussi vécu des moments d’angoisse avec les événements qui avaient
ébranlé la France, mais après s’être enfin retrouvés plus rien ne pouvait les
diviser. Ils n’avaient jamais douté l’un de l’autre, de tel sorte qu’Oscar en
était venuà se demander parfois, si leur amour venait de leur grande passion ou
de la confiance mutuelle qu’ils se portaient. Les deux, en avait-elle déduit, et
en avait été heureuse.
Ils étaient restés à Paris. Après ce qui était arrivé, et les premiers signes de
changements, ils avaient tout deux compris que c’était l’endroit ou ils devaient
être, qu’il n’était plus temps pour eux de partir. La Bretagne avait été pour
eux un doux rêve entretenu par leurs fantasmes, mais fasse à l’écriture de
l’histoire, ils avaient vite renoncé. Ils avaient perçu comme un devoir moral de
faire l’expérience par eux même des événements qui les touchaient de si prés,
ils se devaient de remettre en question les préjugés qui leur avaient causé tant
de souffrance par le passé. Ils avaient lutté contre ces principes injustes aux
noms desquels ils avaient étaient séparés. Et cela se passait à Paris, Paris
était l’endroit ou ils devaient être.
Jusqu’à présent, tout du moins.
Elle soupira en songeant à l’expression qui avait tiré les traits d’André la
veille. Il était fatigué, elle le sentait… maintenant elle ne le connaissait que
trop bien. La situation actuelle était confuse, il y avait quelque chose dans
l’air mais elle n’aurait su dire
quoi… et ils ne souhaitaient qu’un peu de paix, de l’aveu général. Tout les deux
en fait. Quelques jours plus tôt, elle l’avait entendu dire qu’il aimerait
partir avec elle, quelque part loin de tout.
Oui… Il l’avait dit d’un ton rêveur, sans vraiment se prendre au sérieux, mais
elle avait saisi ce besoin intérieur qui lui avait fait dire cela, peut-être
parce qu’elle ressentait également la même envie.
Et après tout la Bretagne… qui sait… Cela pourrait devenir bien plus qu’un
simple rêve.
Elle passa les mains dans ses cheveux, et alors qu’elle jetait une nouvelle fois
un regard par la fenêtre, elle les rassembla au dessus de sa tête avec un ruban.
Elle sourit et son cœur tressaillit quand elle vit André sur la route,
approchant de la maison. Il leva les yeux vers la fenêtre, comme il le faisait
toujours, instinctivement, à sa recherche, et leurs yeux se rencontrèrent en
silence.
****
« Attends mon amour… je veux encore sentir ton odeur… »
Il la tenait dans ses bras et l’embrassait, les yeux fermés il humait le parfum
de sa peau, tout prés d’elle, penché sur la balustrade de la terrasse, éclairés
seulement par les étoiles. Ils avaient diné là, il y eu même quelques verres de
vin, ce soir là. Oscar avait ouvert une bouteille qu’elle avait mis de coté, et
avait revêtu une robe très féminine et légère. Elle le faisait parfois, et ce
soir-là, comme toujours en pareil cas, ils n’avaient pu arriver jusqu’au
dessert, car les mains d’André la caressaient, et s’insinuaient sous ses
vêtements, sur chaque parcelle de son corps. Le souffle court, il entourait ses
seins et semblait vouloir la faire sienne sur le champ sans même entrer dans la
maison.
« André… attends… »
« Non… ne bouge pas… laisse moi faire… »
« André… oh, André…oui… »
Quand il faisait cela elle ne pouvait jamais lui résister : il venait de
soulever sa robe et caressait doucement l’intérieur de sa cuisse, la faisant
frissonner. Ses doigts s’insinuèrent sous ses vêtements, l’effleurant
langoureusement, et comme il l’embrassait avec encore plus de passion il sentit
son gémissement s’étouffer tout contre lui. Il l’attira encore plus à lui,
presque subitement, comme s’il ne pouvait pas attendre plus longtemps, et poussa
doucement son corps contre elle, en elle. Il la prit haletant puis resta un
moment immobile, comme brulé par le désir et le plaisir. Puis il commença à se
mouvoir lentement, tout en continuant de l’embrasser tendrement avec des gestes
d’une infinie douceur dans une assonance qui libérait ses soupirs dans l’encre
de la nuit. Cela faisait des jours qu’ils ne s’étaient pas retrouvés ainsi, et
cela fut beau.
Oscar s’abandonna à ses sensations, elle s’agrippa à lui totalement perdue, ils
ne faisaient plus qu’un dans leurs soupirs et les frémissements de leur corps.
Elle ressentit les ondes dechaleurs qui la parcouraient, l’enveloppaient, tandis
qu’elle le tenait dans une tendre étreinte presque haletante, le laissant
l’attirer à lui pour l’aimer lentement, sans s’interrompre. Et elle sentit qu’il
atteignait égalementle paroxysme, Alors qu’elle perdait peu à peu pied,
étouffant un gémissement dans une respiration devenueplus laborieuse, tout en le
poussant à continuer pour lui faire ressentir tout le plaisir qui
l’envieillissait, mais aussi accueillir le sien.
Il la tenait toujours dans ses bras, sans se séparer d’elle, et alors que sa
bouche touchait presque son oreille, elle sentit son souffle qui s’apaisait sur
son cou, et son visage se pencha de nouveau sur ses lèvres.
« André… »
« Mon amour… »
« Je dois te dire quelque chose André… »
« … quoi … »
« Une chose importante… importante… »
Un tendre baiser. Ses lèvres douces.
« Dis-moi… »
« …Je… »
« Mon amour… Dis-moi… »
« … Je suis… oh, mon amour… si tu fais cela… »
Il interrompit son baiser, ses lèvres en suspens au dessus de sa bouche.
« Dis-moi, je t’écoute… »
« J’attends un enfant, André… »
***
Tout ce qui nous arriva par la suite fut la conséquence directe des choix que
nous avons fait ce soir là. En regardant en arrière, mais aussi en parcourant
des yeux ces pages pleines de mon écriture, je me rends compte que tous les
évènements qui ont tracé notre histoire semblent étroitement imbriqués les uns
aux autres, c’était comme si le destin les avait tracé d’avance.
Une tache d’encre s’étale sur mes doigts, cette forme presque régulière m’est
devenue familière, et je ne saurais dire si cette sensation de stabilité que je
ressens –et ce alors que je relis ce que je viens d’écrire- vient des faits eux
même ou de ma façon de les narrer, car même si nous prétendons relater
strictement le passé, en réalité une part de nous l’interprète, et nous ne
pouvons faire autrement que de sélectionner les événements selon l’explication
que nous en avons donné, et qui n’est cependant pas nécessairement le vrai sens.
La seule chose que je sache est que au moment de les vivre, certains ne
semblaient avoir aucun sens, et que plusieurs années furent nécessaires avant
que nous puissions regarder en arrière avec suffisamment de détachement et la
sérénité de ceux qui n'ont pas peur de ce qui a été, parce qu'ils l'ont compris
dans leurs cœurs et en ont une possession solide et sûre.
Ce qui nous arriva par la suite s’écrit encore et c’est une histoire que je ne
peux pas encore raconter car j’écris au jour le jour, alors que je la vis. La
fille que j’ai eu, l’homme que j’aime, notre maison et les heures que nous
passons ensemble, qui changent les uns après les autres, constamment différents,
tout comme nous nous changeons. Notre paix, nous l’avons construite dans ce
nouvel endroit, car c’était ce que nous souhaitions avant tout. Nous l’avons
construite et défendue de tout ce qui aurait pu la perturber, et ce en dépit des
nombreux dangers qui la menaçaient.
De plus un journal comme celui-ci ne suffit pas à tout expliquer. Ces mains ont
fait trop de choses qui ne peuvent être expliqué dans une vue d’ensemble ou même
donner un sens à tout cela. Je l’ai cherché, et ce pendant longtemps, nous
l’avons même cherché à deux. Mais il ne nous est jamais apparu la formule
magique qui nous permettrait de comprendre chaque détail, qui donnerait un sens
à chacune des souffrances endurées, chacun des attachements perdus, chaque
chapitre clos, chaque blessure reçue ou infligée qui à la fin laissaient comme
une cicatrice sur la peau. Mais au final je ne pense pas que tout puisse sembler
plus clair, que nous puissions découvrir une révélation soudaine, et que si nous
fermons les yeux nous recevrons toujours le don d’un ‘pourquoi’.
Je pense que la raison de tout cela n’est pas la réponse qui nous a demandé tant
d’effort, celle-ci importe peu au final, ce qui compte c’est le voyage entrepris
pour la trouver. Peut-être que le seul objectif tangible de cette route que nous
empruntons, faisant le bien ou le mal à chaque étape, n’est pas la finalité du
voyage, mais tout simplement le chemin que nous suivons.
Dans les réponses que j’ai pu trouver, bien sûr, certaines me plaisent plus que
d’autres. Il y a des valeurs et des idées auxquelles je continue de croire
malgré tout, même si j’ai cessé de croire qu’elles peuvent me permettre de tout
comprendre. Le monde qui m’avait engendré s’effondrait alors que je restais en
vie et capable de le voir se déliter, et c’est l’univers que j’avais construit
en moi pour expliquer l’autrequi m’a soutenu. Ce qui ne m’a jamais abandonné –
juste égaré pour un court instant, mais qui m’est revenu pour me réconforter-
c’est l’amour présent dans ma vie, même maintenant. Et l’espoir, la foi, que
l’amour était une raison suffisante.
Je n'oserais pas en dire plus.
Mais c’est peut-être assez, vraiment assez, si c’est par amour que j’ai ressenti
cette nécessité de m’assoir derrière ce bureau et de raconter ce qui m’est
arrivé, de me rappeler les sourires et les larmes qui sont apparus sur mon
visage et sur le sien, encore ressentir, à chaque mot couché sur le papier de ma
plume, la douceur poignante de ce que je ressentais alors et que je ressens
toujours. Durant tout ce temps passé à remplir de pleines pages de mon journal,
pendant que me venait la voix de ceux qui par leur existence donnent un sens à
ma vie, jamais un instant ce sentiment de gratitude et de joie, pour ce que j’ai
eu, n’a abandonné mon cœur aguerri, et pourtant toujours aussi fragile face à la
vie.
L’amour je l’ai connu de par les mains d’André, qui a grandi au sein de ma
maison et était destiné à être mon serviteur, qui durant toutes ces années était
à mes cotés de la façon dont les autres l’avaient décidé pour nous, avant que la
souffrance mais aussi beaucoup d’efforts nous permettent de comprendre les mots
que notre cœur nous soufflait, mais aussi de trouver le courage de les écouter.
Pour pouvoir suivre cette voix nous avons dû faire face à de nombreuses
épreuves, terribles et emplis de la cruauté depersonnes qui n’avaient aucune
raison de nous détester, et qui pourtant n’ont pas hésités à travailler à notre
ruine.
Des gens qui,
peut-être
à leur manière, nous aimaient,
mais, étant convaincus d’être guidés par le bien dans une affirmation absurde de
savoir ce qui était bien pour nous, nous ont causé une douleur encore plus
redoutable car le tout était caché derrière l’image de l’affection.
Mais les tentativesles plus graves, qui nous ont couté d’avantages, et devant
lesquels nous avons vraiment failli chuter, étaient celles que nous nous sommes
infligés à nous même, quand nous avons succombé à la peur et que nous avons cédé
à notre postulaten oubliant de faire confiance à notre lien, nous abandonnant au
désespoir et au ressentiment, étant même persuadé que ce que nous ressentions
n’était pas vrai.
Au lieu de cela, la seule chose qui était vraiment importante, était cet amour
qui nous était destiné et devait être l’âme de toute notre existence, et malgré
ceux qui tentèrent de nous soumettre, convaincus que cet amour n’était qu’une
absurdité.
J’ai mis si longtemps à me rendre compte que j’avais besoin de lui, et avant que
ma tête ne s’en rende compte c’est mon cœur qui le comprit à travers ses baisers
et ses caresses, quand nos corps se touchaient et que nous ne savions pas quel
mot donner à cette force qui irrémédiablement nous attirait l’un vers l’autre
sans que nous puissions nous détacher. Sans que je le sache, car il m’a avoué
m’avoir aimé dés le premier jour. Mais au fond sans qu’il ne le sache non plus
réellement, parce que même après avoir reçu mon amour, il ne put se convaincre
que j’étais vraiment à lui.
Ce fut dans ses bras que je compris réellement qui j’étais, ce sont ses douces
caresses et le contact de sa peau contre la mienne, qui m’ont rendues à
moi-même. Et c’est dans ses mains que j’ai confié ma vie avant de savoir que je
la confiais à son cœur.
Je l’ai compris de cette façon, partageant ses émotions et ses tremblements,
parce que je n’ai jamais étais en mesure de lui résister quand il me pressait
contre lui, et cela dés la première fois à la rivière.
Ce fut bien plus tard que je compris que cet appel instinctif était la langue
utilisé par une force beaucoup plus profonde, un lien ancré dans nos âmes depuis
le début, qui se nourrissait de confiance, dévouement et respect. Jusqu'à ce que
j’apprenne cette leçon, et lui aussi, notre union intense et passionnée était
vulnérable et fragile, comme certaines choses merveilleuses qui se produisent
dans la vie, qui éclairent par leur éclat une saison mais pas assez brillante
pour continuer àluire alors que le voyage se poursuit sur le chemin.
Mais le notre était un amour véritable et il a également survécu à cela. Et
c’est peut-être pour cela que nous avons survécu nous aussi.
Dans notre maison, en tournant mon regard vers les étendus verte de la Bretagne
à travers la fenêtre, je chérie comme un don précieux cette joie sereine de
pouvoir regarder mon chemin sans ressentir l’amertume du regret ou la douleur
aigue du remord, sans que maintenant ma mémoire puisse retracer les décisions
prises par le passé en se languissant dans un désir vain de les rendre
différentes. J’écoute désormais les voix de dehors, celle de mon compagnon qui
est plus riche et chaleureuse maintenant que le temps l’a modulé dans sa pleine
harmonie, et celle de notre fille qui va bientôt devenir une femme, et qui devra
tracer son propre chemin de par ses choix, sans que nous ne puissions la
protéger de la douleur qui, comme ça arrive à chacun, risque d’être le prix à
payer pour son apprentissage de la vie. J’espère seulement qu’au cours de son
voyage elle aura l’amour à ses côtés.
C’est la seule chose qui compte.
Mon nom est
Oscar François de Jarjayes, je suis une femme. Je suis née
le
25 Décembre 1755, mon père m’a donné un nom d’homme et m’a mis une épée entre
les mains, j’ai longtemps cru que ma vie était de renier ma vrai nature. J’ai eu
la chance infinie de connaitre un merveilleux et difficile amour, qui m’a
soutenu, me tenant la main, pour me permettre de découvrir qui je voulais être
vraiment. J’ai abandonné tout ce qui faisait ma vie d’alors. Tout sauf lui, sauf
moi.
Fin
mail to :
alessandra1755@yahoo.it
Ghanima: (ka1@free.fr)
pubblicazione sul sito Little Corner del giugno 2020