Dans ses mains
partie XIV
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Préface de l’auteur Alessandra à la traduction (2017, chapitre 14 à 20)
Mettre fin à la traduction de « Nelle Mani » était une idée qui ne m’avait
jamais vraiment abandonné, même si le travail de Lady Rose (que je remercie
chaleureusement encore une fois) avait commencé il y a de si nombreuses années
et c’était arrêté au chapitre 12. J’ai aussi essayé de faire cavalier seul, mais
la traduction de ce genre d’histoire est une entreprise très difficile, surtout
quand le Français n’est pas votre langue natale. Pourtant ce désir ne m’a jamais
quitté, et c’est avec joie que j’ai accueilli la proposition de Ghanima d’aller
de l’avant et de terminer cette aventure, un tel rêve qui, finalement, était sur
le point de commencer. Je dois remercier son grand enthousiasme et sa
reconnaissance pour mon histoire, qui nous à conduit ici aujourd’hui à proposer
au public Français la poursuite de la traduction, et cette fois nous arriverons
à la fin, parce que Ghanima, avec tant de talent, de passion, et une rapidité
incroyable, à déjà presque traduit toute l’histoire et nous travaillons ensemble
avec beaucoup d’engagements et de plaisir pour présenter aux lecteurs la
meilleur forme qui soit. Je tiens également à remercier Nicole, pour avoir
accepté de travailler avec nous sur l’examen final des chapitres. Et merci
Laura, ma très bonne amie et éditrice en Italien qui me soutient et me publie
depuis quinze ans. J’espère avoir réussi dans notre désir de partager les
émotions qui nous ont accompagnés au cours de nos réunions de lecture et
d’écriture pour vous, et que vous aimiez « Dans ses mains ».
Brève note de la traductrice Ghanima (2017, chapitre 14 à 20) :
Je connaissais « Nelle mani » depuis plus de 10 ans, et je revenais
invariablement vers cette fic car elle était tout ce que j’aimais. A chaque fois
j’espérais que la traduction ai repris, mais hélas à chaque fois rien.
A chaque fois je la relisais mais ce n’étais pas pareil qu’en Français il
fallait que je fasse des « efforts » pour comprendre et je voulais la lire
facilement sans avoir à me torturer la tête, je me suis donc lancé dans la
traduction de la suite.
Alors que j’avais commencé je me suis tout bêtement dit « ma grande tu ne dois
pas être la seule qui désirerai connaitre la suite en Français de cette sublime
fic, donc pourquoi garder pour toi la traduction ? Pourquoi ne pas en faire
profiter tout le monde, et surtout ceux qui ne la connaissent pas, leur faire
découvrir Nelle mani ? » C’est comme cela que tout ça a commencé.
Ce fut un travail laborieux, mais tellement gratifiant, je tiens avant tout à
remercier Alessandra de m’avoir permis de continuer cette belle aventure,
avancer avec elle sur cette traduction a été une formidable expérience, j’espère
ne pas l’avoir déçue. Mais aussi et surtout je la remercie pour cette sublime
histoire.
.
Présent même sur les sites Internet:
Le Royaume de la Rose de Versailles
http://royaumedelarose.free.fr/storyline/index.php
et Lady Oscar - André
http://www.ladyoscar-andre.com/
Dans ses mains
Partie XIV
Lui dire qu’il ne l’avait pas trouvée n’avait
fait qu’empirer les choses.
De retour chez lui, il lui avait raconté tout de suite, en précisant qu’il avait
rencontré la gouvernante du domaine. Le Colonel Oscar de Jarjayes n’était pas au
logis, il était en mission avec son régiment et ne serait pas de retour avant
trois semaines.
André l’avait regardé avec étonnement, comme s'il ne le croyait pas. Il lui
avait demandé s'il en était sûr, s’il lui disait la vérité.
Il lui avait demandé aussi s’il avait eu l’impression d’avoir été trompé.
Mais non, il avait parlé à la gouvernante... à sa grand-mère...
sa grand-mère ne pouvais pas lui avoir menti… elle avait presque fondu en
larme à l’évocation de sa disparition. Mais il ne pouvait pas rentrer pour la
rassurer et lui dire qu’il était en vie, car
s’il y retournait on tenterait
à nouveau
de le tuer.
Et Oscar ? Oscar était en mission. Oscar vivait encore là-bas au domaine
Jarjayes. Oscar continuait sa vie sans lui, sans
le chercher ... une mission de trois semaines comme si tout était normal, elle
poursuivait sa routine sans se demander où il était,
sans se soucier … Comment cela se pouvait-il ?
D’un regard consterné il avait demandé à nouveau à Alain « En es-tu sûr ? »
Ses mains s’étaient alors portées à son visage.
Qu’est-il arrivé, Oscar ?
Soudain, un gémissement s’était
échappé
de ses lèvres, tandis que ses mains glissaient sur sa bouche et que ses yeux
brillaient d’un éclat de terreur.
« Qu’est-ce qu’ils t’ont raconté ? Mon dieu, qu’est-ce qu’ils t’ont raconté
Oscar… »
Avait-il murmuré, ne se souciant plus ni de son secret ni du fait qu’il n’était
pas seul, alors que ces mots lui échappaient. Et Alain était là, et avait tout
entendu.
Puis il avait essayé de se lever, sur l’instant, et était resté assis au bord du
lit, tremblant, très pale. Les poings serrés sur le drap, il avait fait un
effort surhumain pour se lever. Mais il avait perdu l’équilibre, sa tête
tournait, et il serait tombé si Alain ne l’avait pas retenu.
« André calme toi ! Que comptes-tu faire ? »
« Je dois y aller, je t’en prie » avait-il dit
épuisé, les yeux fermés.
« Tu sais que tu n’es pas en état de te déplacer… »
« Aide-moi à y aller Alain, aide-moi… »
« Je t’en prie André je ne peux pas…
réfléchis...
tu es trop mal pour te lever. Si je t’aide à quitter ton lit, se serait comme
t’aider à mourir et non à la retrouver ».
«Peu importe si je meurs, peu importe… Mais elle doit savoir, je dois lui dire
la vérité tout de suite …»
« André écoute… Je vais lui dire moi la vérité, mais dis-moi qui est cette
femme. Si Oscar de Jarjayes n’est pas là nous
allons faire sans son aide, je trouverais un moyen. Ecris-lui, écris-lui une
lettre et je la lui porterai et elle saura la
vérité
tout de suite. Mais reste couché, tu ne peux vraiment pas te lever André… soit
raisonnable »
Alain le sentit retomber entre ses bras, et de nouveau s’effondrer sur le lit.
Il le regarda, le désespoir d’André se lisait sur son visage alors qu’il hochait
la tête « Non, ce n’est pas possible, ce n’est pas… »
Il s'agenouillait près de lui, et le saisit par les bras :
« Pourquoi André ? Pourquoi ce n’est pas possible ? Dis-moi qui est cette femme
et je la trouverai, que ce soit une archiduchesse ou la Reine en personne, je
trouverai un moyen de lui parler et je lui remettrais ta lettre. Je peux le
faire, André !»
« Alain, non, non… » Il continuait à
secouer la tête de désespoir « Tu ne peux pas savoir, tu ne peux pas...
C’est Oscar... Oscar... personne d’autres... qu’Oscar... C’est Oscar qui
doit avoir ma lettre… Mais si cette histoire de mission est vraie, je ne sais
pas ce qui s’est passé, pourquoi ce départ… Si ce que tu dis est vrai, Oscar
refusera de te parler… et probablement même à moi… même à moi… »
Encore une fois, il enfouit son visage dans ses mains:
« Qu’est-ce qu’ils lui ont raconté…
qu’est-ce qu’ils lui ont raconté à mon sujet… »
« Je suis désolé André mais je ne te comprends pas. Quoi qu’il en soit Oscar de
Jarjayes est absent, pour l’instant, et si nous n’avons pas d’autre choix que de
lui parler à lui uniquement,
la seule chose à faire c’est d’attendre. Il est surement trop loin pour que nous
puissions le rejoindre, de plus la destination des régiments n’est pas une
information à la portée du premier venu, tu comprends ? Même si je voulais le
trouver sur l’instant pour lui donner ton message je n’y arriverai pas, cela
serait vain. Il te faut l’accepter. »
Ils restèrent
silencieux
un long moment.
« Prend du repos et mange quelque chose. Ne t’agite pas s’il te plait, cela ne
résoudra rien. Tu dois patienter, et pendant ce temps guérir et ensuite
tu pourras toi-même retrouver cette femme, ou
retrouver Oscar. Tu pourras alors lui
parler toi-même, parce que tu iras mieux, à ce moment-là ».
*
André ne lui dit rien, il était sur le point de révéler la vérité à Alain, mais
il ne put s’y résoudre, même s’il sentait qu’il pouvait lui faire confiance. Il
savait qu’Oscar était hors d’atteinte pour le moment, et s’il ne pouvait pas la
rejoindre il valait mieux qu’Alain ne sache pas : cela ne servirait à rien, et
augmenterait les risques, pour tous les deux.
***
Ces journées s’égrainèrent très lentement, avec des moments faits d’effarement,
mais aussi d’hypothèses et d’angoisses toujours plus abyssales. Dans cette
immobilité forcée, ces gestes répétitifs de survie quotidienne, cette
impuissance frustrante qui ne faisait que croître avec le temps au lieu de
diminuer, André pensa devenir presque fou. Ses rêves n’étaient faits que d’elle,
ses moments d’éveil son esprit n’était tourné que vers elle, avec douleur, avec
désir.
Durant ces trois semaines il compta les jours. L’un après l’autre, essayant de
suivre au mieux les conseils du médecin, avec pour seul but de guérir,
rapidement, parce que guérir signifiait la voir, pouvoir lui parler, pouvoir
l’embrasser enfin, l’avoir à nouveau avec soi.
Et pourtant quelque chose d’horrible devait être arrivé, il en était sure.
Qu’avait-on put lui dire ? Qu’est-ce
qui pouvait l’avoir poussée à rentrer au domaine après leur fugue ?
A moins qu’elle ne soit jamais venue à l’auberge à Paris ?
On les avait découverts,
c’était la seule explication. Mais même cela
n’expliquait en rien son sort à elle.
Et si elle n’était pas en mission ? Et si on avait menti même à sa grand-mère ?
S’ils avaient réservé à Oscar le même sort que le sien ?
L'horreur qu'il éprouva à cette pensée lui coupa le souffle.
C’était une possibilité malheureusement, une effroyable possibilité.
Mais non, il ne voulait pas y croire. Ce n’était pas le genre de crime aisé à
camoufler, Oscar était bien trop en vue, et si son père l’avait assassinée il
n’aurait pu, ni voulu en éviter les conséquences. Cette tragédie familiale
l’aurait conduit à s’ôter la vie juste après sa fille. Oui le général en était
capable, mais la tuer et ensuite la faire disparaître … non… non.
Il ne voulait plus y croire et se cramponna aux
paroles de sa grand-mère. Il se fit répéter exactement chacune des phrases
qu’Alain avait entendues, en reprenant chaque détail. Cela ne pouvait pas être,
Oscar allait bien. La femme de chambre – surement Julie - avait dit qu’elle
était partie depuis deux jours, donc elle l’avait vue deux jours auparavant.
Jusqu'à il y a deux jours elle allait bien. Et la nuit de son agression était
beaucoup plus ancienne que cela, si le général avait voulu tuer sa fille il
l’aurait fait le jour même.
Ou alors aurait-il attendu son retour de mission, celle pendant laquelle ils
avaient prévus de fuir ?
Mais dans ce cas cela voudrait dire qu’Oscar
n’avait pas suivi le plan et n'était pas venue
à Paris. Pourquoi ne serait-elle pas venue ? Aurait-elle changé d’avis ? Non,
c’était
impossible, pas sans lui en avoir parlé avant.
Peut-être avait-elle était forcée de rester à son régiment, pendant que son père
organisait l’attaque par deux assassins sur Paris.
Bien sûr, que le général était capable d’un acte aussi vil, il ne l’aurait pas
cru, cependant.
C’était un homme têtu, fier et impulsif, ça il le savait. Il était aussi assez
colérique, et méprisait les personnes ordinaires, les gens comme lui…oui…tout
cela il le savait.
Mais qu'il puisse vraiment souhaiter sa mort, en orchestrant un plan si
machiavélique, c'était une chose qui réussissait tout de même à le bouleverser.
Pourtant sa seule certitude est que cela venait de lui.
Mais pourquoi maintenant Oscar ne le cherchait pas ?
Pourquoi ne se souciait-elle pas de ce qui était arrivé à l'homme qu'elle
aimait, ou prétendait aimer ? Celui qu'elle aimait, oui, oui... qu'elle
aimait... Comment pouvait-elle retourner vivre à Jarjayes en faisant comme s’il
n’avait jamais existé ?
Que lui avaient-ils dit ? Comment avaient-ils bien pu la convaincre, lui faire
croire quelque chose qui l’avait conduite à l’oublier ? Comment ?
Il regarda ses mains, tout en les portant à son visage, il se remémora la
douceur de sa peau à elle sous ses caresses. Il recherchait du réconfort dans ce
souvenir, mais cela lui paraissait si loin, presque comme si tout cela n’avait
jamais existé.
*
Pourtant il allait de l’avant. Il survivait. Il mangeait chaque jour ce que la
sœur d’Alain, Diane, lui portait avec son doux sourire. Elle était jeune
instruite et belle, elle le traitait avec
dévouement, presque avec de l’affection et cela réussissait parfois à le
réconforter.
Elle aussi,
cependant, avait compris
qu’il était tourmenté par un lourd secret.
Elle ne lui posait jamais aucune question,
mais elle l’avait compris. Et cela plutôt que d’éloigner Diane de lui, ne
faisait qu’augmenter son attachement.
*
Finalement il fut capable de se lever et de sortir.
Un mois venait de passer, il ne pouvait pas encore faire d’efforts ni de
mouvements brusques, mais il allait rapidement récupérer.
La première chose qu’il fit, fut de se rendre à l’auberge pour essayer de
comprendre ce qui s’était passé.
L’aubergiste ne le reconnut pas immédiatement, mais après avoir scruté son
visage il se souvint. Bien sûr, Monsieur Antoine Boucher, un client qui paye
d’avance cela ne s’oublie pas. Il n’hésita pas à répondre à sa question anxieuse
« Oui Monsieur, la personne que vous attendiez est bien venue. »
« Etes-vous sûr? » lui demanda t’il.
« Bien sûr. »
Il se la fit décrire. Oui, elle
était venue.
Oscar était venue.
Ils avaient décidé de l’inscrire sous un nom masculin pour éviter toute
méfiance, et il se souvenait du nom.
« Ensuite qu’est-il arrivé ? »
L'aubergiste avait l’air perplexe, et ne répondit pas immédiatement.
« Un imprévu m’a empêché de rencontrer ce monsieur – expliqua André - et je ne
voudrais pas qu’il m’en tienne rigueur »
« Eh bien… en fait… je dois vous avouer
qu’il me semblait
très déçu de ne pas vous avoir trouvé »
« Que
vous a-t’il dit ? »
« Je ne me souviens pas exactement, car nous avions beaucoup de clients ce
jour-là et j’étais absorbé par mon travail… Mais
à un moment il est descendu d’un air choqué et m’a demandé si quelqu’un était
passé. Quand je lui ai répondu que non il est remonté et est ressorti après une
demi-heure. Je ne l’ai plus revu par la suite. »
« Il est parti seul ? »
« Oui, seul. »
André de plus en plus agité, écoutait le tout
très attentivement.
« Eh bien je vous remercie » dit-il avant de remettre une pièce d’argent à
l’aubergiste.
« Oh… je vous remercie. Monsieur ! Ah oui un moment… attendez… »
« Oui »
« Je me souviens que votre amis a oublié quelque chose avant de partir. Attendez
moi un instant je vais voir si je le retrouve, pour que vous lui rendiez. »
Il revint peu de temps après déposant une paire de gants en cuir sur le bar
ainsi que le manteau d’Oscar.
*
Dés qu’il fut dehors et seul il plongea son visage dans le manteau et son cœur
se mis à battre la chamade. Il sentait elle… elle avait été là,
elle était donc venue.
Elle avait dit qu’elle le ferait et elle était
bien venue.
Tout à coup il réalisa à quel point elle lui manquait, et combien il avait
besoin d’elle.
Mais qu’était-il arrivé ?
Elle ne l’avait pas trouvé à l’auberge, bien sûr, et avait pensé que c’était lui
qui l’avait abandonné. Voilà pourquoi elle était bouleversée lorsqu’elle était
partie.
Elle devait croire qu’il l’avait trompé, qu’il lui avait menti.
Mon Dieu….
Mais pourquoi ? Pourquoi avait-elle cru une chose pareille après tout ce qu’ils
avaient vécus ? Après toutes ces étreintes secrètes, après s’être
jurés un amour éternel, après avoir fait tous ces projets d’avenir ?
Pourquoi n’avait-elle pas envisagé que quelque chose lui était arrivée ? Quelque
chose de mauvais ? Que quelqu’un les avait découverts et tentait de les
séparer ? Pourquoi ne l’avait-elle pas cherché partout ? Pourquoi n’avait-elle
pas accouru à la maison comme un diable en folie pour affronter le général qui
était le seul qui aurait pu
se mettre entre eux, et d’ailleurs il l’avait déjà fait par le
passé ? Si Oscar avait eu le moindre soupçon de cet ordre, nul doute qu’elle
aurait fait face au général, il en était sure !
Mais elle ne l’avait pas fait. Elle n’avait donc aucun soupçon, pourquoi cela ?
Comment aurait-elle put être si facilement convaincue qu’il l’abandonnerait
ainsi, et de façon si méprisable ?
Non... non. Il ne pouvait s’en convaincre. Il devait y avoir autre chose pour
sûr.
On avait dû inventer quelque chose sur lui, c’est sûr, Dieu seul sait quels
ignobles mensonges avaient étés inventés. On avait dû réussir à la convaincre.
Mais comment avaient-ils réussi à la convaincre ? Qui sur Terre pouvait
convaincre Oscar qu’il ne l’aimait pas ?
Pourtant cela avait dû se passer ainsi. Exactement ainsi.
C’était pour cela qu’elle était retournée au domaine de Jarjayes et avait
recommencé à vivre comme si de rien n’était.
Où aurait-elle pu aller, sinon à la maison?
Et qu’avait-elle eu dans son cœur durant tout ce temps qui les avait séparés ?
Mon Dieu Oscar, qu’as-tu pensé de moi ? A quoi
songes-tu en ce moment ? Comment se peut-il que tu songes à cela après tout
l’amour que nous avons eu l’un pour l’autre ?
Mais c’était la seule explication, elle devait croire qu’il l’avait abandonné.
Rien d’autre n’aurait pu la
pousser à renoncer, il en était sûr.
Et si elle l’avait cru mort, là non plus elle n’aurait pas renoncé : s’il était
mort le jour où ils auraient dû fuir ensemble, Oscar aurait compris
immédiatement ce qui c’était passé.
Il y avait quelque chose qui clochait dans son raisonnement. Quelque chose de
très grave avait dû arriver, quelque chose qu’André ne savait pas et qu’il
n’arrivait pas à imaginer.
Il devait la voir, peu importe le moyen mais il devait lui parler sans plus
attendre.
***
« Oscar… je vous en prie… cessez de boire… »
Il était tard, très tard même, mais il ne pouvait s’en aller en la laissant
ainsi.
Il était venu au manoir des
Jarjayes pour la voir, après avoir longtemps hésité, mais il voulait s’enquérir
d’elle.
Et maintenant il était seul avec elle, dans son salon privé. Dans la maison il
n'y avait personne, hormis quelques serviteurs
Oscar l’avait accueilli avec un sourire, le premier depuis fort longtemps, mais
dans ses yeux il avait lu le même désespoir que lorsqu’elle était partie de chez
lui, après qu’il l’ait recueillie plusieurs jours sans rien lui demander, suite
à ce fameux soir ou trempée il l’avait découverte errante dans les rues de
Paris.
Il avait ressenti le besoin de lui parler.
Elle ne l’avait jamais reçu dans son salon privé à l’étage, on y ressentait son
empreinte dans le moindre détail. Elle ne devait recevoir personne dans cette
pièce très privée et intime. Probablement cette porte ouvrait sur sa chambre à
coucher. Et pourtant elle l’y avait convié lui
proposant un verre près
de la cheminée. Son regard se portait au-delà de la seule fenêtre de
la pièce, donnant dos à Oscar, ne voulant pas l’embarrasser quand elle buvait.
La soirée avait démarré amicalement, avec un cognac et un regard presque
paisible de sa part. Oscar n’était que contrôle, son comportement était toujours
irréprochable, et comme à chaque instant
elle était on ne peut plus maitre d’elle-même,
aussi bien à la cour que lors des exercices de la garde, ou quand elle
accomplissait sa tâche et restait silencieusement dans l’attente d’un ordre de
la Reine. Durant toute cette période il l’avait
bien observée même s’il n’avait pu lui parler, il n’avait jamais pu observer le
moindre relâchement, jamais aucun moment d’abandon.
Mais maintenant…
Elle buvait lentement, dans un silence entrecoupé de quelques mots. Malgré tout
elle ne souhaitait pas s’épandre, et il avait essayé de prendre congé d’elle, à
un certain moment. Mais elle l’avait arrêté le
suppliant de rester comme si sa présence pouvait la consoler en quelque sorte.
Depuis qu’il l’avait recueillie à son domicile de Paris et qu’elle s’était
confiée à lui en larme, il semblait
que leur relation était devenue plus profonde.
Il n’était pas parti, mais il se sentait triste, regardant son verre de cognac
encore plein dans sa main d’où il n’avait bu que quelques gorgées, car cela lui
faisait trop mal de lui donner un prétexte pour s’enivrer.
Qui sait si elle le faisait souvent ?
Non probablement pas.
Elle avait probablement dû énormément souffrir cette nuit-là.
Elle souffrait horriblement, oui.
« Oscar… je vous en prie. Ne faites pas cela… je ne peux pas … »
Elle éloigna le verre de ses lèvres, et le posa au sol à côté de sa chaise. Elle
se passa une main dans les cheveux les soulevant avec un sourire inattendu.
Désabusé et doux.
« Qu’est-ce que vous ne pouvez pas Fersen ? Me voir baisser ma garde ? Et
pourquoi cela ? Nous sommes de bons amis après tout… »
« Oui Oscar nous le sommes, et c’est précisément pour cela… je voudrais… »
Il la vit se lever et se diriger vers la cheminée, appuyant délicatement sa main
sur le chambranle, faisant ainsi danser une masse de doux cheveux blonds.
« Vous voudriez faire quelque chose – finit-elle sa phrase à sa place - Mais
vous ne pouvez pas Fersen, personne ne le peut. »
Un sourire lui échappa alors qu’elle baissait les yeux en rajoutant : « Pourquoi
voulez-vous être maussade ce soir, et me rendre triste
à mon tour ? »
La découvrant se mouvoir de façon si féminine, Fersen se mis à penser que si
seulement le dialogue entre eux s’était fait ne serais ce que quelques mois
auparavant, après ces quelques mots elle se serait retrouvée dans ses bras.
Pourtant, maintenant, il ne pouvait pas. Il ne pouvait plus.
« C’est vous qui me rendez triste » dit-il doucement, sans lever les yeux de la
liqueur dans son verre.
« Votre voix est chaude, Hans, chaude comme cette pièce, chaude comme le feu qui
brûle dans ce foyer en plein milieu de l’hiver… »
Il leva un regard étonné vers elle, elle avait
un sourire doux et désespéré sur les lèvres,
elle n’avait pas quitté les buches du regard comme si elle suivait le fil de sa
pensée, comme s’il n’était pas là pour l’entendre, et elle continua « J’ai
toujours aimé le son de votre voix, vous savez ? Il fut un temps où
vous entendre parler me suffisait… »
« Oscar ... »
« Une époque plus heureuse que maintenant, en dépit de tout ... »
Fersen déposa son verre sur le rebord de la fenêtre, pendant un instant
il ne put prononcer aucun mot car les larmes lui montaient aux yeux sans
qu’il puisse les arrêter. Puis il s’avança, lentement, s’arrêtant devant elle et
lui pris les mains.
« Une époque plus heureuse –dit-il- mais qui n’est plus, sans que nous puissions
l’enfermer».
Il la regarda, tenant toujours ses mains dans les siennes. Elles étaient chaudes
et tremblantes.
« Une époque qui ne reviendra pas, n’est-ce pas, Oscar ? »
Il avait fini sa question dans un murmure, et elle avait pleuré, alors, laissant
les larmes dévaler rapidement son visage.
Elle s’abandonna à son étreinte déposant sa tête sur sa poitrine. Elle
était gracile et exhalait un doux parfum, au creux de ses bras elle pleura dans
un silence ponctué par les crépitements de la cheminée.
« Oscar, s’il vous plait… »
Il sentit son visage humide dans son cou, sur son visage, pendant qu’il la
serrait, sa peau tendre et délicate, son parfum
qu’il n’avait jamais humé auparavant. Il ferma les yeux et ce fut comme si pour
un instant ce temps qui ne reviendrait pas, il
le savait, n’avait pas encore disparu les laissant distants et esseulés. Ce ne
fut pas lui qui bougea, ce fut elle : ses douces lèvres effleurant son visage
comme dans une involontaire caresse, et dans un mouvement d’abandon d’une
infinie douceur se posèrent comme par mégarde sur sa bouche.
Alors il sentit son cœur battre la chamade dans
sa poitrine comme s’il ne s’était pas éveillé ainsi depuis mille ans, il sentit
sa volonté céder et un gémissement désespéré lui échappa. Pendant un instant il
oublia tout, ne pouvant résister à ce sentiment qui l’envahissait. Il l’enlaça
et l’embrassa, essayant de toutes ses forces de se convaincre que son abandon
était un abandon d’amour. Il lui rendit son baiser, et pendant qu’il le faisait
il fut heureux comme il ne l’avait plus été depuis longtemps. Et pendant un
moment, le temps d’un éclair, si bref qu’il pensait par la suite ne pas pouvoir
même le saisir, Fersen s’égara dans ce
baiser et dans l’illusion de l’amour.
« Oscar ... Oscar ... »
« Non ne pleure pas, Oscar ... »
Il avait prononcé ces mots tout en versant lui aussi quelques larmes. Faisant le
sacrifice ultime il se détacha d’elle prenant dans ses mains, dans une caresse
douce et tremblante, son visage.
« Oscar je vous en prie… je ne peux pas…. Vous allez mal... mal...»
Il s’approcha à nouveau, et eu de mal à retenir son envie de l’effleurer encore
de ses lèvres.
« Que tu es belle ... je ... oh, si seulement vous le vouliez vraiment, Oscar…
si c’était ce que vous souhaitiez… »
Il baissa la tête et s’éloigna dans un mouvant lent et empli de tellement de
souffrance, il étira ses bras pour la saisir par les épaules.
« Mais vous ne le souhaitez pas…
vous ne … non »
Il la regarda, et vit la confusion dans ses grands yeux, emplis par la douleur
et la stupeur de s’être laissée aller, incapable de revenir à elle, ou même de
comprendre et d’endosser la responsabilité de ce qui venait de se passer.
Il la regarda et fut empli de remords, de douleur, parce qu’il était le plus
forts des deux et que malgré tout il
avait cédé. Il posa ses mains sur son visage avec un léger sanglot.
« Pardonnez-moi Oscar, tout est de ma faute. Pardonnez-moi je vous en conjure.
Cela ne se reproduira plus. Pardonnez-moi … »
Elle le regarda, silencieuse et interdite.
Il la fit s’assoir et doucement quémanda à nouveau son pardon.
« Tout
est de ma faute Oscar, pardonnez-moi je vous en prie. Ne vous blâmez pas pour ce
moment d’égarement je vous en conjure, ne le faites jamais. Vous n’étiez pas
vous-même Oscar… cela fait si longtemps que vous n’êtes plus vous… »
Elle posa sa main sur son front, et pleura en silence. Elle lui adressa un
regard accablé, dévasté, comme si elle n’avait plus aucune raison de vivre. Et
ce fut Fersen qui se sentit mourir, sous ce regard.
Il savait qu’il devait l’aider,
qu’il le fallait absolument et tout de suite, il devait l’aider à retrouver le
chemin. Il essaya de récupérer sa lucidité, sa raison,
il prit une chaise et s’installa en face d’elle tenant ses mains dans l’étau
protecteur des siennes, il était ému.
« Parlez-moi Oscar, - lui dit-il - s’il vous plait parlez-moi. Dites-moi ce qui
s’est passé, je suis là pour vous… »
*
Et c’était bien ce qu’il pensait, il s’agissait
d’André.
André et Oscar avait bien eu une liaison, et elle était toujours éperdument
amoureuse de lui. Ce n’avait pas été facile pour
elle de le reconnaitre, mais à la fin elle l’avait avoué : d’une voix basse
comme abandonné, finissant sa phrase d’un sanglot presque libérateur.
C’était le vrai amour et cela en dépit de leur différence sociale. Et à cause de
cela, et uniquement de cela ils avaient du se cacher, accepter d’être séparés
car le risque d’être découverts était trop grand. Leur amour
s’était épanoui ici au domaine des
Jarjayes mais ils prenaient des risques, d’énormes risques car la distance entre
leurs deux mondes était infranchissable.
Mais Fersen savait ce qu’était des distances infranchissable.
Quel courage, cependant, Oscar ...
Bien sûr, quel courage de défier des siècles de conventions sociales, des
distinctions de classe, de préjugés. Le risque de tout perdre, d'être seul
contre tous et cela pour fuir avec lui.
Et André quel courage aussi.
Oscar avait mis en jeu son honneur, mais André sa vie. Si les choses étaient
bien comme elle lui avait décrit, si leur histoire était sérieuse, durable, et
pas seulement le caprice d’une nuit, ou une aventure sans lendemain… et bien… il
devait l’aimer, l’aimer passionnément, car il ne devait pas ignorer
les risques encourus par quelqu’un de sa condition qui s’amouracherait
d’une aristocrate, plus que cela à vouloir
devenir son compagnon. Oscar était une comtesse, et de la plus illustre
noblesse, un scandale comme celui-ci lui aurait valu beaucoup de commérage, sans
oublier que sa réputation se serait vue à jamais entachée,
mais André lui aurait été sans aucun doute tué.
Avec le Général de Jarjayes et … le choix de vie qu’il avait fait pour Oscar…
Oui bien sûr qu’il était conscient des risques qu’il prenait.
Et malgré cela ils s’étaient aimés, et voulaient s’enfuir ensemble…
Puis sans raison il l’avait abandonnée, le jour même de leur fugue. La laissant complètement
détruite, naturellement.
Mais il y avait quelque chose d’étrange, de très étrange dans cette histoire.
Oscar était trop bouleversée pour s’en rendre compte, mais vu de l’extérieur
c’était assez clair, du moins pour ceux au fait des méthodes actuelles dans
certains milieux où l’on rencontre ce genre de problèmes. Elle ne fréquentait
pas ce genre de salons, mais Fersen oui.
*
«Voilà maintenant vous savez tout… »
Elle l’avait dit d’une voix éplorée, laissant son bras allé sur le coussin. Le
feu était en train de mourir et Fersen se leva pour ajouter du bois. Puis versa
un verre d’eau et lui tendit avec son mouchoir.
« Tenez, essuyez vos larmes, mon amie »
« Oscar… écoutez… »
Elle leva les yeux vers lui.
« Veuillez m’excuser, je sais que ces souvenirs vous sont douloureux, et que ma
question peut sembler indiscrète, mais je vous assure qu’il n’est nullement
question de curiosité ou d’insensibilité de ma part. Mais Oscar… Est-ce que je
peux vous demander de quelle façon André vous a abandonnée ?»
Elle le regarda avec étonnement: «Que voulez-vous dire? »
« Je veux dire… Vous a-t-il parlé directement ou a-t-il envoyé quelque messager
à sa place ? Il s’en est simplement allé sans rien vous faire savoir ?»
Oscar soupira et répondit à voix très basse: « Il m'a écrit une lettre. »
« Une lettre ? »
« Oui. »
« Et comment vous l’a-t-il remise ? Et où ? »
Elle secoua la tête et lui raconta comment pendant cette longue soirée d’attente
elle avait entendu qu’on lui glissait une enveloppe à son nom sous la porte. De
ce qu’elle y avait découvert, et comment, désemparée elle s’était retrouvée
errante abandonnée dans les rues de Paris. Jusqu'à ce qu’il avait secourue en la
recueillant inconsciente à son retour de l’Opéra.
« Laissez-moi comprendre Oscar. André
conçoit dans les moindres détails un plan de fuite, vous donne des instructions
très précises pour rejoindre l’auberge, prévois de vous faire utiliser de faux
nom, vous fait prendre le risque de voyager seule car vous n’avez d’autres
choix, sort pour chercher une voiture, donne au propriétaire de l’auberge des
consignes pour le cas ou vous arriviez durant son absence… et ne vient pas ? Il
vous laisse attendre toute la soirée et vous glisse une lettre sous la porte et
s’enfuit sans que vous puissiez le retrouver ? »
« Hans, mais que… »
« Mais excusez-moi Oscar, à part le fait que, pour ce que je connais d’André, il
ne me semble pas être un homme à se conduire de la sorte, vous le connaissez
d’ailleurs mieux que moi et pouvais me le confirmer… Mais
surtout Oscar, pourquoi ? Pourquoi vous aurait-il
faite venir jusqu’à l’auberge pour vous abandonner avec une lettre ? Quelle
cruauté l’aurait poussé à faire une telle chose ? Et dans quel but ? S’il
voulait partir, il aurait très bien pu fuir sans vous donner rendez-vous sur
Paris et vous laisser une lettre à la maison s’il tenait tant à vous écrire.
Soit, imaginons qu’il vous ai quand même fait prendre le risque de venir seule
dans Paris, bien que cela aurait été l’attitude d’un lâche, pourquoi aurait-il
couru le risque de se rendre lui-même à l’auberge ? Car il était bien venu à
l’auberge non ? »
« Oui… Il y avait ses gants dans la chambre… il avait même dormi la veille dans
le lit… Fersen, mais que voulez-vous dire ? »
« Oscar... Je ne sais pas, mais ... Je me demande pourquoi. Cela n'a aucun sens.
A moins que ... vous aurait-il volé de l'argent ? Lui avez-vous remis une sommes
et il serait partit avec ?
« Non! Mais que dites-vous là, non ! »
« Et pourtant, croyez-moi, le vol aurait
été la seule raison plausible à tout ça. Car sinon il n’y a aucune logique à son
comportement, il a pris de gros risques pour réussir à vous faire beaucoup de
mal. Pensez-vous qu’il aurait pu vous détester à ce point ? »
« Non…non… je ne pense pas Fersen ». Désemparée elle posa ses mains sur son
visage et dit d’une voix faible.
« Si vous saviez combien de fois je me suis posé cette question… mais non… je ne
peux pas croire qu’il me haïssait. Qu’il me détestait, non, non… peut être qu’il
ne m’aimait pas, mais il n’avait aucune raison de me haïr ou de vouloir me faire
du mal délibérément… Et puis il n’est pas ce genre d’homme… non… »
« Mais alors Oscar pourquoi ? »
« Je… Il a peut-être eu peur au dernier moment et a préféré fuir… Dans la lettre
il me disait qu’il m’ aimait… qu’il m’aimait et qu’il faisait cela pour moi, que
cela faisait longtemps qu’il remettait en cause notre fuite car il n’avait pas
le droit de m’arracher à mon monde, qu’il avait compris que non, que cela
n’était pas juste... »
« Revenons au point de départ alors. Il y avait longtemps qu’il voulait renoncer
à s’enfuir et il s’est décidé d’abandonner au dernier moment ? Il dit que ce
n’est pas juste de vous obliger à fuguer
pourtant il vous fait fuir pour vous quitter ensuite ? Oscar tout
cela est étrange… très étrange même… pouvez-vous le comprendre ? Un homme qui a
peur des conséquences au point de s’enfuir ainsi ne peut pas avoir assez de
courage pour entretenir une telle relation avec vous, surtout aussi longtemps et
dans votre propre maison. »
« Hans, où voulez-vous en venir ? »
« Excusez-moi Oscar… J’hésite à vous révéler certaines choses… car ce ne sont
que des suppositions et je ne voudrais pas qu’elles vous causent un trouble
inutile… Mais je dois vous le demander car vous me semblez très confuse, et vous
n’êtes pas en état de regarder froidement les choses. Vous êtes trop impliquée,
je le comprends, mais vu de l’extérieur et maintenant que je sais… Je me suis
vite rendu compte que quelque chose n’allait pas… »
« Fersen… »
« Oscar êtes-vous sûre que la lettre que vous avez reçue était bien une lettre
d’André ? »
« Je ne comprends pas… »
« Je veux dire, cette lettre était bien écrite de sa main ? »
Il la vit lever la tête, le regard étonné avec comme une lueur de compréhension,
mais elle secoua la tête des larmes emplissant ses yeux.
« Oui Fersen c’était bien son écriture, et la lettre contenait des choses que
lui seul pouvait connaitre… lui seul… »
« Je comprends Oscar, mais cela ne signifie pas qu’elle venait bien de lui, une
écriture peut être contrefaite, il suffit d’avoir un modèle. De plus lorsque la
victime est émotionnellement impliquée comme vous l’êtes, il est encore plus
facile de la tromper. »
« Tromper ? Vous êtes en train de me dire qu’il s’agit...»
« Oscar je m’expose beaucoup en disant cela, et je crains de faire une erreur,
parce que si par malheur j’avais raison cela pourrait être beaucoup plus grave
que vous ne l’imaginiez, mais… je n’y crois guère, pardonnez-moi… il y a quelque
chose qui cloche, dans toute cette histoire. Pensez-y-bien : vous êtes
bouleversée, non parce que c’est la fin de votre histoire, si importante
soit-elle, mais parce que vous n’arrivez pas à croire que la personne qui vous a
écrit
cette lettre soit le André que vous connaissiez, n’est-ce pas ? »
« Oui… Il est si… »
« Je ressens exactement la même chose, et en
cela je crois que vos sentiments sont plus fiable que les miens… Et si en effet
il ne s’agissait pas de la même personne ? »
« Vous voulez dire… »
« Je ne veux pas vous bercer de veines illusions, mais…
si votre relation était telle que vous me l’avait décrite… pardonnez-moi
Oscar, je crois que vous le connaissiez bien, très bien même... De plus, vous
avez passé votre vie ensemble, n’est-ce pas ?»
« Oui »
« C’est pour cela que tout au fond de vous, vous le savez déjà… il ne peut pas
avoir fait cela… vous en êtes plus que convaincue je le vois bien. Tellement
convaincue que tout cela vous à détruite, cela
a changé votre façon de voir le monde… cela vous a anéantie… »
« Hans …»
« Oscar pardonnez ma franchise, mais… pourquoi ne faites-vous pas confiance à
vos sentiments ? Pourquoi ne faites-vous pas confiance à votre amour pour lui ?
Est-il possible que vous l’ayez à ce point mal jugé ? »
Le regard emplis de consternation et sanglotant : « Pourquoi me demandez-vous
cela Fersen ? - dit elle - Pourquoi ? Vous ne croyez pas que je me suis déjà
posé mille fois la question ? Que j’ai déjà souffert le martyre à force de me
demander encore et encore si cela été possible que je me sois trompée à ce point
? Mais André n’est pas là ! Vous le comprenez cela ? André n’est pas à mes
côtés, il a disparu pour ne jamais me revenir, et cela est un fait Fersen ! Un
fait ! »
Il lui serra les bras, et l’air très sérieux lui essuya le visage.
« Non je vous en prie ne pleurez pas, ce n’est pas le moment. Je vous assure je
vous comprends, mais vous devez vous ressaisir pour affronter cette situation,
vous seule pouvez faire le jour sur cette histoire, et vous vous devez de
le faire. »
Il attendit que les sanglots cessent, puis d’une voix douce mais emplie de
gravité il lui demanda à nouveau « Écoutez-moi maintenant et réfléchissez
attentivement avant de me répondre, est-ce que par hasard André vous a écrit
d’autres lettres ? »
« Je n’ai nullement besoin d’y réfléchir, oui il m’a écrit d’autres lettres »
« Et serait-il possible que l’une d’elle soit tombée dans d’autres mains ? Car
si vous aviez étés découverts cela aurait été la fin. »
« Nous le savions pertinemment, c’est pourquoi nous détruisions chacune de nos
lettres systématiquement. »
« A chaque fois Oscar ? Vous en êtes sûre? Vous avez systématiquement détruit
chacune de ses lettres ? »
Elle hésita un instant avant de répondre « Une seule… en fait je n’en ai gardé
qu’une seule, je l’ai conservée dans ma chambre »
« Et si … Imaginons que quelqu’un ai trouvé cette lettre, est-ce qu’il aurait pu en
déduire la nature de vos relations avec André ? »
Oscar frissonna : « Oui, certainement que oui »
« Et... Par hasard... aurait-il pu en tirer quelques informations utiles pour
écrire une nouvelle lettre, des éléments qui auraient pu vous faire croire que
c’était la même personne qui vous aurait écrit ? Y avait-il des choses que seul
André aurait pu savoir ? Ne vous précipitez pas, réfléchissez-y… Dans la lettre
que vous avez reçue à l’auberge, était-il évoqué quoi que ce soit qui aurait pu
se trouver dans la lettre d’André que vous n’avez pas détruite ? Je ne sais pas,
il s’agit là juste d’une hypothèse, je me trompe surement Oscar, peut être
avez-vous juste étés surpris par quelqu’un sans vous en rendre compte… »
Il découvrit de la stupéfaction dans ses yeux alors qu’elle ramenait ses mains
vers sa bouche : « Oui Fersen… Mon Dieu…
c’était bien les mêmes moments évoqués… » Il s’agissait de cette nuit, cette
fameuse nuit dans la cuisine.
« Hans… mais si cela est vrai cela signifie… Oh mon Dieu… quelqu’un c’est
introduit dans ma chambre, a fouillé mes affaires et a trouvé la lettre… Il s’en
est servi pour en écrire une autre pleine de mensonges en imitant l’écriture
d’André… il faut que je garde mon calme… en supposant que tout cela soit vrai,
que quelqu’un ait voulu délibérément me tromper avec cette lettre… pourquoi
aurait-il agi ainsi... pourquoi ? Aidez-moi à comprendre je vous en supplie
Hans, je ne peux plus réfléchir, je n’y arrive plus… »
« Si vous me demandez un raisonnement impartial,
Oscar, voici mon idée. Je pense que si vous aviez été découverts vous n’auriez
jamais accepté d’abandonner André quoi qu’il en coute. Cependant, vous n’auriez
eu d’autre choix que de vous résigner si cela venait de lui… »
Elle ne semblait pas y croire. Déconcertée.
«Mon Dieu ... Hans, mais ... mais vous rendez-vous compte que si cela est vrai
la seule personne qui aurait pu le faire est ... mon père ? Seul mon père, Hans.
Seule lui aurait voulu nous séparer. Non cela ne se peut, c’est justement cela
qui le rend impossible, qui rend tout vide de sens. Non seulement parce que
c’est monstrueux… c’est tellement monstrueux que je ne peux pas croire que mon
père ait pu faire une telle chose … mais…
Hans, mon père n’est pas homme à se comporter ainsi, je le connais… Il m’aurait
tuée s’il l’avait découvert… Il nous aurait tués tous les deux, André et moi, le
jour même… Oui cela il aurait pu le faire, je peux le croire sans la moindre
difficulté, mais quelque chose comme celle que vous dites, il ne peut pas
l’avoir faite, ça ne lui ressemble
pas. »
« Je suis entièrement d’accord avec vous Oscar. Et même si votre père est le
seul à avoir une raison pour vous séparer, il n’est pas homme à agir ainsi, je
suis d’accord : il vous aurait probablement tué, mais agir ainsi … » il laissa
échappé un soupir « Bien que... vous le savez, quand on est choqué la colère
monte… bien sûr, c’est bizarre … vraiment bizarre »
Il la regarda dans les yeux : « Essayez de vous rappeler, faite appel à toute
votre mémoire. Avez-vous remarqué quelque chose d’inhabituel dans votre
entourage ? Chez vous, ou a la cour ? Certaines personnes que vous avez trouvé
étrange de voir ces derniers temps ? Ou avant que tout cela n’arrive ? N’importe
quoi d’inhabituel, de curieux. Dés choses pour lesquels vous n’avez pas accordé
d’importance, mais qui maintenant à la lumière de ce que vous savez pourrait
vous aider à comprendre ? Réfléchissez-y Oscar ! »
« Eh bien… non … je ne pense pas, je ne vois rien et pourtant à ce moment-là
j’accordais de l’importance à tout je vous assure»
« Bien entendu et je peux aisément comprendre pourquoi, mais s’il vous plait
concentrez-vous, n’importe quoi même le plus insignifiant détail… Il ne devrait
pourtant pas vous être difficile de vous souvenir vu votre fonction, et je suis
sure que si vous n’étiez pas impliquée personnellement ces choses vous auraient
déjà sauté aux yeux dans pareil cas. »
« Pourtant je ne vois rien Hans, rien, mise à part peut-être… mais c’est
vraiment insignifiant.. »
« Dite toujours cela ne peut pas faire de
mal, non ? »
« Non en effet… en fait, quelques jours avant la date programmé de notre départ,
alors que je rentrais tard, la gouvernante m’informa que nous avions reçu de la
visite, une personne qui n’était jamais venue auparavant. »
« Une personne ? »
« J’ai d’ailleurs trouvé cela étrange, car on m’informa qu’elle était venue
rendre visite à ma mère, hors tout le monde sait que ma mère vit à Versailles…
Ainsi elle fut reçue par mon père. Mais j’avoue ne pas y avoir pensé depuis »
« Qui était cette personne Oscar ? »
« Une dame que peut-être vous connaissez, Madame de Surgis »
Soudain les yeux écarquillés ne pouvant cacher sa surprise et surtout son
angoisse. Fersen demanda : « Vous avez dit Madame de Surgis ? »
« Oui, pourquoi ? »
« Mon Dieu Oscar ! Madame de Surgis est connue pour être impliquée dans
plusieurs intrigues scabreuses de ce genre, par le passé. Il ne s’agit là que de
rumeurs, des soupçons, rien de certain à vrai dire, mais j’ai souvent entendu
parler d’elle à ce sujet, vous pouvez me croire. De plus la contrefaçon de
courrier ne lui est pas étrangère je vous assure. Bon sang Oscar… c’est donc
vrai… vous avez était trompée... »
« Fersen… »
« Je vous dois la vérité Oscar, je suis désolée d’avoir à vous l’apprendre, mais
à ce stade il le faut, et j’en prends le risque. Pardonnez-moi je vous en prie
et surtout n’oubliez pas que je le fait uniquement à dessein qui me semble
juste. Oscar je ne sais comment trouver les mots mais… »
« Mais? »
« Il se dit… il se dit que Madame de Surgis est… du moins était par le passé… eh
bien… comment dire, une amie assez proche de votre père… Me comprenez-vous ? »
Le regardant avec étonnement elle lui dit « Vous voulez dire qu’elle était la
maitresse de mon père, Hans ? Parlez Clairement, bon sang je suis assez âgée
pour l’entendre, et je veux le savoir sans détours ! »
« ... Oui ... Oui, Oscar, je suis désolé
... Je voulais dire exactement ça… Oui. »
Oscar se leva brusquement, ses mains couvrant ses lèvres entrouverte par la
stupéfaction, elle cherchait dans sa mémoire des souvenirs qui auraient pu
expliquer : « Mais alors…alors… »
« Alors oui Oscar, si Madame de Surgis est venue rencontrer votre père, et cela
juste avant qu’André n’ai disparu en vous laissant une lettre… eh bien je pense
qu’il ne s’agit nullement d’une coïncidence. »
« Mon Dieu… »
« Rappelez-vous Oscar de ce fameux soir.
La lettre que vous gardiez dans votre chambre, était-elle toujours là ?
Avez-vous vérifié ? »
« Oui… je m’en souviens très bien, ce fut la première chose que je fis dès
mon retour, cela m’avait préoccupé toute la journée. En fait, je
l’avait très vite regretté car habituellement je suis prudente avec ces
choses-là »
« Et la lettre était toujours là ? »
« Oui elle y était, je me rappelle avoir même poussé un soupir de soulagement »
« Était-elle intacte ? Toujours au même endroit ? Vous en êtes sûre ? »
« Oui… elle était là ou je l’avais laissée… dans la poche de mon uniforme… je
l’y ai trouvée, je m’en souviens bien… » Puis soudainement elle s’interrompit
« Mon Dieu… Oh mon Dieu ! Non ! »
« Quoi ? Qu’y a-t-il Oscar de quoi vous rappelez-vous ? »
Elle le regarda, le visage empli d’une angoisse presque palpable, quasiment
incapable de dire un mot : « Fersen elle était dans l’autre
poche ! Mon Dieu mais oui… oui elle était dans l’autre poche… l’autre
poche… j’en suis sûre. »
Ils se regardèrent en silence, étourdis. Ni l’une ni l’autre ne sachant quoi
dire. Puis soudain ses yeux s’emplirent d’une terreur incontrôlable, elle le
fixa choquée : « Et André ? Mon Dieu si tout cela est vrai, Fersen… que lui
est-il arrivé ? Qu’ont-ils fait à André ? »
Il n’avait pas de réponse, il hésita longtemps avant de parler. « Oscar mon
amie, pardonnez-moi… Je souhaite du plus profond de mon cœur que nous nous
soyons trompés, que nous ayons tout faux et qu’il n’y ai pas une once de vérité
dans ce que nous avons découvert ce soir. »
« Pourquoi… »
« Parce que … je pense que dans l’intérêt d’André il serait préférable qu’il
vous ai abandonné comme vous le pensiez… Parce que… Si tout était vrai et qu’il
ne vous a pas abandonnée de sa propre initiative, que depuis il n’a pas donné
signe de vie… eh bien Oscar… Je crains que quelque chose de mauvais lui soit
arrivé, quelque chose de terrible. »
***
Le vent dans les yeux, le froid glacé qui lui mordait la peau
dû
à sa folle cavalcade il ne le sentait pas, il ne sentait plus rien.
« Oscar ... pourquoi? Pourquoi ? »
La route pour Paris était sombre et déserte. Il n’entendait que le martellement
des sabots du cheval résonner sur le sol.
Mais il l’avait vue…
Il avait pris un risque énorme pour y aller, surtout de nuit. Il n’était pas
encore remis, mais il fallait à tout prix qu’il le fasse… il devait venir la
voir… la voir elle…
Il avait emprunté son cheval à Alain et avait réussi à se faufiler à l’intérieur
du domaine des Jarjayes sans se faire repérer, et cela pour lui parler. Il avait
contourné le bâtiment principale et grimpé sur la façade jusqu’au premier étage
ou se trouvait sa chambre.
La nuit.
Il avait aperçu une lumière dans le salon juste à côté, il avait gravis ces
quelques mètres en se cramponnant à la tige de lierre qui rampait sur la façade.
Il s’était penché pour voir derrière la fenêtre…
Et il l’avait vue. Il avait vu Oscar.
Elle embrassait le comte de Fersen.
A suivre…
mail to :
alessandra1755@yahoo.it
Ghanima: (ka1@free.fr)
pubblicazione sul sito Little Corner del febbraio 2017
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