J’ai su de toi quand j’étais jeune garçon, tu as habité ma mémoire et j’ai rêvé de toi. Je veux marcher sur tes rochers en pleine lumière, demain, cette nuit je pars pour toi. J’ignore tout de ce parcours, et moi, si fragile et inconscient …
Je marche en écoutant les bruits du silence de la nuit, tandis qu’un vent frais et léger remue les feuillages des plantes au dessus de ma tête et j’ai peur de me perdre ou d’être trop seul, ou pas assez moi-même à défier le ciel sombre. Si au moins la lune était là, cette nuit.
(dans l’aube)
Maintenant que la lumière est là je prends conscience de ne pas connaître le chemin, il n’y a aucune trace, pas de sentier, personne avant moi n’est passé par ici. Ma fatigue n’a pas de comparaison, mais tout est tellement beau autour. Les couleurs et les parfums du bois le matin sont aussi forts que mon souffle, je ne pouvais qu’être seul, liberté et solitude se confondent.
Je crains de me perdre, de tomber, d’être emporté ou de ne pas pouvoir grimper plus haut. Plus que toute autre chose, je ne veux au dessus de moi que ce ciel. Toute rationnalité est peut-être exclue de tout ça. Le savoir du passé et mes certitudes m’ont abandonné.
(dans le matin)
Je ne sais pas encore ce qui m’a poussé jusqu’ici, mais c’était, c’est, plus fort que moi. Et c’est encore tellement fort que le ciel pas trop loin me paraît trop grand pour un homme seul et mon envie de l’atteindre l’est davantage. Les blessures des ronces que j’ai traversés et qui marquent ma personne ne m’empêchent pas de poursivre rapidement, maintenant.
Tout est clair, maintenant, les arbres sont derrière moi, le chemin le meilleur est éclairé, j’arrive à voir où j’aboutirai. Je suis conscient de ce que mon être appartiendra toujours à la montagne … tout est transversal par rapport au cœur, y compris l’eau, y compris les fleurs, y compris le vent.
(Dans le soleil)
Comme si j’étais au sommet d’un monde renversé, je suis immergé dans le ciel, enveloppé par le soleil … effleuré par une brise légère et piquante. L’etat de grâce est là, bien que je ne puisse voler, bien qu’il soit déjà temps, dans le soleil, de descendre …
Ce temps si bref ternit mon bonheur, me donne l’envie de rester ; je désire, imagine et veux penser que je reviendrai… Dans le temps qui reste, j’espère en être encore capable. Quand ? Je ne sais pas.