BRANO TRATTO DA « LA GÉOMÉTRIE » DI CARTESIO

 

Je pourrois mettre ici plusieurs autres moyens pour tracer et concevoir des lignes courbes qui seroient de plus en plus composées par degrés à l’infini; mais pour comprendre ensemble toutes celles qui sont en la nature, et les distinguer par ordre en certains genres, je ne sache rien de meilleur que de dire que tous les points de celle qu’on peut nommer géométriques, c’est-à-dire qui tombent sous quelque mesure précise et exacte, ont nécessairement quelque rapport à tous les points d’une ligne droite, qui peut être exprimée par quelque équation, en tous par une même; et que, lorsque cette équation ne monte jusqu’au rectangle de deux quantités indéterminées, ou bien au carré d’une même, la ligne courbe est du premier et plus simple genre, dans lequel il n’y a que le cercle, la parabole, l’hyperbole et l’ellipse qui soient comprises; mais que lorsque l’équation monte jusqu’à la troisième on quatrième dimension des deux, ou  de l’une des deux quantités indéterminées (car il en faut deux pour expliquer ici le rapport d’un point à un autre), elle est du second; et que lorsque l’équation monte jusqu’à la cinquième ou sixième dimension, elle est du troisìème; et ainsi des autres à l’infini.

Comme si je veux savoir de quel genre est la ligne EC (fig.8), que j’imagine être décrite par

l’intersection de la règle GL et du plan rectiligne CNKL, dont le côté KN est indéfiniment prolongé vers C, et qui, étant mu sur le plan de dessous en ligne droite, c’est-à-dire en telle sorte que son diamètre KL se trouve toujours appliqué sur quelque endroit de la ligne BA prolongée de part et d’autre, fait mouvoir circulairement cette règle GL autour du point G, à cause quelle lui est tellement jointe qu’elle passe toujours par le point L. Je choisis une ligne droite comme AB, pour rapporter à ses divers points tous ceux de cette ligne courbe EC; et en cette ligne AB je choisis un point comme A, pour commencer per lui ce calcul. Je dis que je choisis et l’un et l’autre, à cause qu’il est libre de les prendre tels qu’on veut; car encore qu’il y ait beancoup de choix pour rendre l’équation plus courte et plus aisée, toutefois en quelle façon qu’on les prenne, on peut toujours faire que la ligne paroisse de même genre, ainsi qu’il est aisé à démontrer. Après cela prenant un point à discrétion dans la courbe, comme C, sur lequel je suppose que l’instru­ment qui sort à la décrire est appliqué, je tire de ce point C la ligne GB parallèle à GA, et pourceque CB et BA sont deux quantités indéter­minées et inconnues, je la nomme l’une y e l’autre x; mais afin de trouver le rapport de l’une à l’autre, je considère aussi les quantités con­nues qui déterminent la description de cette ligne courbe, comme GA, que je nomme a, KL que je nomme b, et NL, parallèle à GA, que je nomme c; puis je dis, comme NL est à LK, ou c à b, ainsi CB ou y est à BK, qui est par conséquent : et  BL est  , et AL est . De plus, comme CB est à LB, ou y à , ainsi GA ou a est à LA ou ; de façon que, multipliant la seconde per la troisième, on produit qui est égale à ,  qui se produit en multipliant la première par la dernière: et ainsi l’équation qu’il falloit trouver est 

de laquelle on connoit que la ligne EC est du premier genre, comme en effet elle n’est autre qu’une hyperbole.

 

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