Il 17 aprile di quest’anno, in un’asta dell’Hotel Drouot, è stata dispersa la collezione custodita nella vecchia casa di André Breton al 42 di rue Fontaine, Parigi. Un collettivo che porta il nome del vecchio surrealista morto nel 1966 aveva già da tempo lanciato un appello per scongiurare l’evento. Uno dei firmatari, Louis Seguin, pubblicava sul fascicolo del 15 febbraio 2003 della “Quinzaine littéraire”, in forma di lettera aperta, una precisazione poco gradita ai promotori, i quali presero a polemizzare. Seguin rispose con un’altra lettera che si concludeva in questo modo: “Bisogna esser chiari. C’è da una parte una collezione così preziosa da rammaricarsi che vada dispersa. E c’è, dall’altra, la tentazione, animata dalle migliori intenzioni del mondo, di approfittare dell’occasione, di rivangare e di impossessarsi. Non mischiamo le cose.” Pubblichiamo qui il testo della prima lettera di Seguin e, di seguito, quello  dell’appello così come è stato pubblicato da “La revue des ressources”.

 

Louis Seguin

42, rue Fontaine non c’è più

Signori,

Vi ho inviato tempo fa la mia adesione. Ero rimasto effettivamente scosso dalla dispersione di una “collezione” che non trova altro senso che nel suo insieme ed ero rammaricato che lo Stato non intendesse acquisire le opere, gli oggetti e i documenti nella loro totalità. Non rimpiango quel che ho fatto, tanto più che mi sembrava di essere in  buona compagnia.

Ma c’è oggi una problematica assenza. Vi siete chiesti come mai non abbiate ricevuto - ma mi potrei anche sbagliare - né l’appoggio né l’approvazione degli ultimi amici viventi di André Breton? Né Annie Lebrun, né Alain Joubert, né Radovan Ivsic, né Georges Goldfayn, per non citare che loro, tutti personaggi solleciti, in altre occasioni, a vigilare, si sono espressi.

Il loro riserbo dovrebbe invitarvi, come ha stimolato me, a porvi delle domande. Che fare, dopo un lutto di trentasette anni, del “42, rue Fontane” e di ciò che ancora vi si trova?

Un cenotafio? Un monumento funebre che non alloggia alcun corpo? E il contenuto effettivo, se non è lasciato semplicemente alla  “critica corrosiva dei sorrisi”, smetterà di accompagnare il defunto nell’eternità del suo viaggio?

In ogni modo, se si desidera, come in effetti sarebbe augurabile, che “i ricercatori” e “il pubblico” abbiano accesso al tesoro, bisognerà pure traslocare, mettere in bacheca, ordinare certi materiali nei magazzini e renderli disponibili in una sala di lettura, dunque trovare dei locali adeguati e assumere del personale.

Orbene non bisogna, dicono un po’ tutti i firmatari, fare un museo o una biblioteca, ma “una fondazione”, un “luogo della memoria” dove brucerà, come in una veglia funebre, la fiamma del “surrealismo”. Ma chi lo capirà? Chi farà la guardia al sepolcro? Chi ne avrà la gestione? Chi ne erediterà lo spirito? Chi andrà a ricoprire “il ruolo del morto”? Non parlate tutti insieme.

Io non ho conosciuto André Breton, né ho mai fatto parte del “gruppo” e non ho intenzione di parlare in nome di chicchessia. Ma mi domando tuttavia se l’insubordinato permanente che fu il poeta di Nadja sarebbe stato perfettamente felice nel vedersi proclamare “patrimonio nazionale” con la benedizione della Società letteraria.

Si deve infatti pensare anche a questo.

Louis Seguin

 

Appel à la création d'un haut lieu du surréalisme

Le 17 avril 2003, le musée privé créé pendant quarante années par André Breton a définitivement disparu. La vente aux enchères qui a eu lieu à Drouot a scellé la dispersion d'une des plus riches et significatives collections d'art moderne du vingtième siècle. Désassemblé, bradé, le « 42, rue Fontaine » n'existe plus, et cette disparition a été quasi unanimement saluée par le marché de l'art, la presse et les pouvoirs publics. À ce propos, le comité André Breton a parlé de « honte », et le mot n'était pas trop fort pour ce qui venait de se passer.

Le surréalisme, et l'œuvre de Breton en particulier, nous a appris l'importance de la révolte au nom d'une création artistique qui serait son expression. Il nous a appris aussi que l'œuvre ne se résumait pas au livre et au poème, mais que l'existence dans son intégralité y jouait un rôle essentiel, existence englobant des rencontres, des hasards, des configurations nouvelles. Ce que symbolisait pour nous le grand atelier d'André Breton.

Aujourd'hui, il ne suffit pas de regretter, il faut entendre le message du surréalisme, le message créatif et rassembleur du « 42, rue Fontaine ». L'Etat, sous la pression du mouvement contre la vente, a préempté un tiers de la collection Breton, et il existe un fonds dormant du surréalisme en France. Il s'agit maintenant de nous engager pour qu'un haut lieu du surréalisme, fidèle à l'esprit de Breton, voie le jour.

Poupées Hopi, masques eskimos, tableaux modernes, objets merveilleux du quotidien : grâce à cet agencement magique, c'est la force et l'importance d'une universalité poétique que nous enseigne le surréalisme. Il est temps qu'un lieu s'ouvre où cette universalité de la pensée et de la pratique surréalistes soit représentée et expérimentée par tous, lieu vivant, lieu de tous les magnétismes. Ici il faut penser à cet extrait des Disciples à Saïs de Novalis (si important pour Breton), qui dit l'essentiel du rapport poétique à l'objet : « Peu à peu, il rencontra partout des objets qu'il connaissait déjà, mais ils étaient étrangement mêlés et appariés, et ainsi, bien souvent, d'extraordinaires choses s'ordonnaient d'elles-mêmes en lui ». Que les mécanismes spirituels de telles associations puissent être exposés à la vue de tous, c'est ce qui importe aujourd'hui.

Cette idée d'une combinatoire poétique ou d'un « art magique » est au cœur du surréalisme, dont les œuvres ne peuvent continuer à être considérées séparément, tableaux dans tel musée, objets d'art primitif dans un autre, manuscrits dans des bibliothèques. Il faut qu'en France un nouvel espace culturel soit créé, pour que soit rendue justice à la grande aventure spirituelle que représente le surréalisme.

Enfin et surtout, finissons-en avec le poncif qui voudrait que surréalisme et musée soient antinomiques, et relisons les Conférences d'Haïti, où André Breton fait œuvre de pédagogue et présente ainsi l'art moderne : « Haïti manque de musées, de collections d'art et c'est tout un côté de l'expression humaine qui vous est dérobé, du moins dont ne pouvez-vous prendre une connaissance directe ».

Nous disons aujourd'hui qu'une telle connaissance directe du surréalisme est indispensable, et faisons appel aux pouvoirs publics pour qu'au nom d'un groupe important de citoyens, accueil soit enfin fait à ce mouvement majeur de la modernité.

Le 22 avril 2003

Collectif André Breton

 

Les signataires

Laurent Margantin, écrivain et traducteur François Bon, écrivain Henri Béhar, universitaire, directeur du centre de recherche sur le surréalisme, université de Paris-III Nathaniel Tarn, écrivain Lorand Gaspar, écrivain Serge Meitinger, universitaire Didier Daeninckx, écrivain Jean-Marie Barnaud, écrivain Catherine Gégout, conseillère de Paris Danièle Auffray, conseillère de Paris Jean-Pierre Desthuilliers, directeur de publication de Jointure Philippe Rahmy, secrétaire remue.net association Alexandre Gefen, universitaire, responsable de Fabula.org Guy Laflèche, universitaire Laurent Grisel, écrivain Dominique Dussidour, écrivain Laurent Doucet, enseignant Dominique Hasselmann, ex-professeur Xavier Zimbardo, écrivain Philippe Mellet, journaliste Jean-Claude Maurin, orthophoniste Olivier Cazeneuve, cinéaste Alain Bernaud, écrivain Benoît Conort, écrivain Xavier Lainé, écrivain Patrick Guallino, peintre et sculpteur Anne Poiré, poète Anne Bihan, écrivain Jean-Pierre Frommer, chargé de mission Brigitte Sanègre, chargée d'études documentaires François Laur, écrivain Cécile Daude, universitaire Gilles Vuillermoz, enseignant Pascal Mandin, ingénieur Maria Grazia Nicosia - Direttore Artistico Centro Studi Danza Musica e Teatro - Festival "Danza Primavera" Franco Cipolla - Presidente Associazione Centro Studi Danza Musica e Teatro Isabelle Ferrer, bibliothécaire Matthieu Crocq, journaliste Damien-Guillaume Audollent, chargé de projets aux éditions de la Nuée Bleue à Strasbourg et poète Claire-Lise Ricard, enseignante Anthony Glinoer, aspirant du Fonds National de la Recherche Scientifique, Université de Liège Bernard Gauthier, conservateur à la BNF Giammaria Paniccia, enseignante Guy Vallespir, professeur de lettres Timo Kaitaro, chercheur Jean-François Capéran, enseignant Patrick Mouial, notaire Laurence Guillez, professeur Armelle Hudelot, viticultrice et étudiante en histoire de l'art Catherine Laurent, écrivain Danièle Dupont-Rebours, chargée de mission Dominique Sorrente, écrivain Christine Ozun, poète Simon Bocanegra, photographe Aurélien Rousseau, artiste Marc Bruimaud, critique Jean-Louis Gérard, chercheur