Marianne Lamiral, "Lutte ouvriére", n. 2223, 11 mars 2011
Dans l'étude comparative entre les fiscalités française
et allemande, la Cour des comptes, présidée par le socialiste
Didier Migaud, relève le « caractère préoccupant»
qu'aurait le « coût du travail » pour les entreprises
françaises, refrain bien évidemment repris par le Medef.
Mais depuis quand un travailleur coûte-t-il de l'argent au patron
qui l'emploie, au lieu de lui en rapporter ? À entendre ces gens-là,
on dirait que les employeurs sont des philanthropes qui, par pure charité,
puisent dans leurs économies personnelles pour donner de l'argent
à leurs salariés ! Cette fable largement diffusée
est là pour masquer que le salaire versé aux travailleurs
est bien inférieur aux richesses qu'ils ont créées,
et que le produit de leur travail leur échappe, devenant la propriété
des capitalistes qui sont les seuls à en tirer des bénéfices.
Non, ce que les patrons appellent le « coût du travail
», ce sont les quelques limites légales qui existent à
l'exploitation des travailleurs. Sans cesse, ils revendiquent auprès
de l'État un allégement des cotisations sociales qu'ils appellent
« charges », comme si leur poids leur était insupportable.
Et la Cour des comptes s'en fait le porte-parole en demandant « une
réflexion sur l'allégement de la taxation du travail »,
surtout pour les entreprises exposées à la concurrence étrangère.
Elle suggère plusieurs pistes, telles que baisser le montant des
cotisations versées à la Sécurité sociale,
ainsi que la taxe sur les salaires ou la prime de transport versée
aux salariés. Toutes aboutissent au même résultat :
prendre sur la part dévolue aux salaires pour gonfler celle des
bénéfices.
Ce ne sont pas les travailleurs qui coûtent cher à la
société. Eux produisent des richesses, à la différence
des capitalistes, qui se les approprient et vivent en parasites sur le
travail des autres.