Jacques Fonteneoy, "Lutte Ouvrière", 27 mars 2009
Le quotidien israélien Haaretz a été un des rares
médias israéliens à rapporter les conséquences
de l'intervention israélienne à Gaza pour la population palestinienne.
Les autres grands médias, eux, se contentaient de répercuter
les communiqués officiels de l'armée et du gouvernement,
de façon que la majorité des Israéliens n'aient pas
idée des exactions commises par leurs militaires pendant cette guerre.
Ainsi, Haaretz avait rapporté qu'au 17e jour des combats, un
soldat réserviste participant à l'offensive contre Gaza avait
refusé d'entrer dans une zone de combat, afin de protester contre
le meurtre de civils palestiniens. Il avait écopé de 14 jours
de prison. Huit autres soldats devaient l'imiter par la suite, avait rapporté
le quotidien.
Officiellement, le bilan de cette guerre est pour l'armée israélienne
d'une dizaine de morts (dont quelques-unes sont même accidentelles)
et d'une centaine pour les combattants palestiniens du Hamas ou d'autres
groupes. Mais ce bilan fait aussi état de plus de 1 300 morts civils
palestiniens, parmi lesquels des jeunes filles, des femmes âgées
ou des enfants qui, quoi qu'en dise la propagande israélienne, n'étaient
en aucun cas des combattants. Là-dessus, tous les témoignages
des différentes ONG, d'Amnesty International ou des émissaires
de l'ONU convergent.
Dernièrement, Haaretz a publié des déclarations
de soldats israéliens ayant participé à l'offensive
contre Gaza et racontant quelques-uns des crimes commis contre des civils
palestiniens ou les destructions volontaires de leurs logements. Par exemple,
il fut ordonné à une mère palestinienne et à
ses deux enfants de quitter sa maison en allant vers la droite. Ils ne
comprirent pas, partirent sur la gauche, et un tireur israélien
les a abattus. Le soldat déclare d'ailleurs qu'il n'a fait qu'appliquer
ses consignes et ajoute : « De toute façon, les vies des Palestiniens
sont quelque chose de beaucoup moins important que celles de nos soldats
».
La chaîne de télévision Channel 10 a présenté
un reportage allant dans le même sens. Un officier expliquait à
ses troupes : « Nous ne sommes pas en train de faire un travail de
sécurité routinier. (...) Je veux de l'agressivité.
S'il y a un suspect dans les étages, nous l'abattrons, s'il y a
le moindre doute à propos d'une maison, nous la raserons. Il n'y
a pas à hésiter, c'est eux ou nous. Si quelqu'un de désarmé
s'approche de nous, tirez en l'air. S'il continue d'avancer, abattez-le.
Il vaut mieux que les erreurs leur coûtent la vie plutôt que
les nôtres. » Ces consignes n'ont pas surpris plusieurs officiers
qui ont confirmé que « n'importe qui avec des yeux et une
cervelle sait qu'il y a eu de telles choses pendant les combats de Gaza
».
Le site du quotidien britannique Guardian dénonce d'autres exactions
de l'armée israélienne. Plusieurs vidéos montrent,
par exemple, que pendant les combats de Gaza, les troupes israéliennes
ont utilisé des civils palestiniens, parfois très jeunes,
comme boucliers humains pour pouvoir progresser à moindre risque
dans les rues et habitations de Gaza. C'est d'autant plus cynique que le
gouvernement israélien a l'habitude d'expliquer que les combattants
palestiniens utiliseraient leurs propres enfants comme boucliers !
Une autre vidéo dénonce l'usage fait par l'armée
israélienne des « drones », avions téléguidés
sans pilote. Commandés depuis un poste éloigné des
combats et équipés de systèmes optiques très
précis, ceux-ci peuvent repérer et frapper leurs cibles avec
certitude. Des militaires israéliens les ont ainsi téléguidés
pour abattre des civils sans défense et sans armes, souvent des
femmes et des enfants.
Ajoutons que le poste de commandement conserve le film de ces opérations.
Les responsables de l'armée israélienne, comme le gouvernement,
savent donc à quoi s'en tenir sur ces exactions de leurs troupes
comme sur les ordres qu'ils ont pu donner. Cela n'empêche pas les
hauts gradés de l'armée israélienne, ses porte-parole
ou des politiciens, comme le travailliste Barak, de mettre en cause ces
témoignages et de répéter la fable que « l'armée
israélienne est l'armée la plus morale du monde » !
Pour tenter de cacher ainsi ce qui n'est rien d'autre que des crimes de
guerre, il leur faut le cynisme le plus consommé.