Aline Retesse, "Lutte ouvriére", n. 2212, 24 décembre 2010
Le projet de budget 2011 a été définitivement adopté
mercredi 15 décembre par le Parlement. Le gouvernement s'est félicité
de ce que le projet de loi de finances ainsi approuvé allait permettre
de ramener le déficit public de 7,7 % du produit intérieur
brut fin 2010 à 6 % fin 2011
Ces déclarations répétées jour après
jour sur la nécessité de réduire le déficit
public visent à la fois à montrer aux marchés financiers,
c'est-à- dire aux banques, que l'État français est
solvable, et à tenter de convaincre les classes populaires que les
économies dont elles vont faire les frais sont indispensables.
Première source d'économies : la suppression des milliers
d'emplois dans la fonction publique avec le non remplacement d'un fonctionnaire
sur deux partant à la retraite. Seront ainsi supprimés :
31 638 postes de fonctionnaires, dont 16 000 dans l'Éducation nationale.
Le budget 2011 comprend toute une série de nouvelles dispositions
qui vont avoir pour conséquence de grever, parfois un peu, parfois
beaucoup, les revenus des classes populaires, quand il ne s'agit pas de
s'en prendre carrément à ceux qui n'ont rien, comme le montre
la création d'une contribution d'un montant de 30 euros dont devront
s'acquitter les étrangers sans papiers pour bénéficier
de l'aide médicale gratuite.
Pour n'en citer que quelques-unes : à compter du 1er janvier,
le crédit impôt pour l'achat d'une résidence principale
est supprimé. A été supprimé également
l'abattement de 15 % sur les cotisations sociales sur les emplois à
domicile. Cela pénalisera en premier lieu les salariés qui
ont besoin d'une garde d'enfant ou les retraités qui font appel
à une aide à domicile.
Du côté des mesures fiscales, les très hauts revenus
sont en revanche ménagés. D'après un calcul fait dans
le journal Les Échos du 29 septembre 2010, un célibataire
qui déclare un salaire de 100 000 euros en 2011 (ce qui n'est pas
rien) ne paiera que 191 euros de plus. Voilà qui ne devrait pas
beaucoup grever son budget. La création d'une taxe de 7 à
14 % sur les retraites chapeau, ces retraites complémentaires versées
par les entreprises à des cadres, est une mesure qui était
censée prouver le sens de l'équité du gouvernement,
pour reprendre l'expression utilisée par l'ancien ministre du Travail,
Éric Woerth. Au final, elle égratignera très faiblement
les ayants droit puisque de toute façon, globalement, cette mesure
ne rapportera que 110 millions d'euros.
En fait, le gouvernement se garde bien de piocher là où
il y aurait vraiment de quoi renflouer les caisses de l'État. Le
JDD du 19 septembre rapportait ainsi qu'en 2009 une entreprise sur quatre
cotée au CAC 40 a échappé à l'impôt sur
les bénéfices. Les classes populaires devront donc payer
la note pour un déficit qu'elles n'ont pas creusé. Le ministre
du Budget, François Baroin, s'est bien gardé de désigner
les responsables du trou budgétaire, responsables que tout le monde
connaît aujourd'hui : les banques et les grandes entreprises de ce
pays, celles qui justement ne paient pas d'impôt, mais qui puisent
allégrement dans le budget de l'État.